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« Chris Hani » : différence entre les versions

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'''Chris Hani''', né Martin Thembisile Hani ({{date de naissance|28|juin|1942}} – {{date de décès|10|avril|1993}}) est un militant politique d'[[Afrique du Sud]] de l'ethnie [[Xhosa (peuple)|Xhosa]], secrétaire général du [[Parti communiste sud-africain]] et l'un des chefs militaires de [[Umkhonto we Sizwe]], la branche armée de l'[[Congrès national africain|ANC]].
'''Chris Hani''', né le 28 juin 1942 et mort le 10 avril 1993, de son nom de naissance '''Martin Thembisile Hani,''' est le chef du [[Parti communiste sud-africain]] et chef de cabinet de l'[[Umkhonto we Sizwe]], la branche armée du [[Congrès national africain]] (ANC). Il est un farouche opposant au gouvernement de l'[[apartheid]] et fut assassiné par [[Janusz Waluś]], un immigré polonais et sympathisant de l'opposition [[Parti conservateur d'Afrique du Sud|conservatrice]] le 10 avril 1993, lors des troubles précédant la [[Négociations sur le démantèlement de l'apartheid en Afrique du Sud|transition vers la démocratie]]<ref>{{Lien web |titre=The Death of Chris Hani: An African Misadventure - The O'Malley Archives |url=https://omalley.nelsonmandela.org/omalley/index.php/site/q/03lv02424/04lv03370/05lv03422.htm |série=omalley.nelsonmandela.org |consulté le=2019-02-04}}</ref>.


== Biographie ==
== Biographie ==


=== Jeunesse et formation ===
Tembisile Chris Hani est né dans le village rural de Sabalele, au fin fond du [[bantoustan]] du [[Transkei]], cinquième des six enfants de Gilbert et Mary Hani. Il adoptera le nom de Chris comme nom de guerre en hommage à un de ses frères décédés en bas âge.
Tembisile Chris Hani est né dans le village de Sabalele, au fin fond du [[bantoustan]] du [[Transkei]], cinquième des six enfants de Gilbert et Mary Hani. Il adopte le nom de Chris comme nom de guerre en hommage à un de ses frères décédés en bas âge<ref>{{Lien web |langue=en |titre=Chris Hani |url=https://www.sahistory.org.za/people/chris-hani |site=sahistory.org |éditeur=South African History Online |en ligne le=19 April 2011, last updated 22 November 2022 |consulté le=25 décembre 2022}}.</ref>. Son père Gilbert Hani est un syndicaliste minier et un militant politique qui quitte le pays pour s'exiler en 1962 et ne revient en Afrique du Sud qu'en 1991. Sa mère Mary Hani est une personne simple qui n'a jamais fréquenté l'école. Il fréquente l'école Lovedale en 1957 pour terminer ses deux dernières années. Il termine deux fois deux années d'école en une seule année. Quand Hani a 12 ans, après avoir entendu les explications de son père sur l'apartheid et l'[[Congrès national africain|African National Congress]] (ANC), il souhaite rejoindre l'ANC mais est encore trop jeune pour être accepté<ref name=":0">{{Ouvrage|prénom1=Chris|nom1=Van Wyk|titre=Chris Hani|lieu=South Africa|éditeur=Awareness publishing|année=2003|passage=13|isbn=1919910131}}</ref>. À l'école de Lovedale, Hani rejoint la Ligue de la jeunesse de l'ANC à l'âge de 15 ans, même si les activités politiques ne sont pas autorisées dans les écoles noires sous l'apartheid. Il influence d'autres étudiants à rejoindre l'ANC<ref name=":0" />.


En 1959, à l'[[Université de Fort Hare]] à [[Alice (Afrique du Sud)|Alice]], Hani étudie l'anglais, le latin <ref name=":0 "/> et la littérature moderne et classique. Il ne participe à aucun sport, déclarant : « Je préfère combattre l'apartheid plutôt que de faire du sport » <ref name=":0" />. Hani, dans une interview sur la campagne Wankie, mentionne qu'il est diplômé de l'Université de Rhodes<ref name="HaniVid">{{Lien vidéo|titre=Leaders-Chris Hani|url=https://www.youtube.com/watch?v=NGKhN2BL1-U|lieu=22:04}}</ref>.
Il est élevé principalement par sa mère alors que son père, pour faire vivre sa famille, a dû quitter le Transkei pour travailler dans une grande ville sud-africaine.


=== Carrière politique et militaire ===
D'une famille [[catholicisme|catholique]], Hani est envoyé à l'école catholique où il découvre le [[latin]] et les lettres classiques. Dans un premier temps, il envisage de devenir [[prêtre catholique|prêtre]].
À l'âge de 15 ans, il rejoint la [[Ligue de jeunesse du Congrès national africain|Ligue de la jeunesse de l'ANC]]. En tant qu'étudiant, il participe activement aux manifestations contre la loi sur l'éducation bantoue. Il travaille comme commis dans un cabinet d'avocats. Après avoir obtenu son diplôme, il rejoint [[Umkhonto we Sizwe]] (MK), la branche armée de l'ANC. À la suite de son arrestation en vertu de la [[Suppression of Communism Act, 1950|loi sur la répression du communisme]], il s'exile au [[Lesotho]] en 1963. En raison de l'implication de Hani dans Umkhonto we Sizwe, il est contraint de se cacher par le gouvernement sud-africain et a changé son prénom pour Chris.


Il reçoit une formation militaire en [[Union des républiques socialistes soviétiques|Union soviétique]] et sert dans les campagnes de la [[Guerre du Bush de Rhodésie du Sud|guerre de libération du Zimbabwe]], également appelée guerre de Bush en Rhodésie. Il s'agit d'opérations conjointes entre Umkhonto we Sizwe (MK) et l'[[Armée populaire révolutionnaire du Zimbabwe|Armée révolutionnaire populaire du Zimbabwe]] à la fin des années 1960. L'opération du détachement de Luthuli consolide la réputation de Hani en tant que soldat de l'armée noire qui combat l'apartheid et ses alliés. Son rôle de combattant dès les premiers jours de l'exil de MK (après l'arrestation de [[Nelson Mandela]] et des autres dirigeants internes de MK à Rivonia) joue un rôle important dans la loyauté farouche dont Hani a joui plus tard dans certains milieux en tant que commandant adjoint de MK ([[Joe Modise]] est commandant général). En 1969, Hani cosigne, avec six autres, le « Mémorandum Hani », qui critique fortement le leadership de [[Joe Modise]], Moses Kotane et d'autres camarades de la direction<ref>{{Lien web |titre=The ‘Hani Memorandum’ – introduced and annotated {{!}} Macmillan {{!}} Transformation |url=https://web.archive.org/web/20130125053818/http://www.transformation.ukzn.ac.za/index.php/transformation/article/view/1015/830 |site=web.archive.org |date=2013-01-25 |consulté le=2024-05-28}}</ref>.
Son activisme politique contre l'[[apartheid]] commence en [[1957]] quand il adhère à la ligue de jeunesse de l'ANC (African National Congress Youth League - ANCYL). Il est alors influencé par son père mais aussi par son oncle Milton Hani ainsi que par Govan Mbeki qui apprend au jeune Hani les rudiments du [[marxisme-léninisme]].


Il est diplômé de l'enseignement secondaire en [[1958]] à l'institut Lovadale. Il continue des études supérieures à l'[[université de Fort Hare]] puis à l'[[université Rhodes]] à [[Grahamstown]] où il est diplômé en [[latin]] et en [[anglais]].


Au Lesotho, Hani organise des opérations de guérilla du MK en Afrique du Sud. En 1982, il est devenu suffisamment important pour devenir la cible de tentatives d'assassinat, et il a finalement rejoint le siège de l'ANC à [[Lusaka]], [[Zambie|en Zambie]]. En tant que chef d'Umkhonto we Sizwe, il est responsable de la répression d'une mutinerie de membres dissidents anticommunistes de l'ANC dans des camps de détention, mais a nié tout rôle dans des abus, notamment des actes de torture et des meurtres. De nombreuses militantes du MK, comme Dipuo Mvelase, adorent Chris Hani pour avoir protégé les droits des femmes et se soucier de leur bien-être dans les camps militaires<ref name="angola">{{Lien web |titre=Underground fight for SA |url=https://www.sowetanlive.co.za/news/2008-10-07-underground-fight-for-sa/ |éditeur=The Sowetan |date=7 October 2008}}</ref>.
En [[1960]], l'ANC est interdite et Hani rejoint sa toute nouvelle branche armée, ''Umkontho We Sizwe'' (la lance de la nation), dont il fait rapidement partie de la direction.


Après avoir été organisateur clandestin en Afrique du Sud au milieu des années 1970, il est revenu définitivement en Afrique du Sud après la levée de l'interdiction de l'ANC en 1990 et a succédé à [[Joe Slovo]] à la tête du [[Parti communiste sud-africain]] (SACP) le 8. Décembre 1991<ref>{{Lien web |titre=Chris Hani is elected SACP Secretary {{!}} South African History Online |url=https://www.sahistory.org.za/dated-event/chris-hani-elected-sacp-secretary |série=www.sahistory.org.za |consulté le=2021-09-04}}</ref>. Il a soutenu la suspension de la lutte armée de l'ANC en faveur de négociations<ref name="autobiography">{{Lien web |auteur=Hani |prénom=Chris |titre=My Life |url=http://www.sacp.org.za/main.php?include=docs/biography/2006/hani.html |éditeur=[[South African Communist Party]] |date=February 1991 |consulté le=3 novembre 2016 |archive-url=https://web.archive.org/web/20070928040336/http://www.sacp.org.za/main.php?include=docs%2Fbiography%2F2006%2Fhani.html |archive-date=28 September 2007 }}</ref>.
En [[1962]], il est arrêté pour la première fois par la police et est emprisonné pour violation de la loi interdisant l'activisme en faveur du [[communisme]].


=== Assassinat ===
Libéré sous caution, il fuit au [[Botswana|Bechuanaland]] pour assister à la conférence de Lobatsi tenu par l'ANC puis revient en Afrique du Sud où il est arrêté de nouveau dès la frontière. Il est condamné alors à 18 mois de prison.
Chris Hani est [[Magnicide|assassiné]] le 10 avril 1993 devant son domicile de Dawn Park, une banlieue racialement mixte de [[Boksburg]]. Il est abordé par un immigrant polonais anticommuniste d'extrême droite nommé [[Janusz Waluś]], qui lui tire dessus alors qu'il sort de sa voiture<ref name="Atkins2004">{{Ouvrage|prénom1=Stephen E.|nom1=Atkins|titre=Encyclopedia of Modern worldwide extremists and extremist groups|éditeur=Greenwood Publishing Group|année=2004|pages totales=[https://archive.org/details/encyclopediaofmo0000atki/page/12 12]–|isbn=9780313324857|lire en ligne=https://archive.org/details/encyclopediaofmo0000atki|accès url=inscription}}</ref>. Waluś fuit les lieux mais est rapidement arrêté après que Margareta Harmse, une femme au foyer afrikaner blanche, repère Waluś juste après le crime alors qu'elle passe en voiture et appelle la police. Un voisin de Hani est témoin du crime et identifie Waluś et le véhicule qu'il conduisait à ce moment-là. [[Clive Derby-Lewis]], un haut député [[Parti conservateur d'Afrique du Sud|du Parti conservateur]] sud-africain et [[Cabinet fantôme|ministre fantôme]] des Affaires économiques à l'époque, qui a prêté son pistolet à Waluś, a également été arrêté pour complicité dans le meurtre de Hani<ref name="hearing-resumes">{{article|titre=Hani Truth hearing resumes|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/65954.stm|périodique=BBC News|date=16 mars 1998|consulté le=3 novembre 2016}}</ref>. Le Parti conservateur d'Afrique du Sud s'est séparé du [[Parti national (Afrique du Sud)|Parti national]] au pouvoir par opposition aux réformes de [[Pieter Willem Botha|PW Botha]]. Après les élections de 1989, il est le deuxième parti le plus fort à l'Assemblée législative, après le Parti national, et s'opposait au démantèlement de [[Apartheid|l'apartheid]] [[Frederik Willem de Klerk|par FW de Klerk]].


Historiquement, l'assassinat est considéré comme un tournant. De graves tensions ont suivi l'assassinat, avec la crainte que le pays n'éclate dans la violence. Nelson Mandela appelle au calme dans un discours alors qu'il n'est pas encore président du pays<ref name="sparks">{{Ouvrage|prénom1=Allister|nom1=Sparks|lien auteur1=Allister Sparks|titre=Tomorrow is Another Country|éditeur=Struik|année=1994}}</ref>.
Après avoir purgé sa peine, il rejoint la [[Zambie]] pour suivre un entrainement militaire et devient commissaire du régiment Luthuli de Umkontho en [[1967]]. Il participe également à des incursions en [[Rhodésie du Sud]] avec des militants de l'[[Union du peuple africain du Zimbabwe]] (ZAPU).


Alors que des émeutes suivent l'assassinat <ref name="hearing-resumes "/>, les deux parties au processus de négociation sont galvanisées et ont rapidement convenu que les [[Élections générales sud-africaines de 1994|élections démocratiques devraient avoir lieu le 27 avril 1994]], un peu plus d'un an après l'assassinat de Hani<ref name="sparks" />.
Il est arrêté au [[Botswana]] pour possession d'armes à feu et condamné à 6 ans de prison. Libéré au bout de deux ans, il retourne en Zambie, aigri que la direction de l'ANC n'ait pas interféré auprès du gouvernement du Botswana pour le faire libérer. Il demande la convocation d'une conférence de tous les membres de l'ANC en exil qui se tient en [[1969]] au [[Maroc]]. Il en ressort que dorénavant les blancs, métis et indiens pourront adhérer à l'ANC et que l'action politique sera soutenue par une action militaire. Un conseil révolutionnaire est mis en place comprenant des blancs et des métis.


=== Condamnation des assassins et audience d'amnistie ===
Hani revient secrètement en Afrique du Sud en [[1973]] pour établir ou réorganiser les structures internes de l'ANC dans l'ouest de la [[province du Cap]].
En octobre 1993, Janusz Waluś et Clive Derby-Lewis sont reconnus coupables du meurtre <ref>{{article|prénom1=Bill|nom1=Keller|titre=2 South Africa Whites Guilty in Murder of Black|url=https://www.nytimes.com/1993/10/15/world/2-south-africa-whites-guilty-in-murder-of-black.html|périodique=New York Times|date=October 15, 2020|consulté le=23 décembre 2020}}</ref> et condamnés à mort. L'épouse de Derby-Lewis, Gaye, est acquittée. Les peines des deux hommes sont commuées en emprisonnement à vie lorsque la peine de mort est abolie à la suite d'un arrêt de la Cour constitutionnelle en 1995<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Grootes |prénom=Stephen |titre=Chris Hani and the Arms Deal bombshell: A death that still hangs over us |url=https://www.dailymaverick.co.za/article/2014-10-08-chris-hani-and-the-arms-deal-bombshell-a-death-that-still-hangs-over-us/ |série=Daily Maverick |date=2014-10-08 |consulté le=2021-09-04}}</ref>.


Les assassins de Hani comparaissent devant la [[Commission de la vérité et de la réconciliation (Afrique du Sud)|Commission Vérité et Réconciliation]], invoquant une motivation politique pour leurs crimes et demandant l'amnistie au motif qu'ils avaient agi sur ordre du Parti conservateur. La famille Hani est représentée par l'avocat anti-apartheid [[George Bizos]]<ref>{{Lien web |titre=page 19 |url=https://web.archive.org/web/20081205150722/http://www.dispatch.co.za/1997/11/27/page%2019.htm |site=web.archive.org |date=2008-12-05 |consulté le=2024-05-28}}</ref>. Leurs demandes sont rejetées lorsque la CVR a statué qu'ils n'avaient pas agi sur ordre<ref name="no-amnesty">{{article|titre=Hani killers denied amnesty|url=http://news.bbc.co.uk/2/hi/africa/313782.stm|périodique=BBC News|date=7 avril 1999|consulté le=3 novembre 2016}}</ref>. Après plusieurs tentatives infructueuses, Derby-Lewis a obtenu une libération conditionnelle pour raisons médicales en mai 2015 après avoir reçu un diagnostic de cancer du poumon en phase terminale ; il est décédé 18 mois plus tard, le 3 novembre 2016<ref>{{article|titre=My husband is finally free - Gaye Derby-Lewis|url=http://www.news24.com/SouthAfrica/News/my-husband-is-finally-free-gaye-derby-lewis-20161103?isapp=true|périodique=News24|date=3 novembre 2016|consulté le=2016-11-03|archive-url=https://web.archive.org/web/20170216224054/http://www.news24.com/SouthAfrica/News/my-husband-is-finally-free-gaye-derby-lewis-20161103?isapp=true|archive-date=16 February 2017}}</ref>.
Il est ensuite nommé Commandant adjoint de Umkontho.


Le 10 mars 2016, la Haute Cour du Nord Gauteng d'Afrique du Sud a ordonné la libération conditionnelle de Waluś sous conditions de caution<ref name="mg.c_Chri">{{Lien web |titre=Chris Hani's killer Janusz Walus granted parole |url=http://mg.co.za/article/2016-03-10-chris-hani-killer-janusz-walus-gets-parole |série=The M&G Online |date=10 March 2016 |consulté le=3 novembre 2016}}</ref>. Le ministère de la Justice et des Services correctionnels a interjeté appel de la décision de libération conditionnelle devant la [[Droit sud-africain#Cour suprême d'appel|Cour suprême d'appel]] de [[Bloemfontein]]<ref name=":1">{{Lien web |titre=Janusz Walus fights to retain his SA citizenship |url=http://www.sabc.co.za/news/a/668707804dfd9516a5f4ad0ede96a075/Janusz-Walus-fights-to-retain-his-SA-citizenship-20162508 |consulté le=16 septembre 2016 |archive-url=https://web.archive.org/web/20160920120524/http://www.sabc.co.za/news/a/668707804dfd9516a5f4ad0ede96a075/Janusz-Walus-fights-to-retain-his-SA-citizenship-20162508 |archive-date=20 September 2016 }}</ref>. Le ministère de l'Intérieur a indiqué que Waluś pourrait se voir retirer sa citoyenneté sud-africaine<ref name=":1" />. Le 18 août 2017, la Cour suprême d'appel de Bloemfontein a annulé la libération conditionnelle de Waluś, une décision saluée par le SACP<ref>{{Lien web |titre=Court overturns decision to grant Chris Hani's killer parole |url=http://ewn.co.za/2017/08/18/court-overturns-decision-to-grant-chris-hani-s-killer-parole |date=18 August 2017 |consulté le=23 décembre 2020}}</ref>. En octobre 2019, Waluś est toujours en prison, malgré les affirmations de son avocat selon lesquelles il est complètement réhabilité<ref>{{article|prénom1=Goitsemang|nom1=Tlhabye|titre=Advocate says Janusz Walus rehabilitated, simply being subjected to political bias|url=https://www.iol.co.za/pretoria-news/advocate-says-janusz-walus-rehabilitated-simply-being-subjected-to-political-bias-34294287|périodique=IOL|date=7 October 2019|consulté le=23 décembre 2020}}</ref>. Le 16 mars 2020, Waluś s'est de nouveau vu refuser la libération conditionnelle par le ministre de la Justice [[Ronald Lamola]]<ref>{{Lien web |titre=Janusz Walus denied parole over Chris Hani assassination |url=https://www.iol.co.za/pretoria-news/news/janusz-walus-denied-parole-over-chris-hani-assassination-44959125 |date=16 March 2020 |consulté le=23 décembre 2020}}</ref>. Le 7 décembre 2022, Waluś a obtenu une libération conditionnelle sous des conditions strictes par le ministre de la Justice Ronald Lamola<ref>{{Lien web |langue=en |auteur=Maromo |prénom=Jonisayi |titre=Janusz Walus discharged from hospital, officially on parole |url=https://www.iol.co.za/news/crime-and-courts/janusz-walus-discharged-from-hospital-officially-on-parole-36db0cac-ab7c-456d-8372-611e4c3481d8 |série=www.iol.co.za |consulté le=2022-12-07}}</ref>.
En [[1983]], il combat au côté du gouvernement communiste d'[[Angola]] pour expulser, de la province de Malanje, les rebelles de l'[[Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola|UNITA]] dirigés par [[Jonas Savimbi]].


=== Théories du complot autour de l'assassinat ===
En [[1987]], Hani devient le chef d'état-major d'Umkontho qui intensifie sa lutte par des actions de sabotage en Afrique du Sud. Des nouveaux camps d'entrainement sont aussi construits en [[Tanzanie]].
L'assassinat de Hani suscite de nombreuses théories du complot sur une implication extérieure. Le rapport final de la Commission Vérité et Réconciliation indique toutefois qu'elle "n'a pas été en mesure de trouver la preuve que les deux meurtriers reconnus coupables du meurtre de Chris Hani avaient reçu des ordres de groupes internationaux, des forces de sécurité ou de niveaux plus élevés dans les échelons de droite".


== Influence ==
Durant les années 1980, alors qu'il est évident que des espions du gouvernement sud-africain ont infiltré l'ANC et sa branche armée, Hani se montre sans pitié contre tous ceux accusés de trahison et de nombreux militants sont sommairement exécutés. Il n'est pas à l'époque un adepte du compromis ou de la négociation avec le pouvoir [[afrikaners|afrikaner]] et se fait le chantre de l'insurrection générale contre le gouvernement blanc.
Hani est un leader charismatique, bénéficiant d'un soutien important parmi la jeunesse radicale anti-apartheid. Au moment de sa mort, il est le leader de l'ANC le plus populaire après son aîné, Nelson Mandela<ref name="no-amnesty" />. Après la légalisation de l'ANC, le soutien de Hani au processus de négociation avec le gouvernement de l'apartheid s'est avéré essentiel pour maintenir les militants dans le rang<ref name="obituary">{{Article|auteur1=Mzamane|prénom1=Nthoana and Mbulelo|titre=Obituary: Hamba Kahle Chris Hani: 1942-1993|périodique=Southern Africa Report|volume=9|numéro=1|pages=22|date=July 1993|lire en ligne=http://www.africafiles.org/article.asp?ID=4047|archiveurl=https://web.archive.org/web/20160303173158/http://www.africafiles.org/article.asp?ID=4047|archivedate=3 March 2016|consulté le=3 novembre 2016}}</ref>.


== Honneurs ==
En [[1986]], il est pourtant présent quand des hommes d'affaires blancs d'Afrique du Sud viennent en Zambie y rencontrer la direction de l'ANC.
[[Fichier:Chris_Hani_Monument_4.jpg|droite|vignette|165x165px]]
En 1993, le philosophe français [[Jacques Derrida]] consacre ''[[Spectres de Marx]]'' (1993) à Hani<ref>Jacques Derrida (1994), ''Spectres de Marx: l'état de la dette, le travail du deil et la nouvelle Internationale'', Paris: Galilée, ({{ISBN|978-2-7186-0429-9}}).</ref>.


En 1997, l'hôpital Baragwanath, l'un des plus grands hôpitaux du monde, est rebaptisé [[Chris Hani Baragwanath Hospital]] en sa mémoire. En septembre 2004, Hani est élu 20e dans le sondage controversé des 100 [[100 Greatest South Africans|plus grands Sud-Africains]]<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=Top 100 Greatest South Africans |url=http://www.youthvillage.co.za/2013/10/top-100-greatest-south-africans/ |série=Youth Village |date=2013-10-13 |consulté le=2019-02-23}}</ref>.
Ce n'est vraiment qu'au début des années 1990, après la levée de l'interdiction de l'ANC et la libération de [[Nelson Mandela]], qu'il souscrit aux principes de négociations pour la paix et la réconciliation.


Quelques jours après son assassinat, le groupe de rock [[Dave Matthews Band]] (dont le chanteur et guitariste [[Dave Matthews]] est originaire d'Afrique du Sud) jouent une chanson avec des paroles et des refrains faisant référence à la fusillade de Hani<ref>{{Lien web |titre=Song Listing for ''"#36"'' |url=http://www.dmbalmanac.com/SongStats.aspx?sid=36 |éditeur=DMBAlmanac.com²}}</ref>{{,}}<ref>Martell, Nevin. "Dave Matthews Band: Music for the People", p. 57. Simon and Schuster, 2004.</ref>.
À la suite du retrait de [[Joe Slovo]] de la direction du Parti communiste sud-africain (SACP), il entre au Politburo et devient en [[1991]] le secrétaire général du parti.


Un court opéra, ''Hani'', du compositeur Bongani Ndodana-Breen avec un livret du producteur de films Mfundi Vundla, est commandé par <ref>{{Lien web |auteur=Karen Rutter |titre=The struggle continues |url=http://www.timeslive.co.za/sundaytimes/article768640.ece/The-struggle-continues |série=Times LIVE |consulté le=3 novembre 2016}}</ref> l'Opéra du Cap et l'[[Université du Cap]], créé au Théâtre Baxter le 21 novembre 2010 <ref>[http://www.tonight.co.za/index.php?fSectionId=358&fArticleId=5625935 Tonight - 'Bonsai opera' revitalises genre], tonight.co.za</ref>.
Chris Hani est assassiné le {{date|10|avril|1993}} devant la porte de sa maison dans la banlieue de la ville ouvrière et afrikaner de [[Boksburg]], fief de l'[[extrême droite]], dans la [[banlieue]] de [[Johannesburg]]. Le meurtrier Janusz Walus et son commanditaire, le député anglophone du [[Parti conservateur d'Afrique du Sud]], [[Clive Derby-Lewis]], seront condamnés à mort, peine commuée en [[1995]] à la perpétuité.


Une municipalité de district du Cap oriental est nommée [[District de Chris Hani|municipalité de district de Chris Hani]]. Ce quartier comprend [[Queenstown (Cap-Oriental)|Queenstown]], Cofimvaba et Lady Frere<ref>{{Lien web |langue=en-US |titre=About Us – Chris Hani District Municipality |url=http://www.chrishanidm.gov.za/about-us/ |consulté le=2019-01-31}}</ref>. La municipalité locale de Thembisile Hani dans [[Mpumalanga|le Mpumalanga]] porte également son nom.
Chris Hani laisse derrière lui sa femme Limpho et ses trois filles, Nomakhwezi, 15 ans en 1993, Neo (alors âgée de 20 ans) et Lindiwe (âgée de 12 ans). Il est enterré au cimetière de Els Park à Boksburg.


En 2009, après l'extension de la Central Line du Cap, le nouveau terminus desservant les zones orientales de [[Khayelitsha]] est baptisé Chris Hani.
En [[1993]], [[Jacques Derrida]] lui a dédicacé sa conférence qui précéda la sortie de son œuvre "''[[Spectres de Marx]]''".


== Notes et référénces ==
En [[1997]], l'hôpital Baragwanath de Soweto a été rebaptisé ''Chris Hani Baragwanath Hospital''.
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Version du 24 août 2024 à 10:16

Chris Hani
Illustration.
Fonctions
Secrétaire général du Parti communiste sud-africain
-
(2 ans)
Prédécesseur Joe Slovo
Successeur Charles Nqakula
Biographie
Date de naissance
Lieu de naissance Province du Cap (Afrique du Sud)
Date de décès (à 50 ans)
Lieu de décès Boksburg (Afrique du Sud)
Nature du décès Assassinat
Nationalité Sud-africain
Parti politique Parti communiste sud-africain
Conjoint Limpho Hani
Enfants 3 enfants

Chris Hani, né le 28 juin 1942 et mort le 10 avril 1993, de son nom de naissance Martin Thembisile Hani, est le chef du Parti communiste sud-africain et chef de cabinet de l'Umkhonto we Sizwe, la branche armée du Congrès national africain (ANC). Il est un farouche opposant au gouvernement de l'apartheid et fut assassiné par Janusz Waluś, un immigré polonais et sympathisant de l'opposition conservatrice le 10 avril 1993, lors des troubles précédant la transition vers la démocratie[1].

Biographie

Jeunesse et formation

Tembisile Chris Hani est né dans le village de Sabalele, au fin fond du bantoustan du Transkei, cinquième des six enfants de Gilbert et Mary Hani. Il adopte le nom de Chris comme nom de guerre en hommage à un de ses frères décédés en bas âge[2]. Son père Gilbert Hani est un syndicaliste minier et un militant politique qui quitte le pays pour s'exiler en 1962 et ne revient en Afrique du Sud qu'en 1991. Sa mère Mary Hani est une personne simple qui n'a jamais fréquenté l'école. Il fréquente l'école Lovedale en 1957 pour terminer ses deux dernières années. Il termine deux fois deux années d'école en une seule année. Quand Hani a 12 ans, après avoir entendu les explications de son père sur l'apartheid et l'African National Congress (ANC), il souhaite rejoindre l'ANC mais est encore trop jeune pour être accepté[3]. À l'école de Lovedale, Hani rejoint la Ligue de la jeunesse de l'ANC à l'âge de 15 ans, même si les activités politiques ne sont pas autorisées dans les écoles noires sous l'apartheid. Il influence d'autres étudiants à rejoindre l'ANC[3].

En 1959, à l'Université de Fort Hare à Alice, Hani étudie l'anglais, le latin [3] et la littérature moderne et classique. Il ne participe à aucun sport, déclarant : « Je préfère combattre l'apartheid plutôt que de faire du sport » [3]. Hani, dans une interview sur la campagne Wankie, mentionne qu'il est diplômé de l'Université de Rhodes[4].

Carrière politique et militaire

À l'âge de 15 ans, il rejoint la Ligue de la jeunesse de l'ANC. En tant qu'étudiant, il participe activement aux manifestations contre la loi sur l'éducation bantoue. Il travaille comme commis dans un cabinet d'avocats. Après avoir obtenu son diplôme, il rejoint Umkhonto we Sizwe (MK), la branche armée de l'ANC. À la suite de son arrestation en vertu de la loi sur la répression du communisme, il s'exile au Lesotho en 1963. En raison de l'implication de Hani dans Umkhonto we Sizwe, il est contraint de se cacher par le gouvernement sud-africain et a changé son prénom pour Chris.

Il reçoit une formation militaire en Union soviétique et sert dans les campagnes de la guerre de libération du Zimbabwe, également appelée guerre de Bush en Rhodésie. Il s'agit d'opérations conjointes entre Umkhonto we Sizwe (MK) et l'Armée révolutionnaire populaire du Zimbabwe à la fin des années 1960. L'opération du détachement de Luthuli consolide la réputation de Hani en tant que soldat de l'armée noire qui combat l'apartheid et ses alliés. Son rôle de combattant dès les premiers jours de l'exil de MK (après l'arrestation de Nelson Mandela et des autres dirigeants internes de MK à Rivonia) joue un rôle important dans la loyauté farouche dont Hani a joui plus tard dans certains milieux en tant que commandant adjoint de MK (Joe Modise est commandant général). En 1969, Hani cosigne, avec six autres, le « Mémorandum Hani », qui critique fortement le leadership de Joe Modise, Moses Kotane et d'autres camarades de la direction[5].


Au Lesotho, Hani organise des opérations de guérilla du MK en Afrique du Sud. En 1982, il est devenu suffisamment important pour devenir la cible de tentatives d'assassinat, et il a finalement rejoint le siège de l'ANC à Lusaka, en Zambie. En tant que chef d'Umkhonto we Sizwe, il est responsable de la répression d'une mutinerie de membres dissidents anticommunistes de l'ANC dans des camps de détention, mais a nié tout rôle dans des abus, notamment des actes de torture et des meurtres. De nombreuses militantes du MK, comme Dipuo Mvelase, adorent Chris Hani pour avoir protégé les droits des femmes et se soucier de leur bien-être dans les camps militaires[6].

Après avoir été organisateur clandestin en Afrique du Sud au milieu des années 1970, il est revenu définitivement en Afrique du Sud après la levée de l'interdiction de l'ANC en 1990 et a succédé à Joe Slovo à la tête du Parti communiste sud-africain (SACP) le 8. Décembre 1991[7]. Il a soutenu la suspension de la lutte armée de l'ANC en faveur de négociations[8].

Assassinat

Chris Hani est assassiné le 10 avril 1993 devant son domicile de Dawn Park, une banlieue racialement mixte de Boksburg. Il est abordé par un immigrant polonais anticommuniste d'extrême droite nommé Janusz Waluś, qui lui tire dessus alors qu'il sort de sa voiture[9]. Waluś fuit les lieux mais est rapidement arrêté après que Margareta Harmse, une femme au foyer afrikaner blanche, repère Waluś juste après le crime alors qu'elle passe en voiture et appelle la police. Un voisin de Hani est témoin du crime et identifie Waluś et le véhicule qu'il conduisait à ce moment-là. Clive Derby-Lewis, un haut député du Parti conservateur sud-africain et ministre fantôme des Affaires économiques à l'époque, qui a prêté son pistolet à Waluś, a également été arrêté pour complicité dans le meurtre de Hani[10]. Le Parti conservateur d'Afrique du Sud s'est séparé du Parti national au pouvoir par opposition aux réformes de PW Botha. Après les élections de 1989, il est le deuxième parti le plus fort à l'Assemblée législative, après le Parti national, et s'opposait au démantèlement de l'apartheid par FW de Klerk.

Historiquement, l'assassinat est considéré comme un tournant. De graves tensions ont suivi l'assassinat, avec la crainte que le pays n'éclate dans la violence. Nelson Mandela appelle au calme dans un discours alors qu'il n'est pas encore président du pays[11].

Alors que des émeutes suivent l'assassinat [10], les deux parties au processus de négociation sont galvanisées et ont rapidement convenu que les élections démocratiques devraient avoir lieu le 27 avril 1994, un peu plus d'un an après l'assassinat de Hani[11].

Condamnation des assassins et audience d'amnistie

En octobre 1993, Janusz Waluś et Clive Derby-Lewis sont reconnus coupables du meurtre [12] et condamnés à mort. L'épouse de Derby-Lewis, Gaye, est acquittée. Les peines des deux hommes sont commuées en emprisonnement à vie lorsque la peine de mort est abolie à la suite d'un arrêt de la Cour constitutionnelle en 1995[13].

Les assassins de Hani comparaissent devant la Commission Vérité et Réconciliation, invoquant une motivation politique pour leurs crimes et demandant l'amnistie au motif qu'ils avaient agi sur ordre du Parti conservateur. La famille Hani est représentée par l'avocat anti-apartheid George Bizos[14]. Leurs demandes sont rejetées lorsque la CVR a statué qu'ils n'avaient pas agi sur ordre[15]. Après plusieurs tentatives infructueuses, Derby-Lewis a obtenu une libération conditionnelle pour raisons médicales en mai 2015 après avoir reçu un diagnostic de cancer du poumon en phase terminale ; il est décédé 18 mois plus tard, le 3 novembre 2016[16].

Le 10 mars 2016, la Haute Cour du Nord Gauteng d'Afrique du Sud a ordonné la libération conditionnelle de Waluś sous conditions de caution[17]. Le ministère de la Justice et des Services correctionnels a interjeté appel de la décision de libération conditionnelle devant la Cour suprême d'appel de Bloemfontein[18]. Le ministère de l'Intérieur a indiqué que Waluś pourrait se voir retirer sa citoyenneté sud-africaine[18]. Le 18 août 2017, la Cour suprême d'appel de Bloemfontein a annulé la libération conditionnelle de Waluś, une décision saluée par le SACP[19]. En octobre 2019, Waluś est toujours en prison, malgré les affirmations de son avocat selon lesquelles il est complètement réhabilité[20]. Le 16 mars 2020, Waluś s'est de nouveau vu refuser la libération conditionnelle par le ministre de la Justice Ronald Lamola[21]. Le 7 décembre 2022, Waluś a obtenu une libération conditionnelle sous des conditions strictes par le ministre de la Justice Ronald Lamola[22].

Théories du complot autour de l'assassinat

L'assassinat de Hani suscite de nombreuses théories du complot sur une implication extérieure. Le rapport final de la Commission Vérité et Réconciliation indique toutefois qu'elle "n'a pas été en mesure de trouver la preuve que les deux meurtriers reconnus coupables du meurtre de Chris Hani avaient reçu des ordres de groupes internationaux, des forces de sécurité ou de niveaux plus élevés dans les échelons de droite".

Influence

Hani est un leader charismatique, bénéficiant d'un soutien important parmi la jeunesse radicale anti-apartheid. Au moment de sa mort, il est le leader de l'ANC le plus populaire après son aîné, Nelson Mandela[15]. Après la légalisation de l'ANC, le soutien de Hani au processus de négociation avec le gouvernement de l'apartheid s'est avéré essentiel pour maintenir les militants dans le rang[23].

Honneurs

En 1993, le philosophe français Jacques Derrida consacre Spectres de Marx (1993) à Hani[24].

En 1997, l'hôpital Baragwanath, l'un des plus grands hôpitaux du monde, est rebaptisé Chris Hani Baragwanath Hospital en sa mémoire. En septembre 2004, Hani est élu 20e dans le sondage controversé des 100 plus grands Sud-Africains[25].

Quelques jours après son assassinat, le groupe de rock Dave Matthews Band (dont le chanteur et guitariste Dave Matthews est originaire d'Afrique du Sud) jouent une chanson avec des paroles et des refrains faisant référence à la fusillade de Hani[26],[27].

Un court opéra, Hani, du compositeur Bongani Ndodana-Breen avec un livret du producteur de films Mfundi Vundla, est commandé par [28] l'Opéra du Cap et l'Université du Cap, créé au Théâtre Baxter le 21 novembre 2010 [29].

Une municipalité de district du Cap oriental est nommée municipalité de district de Chris Hani. Ce quartier comprend Queenstown, Cofimvaba et Lady Frere[30]. La municipalité locale de Thembisile Hani dans le Mpumalanga porte également son nom.

En 2009, après l'extension de la Central Line du Cap, le nouveau terminus desservant les zones orientales de Khayelitsha est baptisé Chris Hani.

Notes et référénces

  1. « The Death of Chris Hani: An African Misadventure - The O'Malley Archives », omalley.nelsonmandela.org (consulté le )
  2. (en) « Chris Hani », sur sahistory.org, South African History Online, 19 april 2011, last updated 22 november 2022 (consulté le ).
  3. a b c et d Chris Van Wyk, Chris Hani, South Africa, Awareness publishing, (ISBN 1919910131), p. 13
  4. Leaders-Chris Hani
  5. « The ‘Hani Memorandum’ – introduced and annotated | Macmillan | Transformation », sur web.archive.org, (consulté le )
  6. « Underground fight for SA », The Sowetan,
  7. « Chris Hani is elected SACP Secretary | South African History Online », www.sahistory.org.za (consulté le )
  8. Hani, « My Life » [archive du ], South African Communist Party, (consulté le )
  9. Stephen E. Atkins, Encyclopedia of Modern worldwide extremists and extremist groups, Greenwood Publishing Group, , 12- (ISBN 9780313324857, lire en ligne Inscription nécessaire)
  10. a et b « Hani Truth hearing resumes », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  11. a et b Allister Sparks, Tomorrow is Another Country, Struik,
  12. Bill Keller, « 2 South Africa Whites Guilty in Murder of Black », New York Times,‎ (lire en ligne, consulté le )
  13. (en) Grootes, « Chris Hani and the Arms Deal bombshell: A death that still hangs over us », Daily Maverick, (consulté le )
  14. « page 19 », sur web.archive.org, (consulté le )
  15. a et b « Hani killers denied amnesty », BBC News,‎ (lire en ligne, consulté le )
  16. « My husband is finally free - Gaye Derby-Lewis », News24,‎ (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  17. « Chris Hani's killer Janusz Walus granted parole », The M&G Online, (consulté le )
  18. a et b « Janusz Walus fights to retain his SA citizenship » [archive du ] (consulté le )
  19. « Court overturns decision to grant Chris Hani's killer parole », (consulté le )
  20. Goitsemang Tlhabye, « Advocate says Janusz Walus rehabilitated, simply being subjected to political bias », IOL,‎ (lire en ligne, consulté le )
  21. « Janusz Walus denied parole over Chris Hani assassination », (consulté le )
  22. (en) Maromo, « Janusz Walus discharged from hospital, officially on parole », www.iol.co.za (consulté le )
  23. Mzamane, « Obituary: Hamba Kahle Chris Hani: 1942-1993 », Southern Africa Report, vol. 9, no 1,‎ , p. 22 (lire en ligne [archive du ], consulté le )
  24. Jacques Derrida (1994), Spectres de Marx: l'état de la dette, le travail du deil et la nouvelle Internationale, Paris: Galilée, ( (ISBN 978-2-7186-0429-9)).
  25. (en-US) « Top 100 Greatest South Africans », Youth Village, (consulté le )
  26. « Song Listing for "#36" », DMBAlmanac.com²
  27. Martell, Nevin. "Dave Matthews Band: Music for the People", p. 57. Simon and Schuster, 2004.
  28. Karen Rutter, « The struggle continues », Times LIVE (consulté le )
  29. Tonight - 'Bonsai opera' revitalises genre, tonight.co.za
  30. (en-US) « About Us – Chris Hani District Municipality » (consulté le )

Liens externes