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« Séverin Rappa » : différence entre les versions

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{{Infobox Artiste
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| nom de naissance = Severino Rappa
| nom de naissance = Severino Rappa
| date de naissance = 23 octobre 1866
| lieu de naissance = [[Andorno Cacciorna]] ([[Royaume d'Italie (1861-1946)|Royaume d'Italie]])
| nationalité = franco-italien
| lieu de naissance = Andorno Cacciorna Italie
| activités = dessinateur, graveur, lithographe
| date de décès = 8 avril 1945
| maître = [[Alexandre Charpentier]]
| lieu de décès = Paris 14e arrondissement
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| activités = Dessinateur Graveur
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'''Séverin Rappa''' né le 23 octobre 1866 à Andorno Cacciorna dans le [[Piémont]], mort le 8 avril 1945 à [[Paris]], est un graveur, dessinateur. Il fut par ailleurs un militant [[Anarchisme|anarchiste]]. Ses œuvres ont été exposées au [[Salon d'automne]] et lors de nombreuses manifestations artistiques.
'''Séverin Rappa''' né le {{date-|23 octobre 1866}} à [[Andorno Cacciorna]] ([[Royaume d'Italie (1861-1946)|Royaume d'Italie]]) et mort le {{date-|8 avril 1945}} à [[14e arrondissement de Paris|Paris {{14e}}]], est un [[sculpteur]]-[[ébéniste]], [[dessinateur]] et [[Gravure|graveur]] [[Français (peuple)|franco]]-[[italie|italien]].

== Biographie ==


Militant [[Anarchisme|anarchiste]] et proche ami de [[Félix Fénéon]], ses œuvres ont été exposées au [[Salon d'automne]] et lors de nombreuses manifestations artistiques.


== Biographie ==
=== Les années de formation et de militantisme anarchiste ===
=== Les années de formation et de militantisme anarchiste ===
Fils de Lorenzo Rappa et Rosa Golzio, Severino Rappa est originaire du [[Piémont]]<ref name="AP">Archives de Paris {{14e}}, année 1945, décès, acte n° 2046 (vue 6/31).</ref>.


Severino Rappa est né le 23 octobre 1866 à Andorno Cacciorna dans le Piémont à côté de [[Biella]] (Bielle en français). Andorno Cacciorna était alors un chef-lieu (actuellement rattaché à [[Andorno Micca]]). Rappa apprit le métier de sculpteur sur bois à l'École Professionnelle de Biella<ref>Craveia Danilo, « Anarchia e arte: storia di Severino Rappa e del ‘Salon d’Automne’ », Eco di Biella, 29 gennaio 2017. </ref>. Diplômé en ébénisterie vers l'âge de vingt ans, il se rend en Suisse pour rejoindre la cause anarchiste. Dans le canton du Tessin, à [[Lugano]] en particulier, s’était constituée une importante communauté anarchiste sur les traces de [[Mikhaïl Bakounine|Bakounine]] mort en 1876 et sous la direction d'autres figures de proue du mouvement. Ainsi, Rappa a pu se former auprès des représentants les plus emblématiques de la doctrine anarchiste, au moins jusqu'en 1890-1891. La répression au cours de cette période de deux ans a forcé les anarchistes déclarés et les sympathisants à fuir. En 1892, l'Europe était secouée par plusieurs attaques de la mouvance anarcho-insurrectionnelle et Rappa, réfugié à Lyon, a été arrêté le 29 Mars 1892 au cours d'une ronde de la police française. Expulsé de France, il traverse la Manche et s'installe à Londres, à Cleveland Street, avec sa compagne Clémence Maréchal anarchiste comme lui<ref>Constance Bantman "Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914. Echanges, représentations, transferts" Thèse soutenue le 24 mars 2007 - Université Paris XIII</ref>.
Rappa apprend le métier de [[Sculpture sur bois|sculpteur sur bois]] à l'École professionnelle de [[Biella]]<ref>{{it}} Craveia Danilo, « Anarchia e arte: storia di Severino Rappa e del ‘Salon d’Automne’ », in: ''Eco di Biella'', 29 gennaio 2017.</ref>. Diplômé en [[Ébéniste|ébénisterie]] vers l'âge de vingt ans, il se rend en [[Suisse]] pour rejoindre le [[Anarchisme en Suisse|milieu anarchiste]], très implanté entre autres à Genève et dans le [[Canton du Tessin|Tessin]] : à [[Lugano]], en particulier, s’était constituée une importante communauté anarchiste sur les traces de [[Mikhaïl Bakounine|Bakounine]], mort en 1876, et sous la direction d'autres figures de proue du mouvement. Ainsi, Rappa peut se former auprès des représentants les plus emblématiques de la doctrine anarchiste, au moins jusqu'en 1890-1891. La répression au cours de cette période de deux ans force les anarchistes déclarés et les sympathisants à quitter la Suisse. En 1892, l'Europe est secouée par plusieurs attaques de la mouvance anarcho-insurrectionnelle et Rappa, réfugié à [[Lyon]], est arrêté le {{date-|29 Mars 1892}} au cours d'une ronde de la police française. Il parvient à rejoindre Paris et il est arrêté le 2 avril suivant, avec une trentaine d'autres camarades étrangers<ref>''Le Parti ouvrier, Paris, 3 avril 1892, {{p.|2}}.</ref>. Expulsé de France, il traverse la Manche et s'installe à [[Londres]], sur Cleveland Street, avec sa compagne Clémence Maréchal, anarchiste comme lui<ref>Constance Bantman, « Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914 », in: ''Échanges, représentations, transferts'', thèse soutenue le 24 mars 2007 - Université Paris XIII.</ref>.


<br>En 1894, on lui proposa d’adopter la petite Sidonie, fille d’[[Auguste Vaillant]] guillotiné le 5 février 1894. Le 9 décembre 1893, Vaillant avait jeté une bombe dans la Chambre des députés. Rappa refusa d’adopter l’enfant âgée d’une dizaine d’années. Plusieurs personnes dont la duchesse d’Uzès s'étaient proposées comme tuteurs de l’orpheline. Finalement, elle fut élevée par [[Sébastien Faure]]. A la fin de 1894 les convictions anarchistes de Rappa commencèrent à être ébranlées, et le dessinateur prit ses distances avec les idées les plus extrémistes qui s’étaient traduites par l’assassinat du Président [[Sadi Carnot (homme politique)|Sadi Carnot]] le 24 juin 1894. Les doutes de Rappa lui valurent les foudres de son camarade [[Emile Pouget]] et celui-ci l'aurait assommé d'un coup de bâton. Néanmoins Rappa mit ses talents au service du journal anarchiste « L’Anonymat » publié à Londres entre 1894 et 1898 par Luigi Parmeggiani. Ce personnage originaire de [[Reggio d'Émilie|Reggio d’Émilie]], établi comme antiquaire fut très controversé au sein du milieu anarchiste. Les affiches utilisées par le journal pour ses campagnes de presse ont été attribuées à Rappa. La prise de distance du dessinateur vis à vis de l’action violente amena la police à relâcher sa surveillance et à la fin de 1899, l'artiste put retourner en France où il commença son apprentissage chez le sculpteur médailleur [[Alexandre Charpentier]]. Rappa conserva un grand attachement à ce maître.<br>
En 1894, on lui proposa d’adopter la petite Sidonie, fille d’[[Auguste Vaillant]] guillotiné le {{date-|5 février 1894}}. Le {{date-|9 décembre 1893}}, Vaillant avait jeté une bombe dans la Chambre des députés. Rappa refusa d’adopter l’enfant âgée d’une dizaine d’années. Plusieurs personnes dont la duchesse d’Uzès s'étaient proposées comme tuteurs de l’orpheline<ref>La Croix, 16 janvier 1894</ref>. Finalement, elle fut élevée par [[Sébastien Faure]]. A la fin de 1894, les convictions anarchistes de Rappa commencèrent à être ébranlées, et le dessinateur prit ses distances avec les idées les plus extrémistes qui s’étaient traduites par l’[[Assassinat de Sadi Carnot|assassinat du Président Sadi Carnot]] le {{date-|24 juin 1894}}. Les doutes de Rappa lui valurent les foudres de son camarade [[Émile Pouget]] et celui-ci l'aurait assommé d'un coup de bâton. Néanmoins, Rappa mit ses talents au service du journal anarchiste ''L’Anonymat'' publié à Londres entre 1894 et 1898 par Luigi Parmeggiani, dit « Bertoux » (1860-1945)<ref>[https://maitron.fr/spip.php?article156268 « Parmeggiani, Luigi »], in: ''Le Maitron'', notice en ligne.</ref>. Ce personnage originaire de [[Reggio d'Émilie]], établi comme antiquaire, est alors très controversé au sein du milieu anarchiste. Les affiches utilisées par le journal pour ses campagnes de presse ont été attribuées à Rappa. La prise de distance du dessinateur vis-à-vis de l’action violente amena la police à relâcher sa surveillance et à la fin de 1899, Rappa peut retourner en France où il devient l'assistant du sculpteur médailleur [[Alexandre Charpentier]]. Rappa lui conservera un grand attachement, et le considère comme un maître.


=== L'activité artistique ===
=== L'activité artistique ===
Toutefois, il ne cessa pas de fréquenter les cercles anarchistes et c’est dans ces cercles que Séverin Rappa entra en contact avec [[Félix Fénéon]] (1861-1944), qui le présenta à [[Henri Matisse]]. Fénéon était à la fois une référence dans les mouvements révolutionnaires et un critique au goût très sûr. Il fut le protecteur de nombreux artistes et s'engagea dans de multiples combats dont celui de la libération de Dreyfus. Fénéon épousa en 1897 Stéphanie Goubaux, surnommée Fanny. Le 5 juillet 1910 Rappa la représenta avec la dédicace "A Fanny Fénéon, bien affectueusement de son ami Séverin Rappa".<br>
Toutefois, il ne va pas cesser de fréquenter les cercles anarchistes et c’est dans ces cercles que Séverin Rappa entre en contact avec [[Félix Fénéon]], qui, entre autres, va le présenter à [[Henri Matisse]]. À cette époque, Fénéon est à la fois une référence dans les mouvements révolutionnaires et un critique au goût très sûr. Il devient le protecteur de nombreux artistes et s'engage dans de multiples combats dont celui de la [[affaire Dreyfus|libération de Dreyfus]]. Fénéon avait épousé en 1897 Stéphanie Goubaux, surnommée « Fanny ». Le {{date-|5 juillet 1910}} Rappa la représenta avec la dédicace {{citation|''À Fanny Fénéon, bien affectueusement de son ami Séverin Rappa''}}.


Dans les années 1901-1904, sans doute par le biais de Fénéon, il se rapproche de la revue ''[[L'Œuvre d'art international]]'', animée par un autre italien, Francesco Zeppa, et [[Marcel Clavié]], à la sensibilité proche des anarchistes et des pacifistes<ref>[https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1188495z/f241.item Catalogue des éditions de L'Œuvre d'art international] (1904), sur Gallica.</ref>.
A Biella, on connaissait le talent de Rappa qui revenait de temps en temps, dans cette région et s’entretenait avec de vieux amis et camarades de classe. À la fin de Mars 1908, après sa deuxième expérience au « [[Salon des Indépendants]] »<ref>Catalogue de la 25e exposition 1909 : Jardin des Tuileries, Serres de l'Orangerie, du 25 mars au 2 mai 1908 - Source gallica.bnf.fr / BnF.</ref>, Rappa était à Biella et à cette occasion, avait exposé un album de ses dessins. Le bi-hebdomadaire « Risveglio» en informait ses lecteurs, en parlant de l’artiste accompli, source de fierté pour la région de Biella, un homme qui avait conquis le turbulent Paris…
L'une des personnalités les plus importantes qui animait le «[[Salon d'automne]]» était Henri Matisse, qui faisait partie du jury. Le 7 Septembre 1909 Matisse reçut une lettre du critique Félix Fénéon qui lui faisait remarquer la valeur du peintre Jan Verhoeven et du dessinateur sculpteur portraitiste Séverin Rappa<ref>Béatrice Joyeux-Prunel, « Le Salon d’Automne (1903-1914), l’avant-garde, ses étrangers et la nation française », Histoire et Mesure XXII-1, 2007 : 145-182.</ref>.
En avril 1909, certaines des œuvres de Rappa avaient été sélectionnées pour le "Salon de la société nationale" au Grand Palais. C’étaient des estampes tirées de ses dessins et placés dans la dix-huitième salle. La liste des exposants publiés par « Gil Blas » montre Rappa parmi les noms les plus célèbres de cette époque en France et ailleurs, de Paul Colin à Pierre Roche, d’Alphonse Lévy à Jacques Villon. Le mois précédent les travaux de Séverin Rappa avaient été accueillis à la XVIème exposition organisée par la "Libre Esthétique" de Bruxelles. Rappa y côtoyait Théo van Rysselberghe, Odilon Redon et Auguste Renoir.


En 1905, Rappa expose pour la première fois au salon de la [[Société nationale des beaux-arts]], deux dizaines de dessins au crayon<ref>[http://salons.musee-orsay.fr/index/exposant/265001 Fiche exposant SNBA 1905], base salons du musée d'Orsay.</ref>. Il y reviendra régulièrement chaque année et en deviendra membre. Dès 1906, il ajoute au dessins des [[Lithographie|lithographies]], en général des portraits ; durant cette période, il réside 37, [[rue de Charonne]], avant de passer rive gauche, au 35 [[rue de la Tombe-Issoire]], non loin de l'atelier d'Alexandre Charpentier (1910)<ref>[http://salons.musee-orsay.fr/index/exposant/180650 Fiche exposant SNBA 1906], base salons du musée d'Orsay.</ref>.
Le Figaro commentait sous la plume d’[[Arsène Alexandre]] les croquis de Séverin Rappa présent au "Salon des Indépendants ». Ses dessins exposés sur la terrasse des Tuileries avaient frappé le connaisseur qui les jugeait «spirituels et savants»<ref>Le Figaro 25 mars 1909 page 5.</ref>.


À [[Biella]], on connaissait le talent de Rappa qui y revenait de temps en temps, et s’entretenait avec de vieux amis et camarades de classe. Fin {{date-|mars 1908}}, après une seconde exposition de ses œuvres au [[salon des Indépendants]]<ref>''Catalogue de la {{25e}} exposition : Jardin des Tuileries, Serres de l'Orangerie'', du 25 mars au 2 mai 1908.</ref>, Rappa retourne dans cette ville et à cette occasion, expose un album de ses dessins. Le bi-hebdomadaire ''Risveglio'' en informe ses lecteurs, en parlant de lui comme d'un artiste accompli, source de fierté pour la région, un homme qui avait fini par conquérir le turbulent Paris…
Du 3 au 20 juin 1914 Séverin Rappa exposait dans la galerie J. Chaîne et Simonson du 19 rue Caumartin<ref>Catalogue de l'exposition : « Dessins, portraits et études par Severino Rappa : exposition, Galeries J. Chaîne et Simonson du 3 au 20 juin 1914 ». </ref> et une fois encore, c'est Arsène Alexandre qui souligne la valeur de l'art de Rappa, dans les pages du Figaro<ref>Le Figaro 3 juin 1914 page 4.</ref>. A sa voix se joignaient celles d’Edouard Sarradin du "Journal des débats politiques", et de Louis Hautecoeur rédacteur de "La Chronique des Arts". Il est à remarquer que les œuvres de l’artiste étaient disposées autour du portrait d’Alexandre Charpentier en hommage à son maître mort en 1909.

L'une des personnalités les plus importantes qui animait le [[salon d'Automne]] est Henri Matisse, à cette époque membre du jury. Le {{date-|7 septembre 1909}}, Matisse reçut une lettre du critique Félix Fénéon qui lui faisait remarquer la valeur du peintre [[Jan Verhoeven]] (1870-1941) et de Séverin Rappa<ref>Béatrice Joyeux-Prunel, « Le Salon d’Automne (1903-1914), l’avant-garde, ses étrangers et la nation française », in: ''Histoire et Mesure'', XXII-1, 2007, {{p.|145-182}}.</ref>.

En {{date-|avril 1909}}, certaines des œuvres de Rappa sont à nouveau sélectionnées pour le salon de la Société nationale des beaux-arts : ce sont des [[estampe]]s tirées de ses dessins. La recension établie par ''[[Gil Blas]]'' cite Rappa parmi les noms les plus en vue de cette époque. Le mois précédent les travaux de Séverin Rappa avaient été accueillis à la {{XVIe}} exposition organisée par [[La Libre Esthétique]] de Bruxelles. Rappa y côtoyait [[Théo Van Rysselberghe]], [[Odilon Redon]] et [[Auguste Renoir]]. ''Le Figaro'' commenta sous la plume d’[[Arsène Alexandre]] les croquis de Rappa présent au Salon des Indépendants. Ses dessins exposés sur la terrasse des Tuileries frappa le connaisseur qui les jugea « spirituels et savants »<ref>''Le Figaro'', Paris, 25 mars 1909, {{p.|5}}.</ref>.

Revenant du salon de la Nationale de 1910, [[Guillaume Apollinaire]] écrit : {{citation|[les dessins] de Séverin Rappa, confesseur de physionomies, artiste délicat et sincère}}<ref>G. Apollinaire, ''Chroniques D'Art (1902-1918)'', Paris, Gallimard, 1960, {{p.|81}}.</ref>.

Du 3 au {{date-|20 juin 1914}}, Rappa expose à Paris dans la galerie J. Chaîne et Simonson du 19 rue Caumartin<ref>Catalogue de l'exposition : « Dessins, portraits et études par Severino Rappa : exposition, Galeries J. Chaîne et Simonson du 3 au 20 juin 1914 ». </ref> et une fois encore, c'est Arsène Alexandre qui souligne la valeur de l'art de Rappa, dans les pages du ''Figaro''<ref>''Le Figaro'', Paris, 3 juin 1914, {{p.|4}}.</ref>. À sa voix se joignaient celles d’Édouard Sarradin du ''Journal des débats politiques'', et de [[Louis Hautecœur]], rédacteur de ''La Chronique des arts''. Il est à remarquer que les œuvres de l’artiste étaient disposées autour du portrait d’Alexandre Charpentier, en hommage à son maître, mort en 1909.
[[Fichier:Catalogue_Rappa_1914_-_page_de_couverture.jpg|vignette|Exposition des dessins portraits et études de Severino Rappa - Galeries J. Chaine et Simonson - Paris 1914]]
[[Fichier:Catalogue_Rappa_1914_-_page_de_couverture.jpg|vignette|Exposition des dessins portraits et études de Severino Rappa - Galeries J. Chaine et Simonson - Paris 1914]]
Lors de la décennie suivante Severino Rappa conserva une popularité certaine attestée par de multiples articles dans les pages culturelles des journaux et dans les revues d’art. Entre 1923 et 1925, ses dessins fournirent des illustrations pour « Le Bulletin de la Vie artistique », périodique parisien qui publia des portraits signés Rappa représentant le peintre néo-impressionniste [[Maximilien Luce]]<ref>Bulletin de la vie artistique 15 janvier 1924 - Source gallica.bnf.fr/BnF</ref> (Rappa avait déjà fait un triple croquis de sa femme, Ambrosine Bouin), [[Claude Anet]] (écrivain et joueur de tennis représenté en 1910) et le critique [[Gustave Geffroy]]<ref>Bulletin de la vie artistique 15 octobre 1923 page 436 - Source gallica.bnf.fr/BnF</ref>.
Au cours de la décennie suivante, Rappa conserve une popularité certaine, attestée par de multiples articles dans les pages culturelles des journaux et dans les revues d’art. Entre 1923 et 1925, ses dessins fournirent des illustrations pour ''Le Bulletin de la vie artistique'', périodique parisien qui publia des portraits signés Rappa, entre autres celui de [[Maximilien Luce]]<ref>''Bulletin de la vie artistique'', Paris, 15 janvier 1924.</ref>. Rappa fit aussi un triple croquis de l'épouse de Luce, Ambrosine Bouin, de [[Claude Anet]] (1910) et du critique [[Gustave Geffroy]]<ref>''Bulletin de la vie artistique'', 15 octobre 1923, {{p.|436}}.</ref>.

La date de son décès est restée longtemps méconnue (le musée d'Orsay indique « 1916 »). Séverin Rappa est mort à l’[[Hôpital Cochin]] le {{date-|8 avril 1945}} et résidait à ce moment-là au 4, [[rue Thouin]] dans le [[5e arrondissement de Paris|5{{e}} arrondissement de Paris]]<ref name="AP"/>.

== Œuvre ==
=== Collections publiques ===
* ''Primavera'', mine de plomb, 1908, [[Département des arts graphiques du musée du Louvre|musée du Louvre, départements des Arts graphiques]]<ref>[http://arts-graphiques.louvre.fr/detail/oeuvres/1/43650-Primavera Base inventaire des Arts graphiques], notice en ligne, musée du Louvre.</ref>.
* ''Adolescence. Portrait de Mademoiselle J. R.''<ref>{{Base Arcade|AR451534}}.</ref>, lithographie, 1908.
* ''Convalescente'', lithographie, 1909, musée d'[[Auneuil]]<ref>{{Base Arcade|AR011759}}.</ref>.
* ''Abandon''<ref>{{Base Arcade|AR451533}}.</ref>, lithographie, 1910.
* ''Le Sculpteur Alexandre Charpentier sur son lit de mort''<ref>{{Base Arcade|AR451537}}.</ref>, dessin, avant 1917.

=== Ouvrages illustrés ===
{{...}}


* [[Maurice Martin (journaliste)|Maurice Martin]], ''Le Ciel. L'Océan. La Forêt. Le Triptyque. Poèmes de la Cote d'Argent'', portrait en frontispice, Paris, Em.-J-B. Brocherioux, 1923.
Curieusement la date de décès de l’artiste est méconnue . Selon Craveia, des sources signalent sa mort en 1936, d'autres en 1942. En réalité Séverin Rappa est mort à l’[[Hôpital Cochin]] le 8 avril 1945<ref>Etat civil de Paris – 14e arrondissement.</ref>. Auparavant il résidait 4, rue Thouin dans le 5e arrondissement de Paris.
* [[George Bonnamour]], ''Le Songe de Shakespeare. Poème'', frontispice, Paris, [[André Delpeuch]], 1931.
* George Bonnamour, ''La Cendre des jours. Poèmes'', frontispice, Paris, La Caravelle, 1935.
* [[Jean Paulhan]], ''[[Félix Fénéon|F.F.]] ou le Critique'', collectifs d'illustrateurs, Paris, Gallimard, 1945.


== Références ==
== Références ==
<references />


== Liens externes ==
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[[Catégorie:Décès dans le 14e arrondissement de Paris]]
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Dernière version du 31 août 2024 à 22:47

Séverin Rappa
Portrait photographique de Séverin Rappa (1938)
Biographie
Naissance
Décès
Nom de naissance
Severino Rappa
Nationalité
franco-italien
Activité
dessinateur, graveur, lithographe
Autres informations
Maître

Séverin Rappa né le à Andorno Cacciorna (Royaume d'Italie) et mort le à Paris 14e, est un sculpteur-ébéniste, dessinateur et graveur franco-italien.

Militant anarchiste et proche ami de Félix Fénéon, ses œuvres ont été exposées au Salon d'automne et lors de nombreuses manifestations artistiques.

Les années de formation et de militantisme anarchiste

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Fils de Lorenzo Rappa et Rosa Golzio, Severino Rappa est originaire du Piémont[1].

Rappa apprend le métier de sculpteur sur bois à l'École professionnelle de Biella[2]. Diplômé en ébénisterie vers l'âge de vingt ans, il se rend en Suisse pour rejoindre le milieu anarchiste, très implanté entre autres à Genève et dans le Tessin : à Lugano, en particulier, s’était constituée une importante communauté anarchiste sur les traces de Bakounine, mort en 1876, et sous la direction d'autres figures de proue du mouvement. Ainsi, Rappa peut se former auprès des représentants les plus emblématiques de la doctrine anarchiste, au moins jusqu'en 1890-1891. La répression au cours de cette période de deux ans force les anarchistes déclarés et les sympathisants à quitter la Suisse. En 1892, l'Europe est secouée par plusieurs attaques de la mouvance anarcho-insurrectionnelle et Rappa, réfugié à Lyon, est arrêté le au cours d'une ronde de la police française. Il parvient à rejoindre Paris et il est arrêté le 2 avril suivant, avec une trentaine d'autres camarades étrangers[3]. Expulsé de France, il traverse la Manche et s'installe à Londres, sur Cleveland Street, avec sa compagne Clémence Maréchal, anarchiste comme lui[4].

En 1894, on lui proposa d’adopter la petite Sidonie, fille d’Auguste Vaillant guillotiné le . Le , Vaillant avait jeté une bombe dans la Chambre des députés. Rappa refusa d’adopter l’enfant âgée d’une dizaine d’années. Plusieurs personnes dont la duchesse d’Uzès s'étaient proposées comme tuteurs de l’orpheline[5]. Finalement, elle fut élevée par Sébastien Faure. A la fin de 1894, les convictions anarchistes de Rappa commencèrent à être ébranlées, et le dessinateur prit ses distances avec les idées les plus extrémistes qui s’étaient traduites par l’assassinat du Président Sadi Carnot le . Les doutes de Rappa lui valurent les foudres de son camarade Émile Pouget et celui-ci l'aurait assommé d'un coup de bâton. Néanmoins, Rappa mit ses talents au service du journal anarchiste L’Anonymat publié à Londres entre 1894 et 1898 par Luigi Parmeggiani, dit « Bertoux » (1860-1945)[6]. Ce personnage originaire de Reggio d'Émilie, établi comme antiquaire, est alors très controversé au sein du milieu anarchiste. Les affiches utilisées par le journal pour ses campagnes de presse ont été attribuées à Rappa. La prise de distance du dessinateur vis-à-vis de l’action violente amena la police à relâcher sa surveillance et à la fin de 1899, Rappa peut retourner en France où il devient l'assistant du sculpteur médailleur Alexandre Charpentier. Rappa lui conservera un grand attachement, et le considère comme un maître.

L'activité artistique

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Toutefois, il ne va pas cesser de fréquenter les cercles anarchistes et c’est dans ces cercles que Séverin Rappa entre en contact avec Félix Fénéon, qui, entre autres, va le présenter à Henri Matisse. À cette époque, Fénéon est à la fois une référence dans les mouvements révolutionnaires et un critique au goût très sûr. Il devient le protecteur de nombreux artistes et s'engage dans de multiples combats dont celui de la libération de Dreyfus. Fénéon avait épousé en 1897 Stéphanie Goubaux, surnommée « Fanny ». Le Rappa la représenta avec la dédicace « À Fanny Fénéon, bien affectueusement de son ami Séverin Rappa ».

Dans les années 1901-1904, sans doute par le biais de Fénéon, il se rapproche de la revue L'Œuvre d'art international, animée par un autre italien, Francesco Zeppa, et Marcel Clavié, à la sensibilité proche des anarchistes et des pacifistes[7].

En 1905, Rappa expose pour la première fois au salon de la Société nationale des beaux-arts, deux dizaines de dessins au crayon[8]. Il y reviendra régulièrement chaque année et en deviendra membre. Dès 1906, il ajoute au dessins des lithographies, en général des portraits ; durant cette période, il réside 37, rue de Charonne, avant de passer rive gauche, au 35 rue de la Tombe-Issoire, non loin de l'atelier d'Alexandre Charpentier (1910)[9].

À Biella, on connaissait le talent de Rappa qui y revenait de temps en temps, et s’entretenait avec de vieux amis et camarades de classe. Fin , après une seconde exposition de ses œuvres au salon des Indépendants[10], Rappa retourne dans cette ville et à cette occasion, expose un album de ses dessins. Le bi-hebdomadaire Risveglio en informe ses lecteurs, en parlant de lui comme d'un artiste accompli, source de fierté pour la région, un homme qui avait fini par conquérir le turbulent Paris…

L'une des personnalités les plus importantes qui animait le salon d'Automne est Henri Matisse, à cette époque membre du jury. Le , Matisse reçut une lettre du critique Félix Fénéon qui lui faisait remarquer la valeur du peintre Jan Verhoeven (1870-1941) et de Séverin Rappa[11].

En , certaines des œuvres de Rappa sont à nouveau sélectionnées pour le salon de la Société nationale des beaux-arts : ce sont des estampes tirées de ses dessins. La recension établie par Gil Blas cite Rappa parmi les noms les plus en vue de cette époque. Le mois précédent les travaux de Séverin Rappa avaient été accueillis à la XVIe exposition organisée par La Libre Esthétique de Bruxelles. Rappa y côtoyait Théo Van Rysselberghe, Odilon Redon et Auguste Renoir. Le Figaro commenta sous la plume d’Arsène Alexandre les croquis de Rappa présent au Salon des Indépendants. Ses dessins exposés sur la terrasse des Tuileries frappa le connaisseur qui les jugea « spirituels et savants »[12].

Revenant du salon de la Nationale de 1910, Guillaume Apollinaire écrit : « [les dessins] de Séverin Rappa, confesseur de physionomies, artiste délicat et sincère »[13].

Du 3 au , Rappa expose à Paris dans la galerie J. Chaîne et Simonson du 19 rue Caumartin[14] et une fois encore, c'est Arsène Alexandre qui souligne la valeur de l'art de Rappa, dans les pages du Figaro[15]. À sa voix se joignaient celles d’Édouard Sarradin du Journal des débats politiques, et de Louis Hautecœur, rédacteur de La Chronique des arts. Il est à remarquer que les œuvres de l’artiste étaient disposées autour du portrait d’Alexandre Charpentier, en hommage à son maître, mort en 1909.

Exposition des dessins portraits et études de Severino Rappa - Galeries J. Chaine et Simonson - Paris 1914

Au cours de la décennie suivante, Rappa conserve une popularité certaine, attestée par de multiples articles dans les pages culturelles des journaux et dans les revues d’art. Entre 1923 et 1925, ses dessins fournirent des illustrations pour Le Bulletin de la vie artistique, périodique parisien qui publia des portraits signés Rappa, entre autres celui de Maximilien Luce[16]. Rappa fit aussi un triple croquis de l'épouse de Luce, Ambrosine Bouin, de Claude Anet (1910) et du critique Gustave Geffroy[17].

La date de son décès est restée longtemps méconnue (le musée d'Orsay indique « 1916 »). Séverin Rappa est mort à l’Hôpital Cochin le et résidait à ce moment-là au 4, rue Thouin dans le 5e arrondissement de Paris[1].

Collections publiques

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Ouvrages illustrés

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  • Maurice Martin, Le Ciel. L'Océan. La Forêt. Le Triptyque. Poèmes de la Cote d'Argent, portrait en frontispice, Paris, Em.-J-B. Brocherioux, 1923.
  • George Bonnamour, Le Songe de Shakespeare. Poème, frontispice, Paris, André Delpeuch, 1931.
  • George Bonnamour, La Cendre des jours. Poèmes, frontispice, Paris, La Caravelle, 1935.
  • Jean Paulhan, F.F. ou le Critique, collectifs d'illustrateurs, Paris, Gallimard, 1945.

Références

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  1. a et b Archives de Paris 14e, année 1945, décès, acte n° 2046 (vue 6/31).
  2. (it) Craveia Danilo, « Anarchia e arte: storia di Severino Rappa e del ‘Salon d’Automne’ », in: Eco di Biella, 29 gennaio 2017.
  3. Le Parti ouvrier, Paris, 3 avril 1892, p. 2.
  4. Constance Bantman, « Anarchismes et anarchistes en France et en Grande-Bretagne, 1880-1914 », in: Échanges, représentations, transferts, thèse soutenue le 24 mars 2007 - Université Paris XIII.
  5. La Croix, 16 janvier 1894
  6. « Parmeggiani, Luigi », in: Le Maitron, notice en ligne.
  7. Catalogue des éditions de L'Œuvre d'art international (1904), sur Gallica.
  8. Fiche exposant SNBA 1905, base salons du musée d'Orsay.
  9. Fiche exposant SNBA 1906, base salons du musée d'Orsay.
  10. Catalogue de la 25e exposition : Jardin des Tuileries, Serres de l'Orangerie, du 25 mars au 2 mai 1908.
  11. Béatrice Joyeux-Prunel, « Le Salon d’Automne (1903-1914), l’avant-garde, ses étrangers et la nation française », in: Histoire et Mesure, XXII-1, 2007, p. 145-182.
  12. Le Figaro, Paris, 25 mars 1909, p. 5.
  13. G. Apollinaire, Chroniques D'Art (1902-1918), Paris, Gallimard, 1960, p. 81.
  14. Catalogue de l'exposition : « Dessins, portraits et études par Severino Rappa : exposition, Galeries J. Chaîne et Simonson du 3 au 20 juin 1914 ».
  15. Le Figaro, Paris, 3 juin 1914, p. 4.
  16. Bulletin de la vie artistique, Paris, 15 janvier 1924.
  17. Bulletin de la vie artistique, 15 octobre 1923, p. 436.
  18. Base inventaire des Arts graphiques, notice en ligne, musée du Louvre.
  19. Notice no AR451534, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Arcade, ministère français de la Culture.
  20. Notice no AR011759, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Arcade, ministère français de la Culture.
  21. Notice no AR451533, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Arcade, ministère français de la Culture.
  22. Notice no AR451537, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Arcade, ministère français de la Culture.

Liens externes

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