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« Guerre russo-turque de 1787-1792 » : différence entre les versions

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La '''septième guerre russo-turque''' se déroula de [[1787]] à [[1792]] et opposa l'[[Empire russe]] et l'[[Archiduché d'Autriche|Autriche]] à l'[[Empire ottoman]]. En effet, les Ottomans montrent leur inquiétude face à l'expansion russe vers le sud, à travers l'[[Ukraine]] et la [[Crimée]], alors territoire de colonisation.
La '''septième guerre russo-turque''' se déroule de 1787 à 1792 et oppose l'[[Empire russe]] et l'[[Monarchie de Habsbourg|Autriche]] à l'[[Empire ottoman]]. En effet, les Ottomans montrent leur inquiétude face à l'expansion russe vers le sud, sur les territoires qui sont aujourd’hui l'[[Ukraine]], notamment la [[Crimée]].


== Les causes du conflit ==
== Les causes du conflit ==


Sous l'influence de son ancien favori, [[Grigori Potemkine]], l'impératrice [[Catherine II]] envisage une extension de son empire vers le sud. Elle désire expulser les Turcs d'[[Europe]] afin de reconstruire l'[[Empire byzantin]] et de le donner à son petit-fils [[Constantin Pavlovitch de Russie|Constantin]]. Cet empire, qui aurait pour capitale [[Constantinople]], est destiné à englober la [[Grèce]], la [[Thrace]], la [[Macédoine (région)|Macédoine]] et la [[Bulgarie]], tandis que les [[principautés danubiennes]] formeraient un « [[Roumanie|royaume de Dacie]] », promis à Potemkine. Le reste des [[Balkans]], c'est-à-dire la [[Bosnie (région)|Bosnie]], la [[Serbie]] et l'[[Albanie]], serait donné en compensation à l'[[Empire des Habsbourg|Autriche]]. [[République de Venise|Venise]] obtiendrait la [[Péloponnèse|Morée]], la [[Crète]] et [[île de Chypre|Chypre]]<ref>[[Georges Florovsky]], ''[[Les Voies de la théologie russe]]'', Paris, 1937, trad. et notes de J.C. Roberti, Paris, Desclée de Brouwer, 1991, {{p.|150.}}</ref>.
Sous l'influence de son ancien favori, [[Grigori Potemkine]], l'impératrice [[Catherine II]] envisage une extension de son empire vers le sud. Elle désire expulser les Turcs d'[[Europe]] afin de reconstruire l'[[Empire byzantin]] et de le donner à son petit-fils [[Constantin Pavlovitch de Russie|Constantin]]. Cet empire, qui aurait pour capitale [[Constantinople]], est destiné à englober la [[Grèce]], la [[Thrace]], la [[Macédoine (région)|Macédoine]] et la [[Bulgarie]], tandis que les [[principautés danubiennes]] formeraient un « [[Roumanie|royaume de Dacie]] », promis à Potemkine. Le reste des [[Balkans]], c'est-à-dire la [[Bosnie (région)|Bosnie]], la [[Serbie]] et l'[[Albanie]], serait donné en compensation à l'[[Empire des Habsbourg|Autriche]]. [[République de Venise|Venise]] obtiendrait la [[Péloponnèse|Morée]], la [[Crète]] et [[Chypre (île)|Chypre]]<ref>[[Georges Florovsky]], ''[[Les Voies de la théologie russe]]'', Paris, 1937, trad. et notes de J.C. Roberti, Paris, Desclée de Brouwer, 1991, {{p.|150.}}</ref>.


En [[Crimée]], l'impératrice avait mis sur le trône le [[khan]] [[Sahin Giray]]. Les Russes sont contraints d'intervenir plusieurs fois pour mater des révoltes et maintenir le pouvoir nominal du khan. La dernière intervention entraîne l'occupation du pays en [[1782]]. La Crimée est officiellement annexée le {{date|19|avril|1783}}, permettant à l'Empire russe de disposer désormais d'une base maritime en [[mer Noire]]. De plus, la [[Géorgie (pays)|Géorgie]] est placée sous protectorat russe et une flotte fut créée en mer Noire, autant de sources d'inquiétudes aux yeux des Turcs ottomans. En juillet 1787, le sultan [[Abdul Hamid I]] fait remettre un ultimatum à Boulgakov, qui représente la Russie à Constantinople, exigeant l'évacuation immédiate de la Crimée. Sur son refus il est arrêté et enfermé à la forteresse [[Yedi Kule]]. Quelques jours plus tard, les Turcs attaquent deux vaisseaux russes et provoquent en retour une déclaration de guerre. Septembre 1787 voit les premiers combats entre la flotte Russe et la flotte ottomane. Depuis leur base de [[Otchakov]] les Ottomans tentent de prendre [[Kinburn]] sans y réussir mais les pertes Russes sont importantes. À l'approche de l'hiver les opérations maritimes se figent pour démarrer sur d'autres fronts <ref>[[Hélène Carrère d'Encausse]], ''[[Catherine II, Un âge d'or pour la Russie]]'', Dépôt légal septembre 2002, Edition 25614, Impression 14552 {{ISBN|2-213-61355-9}} Fayard {{p.|464.}}</ref>. L'[[Autriche]] attend le {{date|9|février|1788}} pour se joindre à la Russie.
En [[Crimée]], l'impératrice avait mis sur le trône le [[khan]] [[Chahin Giray]]. Les Russes sont contraints d'intervenir plusieurs fois pour mater des révoltes et maintenir le pouvoir nominal du khan. La dernière intervention entraîne l'occupation du pays en 1782. La Crimée est officiellement annexée le {{date|19|avril|1783}}, permettant à l'Empire russe de disposer d'une base maritime en [[mer Noire]]. De plus, la [[Géorgie (pays)|Géorgie]] est placée sous protectorat russe et une flotte est créée en mer Noire, autant de sources d'inquiétudes aux yeux des Turcs ottomans. En {{date-|juillet 1787}}, le sultan [[Abdülhamid Ier]] fait remettre un ultimatum à [[Yakov Ivanovitch Boulgakov|Boulgakov]], qui représente la Russie à Constantinople, exigeant l'évacuation immédiate de la Crimée. Sur son refus il est arrêté et enfermé à la [[forteresse de Yedikule]]. Quelques jours plus tard, les Turcs attaquent deux vaisseaux russes et provoquent en retour une déclaration de guerre. {{date-|Septembre 1787}} voit les premiers combats entre la flotte russe et la flotte ottomane. Depuis leur base de [[Otchakiv]] les Ottomans tentent de prendre [[Forteresse de Kinbourn|Kinbourn]] sans y réussir mais les pertes russes sont importantes. À l'approche de l'hiver les opérations maritimes se figent pour démarrer sur d'autres fronts <ref>[[Hélène Carrère d'Encausse]], ''[[Catherine II, Un âge d'or pour la Russie]]'', dépôt légal septembre 2002, édition 25614, Impression 14552 {{ISBN|2-213-61355-9}}, Fayard, {{p.|464}}.</ref>. L'[[Archiduché d'Autriche|Autriche]] attend le {{date|9|février|1788}} pour se joindre à la Russie.


== Les offensives austro-russes ==
== Les offensives austro-russes ==


[[Joseph II]], commandant des troupes autrichiennes, se révèle un piètre stratège. Les Turcs ravagent le territoire des [[Habsbourg]], amenant l'empereur à négocier. De leur côté, les Russes commandés par [[Grigori Potemkine|Potemkine]] prennent [[Otchakiv|Otchakov]] en [[décembre]] [[1788]]. Le nouveau [[sultan]] [[Selim III]] refuse la négociation, mais les Autrichiens se ressaisissent. En [[1789]], les troupes du maréchal [[Ernst Gideon von Laudon]] prennent [[Belgrade]] et chassent les Ottomans de Bosnie. De son côté, le [[Frédéric Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld|prince de Saxe-Cobourg]] conquiert [[Bucarest]], tandis que les Russes avancent en [[Valachie (principauté)|Valachie]] et, avec l'appui d'un important corps autrichien, remportent des victoires sur les Turcs à [[Focşani]] et à {{lien|lang=en|fr=Mărtinești}}.
[[Joseph II (empereur du Saint-Empire)|Joseph II]], commandant des troupes autrichiennes, se révèle un piètre stratège. Les Turcs ravagent le territoire des [[Maison de Habsbourg|Habsbourg]], amenant l'empereur à négocier. De leur côté, les Russes commandés par [[Grigori Potemkine|Potemkine]] prennent [[Otchakiv|Otchakov]] en {{date|décembre 1788}}. Le nouveau [[sultan]] [[Sélim III]] refuse la négociation, mais les Autrichiens se ressaisissent. En 1789, les troupes du maréchal [[Ernst Gideon von Laudon]] prennent [[Belgrade]]. De son côté, le [[Frédéric Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld|prince de Saxe-Cobourg]] conquiert [[Bucarest]], tandis que les Russes avancent en [[Principauté de Valachie|Valachie]] et, avec l'appui d'un important corps autrichien, remportent des victoires sur les Turcs à [[Focșani]] et à [[Mărtinești]].


== Le retrait autrichien ==
== Le retrait autrichien ==
L'empereur [[Joseph II]] meurt le [[20 février]] [[1790]]. Son successeur [[Léopold II d'Autriche|Léopold II]], afin de lutter contre la propagation des idées révolutionnaires — qui se répandent dans les [[Pays-Bas]] et la [[Hongrie]] — change radicalement de politique extérieure. Il amorce un rapprochement avec la [[Prusse]] mais cette dernière est alliée de l'Empire ottoman si bien que l'Autriche doit abandonner son allié russe et renoncer à tout agrandissement territorial. Le [[4 août]] [[1791]] est signé le [[traité de Sistova]] entre l'Empire ottoman et l'Autriche par lequel cette dernière abandonne ses conquêtes, à quelques maigres exceptions près, soit la ville d'Orșova dans le [[Banat historique|Banat]], et deux forteresses en [[Croatie]].
L'empereur [[Joseph II (empereur du Saint-Empire)|Joseph II]] meurt le {{date|20 février 1790}}. Son successeur [[Léopold II (empereur du Saint-Empire)|Léopold II]], afin de lutter contre la propagation des [[Révolution française|idées révolutionnaires]] — qui se répandent dans les [[Pays-Bas]] et la [[Hongrie]] — change radicalement de politique extérieure. Il amorce un rapprochement avec la [[Prusse]] mais cette dernière est alliée de l'Empire ottoman si bien que l'Autriche doit abandonner son allié russe et renoncer à tout agrandissement territorial. Le {{date|4 août 1791}} est signé le [[traité de Sistova]] entre l'Empire ottoman et l'Autriche par lequel cette dernière abandonne ses conquêtes, à quelques maigres exceptions près, soit la ville d'Orșova dans le [[Banat historique|Banat]], et deux forteresses en [[Croatie]].


== L'intervention de la Grande-Bretagne ==
== L'intervention de la Grande-Bretagne ==
[[image:Taking of Izmail.jpg|vignette|Prise d'Izmaïl, décembre 1790.]]
[[Fichier:Taking of Izmail.jpg|vignette|Prise d'Izmaïl, décembre 1790.]]
Malgré la défection de son allié autrichien, la [[Russie]] poursuit son avantage sur l'[[Empire ottoman]]. La flotte russe remporte une victoire sur la flotte ottomane à [[Odessa|Khadjibey]] en [[septembre]] [[1790]] et le [[11 décembre]], [[Souvorov]] prend la forteresse d'[[Izmaïl]] dans le sud de la [[Bessarabie]]. La nouvelle puissance russe inquiète la [[Grande-Bretagne]], d'autant plus qu'elle pourrait devenir la nouvelle source de matières premières de la [[France]] à la suite d'un accord commercial passé avec cette dernière. [[William Pitt l'Ancien|William Pitt]] envoie donc un ultimatum à la Russie interdisant l'extension au-delà du [[Dniepr]] et l'annexion d'[[Otchakiv|Otchakov]]. La flotte britannique devait attaquer en [[Mer Baltique|Baltique]] alors qu'une armée prussienne doit attaquer en [[Livonie]], mais William Pitt n'est pas soutenu dans son pays si bien qu'il doit renoncer à soutenir La Porte.
Malgré la défection de son allié autrichien, la [[Russie]] poursuit son avantage sur l'[[Empire ottoman]]. La flotte russe remporte une victoire sur la flotte ottomane à [[Odessa|Khadjibey]] en {{date|septembre 1790}} et le [[11 décembre]], [[Alexandre Souvorov|Souvorov]] prend la forteresse d'[[Izmaïl]] dans le sud de la [[Bessarabie]]. La nouvelle puissance russe inquiète la [[Grande-Bretagne]], d'autant plus qu'elle pourrait devenir la nouvelle source de matières premières de la [[France]] à la suite d'un accord commercial passé avec cette dernière. [[William Pitt le Jeune|William Pitt]] envoie donc un ultimatum à la Russie interdisant l'extension au-delà du [[Dniepr]] et l'annexion d'[[Otchakiv|Otchakov]]. La flotte britannique devait attaquer en [[Mer Baltique|Baltique]] alors qu'une [[royaume de Prusse|armée prussienne]] doit attaquer en [[Livonie]], mais William Pitt n'est pas soutenu dans son pays si bien qu'il doit renoncer à soutenir [[Sublime_Porte|La Porte]].


== Le traité de Iassy ==
== Le traité de Iassy ==


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Un [[armistice]] est conclu entre les deux belligérants en {{date|août 1791}}. Le {{date|9 janvier 1792}} est signée le [[traité d'Iași]] entre l'Empire russe et l'Empire ottoman, par lequel la Russie obtient la forteresse d'Otchakov et le [[Yedisan]]. L’Empire ottoman reconnaît en outre l'annexion russe de la [[Crimée]] tandis que la Russie évacue les principautés danubiennes.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Bibliographie ==
== Bibliographie ==
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Les relations internationales en Europe ({{sp-|XVII|-|XVIII|s}})|prénom1=Lucien|nom1=Bély|lien auteur1=Lucien Bély|lieu=Paris|éditeur=Presses universitaires de France|lien éditeur=Presses universitaires de France|collection=Thémis|série=Histoire|année=2001|isbn=978-2-130-51755-9}}.
* [[Lucien Bély]], ''Les Relations internationales en Europe - {{sp-|XVII|e|–|XVIII|e}}'', PUF, coll. « Thémis/Histoire », Paris, 1992. {{ISBN|2130517552}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|titre=Histoire des Balkans : XIVe-XXe siècle|prénom1=Georges|nom1=Castellan|lien auteur1=Georges Castellan|lieu=Paris|éditeur=Le Grand livre du mois|année=1999|pages totales=532|isbn=978-2-702-83492-3|isbn10=2-702-83492-2}}.
* Georges Castellan, ''Histoire des Balkans, {{sp-|XIV|e|–|XX|e}}'', Fayard, Paris, 1991. {{ISBN|2702834922}}.


== Liens externes ==
== Liens externes ==
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Version du 14 juillet 2024 à 01:00

Guerre russo-turque de 1787-1792
Description de cette image, également commentée ci-après
Informations générales
Date -
(4 ans, 4 mois et 21 jours)
Lieu Serbie-Moldavie-Valachie
Casus belli Annexion du khanat de Crimée par l'Empire russe.
Issue Victoire de l'Empire russe
Changements territoriaux Yedisan
Belligérants
Drapeau de l'Empire russe Empire russe
Monarchie de Habsbourg (1788-1791)
Drapeau de l'Empire ottoman Empire ottoman
Commandants
Catherine II
Grigori Potemkine
Alexandre Souvorov
Piotr Alexandrovitch Roumiantsev
Nicolas Repnine
Fiodor Fiodorovitch Ouchakov
José de Ribas
John Paul Jones
Joseph II
Laudon
Frédéric Josias de Saxe-Cobourg-Saalfeld
Abdülhamid Ier
Sélim III
Cezayirli Gâzi Hasan Pacha
Cheikh Mansour
Pertes
59 000 à 72 000 morts
Inconnues
116 000 à 130 000 morts

Guerres russo-turques

Batailles

La septième guerre russo-turque se déroule de 1787 à 1792 et oppose l'Empire russe et l'Autriche à l'Empire ottoman. En effet, les Ottomans montrent leur inquiétude face à l'expansion russe vers le sud, sur les territoires qui sont aujourd’hui l'Ukraine, notamment la Crimée.

Les causes du conflit

Sous l'influence de son ancien favori, Grigori Potemkine, l'impératrice Catherine II envisage une extension de son empire vers le sud. Elle désire expulser les Turcs d'Europe afin de reconstruire l'Empire byzantin et de le donner à son petit-fils Constantin. Cet empire, qui aurait pour capitale Constantinople, est destiné à englober la Grèce, la Thrace, la Macédoine et la Bulgarie, tandis que les principautés danubiennes formeraient un « royaume de Dacie », promis à Potemkine. Le reste des Balkans, c'est-à-dire la Bosnie, la Serbie et l'Albanie, serait donné en compensation à l'Autriche. Venise obtiendrait la Morée, la Crète et Chypre[1].

En Crimée, l'impératrice avait mis sur le trône le khan Chahin Giray. Les Russes sont contraints d'intervenir plusieurs fois pour mater des révoltes et maintenir le pouvoir nominal du khan. La dernière intervention entraîne l'occupation du pays en 1782. La Crimée est officiellement annexée le , permettant à l'Empire russe de disposer d'une base maritime en mer Noire. De plus, la Géorgie est placée sous protectorat russe et une flotte est créée en mer Noire, autant de sources d'inquiétudes aux yeux des Turcs ottomans. En , le sultan Abdülhamid Ier fait remettre un ultimatum à Boulgakov, qui représente la Russie à Constantinople, exigeant l'évacuation immédiate de la Crimée. Sur son refus il est arrêté et enfermé à la forteresse de Yedikule. Quelques jours plus tard, les Turcs attaquent deux vaisseaux russes et provoquent en retour une déclaration de guerre. voit les premiers combats entre la flotte russe et la flotte ottomane. Depuis leur base de Otchakiv les Ottomans tentent de prendre Kinbourn sans y réussir mais les pertes russes sont importantes. À l'approche de l'hiver les opérations maritimes se figent pour démarrer sur d'autres fronts [2]. L'Autriche attend le pour se joindre à la Russie.

Les offensives austro-russes

Joseph II, commandant des troupes autrichiennes, se révèle un piètre stratège. Les Turcs ravagent le territoire des Habsbourg, amenant l'empereur à négocier. De leur côté, les Russes commandés par Potemkine prennent Otchakov en . Le nouveau sultan Sélim III refuse la négociation, mais les Autrichiens se ressaisissent. En 1789, les troupes du maréchal Ernst Gideon von Laudon prennent Belgrade. De son côté, le prince de Saxe-Cobourg conquiert Bucarest, tandis que les Russes avancent en Valachie et, avec l'appui d'un important corps autrichien, remportent des victoires sur les Turcs à Focșani et à Mărtinești.

Le retrait autrichien

L'empereur Joseph II meurt le . Son successeur Léopold II, afin de lutter contre la propagation des idées révolutionnaires — qui se répandent dans les Pays-Bas et la Hongrie — change radicalement de politique extérieure. Il amorce un rapprochement avec la Prusse mais cette dernière est alliée de l'Empire ottoman si bien que l'Autriche doit abandonner son allié russe et renoncer à tout agrandissement territorial. Le est signé le traité de Sistova entre l'Empire ottoman et l'Autriche par lequel cette dernière abandonne ses conquêtes, à quelques maigres exceptions près, soit la ville d'Orșova dans le Banat, et deux forteresses en Croatie.

L'intervention de la Grande-Bretagne

Prise d'Izmaïl, décembre 1790.

Malgré la défection de son allié autrichien, la Russie poursuit son avantage sur l'Empire ottoman. La flotte russe remporte une victoire sur la flotte ottomane à Khadjibey en et le 11 décembre, Souvorov prend la forteresse d'Izmaïl dans le sud de la Bessarabie. La nouvelle puissance russe inquiète la Grande-Bretagne, d'autant plus qu'elle pourrait devenir la nouvelle source de matières premières de la Frankreich à la suite d'un accord commercial passé avec cette dernière. William Pitt envoie donc un ultimatum à la Russie interdisant l'extension au-delà du Dniepr et l'annexion d'Otchakov. La flotte britannique devait attaquer en Baltique alors qu'une armée prussienne doit attaquer en Livonie, mais William Pitt n'est pas soutenu dans son pays si bien qu'il doit renoncer à soutenir La Porte.

Le traité de Iassy

Un armistice est conclu entre les deux belligérants en . Le est signée le traité d'Iași entre l'Empire russe et l'Empire ottoman, par lequel la Russie obtient la forteresse d'Otchakov et le Yedisan. L’Empire ottoman reconnaît en outre l'annexion russe de la Crimée tandis que la Russie évacue les principautés danubiennes.

Notes et références

  1. Georges Florovsky, Les Voies de la théologie russe, Paris, 1937, trad. et notes de J.C. Roberti, Paris, Desclée de Brouwer, 1991, p. 150.
  2. Hélène Carrère d'Encausse, Catherine II, Un âge d'or pour la Russie, dépôt légal septembre 2002, édition 25614, Impression 14552 (ISBN 2-213-61355-9), Fayard, p. 464.

Bibliographie

Liens externes

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