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« Transpiration animale » : différence entre les versions

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{{ébauche|biologie}}
{{ébauche|biologie}}


La '''transpiration''', ou '''sudation''', est la production et évacuation de [[sueur]] par les pores de la [[peau]] ou au travers de certaines muqueuses (pulmonaire notamment).
[[File:TranspirationPerspirationCommonsFL.jpg|vignette|Transpiration humaine.]]
[[File:Gemsbok1.jpg|vignette|L'[[oryx beïsa]] est adapté aux milieux très arides (steppes et déserts) ; il est capable de faire varier la température de son corps, emmagasinant de la chaleur le jour et la libérant la nuit, afin de limiter sa transpiration (alors nulle en dessous de {{Unité|40|°C}}). Des urines peu abondantes et très concentrées économisent aussi son eau.]]
[[File:Effects_of_work_shoes_from_sweating.jpg|vignette|Ce patient a développé une [[Dermite_de_contact#Dermite_de_contact_allergique|dermatite allergique]] subaiguë, bilatérale et symétrique, avec [[œdème]] et [[érythème]]. Elle a été induite par un catalyseur (mercaptoben zothiazole) dégazant du caoutchouc de ses chaussures de travail, semble-t-il plus facilement en raison de la transpiration (source : ''[[National Institute for Occupational Safety and Health]]'' (NIOSH), États-Unis.]]

La '''transpiration''' (ou '''sudation''') est la production et évacuation de [[sueur]] par les pores de la [[peau]] ou au travers de certaines muqueuses (pulmonaire notamment).


L'existence d'une transpiration par la peau et les [[poumon]]s a été démontrée expérimentalement pour la première fois en [[1614]], par [[Santorio Santorio]], médecin italien.
L'existence d'une transpiration par la peau et les [[poumon]]s a été démontrée expérimentalement pour la première fois en [[1614]], par [[Santorio Santorio]], médecin italien.


== Fonctions ==
== Fonctions ==
C'est une fonction [[Physiologie|physiologique]] présente à des degrés divers chez tous les [[mammifère]]s, qui varie (pour des conditions extérieures thermohygrométriques égales) selon l'âge <ref name=VariationAgeSaison95/> (et chez l'[[Homo sapiens|être humain]], les [[Glande sudoripare|glandes sudoripares]] fonctionnent moins à partir de la soixantaine environ<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Madison D.|nom1=Schmidt|prénom2=Sean R.|nom2=Notley|prénom3=Robert D.|nom3=Meade|prénom4=Ashley P.|nom4=Akerman|titre=Revisiting regional variation in the age‐related reduction in sweat rate during passive heat stress|périodique=Physiological Reports|volume=10|numéro=7|date=2022-04|issn=2051-817X|issn2=2051-817X|pmid=35411704|pmcid=PMC9001962|doi=10.14814/phy2.15250|lire en ligne=https://onlinelibrary.wiley.com/doi/10.14814/phy2.15250|consulté le=2022-10-28}}</ref>), le sexe<ref name=Fem10/>, la saison<ref name=VariationAgeSaison95>{{Article|langue=en|auteur1=Yoshimitsu Inoue|auteur2=Mikio Nakao|auteur3=Syozo Okudaira|auteur4=Hiroyuki Ueda|auteur5=Tsutomu Araki|titre=Seasonal Variation in Sweating Responses of Older and Younger Men|périodique=European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology|mois=01|année=1995|volume=70|numéro=1|passage=6-12|doi=10.1007/BF00601802}}.</ref>, l'intensité de l'activité physique<ref name=electrolytes90/>{{,}}<ref name=Fem10/> et le stress ou l'activité sexuelle de l'individu. Les glandes sudoripares sont régulées par le [[système nerveux sympathique]]<ref>{{Ouvrage|langue=fr|langue originale=en|prénom1=Elaine|nom1=Marieb|prénom2=Katja|nom2=Hoehn|traducteur=René Lachaîne et Linda Moussakova|titre=Anatomie et physiologie humaines|titre original=Human Anatomy & Phisiology|éditeur=[[Pearson (maison d'édition)|Pearson]]|collection=Apprendre, toujours|année=2014|mois=11|jour=28|pages totales=1504|isbn=978-2-7613-6932-9|isbn10=2761369327|lire en ligne=https://books.google.com/books?id=5qagBQAAQBAJ&printsec=frontcover}}.</ref>.

C'est une fonction [[Physiologie|physiologique]] présente à des degrés divers chez tous les [[mammifère]]s, qui varie (pour des conditions extérieures thermohygrométriques égales) selon l'âge <ref name=VariationAgeSaison95/> (et chez l'Homme, les [[Glande sudoripare|glandes sudoripares]] fonctionnent moins à partir de la soixantaine environ, en commençant par les membres inférieurs<ref>{{en}} Yoshimitsu Inoue ; ''Longitudinal effects of age on heat-activated sweat gland density and output in healthy active older men ; ''European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology Volume 74, Numbers 1-2, 72-77, {{DOI|10.1007/BF00376497}} ([http://www.springerlink.com/content/kv0128483417p588/ Résumé])</ref>{{,}}<ref>{{en}} Hiroyuki Ueda, Yoshimitsu Inoue, Tsutomu Araki and Mitsuo Matsudaira ; ''Clothing microclimate temperatures during thermal comfort in boys, young and older men'' ; International Journal of Biometeorology Volume 39, {{numéro avec majuscule}}3, 127-132, {{DOI|10.1007/BF01211224}} ([http://www.springerlink.com/content/u436rpv74n281212/ Résumé])</ref>), le sexe<ref name=Fem10/>, la saison<ref name=VariationAgeSaison95>{{en}} Yoshimitsu Inoue, Mikio Nakao, Syozo Okudaira, Hiroyuki Ueda and Tsutomu Araki (1995) ; '' Seasonal variation in sweating responses of older and younger men'' ; European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology Volume 70, Number 1, 6-12, {{DOI|10.1007/BF00601802}} ; ([http://www.springerlink.com/content/p31190h455366607/ Résumé])</ref>, l'intensité de l'activité physique<ref name=electrolytes90/>{{,}}<ref name=Fem10/> et le stress ou l'activité sexuelle de l'individu. Les glandes sudoripares sont régulées par le [[système nerveux sympathique]]<ref>{{ouvrage|url=https://books.google.fr/books?id=5qagBQAAQBAJ&pg=PA631&dq=transpiration+sympathique&hl=fr&sa=X&ved=0ahUKEwj4td63o_nTAhWEOBoKHQ_QDJIQ6AEIQzAG#v=onepage&q=transpiration%20sympathique&f=false|titre=Anatomie et physiologie humaines: Livre + eText + plateforme numérique MonLab - Licence étudiant 60 mois|auteurs=Elaine Marieb, Katja Hoehn|éditeur=Pearson Education France|date=28 novembre 2014}}</ref>.


=== Régulation de la température ===
=== Régulation de la température ===
Chez l'[[Homo_sapiens|Homme]] et de nombreux mammifères, la principale fonction physiologique de la transpiration semble être la [[régulation]] de la [[température]] du corps ([[corps humain]] dans le cas de l'Homme), la sueur abaissant la température corporelle en s'évaporant. Les animaux transpirant moins comme le chien, halètent et évaporent de l'eau via leur langue pour rafraichir leur température interne. La transpiration est chez certains animaux une des réponses à l'augmentation du taux d'adrénaline (une des hormones surproduites en cas de stress et d'alerte), expérimentalement démontré chez l'âne en 1969<ref>{{en}} Robertshaw D, Taylor CR (November 1969) « Sweat gland function of the donkey (Equus asinus) » ''The Journal of Physiology'' 205 (1): 79–89. {{PMID|5347721}} PMC 1348626. http://www.jphysiol.org/cgi/pmidlookup?view=long&pmid=5347721.</ref>. L'importance quantitative de la transpiration varie selon le sexe. Ainsi, lors d'un exercice physique identique, à effort égal, à température extérieure égale, les hommes commencent à transpirer avant les femmes, et plus l'exercice est intense, plus la différence homme/femme est marquée. Et les femmes non entraînées à l'exercice physique transpirent moins et encore moins rapidement. Cette différence pourrait être due à la différence de masse musculaire moyenne, mais aussi au fait que les femmes aient un corps qui contient un peu moins d'eau, qui donc doivent mieux la conserver pour éviter la [[déshydratation (médecine)|déshydratation]] (adaptation sélective)<ref name=Fem10>{{en}} "[http://www.smh.com.au/lifestyle/lifematters/women-outshine-men-in-sweat-test-20101008-16c0c.html Women outshine men in sweat test]". Sydney Morning Hearld. 9 October 2010. http://www.smh.com.au/lifestyle/lifematters/women-outshine-men-in-sweat-test-20101008-16c0c.html. Consulté le 21 octobre 2010.</ref>. On a aussi montré que l'adaptation par la transpiration à une montée de température externe varie selon la période du [[cycle ovarien]] chez la femme, et que la perte de chaleur par [[vasodilatation]] cutanée est plus importante chez la femme que chez l'homme (ce qui permet également une économie d'eau)<ref>{{en}} Yoshimitsu Inoue, Yoshiko Tanaka, Kaori Omori, Tomoko Kuwahara, Yukio Ogura and Hiroyuki Ueda ; ''Sex- and menstrual cycle-related differences in sweating and cutaneous blood flow in response to passive heat exposure '' ; European Journal of Applied Physiology Volume 94, Number 3, 323-332, {{DOI|10.1007/s00421-004-1303-2}} ([http://www.springerlink.com/content/tll0w43ky56eugh7/ Résumé, en anglais])</ref>. Selon une étude japonaise<ref name=TK2005/> (2005), durant la phase folliculaire et lutéale du cycle ovarien, de jeunes femmes sportives exposées à une température externe s'élevant ne réagissent pas de la même manière que des jeunes femmes non entraînées : le taux d'hormones féminines mesuré dans la transpiration augmente significativement à partir de la moitié de la phase folliculaire jusqu'à la moitié de la phase lutéale dans tous les cas, mais moins chez les femmes sportives<ref name=TK2005/>. Dans les deux phases du cycle menstruel, les réponses en termes d'augmentation de la transpiration et de la vasodilatation apparaissent plus tôt chez les femmes entraînées (plus encore aux environs de la moitié de la phase lutéale), ce qui suggère qu'un entrainement physique améliore les capacités de la femme jeune à évacuer un surcroît de chaleur corporelle<ref name=TK2005/>. Les auteurs de cette étude estiment que l'amélioration de la transpiration pourrait être due à un double mécanisme central et périphérique, alors que la vasodilatation cutanée pourrait plutôt être due à un mécanisme central<ref name=TK2005>{{en}} Tomoko Kuwahara, Yoshimitsu Inoue, Miyuki Taniguchi, Yukio Ogura, Hiroyuki Ueda and Narihiko Kondo ; ''Effects of physical training on heat loss responses of young women to passive heating in relation to menstrual cycle'' ; European Journal of Applied Physiology Volume 94, Number 4, 376-385, {{DOI|10.1007/s00421-005-1329-0}} ([http://www.springerlink.com/content/n67x133074r61300/ Résumé])</ref>.
Chez l'être humain et de nombreux mammifères, la principale fonction physiologique de la transpiration semble être la [[régulation]] de la [[température]] du corps ([[corps humain]]), la sueur abaissant la température corporelle en s'évaporant. Les animaux transpirant moins comme le chien, halètent et évaporent de l'eau via leur langue pour rafraichir leur température interne. La transpiration est chez certains animaux une des réponses à l'augmentation du taux d'adrénaline (une des hormones surproduites en cas de stress et d'alerte), expérimentalement démontré chez l'âne en 1969<ref>{{Article|langue=en|prénom1=D.|nom1=Robertshaw|prénom2=C. R.|nom2=Taylor|titre=Sweat Gland Function of the Donkey (Equus asinus|périodique=The Journal of Physiology|issn=0022-3751|e-issn=1469-7793|volume=205|numéro=1|jour=01|mois=11|année=1969|passage=79–89|pmid=5347721|doi=10.1113/jphysiol.1969.sp008952}}.</ref>.
L'importance quantitative de la transpiration varie selon le sexe. Ainsi, lors d'un exercice physique identique, à effort égal, à température extérieure égale, les hommes commencent à transpirer avant les femmes, et plus l'exercice est intense, plus la différence homme/femme est marquée. Et les femmes non entraînées à l'exercice physique transpirent moins et encore moins rapidement. Cette différence pourrait être due à la différence de masse musculaire moyenne, mais aussi au fait que les femmes aient un corps qui contient un peu moins d'eau, qui donc doivent mieux la conserver pour éviter la [[déshydratation (médecine)|déshydratation]] (adaptation sélective)<ref name="Fem10">{{Lien web|langue=en|titre=Women Outshine Men in Sweat Test|url=https://www.smh.com.au/lifestyle/women-outshine-men-in-sweat-test-20101008-16c0c.html|site=smh.com.au|éditeur=[[Sydney Morning Herald]]|jour=9|mois=10|année=2010|consulté le=2020-02-20}}.</ref>.
On a aussi montré que l'adaptation par la transpiration à une montée de température externe varie selon la période du [[cycle ovarien]] chez la femme, et que la perte de chaleur par [[vasodilatation]] cutanée est plus importante chez la femme que chez l'homme (ce qui permet également une économie d'eau)<ref>{{Article|langue=en|auteur1=Yoshimitsu Inoue|auteur2=Yoshiko Tanaka|auteur3=Kaori Omori|auteur4=Tomoko Kuwahara|auteur5=Yukio Ogura|auteur6=Hiroyuki Ueda|titre=Sex- and Menstrual Cycle-Related Differences in Sweating and Cutaneous Blood Flow in Response to Passive Heat Exposure|périodique=European Journal of Applied Physiology|volume=94|numéro=3|jour=24|mois=02|année=2005|passage=323-332|doi=10.1007/s00421-004-1303-2}}.</ref>. Selon une étude japonaise<ref name="TK2005" /> (2005), durant la phase folliculaire et lutéale du cycle ovarien, de jeunes femmes sportives exposées à une température externe s'élevant ne réagissent pas de la même manière que des jeunes femmes non entraînées : le taux d'hormones féminines mesuré dans la transpiration augmente significativement à partir de la moitié de la phase folliculaire jusqu'à la moitié de la phase lutéale dans tous les cas, mais moins chez les femmes sportives<ref name="TK2005" />. Dans les deux phases du cycle menstruel, les réponses en termes d'augmentation de la transpiration et de la vasodilatation apparaissent plus tôt chez les femmes entraînées (plus encore aux environs de la moitié de la phase lutéale), ce qui suggère qu'un entrainement physique améliore les capacités de la femme jeune à évacuer un surcroît de chaleur corporelle<ref name="TK2005" />. Les auteurs de cette étude estiment que l'amélioration de la transpiration pourrait être due à un double mécanisme central et périphérique, alors que la vasodilatation cutanée pourrait plutôt être due à un mécanisme central<ref name="TK2005">{{en}} Tomoko Kuwahara, Yoshimitsu Inoue, Miyuki Taniguchi, Yukio Ogura, Hiroyuki Ueda and Narihiko Kondo ; ''Effects of physical training on heat loss responses of young women to passive heating in relation to menstrual cycle'' ; European Journal of Applied Physiology Volume 94, Number 4, 376-385, {{DOI|10.1007/s00421-005-1329-0}} ([http://www.springerlink.com/content/n67x133074r61300/ Résumé])</ref>.


=== Détoxication de l'organisme ===
=== Détoxication de l'organisme ===
Une autre fonction est la détoxication de l'organisme. On a montré dès le début du {{s-|XX|e}} que le contenu minéral et organique de la transpiration s'apparente pour partie et en moins concentré à celui de l'[[urine]]<ref>{{en}} Mosher HH (1933). "[http://www.jbc.org/cgi/reprint/99/3/781.pdf Simultaneous Study of Constituents of Urine and Perspiration]". The Journal of Biological Chemistry 99: 781–790. http://www.jbc.org/cgi/reprint/99/3/781.pdf.</ref>. Quand la transpiration résulte d'un effort physique, les taux de différents [[électrolyte]]s (ions Na<sup>+</sup>, K<sup>+</sup> et Cl<sup>-</sup>) varient selon l'intensité de l'effort et selon les parties du corps. Dans la sueur de la paume de la main il est stable, alors que sur l'avant-bras, il croît pendant et après l'effort, corrélativement au taux de [[lactate]] sanguin<ref name=electrolytes90>{{en}} Hiroyuki Tanaka, Yoshiaki Osaka, Kensuke Chikamori, Shinsuke Yamashita, Hisao Yamaguchi and Hiroshi Miyamoto (1990) ; ''Dependence on exercise intensity of changes in electrolyte secretion from the skin sampled by a simple method'' ; European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology Volume 60, Number 6, 407-411, {{DOI|10.1007/BF00705028}} ([http://www.springerlink.com/content/g2p750707316w708/Résumé, en anglais])</ref>.
On a montré dès le début du {{s-|XX|e}} que le contenu minéral et organique de la transpiration s'apparente pour partie et en moins concentré à celui de l'[[urine]]<ref>{{Article|langue=en|prénom=H. H.|nom=Mosher|titre=Simultaneous Study of Constituents of Urine and Perspiration|périodique=The Journal of Biological Chemistry|année=1933|passage=781–790|lire en ligne=https://www.jbc.org/content/99/3/781.full.pdf|format électronique=pdf|consulté le=2020-02-20}}.</ref>. Quand la transpiration résulte d'un effort physique, les taux de différents [[électrolyte]]s (ions Na<sup>+</sup>, K<sup>+</sup> et Cl<sup></sup>) varient selon l'intensité de l'effort et selon les parties du corps. Dans la sueur de la paume de la main il est stable, alors que sur l'avant-bras, il croît pendant et après l'effort, corrélativement au taux de [[lactate]] sanguin<ref name=electrolytes90>{{Article|langue=en|auteur1=Hiroyuki Tanaka|auteur2=Yoshiaki Osaka|auteur3=Kensuke Chikamori|auteur4=Shinsuke Yamashita|auteur5=Hisao Yamaguchi|auteur6=Hiroshi Miyamoto|titre=Dependence on exercise intensity of changes in electrolyte secretion from the skin sampled by a simple method|périodique=European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology|mois=11|année=1990|volume=60|numéro=6|passage=407-411|doi=10.1007/BF00705028}}.</ref>.

La quantité de toxiques évacuées par la transpiration est cependant tout à fait minime en comparaison des quantités traitées par le foie et les reins et évacuées par les urines et les selles<ref>{{Article|langue=en|prénom1=Pascal|nom1=Imbeault|prénom2=Nicholas|nom2=Ravanelli|prénom3=Jonathan|nom3=Chevrier|titre=Can POPs be substantially popped out through sweat?|périodique=Environment International|volume=111|date=2018-02-01|issn=0160-4120|doi=10.1016/j.envint.2017.11.023|lire en ligne=http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0160412017319761|consulté le=2019-06-24|pages=131–132}}.</ref>. Elles sont estimées au mieux pour une personne avec une activité physique soutenue à 0,04 pour cent des toxiques journaliers ingérés<ref>{{Lien web|langue=fr|titre=Vrai ou faux : transpirer permet-il d'éliminer les toxines ?|url=https://www.nationalgeographic.fr/sciences/vrai-ou-faux-transpirer-permet-il-deliminer-les-toxines|site=nationalgeographic.fr|éditeur=[[National Geographic]]|date=2018-04-12|consulté le=2019-06-24}}.</ref>. Cela ne semble donc pas être une fonction physiologique au sens propre mais davantage une évacuation « mécanique » des toxines les plus solubles dans l'eau à l'occasion du phénomène de transpiration.

Les vertus « détoxifiantes » prêtées à la transpiration excessive, le plus souvent dans un but commercial, sont sans fondement scientifique<ref>{{Lien web|auteur=Matthieu Dugal|titre=Vous n’éliminez pas de toxines en allant au spa, vous ne faites que suer|url=https://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/moteur-de-recherche/segments/chronique/129212/spa-sudation-transpiration-sueur-toxine-mise-au-point-sarah-lafontaine|site=ici.radio-canada.ca|date=2019-08-22|éditeur=[[Société Radio-Canada|Radio-Canada]]|consulté le=2020-02-20}}.</ref> et peuvent de plus présenter des risques importants ([[hyperthermie]]).


=== Émission d'hormones ===
=== Émission d'hormones ===
Enfin, la transpiration est aussi un vecteur du système [[hormonal]]. Son évaporation libère dans l'air diverses [[hormones]] qui jouent un rôle encore mal compris, et qui peuvent notamment chez diverses espèces apaiser (le bébé rassuré par l'odeur de sa mère) ou alerter l'entourage d'un [[danger]], ou tout simplement prévenir ce même entourage que la créature qui transpire a besoin d'aide. Les [[Homo sapiens|humains]] semblent avoir perdu une faculté consciente de ressentir la demande d'aide ou le danger par ces voies, mais une certaine [[odeur]] aigre, de transpiration, dégradée (par des [[champignon]]s ou [[bactérie]]s vivant sur la peau) leur semble désagréable, voire infecte, ce qui montre qu'il reste au moins des traces du système et des [[récepteur (cellule)|récepteur]]s biologiques sensibles aux molécules que nous percevons comme des [[odeur]]s, ou peut-être que nous percevons parfois non consciemment. Ainsi, l'inhalation de quelques bouffées d'air contenant quelques molécules d'un composant de la sueur des hommes, déclenche chez la femme hétérosexuelle une augmentation immédiate de son niveau de [[cortisol]] (hormones associée à la [[vigilance]] ou au [[stress]]) dans le sang<ref name=WartAl2007>{{en}} Wyart C, Webster WW, Chen JH, et al. (February 2007). "Smelling a single component of male sweat alters levels of cortisol in women". The Journal of Neuroscience 27 (6): 1261–5. {{doi|10.1523/JNEUROSCI.4430-06.2007}} {{PMID|17287500}} [http://www.berkeley.edu/news/media/releases/2007/02/06_sweat.shtml Résumé, en anglais] – UC Berkeley News (6 February 2007).</ref>. Ce composant est une hormone ([[androstadienone|androstadiénone]]) qui a été présentée et utilisée comme [[additif]] dans certains [[parfum]]s et eaux de toilette car réputée d'être capable de changer l'humeur, de produire une excitation sexuelle ou une excitation physiologique et l'activation du cerveau chez les femmes. Certains humains présentent une petite tache sur la muqueuse du nez évoquant l'organe [[Organe voméro-nasal|voméronasal]] d'autres mammifères tels que les rats, organe qui détecte les phéromones, mais il semble chez l'Homme être devenu rudimentaire, et sans lien nerveux direct connu avec le cerveau. On a proposé d'utiliser cette hormone en remplacement de médicaments existants destinés à élever les taux de cortisol chez les patients en manquant, comme dans le cas de la [[maladie d'Addison]], ces médicaments ayant comme effets secondaires de provoquer des ulcères et de faire grossir<ref name=WartAl2007/>. C'est dans la sueur qu'on a trouvé les molécules qui semblent être des phéromones humaines actives. Par exemple, la sueur fraiche des aisselles masculines contient des composés dont on a montré qu'ils améliorent l'humeur féminine et agissent sur la sécrétion de l'[[hormone lutéinisante]], qui est notamment impliquée dans la stimulation de l'[[ovulation]]<ref name=WartAl2007/>.
Enfin, la transpiration est aussi un vecteur du système [[hormonal]]. Son évaporation libère dans l'air diverses [[hormones]] qui jouent un rôle encore mal compris, et qui peuvent notamment chez diverses espèces apaiser (le bébé rassuré par l'odeur de sa mère) ou alerter l'entourage d'un [[danger]], ou tout simplement prévenir ce même entourage que la créature qui transpire a besoin d'aide. Les [[Homo sapiens|humains]] semblent avoir perdu une faculté consciente de ressentir la demande d'aide ou le danger par ces voies, mais une certaine [[odeur]] aigre, de transpiration, dégradée (par des [[champignon]]s ou [[bactérie]]s vivant sur la peau) leur semble désagréable, voire infecte, ce qui montre qu'il reste au moins des traces du système et des [[récepteur (cellule)|récepteur]]s biologiques sensibles aux molécules que nous percevons comme des [[odeur]]s, ou peut-être que nous percevons parfois non consciemment.


Ainsi, l'inhalation de quelques bouffées d'air contenant quelques molécules d'un composant de la sueur des hommes, déclenche chez la femme hétérosexuelle une augmentation immédiate de son niveau de [[cortisol]] (hormones associée à la [[vigilance]] ou au [[stress]]) dans le sang<ref name="WartAl2007">{{Article|langue=en|prénom1=C.|nom1=Wyart|prénom2=W. W.|nom2=Webster|prénom3=J. H.|nom3=Chen JH|et al.=oui|titre=Smelling a Single Component of Male Sweat Alters Levels of Cortisol in Women|périodique=The Journal of Neuroscience|mois=02|année=2007|volume=27|doi=10.1523/JNEUROSCI.4430-06.2007|pmid=17287500|résumé en ligne=https://www.berkeley.edu/news/media/releases/2007/02/06_sweat.shtml|consulté le=2020-02-20}}.</ref>. Ce composant est une hormone ([[androstadiénone]]) qui a été présentée et utilisée comme [[additif]] dans certains [[parfum]]s et eaux de toilette car réputée d'être capable de changer l'humeur, de produire une excitation sexuelle ou une excitation physiologique et l'activation du cerveau chez les femmes. Certains humains présentent une petite tache sur la muqueuse du nez évoquant l'organe [[Organe voméro-nasal|voméronasal]] d'autres mammifères tels que les rats, organe qui détecte les phéromones, mais il semble chez l'être humain être devenu rudimentaire, et sans lien nerveux direct connu avec le cerveau. On a proposé d'utiliser cette hormone en remplacement de médicaments existants destinés à élever les taux de cortisol chez les patients en manquant, comme dans le cas de la [[maladie d'Addison]], ces médicaments ayant comme effets secondaires de provoquer des ulcères et de faire grossir<ref name="WartAl2007" />. C'est dans la sueur qu'on a trouvé les molécules qui semblent être des phéromones humaines actives. Par exemple, la sueur fraiche des aisselles masculines contient des composés dont on a montré qu'ils améliorent l'humeur féminine et agissent sur la sécrétion de l'[[hormone lutéinisante]], qui est notamment impliquée dans la stimulation de l'[[ovulation]]<ref name="WartAl2007" />.
== Différences entre l'Homme et les primates non-humains ==


== Différences entre l'être humain et les primates non humains ==
L'Homme se distingue des autres primates par une peau relativement fine, presque nue, et par le caractère très archaïque et relictuel de sa [[pilosité]]<ref name=Montagna72>{{en}} William Montagna ; ''The skin of non-human primates'', American Zoologist 12:109-124 (1972) ; Oxford University Press ([https://www.jstor.org/pss/3881735 Résumé])</ref>. Comme celle de quelques autres primates, la peau humaine possède des [[dermatoglyphe]]s sur ses principales surfaces de frottement avec l'environnement<ref name=Montagna72/>. Des glandes sudoripares eccrines ont été trouvées dans la peau de tous les primates sur les surfaces de contact et frottement peau/environnement chez toutes les espèces de primates (dont l'Homme)<ref name=Montagna72/>, ce qui laisse penser qu'elles ont ou ont eu un rôle hormonal important (marquage du territoire, rôle social dans le groupe…). Néanmoins, chez les primates, sur le reste du corps, on n'en a trouvé que dans trois cas :
L'être humain se distingue des autres primates par une peau relativement fine, presque nue, et par le caractère très archaïque et relictuel de sa [[pilosité humaine|pilosité]]<ref name=Montagna72>{{Article|langue=en|prénom=William|nom=Montagna|titre=The Skin of Nonhuman Primates|périodique=American Zoologist|issn=0003-1569|volume=12|numéro=1|passage=109-124|mois=02|année=1972|éditeur=Oxford University Press|pages totales=16|résumé en ligne=https://www.jstor.org/stable/3881735}}.</ref>. Comme celle de quelques autres primates, la peau humaine possède des [[dermatoglyphe]]s sur ses principales surfaces de frottement avec l'environnement<ref name=Montagna72/>. Des glandes sudoripares eccrines ont été trouvées dans la peau de tous les primates sur les surfaces de contact et frottement peau/environnement chez toutes les espèces de primates (dont l'être humain)<ref name=Montagna72/>, ce qui laisse penser qu'elles ont ou ont eu un rôle hormonal important (marquage du territoire, rôle social dans le groupe…). Néanmoins, chez les primates, sur le reste du corps, on n'en a trouvé que dans trois cas :
* chez l'Homme<ref name=Montagna72/> (chez qui l'émotion, comme la chaleur ou la fièvre peut activer la transpiration).
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* sur la surface interne de la [[queue préhensile]] de certains singes d'Amérique du Sud, qui sont aussi les seules espèces dont la queue porte des dermatoglyphes, et les seuls dont la queue est réellement préhensile. Dans ces cas, il s'agit encore de surface de peau en contact avec l'environnement<ref name=Montagna72/>.
* dans la peau couverte de fourrure des singes africains et dans celles des [[singes anthropoïdes]]. Bien que les chimpanzés et gorilles aient plus de glandes eccrines que de glandes apocrines sur leur corps, leurs glandes sudoripares ne réagissent pas à la stimulation par la chaleur comme elles le font chez l'Homme<ref name=Montagna72/>.
* dans la peau couverte de fourrure des singes africains et dans celles des [[singes anthropoïdes]]. Bien que les chimpanzés et gorilles aient plus de glandes eccrines que de glandes apocrines sur leur corps, leurs glandes sudoripares ne réagissent pas à la stimulation par la chaleur comme elles le font chez l'être humain<ref name=Montagna72/>.


Tous les primates ont de nombreuses glandes apocrines dans la peau velue, mais selon W. Montagna<ref name=Montagna72/>, seuls l'Homme, le chimpanzé et le gorille disposent d'un [[organe axillaire]] au niveau de l'[[aisselle]] (notamment responsable de la touffe de poils que l'évolution a conservé chez l'Homme, comme sur le pubis).
Tous les primates ont de nombreuses glandes apocrines dans la peau velue, mais selon William Montagna<ref name=Montagna72/>, seuls l'être humain, le chimpanzé et le gorille disposent d'un [[organe axillaire]] au niveau de l'[[aisselle]] (notamment responsable de la touffe de poils que l'évolution a conservé chez l'être humain, comme sur le pubis).


En 2021, une étude génétique montre que la grande densité de la peau humaine en [[glande sudoripare|glandes sudoripares]] est due à plusieurs mutations dans une [[séquence régulatrice]] dénommée ECE18, qui ont eu pour effet d'accroître l'expression du [[Gène engrailed|gène Engrailed1]] et donc d'augmenter la production de glandes sudoripares au [[embryon|stade embryonnaire]]<ref>{{Article| langue=en| titre=Repeated mutation of a developmental enhancer contributed to human thermoregulatory evolution| auteur1=Daniel Aldea| auteur2=Yuji Atsuta| auteur3=Blerina Kokalari| auteur4=Stephen F. Schaffner| auteur5=Rexxi D. Prasasya| et al.=oui| périodique=[[Proceedings of the National Academy of Sciences|PNAS]]| volume=118| numéro=16| numéro article=e2021722118| date=20 avril 2021| doi=10.1073/pnas.2021722118}}.</ref>.
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* [[Hyperhidrose]] (transpiration excessive)
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Version du 11 juillet 2024 à 12:37

La transpiration, ou sudation, est la production et évacuation de sueur par les pores de la peau ou au travers de certaines muqueuses (pulmonaire notamment).

L'existence d'une transpiration par la peau et les poumons a été démontrée expérimentalement pour la première fois en 1614, par Santorio Santorio, médecin italien.

Fonctions

C'est une fonction physiologique présente à des degrés divers chez tous les mammifères, qui varie (pour des conditions extérieures thermohygrométriques égales) selon l'âge [1] (et chez l'être humain, les glandes sudoripares fonctionnent moins à partir de la soixantaine environ[2]), le sexe[3], la saison[1], l'intensité de l'activité physique[4],[3] et le stress ou l'activité sexuelle de l'individu. Les glandes sudoripares sont régulées par le système nerveux sympathique[5].

Régulation de la température

Chez l'être humain et de nombreux mammifères, la principale fonction physiologique de la transpiration semble être la régulation de la température du corps (corps humain), la sueur abaissant la température corporelle en s'évaporant. Les animaux transpirant moins comme le chien, halètent et évaporent de l'eau via leur langue pour rafraichir leur température interne. La transpiration est chez certains animaux une des réponses à l'augmentation du taux d'adrénaline (une des hormones surproduites en cas de stress et d'alerte), expérimentalement démontré chez l'âne en 1969[6].

L'importance quantitative de la transpiration varie selon le sexe. Ainsi, lors d'un exercice physique identique, à effort égal, à température extérieure égale, les hommes commencent à transpirer avant les femmes, et plus l'exercice est intense, plus la différence homme/femme est marquée. Et les femmes non entraînées à l'exercice physique transpirent moins et encore moins rapidement. Cette différence pourrait être due à la différence de masse musculaire moyenne, mais aussi au fait que les femmes aient un corps qui contient un peu moins d'eau, qui donc doivent mieux la conserver pour éviter la déshydratation (adaptation sélective)[3].

On a aussi montré que l'adaptation par la transpiration à une montée de température externe varie selon la période du cycle ovarien chez la femme, et que la perte de chaleur par vasodilatation cutanée est plus importante chez la femme que chez l'homme (ce qui permet également une économie d'eau)[7]. Selon une étude japonaise[8] (2005), durant la phase folliculaire et lutéale du cycle ovarien, de jeunes femmes sportives exposées à une température externe s'élevant ne réagissent pas de la même manière que des jeunes femmes non entraînées : le taux d'hormones féminines mesuré dans la transpiration augmente significativement à partir de la moitié de la phase folliculaire jusqu'à la moitié de la phase lutéale dans tous les cas, mais moins chez les femmes sportives[8]. Dans les deux phases du cycle menstruel, les réponses en termes d'augmentation de la transpiration et de la vasodilatation apparaissent plus tôt chez les femmes entraînées (plus encore aux environs de la moitié de la phase lutéale), ce qui suggère qu'un entrainement physique améliore les capacités de la femme jeune à évacuer un surcroît de chaleur corporelle[8]. Les auteurs de cette étude estiment que l'amélioration de la transpiration pourrait être due à un double mécanisme central et périphérique, alors que la vasodilatation cutanée pourrait plutôt être due à un mécanisme central[8].

Détoxication de l'organisme

On a montré dès le début du XXe siècle que le contenu minéral et organique de la transpiration s'apparente pour partie et en moins concentré à celui de l'urine[9]. Quand la transpiration résulte d'un effort physique, les taux de différents électrolytes (ions Na+, K+ et Cl) varient selon l'intensité de l'effort et selon les parties du corps. Dans la sueur de la paume de la main il est stable, alors que sur l'avant-bras, il croît pendant et après l'effort, corrélativement au taux de lactate sanguin[4].

La quantité de toxiques évacuées par la transpiration est cependant tout à fait minime en comparaison des quantités traitées par le foie et les reins et évacuées par les urines et les selles[10]. Elles sont estimées au mieux pour une personne avec une activité physique soutenue à 0,04 pour cent des toxiques journaliers ingérés[11]. Cela ne semble donc pas être une fonction physiologique au sens propre mais davantage une évacuation « mécanique » des toxines les plus solubles dans l'eau à l'occasion du phénomène de transpiration.

Les vertus « détoxifiantes » prêtées à la transpiration excessive, le plus souvent dans un but commercial, sont sans fondement scientifique[12] et peuvent de plus présenter des risques importants (hyperthermie).

Émission d'hormones

Enfin, la transpiration est aussi un vecteur du système hormonal. Son évaporation libère dans l'air diverses hormones qui jouent un rôle encore mal compris, et qui peuvent notamment chez diverses espèces apaiser (le bébé rassuré par l'odeur de sa mère) ou alerter l'entourage d'un danger, ou tout simplement prévenir ce même entourage que la créature qui transpire a besoin d'aide. Les humains semblent avoir perdu une faculté consciente de ressentir la demande d'aide ou le danger par ces voies, mais une certaine odeur aigre, de transpiration, dégradée (par des champignons ou bactéries vivant sur la peau) leur semble désagréable, voire infecte, ce qui montre qu'il reste au moins des traces du système et des récepteurs biologiques sensibles aux molécules que nous percevons comme des odeurs, ou peut-être que nous percevons parfois non consciemment.

Ainsi, l'inhalation de quelques bouffées d'air contenant quelques molécules d'un composant de la sueur des hommes, déclenche chez la femme hétérosexuelle une augmentation immédiate de son niveau de cortisol (hormones associée à la vigilance ou au stress) dans le sang[13]. Ce composant est une hormone (androstadiénone) qui a été présentée et utilisée comme additif dans certains parfums et eaux de toilette car réputée d'être capable de changer l'humeur, de produire une excitation sexuelle ou une excitation physiologique et l'activation du cerveau chez les femmes. Certains humains présentent une petite tache sur la muqueuse du nez évoquant l'organe voméronasal d'autres mammifères tels que les rats, organe qui détecte les phéromones, mais il semble chez l'être humain être devenu rudimentaire, et sans lien nerveux direct connu avec le cerveau. On a proposé d'utiliser cette hormone en remplacement de médicaments existants destinés à élever les taux de cortisol chez les patients en manquant, comme dans le cas de la maladie d'Addison, ces médicaments ayant comme effets secondaires de provoquer des ulcères et de faire grossir[13]. C'est dans la sueur qu'on a trouvé les molécules qui semblent être des phéromones humaines actives. Par exemple, la sueur fraiche des aisselles masculines contient des composés dont on a montré qu'ils améliorent l'humeur féminine et agissent sur la sécrétion de l'hormone lutéinisante, qui est notamment impliquée dans la stimulation de l'ovulation[13].

Différences entre l'être humain et les primates non humains

L'être humain se distingue des autres primates par une peau relativement fine, presque nue, et par le caractère très archaïque et relictuel de sa pilosité[14]. Comme celle de quelques autres primates, la peau humaine possède des dermatoglyphes sur ses principales surfaces de frottement avec l'environnement[14]. Des glandes sudoripares eccrines ont été trouvées dans la peau de tous les primates sur les surfaces de contact et frottement peau/environnement chez toutes les espèces de primates (dont l'être humain)[14], ce qui laisse penser qu'elles ont ou ont eu un rôle hormonal important (marquage du territoire, rôle social dans le groupe…). Néanmoins, chez les primates, sur le reste du corps, on n'en a trouvé que dans trois cas :

  • chez l'humain[14] (chez qui l'émotion, comme la chaleur ou la fièvre peut activer la transpiration).
  • sur la surface interne de la queue préhensile de certains singes d'Amérique du Sud, qui sont aussi les seules espèces dont la queue porte des dermatoglyphes, et les seuls dont la queue est réellement préhensile. Dans ces cas, il s'agit encore de surface de peau en contact avec l'environnement[14].
  • dans la peau couverte de fourrure des singes africains et dans celles des singes anthropoïdes. Bien que les chimpanzés et gorilles aient plus de glandes eccrines que de glandes apocrines sur leur corps, leurs glandes sudoripares ne réagissent pas à la stimulation par la chaleur comme elles le font chez l'être humain[14].

Tous les primates ont de nombreuses glandes apocrines dans la peau velue, mais selon William Montagna[14], seuls l'être humain, le chimpanzé et le gorille disposent d'un organe axillaire au niveau de l'aisselle (notamment responsable de la touffe de poils que l'évolution a conservé chez l'être humain, comme sur le pubis).

En 2021, une étude génétique montre que la grande densité de la peau humaine en glandes sudoripares est due à plusieurs mutations dans une séquence régulatrice dénommée ECE18, qui ont eu pour effet d'accroître l'expression du gène Engrailed1 et donc d'augmenter la production de glandes sudoripares au stade embryonnaire[15].

Notes et références

  1. a et b (en) Yoshimitsu Inoue, Mikio Nakao, Syozo Okudaira, Hiroyuki Ueda et Tsutomu Araki, « Seasonal Variation in Sweating Responses of Older and Younger Men », European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology, vol. 70, no 1,‎ , p. 6-12 (DOI 10.1007/BF00601802).
  2. (en) Madison D. Schmidt, Sean R. Notley, Robert D. Meade et Ashley P. Akerman, « Revisiting regional variation in the age‐related reduction in sweat rate during passive heat stress », Physiological Reports, vol. 10, no 7,‎ (ISSN 2051-817X et 2051-817X, PMID 35411704, PMCID PMC9001962, DOI 10.14814/phy2.15250, lire en ligne, consulté le )
  3. a b et c (en) « Women Outshine Men in Sweat Test », sur smh.com.au, Sydney Morning Herald, (consulté le ).
  4. a et b (en) Hiroyuki Tanaka, Yoshiaki Osaka, Kensuke Chikamori, Shinsuke Yamashita, Hisao Yamaguchi et Hiroshi Miyamoto, « Dependence on exercise intensity of changes in electrolyte secretion from the skin sampled by a simple method », European Journal of Applied Physiology and Occupational Physiology, vol. 60, no 6,‎ , p. 407-411 (DOI 10.1007/BF00705028).
  5. Elaine Marieb et Katja Hoehn (trad. de l'anglais par René Lachaîne et Linda Moussakova), Anatomie et physiologie humaines [« Human Anatomy & Phisiology »], Pearson, coll. « Apprendre, toujours », , 1504 p. (ISBN 978-2-7613-6932-9, lire en ligne).
  6. (en) D. Robertshaw et C. R. Taylor, « Sweat Gland Function of the Donkey (Equus asinus », The Journal of Physiology, vol. 205, no 1,‎ , p. 79–89 (ISSN 0022-3751, e-ISSN 1469-7793, PMID 5347721, DOI 10.1113/jphysiol.1969.sp008952).
  7. (en) Yoshimitsu Inoue, Yoshiko Tanaka, Kaori Omori, Tomoko Kuwahara, Yukio Ogura et Hiroyuki Ueda, « Sex- and Menstrual Cycle-Related Differences in Sweating and Cutaneous Blood Flow in Response to Passive Heat Exposure », European Journal of Applied Physiology, vol. 94, no 3,‎ , p. 323-332 (DOI 10.1007/s00421-004-1303-2).
  8. a b c et d (en) Tomoko Kuwahara, Yoshimitsu Inoue, Miyuki Taniguchi, Yukio Ogura, Hiroyuki Ueda and Narihiko Kondo ; Effects of physical training on heat loss responses of young women to passive heating in relation to menstrual cycle ; European Journal of Applied Physiology Volume 94, Number 4, 376-385, DOI 10.1007/s00421-005-1329-0 (Résumé)
  9. (en) H. H. Mosher, « Simultaneous Study of Constituents of Urine and Perspiration », The Journal of Biological Chemistry,‎ , p. 781–790 (lire en ligne [PDF], consulté le ).
  10. (en) Pascal Imbeault, Nicholas Ravanelli et Jonathan Chevrier, « Can POPs be substantially popped out through sweat? », Environment International, vol. 111,‎ , p. 131–132 (ISSN 0160-4120, DOI 10.1016/j.envint.2017.11.023, lire en ligne, consulté le ).
  11. « Vrai ou faux : transpirer permet-il d'éliminer les toxines ? », sur nationalgeographic.fr, National Geographic, (consulté le ).
  12. Matthieu Dugal, « Vous n’éliminez pas de toxines en allant au spa, vous ne faites que suer », sur ici.radio-canada.ca, Radio-Canada, (consulté le ).
  13. a b et c (en) C. Wyart, W. W. Webster, J. H. Chen JH et al., « Smelling a Single Component of Male Sweat Alters Levels of Cortisol in Women », The Journal of Neuroscience, vol. 27,‎ (PMID 17287500, DOI 10.1523/JNEUROSCI.4430-06.2007).
  14. a b c d e f et g (en) William Montagna, « The Skin of Nonhuman Primates », American Zoologist, Oxford University Press, vol. 12, no 1,‎ , p. 109-124 (ISSN 0003-1569).
  15. (en) Daniel Aldea, Yuji Atsuta, Blerina Kokalari, Stephen F. Schaffner, Rexxi D. Prasasya et al., « Repeated mutation of a developmental enhancer contributed to human thermoregulatory evolution », PNAS, vol. 118, no 16,‎ , article no e2021722118 (DOI 10.1073/pnas.2021722118).

Voir aussi

Articles connexes