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'''Phryné''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Φρύνη}} / {{Lang|grc-Latn|''Phrýnê''}}, littéralement « crapaud », surnom donné à cause de son teint jaunâtre) est une [[prostitution en Grèce antique#Hétaïres|hétaïre]], courtisane [[Grèce antique|grecque]] célèbre du {{IVe siècle av. J.-C.}}<ref>{{harvnb|Lucien de Samosate|id=Lucien|2015|p=212}}.</ref>
'''Phryné''' (en [[grec ancien]] {{grec ancien|Φρύνη}} / {{Lang|grc-Latn|''Phrýnê''}}, littéralement « crapaud », surnom donné à cause de son teint jaunâtre) est une célèbre [[hétaïre]] [[Grèce antique|grecque]] du {{IVe siècle av. J.-C.}}<ref>{{harvnb|Lucien de Samosate|id=Lucien|2015|p=212}}.</ref>


== Histoire ==
== Histoire ==
Née Mnésareté<ref>En [[grec ancien]] {{grec ancien|Μνησαρετή}} / {{Lang|grc-Latn|''Mnêsaretế''}}.</ref> ({{citation|celle qui se souvient de la vertu}}) à [[Thespies]], en [[Béotie]], elle se rend à [[Athènes antique|Athènes]] où elle devient [[hétaïre]]. Rapidement, elle a pour amants certains des hommes les plus distingués du moment. Ainsi du [[sculpture grecque antique|sculpteur]] [[Praxitèle]] qui, selon [[Athénée de Naucratis|Athénée]]<ref>{{AthDei|compact}} (XIII, 59).</ref> et [[Pline l'Ancien]]<ref>{{PliHis|compact}} (XXXIV, 21).</ref>, l'utilise comme modèle pour son ''[[Aphrodite de Cnide]]''. Athénée y ajoute le peintre [[Apelle]], qui l'utilise comme modèle pour son [[Vénus anadyomène|''Aphrodite Anadyomène'']].
De son vrai nom Mnésareté<ref>En [[grec ancien|grec]] {{grec ancien|Μνησαρέτη}} / {{Lang|grc-Latn|''Mnêsaretế''}}.</ref> ({{citation|celle qui se souvient de la vertu}}), elle naît à [[Thespies]], en [[Béotie]], d'un père qui s'appelait Épiclès. Elle se rend à [[Athènes antique|Athènes]] où elle devient [[hétaïre]]. Rapidement, elle a pour amants certains des hommes les plus distingués du moment. Ainsi du [[sculpture grecque antique|sculpteur]] [[Praxitèle]] qui, selon [[Athénée de Naucratis|Athénée]]<ref>{{AthDei|compact}} (XIII, 59).</ref> et [[Pline l'Ancien]]<ref>{{PliHis|compact}} (XXXIV, 21).</ref>, l'utilise comme modèle pour son ''[[Aphrodite de Cnide]]''. Athénée y ajoute le peintre [[Apelle]], qui l'utilise comme modèle pour son [[Vénus anadyomène|''Aphrodite Anadyomène'']].


Elle est célèbre pour ses tarifs élevés : selon le poète comique Machon<ref>Cité par Athénée, (XIII, 45).</ref>, elle réclame une [[mine (unité)|mine]] pour une nuit. Le [[scholie|scholiaste]] du v.&nbsp;149 du ''[[Ploutos (Aristophane)|Ploutos]]'' d'[[Aristophane]] mentionne le prix extravagant de {{unité|10000|[[Drachme (Grèce antique)|drachmes]]}}, soit un [[Talent (unité)|talent]]. Toujours selon Machon, son tarif varie suivant ses humeurs. Elle accumule de telles richesses que, selon le grammairien [[Callistrate (grammairien)|Callistrate]]<ref>{{AthDei}} (Livre XIII, 60).</ref> elle aurait offert de rebâtir les murailles de [[Thèbes (Grèce)|Thèbes]], abattues en [[-336]] par [[Alexandre le Grand]], sous réserve qu'on y grave l'inscription {{citation|Détruites par Alexandre, rebâties par Phryné, l'hétaïre}}. L'offre aurait été refusée.
Elle est célèbre pour ses tarifs élevés : selon le poète comique Machon<ref>Cité par Athénée, (XIII, 45).</ref>, elle réclame une [[mine (unité)|mine]] pour une nuit. Le [[scholie|scholiaste]] du v.&nbsp;149 du ''[[Ploutos (Aristophane)|Ploutos]]'' d'[[Aristophane]] mentionne le prix extravagant de {{unité|10000|[[Drachme (Grèce antique)|drachmes]]}}, soit plus d'un [[Talent (unité)|talent]]. Toujours selon Machon, son tarif varie suivant ses humeurs. Elle accumule de telles richesses que, selon le grammairien [[Callistrate (grammairien)|Callistrate]]<ref>{{AthDei}} (Livre XIII, 60).</ref>, elle aurait offert de rebâtir les murailles de [[Thèbes (Grèce)|Thèbes]], abattues en {{date-|-336}} par [[Alexandre le Grand]], sous réserve qu'on y grave l'inscription {{citation|Détruites par Alexandre, rebâties par Phryné, l'hétaïre}}. L'offre aurait été refusée.


Organisatrice d'une confrérie religieuse vouée au culte du dieu [[thrace]] [[Isodaetes]], elle est accusée par l'un de ses anciens amants, Euthias, d'introduire une divinité étrangère à Athènes et par là-même de corrompre les jeunes femmes. Elle est défendue par l'orateur [[Hypéride]], l'un de ses amants. Selon Athénée<ref name="deipnosophistes-xiii-59" />, celui-ci, sentant la cause perdue, aurait déchiré la tunique de Phryné, dévoilant aux [[Héliée|héliastes]] sa poitrine et emportant ainsi la faveur du jury : Phryné est acquittée et portée en triomphe au temple d'[[Aphrodite]] tandis que le rhéteur adverse est chassé de l'[[Aréopage]].
Organisatrice d'une confrérie religieuse vouée au culte du dieu [[thrace]] [[Isodaetes]], elle est accusée par l'un de ses anciens amants, Euthias, d'introduire une divinité étrangère à Athènes et par là-même de corrompre les jeunes femmes. Au tribunal de l'[[Héliée]]<ref>Et non de l'[[Aréopage]], erreur devenue dominante chez les non-spécialistes depuis le tableau de Gérôme (1861)</ref>, la courtisane est défendue par l'orateur [[Hypéride]], l'un de ses amants. Selon notre source principale [[Athénée de Naucratis]]<ref name="deipnosophistes-xiii-59" />, Hypéride, sentant la cause perdue, aurait déchiré la tunique de Phryné, dévoilant aux [[héliastes]] sa poitrine<ref>Une telle exhibition des seins, réinterprétée plus tard (notamment chez Alciphron au II{{ème}} siècle de notre ère) comme un stratagème érotique, relevait en réalité (si l'anecdote est vraie) d'une gestuelle de supplication attestée dans la littérature grecque, en particulier chez les Tragiques. Voir à ce sujet Florence Gherchanoc, « La beauté dévoilée de Phryné : l'art d'exhiber ses seins », in ''Mètis'', 10 (2012), p. 201-225 (malgré une traduction doublement erronée du participe présent « δεξιουμένη » du poète Posidippe transmis par Athénée XIII, 60, page 591 e-f : non pas « après avoir supplié [chacun de ses juges] », mais « en tendant son bras droit vers chacun de ses juges » : geste solennel et respectueux accompagnant une demande, mais non geste de supplication) ; Jean-Victor Vernhes, « Quand Phryné dévoilait son sein, ou du nouveau sur l'affaire Phryné ? », dans ''Ὁ Λὐχνος / Connaissance hellénique'', n° 153, juillet 2019, https://ch.hypotheses.org/3212</ref>. Ce spectacle, probablement inhabituel mais non pas impossible en un tel lieu, fut aussitôt complété par une péroraison habile où l'orateur fit valoir la beauté sacrée de l'accusée, peut-être (si l'on en croit [[Athénée de Naucratis|Athénée]] ou sa source) en la parant du titre pompeux d'« interprète et sacristine d'Aphrodite » (ὑποφῆτιν καὶ ζάκορον Ἀφροδίτης)<ref>Athénée, ''loc. laud.''. La traduction est celle de Vinciane Pirenne-Delforge, ''L'Aphrodite grecque.'' Athènes-Liège, 1994, p. 113 et note 109. Il serait abusif de traduire « ζάκορον » par « prêtresse », qui se dit « ἱέρεια »</ref>. Hypéride suscita ainsi dans le jury un mélange de pitié et de crainte religieuse ([[Athénée de Naucratis|Athénée]] ne parle pas d'admiration ou de trouble des sens) qui entraîna la clémence : Phryné fut acquittée<ref>Aucun auteur antique ne dit qu'elle ait été ensuite « portée en triomphe au temple d'Aphrodite » tandis que son accusateur était « chassé de l'Aréopage » [sic, alors qu'il s'agit de l'Héliée] même si l'on trouve parfois écrit cela.</ref>.


Selon [[Claude Élien|Élien]]<ref>{{ÉliHis|compact}} (IX, 32).</ref>, les Grecs auraient dressé sur une colonne, à [[Delphes]], une statue en or de Phryné. [[Athénée de Naucratis]]<ref name="deipnosophistes-xiii-59" /> précise qu'elle est l'œuvre de [[Praxitèle]] et qu'elle porte l'inscription « Phryné, fille d'Épiclès de Thespies ». [[Plutarque]] parle également de cette statue comme œuvre de Praxitèle présente dans le sanctuaire d'Apollon à Delphes<ref>[[Œuvres morales]], {{Édition
Selon [[Claude Élien|Élien]]<ref>{{ÉliHis|compact}} (IX, 32).</ref>, les Grecs auraient dressé sur une colonne, à [[Delphes]], une statue en or de Phryné. [[Athénée de Naucratis|Athénée]]<ref name="deipnosophistes-xiii-59" /> précise qu'elle est l'œuvre de [[Praxitèle]] et qu'elle porte l'inscription « Phryné, fille d'Épiclès de Thespies ». [[Plutarque]] parle également de cette statue comme œuvre de Praxitèle présente dans le sanctuaire d'Apollon à Delphes<ref>Plutarque, ''Eroticos'', 9, 753 E-F, éd. Bernardakis, p. 411</ref>.
|nom=Plutarque
|titre=Dialogue sur l’amour
|trad=C. Morana
|éditeur=Fayard/1001 nuits
|langue=français
|lien langue={{fr}}
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</ref>.


== Évocations artistiques ==
== Évocations artistiques ==
{{article détaillé|Vénus anadyomène}}

=== Peinture et sculpture ===
[[Image:Aphrodite head Kaufmann Louvre.jpg|thumb|upright=0.8|Tête d'[[Aphrodite]] « Kaufmann », variante de l'''[[Aphrodite de Cnide]]'' dont Phryné aurait été le modèle, v. [[-150|150 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]].]]
[[Image:Aphrodite head Kaufmann Louvre.jpg|thumb|upright=0.8|Tête d'[[Aphrodite]] « Kaufmann », variante de l'''[[Aphrodite de Cnide]]'' dont Phryné aurait été le modèle, v. [[-150|150 av. J.-C.]], [[musée du Louvre]].]]

Phryné a notamment inspiré une toile à [[Jean-Léon Gérôme]] (''[[Phryné devant l'aréopage]]'', [[1861]]), une toile du peintre polonais [[Henryk Siemiradzki]] (''[[Phryné aux fêtes de Poséidon à Éleusis]]'', [[1889]]) et un opéra à [[Camille Saint-Saëns]] ([[Phryné (opéra)|Phryné]], [[1893 en musique classique|1893]]). Une statue en marbre de Paros de [[James Pradier]], une des œuvres les plus remarquées du salon de [[1845]], louée par Baudelaire, actuellement au [[musée de Grenoble]]<ref>Catalogue de l'exposition : Statues de chair, sculptures de James Pradier (1790-1852), Paris-Genève, 1985/86, {{p.|137}}.</ref>.
* ''Phryné séduit le philosophe Xénocrate'', [[Angelica Kauffmann]], 1794, collection privée;
* ''Praxitèle donnant à Phryné sa statue de Cupidon'', Angelica Kauffmann, 1794, [[Rhode Island School of Design Museum]]<ref name=":0" />'';''
* ''Phryné'', Gustave Boulanger, 1850, [[Amsterdam]], [[Van Gogh Museum]];
* ''[[Phryné devant l'aréopage]]'', [[Jean-Léon Gérôme]], [[1861]];
* ''[[Phryné aux fêtes de Poséidon à Éleusis]],'' [[Henryk Siemiradzki]], [[1889]];
* ''Phryné'', [[James Pradier]],[[1845]], [[musée de Grenoble]]<ref>Catalogue de l'exposition : Statues de chair, sculptures de James Pradier (1790-1852), Paris-Genève, 1985/86, {{p.|137}}.</ref>;
* ''Phryné remettant ses voiles'', James Pradier, 1852<ref>{{Ouvrage|nom1=France|prénom2=James|nom2=Pradier|titre=Phryné remettant ses voiles|date=1852|lire en ligne=https://collections.louvre.fr/ark:/53355/cl010095299|consulté le=2023-03-24}}</ref>.




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File:Phryne seduces the philosopher Xenocrates, Angelica Kauffmann 1794.jpg|<center>[[Angelica Kauffmann]], [[1794]]<br>''Phryné séduit le philosophe [[Xénocrate]]''<br>Collection privée<ref>[https://www.christies.com/lotfinder/lot/angelica-kauffmann-ra-phryne-seducing-the-philosopher-4020483-details.aspx?from=searchresults&intObjectID=4020483 Catalogue Christie's]</ref>
File:Phryne seduces the philosopher Xenocrates, Angelica Kauffmann 1794.jpg|<center>[[Angelica Kauffmann]], [[1794]],<br>''Phryné séduit le philosophe [[Xénocrate]]'',<br>collection privée<ref>[https://www.christies.com/lotfinder/lot/angelica-kauffmann-ra-phryne-seducing-the-philosopher-4020483-details.aspx?from=searchresults&intObjectID=4020483 Catalogue Christie's]</ref>.</center>
File:Angelica Kauffmann - Praxiteles Giving Phryne his Statue of Cupid - 59.008 - Rhode Island School of Design Museum.jpg|<center>[[Angelica Kauffmann]], [[1794]]<br>''[[Praxitèle]] donnant à Phryné sa statue de [[Cupidon]]''<br>[[Rhode Island School of Design Museum]]<ref>[https://risdmuseum.org/art-design/collection/praxiteles-giving-phryne-his-statue-cupid-59008 Musée de Rhodes Island]</ref>
File:Angelica Kauffmann - Praxiteles Giving Phryne his Statue of Cupid - 59.008 - Rhode Island School of Design Museum.jpg|<center>[[Angelica Kauffmann]], [[1794]],<br>''[[Praxitèle]] donnant à Phryné sa statue de [[Cupidon]]'',<br>[[Rhode Island School of Design Museum]]<ref name=":0">[https://risdmuseum.org/art-design/collection/praxiteles-giving-phryne-his-statue-cupid-59008 Musée de Rhodes Island]</ref>.</center>
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Image:Jean-Léon_Gérôme,_Phryne_revealed_before_the_Areopagus_(1861)_-_01.jpg|<center>[[Jean-Léon Gérôme]], [[1861]],<br>''[[Phryné devant l'aréopage]]'',<br>[[Kunsthalle de Hambourg]]. Le modèle, [[Christine Roux]], était elle-même une courtisane.</center>
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=== Littérature ===
Dans le monde littéraire, [[Charles Baudelaire]], dans ses poèmes ''Lesbos'' et ''La Beauté'', [[Alexandre Dumas]] dans ''[[Le Comte de Monte-Cristo]]'', ainsi que [[Rainer Maria Rilke]], dans son poème ''Die Flamingos'', se sont inspirés de la beauté et de la réputation de Phryné.
Dans le monde littéraire, [[Charles Baudelaire]], dans ses poèmes ''Lesbos'' et ''La Beauté'', [[Alexandre Dumas]] dans ''[[Le Comte de Monte-Cristo]]'', ainsi que [[Rainer Maria Rilke]], dans son poème ''Die Flamingos'', se sont inspiré de la beauté et de la réputation de Phryné. Dans son poème ''La carafe d'eau pure'', [[Saint-Pol-Roux]] l'invoque comme un accord secret entre beauté et vérité, s'appuyant sur le topos de ''[[la Vérité sortant du puits]]''<ref>{{Ouvrage|auteur1=Saint-Pol-Roux|titre=Les féeries intérieures|passage=172|éditeur=Rougerie|date=1981}}</ref>.

=== Autres ===
[[Camille Saint-Saëns]] écrit son opéra ''[[Phryné (opéra)|Phryné]]'' en [[1893 en musique classique|1893]].


En [[1891 au théâtre|1891]], le futur [[Académicien français|académicien]] [[Maurice Donnay]] connaît un grand succès en présentant au théâtre d'ombres du Chat noir sa fantaisie ''Phryné''<ref>Dont le texte est consultable sur Gallica {{Lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28358f/f103.image.r=autour%20du%20chat%20noir%20maurice%20donnay}}.</ref>.
En [[1891 au théâtre|1891]], le futur [[Académicien français|académicien]] [[Maurice Donnay]] connaît un grand succès en présentant au théâtre d'ombres du Chat noir sa fantaisie ''Phryné''<ref>Dont le texte est consultable sur Gallica {{Lire en ligne|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k28358f/f103.image.r=autour%20du%20chat%20noir%20maurice%20donnay}}.</ref>.
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Dans son ballet pour ''[[Faust (Gounod)|Faust]]'', [[Charles Gounod]] écrit ''une Danse de Phryné.''
Dans son ballet pour ''[[Faust (Gounod)|Faust]]'', [[Charles Gounod]] écrit ''une Danse de Phryné.''

En [[2015 en littérature|2015]], l'écrivain [[Christophe Bouquerel]] fait de Phryné l'héroïne de son roman ''[[La Première femme nue]]'' (prix Historia 2015 du roman historique), intégrant l'essentiel des données connues à son sujet (modèle de [[Praxitèle]], esclandre devant le conseil de l'[[aréopage]], sa poitrine dévoilée par [[Hypéride]], ses origines [[Thespies|thespiennes]], etc.).


Dans le final de son opéra ''[[Les Contes d'Hoffmann|Les contes d'Hoffmann]],'' [[Jacques Offenbach|Offenbach]] évoque Phryné dans ''La Chanson de Kleinzack''.
Dans le final de son opéra ''[[Les Contes d'Hoffmann|Les contes d'Hoffmann]],'' [[Jacques Offenbach|Offenbach]] évoque Phryné dans ''La Chanson de Kleinzack''.

En [[2015 en littérature|2015]], l'écrivain [[Christophe Bouquerel]] fait de Phryné l'héroïne de son roman ''La Première femme nue'' (prix Historia 2015 du roman historique).


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Voir aussi ==
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=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
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* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Joëlle|nom1=Chevé|lien auteur1=Joëlle Chevé|titre=Les grandes courtisanes|lieu=Paris|éditeur=First|année=2012|pages totales=313|isbn=978-2-7540-3966-6|id=Chevé2012}}.
* {{Ouvrage|auteur1=Aurélie Damet|titre=Les Grecques : destins de femmes en Grèce antique|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions Tallandier|Tallandier]]|date=2023|pages totales=284|passage=103-120|isbn=979-10-210-5292-5|numéro chapitre={{VI}}|titre chapitre=Phryné de Thespies. Statuts et statues du corps féminin}}.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===
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* [[Prostitution en Grèce antique]]
* [[Prostitution en Grèce antique]]
* [[Phryné aux fêtes de Poséidon à Éleusis]]
* [[Phryné aux fêtes de Poséidon à Éleusis]]
* Autres courtisanes célèbres : [[Aspasie]] ({{Ve siècle av. J.-C.}}), Laïs (rivale de Phryné)
* Autres courtisanes célèbres : [[Aspasie]] ({{Ve siècle av. J.-C.}}), [[Laïs d'Hykkara]] (rivale de Phryné), [[Laïs de Corinthe]] ({{-s-|V}})
* Deux représentations de Phryné dans la statuaire d'édition du {{XIXe siècle}} : {{lien brisé|url=http://www.aracade.net/James_Pradier.htm |titre=La Phryné de Pradier }} et celle de [http://www.aracade.net/Jean-Jules%20Salmson.htm Salmson]
* Deux représentations de Phryné dans la statuaire d'édition du {{XIXe siècle}} : {{lien brisé|url=http://www.aracade.net/James_Pradier.htm |titre=La Phryné de Pradier }} et celle de [http://www.aracade.net/Jean-Jules%20Salmson.htm Salmson]

=== Liens externes ===
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Phryné
Détail de Phryné aux fêtes de Poséidon à Éleusis par Henryk Siemiradzki, peinture de 1882.
Biographie
Naissance
Décès
Nom dans la langue maternelle
ΦρύνηVoir et modifier les données sur Wikidata
Époque
Activités
Père
Épiclès (d)Voir et modifier les données sur Wikidata

Phryné (en grec ancien Φρύνη / Phrýnê, littéralement « crapaud », surnom donné à cause de son teint jaunâtre) est une célèbre hétaïre grecque du IVe siècle av. J.-C.[1]

De son vrai nom Mnésareté[2] (« celle qui se souvient de la vertu »), elle naît à Thespies, en Béotie, d'un père qui s'appelait Épiclès. Elle se rend à Athènes où elle devient hétaïre. Rapidement, elle a pour amants certains des hommes les plus distingués du moment. Ainsi du sculpteur Praxitèle qui, selon Athénée[3] et Pline l'Ancien[4], l'utilise comme modèle pour son Aphrodite de Cnide. Athénée y ajoute le peintre Apelle, qui l'utilise comme modèle pour son Aphrodite Anadyomène.

Elle est célèbre pour ses tarifs élevés : selon le poète comique Machon[5], elle réclame une mine pour une nuit. Le scholiaste du v. 149 du Ploutos d'Aristophane mentionne le prix extravagant de 10 000 drachmes, soit plus d'un talent. Toujours selon Machon, son tarif varie suivant ses humeurs. Elle accumule de telles richesses que, selon le grammairien Callistrate[6], elle aurait offert de rebâtir les murailles de Thèbes, abattues en par Alexandre le Grand, sous réserve qu'on y grave l'inscription « Détruites par Alexandre, rebâties par Phryné, l'hétaïre ». L'offre aurait été refusée.

Organisatrice d'une confrérie religieuse vouée au culte du dieu thrace Isodaetes, elle est accusée par l'un de ses anciens amants, Euthias, d'introduire une divinité étrangère à Athènes et par là-même de corrompre les jeunes femmes. Au tribunal de l'Héliée[7], la courtisane est défendue par l'orateur Hypéride, l'un de ses amants. Selon notre source principale Athénée de Naucratis[8], Hypéride, sentant la cause perdue, aurait déchiré la tunique de Phryné, dévoilant aux héliastes sa poitrine[9]. Ce spectacle, probablement inhabituel mais non pas impossible en un tel lieu, fut aussitôt complété par une péroraison habile où l'orateur fit valoir la beauté sacrée de l'accusée, peut-être (si l'on en croit Athénée ou sa source) en la parant du titre pompeux d'« interprète et sacristine d'Aphrodite » (ὑποφῆτιν καὶ ζάκορον Ἀφροδίτης)[10]. Hypéride suscita ainsi dans le jury un mélange de pitié et de crainte religieuse (Athénée ne parle pas d'admiration ou de trouble des sens) qui entraîna la clémence : Phryné fut acquittée[11].

Selon Élien[12], les Grecs auraient dressé sur une colonne, à Delphes, une statue en or de Phryné. Athénée[8] précise qu'elle est l'œuvre de Praxitèle et qu'elle porte l'inscription « Phryné, fille d'Épiclès de Thespies ». Plutarque parle également de cette statue comme œuvre de Praxitèle présente dans le sanctuaire d'Apollon à Delphes[13].

Évocations artistiques

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Peinture et sculpture

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Tête d'Aphrodite « Kaufmann », variante de l'Aphrodite de Cnide dont Phryné aurait été le modèle, v. 150 av. J.-C., musée du Louvre.


Littérature

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Dans le monde littéraire, Charles Baudelaire, dans ses poèmes Lesbos et La Beauté, Alexandre Dumas dans Le Comte de Monte-Cristo, ainsi que Rainer Maria Rilke, dans son poème Die Flamingos, se sont inspiré de la beauté et de la réputation de Phryné. Dans son poème La carafe d'eau pure, Saint-Pol-Roux l'invoque comme un accord secret entre beauté et vérité, s'appuyant sur le topos de la Vérité sortant du puits[18].

Camille Saint-Saëns écrit son opéra Phryné en 1893.

En 1891, le futur académicien Maurice Donnay connaît un grand succès en présentant au théâtre d'ombres du Chat noir sa fantaisie Phryné[19].

L'histoire de Phryné a fait l'objet d'une adaptation cinématographique en Italie en 1953, sous le titre Frine, cortigiana d'Oriente (Phryné, courtisane d'Orient), réalisée par Mario Bonnard.

Dans son ballet pour Faust, Charles Gounod écrit une Danse de Phryné.

Dans le final de son opéra Les contes d'Hoffmann, Offenbach évoque Phryné dans La Chanson de Kleinzack.

En 2015, l'écrivain Christophe Bouquerel fait de Phryné l'héroïne de son roman La Première femme nue (prix Historia 2015 du roman historique).

Notes et références

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  1. Lucien de Samosate 2015, p. 212.
  2. En grec Μνησαρέτη / Mnêsaretế.
  3. Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (XIII, 59).
  4. Histoire naturelle [détail des éditions] [lire en ligne] (XXXIV, 21).
  5. Cité par Athénée, (XIII, 45).
  6. Athénée, Deipnosophistes [détail des éditions] (lire en ligne) (Livre XIII, 60).
  7. Et non de l'Aréopage, erreur devenue dominante chez les non-spécialistes depuis le tableau de Gérôme (1861)
  8. a et b Deipnosophistes (XIII, 59).
  9. Une telle exhibition des seins, réinterprétée plus tard (notamment chez Alciphron au IIe siècle de notre ère) comme un stratagème érotique, relevait en réalité (si l'anecdote est vraie) d'une gestuelle de supplication attestée dans la littérature grecque, en particulier chez les Tragiques. Voir à ce sujet Florence Gherchanoc, « La beauté dévoilée de Phryné : l'art d'exhiber ses seins », in Mètis, 10 (2012), p. 201-225 (malgré une traduction doublement erronée du participe présent « δεξιουμένη » du poète Posidippe transmis par Athénée XIII, 60, page 591 e-f : non pas « après avoir supplié [chacun de ses juges] », mais « en tendant son bras droit vers chacun de ses juges » : geste solennel et respectueux accompagnant une demande, mais non geste de supplication) ; Jean-Victor Vernhes, « Quand Phryné dévoilait son sein, ou du nouveau sur l'affaire Phryné ? », dans Ὁ Λὐχνος / Connaissance hellénique, n° 153, juillet 2019, https://ch.hypotheses.org/3212
  10. Athénée, loc. laud.. La traduction est celle de Vinciane Pirenne-Delforge, L'Aphrodite grecque. Athènes-Liège, 1994, p. 113 et note 109. Il serait abusif de traduire « ζάκορον » par « prêtresse », qui se dit « ἱέρεια »
  11. Aucun auteur antique ne dit qu'elle ait été ensuite « portée en triomphe au temple d'Aphrodite » tandis que son accusateur était « chassé de l'Aréopage » [sic, alors qu'il s'agit de l'Héliée] même si l'on trouve parfois écrit cela.
  12. Histoires variées [lire en ligne] (IX, 32).
  13. Plutarque, Eroticos, 9, 753 E-F, éd. Bernardakis, p. 411
  14. a et b Musée de Rhodes Island
  15. Catalogue de l'exposition : Statues de chair, sculptures de James Pradier (1790-1852), Paris-Genève, 1985/86, p. 137.
  16. Frankreich et James Pradier, Phryné remettant ses voiles, (lire en ligne)
  17. Catalogue Christie's
  18. Saint-Pol-Roux, Les féeries intérieures, Rougerie, , p. 172
  19. Dont le texte est consultable sur Gallica [lire en ligne].

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Bibliographie

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Articles connexes

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Liens externes

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