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{{Confusion|texte= Ne pas confondre avec [[Jacques Rozier (pseudonyme)|Jacques Rozier]], nom de plume de la romancière française [[Émilie Paton]]}}
{{Confusion|texte= Ne pas confondre avec [[Jacques Rozier (pseudonyme)|Jacques Rozier]], nom de plume de la romancière française [[Émilie Paton]]}}
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{{mort récente|date=2 juin 2023}}
{{Infobox Cinéma (personnalité)
{{Infobox Cinéma (personnalité)
| nom = Jacques Rozier
| nom = Jacques Rozier
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| image = Jacques Rozier 2.jpg
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| légende = Jacques Rozier en 2017.
| légende = Jacques Rozier lors d'une séance de signature en 2017.
| nom de naissance =
| nom de naissance = Jacques, Claude, Marcel Rozier
| date de naissance = 10 novembre 1926
| date de naissance = 10 novembre 1926
| lieu de naissance = [[Paris]] ([[France]])
| lieu de naissance = {{15e arrondissement de Paris}}, [[France]]
| date de décès = 2 juin 2023
| date de décès = 31 mai 2023
| lieu de décès =
| lieu de décès = [[Théoule-sur-Mer]] ([[Alpes-Maritimes]]), [[France]]
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| nationalité = {{drapeau|France}} [[France|française]]
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| profession = [[réalisateur]]
| films notables = ''[[Adieu Philippine]]''<br /> ''[[Du côté d'Orouët]]''<br /> ''[[Maine Océan]]''
| films notables = ''[[Adieu Philippine]]''<br> ''[[Du côté d'Orouët]]''<br> ''[[Maine Océan]]''
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| site web =
}}
}}


'''Jacques Rozier''', né le {{date de naissance|10|novembre|1926|au cinéma}} à [[Paris]] et mort le {{date de décès-|2 juin 2023}}<ref>https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/06/03/le-cineaste-jacques-rozier-figure-de-la-nouvelle-vague-est-mort_6176067_3382.html</ref>, est un [[réalisateur]] [[France|français]].
'''Jacques Rozier''', né le {{date de naissance|10 novembre 1926}} à [[Paris]] et mort le {{date de décès|31 mai 2023}} à [[Théoule-sur-Mer]], est un [[réalisateur]] [[France|français]].


Après des études de cinéma à l'[[Institut des hautes études cinématographiques|IDHEC]], il travaille comme assistant à la télévision et réalise dès le milieu des années 1950 des courts métrages considérés comme précurseurs de la [[Nouvelle Vague]], ''[[Rentrée des classes (film)|Rentrée des classes]]'' (1956) et ''[[Blue Jeans]]'' (1958).
Après des études de cinéma à l'[[Institut des hautes études cinématographiques|IDHEC]], il travaille comme assistant à la télévision et réalise dès le milieu des années 1950 des courts métrages considérés comme précurseurs de la [[Nouvelle Vague]], ''[[Rentrée des classes (film)|Rentrée des classes]]'' (1956) et ''[[Blue Jeans]]'' (1958).
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Jacques Rozier naît à Paris le {{date de naissance|10|novembre|1926}} et grandit dans le [[quartier des Batignolles]]<ref name = "peron">{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=Rozier sauvage|sous-titre=Retour sur le cinéaste Jacques Rozier, au moment où ressort ''Du Côté d'Orouët''|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=30|mois=octobre|année=1996|url=http://www.liberation.fr/portrait/0101194819-retour-sur-le-cineaste-jacques-rozier-au-moment-ou-ressort-du-cote-d-orouet-et-quelques-autres-films-phares-rozier-sauvage}}.</ref>.
Jacques Rozier naît à Paris le {{date de naissance|10|novembre|1926}} et grandit dans le [[quartier des Batignolles]]<ref name = "peron">{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=Rozier sauvage|sous-titre=Retour sur le cinéaste Jacques Rozier, au moment où ressort ''Du Côté d'Orouët''|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=30|mois=octobre|année=1996|url=http://www.liberation.fr/portrait/0101194819-retour-sur-le-cineaste-jacques-rozier-au-moment-ou-ressort-du-cote-d-orouet-et-quelques-autres-films-phares-rozier-sauvage}}.</ref>.


Il suit des études à l'[[Institut des hautes études cinématographiques|IDHEC]] en 1948-1949<ref group = "note">Il fait partie de la {{5e|promotion}} de l'école.</ref>. Pour son film de fin d'études, il part en Provence avec ses bobines et une caméra et filme les premières images de son futur court métrage ''Rentrée des classes''<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=16}}</ref>.
Il suit des études à l'[[Institut des hautes études cinématographiques|IDHEC]] en 1948-1949<ref group = "note">Il fait partie de la {{5e|promotion}} de l'école.</ref>. Pour son film de fin d'études, il part en Provence avec ses bobines et une caméra et filme les premières images de son futur court métrage ''Rentrée des classes''<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=16}}.</ref>.


=== Carrière ===
=== Carrière ===
Après ses études, il travaille comme assistant à la télévision auprès de réalisateurs comme [[Marcel Bluwal]], [[Stellio Lorenzi]] et [[Claude Loursais]], qui tournent des dramatiques dans les studios des Buttes Chaumont. Rozier se dit impressionné et influencé par leur rapidité d'exécution et leur savoir-faire<ref name="rozier18" />{{,}}<ref name = "bonnaud">{{article|prénom1=Frédéric|nom1=Bonnaud|lien auteur1=Frédéric Bonnaud|titre=Quelqu’un qui fout la trouille|périodique=Les Inrockuptibles|lien périodique=Les Inrockuptibles|jour=31|mois=juillet|année=1996|url=http://www.lesinrocks.com/1996/07/31/cinema/actualite-cinema/quelquun-qui-fout-la-trouille-11233395/}}</ref>.
Après ses études, il travaille comme assistant à la télévision auprès de réalisateurs comme [[Marcel Bluwal]], [[Stellio Lorenzi]] et [[Claude Loursais]], qui tournent des dramatiques dans les studios des Buttes Chaumont. Rozier se dit impressionné et influencé par leur rapidité d'exécution et leur savoir-faire<ref name="rozier18"/>{{,}}<ref name = "bonnaud">{{article|prénom1=Frédéric|nom1=Bonnaud|lien auteur1=Frédéric Bonnaud|titre=Quelqu’un qui fout la trouille|périodique=Les Inrockuptibles|lien périodique=Les Inrockuptibles|jour=31|mois=juillet|année=1996|url=http://www.lesinrocks.com/1996/07/31/cinema/actualite-cinema/quelquun-qui-fout-la-trouille-11233395/}}.</ref>.


Il fait un stage sur le tournage de ''[[French Cancan (film)|French Cancan]]'' de [[Jean Renoir]]<ref name = "peron" />.
Il fait un stage sur le tournage de ''[[French Cancan (film)|French Cancan]]'' de [[Jean Renoir]]<ref name = "peron"/>.


Avec l'argent gagné à la télévision, il achète de la pellicule pour tourner ''[[Rentrée des classes (film)|Rentrée des classes]]'' (1955). Le film, réalisé en 1955, peut être considéré comme le premier film de la [[Nouvelle Vague]]<ref name = "rozier18">{{harvsp|Rozier|2012|p=18}}</ref>{{,}}<ref name = "boulevard">{{Vimeo|12947265|Jacques Rozier dans Boulevard du Classic}}</ref>{{,}}<ref group = "note">[[Agnès Varda]] considère elle que le premier film de la nouvelle vague serait son court métrage ''La Pointe courte'' {{harv|Rozier|2012|p=18}}.</ref>.
Avec l'argent gagné à la télévision, il achète de la pellicule pour tourner ''[[Rentrée des classes (film)|Rentrée des classes]]'' (1955). Le film, réalisé en 1955, peut être considéré comme le premier film de la [[Nouvelle Vague]]<ref name = "rozier18">{{harvsp|Rozier|2012|p=18}}</ref>{{,}}<ref name = "boulevard">{{Vimeo|12947265|Jacques Rozier dans Boulevard du Classic}}</ref>{{,}}<ref group="note">[[Agnès Varda]] considère elle que le premier film de la Nouvelle Vague serait son long métrage ''La Pointe courte'' {{harv|Rozier|2012|p=18}}.</ref>.


Avec l'argent obtenu par la vente de ''Rentrée des classes'', il tourne ''Blue Jeans''<ref name = "rozier18" />. Il rencontre [[Jean-Luc Godard]] en présentant ''Blue Jeans'' aux Journées internationales du court métrage à Tours en 1958. À l'époque, Godard est [[critique de cinéma]] à ''[[Arts (revue)|Arts]]'' et il signe un article intitulé « Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours. », ce qui sonne comme une provocation étant donné qu'[[Agnès Varda]], [[Jacques Demy]] et Jacques Rozier étaient alors complètement inconnus. Il voit dans ''Blue Jeans'' {{citation|le film le plus frais, enfantinement pur, jeune et sympa de ces fades et horriblement sérieuses journées}}<ref name = "godard">{{article|prénom1=Jean-Luc|nom1=Godard|lien auteur1=Jean-Luc Godard|titre=Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours|périodique=Arts|lien périodique=Arts (revue)|numéro=700|année=1958|mois=décembre|jour=10}} réédité dans {{Ouvrage|prénom1=Jean-Luc|nom1=Godard|lien auteur1=Jean-Luc Godard|titre=Les Années Cahiers|éditeur=[[Groupe Flammarion|Flammarion]]|année=1989|passage=172-176|isbn=}}.</ref>. ''Blue Jeans'' est ensuite diffusé au cinéma en première partie du film de [[John Berry]] ''[[Oh ! Qué mambo]]'' (1959)<ref name = "bonnaud"/>.
Avec l'argent obtenu par la vente de ''Rentrée des classes'', il tourne ''Blue Jeans''<ref name = "rozier18" />.
Il rencontre [[Jean-Luc Godard]] en présentant ''Blue Jeans'' aux Journées internationales du court métrage à Tours en 1958. À l'époque, Godard est critique de cinéma à ''[[Arts (revue)|Arts]]'' et il signe un article intitulé « Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours. », ce qui sonne comme une provocation étant donné qu'[[Agnès Varda]], [[Jacques Demy]] et Jacques Rozier étaient alors complètement inconnus. Il voit dans ''Blue Jeans'' {{citation|le film le plus frais, enfantinement pur, jeune et sympa de ces fades et horriblement sérieuses journées}}<ref name = "godard">{{article|prénom1=Jean-Luc|nom1=Godard|lien auteur1=Jean-Luc Godard|titre=Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours|périodique=Arts|lien périodique=Arts (revue)|numéro=700|année=1958|mois=décembre|jour=10}} réédité dans {{Ouvrage|prénom1=Jean-Luc|nom1=Godard|lien auteur1=Jean-Luc Godard|titre=Les Années Cahiers|éditeur=[[groupe Flammarion|Flammarion]]|année=1989|passage=172-176|isbn=}}.</ref>. ''Blue Jeans'' est ensuite diffusé au cinéma en première partie du film de [[John Berry]] ''[[Oh ! Qué mambo]]'' (1959)<ref name = "bonnaud" />.


Après le succès d'''[[À bout de souffle]]'', en 1960, [[Jean-Luc Godard]] présente Jacques Rozier à son producteur, [[Georges de Beauregard]]. Ce dernier permet à Rozier de réaliser son premier long métrage, ''[[Adieu Philippine]]''. Rozier avait le souhait de tourner un film décrivant les premiers jours d'un appelé dans un régiment. Un tel sujet était impossible à traiter pendant la [[guerre d'Algérie]]. Il s'oriente alors vers l'histoire d'un garçon amoureux de deux filles, très amies entre elles. Le garçon laisse finalement les choses en plan pour partir en Algérie. Inspiré par l'esthétique du [[Néoréalisme (cinéma)|néoréalisme]] italien, Rozier choisit ses acteurs dans la rue<ref name = "rozier20" />. Or, la production du film est difficile ; le tournage du film a lieu en partie en [[Corse]] dans des montagnes uniquement accessibles à dos de mule. Le montage dure douze mois. Les bandes-son ont été perdues et Rozier n'avait gardé aucune trace écrite des dialogues de sorte qu'il a fallu reconstituer les dialogues en lisant sur les lèvres des acteurs<ref name = "peron" />. Georges de Beauregard ne croit plus au film et Rozier doit racheter les droits du film avec des amis pour l'achever et pouvoir le montrer au [[festival de Cannes 1962|festival de Cannes en 1962]]<ref name = "bonnaud" /> : le film, sélectionné pour la première édition de la [[semaine de la critique]], y reçoit un prix<ref name = "rozier20">{{harvsp|Rozier|2012|p=20}}</ref>.
Après le succès d'''[[À bout de souffle]]'', en 1960, [[Jean-Luc Godard]] présente Jacques Rozier à son producteur, [[Georges de Beauregard]]. Ce dernier permet à Rozier de réaliser son premier long métrage, ''[[Adieu Philippine]]''. Rozier avait le souhait de tourner un film décrivant les premiers jours d'un appelé dans un régiment. Un tel sujet était impossible à traiter pendant la [[guerre d'Algérie]]. Il s'oriente alors vers l'histoire d'un garçon amoureux de deux filles, très amies entre elles. Le garçon laisse finalement les choses en plan pour partir en Algérie. Inspiré par l'esthétique du [[Néoréalisme (cinéma)|néoréalisme]] italien, Rozier choisit ses acteurs dans la rue<ref name = "rozier20" />. Or, la production du film est difficile ; le tournage du film a lieu en partie en [[Corse]] dans des montagnes uniquement accessibles à dos de mule. Le montage dure douze mois. Par mesure d'économie, la production n'a pas engagé de preneur de son. Seuls des sons témoins, non synchrones, ont été enregistrés sur un petit magnétophone. À l'écoute, les dialogues se révèleront totalement inaudibles. Rozier passera cinq mois à les reconstituer en lisant sur les lèvres des acteurs<ref name = "peron"/>. Georges de Beauregard ne croit plus au film et Rozier fait racheter les droits du film par Alain Paygot (Unitec) afin de l'achever et de pouvoir le montrer au [[festival de Cannes 1962|festival de Cannes en 1962]]<ref name = "bonnaud"/> : le film, sélectionné pour la première édition de la [[semaine de la critique]], y reçoit un prix<ref name = "rozier20">{{harvsp|Rozier|2012|p=20}}.</ref>. Le film sort finalement en salles en {{date-|septembre 1963}}<ref name = "frodon118">{{Ouvrage|prénom1=Jean-Michel|nom1=Frodon|lien auteur1=Jean-Michel Frodon|titre=Le Cinéma français, de la Nouvelle Vague à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[Cahiers du cinéma]]|année=2010|passage=118|isbn=}}.</ref>.
Le film sort finalement en salles en {{date-|septembre 1963}}<ref name = "frodon118">{{Ouvrage|prénom1=Jean-Michel|nom1=Frodon|lien auteur1=Jean-Michel Frodon|titre=Le Cinéma français, de la Nouvelle Vague à nos jours|lieu=Paris|éditeur=[[Cahiers du cinéma]]|année=2010|passage=118|isbn=}}</ref>.
''[[Adieu Philippine]]'' est salué par la critique et devient l'un des films emblématiques de la [[Nouvelle Vague]]<ref name = "boulevard" />. Jean-Michel Frodon y voit le film qui condense le mieux l'esprit de la [[Nouvelle Vague]]<ref name = "frodon118" />. Le critique [[Louis Skorecki]] y voit {{citation|le plus beau portrait de la France du début des années 60<ref>{{article|prénom1=Louis|nom1=Skorecki|lien auteur1=Louis Skorecki|titre=Adieu Philippine|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=16|mois=octobre|année=1998|url=http://www.liberation.fr/medias/0101257528-adieu-philippine-france-2-0-h-25}}</ref>.}}


Dans ''Paparazzi'' et ''Le Parti des choses : Bardot et Godard'' (1963), il filme l'actrice [[Brigitte Bardot]] sur le tournage du ''[[Le Mépris (film)|Mépris]]'' (1963) de [[Jean-Luc Godard]] confrontée à la traque des paparazzi à Capri et à Rome<ref>{{article|prénom1=Samuel|nom1=Douhaire|titre=BB dans la ligne de mire|périodique=Libération|jour=18|mois=mars|année=2000|url=http://www.liberation.fr/medias/0101330112-bb-dans-la-ligne-de-mire-la-bardotmania-filmee-sur-le-tournage-du-mepris-paparazzi-court-metrage-documentaire-de-jacques-rozier-1963-arte-dimanche-0-h-50}}</ref>{{,}}<ref name = "peron96" />.
''Adieu Philippine'' est salué par la critique et devient l'un des films emblématiques de la [[Nouvelle Vague]]<ref name = "boulevard"/>. [[Jean-Michel Frodon]] y voit le film qui condense le mieux l'esprit de la Nouvelle Vague<ref name = "frodon118" />. Le critique [[Louis Skorecki]] y voit {{citation|le plus beau portrait de la France du début des [[années 1960]]<ref>{{article|prénom1=Louis|nom1=Skorecki|lien auteur1=Louis Skorecki|titre=Adieu Philippine|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=16|mois=octobre|année=1998|url=http://www.liberation.fr/medias/0101257528-adieu-philippine-france-2-0-h-25}}.</ref>.}}


Dans ''Paparazzi'' et ''Le Parti des choses : Bardot et Godard'' (1963), il filme l'actrice [[Brigitte Bardot]] sur le tournage du ''[[Le Mépris (film)|Mépris]]'' (1963) de [[Jean-Luc Godard]] confrontée à la traque des paparazzi à Capri et à Rome<ref>{{article|prénom1=Samuel|nom1=Douhaire|titre=BB dans la ligne de mire|périodique=Libération|jour=18|mois=mars|année=2000|url=http://www.liberation.fr/medias/0101330112-bb-dans-la-ligne-de-mire-la-bardotmania-filmee-sur-le-tournage-du-mepris-paparazzi-court-metrage-documentaire-de-jacques-rozier-1963-arte-dimanche-0-h-50}}.</ref>{{,}}<ref name = "peron96"/>.
Après ''Adieu Philippine'', Jacques Rozier rencontre des difficultés pour réaliser un nouveau film. Ses relations difficiles avec Georges de Beauregard lui donnent une mauvaise réputation auprès des producteurs et font de lui l'« enfant terrible de la Nouvelle Vague »<ref name = "rozier25">{{harvsp|Rozier|2012|p=25}}</ref>.


Après ''Adieu Philippine'', Jacques Rozier rencontre des difficultés pour réaliser un nouveau film. Ses relations difficiles avec Georges de Beauregard lui donnent une mauvaise réputation auprès des producteurs et font de lui l'« enfant terrible de la Nouvelle Vague »<ref name = "rozier25">{{harvsp|Rozier|2012|p=25}}.</ref>.
Il lance de nombreux projets mais n'arrive pas à boucler ses scénarios. Dans un entretien avec Frédéric Bonnaud en 1996, il explique : {{citation|Mon défaut, c’est que je fonctionne sur la notion de désir. Si j’ai l’idée d’un film, j’ai envie que ça se fasse dans les trois-quatre mois. Je lance une idée, j’écris mais sans achever l’écriture, j’ai du mal à donner à lire un scénario bouclé<ref name = "bonnaud" />.}} Il continue de travailler à la télévision où il réalise notamment une série ''Ni figue, ni raisin'' avec la chanteuse [[Michèle Arnaud]] puis une émission dans la série ''[[Cinéastes de notre temps]]'' sur [[Jean Vigo]]<ref name = "bonnaud" />.


Il lance de nombreux projets mais n'arrive pas à boucler ses scénarios. Dans un entretien avec [[Frédéric Bonnaud]] en 1996, il explique : {{citation bloc|Mon défaut, c’est que je fonctionne sur la notion de désir. Si j’ai l’idée d’un film, j’ai envie que ça se fasse dans les trois-quatre mois. Je lance une idée, j’écris mais sans achever l’écriture, j’ai du mal à donner à lire un scénario bouclé<ref name = "bonnaud"/>.}}
''[[Du côté d'Orouët]]'', tourné en {{unité|16|mm}} en 1969 et sorti en 1973, raconte les vacances de trois jeunes filles et d'un jeune homme dans une villa sur le littoral vendéen<ref>{{harvsp|Frodon|2010|p=405}}</ref>. Le film ne reste en salle qu'une semaine<ref>{{article|prénom1=Jean-Louis|nom1=Bory|lien auteur1=Jean-Louis Bory|titre=Tout dans le masque|périodique=Le Nouvel Observateur|lien périodique=Le Nouvel Observateur|numéro=462|jour=17|mois=septembre|année=1973|url=http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS0462_19730917/OBS0462_19730917_068.pdf}} [http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS0462_19730917/OBS0462_19730917_069.pdf suite]</ref>{{,}}<ref name = "peron96">{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=Rozier des vents|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=30|mois=octobre|année=1996|url=http://www.liberation.fr/culture/0101196191-rozier-des-vents-embruns-avec-le-mythique-du-cote-d-orouet-soleil-avec-adieu-philippine-force-7-avec-maine-ocean-une-viree-mouvementee-dans-le-cinema-de-jacques-rozier-rare-drole-et-saturnien}}</ref>.


Il continue de travailler à la télévision où il réalise notamment une série ''Ni figue, ni raisin'' avec la chanteuse [[Michèle Arnaud]] puis une émission dans la série ''[[Cinéastes de notre temps]]'' sur [[Jean Vigo]]<ref name = "bonnaud"/>.
Il révèle le talent comique de l'acteur [[Bernard Menez]]<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=28}}</ref>{{,}}<ref name = "skorecki">{{article|prénom1=Louis|nom1=Skorecki|lien auteur1=Louis Skorecki|titre=Rozier chemine vers le loufoque|sous-titre=CANAL +, 16H05. «Maine-Océan», film de Jacques Rozier, avec Bernard Menez, Luis Rego, Yves Afonso...|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=7|mois=octobre|année=1997|url=http://www.liberation.fr/medias/0101228005-canal-16h05-maine-ocean-film-de-jacques-rozier-avec-bernard-menez-luis-rego-yves-afonso-rozier-chemine-vers-le-loufoque}}</ref>.


''[[Du côté d'Orouët]]'', tourné en {{unité|16|mm}} en 1969 et sorti en 1973, raconte les vacances de trois jeunes filles et d'un jeune homme dans une villa sur le littoral vendéen<ref>{{harvsp|Frodon|2010|p=405}}.</ref>. Le film ne reste en salle qu'une semaine<ref>{{article|prénom1=Jean-Louis|nom1=Bory|lien auteur1=Jean-Louis Bory|titre=Tout dans le masque|périodique=Le Nouvel Observateur|lien périodique=Le Nouvel Observateur|numéro=462|jour=17|mois=septembre|année=1973|url=http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS0462_19730917/OBS0462_19730917_068.pdf}} [http://referentiel.nouvelobs.com/archives_pdf/OBS0462_19730917/OBS0462_19730917_069.pdf suite.]</ref>{{,}}<ref name = "peron96">{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=Rozier des vents|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=30|mois=octobre|année=1996|url=http://www.liberation.fr/culture/0101196191-rozier-des-vents-embruns-avec-le-mythique-du-cote-d-orouet-soleil-avec-adieu-philippine-force-7-avec-maine-ocean-une-viree-mouvementee-dans-le-cinema-de-jacques-rozier-rare-drole-et-saturnien}}.</ref>.
En 1974, le producteur [[Claude Berri]] propose à Rozier de tourner un film avec [[Pierre Richard]], qui vient de connaître le succès au cinéma avec ''[[Le Grand Blond avec une chaussure noire]]''. Rozier accepte à la condition de ne pas avoir à fournir de scénario. ''[[Les Naufragés de l'île de la Tortue]]'' raconte l'histoire d'une agence de voyages qui tente de lancer une nouvelle formule de vacances. Au lieu de proposer aux vacanciers un programme surchargé, elle propose une opération « Robinson Crusoé » qui consiste à laisser les touristes à eux-mêmes sur une île déserte. Jean-Arthur Bonaventure (Pierre Richard) et Petit Nono ([[Jacques Villeret]]) sont chargés par l'agence de voyages de mettre sur pied cette opération. Cependant Pierre Richard doit quitter le tournage prématurément pour tourner un film avec [[Claude Zidi]]. Jacques Rozier modifie son scénario initial en fonction et décide de mettre le personnage de Pierre Richard en prison<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=27}}</ref>. À sa sortie en salles en 1976, le film est un échec commercial. Il est repris au cinéma en copie neuve en 2004<ref name = "boulevard" />{{,}}<ref>{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=''Les Naufragés'' de Rozier enfin repêché|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=7|mois=juillet|année=2004|url=http://next.liberation.fr/cinema/0101494989-les-naufrages-de-rozier-en-n-repeche}}</ref>. Le critique Ludovic Lament voit dans le film un {{citation|anti-''[[Les Bronzés|Bronzés]]'' loufoque<ref>{{article|prénom1=Ludovic|nom1=Lament|titre=Opération vacances désorganisées|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=24|mois=juin|année=2006|url=http://www.liberation.fr/ecrans/010151146-operation-vacances-desorganisees}}</ref>.}}


Il révèle le talent comique de l'acteur [[Bernard Menez]]<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=28}}.</ref>{{,}}<ref name = "skorecki">{{article|prénom1=Louis|nom1=Skorecki|lien auteur1=Louis Skorecki|titre=Rozier chemine vers le loufoque|sous-titre=CANAL +, 16H05. «Maine-Océan», film de Jacques Rozier, avec Bernard Menez, Luis Rego, Yves Afonso...|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=7|mois=octobre|année=1997|url=http://www.liberation.fr/medias/0101228005-canal-16h05-maine-ocean-film-de-jacques-rozier-avec-bernard-menez-luis-rego-yves-afonso-rozier-chemine-vers-le-loufoque}}.</ref>.
Rozier réalise aussi avec [[Pascal Thomas]] un pilote pour une série destinée à la télévision intitulée ''Nono Nenesse'' (1975) où [[Bernard Ménez]], [[Jacques Villeret]] et [[Maurice Risch]] jouent aux bébés au milieu d'un mobilier géant dans un esprit régressif. La série s'inspire de [[Laurel et Hardy]]. La série n'a finalement pas été diffusée à la télévision mais le pilote a été montré au public lors de la rétrospective de l'œuvre de Rozier au [[festival international du film de La Rochelle]] en 1996<ref name = "peron96rochelle" />{{,}}<ref name = "bonnaud" />.


En 1974, le producteur [[Claude Berri]] propose à Rozier de tourner un film avec [[Pierre Richard]], qui vient de connaître le succès au cinéma avec ''[[Le Grand Blond avec une chaussure noire]]''. Rozier accepte à la condition de ne pas avoir à fournir de scénario. ''[[Les Naufragés de l'île de la Tortue]]'' raconte l'histoire d'une agence de voyages qui tente de lancer une nouvelle formule de vacances. Au lieu de proposer aux vacanciers un programme surchargé, elle propose une opération « Robinson Crusoé » qui consiste à laisser les touristes à eux-mêmes sur une île déserte. Jean-Arthur Bonaventure (Pierre Richard) et Petit Nono ([[Jacques Villeret]]) sont chargés par l'agence de voyages de mettre sur pied cette opération. Cependant Pierre Richard doit quitter le tournage prématurément pour tourner un film avec [[Claude Zidi]]. Jacques Rozier modifie son scénario initial en fonction et décide de mettre le personnage de Pierre Richard en prison<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=27}}.</ref>. À sa sortie en salles en 1976, le film est un échec commercial. Il est repris au cinéma en copie neuve en 2004<ref name = "boulevard"/>{{,}}<ref>{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=''Les Naufragés'' de Rozier enfin repêché|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=7|mois=juillet|année=2004|url=http://next.liberation.fr/cinema/0101494989-les-naufrages-de-rozier-en-n-repeche}}</ref>. Le critique Ludovic Lament voit dans le film un {{citation|anti-''[[Les Bronzés|Bronzés]]'' loufoque<ref>{{article|prénom1=Ludovic|nom1=Lament|titre=Opération vacances désorganisées|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=24|mois=juin|année=2006|url=http://www.liberation.fr/ecrans/010151146-operation-vacances-desorganisees}}.</ref>}}.
''[[Maine Océan]]'', comédie poétique en forme d’étrange voyage en train, ne voit le jour qu’au printemps 1986. Les critiques sont, une nouvelle fois, très élogieuses. Une version restaurée est reprise au cinéma en 2007<ref>{{article|langue=en|prénom1=Jordan|nom1=Mintzer|titre=Maine Océan|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=27|mois=juin|année=2007|url=http://www.liberation.fr/cahier-special/0101106117-maine-ocean}}</ref>. Le film rencontre un succès public relatif ({{nombre|135000|entrées}} en France)<ref>{{Lien web|url=http://www.jpbox-office.com/fichfilm.php?id=62462|titre=Maine Océan|site=jpbox-office.com|consulté le=23 août 2012}}</ref>.


Rozier réalise aussi avec [[Pascal Thomas]] un pilote pour une série destinée à la télévision intitulée ''Nono Nenesse'' (1975) où [[Bernard Ménez]], [[Jacques Villeret]] et [[Maurice Risch]] jouent aux bébés au milieu d'un mobilier géant dans un esprit régressif. La série s'inspire de [[Laurel et Hardy]]. La série n'a finalement pas été diffusée à la télévision mais le pilote a été montré au public lors de la rétrospective de l'œuvre de Rozier au [[festival international du film de La Rochelle]] en 1996<ref name = "peron96rochelle"/>{{,}}<ref name = "bonnaud"/>.
Jacques Rozier réalise aussi deux documentaires sur l'opéra baroque à travers deux œuvres de [[Jean-Baptiste Lully|Lully]]. Le premier, ''L'Opéra du roi'', tourné en 1989 au Théâtre lyrique de Montpellier, dévoile les coulisses d'une représentation d' ''[[Atys (opéra)|Atys]]'' dirigée par [[William Christie (musicien)|William Christie]] (musique) et [[Francine Lancelot]] (chorégraphie). Le second, ''Revenez, plaisirs exilés'', est une captation des répétitions et de la générale d' ''[[Alceste ou le Triomphe d'Alcide]],'' données à l'[[opéra de Versailles]] et au [[Théâtre des Champs-Élysées|Théâtre des Champs-Elysées]] en 1991 sous la direction de [[Jean-Louis Martinoty]] (mise en scène), [[Jean-Claude Malgoire]] (musique), Marie-Geneviève Massé et [[François Raffinot]] (chorégraphie)<ref>{{Article|langue=|auteur1=|prénom1=Nicolas|nom1=Villodre|titre=Jacques Rozier, le musical|périodique=Danzine.fr|jour=24|mois=6|année=2011|date=24/06/2011|issn=|pages=|url=http://www.danzine.fr/jacques-rozier-le-musical|archiveurl=https://archive.is/20130623105850/http://www.danzine.fr/jacques-rozier-le-musical|archivedate=23 juin 2013}}</ref>.


En 1996, le [[festival international du film de La Rochelle]] rend hommage à Jacques Rozier en lui consacrant une rétrospective<ref name = "peron96rochelle">{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=Festival de la Rochelle|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=8|mois=juillet|année=1996|url=http://www.liberation.fr/culture/0101186936-festival-de-la-rochelle-retros-monstres-pour-ce-festival-96-dont-robert-siodmak-kiju-yoshida-et-le-trop-rare-et-plein-d-embruns-jacques-rozier-la-24e-croisiere-cinephilique}}</ref>.
''[[Maine Océan]]'', comédie poétique en forme d’étrange voyage en train, ne voit le jour qu’au printemps 1986. Les critiques sont, une nouvelle fois, très élogieuses. Une version restaurée est reprise au cinéma en 2007<ref>{{article|langue=en|prénom1=Jordan|nom1=Mintzer|titre=Maine Océan|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=27|mois=juin|année=2007|url=http://www.liberation.fr/cahier-special/0101106117-maine-ocean}}.</ref>. Le film rencontre un succès public relatif ({{nombre|135000|entrées}} en France)<ref>{{Lien web|url=http://www.jpbox-office.com/fichfilm.php?id=62462|titre=Maine Océan|site=jpbox-office.com|consulté le=23 août 2012}}.</ref>.


Jacques Rozier réalise aussi deux documentaires sur l'opéra baroque à travers deux œuvres de [[Jean-Baptiste Lully|Lully]]. Le premier, ''L'Opéra du roi'', tourné en 1989 au Théâtre lyrique de Montpellier, dévoile les coulisses d'une représentation d' ''[[Atys (opéra)|Atys]]'' dirigée par [[William Christie (musicien)|William Christie]] (musique) et [[Francine Lancelot]] (chorégraphie). Le second, ''Revenez, plaisirs exilés'', est une captation des répétitions et de la générale d' ''[[Alceste ou le Triomphe d'Alcide]],'' données à l'[[opéra de Versailles]] et au [[Théâtre des Champs-Élysées]] en 1991 sous la direction de [[Jean-Louis Martinoty]] (mise en scène), [[Jean-Claude Malgoire]] (musique), Marie-Geneviève Massé et [[François Raffinot]] (chorégraphie)<ref>{{Article|auteur1=|prénom1=Nicolas|nom1=Villodre|titre=Jacques Rozier, le musical|périodique=Danzine.fr|jour=24|mois=6|année=2011|date=24/06/2011|pages=|url=http://www.danzine.fr/jacques-rozier-le-musical|archiveurl=https://archive.is/20130623105850/http://www.danzine.fr/jacques-rozier-le-musical|archivedate=23 juin 2013}}.</ref>.
En 1997, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le [[Académie française, Prix René Clair|Prix René Clair]]<ref>{{Lien web|url=http://www.academie-francaise.fr/jacques-rozier|site=Académie française|consulté le=26 août 2012|titre=Jacques Rozier}}</ref>.


En 1996, le [[festival international du film de La Rochelle]] rend hommage à Jacques Rozier en lui consacrant une rétrospective<ref name = "peron96rochelle">{{article|prénom1=Didier|nom1=Péron|titre=Festival de la Rochelle|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=8|mois=juillet|année=1996|url=http://www.liberation.fr/culture/0101186936-festival-de-la-rochelle-retros-monstres-pour-ce-festival-96-dont-robert-siodmak-kiju-yoshida-et-le-trop-rare-et-plein-d-embruns-jacques-rozier-la-24e-croisiere-cinephilique}}.</ref>.
En 2001, le réalisateur présente à la [[Mostra de Venise]], ''[[Fifi Martingale]]'', une comédie qui se déroule dans un théâtre. Le film ne connaît pas de distribution en salles et Jacques Rozier souhaite remanier le montage.


En 1997, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le [[Académie française, Prix René Clair|prix René-Clair]]<ref>{{Lien web|url=http://www.academie-francaise.fr/jacques-rozier|site=Académie française|consulté le=26 août 2012|titre=Jacques Rozier}}.</ref>.
Du 2 au {{date-|26 novembre 2001}}, une rétrospective intégrale de Jacques Rozier a été présentée au [[Centre Pompidou]]. La rétrospective révèle que l'œuvre de Rozier ne se limite pas aux cinq longs métrages sortis en salle du réalisateur. Il a en réalité réalisé une trentaine d'œuvres de différents formats et de différentes durées pour la télévision ou pour le cinéma<ref>[http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Communication.nsf/docs/IDB609D2A03123EB3DC1256AEA004F19F1/$File/Rozier%C3%A9dit.pdf ''Jacques Rozier, le funambule'']</ref>{{,}}<ref name = "debaecque">{{article|prénom1=Antoine|nom1=de Baecque|lien auteur1=Antoine de Baecque|titre=Rozier tous azimuts|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=2|mois=novembre|année=2001|url=http://www.liberation.fr/culture/0101391916-rozier-tous-azimuts}}</ref>.


En 2001, le réalisateur présente à la [[Mostra de Venise]] ''[[Fifi Martingale]]'', une comédie qui se déroule dans un théâtre. Le film ne connaît pas de distribution en salles et Rozier souhaite remanier le montage.
En 2006, il lance le projet de réaliser une comédie intitulée ''Le Perroquet parisien'', initialement ''Le Perroquet bleu'', sur le milieu du cinéma. Le tournage a été interrompu pour des problèmes de production<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=29-30}}</ref>.


Du 2 au {{date-|26 novembre 2001}}, une rétrospective intégrale de Jacques Rozier présentée au [[Centre Pompidou]] révèle que l’œuvre du réalisateur ne se limite pas aux cinq longs métrages sortis en salle. Il a en fait réalisé une trentaine d'œuvres de différents formats et de différentes durées pour la télévision ou pour le cinéma<ref>[http://www.centrepompidou.fr/Pompidou/Communication.nsf/docs/IDB609D2A03123EB3DC1256AEA004F19F1/$File/Rozier%C3%A9dit.pdf ''Jacques Rozier, le funambule'']</ref>{{,}}<ref name = "debaecque">{{article|prénom1=Antoine|nom1=de Baecque|lien auteur1=Antoine de Baecque|titre=Rozier tous azimuts|périodique=Libération|lien périodique=Libération (journal)|jour=2|mois=novembre|année=2001|url=http://www.liberation.fr/culture/0101391916-rozier-tous-azimuts}}.</ref>.
En 2021, il travaille sur une rétrospective de sa carrière en collaboration avec la [[Cinémathèque française]] prévue pour novembre de cette même année, durant laquelle il devait présenter nombre de ses films phares, avant d'annuler sa présence au début du mois en raison de désaccords avec l'organisme.


En 2006, il lance le projet de réaliser une comédie intitulée ''Le Perroquet parisien'', initialement ''Le Perroquet bleu'', sur le milieu du cinéma. Le tournage est interrompu pour des problèmes de production<ref>{{harvsp|Rozier|2012|p=29-30}}.</ref>.
=== Vie privée ===

Le {{date-|15 juillet 2021}}, il est expulsé de son logement à [[Neuilly-sur-Seine]], et une pétition est lancée pour l'aider<ref>{{article|prénom1=Léna|nom1=Lutaud|prénom2=Nathalie|nom2=Simon|titre=Appel au secours pour sauver le cinéaste Jacques Rozier, expulsé de chez lui à 94 ans|périodique=Le Figaro|lien périodique=Le Figaro|jour=12|mois=juillet|année=2021|url=https://www.lefigaro.fr/cinema/appel-au-secours-pour-sauver-le-cineaste-jacques-rozier-expulse-de-chez-lui-a-94-ans-20210712}}</ref>.
En 2021, il travaille sur une rétrospective de sa carrière en collaboration avec la [[Cinémathèque française]] prévue pour novembre de cette même année, durant laquelle il devait présenter nombre de ses films phares, avant d'annuler sa présence au début du mois<ref>[https://www.cinematheque.fr/cycle/jacques-rozier-618.html Cinémathèque française]</ref>.

=== Dernières années et mort ===
Le {{date-|15 juillet 2021}}, il est expulsé de son logement à [[Neuilly-sur-Seine]], et une pétition est lancée pour l'aider<ref>{{article|prénom1=Léna|nom1=Lutaud|prénom2=Nathalie|nom2=Simon|titre=Appel au secours pour sauver le cinéaste Jacques Rozier, expulsé de chez lui à 94 ans|périodique=Le Figaro|lien périodique=Le Figaro|jour=12|mois=juillet|année=2021|url=https://www.lefigaro.fr/cinema/appel-au-secours-pour-sauver-le-cineaste-jacques-rozier-expulse-de-chez-lui-a-94-ans-20210712}}.</ref>.

Jacques Rozier meurt le {{date-|31 mai 2023}}<ref>[https://www.rtbf.be/article/deces-du-cineaste-francais-jacques-rozier-figure-de-la-nouvelle-vague-11210744 Décès du cinéaste français Jacques Rozier, figure de la Nouvelle vague], RTBF, 9 juin 2023</ref>{{,}}<ref>{{Article |auteur1=Isabelle Regnier |titre=Le cinéaste Jacques Rozier, figure de la Nouvelle Vague, est mort |périodique=[[Le Monde]] |date=03-06-2023 |lire en ligne=https://www.lemonde.fr/disparitions/article/2023/06/03/le-cineaste-jacques-rozier-figure-de-la-nouvelle-vague-est-mort_6176067_3382.html |accès url=payant |consulté le=05-06-2023}}.</ref> à [[Théoule-sur-Mer]], à l'âge de {{nombre|96|ans}}, après avoir été hospitalisé. Sa mort est annoncée le {{date-|3 juin 2023-}} par sa collaboratrice Michèle Berson à l'[[Agence France-Presse|AFP]]<ref>{{Article |auteur1= |titre=Décès à 96 ans du cinéaste français Jacques Rozier, figure de la Nouvelle vague |périodique=[[La Libre Belgique]] |date=09-06-2023 |lire en ligne=https://www.lalibre.be/culture/cinema/2023/06/09/deces-a-96-ans-du-cineaste-francais-jacques-rozier-figure-de-la-nouvelle-vague-RQNB5WUPEBDXDNUFGYWGADEQDQ/#:~:text=Le%20cin%C3%A9aste%20Jacques%20Rozier%2C%20figure,Mich%C3%A8le%20Berson%20%C3%A0%20l'AFP.&text=Il%20est%20mort%20le%20mercredi,Rozier%20vient%20de%20nous%20quitter. |accès url=libre |consulté le=10-06-2023}}.</ref>. Il est incinéré<ref>[https://fr.findagrave.com/memorial/255002932/jacques-rozier Find a grave]</ref>.


== Méthode de travail ==
== Méthode de travail ==
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* [[2007 au cinéma|2007]] : ''Le Perroquet parisien''/''Le Perroquet bleu'' <small>(long métrage)</small>
* [[2007 au cinéma|2007]] : ''Le Perroquet parisien''/''Le Perroquet bleu'' <small>(long métrage)</small>


=== Récompenses ===
== Distinctions ==
* [[1986 au cinéma|1986]] : [[Prix Jean-Vigo]] pour ''[[Maine Océan]]''
* [[1986 au cinéma|1986]] : [[Prix Jean-Vigo]] pour ''[[Maine Océan]]''
* [[1997 au cinéma|1997]] : [[Académie française, Prix René Clair|Prix René Clair]] pour l'ensemble de son œuvre
* [[1997 au cinéma|1997]] : [[Académie française, Prix René Clair|Prix René Clair]] pour l'ensemble de son œuvre
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=== Références ===
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== Voir aussi ==
== Voir aussi ==
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* {{article|titre=Témoignages : Jacques Rozier|prénom1=Jean-Sébastien|nom1=Chauvin|auteur1=[[Jean-Sébastien Chauvin]]|périodique=Cahiers du cinéma|numéro=576|mois=février|année=2003}}
* {{article|titre=Témoignages : Jacques Rozier|prénom1=Jean-Sébastien|nom1=Chauvin|auteur1=[[Jean-Sébastien Chauvin]]|périodique=Cahiers du cinéma|numéro=576|mois=février|année=2003}}
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* {{chapitre|titre=Le goût du hasard et de l'indépendance|titre ouvrage=L'Atelier des cinéastes|sous-titre ouvrage=De la Nouvelle Vague à nos jours|année=2012|pages totales=|isbn=978-2252038635|lieu=|éditeur=Archimbaud Klincksieck|auteurs ouvrage=José Moure, Gaël Pasquier et Claude Schopp|langue=|auteur1=|prénom1=Jacques|nom1=Rozier|lire en ligne=|passage=15-30}}
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[[Catégorie:Naissance en novembre 1926]]
[[Catégorie:Naissance en novembre 1926]]
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[[Catégorie:Étudiant de l'Institut des hautes études cinématographiques]]
[[Catégorie:Réalisateur français]]
[[Catégorie:Réalisateur français]]
[[Catégorie:Prix René-Clair]]
[[Catégorie:Prix René-Clair]]
[[Catégorie:Étudiant de l'Institut des hautes études cinématographiques]]
[[Catégorie:Nouvelle Vague]]
[[Catégorie:Nouvelle Vague]]
[[Catégorie:Carrosse d'or]]
[[Catégorie:Carrosse d'or]]
[[Catégorie:Décès en juin 2023]]
[[Catégorie:Décès en mai 2023]]
[[Catégorie:Décès à Théoule-sur-Mer]]
[[Catégorie:Décès à 96 ans]]
[[Catégorie:Décès à 96 ans]]
[[Catégorie:Personnalité française incinérée]]

Dernière version du 18 juillet 2024 à 17:51

Jacques Rozier
Description de cette image, également commentée ci-après
Jacques Rozier lors d'une séance de signature en 2017.
Nom de naissance Jacques, Claude, Marcel Rozier
Naissance
15e arrondissement de Paris, Frankreich
Nationalité Drapeau de la France française
Décès (à 96 ans)
Théoule-sur-Mer (Alpes-Maritimes), Frankreich
Profession réalisateur
Films notables Adieu Philippine
Du côté d'Orouët
Maine Océan

Jacques Rozier, né le à Paris et mort le à Théoule-sur-Mer, est un réalisateur français.

Après des études de cinéma à l'IDHEC, il travaille comme assistant à la télévision et réalise dès le milieu des années 1950 des courts métrages considérés comme précurseurs de la Nouvelle Vague, Rentrée des classes (1956) et Blue Jeans (1958).

Son premier long métrage, Adieu Philippine (1962), est considéré comme emblématique de l'esthétique de la Nouvelle Vague. Malgré ce succès d'estime, Jacques Rozier doit attendre 1969 pour tourner un nouveau long métrage, Du côté d'Orouët (1973), qui révèle au cinéma le talent comique de l'acteur Bernard Ménez. Adepte des tournages improvisés, il réalise ensuite Les Naufragés de l'île de la Tortue (1976), une comédie avec Pierre Richard, puis dix ans plus tard il retrouve Bernard Ménez associé à l'acteur Luis Rego pour une nouvelle comédie intitulée Maine Océan (1986).

Ses films, peu distribués, n'ont pas rencontré un grand succès public mais ont tous obtenu un succès critique. Il a reçu le prix Jean-Vigo pour Maine Océan (1986), le prix René-Clair (1997) et le Carrosse d'or (2002) pour l'ensemble de sa carrière.

Jacques Rozier naît à Paris le et grandit dans le quartier des Batignolles[1].

Il suit des études à l'IDHEC en 1948-1949[note 1]. Pour son film de fin d'études, il part en Provence avec ses bobines et une caméra et filme les premières images de son futur court métrage Rentrée des classes[2].

Après ses études, il travaille comme assistant à la télévision auprès de réalisateurs comme Marcel Bluwal, Stellio Lorenzi et Claude Loursais, qui tournent des dramatiques dans les studios des Buttes Chaumont. Rozier se dit impressionné et influencé par leur rapidité d'exécution et leur savoir-faire[3],[4].

Il fait un stage sur le tournage de French Cancan de Jean Renoir[1].

Avec l'argent gagné à la télévision, il achète de la pellicule pour tourner Rentrée des classes (1955). Le film, réalisé en 1955, peut être considéré comme le premier film de la Nouvelle Vague[3],[5],[note 2].

Avec l'argent obtenu par la vente de Rentrée des classes, il tourne Blue Jeans[3]. Il rencontre Jean-Luc Godard en présentant Blue Jeans aux Journées internationales du court métrage à Tours en 1958. À l'époque, Godard est critique de cinéma à Arts et il signe un article intitulé « Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours. », ce qui sonne comme une provocation étant donné qu'Agnès Varda, Jacques Demy et Jacques Rozier étaient alors complètement inconnus. Il voit dans Blue Jeans « le film le plus frais, enfantinement pur, jeune et sympa de ces fades et horriblement sérieuses journées »[6]. Blue Jeans est ensuite diffusé au cinéma en première partie du film de John Berry Oh ! Qué mambo (1959)[4].

Après le succès d'À bout de souffle, en 1960, Jean-Luc Godard présente Jacques Rozier à son producteur, Georges de Beauregard. Ce dernier permet à Rozier de réaliser son premier long métrage, Adieu Philippine. Rozier avait le souhait de tourner un film décrivant les premiers jours d'un appelé dans un régiment. Un tel sujet était impossible à traiter pendant la guerre d'Algérie. Il s'oriente alors vers l'histoire d'un garçon amoureux de deux filles, très amies entre elles. Le garçon laisse finalement les choses en plan pour partir en Algérie. Inspiré par l'esthétique du néoréalisme italien, Rozier choisit ses acteurs dans la rue[7]. Or, la production du film est difficile ; le tournage du film a lieu en partie en Corse dans des montagnes uniquement accessibles à dos de mule. Le montage dure douze mois. Par mesure d'économie, la production n'a pas engagé de preneur de son. Seuls des sons témoins, non synchrones, ont été enregistrés sur un petit magnétophone. À l'écoute, les dialogues se révèleront totalement inaudibles. Rozier passera cinq mois à les reconstituer en lisant sur les lèvres des acteurs[1]. Georges de Beauregard ne croit plus au film et Rozier fait racheter les droits du film par Alain Paygot (Unitec) afin de l'achever et de pouvoir le montrer au festival de Cannes en 1962[4] : le film, sélectionné pour la première édition de la semaine de la critique, y reçoit un prix[7]. Le film sort finalement en salles en [8].

Adieu Philippine est salué par la critique et devient l'un des films emblématiques de la Nouvelle Vague[5]. Jean-Michel Frodon y voit le film qui condense le mieux l'esprit de la Nouvelle Vague[8]. Le critique Louis Skorecki y voit « le plus beau portrait de la France du début des années 1960[9]. »

Dans Paparazzi et Le Parti des choses : Bardot et Godard (1963), il filme l'actrice Brigitte Bardot sur le tournage du Mépris (1963) de Jean-Luc Godard confrontée à la traque des paparazzi à Capri et à Rome[10],[11].

Après Adieu Philippine, Jacques Rozier rencontre des difficultés pour réaliser un nouveau film. Ses relations difficiles avec Georges de Beauregard lui donnent une mauvaise réputation auprès des producteurs et font de lui l'« enfant terrible de la Nouvelle Vague »[12].

Il lance de nombreux projets mais n'arrive pas à boucler ses scénarios. Dans un entretien avec Frédéric Bonnaud en 1996, il explique :

« Mon défaut, c’est que je fonctionne sur la notion de désir. Si j’ai l’idée d’un film, j’ai envie que ça se fasse dans les trois-quatre mois. Je lance une idée, j’écris mais sans achever l’écriture, j’ai du mal à donner à lire un scénario bouclé[4]. »

Il continue de travailler à la télévision où il réalise notamment une série Ni figue, ni raisin avec la chanteuse Michèle Arnaud puis une émission dans la série Cinéastes de notre temps sur Jean Vigo[4].

Du côté d'Orouët, tourné en 16 mm en 1969 et sorti en 1973, raconte les vacances de trois jeunes filles et d'un jeune homme dans une villa sur le littoral vendéen[13]. Le film ne reste en salle qu'une semaine[14],[11].

Il révèle le talent comique de l'acteur Bernard Menez[15],[16].

En 1974, le producteur Claude Berri propose à Rozier de tourner un film avec Pierre Richard, qui vient de connaître le succès au cinéma avec Le Grand Blond avec une chaussure noire. Rozier accepte à la condition de ne pas avoir à fournir de scénario. Les Naufragés de l'île de la Tortue raconte l'histoire d'une agence de voyages qui tente de lancer une nouvelle formule de vacances. Au lieu de proposer aux vacanciers un programme surchargé, elle propose une opération « Robinson Crusoé » qui consiste à laisser les touristes à eux-mêmes sur une île déserte. Jean-Arthur Bonaventure (Pierre Richard) et Petit Nono (Jacques Villeret) sont chargés par l'agence de voyages de mettre sur pied cette opération. Cependant Pierre Richard doit quitter le tournage prématurément pour tourner un film avec Claude Zidi. Jacques Rozier modifie son scénario initial en fonction et décide de mettre le personnage de Pierre Richard en prison[17]. À sa sortie en salles en 1976, le film est un échec commercial. Il est repris au cinéma en copie neuve en 2004[5],[18]. Le critique Ludovic Lament voit dans le film un « anti-Bronzés loufoque[19] ».

Rozier réalise aussi avec Pascal Thomas un pilote pour une série destinée à la télévision intitulée Nono Nenesse (1975) où Bernard Ménez, Jacques Villeret et Maurice Risch jouent aux bébés au milieu d'un mobilier géant dans un esprit régressif. La série s'inspire de Laurel et Hardy. La série n'a finalement pas été diffusée à la télévision mais le pilote a été montré au public lors de la rétrospective de l'œuvre de Rozier au festival international du film de La Rochelle en 1996[20],[4].

Maine Océan, comédie poétique en forme d’étrange voyage en train, ne voit le jour qu’au printemps 1986. Les critiques sont, une nouvelle fois, très élogieuses. Une version restaurée est reprise au cinéma en 2007[21]. Le film rencontre un succès public relatif (135 000 entrées en France)[22].

Jacques Rozier réalise aussi deux documentaires sur l'opéra baroque à travers deux œuvres de Lully. Le premier, L'Opéra du roi, tourné en 1989 au Théâtre lyrique de Montpellier, dévoile les coulisses d'une représentation d' Atys dirigée par William Christie (musique) et Francine Lancelot (chorégraphie). Le second, Revenez, plaisirs exilés, est une captation des répétitions et de la générale d' Alceste ou le Triomphe d'Alcide, données à l'opéra de Versailles et au Théâtre des Champs-Élysées en 1991 sous la direction de Jean-Louis Martinoty (mise en scène), Jean-Claude Malgoire (musique), Marie-Geneviève Massé et François Raffinot (chorégraphie)[23].

En 1996, le festival international du film de La Rochelle rend hommage à Jacques Rozier en lui consacrant une rétrospective[20].

En 1997, l'ensemble de son œuvre cinématographique est distinguée par le prix René-Clair[24].

En 2001, le réalisateur présente à la Mostra de Venise Fifi Martingale, une comédie qui se déroule dans un théâtre. Le film ne connaît pas de distribution en salles et Rozier souhaite remanier le montage.

Du 2 au , une rétrospective intégrale de Jacques Rozier présentée au Centre Pompidou révèle que l’œuvre du réalisateur ne se limite pas aux cinq longs métrages sortis en salle. Il a en fait réalisé une trentaine d'œuvres de différents formats et de différentes durées pour la télévision ou pour le cinéma[25],[26].

En 2006, il lance le projet de réaliser une comédie intitulée Le Perroquet parisien, initialement Le Perroquet bleu, sur le milieu du cinéma. Le tournage est interrompu pour des problèmes de production[27].

En 2021, il travaille sur une rétrospective de sa carrière en collaboration avec la Cinémathèque française prévue pour novembre de cette même année, durant laquelle il devait présenter nombre de ses films phares, avant d'annuler sa présence au début du mois[28].

Dernières années et mort

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Le , il est expulsé de son logement à Neuilly-sur-Seine, et une pétition est lancée pour l'aider[29].

Jacques Rozier meurt le [30],[31] à Théoule-sur-Mer, à l'âge de 96 ans, après avoir été hospitalisé. Sa mort est annoncée le par sa collaboratrice Michèle Berson à l'AFP[32]. Il est incinéré[33].

Méthode de travail

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Pierre Richard, dans un entretien aux Cahiers du cinéma, décrit l'anti-méthode de Rozier : « Pour lui, le temps n’a pas d’importance, dans la vie comme dans les films. Plus que prendre son temps, il lui donne toute sa valeur. Avec cette méthode, si c’en est une, vous n’avez pas le temps de faire votre cinéma, avec vos petits tics d’acteur, puisque vous ne savez ce qui va se passer. En plus, Jacques finissait toujours les magasins de pellicule et, à la fin de chaque prise, n’entendant pas « couper », on devait meubler les silences, gérer la gêne du moment. Rozier se sert de tout ça. Ce n’est pas la ligne qui l’intéresse, c’est ce qu’il y a entre les lignes, les creux. Tout ce qui nous échappe, qu’on ne contrôle pas. Faire ressentir à quelqu’un quelque chose qu’il n’a pas l’habitude de ressentir, le voir s’en étonner ou ne pas s’en apercevoir. Il aime les points de suspension. C’est peut-être pour ça qu’il tourne avec des amateurs, parce qu’il a peur que les acteurs confirmés lui donnent la musique qu’ils savent jouer. Les acteurs, il les prend pour ce qu’ils savent faire, mais surtout pour en donner une relecture[34]. »

Jacques Rozier travaille généralement à partir de scénarios peu contraignants ou inachevés[35] et déclare lui-même accorder une grande importance à l'imprévu sur les tournages : « J'ai un profond mépris pour les metteurs en scène qui dirigent le doigt tendu et l'œil rivé au viseur. J'exècre le viseur, c'est le signe du chef, ça ne sert rigoureusement à rien. Si on envisage le cinéma comme l'héritage des frères Lumière, alors il vaut mieux être réceptif à tout ce qui peut arriver lors du tournage, ne pas tout prévoir et quadriller à l'avance[1]. » Cela lui vient notamment de son expérience de la télévision, quand il tournait des dramatiques au début des années 1950 et a gardé l'habitude de tourner avec deux caméras. Selon lui, les deux caméras permettent de tourner rapidement et facilitent les raccords au montage[36].

Il récuse le terme de direction d'acteur au sens où il ne prétend pas diriger les acteurs mais simplement être réceptif à leur interprétation[5].

Ses films ne sont pas autobiographiques. Il dit ne jamais raconter ses propres histoires[5]. Il apprécie les personnages en situation d'échec[5].

Le fait que peu de ses projets pour le cinéma aient abouti lui a valu une réputation de dilettante. Il a néanmoins beaucoup tourné pour la télévision, notamment au temps de l'ORTF[26].

Analyse de l'œuvre

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Le cinéma de Rozier ne ressemble à rien de connu. Jacques Mandelbaum le définit de la manière suivante : « Le goût du voyage et de la vacance, la récurrence de l'eau et des îles, le sens aigu de la durée, l'inclination pour les genres et les acteurs populaires, l'hybridation du documentaire et de la fiction, l'improvisation et les changements de cap élevés au rang des beaux-arts marquent de façon indélébile ce cinéma, qui procure comme aucun autre la sensation, simultanément joyeuse et mélancolique, de la grâce de l'existence et de la fragilité de l'instant[37]. »

Pour Pascal Thomas, « Rozier est un singulier dans le siècle. On croit qu'il s'empêche lui-même, mais c'est faux. Il vit dans l'instant, et cette manière de vivre ne coïncide plus du tout avec les exigences de ce métier, où la dictature du scénario, qui détermine seule le financement du film, est devenue terriblement néfaste[37]. »

Selon Jacques Rozier lui-même, son cinéma raconte toujours l'histoire de mythomanes :

« J'arrive aujourd'hui à croire qu'ils [ses films] ont pour thématique commune de raconter l'histoire de mythomanes. Je ne l'ai pas fait exprès. J'ai toujours été fasciné par les gens qui racontent des histoires à dormir debout, mais que l'on croit malgré tout[38]. »

Filmographie

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Longs métrages

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Courts métrages

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Projets inachevés

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  • 1975 : Nono Nenesse (court métrage)
  • 2007 : Le Perroquet parisien/Le Perroquet bleu (long métrage)

Distinctions

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Notes et références

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  1. Il fait partie de la 5e promotion de l'école.
  2. Agnès Varda considère elle que le premier film de la Nouvelle Vague serait son long métrage La Pointe courte (Rozier 2012, p. 18).

Références

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  1. a b c et d Didier Péron, « Rozier sauvage : Retour sur le cinéaste Jacques Rozier, au moment où ressort Du Côté d'Orouët », Libération,‎ (lire en ligne).
  2. Rozier 2012, p. 16.
  3. a b et c Rozier 2012, p. 18
  4. a b c d e et f Frédéric Bonnaud, « Quelqu’un qui fout la trouille », Les Inrockuptibles,‎ (lire en ligne).
  5. a b c d e et f [vidéo] Jacques Rozier dans Boulevard du Classic sur Vimeo
  6. Jean-Luc Godard, « Resnais, Varda, Demy et Rozier dominent le Festival de Tours », Arts, no 700,‎ réédité dans Jean-Luc Godard, Les Années Cahiers, Flammarion, , p. 172-176.
  7. a et b Rozier 2012, p. 20.
  8. a et b Jean-Michel Frodon, Le Cinéma français, de la Nouvelle Vague à nos jours, Paris, Cahiers du cinéma, , p. 118.
  9. Louis Skorecki, « Adieu Philippine », Libération,‎ (lire en ligne).
  10. Samuel Douhaire, « BB dans la ligne de mire », Libération,‎ (lire en ligne).
  11. a et b Didier Péron, « Rozier des vents », Libération,‎ (lire en ligne).
  12. Rozier 2012, p. 25.
  13. Frodon 2010, p. 405.
  14. Jean-Louis Bory, « Tout dans le masque », Le Nouvel Observateur, no 462,‎ (lire en ligne) suite.
  15. Rozier 2012, p. 28.
  16. Louis Skorecki, « Rozier chemine vers le loufoque : CANAL +, 16H05. «Maine-Océan», film de Jacques Rozier, avec Bernard Menez, Luis Rego, Yves Afonso... », Libération,‎ (lire en ligne).
  17. Rozier 2012, p. 27.
  18. Didier Péron, « Les Naufragés de Rozier enfin repêché », Libération,‎ (lire en ligne)
  19. Ludovic Lament, « Opération vacances désorganisées », Libération,‎ (lire en ligne).
  20. a et b Didier Péron, « Festival de la Rochelle », Libération,‎ (lire en ligne).
  21. (en) Jordanien Mintzer, « Maine Océan », Libération,‎ (lire en ligne).
  22. « Maine Océan », sur jpbox-office.com (consulté le ).
  23. Nicolas Villodre, « Jacques Rozier, le musical », Danzine.fr,‎ (lire en ligne [archive du ]).
  24. « Jacques Rozier », sur Académie française (consulté le ).
  25. Jacques Rozier, le funambule
  26. a et b Antoine de Baecque, « Rozier tous azimuts », Libération,‎ (lire en ligne).
  27. Rozier 2012, p. 29-30.
  28. Cinémathèque française
  29. Léna Lutaud et Nathalie Simon, « Appel au secours pour sauver le cinéaste Jacques Rozier, expulsé de chez lui à 94 ans », Le Figaro,‎ (lire en ligne).
  30. Décès du cinéaste français Jacques Rozier, figure de la Nouvelle vague, RTBF, 9 juin 2023
  31. Isabelle Regnier, « Le cinéaste Jacques Rozier, figure de la Nouvelle Vague, est mort », Le Monde,‎ (lire en ligne Accès payant, consulté le ).
  32. « Décès à 96 ans du cinéaste français Jacques Rozier, figure de la Nouvelle vague », La Libre Belgique,‎ (lire en ligne Accès libre, consulté le ).
  33. Find a grave
  34. Pierre Richard, Cahiers du cinéma, juillet-août 2004, no 592
  35. Florent Guignandon, « Jacques Rozier – coffret DVD : Navigateur solitaire », Critikat,‎ (lire en ligne)
  36. Rozier 2012, p. 21-22
  37. a et b Jacques Mandelbaum, « L'inflexible douceur de Jacques Rozier », Le Monde,‎
  38. Rozier 2012, p. 29
  39. « Les premiers lauréats du Festival », Libération,‎ (lire en ligne)

Bibliographie

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  • (en) Dolores Burdick, « Adieu Philippine », The French Review, vol. 52, no 5,‎ (lire en ligne)
  • Gilles Delavaud, « Les trop longs silences de Jacques Rozier », Cahiers du cinéma, no 315,‎
  • Marc Chevrie et Hervé Le Roux, « L'île au trésor », Cahiers du cinéma, no 382,‎
  • Jacques Rozier, « Jacques Rozier », Cahiers du cinéma, no 400,‎
  • Jacques Rozier et Jacques Morice, « French cancan », Cahiers du cinéma « 100 films pour une vidéothèque », no 17,‎
  • Jacques Rozier, « La Marseillaise », Cahiers du cinéma, no 482,‎
  • Édouard Waintrop, « Nouvelles du front. Vaudeville à la Rozier », Libération,‎ (lire en ligne)
  • Louis Skorecki, « Maine Océan », Libération,‎ (lire en ligne)
  • Louis Skorecki, « Adieu Philippine », Libération,‎ (lire en ligne)
  • Sonya Faure, « Terminus océan », Libération,‎ (lire en ligne)
  • Jacques Rozier, « Nouvelle contribution à la légende de Jacques Rozier », Cahiers du cinéma, no 563,‎
  • Jean-Sébastien Chauvin, « Témoignages : Jacques Rozier », Cahiers du cinéma, no 576,‎
  • Vincent Malausa, « Un chantier fabuleux », Cahiers du cinéma, no 639,‎
  • Jacques Rozier, « Le goût du hasard et de l'indépendance », dans José Moure, Gaël Pasquier et Claude Schopp, L'Atelier des cinéastes : De la Nouvelle Vague à nos jours, Archimbaud Klincksieck, (ISBN 978-2252038635), p. 15-30
  • Hervé-Pierre Gustave et Jacques Rozier, « Rencontre », So Film, no 1,‎ , p. 76-80

Liens externes

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