Aller au contenu

« Le Crocodile (projet de film) » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Soboky (discuter | contributions)
m Italique
Vlaam (discuter | contributions)
m v2.05 - liens vers les pages d'homonymie - D8
 
(194 versions intermédiaires par 63 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Voir homonymes|Le Crocodile}}
{{Voir homonymes|Le Crocodile}}
{{Entête label|BA|année=2014}}
{{titre en italique}}
{{Infobox Cinéma (film)
{{Infobox Cinéma (film)
| titre = ''Le Crocodile''
| titre = Le Crocodile
| image =Nile crocodile head.jpg
| image = Nile crocodile head.jpg
| upright = 1.20
| upright = 1.20
| légende = Un [[crocodile]], animal auquel Gérard Oury compare les [[dictateur (sens moderne)|dictateurs]] : {{Citation|Mais si [[Adolf Hitler|Hitler]], [[Benito Mussolini|Mussolini]] et [[Joseph Staline|Staline]] sont morts, combien d'autres crocodiles leur ont succédé, plus modernes dans leur art de faire (…)<ref name="Oury 1988" />.}}
| alt = Photographie d'un [[crocodile]] du Nil, sur un sol rocheux.
| légende = Un [[crocodile]], l'animal éponyme du film.
| titre québécois =
| titre québécois =
| titre original =
| titre original =
| réalisation = [[Gérard Oury]]
| réalisation = [[Gérard Oury]]
| scénario = Gérard Oury<br />[[Danièle Thompson]]<br />[[Josy Eisenberg]]<ref name="Dicale2009">{{harvsp|Dicale|2009}}.</ref><br />[[Jim Moloney]] ([[#Seconde tentative, avec Peter Sellers (1979-1980)|2{{Exp|nd}} tentative]])
| scénario = {{liste simple|
* Gérard Oury
* [[Danièle Thompson]]
* [[Josy Eisenberg]]<ref name="Dicale2009">{{harvsp|Dicale|2009}}.</ref>
* [[Jim Moloney]] <small>([[#Seconde tentative, avec Peter Sellers (1979-1980)|{{2nde}} tentative]])</small>
}}
| acteur = [[Louis de Funès]]<br />[[Peter Sellers]] ([[#Seconde tentative, avec Peter Sellers (1979-1980)|2{{Exp|nd}} tentative]])<br />[[Régine Crespin]]<br />[[Aldo Maccione]]<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref group="C" name="maccione gérard"/>{{,}}<ref name="Dicale 2012" /><br />[[Charles Gérard]]<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref group="C" name="maccione gérard"/>{{,}}<ref name="Dicale 2012" />
| acteur = {{liste simple|
| production = [[Films Pomereu]]<ref group="Note">La société [[Films Pomereu]] est la société de production de Bertrand Javal et avait déjà produit le précédent film de [[Gérard Oury]], ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]''.</ref><br />[[Gaumont]]<br />[[Pathé Distribution|AMLF]]<ref group="Note">Le logo [[Pathé Distribution|AMLF]] est visible sur la pré-affiche publiée dans ''[[Le Film français]]''.</ref>
* [[Louis de Funès]]
* [[Peter Sellers]] <small>([[#Seconde tentative, avec Peter Sellers (1979-1980)|{{2nde}} tentative]])</small>
* [[Régine Crespin]]
* [[Aldo Maccione]]
* [[Charles Gérard]]
}}
| production = {{liste simple|
* [[Films Pomereu]]<ref group="note">La société [[Films Pomereu]] est la société de production de Bertrand Javal et avait déjà produit le précédent film de [[Gérard Oury]], ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]''.</ref>
* [[Gaumont]]
* [[Pathé Distribution|AMLF]]<ref group="note">Le logo [[Pathé Distribution|AMLF]] est visible sur la pré-affiche publiée dans ''[[Le Film français]]''.</ref>
}}
| pays = {{France}}
| pays = {{France}}
| genre = [[Comédie]], [[aventure]]
| genre = [[Comédie]], [[aventure]]
Ligne 19 : Ligne 33 :
}}
}}


'''''Le Crocodile''''', d'abord intitulé '''''La Baraka''''', est un projet de [[comédie]] [[Cinéma français|française]] inabouti de [[Gérard Oury]], d'après un scénario du même, de sa fille [[Danièle Thompson]] et de [[Josy Eisenberg]]. Gérard Oury tente de réaliser son projet de [[1974 au cinéma|1974]] à [[1976 au cinéma|1976]] avec, dans le rôle principal, [[Louis de Funès]], puis de [[1979 au cinéma|1979]] à [[1980 au cinéma|1980]], avec l'acteur britannique [[Peter Sellers]].
'''''Le Crocodile''''', d'abord intitulé '''''La Baraka''''', est un projet de [[Comédie (cinéma)|film comique]] [[Cinéma français|français]] inabouti de [[Gérard Oury]], d'après un scénario du même, de sa fille [[Danièle Thompson]] et de [[Josy Eisenberg]]. Gérard Oury tente de réaliser son projet de [[1974 au cinéma|1974]] à [[1976 au cinéma|1976]] avec, dans le rôle principal, [[Louis de Funès]], puis de [[1979 au cinéma|1979]] à [[1980 au cinéma|1980]], avec l'acteur britannique [[Peter Sellers]].


Le film aurait raconté les aventures et mésaventures de Crochet, dictateur d'un pays imaginaire d'[[Amérique du Sud]]. À travers ces différentes péripéties, le film aurait dénoncé et caricaturé les [[Totalitarisme|régimes totalitaires]] de la fin du {{s-|XX|e}}, comme l'avait fait [[Charlie Chaplin]] dans ''[[Le Dictateur]]'' avec la dictature d'[[Adolf Hitler]], tandis que le nom du despote, {{citation|Crochet}}, devait rappeler le nom du dictateur [[Augusto Pinochet]]. L'histoire en elle-même rappelait celle du film de Chaplin.
Prévu pour être la {{5e}} collaboration du réalisateur avec [[Louis de Funès]] après les succès de ''[[Le Corniaud]]'', ''[[La Grande Vadrouille]]'', ''[[La Folie des grandeurs]]'' et ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]'', le film aurait raconté les aventures et mésaventures de Crochet, dictateur d'un pays imaginaire d'[[Amérique du Sud]]. À travers ces différentes péripéties, le film aurait dénoncé et caricaturé les [[Totalitarisme|régimes totalitaires]] de la fin du {{s|XX|e}}, comme l'avait fait [[Charlie Chaplin]] dans ''[[Le Dictateur]]'' avec la dictature d'[[Adolf Hitler]], tandis que le nom du despote, {{Citation|Crochet}}, devait rappeler le nom du dictateur [[Augusto Pinochet]]. L'histoire en elle-même rappelle celle du film de Chaplin.

Le projet a été abandonné à la suite des deux [[infarctus]] successifs de [[Louis de Funès]] les [[21 mars|21]] et {{date|30|mars|1975}}, alors que le tournage devait commencer le [[14 mai]], à [[Athènes]], en [[Grèce]]. L'abandon du projet a pour conséquence la faillite de la société de production [[Films Pomereu]].

Quelques années plus tard, [[Gérard Oury]] a tenté de tourner le film avec [[Peter Sellers]], mais a mis définitivement fin à son projet à la mort brutale de l'acteur le {{date|24|juillet|1980}}, d'un [[infarctus]].


== Synopsis ==
== Synopsis ==
=== Synopsis court ===
=== Synopsis court ===
[[Fichier:محمدرضا شاه پهلوی.jpg|150px|vignette|droite|alt=Photographie-portrait de [[Mohammad Reza Pahlavi]], dernier [[Chah|shah]] d'[[Dynastie Pahlavi|Iran]], dans un costume militaire d'apparat (un uniforme noir décoré de dorures et plusieurs médailles sur sa poitrine).|[[Mohammad Reza Pahlavi]], dernier [[Chah|shah]] d'[[Dynastie Pahlavi|Iran]].]]
[[Fichier:Mohammad Reza Pahlavi 2.jpg|redresse|vignette|droite|alt=plan américain d'un homme d'une cinquantaine d'année, dans un costume militaire d'apparat noir décoré de dorures et de nombreuses énormes médailles sur sa poitrine|[[Mohammad Reza Pahlavi]], dernier [[Chah|shah]] d'[[État impérial d'Iran|Iran]].]]
Un dictateur nommé Crochet est trahi par tout le monde. Afin de gagner en popularité, il organise de faux attentats contre lui. La plupart se révèleront être réels ! Le dictateur est finalement jeté en prison par l'amant [[Coup d'État|putschiste]] de sa femme. Crochet cohabite alors avec les détenus qui ont été emprisonnés sur son ordre. Il réussit pourtant à les rallier à sa cause afin de rétablir sa dictature<ref name="lexpress20130211">{{lien web|url=http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/culture/cinema/fantomas-a-moscou-le-gendarme-au-japon-asterix-le-crocodile-7-films-jamais-tournes-par-louis-de-funes_1217660.html|titre=Le Gendarme au Japon, Fantômas à Moscou, Astérix, Le Crocodile... 7 films jamais tournés par Louis de Funès|auteur=Julien Jouanneau|date=11 février 2013|consulté le=23 juillet 2014|site=[[L'Express]]}}.</ref>{{,}}<ref name="Dicale2009" />{{,}}<ref name="doc bonnotte">''Louis De Funès, l'Irrésistible'', film documentaire de [[Stéphane Bonnotte]] diffusé en [[2013 à la télévision|2013]] sur le bouquet de chaînes cinéma [[Ciné+]].</ref>.
Un dictateur nommé Crochet est trahi par tout le monde. Afin de gagner en popularité, il organise de faux attentats contre lui. La plupart se révèleront être réels. Le dictateur est finalement jeté en prison par l'amant [[Coup d'État|putschiste]] de sa femme. Crochet cohabite alors avec les détenus qui ont été emprisonnés sur son ordre. Il réussit à les rallier à sa cause afin de rétablir sa dictature<ref name="lexpress20130211">{{lien web|url=http://www.lexpress.fr/diaporama/diapo-photo/culture/cinema/fantomas-a-moscou-le-gendarme-au-japon-asterix-le-crocodile-7-films-jamais-tournes-par-louis-de-funes_1217660.html|titre=Le Gendarme au Japon, Fantômas à Moscou, Astérix, Le Crocodile... 7 films jamais tournés par Louis de Funès|auteur=Julien Jouanneau|lien auteur1=Julien Jouanneau|date=11 février 2013|consulté le=23 juillet 2014|site=[[L'Express]]}}.</ref>{{,}}<ref name="Dicale2009" />{{,}}<ref name="doc bonnotte">''Louis De Funès, l'Irrésistible'', film documentaire de Stéphane Bonnotte diffusé en [[2013 à la télévision|2013]] sur le bouquet de chaînes cinéma [[Ciné+]].</ref>.


=== Synopsis long ===
=== Synopsis long ===
Le colonel, général, ou capitaine Crochet règne en maître sur un pays imaginaire d'[[Amérique du Sud]], ou même d'[[Europe du Sud]] puisque les colonels grecs ou [[António de Oliveira Salazar|Salazar]] au [[Portugal]] comptent parmi les inspirations d'Oury<ref name="Dicale2009"/>. Dans ce pays, déconfiture économique, privation des libertés et révoltes font partie du lot quotidien. Subitement, Crochet voit tout s’effondrer autour de lui : tout comme [[Anastasio Somoza Debayle|Somoza]] au [[Nicaragua]] ou encore le [[Mohammad Reza Pahlavi|shah]] d'[[Dynastie Pahlavi|Iran]], les Américains finissent par le lâcher, les milliards qu'il avait cachés en [[Suisse]] s'évaporent, il est politiquement mort et sa popularité est naturellement au plus bas. Les problèmes viennent même de sa propre famille : son fils le trahit et passe à la gauche révolutionnaire, tandis que son épouse fomente une insurrection. Elle entretient en effet une liaison amoureuse avec le chef de la police, et veut l'installer à la place de son mari.
Le colonel, général, ou capitaine Crochet règne en maître sur un pays imaginaire d'[[Amérique du Sud]], ou même d'[[Europe du Sud]] puisque les colonels grecs ou [[António de Oliveira Salazar|Salazar]] au [[Portugal]] comptent parmi les inspirations d'Oury<ref name="Dicale2009"/>. Dans ce pays, en déconfiture économique, privation des libertés et révoltes font partie du lot quotidien. Subitement, Crochet voit tout s’effondrer autour de lui : tout comme [[Anastasio Somoza Debayle|Somoza]] au [[Nicaragua]] ou encore le [[Mohammad Reza Pahlavi|shah]] d'[[État impérial d'Iran|Iran]], les Américains finissent par le lâcher, les milliards qu'il avait cachés en [[Suisse]] s'évaporent, il est politiquement mort et sa popularité est naturellement au plus bas. Les problèmes viennent même de sa propre famille : son fils le trahit et passe à la gauche révolutionnaire, tandis que son épouse fomente une insurrection. Elle entretient en effet une liaison amoureuse avec le chef de la police, et veut l'installer à la place de son mari.


Pour renverser la situation, le dictateur organise lui-même une série de faux attentats sur sa propre personne. Ignorant que de vrais ont été préparés par sa femme, il passe héroïquement au travers des attentats sans suspecter leur dangerosité. Crochet n'est pas mort, mais sa femme fait de son amant le nouveau maître du pays. Tous deux le jettent en prison, en espérant qu'il se fasse massacrer par ceux qui s'y trouvent, car c'est lui qui les y a envoyés. Mais Crochet est fourbe et rusé : il change de camp et s'appuie sur ses ex-adversaires pour s'évader. Avec leur aide, il établit une dictature d'[[Extrême gauche|extrême-gauche]] en tout point semblable à celle d'[[Extrême droite|extrême-droite]] qu'il exerçait une semaine auparavant<ref name="devildead">{{lien web|url=http://www.devildead.com/histoiresdetournages/index.php?idart=55|auteur=Philippe Lombard|titre=Le Crocodile (Gérard Oury)|date=15 décembre 2008|consulté le=23 juillet 2014|site=devildead.com}}.</ref>{{,}}<ref name="Oury 1988" />{{,}}<ref name="doc bonnotte" />.
Pour renverser la situation, le dictateur organise lui-même une série de faux [[attentat]]s sur sa propre personne. Ignorant que de vrais ont été préparés par sa femme, il passe héroïquement au travers des attentats sans suspecter leur dangerosité. Crochet n'est pas mort, mais sa femme fait de son amant le nouveau maître du pays. Tous deux le jettent en prison, en espérant qu'il se fasse massacrer par ceux qui s'y trouvent, car c'est lui qui les y a envoyés. Mais Crochet est fourbe et rusé : il change de camp et s'appuie sur ses ex-adversaires pour s'évader. Avec leur aide, il établit une dictature d'[[Extrême gauche|extrême-gauche]] en tout point semblable à celle d'[[Extrême droite|extrême-droite]] qu'il exerçait une semaine auparavant<ref name="devildead">{{lien web|url=http://histoiresdetournages.devildead.com/index.php?idart=55 |auteur=Philippe Lombard|titre=Le Crocodile (Gérard Oury)|date=15 décembre 2008|consulté le=23 juillet 2014|site=devildead.com}}.</ref>{{,}}<ref name="Oury 1988" />{{,}}<ref name="doc bonnotte" />.


== Première tentative, avec Louis de Funès (1974-1976) ==
== Projet initial, avec Louis de Funès ==
<gallery mode=nolines caption="Principaux protagonistes du film." widths="190px" heights="190px">
<gallery mode="nolines" widths="190px" heights="190px" caption="Principaux interprètes de la première tentative du projet (sélection)">
Louis de funes 1978 ws 1-zoom.jpg|alt=Photographie d'un homme âgé de 64 ans, debout (légèrement courbé), dans un uniforme de gendarme, les yeux écarquillés.|[[Louis de Funès]],<br />en 1978.
Louis de funes 1978 ws 1-zoom.jpg|alt=Photographie d'un homme âgé chauve de 64 ans, debout (légèrement courbé), dans un uniforme de gendarme, les yeux écarquillés.|[[Louis de Funès]],<br />en 1978.
Regine Crespin (centrée).jpg|alt=[[Régine Crespin]], sur scène, les mains jointes, émue, lors de son dernier concert (elle se fait applaudir).|[[Régine Crespin]],<br />en 1987.
Gérard Oury 1960.jpg|alt=Photographie d'un homme d'une quarantaine d'années, en costume de ville, arborant un léger sourire.|[[Gérard Oury]],<br /> en 1960.
Gérard Oury (centrée).jpg|alt=Photographie d'un homme âgé, aux cheveux blancs, portant des lunettes, montant les marches du [[Festival de Cannes]]. Il sourit aux photographes.|[[Gérard Oury]],<br /> en 2001.
Danièle Thompson avp 2014 (centrée).jpg|alt=Femme de 72 ans, cheveux au balayage blond, les yeux très bleus, souriante|[[Danièle Thompson]],<br />en 2014.
Danièle Thompson avp 2014 (centrée).jpg|alt=[[Danièle Thompson]], souriante, s'arrêtant pour être photographiée (elle se dirigé vers l'entrée d'un cinéma).|[[Danièle Thompson]],<br />en 2014.
Regine Crespin (centrée).jpg|alt=Femme d'une cinquantaine d'années sur scène, les mains jointes, cheveux noirs, un peu ronde, l'air heureux|[[Régine Crespin]] lors de son dernier concert<br />en 1987.
Aldo Maccione 1970.jpg|alt=|[[Aldo Maccione]] en 1970.
</gallery>
</gallery>

=== Fiche technique ===
=== Fiche technique ===
* Titre : ''Le Crocodile''
* Titre : ''Le Crocodile''
* Réalisation : [[Gérard Oury]]
* Réalisation : [[Gérard Oury]]
* Scénario, adaptation et dialogues : Gérard Oury, [[Danièle Thompson]], [[Josy Eisenberg]]<ref group="Note" name="josyeisenberg">Josy Eisenberg, étant [[rabbin]], avait notamment participé à l'écriture du scénario des ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob|Aventures de Rabbi Jacob]]'', en faisant office de consultant.</ref>
* Scénario, adaptation et dialogues : Gérard Oury, [[Danièle Thompson]], [[Josy Eisenberg]]<ref group="note" name="josyeisenberg">Josy Eisenberg, étant [[rabbin]], avait notamment participé à l'écriture du scénario des ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob|Aventures de Rabbi Jacob]]'', en faisant office de consultant.</ref>
* Création des costumes : [[Jacques Fonteray]]
* Production : [[Films Pomereu|Bertrand Javal]]
* Production : Bertrand Javal
* Costumes : [[Jacques Fonteray]]
* Sociétés de production : [[Films Pomereu]]
* Société de distribution prévue : [[Pathé Distribution|AMLF]]
* Langue originale : [[français]]
* Langue originale : [[français]]
* Genre : Comédie, aventure
* Genre : Comédie, aventure
Ligne 51 : Ligne 73 :
** {{France}}
** {{France}}
** {{Grèce}}<ref group="C" name="les éléphants" /> : [[Athènes]]<ref group="C" name="tournage athènes"/>
** {{Grèce}}<ref group="C" name="les éléphants" /> : [[Athènes]]<ref group="C" name="tournage athènes"/>
** {{Tunisie}}
** {{Nouveau-Mexique}}


=== Distribution ===
=== Distribution ===
* [[Louis de Funès]] : le dictateur Crochet
* [[Louis de Funès]] : le dictateur Crochet
* [[Régine Crespin]] : l'épouse du dictateur<ref group="C" name="Crespin femme"/>
* [[Régine Crespin]] : Rita, l'épouse du dictateur<ref group="C" name="Crespin femme"/>
* [[Aldo Maccione]] : le chef de la police, amant de la femme de Crochet<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref group="C" name="maccione gérard"/>{{,}}<ref name="Dicale 2012" />
* [[Aldo Maccione]] : le major Roméo, chef de la police, amant de la femme de Crochet<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref group="C" name="maccione gérard"/>{{,}}<ref name="Dicale 2012" />
* [[Charles Gérard]] : rôle indéterminé<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref group="C" name="maccione gérard"/>{{,}}<ref name="Dicale 2012" />
* [[Charles Gérard]] : rôle indéterminé<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref group="C" name="maccione gérard"/>{{,}}<ref name="Dicale 2012" />


=== Genèse ===
=== Genèse ===
[[Fichier:Baby Doc (centrée).jpg|150px|vignette|gauche|alt=Contre-plongée d'un homme noir de 60 ans au visage poupin en élégant costume bleu marine|[[Jean-Claude Duvalier]] en [[2011]].]]


Le projet naît dans l'esprit de Gérard Oury en [[janvier 1974|janvier]]-[[février 1974]] en réaction aux critiques dont il est victime après la sortie du film ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]''<ref group="C" name="critique cahiers du cinéma"/>. En effet, parmi les rares critiques négatives se trouvent celles des ''[[Cahiers du cinéma]]'' qui sont dans une période très politique. Leur critique est violente aussi bien pour le film que pour son réalisateur. C'est cette critique {{citation|gauchiste}} qu'Oury va exploiter en partie pour le scénario du ''Crocodile''<ref group="C" name="critique cahiers du cinéma">{{harvsp|Dicale|2009}} : {{citation|Seuls ou presque, les ''Cahiers du cinéma'', qui sont dans la période la plus uniformément "rouge" de leur histoire, traînent dans la boue Oury et son film. Le réalisateur puisera dans la violence de la critique gauchiste une part de l'inspiration de son prochain scénario, [celui du Crocodile].}}</ref>. Il imagine alors s'inspirer du régime totalitaire de [[Jean-Claude Duvalier]] en [[Haïti]]<ref name="Dicale2009"/>.
Le projet naît dans l'esprit de Gérard Oury en [[janvier 1974|janvier]]-[[février 1974]] en réaction aux critiques dont il est victime après la sortie de son film ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]''<ref group="C" name="critique cahiers du cinéma"/>. En effet, parmi les rares critiques négatives — le film ayant été unanimement acclamé pour son message de tolérance — se trouvent celles des ''[[Cahiers du cinéma]]'' qui sont dans une période très politique. Leur critique est violente aussi bien pour le film que pour son réalisateur. C'est cette critique {{Citation|gauchiste}} qu'Oury va exploiter en partie pour le scénario du ''Crocodile''<ref group="C" name="critique cahiers du cinéma">{{harvsp|Dicale|2009}} : {{Citation|Seuls ou presque, les ''Cahiers du cinéma'', qui sont dans la période la plus uniformément "rouge" de leur histoire, traînent dans la boue Oury et son film. Le réalisateur puisera dans la violence de la critique gauchiste une part de l'inspiration de son prochain scénario, [celui du Crocodile].}}</ref>. Il imagine alors s'inspirer du régime totalitaire de [[Jean-Claude Duvalier]] en [[Haïti]]<ref name="Dicale2009"/>. Pour le réalisateur, le film doit constituer un second opus sur l'intolérance, après ''Les Aventures de Rabbi Jacob''<ref name="PromoAsdesAs"/>.


Le 26 mars 1974, six mois après le triomphe en salles des ''Aventures de Rabbi Jacob'', lors d'un dîner chez [[Lipp]], [[Gérard Oury]] propose un nouveau film à [[Louis de Funès]], provisoirement intitulé ''La Baraka''<ref group="Note">Le film ''[[La Baraka]]'' de [[Jean Valère]], sorti en [[1982 au cinéma|1982]], n'a aucun rapport avec ce projet de film.</ref>. Il en raconte le synopsis à son acteur fétiche, ainsi qu'à son épouse et à [[Michèle Morgan]] : les aventures du colonel Crochet, dictateur d'un pays imaginaire. Oury narre ce dîner dans son autobiographie ''[[Référence:Mémoires d'éléphant|Mémoires d'éléphant]]'' :
Le {{date-|26 mars 1974}}, six mois après le triomphe en salles des ''Aventures de Rabbi Jacob'', lors d'un dîner à la brasserie ''[[Lipp]]'', [[Gérard Oury]] propose un nouveau film à [[Louis de Funès]], provisoirement intitulé ''La Baraka''<ref group="note">Le film ''[[La Baraka]]'' de [[Jean Valère]], sorti en [[1982 au cinéma|1982]], n'a aucun rapport avec ce projet de film.</ref>. Il en raconte le synopsis à son acteur fétiche, ainsi qu'à son épouse et à [[Michèle Morgan]] : les aventures du colonel Crochet, dictateur d'un pays imaginaire. Oury narre ce dîner dans son autobiographie ''[[Référence:Mémoires d'éléphant|Mémoires d'éléphant]]'' :
{{Citation bloc|Déconfiture économique, privation des libertés, la révolte gronde et façon Somoza au Nicaragua ou shah d'Iran, les Américains larguent un président à vie politiquement mort. {{Citation|Baby-Crochet<ref group="note">Cette expression {{Citation|Baby-Crochet}} fait référence à [[Jean-Claude Duvalier]], dont le surnom était {{Citation|Baby Doc}} ou {{Citation|Bébé Doc}}, étant le fils de [[François Duvalier]], surnommé {{Citation|Papa Doc}}.</ref>}} trahit son papa et passe à la gauche révolutionnaire, tandis que {{Mme}} Crochet fomente une insurrection car elle couche avec le chef de la police et veut l'installer à la place de son mari. « Alors ? », demande Louis. Il m'écoute, fourchette en l'air. Jeanne et Michèle aussi. Leurs choucroutes refroidissent dans les assiettes. Je continue : « Alors pour renverser la situation, Louis, tu organises contre toi-même une série de faux attentats, ignorant que de vrais attentats ont été préparés et tu passes au travers des vrais en croyant qu'ils sont faux : bombes, fusils à lunettes, grenades, tout vole en éclats, tout s'effondre autour de toi. Une maison s'écroule : « C'est une fausse explosion ! », glisses-tu à ta femme, épatée par tant d'héroïsme. […] Donc, elle te dégomme, faisant de son amant le nouveau maître du pays. Tous deux te jettent en prison, espérant que tu vas te faire massacrer par ceux qui s'y trouvent : c'est toi qui les y as fourrés. Mais Crochet est une ordure intelligente. Il retourne sa veste et ses ex-adversaires, s'appuie sur eux, s'évade et avec leur aide rétablit une dictature en tout point semblable à celle qu'il exerçait une semaine auparavant. À ceci près : le drapeau a changé de couleur !|[[Gérard Oury]], ''[[Référence:Mémoires d'éléphant|Mémoires d'éléphant]]'', 1988<ref name="Oury 1988">{{harvsp|Oury|1988|p=282}}.</ref>.}}


Lors de ce même dîner, [[Gérard Oury]] lui explique aussi avoir choisi la cantatrice [[Régine Crespin]], qui n'a encore jamais fait de cinéma, pour interpréter l'épouse de Crochet<ref name="lexpress20130211"/>{{,}}<ref name="Dicale 2012">{{harvsp|Dicale|2012}}.</ref>{{,}}<ref group="C" name="Crespin femme">{{harvsp|Oury|1988|p=282}} : [Louis de Funès demande] {{Citation|Qui vois-tu dans le rôle ma femme ?}} Je prends un temps, sûr de mon effet : {{Citation|Régine Crespin}} {{Citation|La grande cantatrice ?}} Surpris, ils ont posé la question presque ensemble. Michèle [Morgan] ajoute : {{Citation|Tu crois qu'elle acceptera ?}} {{Citation|Elle a accepté, dis-je. Elle formera avec Louis un couple fabuleux}} et j'enchaîne : {{Citation|Donc, Régine Crespin te dégomme, faisant de toi...}}</ref>. [[Louis de Funès]] donne alors son accord pour le film. Deux mois plus tard, le {{date|4|mai|1974|au cinéma}}, il signe, dans le bureau du producteur [[Films Pomereu|Bertrand Javal]], entouré de journalistes invités par [[Georges Cravenne]], le contrat pour le film<ref name="Oury p.183"/>. Le même jour, ''[[France-Soir]]'' livre le pitch du film, d'ailleurs très éloigné de la véritable histoire, raconté par le réalisateur lui-même :
[[File:Pinochet-estampilla.jpg|180px|vignette|droite|alt=Timbre représentant un homme d'âge mur en costume militaire bleu, cheveux courts, légère moustache, regard fixe.|Augusto Pinochet, dont le nom {{citation|Crochet}} est proche, sur un [[Timbre postal|timbre]] de [[1974]].]]


{{Citation bloc|On le verra (Louis de Funès) dans le rôle d'un industriel richissime doublé d'un financier. Ses propres banques contrôleront ses usines d'aviation dont les avions surveilleront ses tankers s'approvisionnant à ses puits de pétrole. Totalement stérilisé par sa fortune, négligeant sa famille et ses amis pour ne s'intéresser qu'à ses affaires, vivant dans la peur d'être kidnappé, notre héros aura son existence complètement chambardée à la suite de circonstances exceptionnelles — que je ne peux révéler car c'est la clé de l'histoire.|Gérard Oury pour ''[[France-Soir]]'', le 4 mai 1974<ref name="Dicale2009"/>}}
{{Début citation}}''Déconfiture économique, privation des libertés, la révolte gronde et façon Somoza au Nicaragua ou shah d'Iran, les Américains larguent un président à vie politiquement mort. {{citation|Baby-Crochet<ref group="Note">Cette expression {{citation|Baby-Crochet}} fait référence à [[Jean-Claude Duvalier]], dont le surnom était {{citation|Baby Doc}} ou {{citation|Bébé Doc}}, étant le fils de [[François Duvalier]], surnommé {{citation|Papa Doc}}.</ref>}} trahit son papa et passe à la gauche révolutionnaire, tandis que {{Mme}} Crochet fomente une insurrection car elle couche avec le chef de la police et veut l'installer à la place de son mari.'' « Alors ? », demande Louis. Il m'écoute, fourchette en l'air. Jeanne et Michèle aussi. Leurs choucroutes refroidissent dans les assiettes. Je continue : ''« Alors pour renverser la situation, Louis, tu organises contre toi-même une série de faux attentats, ignorant que de vrais attentats ont été préparés et tu passes au travers des vrais en croyant qu'ils sont faux : bombes, fusils à lunettes, grenades, tout vole en éclats, tout s'effondre autour de toi. Une maison s'écroule : « C'est une fausse explosion ! », glisses-tu à ta femme, épatée par tant d'héroïsme. […] Donc, elle te dégomme, faisant de son amant le nouveau maître du pays. Tous deux te jettent en prison, espérant que tu vas te faire massacrer par ceux qui s'y trouvent : c'est toi qui les y as fourrés. Mais Crochet est une ordure intelligente. Il retourne sa veste et ses ex-adversaires, s'appuie sur eux, s'évade et avec leur aide rétablit une dictature en tout point semblable à celle qu'il exerçait une semaine auparavant. À ceci près : le drapeau a changé de couleur !''{{Fin citation|1=[[Gérard Oury]]|2=[[Référence:Mémoires d'éléphant|Mémoires d'éléphant]]<ref name="Oury 1988">{{harvsp|Oury|1988|p=282}}.</ref>}}


=== Développement ===
Lors de ce même dîner, [[Gérard Oury]] lui explique aussi avoir choisit la tonitruante cantatrice [[Régine Crespin]], qui n'a encore jamais fait de cinéma, pour interpréter l'épouse de Crochet<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref name="Dicale 2012">{{harvsp|Dicale|2012}}.</ref>{{,}}<ref group="C" name="Crespin femme">{{harvsp|Oury|1988|p=282}} : [Louis de Funès demande] {{citation|Qui vois-tu dans le rôle ma femme ?}} Je prends un temps, sûr de mon effet : {{citation|Régine Crespin}} {{citation|La grande cantatrice ?}} Surpris, ils ont posé la question presque ensemble. Michèle [Morgan] ajoute : {{citation|Tu crois qu'elle acceptera ?}} {{citation|Elle a accepté, dis-je. Elle formera avec Louis un couple fabuleux}} et j'enchaîne : {{citation|Donc, Régine Crespin te dégomme, faisant de toi...}}</ref>. [[Louis de Funès]] donne alors son accord pour le film.
Commence alors un long travail. Pendant un an, [[Gérard Oury]] consulte parfois de Funès pour parler des gags, des personnages et la distribution tandis qu'il peaufine le scénario avec sa fille [[Danièle Thompson]].


[[Fichier:Flag of Greece (1970-1975).svg|vignette|alt=drapeau constitué d'une croix blanche sur fond bleu marine en haut à gauche et de quatre rayures blanches altérant avec 5 rayures bleu marine|gauche|Drapeau de la [[Grèce]] sous la ''Dictature des Colonels''.]]
Puis, deux mois plus tard, le {{date|4|mai|1974|au cinéma}}, il signe, dans le bureau du producteur [[Bertrand Javal]], entouré de journalistes invités par [[Georges Cravenne]], le contrat pour le film<ref name="Oury p.183"/>. Le même jour, ''[[France-Soir]]'' livre le pitch du film, d'ailleurs très éloigné de la véritable histoire, raconté par le réalisateur lui-même :


En [[juillet 1974]], [[Konstantínos Karamanlís (1907-1998)|Konstantínos Karamanlís]], en exil à [[Paris]], rétablit en [[Grèce]] la démocratie et les libertés, le pays étant depuis [[1967]] sous la [[Dictature des colonels]]. [[Gérard Oury]] et sa fille partent alors y faire des repérages, notamment à [[Athènes]]<ref name="Oury p.183" />. Gérard Oury est reçu par [[Geórgios Rállis]], le ministre de l'Intérieur, qui, en l'espace d'une demi-heure, règle tout pour mettre à disposition pour le tournage des effectifs de police, des casernes, des palais nationaux et du matériel militaire, dont notamment des chars. Le [[Grèce|gouvernement grec]] est en fait très intéressé par l'idée de tourner en dérision le régime précédent qui, depuis [[1967]], assujettissait la [[Grèce]]<ref name="Oury p.183">{{harvsp|Oury|1988|p=283}}.</ref>{{,}}<ref group="C" name="dictature des colonels">{{harvsp|Solo|2014}} : {{Citation|Face à l'enthousiasme de Louis de Funès, Oury et sa fille Danièle Thompson peaufinent le scénario, puis partent faire des repérages en Grèce, où vient tout juste de s'achever la dictature des colonels.}}</ref>.
{{Début citation}}''On le verra (Louis de Funès) dans le rôle d'un industriel richissime doublé d'un financier. Ses propres banques contrôleront ses usines d'aviation dont les avions surveilleront ses tankers s'approvisionnant à ses puits de pétrole. Totalement stérilisé par sa fortune, négligeant sa famille et ses amis pour ne s'intéresser qu'à ses affaires, vivant dans la peur d'être kidnappé, notre héros aura son existence complètement chambardée à la suite de circonstances exceptionnelles - que je ne peux révéler car c'est la clé de l'histoire.{{Fin citation|1=[[Gérard Oury]]|2=pour ''[[France-Soir]]'', le {{date|4|mai|1974|au cinéma}}<ref name="Dicale2009"/>}}


[[Louis de Funès]] avait par ailleurs déjà joué des rôles de militaires, dont un général hispanophone, dans ''[[Mission à Tanger]]'' en [[1949 au cinéma|1949]] et, bien sûr, le rôle de Cruchot, [[Sergent-chef|maréchal des logis-chef]], dans la série de films ''[[Le Gendarme (série de films)|Le Gendarme]]''.
Commence alors un long travail. Pendant un an, [[Gérard Oury]] le consulte parfois pour parler des gags, des personnages et la distribution tandis qu'il peaufine le scénario avec sa fille [[Danièle Thompson]].


[[Fichier:Théâtre des Champs-Élysées DSC09330.jpg|vignette|alt=Grand bâtiment blanc cassé de style mixte art déco et classique d'environ 4 étages avec une grande entrée et des bas reliefs gravés au dernier étage|La [[Théâtre des Champs-Élysées|Comédie des Champs-Élysées]], où [[Louis de Funès]] joue ''[[La Valse des toréadors]]''.]]
[[Fichier:Flag of Greece (1970-1975).svg|185px|thumb|left|Drapeau de la [[Grèce]] sous la ''Dictature des Colonels''.]]


[[Louis de Funès]], après les quatre-vingt-douze représentations de ''[[La Valse des toréadors]]'' à la [[Théâtre des Champs-Élysées|Comédie des Champs-Élysées]]<ref name="valse toréadors"/>, prend du repos pour se préparer au ''Crocodile''<ref group="C" name="100 ans de rire"/>{{,}}<ref name="autourdeldf">{{Lien web|auteur=Franck et Jérôme |url=http://nimotozor99.free.fr/valse-des-toreadors-de-funes-anouilh.htm |titre=La Valse des Toréadors (1973-1974) |site=[http://nimotozor99.free.fr/index.htm www.autourdelouisdefunes.fr] |éditeur= |isbn= |page= |citation= |consulté le=8 janvier 2015|id= |libellé= }}</ref>. Il a déjà frôlé un malaise lors d'une représentation, ce qui l'a conduit à ne pas assurer les cents représentations prévues et de n'en faire que quatre-vingt-douze. La dernière représentation a eu lieu le {{date|25|avril|1974}}, ce sera finalement la dernière fois qu'il montera sur les planches<ref name="autourdeldf"/>{{,}}<ref name="Dicale2009"/>. Il déclare à la presse : {{Citation|Cette immense fatigue que j'ai dû surmonter, c'est une sonnette d'alarme. Il faut avoir la sagesse de l'écouter}}<ref name="Dicale2009"/>.
En [[juillet 1974]], [[Konstantínos Karamanlís (1907-1998)|Konstantínos Karamanlís]], en exil à [[Paris]], rétablit en [[Grèce]] la démocratie et les libertés, le pays étant depuis [[1967]] sous la [[Dictature des colonels]].


La création des costumes est confiée à [[Jacques Fonteray]]<ref name="jacques fonteray">{{Lien web|url=http://www.cineressources.net/ressource.php?collection=DESSINS&pk=5488|titre=Collection des dessins|site=Ciné-Ressources|consulté le=12 novembre 2014}}.</ref>, qui avait précédemment conçu les costumes de ''[[La Folie des grandeurs]]'' et qui travaillera à nouveau pour Oury pour ''[[Le Coup du parapluie]]'', ''[[L'As des as]]'' et ''[[Lévy et Goliath]]''.
[[Gérard Oury]] et sa fille partent alors y faire des repérages, notamment à [[Athènes]]<ref name="Oury p.183"/>. Gérard Oury est reçu par [[Geórgios Rállis]], le ministre de l'Intérieur, qui, en l'espace d'une demi-heure, règle tout pour mettre disposition pour le tournage des effectifs de police, des casernes, des palais nationaux et du matériel militaire, dont notamment des chars. Le [[Grèce|gouvernement grec]] est en fait très intéressé par l'idée de tourner en dérision le régime précédent qui, depuis [[1967]], assujettissait la [[Grèce]]<ref name="Oury p.183">{{harvsp|Oury|1988|p=283}}.</ref>{{,}}<ref group="C" name="dictature des colonels">{{harvsp|Solo|2014}} : {{citation|Face à l'enthousiasme de Louis de Funès, Oury et sa fille Danièle Thompson peaufinent le scénario, puis partent faire des repérages en Grèce, où vient tout juste de s'achever la dictature des colonels.}}</ref>{{,}}<ref group="Note">Fait expliqué dans tous les livres de la [[#Bibliographie|bibliographie]].</ref>.


[[Aldo Maccione]] et [[Charles Gérard]], sortis du succès de ''[[L'aventure c'est l'aventure]]'' de [[Claude Lelouch]], font partie du casting<ref group="C" name="maccione gérard">{{harvsp|Solo|2014}} : {{Citation|il [Gérard Oury] propose également d'enrôler [[Charles Gérard]] et [[Aldo Maccione]], qui viennent de triompher dans ''L'aventure c'est l'aventure'' de Claude Lelouch (1972)}}.</ref>{{,}}<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref name="Dicale 2012" />. Gérard Oury songe à confier un rôle à l'humoriste [[Thierry Le Luron]], qui n'a jamais fait de cinéma et adorerait tourner avec Louis de Funès<ref>{{Ouvrage|auteur1=Patrice Guérin|titre=Thierry Le Luron, le rire pour oublier|lieu=Paris|éditeur=Éditions du moment|année=2016|pages totales=343|isbn=978-2-35417-507-8|isbn2=2354175078|lire en ligne={{Google Livres|De4DDAAAQBAJ|page autre=PT151}}}}</ref>.
[[Louis de Funès]] avait par ailleurs déjà joué des rôles de militaires, dont un général hispanophone, dans ''[[Mission à Tanger]]'' en [[1949 au cinéma|1949]] et, bien sûr, le rôle de Cruchot, [[maréchal des logis-chef]], dans la série de films ''[[Le Gendarme (série de films)|Le Gendarme]]''.


Durant l'été 1974, le producteur allemand [[Horst Wendlandt]] serait venu à Paris pour négocier pour sa société de distribution {{Lien|langue=de|trad=Tobis Film|fr=Tobis Film (société de distribution)|texte=Tobis Film}} les droits d'exploitation du futur film en [[Allemagne de l'Ouest|RFA]], tout en acquérant les droits de ''[[La Grande Vadrouille]]'' (détenus par [[Constantin Film]] et expirant en {{date-|septembre 1974}})<ref>{{Lien web|auteur1=François Danckaert |coauteurs= |url=https://www.cairn.info/revue-allemagne-d-aujourd-hui-2017-1-page-56.htm |titre=La longue histoire de ''La Grande Vadrouille'' en Allemagne (1967-2016) |année=2017 |site=[[Cairn.info]] |éditeur=''[[Allemagne d'aujourd'hui]]''|page=56-67 |citation= |consulté le=31 octobre 2017}}.</ref>.
[[Fichier:Théâtre des Champs-Élysées DSC09330.jpg|180px|vignette|alt=Photographie d'un grand bâtiment blanc cassé de style mixte art déco et classique.|La [[Théâtre des Champs-Élysées|Comédie des Champs-Élysées]], où [[Louis de Funès]] joue ''[[La Valse des toréadors]]''.]]


Le tournage doit débuter le {{date|14|mai|1975|au cinéma}}<ref>{{Lien web|url=http://www.allocine.fr/article/dossiers/cinema/dossier-18592010/?page=4&tab=0|titre=La face cachée de Louis de Funès|site=[[Allociné]]|auteur=G.M.|passage=4|date=27 janvier 2013|consulté le=26 octobre 2014}}.</ref>{{,}}<ref group="C" name="les éléphants">{{harvsp|Durant|2012}} : {{Citation|Tournage prévu à compter du {{date|14|mai|1975}}. On va rire. Le {{date|21|mars|1975}}, Louis [de Funès] est foudroyé par une attaque cardiaque. On ne rit plus.}}</ref>, à [[Athènes]]<ref group="C" name="tournage athènes">{{harvsp|Oury|1988|p=284}} : {{Citation|Nous commençons dans moins de deux mois, peut-être pourras-tu faire un saut à Athènes pour le début du tournage ?}}</ref>. Bertrand Javal, sa société de production [[Films Pomereu]] et [[Pathé Distribution|AMLF]] font partie du projet<ref name="pré-affiche">Affiche publiée dans le {{n°|1575}} du ''[[Le Film français|Film Français]]'', le {{date|11|avril|1975|au cinéma}}, à voir [http://img11.hostingpics.net/pics/778934LeCrocodilescan.jpg ici].</ref>.
[[Louis de Funès]], après les quatre-vingt-douze représentations de ''[[La Valse des toréadors]]'' à la [[Théâtre des Champs-Élysées|Comédie des Champs-Élysées]]<ref name="valse toréadors"/>, prend du repos pour se préparer au ''Crocodile''. Il a déjà frôlé un malaise lors d'une représentation, ce qui l'a conduit à ne pas assurer les cents représentations prévues et de n'en faire que quatre-vingt-douze. La dernière représentation a eu lieu le {{date|25|avril|1974}}, ce sera finalement la dernière fois qu'il montera sur les planches. Il déclare à la presse : {{citation|Cette immense fatigue que j'ai dû surmonter, c'est une sonnette d'alarme. Il faut avoir la sagesse de l'écouter.}}<ref name="Dicale2009"/>

=== Développement ===
La création des costumes est confiée à [[Jacques Fonteray]]<ref name="jacques fonteray">{{Lien web|url=http://www.cineressources.net/ressource.php?collection=DESSINS&pk=5488|titre=Collection des dessins|site=Ciné-Ressources|consulté le=12 novembre 2014}}.</ref>.


Le {{date|19|mars|1975|au cinéma}}, [[Louis de Funès]] déjeune avec [[Gérard Oury]] à la [[Brasserie La Lorraine|brasserie ''La Lorraine'']]<ref group="C">{{harvsp|Oury|1988|p=284}} : {{Citation|Avant-hier [le dialogue se déroule le 21 mars], nous avons déjeuné ensemble à La Lorraine...}}</ref> afin de régler quelques détails et pour peaufiner la distribution<ref>{{harvsp|Loubier|2014}}.</ref>.
[[Aldo Maccione]] et [[Charles Gérard]], sortis du succès de ''[[L'aventure c'est l'aventure]]'' de [[Claude Lelouch]], font partie du casting<ref group="C" name="maccione gérard">{{harvsp|Solo|2014}} : {{citation|il [Gérard Oury] propose également d'enrôler [[Charles Gérard]] et [[Aldo Maccione]], qui viennent de triompher dans ''L'aventure c'est l'aventure'' de Claude Lelouch (1972)}}.</ref>{{,}}<ref name="lexpress20130211" />{{,}}<ref name="Dicale 2012" />.

Le tournage doit débuter le {{date|14|mai|1975|au cinéma}}<ref>{{Lien web|url=http://www.allocine.fr/article/dossiers/cinema/dossier-18592010/?page=4&tab=0|titre=La face cachée de Louis de Funès|site=[[Allociné]]|auteur=G.M.|date=27 janvier 2013|consulté le=26 octobre 2014}}.</ref>{{,}}<ref group="C" name="les éléphants">{{harvsp|Durant|2012}} : {{citation|Tournage prévu à compter du {{date|14|mai|1975}}. On va rire. Le {{date|21|mars|1975}}, Louis [de Funès] est foudroyé par une attaque cardiaque. On ne rit plus.}}</ref>, à [[Athènes]]<ref group="C" name="tournage athènes">{{harvsp|Oury|1988|p=284}} : {{citation|Nous commençons dans moins de deux mois, peut-être pourras-tu faire un saut à Athènes pour le début du tournage ?}}</ref>. [[Bertrand Javal]], sa société de production [[Films Pomereu]] et [[Pathé Distribution|AMLF]] font partie du projet<ref name="pré-affiche">Affiche publiée dans le {{n°|1575}} du ''[[Le Film français|Film Français]]'', le {{date|11|avril|1975|au cinéma}}, à voir [http://img11.hostingpics.net/pics/778934LeCrocodilescan.jpg ici].</ref>.

Le {{date|19|mars|1975|au cinéma}}, [[Louis de Funès]] déjeune avec [[Gérard Oury]] à la [[Brasserie La Lorraine]]<ref group="C">{{harvsp|Oury|1988|p=284}} : {{citation|Avant-hier [le dialogue se déroule le 21 mars], nous avons déjeuné ensemble à La Lorraine...}}</ref> afin de régler quelques détails et pour peaufiner la distribution<ref>{{harvsp|Loubier|2014}}.</ref>.


=== Arrêt du projet ===
=== Arrêt du projet ===
[[Fichier:The exterior wall of the “Hôpital Necker - Enfants Malades” in Paris.jpg|redresse|vignette|alt=Photographie de l'entrée d'un hôpital, aux longs bâtiments grisâtres de deux étages depuis une rue.|L'[[Hôpital Necker-Enfants malades|hôpital Necker]] à Paris, où [[Louis de Funès]] subit son deuxième infarctus, reprend lentement ses forces et manque de se faire escroquer.]]
Le {{date|21|mars|1975|au cinéma}}, [[Louis de Funès]] s'effondre dans son appartement parisien, victime d'un [[infarctus]]<ref group="C">Extrait de {{lien web|url=http://www.varmatin.com/saint-tropez/louis-de-funes-un-drole-de-gendarme-a-saint-tropez.1089367.html|titre=Louis De Funès : un drôle de gendarme à Saint-Tropez|date=7 janvier 2013|consulté le=23 juillet 2014|site=[[Var-Matin]]}} : {{Citation|Au printemps 1974, Richard Balducci travaille au cinquième épisode [de la série du ''[[Le Gendarme (série de films)|Gendarme]]''] : ''Le Gendarme à l'exercice''. Le tournage est prévu au début de l'été de l'année suivante. Mais le {{date|21|mars|1975}}, Louis de Funès s'effondre dans son château, victime d'un infarctus. Tous ses projets - dont ''Le Crocodile'' de Gérard Oury - sont annulés.}}</ref>{{,}}<ref group="C" name="les éléphants" />{{,}}<ref group="C">Extrait de {{lien web|url=http://lci.tf1.fr/cinema/news/louis-de-funes-hommage-a-l-acteur-mort-il-y-a-30-ans-7795665.html|titre=Louis De Funès : hommage à l'acteur mort il y a 30 ans|date=28 janvier 2013|consulté le=23 juillet 2014|site=[[LCI]]}} : {{Citation|tandis qu'il se prépare pour la comédie physique ''Le Crocodile'' d'Oury, son cœur lâche à deux reprises}}.</ref>{{,}}<ref group="C">{{lien web|lang=en|url=http://www.mtv.com/artists/louis-de-funes/biography/|titre=About Louis De Funès|consulté le=10 décembre 2014|site=mtv.com}} :<br />{{Citation|In 1975, Gérard Oury turned again to Louis de Funès for a film entitled ''Le Crocodile'', in which he was to play the role of a South American dictator. But in March 1975, de Funès was hospitalized for heart problems and forced to take a rest from acting. Le Crocodile was canceled.}}</ref>, deux mois avant le début du tournage. Le {{date|30|mars|1975|au cinéma}}, il est à nouveau frappé par un deuxième [[infarctus]], bien plus sérieux<ref group="C" name="100 ans de rire">''De Funès : 100 ans de rire'' ([[2014 à la télévision|2014]]), film documentaire réalisé par Matthieu Allard, diffusé sur [[C8 (chaîne de télévision)|D8]] :<br />{{Commentaire biblio|'''Voix off''' : {{Citation|Sitôt le film achevé [''Rabbi Jacob''], Louis de Funès donne son accord à Gérard Oury pour tourner dans son prochain film, ''Le Crocodile''. Il doit y incarner un dictateur de régime totalitaire. En attendant en mai 1975, Louis triomphe au théâtre dans ''La valse des toréadors''. Le rythme est effréné. Louis va dépenser une énergie physique impressionnante. Mais à 3 mois de commencer le tournage du ''Crocodile'', il éprouve de terribles douleurs dans la poitrine. Transporté à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Necker à Paris, il se voit diagnostiquer un léger malaise cardiaque. Mais une semaine plus tard, le 30 mars 1975, l'acteur est frappé par un second infarctus bien plus sérieux. Celui qui a tant donne de sa personne sur les plateaux et les planches paye des années de rythme intensif. Louis de Funès ne doit plus tourner.}}<br />'''[[Michel Galabru]]''' : {{Citation|Il a eu cette attaque. Le cœur a lâché. Il se donnait à fond.}}<br />'''Voix off''' : {{Citation|Condamné au repos force et très amaigri physiquement, il se ressource chez lui, au château du Cellier, près de Nantes. Il s'adonne à sa passion de toujours, le jardinage.}}<br />'''[[Louis de Funès]]''' (images d'archives) : {{Citation|J'ai eu une histoire cardiaque un peu sévère, paraît-il. C'est ici que je me sens vraiment bien, au Cellier.}} }}</ref>. Le projet est donc mis de côté, alors que la pré-production est à un stade très avancé. Une pré-affiche paraîtra dans le magazine ''[[Le Film français]]'' le {{date|11|avril|1975|au cinéma}}<ref name="pré-affiche" />{{,}}<ref name="Dicale 2012" />, et quelques costumes étaient déjà en préparation<ref name="jacques fonteray" />.


Les médecins annoncent à Louis de Funès qu'il ne pourra plus jamais retourner sur scène, pointant du doigt les quatre-vingt-douze représentations de la pièce ''[[La Valse des toréadors]]'' qui l'ont sérieusement fatigué. Cette annonce le plonge dans une profonde dépression<ref name="Dicale2009"/>.
[[Fichier:Clermont 1 (re-centrée).jpg|200px|right|vignette|alt=Photographie d'une grande bâtisse, de style [[Louis XIII]], aux briques rouges, vue de loin, depuis le parc|Le [[Château de Clermont (Loire-Atlantique)|château de Clermont]] (vu de la façade Nord-Ouest), propriété de [[Louis de Funès]], où il subit son premier [[infarctus]].]]

Le {{date|21|mars|1975|au cinéma}}, [[Louis de Funès]] s'effondre dans son [[Château de Clermont (Loire-Atlantique)|château]], victime d'un [[infarctus]]<ref group="C">Extrait de {{lien web|url=http://www.varmatin.com/saint-tropez/louis-de-funes-un-drole-de-gendarme-a-saint-tropez.1089367.html|titre=Louis De Funès: un drôle de gendarme à Saint-Tropez|date=7 janvier 2013|consulté le=23 juillet 2014|site=[[Var-Matin]]}} : {{citation|Mais le {{date|21|mars|1975}}, Louis de Funès s'effondre dans son château, victime d'un infarctus. Tous ses projets - dont ''Le Crocodile'' de Gérard Oury - sont annulés.}}</ref>{{,}}<ref group="C" name="les éléphants" />{{,}}<ref group="C">Extrait de {{lien web|url=http://lci.tf1.fr/cinema/news/louis-de-funes-hommage-a-l-acteur-mort-il-y-a-30-ans-7795665.html|titre=Louis De Funès : hommage à l'acteur mort il y a 30 ans|date=28 janvier 2013|consulté le=23 juillet 2014|site=[[La Chaîne Info]]}} : {{citation|tandis qu'il se prépare pour la comédie physique ''Le Crocodile'' d'Oury, son cœur lâche à deux reprises}}.</ref>{{,}}<ref group="C">{{lien web|lang=en|url=http://www.mtv.com/artists/louis-de-funes/biography/|titre=About Louis De Funès|consulté le=10 décembre 2014|site=mtv.com}} :<br />{{citation|In 1975, Gérard Oury turned again to Louis de Funès for a film entitled ''Le Crocodile'', in which he was to play the role of a South American dictator. But in March 1975, de Funès was hospitalized for heart problems and forced to take a rest from acting. Le Crocodile was canceled.}}</ref>, deux mois avant le début du tournage. Le {{date|30|mars|1975|au cinéma}}, il est à nouveau frappé par un deuxième [[infarctus]], bien plus sérieux<ref group="C">''De Funès : 100 ans de rire'' ([[2014 à la télévision|2014]]), film documentaire réalisé par Matthieu Allard, diffusé sur [[D8]] :<br />'''Voix off''' : {{citation|Sitôt le film achevé [''Rabbi Jacob''], Louis de Funès donne son accord à Gérard Oury pour tourner dans son prochain film, ''Le Crocodile''. Il doit y incarner un dictateur de régime totalitaire. En attendant en mai 1975, Louis triomphe au théâtre dans ''La valse des toréadors''. Le rythme est effréne. Louis va dépenser une énergie physique impressionnante. Mais à 3 mois de commencer le tournage du ''Crocodile'', il éprouve de terribles douleurs dans la poitrine. Transporté à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Necker à Paris, il se voit diagnostiquer un léger malaise cardiaque. Mais une semaine plus tard, le 30 mars 1975, l'acteur est frappé par un second infarctus bien plus sérieux. Celui qui a tant donne de sa personne sur les plateaux et les planches paye des années de rythme intensif. Louis de Funès ne doit plus tourner.}}<br />[[Michel Galabru]] : {{citation|Il a eu cette attaque. Le coeur a lâché. Il se donnait à fond.}}<br />'''Voix off''' : {{citation|Condamné au repos force et très amaigri physiquement, il se ressource chez lui, au château du Cellier, près de Nantes. Il s'adonne à sa passion de toujours, le jardinage.}}<br />[[Louis de Funès]] : {{citation|J'ai eu une histoire cardiaque un peu sévère, paraît-il. C'est ici que je me sens vraiment bien, au Cellier.}}</ref>. Le projet est donc mis de côté, alors que la pré-production est à un stade très avancé. Une pré-affiche paraîtra dans le magazine ''[[Le Film français]]'' le {{date|11|avril|1975|au cinéma}}<ref name="pré-affiche" />{{,}}<ref name="Dicale 2012" />, et quelques costumes étaient déjà en préparation<ref name="jacques fonteray" />.

Les médecins annoncent à Louis de Funès qu'il ne pourra plus jamais retourner sur scène, pointant du doigt les quatre-vingt-douze représentations de la pièce ''[[La Valse des toréadors]]'' qui l'ont sérieusement fatigué. Cette annonce le plonge dans une profonde dépression<ref name="Dicale2009"/>.


[[Gérard Oury]], qui est aussi un grand ami de Louis de Funès, lui rend plusieurs fois visite et lui téléphone tous les jours. Aussi, il déclare à la presse :
[[Gérard Oury]], qui est aussi un grand ami de Louis de Funès, lui rend plusieurs fois visite et lui téléphone tous les jours. Aussi, il déclare à la presse :
{{Début citation}}''J'ai écrit pour Louis - qui est mon ami depuis dix ans - un scénario dans lequel chaque clin d'œil, chaque geste, chaque gag, lui est tout spécialement destiné. Son rôle n'est pas une houppelande que l'on peut maintenant jeter sur les épaules d'un autre comédien. Il faudrait, pour remplacer Louis, des remaniements considérables. [...] La maladie de Louis - qui m'a bouleversé sur le plan amical - me fait perdre un an et demi de ma vie professionnelle. Mais j'ai d'autres idées de sujet, d'autres projets, d'autres contrats signés. Mon vœu le plus cher reste néanmoins de pouvoir travailler avec Louis de Funès.''{{Fin citation|1=[[Gérard Oury]]|2=pour ''[[France-Soir]]'', le {{date|17|juillet|1975|au cinéma}}<ref name="Dicale2009"/>}}
{{Citation bloc|J'ai écrit pour Louis qui est mon ami depuis dix ans un scénario dans lequel chaque clin d'œil, chaque geste, chaque gag, lui est tout spécialement destiné. Son rôle n'est pas une houppelande que l'on peut maintenant jeter sur les épaules d'un autre comédien. Il faudrait, pour remplacer Louis, des remaniements considérables. [...] La maladie de Louis qui m'a bouleversé sur le plan amical me fait perdre un an et demi de ma vie professionnelle. Mais j'ai d'autres idées de sujet, d'autres projets, d'autres contrats signés. Mon vœu le plus cher reste néanmoins de pouvoir travailler avec Louis de Funès.|[[Gérard Oury]] pour ''[[France-Soir]]'', le {{date|17|juillet|1975|au cinéma}}<ref name="Dicale2009"/>.}}


[[Fichier:The exterior wall of the “Hôpital Necker - Enfants Malades” in Paris.jpg|250px|vignette|alt=Photographie de l'entrée d'un hôpital, depuis une rue.|L'[[Hôpital Necker-Enfants malades|hôpital Necker]] à Paris, [[Louis de Funès]] reprend lentement ses forces et manque de se faire escroquer.]]
[[Fichier:Clermont 1 (re-centrée).jpg|redresse|droite|vignette|alt=Grande bâtisse, de style [[Louis XIII]], briques rouges, toit d'ardoise, trois étages, vue de loin, depuis le parc|Le [[Château de Clermont (Loire-Atlantique)|château de Clermont]] (vu de la façade Nord-Ouest), propriété de [[Louis de Funès]], il se repose ensuite.]]


Après avoir consulté le scénario du ''Crocodile'', les médecins déclarent trouver la comédie trop physique et trop {{citation|dangereuse}} pour l'acteur, encore très faible : trop de lieux de tournages différents, trop de cascades, trop de scènes difficiles<ref name="Dicale2009"/>. [[Louis de Funès]] annonce tout de même qu'il tournera avec [[Gérard Oury]] en [[1977 au cinéma|1977]], en exécution d'un contrat avec [[André Génovès]], s'il ne {{citation|lui écrit pas ''[[Ben-Hur (film, 1959)|Ben-Hur]]''}}. En réalité, il ne tournera plus avec lui, ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]'' restera leur dernière collaboration<ref name="Dicale2009"/>.
Après avoir consulté le scénario du ''Crocodile'', les médecins déclarent trouver la comédie trop physique et trop {{Citation|dangereuse}} pour l'acteur, encore très faible : trop de lieux de tournages différents, trop de cascades, trop de scènes difficiles<ref name="Dicale2009"/>. [[Louis de Funès]] annonce tout de même qu'il tournera avec [[Gérard Oury]] en [[1977 au cinéma|1977]], en exécution d'un contrat avec [[André Génovès]], s'il ne {{Citation|lui écrit pas ''[[Ben-Hur (film, 1959)|Ben-Hur]]''}}. En réalité, il ne tournera plus avec lui, ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]'' restera leur dernière collaboration<ref name="Dicale2009"/>.


Les pertes financières s'élèvent déjà à plusieurs millions de francs, alors que le projet n'est encore que mis de côté : la production doit rembourser les trente techniciens déjà engagés pour le tournage. Quant aux quelques acteurs qui avaient signé leur contrat (à sept semaines du tournage, tous les rôles n'étaient pas encore distribués), ils acceptent le principe d'un report de film, en attendant que l'acteur principal se rétablisse<ref name="Dicale2009"/>.
Les pertes financières s'élèvent déjà à plusieurs millions de francs, alors que le projet n'est encore que mis de côté : la production doit rembourser les trente techniciens déjà engagés pour le tournage. Quant aux quelques interprètes qui avaient signé leur contrat (à sept semaines du tournage, tous les rôles n'étaient pas encore distribués), ils acceptent le principe d'un report de film, en attendant que l'acteur principal se rétablisse<ref name="Dicale2009"/>.


Pour assurer quelques recettes de fin d'année et pour faire tourner sa société de production, [[Bertrand Javal]] produit alors ''[[Cousin, cousine]]'' de [[Jean-Charles Tacchella]]. Le film est un succès, avec notamment des nominations à la [[1re cérémonie des César|première cérémonie des César]] et un [[César de la meilleure actrice dans un second rôle]] pour [[Marie-France Pisier]]<ref name="Dicale2009"/>. Mais la société [[Films Pomereu]] ne se remettra jamais financièrement de l'abandon du projet du ''Crocodile'' et tombera en [[Liquidation judiciaire en droit français|liquidation judiciaire]] deux ou trois ans après<ref name="Dicale2009"/>{{,}}<ref group="Note">La [http://www.unifrance.org/annuaires/societe/77773/les-films-pomereu liste des films] produits par [[Films Pomereu]] s'arrête à ''[[Cousin, cousine]]'', ce qui tend à prouver que la société a dû fermer après, malgré le succès du film.</ref>.
Pour assurer quelques recettes de fin d'année et pour faire tourner sa société de production, Bertrand Javal produit alors ''[[Cousin, Cousine]]'' de [[Jean-Charles Tacchella]], coécrit par [[Danièle Thompson]]<ref>{{YouTube|c6AIdqTee7Y|Entretien avec Jean Charles Tacchella}}, 2019.</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |auteur=Jean-Baptiste Toussaint |titre=''La Grande Vadrouille'' avec Danièle Thompson |url=https://podcasts-francais.fr/podcast/we-love-tftc/-33-la-grande-vadrouille-avec-daniele-thompson |éditeur=''Tales from the click'', {{n°|33}}, We Love Cinema |date=2021}}.</ref>. Le film est un succès, est nommé dans plusieurs catégories à la [[1re cérémonie des César|première cérémonie des César]] et remporte un [[César de la meilleure actrice dans un second rôle]] pour [[Marie-France Pisier]]<ref name="Dicale2009"/>. Sa réussite est même internationale puisqu'il est nommé aux [[49e cérémonie des Oscars|Oscars]] et aux [[34e cérémonie des Golden Globes|Golden Globes]], aux [[États-Unis]]. Malgré ce succès, la société de Bertrand Javal, [[Films Pomereu]], ne se remettra jamais financièrement de l'abandon du projet du ''Crocodile'' et tombera en [[Liquidation judiciaire en droit français|liquidation judiciaire]] deux ou trois ans après<ref name="Dicale2009"/>{{,}}<ref group="note">La [http://www.unifrance.org/annuaires/societe/77773/les-films-pomereu liste des films] produits par [[Films Pomereu]] s'arrête à ''[[Cousin, Cousine]]'', ce qui tend à prouver que la société a dû fermer après, malgré le succès du film.</ref>.


[[Louis de Funès]] a d'ailleurs été victime d'une tentative d'escroquerie le {{date|2|juillet|1975}}. Un représentant de l'une des sociétés de production du film, [[Films Pomereu]], se présente à l'[[Hôpital Necker-Enfants malades|hôpital Necker]], où l'acteur est en convalescence, et lui fait signer ce qu'il présente comme {{citation|des papiers pour la compagnie d'assurances}}. Quelques jours plus tard, en étudiant le double des pièces, [[Louis de Funès]] comprend qu'il s'agit en vérité d'un nouveau contrat : s'il venait à mourir à la fin de l'année [[1976 au cinéma|1976]], le producteur toucherait {{unité|6.75|millions de [[Francs français|francs]]}}. Il porte plainte pour extorsion de signature et escroquerie, plainte qui sera connue quelques mois plus tard seulement, lorsqu'il sera convoqué par un [[juge d'instruction]]. L'affaire n'aboutira pas<ref name="Dicale2009"/>.
Lors de son séjour à l'hôpital, [[Louis de Funès]] a d'ailleurs été victime d'une tentative d'escroquerie. Le {{date|2|juillet|1975}}, un représentant de [[Films Pomereu]] se présente à l'[[Hôpital Necker-Enfants malades|hôpital Necker]], où l'acteur est en convalescence, et lui fait signer ce qu'il présente comme {{Citation|des papiers pour la compagnie d'assurances}}. Quelques jours plus tard, en étudiant le double des pièces, Louis de Funès comprend qu'il s'agit en vérité d'un nouveau contrat : s'il venait à mourir à la fin de l'année [[1976 au cinéma|1976]], le producteur toucherait {{unité|6.75|millions de [[Francs français|francs]]}}. Il porte plainte pour extorsion de signature et escroquerie, plainte qui sera connue quelques mois plus tard seulement, lorsqu'il sera convoqué par un [[juge d'instruction]]. L'affaire n'aboutira pas, [[Films Pomereu]] étant tombé en faillite<ref name="Dicale2009"/>.


=== Après l'arrêt du projet ===
=== Après l'arrêt du projet ===
Après s'être rétabli de son [[infarctus|double-infarctus]], Louis de Funès, adorant le scénario, n'a pas envie de lâcher prise et aspire à tourner le film. Mais l'acteur étant très affaibli, les assureurs ne veulent pas prendre le risque d'assurer le film et le projet est abandonné, après plus d'un an et demi de travail.


Après s'être rétabli de son [[infarctus|double infarctus]], Louis de Funès, adorant le scénario, n'a pas envie de lâcher prise et aspire à tourner le film. Mais l'acteur étant très affaibli, les assureurs ne veulent pas prendre le risque d'assurer le film et le projet est abandonné, après plus d'un an et demi de travail.


[[Louis de Funès]] réapparaîtra en [[1976 au cinéma|1976]] dans ''[[L'Aile ou la Cuisse]]'' grâce à [[Christian Fechner]], qui réussit, non sans mal, à conclure un contrat d'assurance pour le tournage<ref group="C">{{lien web|lang=en|url=https://www.imdb.com/name/nm0269992/bio?ref_=nm_ov_bio_sm|titre=Christian Fechner Biography|consulté le=10 décembre 2014|site=imdb.com}} :<br />{{Citation|Producer Christian Fechner managed to bring Louis de Funès back for a movie under unusual conditions. (After Louis' two heart attacks in 1975, not a single insurance company was able to insure a film shoot with him anymore). ''The Wing or the Thigh'', ''The Spat'' (''La Zizanie''), ''L'Avare'' and ''La Soupe aux choux'' (1981)...}}</ref>{{,}}<ref group="C">{{lien web|url=http://www.gala.fr/l_actu/news_de_stars/christian_fechner_est_mort_141225|titre=Christian Fechner est mort|sous-titre=Clap de fin pour un producteur passionné. Il avait 64 ans.|auteur=Laurence Aiach|date=26 novembre 2008|consulté le=10 décembre 2014|site=[[Gala (magazine)|Gala]].fr}} :<br />{{Citation|Quelques années plus tard, il soutient envers et contre tous Louis de Funès. À la suite d'un infarctus, le comédien ne peut plus tourner, les assurances ne veulent plus le couvrir. Qu'à cela ne tienne, Christian Fechner prend le risque et accepte de produire ''L'Aile Ou La Cuisse'' avec [[Coluche]]. Il réitère en 1980 avec ''L'Avare'' et en 1981 avec ''La Soupe Aux Choux''.}}</ref>.


[[Gérard Oury]], quant à lui, se lance ensuite dans la réalisation d'un film avec son ami [[Lino Ventura]] (qu'il n'avait jamais fait tourner) dans lequel il devait incarner un chef d'orchestre français qui se {{Citation|trouve embarqué dans une dramatique aventure}} et qui devait s'associer avec un policier américain<ref>{{harvsp|Oury|1988|p=287}}.</ref>. Le policier américain devait être joué par un acteur ''bankable'' de l'époque ([[Gérard Oury]] a notamment proposé le rôle à [[Al Pacino]] et [[Sylvester Stallone]]<ref>{{harvsp|Oury|1988|p=290}}.</ref>) et le film, intitulé ''L'Entourloupe'', aurait dû être une coproduction [[Cinéma français|franco]]-[[Cinéma américain|américaine]], à l'instar du ''[[Le Cerveau|Cerveau]]''. Mais le projet, tout comme celui du ''Crocodile'', n'a abouti à rien.
[[Louis de Funès]] réapparaîtra en [[1976 au cinéma|1976]] dans ''[[L'Aile ou la Cuisse]]'' grâce à [[Christian Fechner]], qui réussit, non sans mal, à conclure un contrat d'assurance pour le tournage<ref group="C">{{lien web|lang=en|url=http://www.imdb.com/name/nm0269992/bio?ref_=nm_ov_bio_sm|titre=Christian Fechner Biography|consulté le=10 décembre 2014|site=imdb.com}} :<br />{{citation|Producer Christian Fechner managed to bring Louis de Funès back for a movie under unusual conditions. (After Louis' two heart attacks in 1975, not a single insurance company was able to insure a film shoot with him anymore). ''The Wing or the Thigh'', ''The Spat'' (''La Zizanie''), ''L'Avare'' and ''La Soupe aux choux'' (1981)...}}</ref>{{,}}<ref group="C">{{lien web|url=http://www.imdb.com/name/nm0269992/bio?ref_=nm_ov_bio_sm|titre=Chris­tian Fech­ner est mort|sous-titre=Clap de fin pour un producteur passioné. Il avait 64 ans.|auteur=Laurence Aiach|date=26 novembre 2008|consulté le=10 décembre 2014|site=[[Gala (magazine)|Gala]].fr}} :<br />{{citation|Quelques années plus tard, il soutient envers et contre tous Louis de Funès. Suite à un infar­c­tus, le comé­dien ne peut plus tour­ner, les assu­rances ne veulent plus le couvrir. Qu'à cela ne tienne, Chris­tian Fech­ner prend le risque et accepte de produire ''L'Aile Ou La Cuisse'' avec [[Coluche]]. Il réitère en 1980 avec ''L'Avare'' et en 1981 avec ''La Soupe Aux Choux''.}}</ref>.

[[Gérard Oury]], quant à lui, se lance ensuite dans la réalisation d'un film avec [[Lino Ventura]] (les deux étaient très amis mais n'ont jamais eu l'occasion de tourner ensemble) dans lequel il devait incarner un chef d'orchestre français qui se {{citation|trouve embarqué dans une dramatique aventure}} et qui devait s'associer avec un policier américain<ref>{{harvsp|Oury|1988|p=287}}.</ref>. Le policier américain devait être joué par un acteur ''bankable'' de l'époque ([[Gérard Oury]] a notamment proposé le rôle à [[Al Pacino]] et [[Sylvester Stallone]]<ref>{{harvsp|Oury|1988|p=290}}.</ref>) et le film, intitulé ''L'Entourloupe'', aurait du être une coproduction franco-américaine. Mais le projet, tout comme celui du ''Crocodile'' n'a abouti à rien.
À la suite de l'échec de ces deux projets, Gérard Oury se consacre à l'écriture d'une pièce, ''Arrête ton cinéma'', qui sera un échec critique et public en [[1977 au théâtre|1977]]<ref>{{harvsp|Oury|1988|p=290 et 291}}.</ref> puis se remet au cinéma en réalisant ''[[La Carapate]]'', qui sort en [[1978 au cinéma|1978]].
À la suite de l'échec de ces deux projets, Gérard Oury se consacre à l'écriture d'une pièce, ''Arrête ton cinéma'', qui sera un échec critique et public en [[1977 au théâtre|1977]]<ref>{{harvsp|Oury|1988|p=290 et 291}}.</ref> puis se remet au cinéma en réalisant ''[[La Carapate]]'', qui sort en [[1978 au cinéma|1978]].


En [[1983 au cinéma|1983]], deux ans après que le projet a été brièvement relancé pour [[Peter Sellers]], [[Louis de Funès]], pendant la [[postsynchronisation]] du ''[[Le Gendarme et les Gendarmettes|Gendarme et les Gendarmettes]]'' (son dernier film), croise, dans les studios, [[Gérard Oury]] qui dirige la postsynchronisation de ''[[L'As des as]]''. Les deux hommes parlent du ''Crocodile'', et sont tentés de relancer le projet. Oury propose même à Louis de Funès une nouvelle mouture du scénario qui tient compte de son état de santé, son jeu étant devenu beaucoup moins physique à partir de 1975. Mais le décès de [[Louis de Funès]] le {{Date|27|janvier|1983}}, d'un troisième et dernier infarctus, coupe court à leur enthousiasme et met définitivement un terme au projet<ref name="Dicale2009"/>.
En [[1982 au cinéma|1982]], deux ans après que le projet a été brièvement relancé pour [[Peter Sellers]], [[Louis de Funès]], pendant la [[postsynchronisation]] du film ''[[Le Gendarme et les Gendarmettes]]'' (son dernier film), croise, dans les studios, [[Gérard Oury]] qui dirige la postsynchronisation de ''[[L'As des as]]''. Les deux hommes discutent du ''Crocodile'', et sont tentés de relancer le projet. Oury parle même à Louis de Funès d'une nouvelle mouture du scénario qui tiendrait compte de son état de santé, son jeu étant devenu beaucoup moins physique depuis son [[infarctus]]. Au détour d'un interview lors de la promotion de ''L'As des as'', Oury dit encore que réaliser enfin ''Le Crocodile'' n'est pas exclu, et laisse le secret sur l'acteur auquel il pense avec sa fille<ref name="PromoAsdesAs">{{YouTube|3JflgwB-zys|Gérard Oury et Danièle Thompson - ''L'As des as'' (1982)}}, ''Spécial Cinéma'', 8 novembre 1982, [[Radio télévision suisse|RTS]].</ref>. Mais le décès de [[Louis de Funès]] le {{Date|27|janvier|1983}}, d'un troisième infarctus, coupe court à leur enthousiasme et met définitivement un terme au projet<ref name="Dicale2009"/>.


== Seconde tentative, avec Peter Sellers (1979-1980) ==
== Seconde tentative, avec Peter Sellers ==
[[Fichier:Peter Sellers at home in Belgravia, London, 1973.jpg|200px|vignette|droite|alt=Photographie d'un homme de 48, au cheveux grisonnants, souriant.|[[Peter Sellers]] en 1973.]]
[[Fichier:Peter Sellers at home in Belgravia, London, 1973.jpg|redresse|vignette|droite|alt=Photographie d'un homme de 48, au cheveux grisonnants, souriant.|[[Peter Sellers]] en 1973.]]
[[Fichier:Jim Moloney in I led 3 lives (1953).jpg|redresse|vignette|[[Jim Moloney]] en [[1953 à la télévision|1953]].]]
Quatre ans après l'arrêt du projet, [[Gérard Oury]] fait la connaissance de [[Peter Sellers]] lors d'un cocktail et lui parle du ''Crocodile''. Celui-ci est partant pour jouer le rôle principal<ref>{{Lien web|url=http://www.allocine.fr/article/dossiers/cinema/dossier-18591635/?page=24&tab=0|titre=La mort les a empêchés de jouer dans... |site=[[Allociné]]|auteur=G.M.|date=5 décembre 2012|consulté le=26 octobre 2014}}.</ref>. Oury travaille avec le scénariste [[Jim Moloney]], qui vient d'écrire pour l'acteur ''[[Le Complot diabolique du docteur Fu Manchu]]'', sur une version {{citation|plus américaine}} du scénario<ref name="devildead" />. Mais le décès de [[Peter Sellers]], le {{date|24|juillet|1980}}, met définitivement fin au projet<ref name="Dicale2009" />. Trois infarctus pour un seul film, [[Gérard Oury]] est consterné : {{citation|Ça fait quand même un peu beaucoup !}}<ref name="Oury p286">{{harvsp|Oury|1988|p=286}}.</ref>. Sa fille, [[Danièle Thompson]], prend peur et l'avertit {{citation|Jamais deux sans trois : la prochaine fois, ce sera toi. Je ne veux pas que tu fasses le film.}}<ref name="Oury p286"/> Oury abandonne définitivement le projet, au bout de six ans de vaines tentatives : {{citation|''Le Crocodile'' ne sortira plus jamais de ses eaux sombres.}}

Quatre ans après l'arrêt du projet, [[Gérard Oury]], lors d'un cocktail, a l'occasion de discuter avec [[Peter Sellers]], auquel il avait proposé le rôle-titre du film ''[[Le Cerveau]]''<ref>{{harvsp|Durant|2012}}.</ref> (le rôle a finalement été joué par [[David Niven]]), et lui parle du ''Crocodile''. Celui-ci est partant pour jouer le rôle principal<ref>{{Lien web|url=http://www.allocine.fr/article/dossiers/cinema/dossier-18591635/?page=24&tab=0|titre=La mort les a empêchés de jouer dans... |site=[[Allociné]]|auteur=G.M.|date=5 décembre 2012|consulté le=26 octobre 2014}}.</ref>. Oury travaille avec le scénariste [[Jim Moloney]], qui vient d'écrire pour l'acteur ''[[Le Complot diabolique du docteur Fu Manchu]]'', sur une version {{Citation|plus américaine}} du scénario<ref name="devildead" />. Ainsi, les registres de l'[[United States Copyright Office]] mentionnent une version du scénario de {{unité|130|pages}}, datée du {{date|15|1|1980}} et co-écrite par Oury, Moloney et [[Danièle Thompson]]<ref name="copyright US">{{Lien web |langue=en |url=http://cocatalog.loc.gov/cgi-bin/Pwebrecon.cgi?Search_Arg=G%C3%A9rard+Oury&Search_Code=TALL&PID=zPtJzNseYN_qZNt24MbSrRyX-jIbg3U&SEQ=20180125123719&CNT=25&HIST=1 |titre=Gerard Oury's The Crocodile : an original screenplay : Jan. 15, 1980 / by... |jour=11 |mois=3 |année=1980 |site=www.copyright.gov |éditeur=[[United States Copyright Office]]|consulté le=25 janvier 2018}}.</ref>. Mais le décès de [[Peter Sellers]], le {{date|24|juillet|1980}}, d'un [[infarctus]], met définitivement fin au projet<ref name="Dicale2009" />{{,}}<ref group="C">{{lien web|url=http://www.devildead.com/histoiresdetournages/index.php?idart=182|auteur=Philippe Lombard|titre=Le Complot diabolique du Dr Fu Manchu (1980)|date=31 octobre 2013|consulté le=23 juillet 2014|site=devildead.com}} : {{Citation|Après ''Le Complot diabolique du Dr. Fu Manchu'', Peter Sellers, bien qu'affaibli, a d'autres projets : ''The Romance of the Pink Panther'' sans [[Blake Edwards]] mais avec [[Clive Donner]] (''[[Quoi de neuf, Pussycat ?]]''), et ''Le Crocodile'' que Gérard Oury avait d'abord écrit pour Louis de Funès. Mais le 24 juillet 1980, le cœur de l'acteur lâche.}}</ref>. Trois infarctus pour un seul film, [[Gérard Oury]] est consterné : {{Citation|Ça fait quand même un peu beaucoup !}}<ref name="Oury p286">{{harvsp|Oury|1988|p=286}}.</ref>. Sa fille prend peur et l'avertit {{Citation|Jamais deux sans trois : la prochaine fois, ce sera toi. Je ne veux pas que tu fasses le film}}<ref name="Oury p286"/>.

Oury abandonne le projet, même s'il tenta de le relancer en évoquant [[Coluche]] dans le rôle principal<ref name="Paris-Match"/>.


=== Fiche technique ===
=== Fiche technique ===
* Titre : ''Le Crocodile''
* Titre anglophone : ''The Crocodile'' ou ''Gerard Oury’s The Crocodile''<ref name="copyright US"/>
* Titre anglophone inconnu
* Réalisation : [[Gérard Oury]]
* Réalisation : [[Gérard Oury]]
* Scénario, adaptation et dialogues : Gérard Oury, [[Danièle Thompson]], [[Jim Moloney]]
* Scénario, adaptation et dialogues : Gérard Oury, [[Danièle Thompson]], [[Jim Moloney]]
* Production : [[Trinacra Films]]<ref name="copyright US"/>
* Langues originales : [[français]] et [[anglais]]
* Langues originales : [[français]] et [[anglais]]
* Genre : Comédie, aventure
* Genre : Comédie, aventure
Ligne 147 : Ligne 166 :


== Autour du projet ==
== Autour du projet ==
[[Fichier:Dictator charlie1.jpg|upright=1.10|vignette|[[Charlie Chaplin]], dans ''[[Le Dictateur]]''.]]
[[Fichier:Dictator charlie1.jpg|upright=1.10|alt=Photographie en noir et blanc d'un homme légèrement petit à la moustache carrée et aux gros sourcils portant un uniforme militaire à l'insigne XX. Il regarde avec envie une mappemonde d'environ 60 cm de diamètre.|vignette|[[Charlie Chaplin]], dans ''[[Le Dictateur]]''.]]


Le projet rappelle le film ''[[Le Dictateur]]'' de [[Charlie Chaplin]], notamment par le simple fait qu'ils abordent la dictature sur un thème comique. [[Louis de Funès]] avait d'ailleurs été comparé à Chaplin par des critiques britanniques, au début de sa carrière<ref>{{harvsp|Guezennec|Gargouil|2013| p=19}}.</ref>.
Le projet rappelle le film ''[[Le Dictateur]]'' de [[Charlie Chaplin]], notamment par le simple fait qu'ils abordent la dictature sur un thème comique. [[Louis de Funès]] avait d'ailleurs été comparé à Chaplin par des critiques du journal britannique ''[[The Times]]'', au début de sa carrière<ref>{{harvsp|Guezennec|Gargouil|2013| p=19}}.</ref>.


Tout comme ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]'' avec l'[[antisémitisme]], ''Le Crocodile'' aborde un sujet qui, dans les années [[Années 1970|1970]], est très d'actualité : la [[dictature]]. En effet, à cette époque, un grand nombre de pays était dirigé par des [[Dictateur (sens moderne)#Dictateurs du XXe et XXIe siècles|dictateurs]] : en effet, pratiquement toute l'[[Amérique du Sud]] était sous la coupe de dictateurs ([[Fidel Castro]] à [[Cuba]], [[Anastasio Somoza Debayle|Somoza]] au [[Nicaragua]], [[Augusto Pinochet|Pinochet]] au [[Chili]]{{, etc.}}) mais aussi l'[[Europe du Sud]] et l'[[Europe de l'Ouest]] avec [[Francisco Franco|Franco]] en Espagne franquiste (celui-ci meurt quelques mois après l'[[infarctus]] de [[Louis de Funès]]), [[Geórgios Papadópoulos]] en [[Dictature des colonels|Grèce]] (destitué en [[1974]]), [[António de Oliveira Salazar|Salazar]] puis [[Marcelo Caetano]] au [[Estado Novo (Portugal)|Portugal]] (renversé par la [[Révolution des Œillets]] en [[1974]]) ou encore [[Enver Hoxha]] en [[République populaire socialiste d'Albanie|Albanie]].
Tout comme ''[[Les Aventures de Rabbi Jacob]]'' avec les [[Conflit israélo-arabe|conflits entre arabes et juifs]], ''Le Crocodile'' aborde un sujet qui, dans les années [[Années 1970|1970]], est très d'actualité : la [[dictature]]. En effet, à cette époque, un grand nombre de pays était dirigé par des [[Dictateur (sens moderne)#Dictateurs du XXe et XXIe siècles|dictateurs]] : [[Fidel Castro]] à [[Cuba]], [[Anastasio Somoza Debayle|Somoza]] au [[Nicaragua]], [[Augusto Pinochet|Pinochet]] au [[Chili]], [[Jean-Claude Duvalier|Bébé Doc]] à [[Haïti]], [[Francisco Franco|Franco]] en [[Espagne franquiste|Espagne]] (celui-ci meurt quelques mois après l'[[infarctus]] de [[Louis de Funès]]), [[Geórgios Papadópoulos]] en [[Dictature des colonels|Grèce]] (destitué en [[1974]]), [[António de Oliveira Salazar|Salazar]] puis [[Marcelo Caetano]] au [[Estado Novo (Portugal)|Portugal]] (renversé par la [[révolution des Œillets]] en [[1974]]) ou encore [[Enver Hoxha]] en [[République populaire socialiste d'Albanie|Albanie]]<ref name="Paris-Match">{{Lien web|url= https://www.parismatch.com/Culture/Cinema/Gerard-Oury-et-Louis-de-Funes-les-larmes-du-crocodile-1696862|titre= Gérard Oury et Louis de Funès : les larmes du "crocodile"|site= Paris-Match|date= 5 août 2020}}</ref>.


À noter que [[Peter Sellers]] et [[Louis de Funès]] avaient tous deux joué le rôle du général autoritaire de la pièce de théâtre ''[[La Valse des toréadors]]'' de [[Jean Anouilh]]. Sellers l'avait interprété dans le film ''[[Les Femmes du général]]'', en [[1962]], adapté de la pièce. [[Louis de Funès]] avait quant à lui incarné ce général au théâtre entre [[1973]] et [[1974]], lors de sa dernière performance sur scène<ref name="valse toréadors">{{Ouvrage|langue=fr|titre=Louis de Funès : le sublime antihéros du cinéma|nom1=Djemaa|prénom1=Pascal|nom2=Di Falco|responsabilité2=contrib.|éditeur=Autres temps|collection=Temps mémoire|année=2008|page= 136}}.</ref>.
À noter que [[Peter Sellers]] et [[Louis de Funès]] avaient tous deux joué le rôle du général autoritaire de la pièce de théâtre ''[[La Valse des toréadors]]'' de [[Jean Anouilh]]. Sellers l'avait interprété dans le film ''[[Les Femmes du général]]'', en [[1962]], adapté de la pièce. [[Louis de Funès]] avait quant à lui incarné ce général au théâtre entre [[1973]] et [[1974]], lors de sa dernière performance sur scène<ref name="valse toréadors">{{Ouvrage|prénom1=Pascal|nom1=Djemaa|nom2=Di Falco|responsabilité2=contrib.|titre=Louis de Funès|sous-titre=le sublime antihéros du cinéma|éditeur=Autres temps|collection=Temps mémoire|année=2008|passage=136|isbn=}}.</ref>{{,}}<ref name="autourdeldf"/>.


Le film ''[[La Gitane]]'' de [[Philippe de Broca]] a été tourné sous le titre ''Le Crocodile'', mais est finalement sorti sous le titre ''La Gitane''<ref>{{Ina|CAB85000457|Reportage sur le tournage du film ''Le Crocodile''|éditeur=Antenne 2|date=29 août 1985|consulté le=9 décembre 2014}}.</ref>.
En [[1985 au cinéma|1985]], le réalisateur [[Philippe de Broca]] tourne un film intitulé ''Le Crocodile'', qui n'a aucun rapport avec le projet d'Oury ; le film sort l'année suivante, finalement sous le titre ''[[La Gitane (film)|La Gitane]]''<ref>{{Ina|CAB85000457|Reportage sur le tournage du film ''Le Crocodile''|éditeur=Antenne 2|date=29 août 1985|consulté le=9 décembre 2014}}.</ref>.


== Bibliographie ==
== Notes et références ==
=== Citations originales ===
{{Références|groupe=C}}

=== Notes ===
{{Références|groupe=note}}

=== Références ===
{{Références}}

== Annexes ==
{{Légende plume}}
{{Légende plume}}

* {{Ouvrage |langue=fr | prénom1=Gérard | nom1=Oury | lien auteur1=Gérard Oury | titre=[[Référence:Mémoires d'éléphant|Mémoires d'éléphant]]| éditeur=[[Olivier Orban|Orban]] | année=1988 |ISBN=2855654351| réimpression=[[Pocket|Presses Pocket]], 1989 <small>{{ISBN|2266030639}}</small> et [[Plon]], 1999 <small>{{ISBN|2259191835}}</small>| lieu=Paris | pages=330 |lire en ligne=}}. {{plume}}
=== Bibliographie ===
* [[Gérard Oury]], ''Ma grande vadrouille'', Plon, Paris, 2001, 250 p., broché, 14 x {{unité|23|cm}} {{ISBN|2259193528}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Gérard |nom1=Oury |lien auteur1=Gérard Oury |titre=[[Référence:Mémoires d'éléphant|Mémoires d'éléphant]] |lieu=Paris |éditeur=[[Olivier Orban|Orban]] |année=1988 |réimpression=[[Pocket|Presses Pocket]], 1989 <small>{{ISBN|2266030639}}</small> et [[Plon]], 1999 <small>{{ISBN|2259191835}}</small> |pages totales=330 |isbn=2-85565-435-1}}. {{plume}}
*{{Ouvrage

| langue =français
* {{Ouvrage|auteur1=[[Gérard Oury]] |titre=Ma grande vadrouille |lieu=Paris |éditeur=[[Plon]] |année=2001 |pages totales=250 |isbn=2-259-19352-8}}.
| auteur1 =Stéphane Bonnotte

| titre =Louis de Funès: jusqu'au bout du rire
* {{Ouvrage| auteur1=Stéphane Bonnotte | titre=Louis de Funès | sous-titre=jusqu'au bout du rire | lieu=Paris | éditeur=[[Éditions Michel Lafon|Michel Lafon]] | année=2002 | pages totales=255 | isbn=2-84098-908-5 | lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=IkUcAQAAIAAJ}}. {{plume}}
| éditeur1 =Michel Lafon

|année=2002
* {{Ouvrage |langue=de |prénom1=Pierre |nom1=Steinhauer |lien auteur1=Pierre Steinhauer |titre=Louis de Funès, Die deutsche Biografie |éditeur=BoD – Books on Demand |année=2003 |pages totales=292 |isbn=3-8482-5908-7 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EhwiAgAAQBAJ&pg=PP1}}.
|lieu=Paris

|pages=255
* {{Ouvrage | prénom1=Olivier | nom1=de Funès | lien auteur1=Olivier de Funès | prénom2=Patrick | nom2=de Funès | lien auteur2=Patrick de Funès | titre=[[Référence:Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants !|Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants !]] | lieu=Paris | éditeur=[[Le Cherche midi]] | collection=Documents | année=2005 | pages totales=304 | isbn=2-7491-0372-X}}. {{plume}}
|isbn=2-84098-908-5

| lire en ligne =http://books.google.fr/books?id=PtMmMIj6-LUC&pg=PT81&dq=le+crocodile+g%C3%A9rard+oury&hl=fr&sa=X&ei=kh3NU5eKIdOR0QWltIHIBQ&ved=0CDUQ6AEwAg#v=onepage&q=le%20crocodile%20g%C3%A9rard%20oury&f=false}}. {{plume}}
* {{Ouvrage|prénom1=Bertrand |nom1=Dicale |lien auteur1=Bertrand Dicale |titre=[[Référence:Louis de Funès, grimace et gloire|Louis de Funès, grimace et gloire]] |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Grasset|Grasset & Fasquelle]] |année=2009 |pages totales=528 |isbn=978-2-246-63661-8 |isbn2=2-246-63661-2 |présentation en ligne=http://www.grasset.fr/Grasset/CtlPrincipal?controlerCode=CtlCatalogue&requestCode=afficherListe&tri=TITRE&numPage=1&titre=&nom=&collection=&code=3779519&Submit.x=54&Submit.y=17&Submit=Rechercher&itemCollection= |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=wkQQUrQrFN0C&pg=PT402}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=de | prénom1=Pierre | nom1=Steinhauer | lien auteur1=Pierre Steinhauer | titre=Louis de Funès, Die deutsche Biografie| éditeur=BoD – Books on Demand | année=2003 |ISBN=3848259087| pages=292 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=EhwiAgAAQBAJ&lpg=PP1&hl=fr&pg=PP1#v=onepage&q&f=false}}.

*{{Ouvrage
* {{Ouvrage|prénom1=Philippe |nom1=Durant |titre=[[Référence:Les Éléphants|Les Éléphants]] |lieu=Paris |éditeur=[[Sonatine Éditions|Sonatine]] |année=2012 |mois=janvier |jour=26 |pages totales=219 |isbn=978-2-35584-108-8 |isbn2=2-35584-108-X |présentation en ligne=http://www.sonatine-editions.fr/livres/Les-Elephants.asp |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=PtMmMIj6-LUC&pg=PT80}}. {{plume}}
|titre= [[Référence:Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants !|Louis de Funès : Ne parlez pas trop de moi, les enfants !]]

|éditeur=Le Cherche midi
* {{Ouvrage|prénom1=Bertrand |nom1=Dicale |lien auteur1=Bertrand Dicale |titre=[[Référence:Louis de Funès, de A à Z|Louis de Funès, de A à Z]] |lieu=Paris |éditeur=Tana ([[Editis]]) |année=2012 |pages totales=456 |isbn=978-2-84567-785-2 |isbn2=2-84567-785-5}}. {{plume}}
|collection=Collection Documents

|prénom1=Olivier
* {{Ouvrage
|nom1=de Funès
|lien auteur1=Olivier de Funès
|prénom2=Patrick
|nom2=de Funès
|lien auteur2=Patrick de Funès
|année=2005
|lieu=Paris
|pages=304
|isbn=2-7491-0372-X}}. {{plume}}
*{{Ouvrage |langue=fr | prénom1=Bertrand | nom1=Dicale | lien auteur1=Bertrand Dicale | titre=[[Référence:Louis de Funès, grimace et gloire|Louis de Funès, grimace et gloire]]| éditeur=[[Éditions Grasset & Fasquelle|Grasset & Fasquelle]] | année=2009 | lieu=Paris | pages=528 |ISBN=2246636612|lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=wkQQUrQrFN0C&lpg=PT402&ots=yKIu0PKyse&dq=g%C3%A9rard%20oury%20the%20crocodile&hl=fr&pg=PT402#v=onepage&q&f=false|présentation en ligne=http://www.grasset.fr/Grasset/CtlPrincipal?controlerCode=CtlCatalogue&requestCode=afficherListe&tri=TITRE&numPage=1&titre=&nom=&collection=&code=3779519&Submit.x=54&Submit.y=17&Submit=Rechercher&itemCollection=}}. {{plume}}
*{{Ouvrage |langue=fr | prénom1=Philippe | nom1=Durant | titre=[[Référence:Les Éléphants|Les Éléphants]]|| éditeur=[[Sonatine Éditions|Sonatine]] | jour=26 | mois=janvier | année=2012 | lieu=Paris | pages=219 |ISBN =235584108X|lire en ligne =http://books.google.fr/books?id=PtMmMIj6-LUC&lpg=PT81&ots=9A7WrU8gkK&dq=peter%20sellers%20le%20cerveau&hl=fr&pg=PT80#v=onepage&q&f=false|présentation en ligne=http://www.sonatine-editions.fr/livres/Les-Elephants.asp}}. {{plume}}
* {{Ouvrage |langue=fr | prénom1=Bertrand | nom1=Dicale | lien auteur1=Bertrand Dicale | titre=[[Référence:Louis de Funès, de A à Z|Louis de Funès, de A à Z]]| éditeur=Tana ([[Editis]]) | année=2012 | lieu=Paris | pages=456 |ISBN=2845677855|lire en ligne=}}. {{plume}}
*{{Ouvrage
|titre= Le dico fou de Louis de Funès
|éditeur=Hugo BD
|prénom1=Stéphane
|prénom1=Stéphane
|nom1=Guezennec
|nom1=Guezennec
|prénom2=Gérard
|prénom2=Gérard
|nom2=Gargouil
|nom2=Gargouil
|titre=Le dico fou de Louis de Funès
|jour=24
|mois=janvier
|année=2013
|lieu=Paris
|lieu=Paris
|éditeur=Hugo BD
|pages=96
|année=2013
|isbn=2755611219}}. {{plume}}
|mois=janvier
*{{Ouvrage| langue=fr | prénom1=Bruno | nom1=Solo | lien auteur1=Bruno Solo | titre=Petites et grandes histoires du cinéma | éditeur =[[Le Cherche midi]] | collection=Humour | jour=26 | mois=avril | année=2014 | pages=210 |ISBN= 2749123275| lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=u9NsAwAAQBAJ&lpg=PT38&dq=le%20crocodile%20g%C3%A9rard%20oury&hl=fr&pg=PT38#v=onepage&q=le%20crocodile%20g%C3%A9rard%20oury&f=false}}. {{plume}}
|jour=24
* {{Ouvrage
|pages totales=96
|titre=Louis de Funès. Petites et grandes vadrouilles
|isbn=978-2-7556-1121-2
|éditeur= Robert Laffont
|isbn2=2-7556-1121-9
|collection=
}}. {{plume}}
|nom1=Loubier
|prénom1=Jean-Marc
|lien auteur1=Jean-Marc Loubier
|année=2014
|lieu=Paris
|pages=564
|isbn= 2-221-11576-7
| lire en ligne=http://books.google.fr/books?id=szSGAwAAQBAJ&printsec=frontcover&hl=fr#v=onepage&q&f=false}} {{plume}}


* {{Ouvrage| prénom1=Bruno| nom1=Solo| lien auteur1=Bruno Solo| titre=Petites et grandes histoires du cinéma| éditeur=[[Le Cherche midi]]| collection=Humour| année=2014| mois=avril| jour=26| pages totales=210| isbn=978-2-7491-2327-1| isbn2=2-7491-2327-5| lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=u9NsAwAAQBAJ&pg=PT38&dq=le+crocodile+g%C3%A9rard+oury}}. {{plume}}
== Documentaires citant le projet ==
* [[2007 à la télévision|2007]] : ''Louis de Funès intime'', film documentaire réalisé par [[Serge Korber]], diffusé sur [[M6]], {{unité|105|minutes}}
{{commentaire biblio|Narration : [[Daniel Russo]]. Intervenants : [[Patrick de Funès]], Jeanne de Funès, [[Daniel Gélin]] (images d'archives), [[Pierre Mondy]], [[Benoît Duteurtre]], [[Olivier de Funès]], [[Colette Brosset]] (images d'archives et interview récent), Edouard de Funès (neveu de Louis), [[Daniel Russo]], [[Laurent Gerra]], Dominique de Funès (épouse d'[[Olivier de Funès|Olivier]]), Julia de Funès-Coudry (fille d'[[Olivier de Funès|Olivier]]), Mohamed Ben Moussa (cuisinier au [[Château de Clermont (Loire-Atlantique)|Château de Clermont]])}}
* [[2013 à la télévision|2013]] : ''Louis de Funès, l'Irrésistible'', film documentaire réalisé par [[Stéphane Bonnotte]], diffusé sur le bouquet de chaînes cinéma [[Ciné+]].
* [[2014 à la télévision|2014]] : ''De Funès : 100 ans de rire'', film documentaire réalisé par Matthieu Allard, diffusé sur [[D8]]
{{commentaire biblio|Intervenants : [[Guillaume Gallienne]], [[Jamel Debbouze]], Bertrand Dicale (biographe), [[Claude Zidi]], [[Danièle Thompson]], [[Michel Galabru]], [[Serge Korber]], [[Olivier de Funès]], [[Marcel Rufo]].}}


* {{Ouvrage |prénom1=Jean-Marc |nom1=Loubier |lien auteur1=Jean-Marc Loubier |titre=Louis de Funès |sous-titre=petites et grandes vadrouilles |lieu=Paris |éditeur=[[Éditions Robert Laffont|Robert Laffont]] |année=2014 |pages totales=564 |isbn=978-2-221-11576-3 |isbn2=2-221-11576-7 |lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=szSGAwAAQBAJ&printsec=frontcover}}. {{plume}}
== Notes et références ==
=== Notes ===
{{Références|groupe=Note}}


* {{Ouvrage |auteur1=[[Danièle Thompson]] |auteur2=Jean-Pierre Lavoignat |titre=Gérard Oury |sous-titre=Mon père, l'as des as |éditeur=[[La Martinière Groupe|La Martinière]] |collection=Art et spectacle |année=2019 |pages totales=208 |isbn=978-2-7324-8795-3 |isbn2=2-7324-8795-3}}.
=== Citations originales ===
{{Références|groupe=C|colonnes=1}}


=== Références ===
=== Documentaires citant le projet ===
* [[2007 à la télévision|2007]] : ''Louis de Funès intime'', film documentaire réalisé par [[Serge Korber]], diffusé sur [[M6]], {{unité|105|minutes}} {{plume}}
{{Références}}
{{Commentaire biblio|Narration : [[Daniel Russo]]. Intervenants : [[Patrick de Funès]], Jeanne de Funès, [[Daniel Gélin]] (images d'archives), [[Pierre Mondy]], [[Benoît Duteurtre]], [[Olivier de Funès]], [[Colette Brosset]] (images d'archives et interview récent), Edouard de Funès (neveu de Louis), [[Daniel Russo]], [[Laurent Gerra]], Dominique de Funès (épouse d'[[Olivier de Funès|Olivier]]), Julia de Funès-Coudry (fille d'[[Olivier de Funès|Olivier]]), Mohamed Ben Moussa (cuisinier au [[Château de Clermont (Loire-Atlantique)|Château de Clermont]])}}
* [[2013 à la télévision|2013]] : ''Louis de Funès, l'Irrésistible'', film documentaire réalisé par Stéphane Bonnotte, diffusé sur le bouquet de chaînes cinéma [[Ciné+]].
* [[2014 à la télévision|2014]] : ''De Funès : 100 ans de rire'', film documentaire réalisé par Matthieu Allard, diffusé sur [[C8 (chaîne de télévision)|D8]] {{plume}}
{{Commentaire biblio|Intervenants : [[Guillaume Gallienne]], [[Jamel Debbouze]], Bertrand Dicale (biographe), [[Claude Zidi]], [[Danièle Thompson]], [[Michel Galabru]], [[Serge Korber]], [[Olivier de Funès]], [[Marcel Rufo]].}}


{{Palette|Gérard Oury}}
{{Palette|Gérard Oury|Danièle Thompson|Gérard Oury / Louis de Funès}}
{{Portail|cinéma français|humour|histoire|Années 1970}}
{{Portail|cinéma français|humour|Années 1970}}
{{Article potentiellement bon|oldid=109710300|date=5 décembre 2014}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=110051874|date=21 décembre 2014}}


{{DEFAULTSORT:Crocodile}}
{{CLEDETRI:Crocodile}}
[[Catégorie:Comédie française]]
[[Catégorie:Comédie française]]
[[Catégorie:Film réalisé par Gérard Oury]]
[[Catégorie:Film réalisé par Gérard Oury]]
[[Catégorie:Film français inachevé]]
[[Catégorie:Film français inachevé]]
[[Catégorie:Dictature militaire]]
[[Catégorie:Film de Gaumont]]
[[Catégorie:Film se déroulant dans un pays fictif]]
[[Catégorie:Scénario de film non réalisé]]
[[Catégorie:Film se déroulant dans un pays fictif en Amérique]]
[[Catégorie:Film se déroulant dans un pays fictif en Europe]]

Dernière version du 14 février 2024 à 21:45

Le Crocodile
Description de cette image, également commentée ci-après
Un crocodile, animal auquel Gérard Oury compare les dictateurs : « Mais si Hitler, Mussolini et Staline sont morts, combien d'autres crocodiles leur ont succédé, plus modernes dans leur art de faire (…)[1]. »
Réalisation Gérard Oury
Scénario
Acteurs principaux
Sociétés de production
Pays de production Drapeau de la France Frankreich
Genre Comédie, aventure

Pour plus de détails, voir Fiche technique et Distribution.

Le Crocodile, d'abord intitulé La Baraka, est un projet de film comique français inabouti de Gérard Oury, d'après un scénario du même, de sa fille Danièle Thompson et de Josy Eisenberg. Gérard Oury tente de réaliser son projet de 1974 à 1976 avec, dans le rôle principal, Louis de Funès, puis de 1979 à 1980, avec l'acteur britannique Peter Sellers.

Prévu pour être la 5e collaboration du réalisateur avec Louis de Funès après les succès de Le Corniaud, La Grande Vadrouille, La Folie des grandeurs et Les Aventures de Rabbi Jacob, le film aurait raconté les aventures et mésaventures de Crochet, dictateur d'un pays imaginaire d'Amérique du Sud. À travers ces différentes péripéties, le film aurait dénoncé et caricaturé les régimes totalitaires de la fin du XXe siècle, comme l'avait fait Charlie Chaplin dans Le Dictateur avec la dictature d'Adolf Hitler, tandis que le nom du despote, « Crochet », devait rappeler le nom du dictateur Augusto Pinochet. L'histoire en elle-même rappelle celle du film de Chaplin.

Le projet a été abandonné à la suite des deux infarctus successifs de Louis de Funès les 21 et , alors que le tournage devait commencer le 14 mai, à Athènes, en Grèce. L'abandon du projet a pour conséquence la faillite de la société de production Films Pomereu.

Quelques années plus tard, Gérard Oury a tenté de tourner le film avec Peter Sellers, mais a mis définitivement fin à son projet à la mort brutale de l'acteur le , d'un infarctus.

Synopsis court

[modifier | modifier le code]
plan américain d'un homme d'une cinquantaine d'année, dans un costume militaire d'apparat noir décoré de dorures et de nombreuses énormes médailles sur sa poitrine
Mohammad Reza Pahlavi, dernier shah d'Iran.

Un dictateur nommé Crochet est trahi par tout le monde. Afin de gagner en popularité, il organise de faux attentats contre lui. La plupart se révèleront être réels. Le dictateur est finalement jeté en prison par l'amant putschiste de sa femme. Crochet cohabite alors avec les détenus qui ont été emprisonnés sur son ordre. Il réussit à les rallier à sa cause afin de rétablir sa dictature[3],[2],[4].

Synopsis long

[modifier | modifier le code]

Le colonel, général, ou capitaine Crochet règne en maître sur un pays imaginaire d'Amérique du Sud, ou même d'Europe du Sud puisque les colonels grecs ou Salazar au Portugal comptent parmi les inspirations d'Oury[2]. Dans ce pays, en déconfiture économique, privation des libertés et révoltes font partie du lot quotidien. Subitement, Crochet voit tout s’effondrer autour de lui : tout comme Somoza au Nicaragua ou encore le shah d'Iran, les Américains finissent par le lâcher, les milliards qu'il avait cachés en Suisse s'évaporent, il est politiquement mort et sa popularité est naturellement au plus bas. Les problèmes viennent même de sa propre famille : son fils le trahit et passe à la gauche révolutionnaire, tandis que son épouse fomente une insurrection. Elle entretient en effet une liaison amoureuse avec le chef de la police, et veut l'installer à la place de son mari.

Pour renverser la situation, le dictateur organise lui-même une série de faux attentats sur sa propre personne. Ignorant que de vrais ont été préparés par sa femme, il passe héroïquement au travers des attentats sans suspecter leur dangerosité. Crochet n'est pas mort, mais sa femme fait de son amant le nouveau maître du pays. Tous deux le jettent en prison, en espérant qu'il se fasse massacrer par ceux qui s'y trouvent, car c'est lui qui les y a envoyés. Mais Crochet est fourbe et rusé : il change de camp et s'appuie sur ses ex-adversaires pour s'évader. Avec leur aide, il établit une dictature d'extrême-gauche en tout point semblable à celle d'extrême-droite qu'il exerçait une semaine auparavant[5],[1],[4].

Projet initial, avec Louis de Funès

[modifier | modifier le code]

Fiche technique

[modifier | modifier le code]

Distribution

[modifier | modifier le code]

Le projet naît dans l'esprit de Gérard Oury en janvier-février 1974 en réaction aux critiques dont il est victime après la sortie de son film Les Aventures de Rabbi Jacob[C 5]. En effet, parmi les rares critiques négatives — le film ayant été unanimement acclamé pour son message de tolérance — se trouvent celles des Cahiers du cinéma qui sont dans une période très politique. Leur critique est violente aussi bien pour le film que pour son réalisateur. C'est cette critique « gauchiste » qu'Oury va exploiter en partie pour le scénario du Crocodile[C 5]. Il imagine alors s'inspirer du régime totalitaire de Jean-Claude Duvalier en Haïti[2]. Pour le réalisateur, le film doit constituer un second opus sur l'intolérance, après Les Aventures de Rabbi Jacob[7].

Le , six mois après le triomphe en salles des Aventures de Rabbi Jacob, lors d'un dîner à la brasserie Lipp, Gérard Oury propose un nouveau film à Louis de Funès, provisoirement intitulé La Baraka[note 4]. Il en raconte le synopsis à son acteur fétiche, ainsi qu'à son épouse et à Michèle Morgan : les aventures du colonel Crochet, dictateur d'un pays imaginaire. Oury narre ce dîner dans son autobiographie Mémoires d'éléphant :

« Déconfiture économique, privation des libertés, la révolte gronde et façon Somoza au Nicaragua ou shah d'Iran, les Américains larguent un président à vie politiquement mort. « Baby-Crochet[note 5] » trahit son papa et passe à la gauche révolutionnaire, tandis que Mme Crochet fomente une insurrection car elle couche avec le chef de la police et veut l'installer à la place de son mari. « Alors ? », demande Louis. Il m'écoute, fourchette en l'air. Jeanne et Michèle aussi. Leurs choucroutes refroidissent dans les assiettes. Je continue : « Alors pour renverser la situation, Louis, tu organises contre toi-même une série de faux attentats, ignorant que de vrais attentats ont été préparés et tu passes au travers des vrais en croyant qu'ils sont faux : bombes, fusils à lunettes, grenades, tout vole en éclats, tout s'effondre autour de toi. Une maison s'écroule : « C'est une fausse explosion ! », glisses-tu à ta femme, épatée par tant d'héroïsme. […] Donc, elle te dégomme, faisant de son amant le nouveau maître du pays. Tous deux te jettent en prison, espérant que tu vas te faire massacrer par ceux qui s'y trouvent : c'est toi qui les y as fourrés. Mais Crochet est une ordure intelligente. Il retourne sa veste et ses ex-adversaires, s'appuie sur eux, s'évade et avec leur aide rétablit une dictature en tout point semblable à celle qu'il exerçait une semaine auparavant. À ceci près : le drapeau a changé de couleur ! »

— Gérard Oury, Mémoires d'éléphant, 1988[1].

Lors de ce même dîner, Gérard Oury lui explique aussi avoir choisi la cantatrice Régine Crespin, qui n'a encore jamais fait de cinéma, pour interpréter l'épouse de Crochet[3],[6],[C 3]. Louis de Funès donne alors son accord pour le film. Deux mois plus tard, le , il signe, dans le bureau du producteur Bertrand Javal, entouré de journalistes invités par Georges Cravenne, le contrat pour le film[8]. Le même jour, France-Soir livre le pitch du film, d'ailleurs très éloigné de la véritable histoire, raconté par le réalisateur lui-même :

« On le verra (Louis de Funès) dans le rôle d'un industriel richissime doublé d'un financier. Ses propres banques contrôleront ses usines d'aviation dont les avions surveilleront ses tankers s'approvisionnant à ses puits de pétrole. Totalement stérilisé par sa fortune, négligeant sa famille et ses amis pour ne s'intéresser qu'à ses affaires, vivant dans la peur d'être kidnappé, notre héros aura son existence complètement chambardée à la suite de circonstances exceptionnelles — que je ne peux révéler car c'est la clé de l'histoire. »

— Gérard Oury pour France-Soir, le 4 mai 1974[2]

Développement

[modifier | modifier le code]

Commence alors un long travail. Pendant un an, Gérard Oury consulte parfois de Funès pour parler des gags, des personnages et la distribution tandis qu'il peaufine le scénario avec sa fille Danièle Thompson.

drapeau constitué d'une croix blanche sur fond bleu marine en haut à gauche et de quatre rayures blanches altérant avec 5 rayures bleu marine
Drapeau de la Grèce sous la Dictature des Colonels.

En juillet 1974, Konstantínos Karamanlís, en exil à Paris, rétablit en Grèce la démocratie et les libertés, le pays étant depuis 1967 sous la Dictature des colonels. Gérard Oury et sa fille partent alors y faire des repérages, notamment à Athènes[8]. Gérard Oury est reçu par Geórgios Rállis, le ministre de l'Intérieur, qui, en l'espace d'une demi-heure, règle tout pour mettre à disposition pour le tournage des effectifs de police, des casernes, des palais nationaux et du matériel militaire, dont notamment des chars. Le gouvernement grec est en fait très intéressé par l'idée de tourner en dérision le régime précédent qui, depuis 1967, assujettissait la Grèce[8],[C 6].

Louis de Funès avait par ailleurs déjà joué des rôles de militaires, dont un général hispanophone, dans Mission à Tanger en 1949 et, bien sûr, le rôle de Cruchot, maréchal des logis-chef, dans la série de films Le Gendarme.

Grand bâtiment blanc cassé de style mixte art déco et classique d'environ 4 étages avec une grande entrée et des bas reliefs gravés au dernier étage
La Comédie des Champs-Élysées, où Louis de Funès joue La Valse des toréadors.

Louis de Funès, après les quatre-vingt-douze représentations de La Valse des toréadors à la Comédie des Champs-Élysées[9], prend du repos pour se préparer au Crocodile[C 7],[10]. Il a déjà frôlé un malaise lors d'une représentation, ce qui l'a conduit à ne pas assurer les cents représentations prévues et de n'en faire que quatre-vingt-douze. La dernière représentation a eu lieu le , ce sera finalement la dernière fois qu'il montera sur les planches[10],[2]. Il déclare à la presse : « Cette immense fatigue que j'ai dû surmonter, c'est une sonnette d'alarme. Il faut avoir la sagesse de l'écouter »[2].

La création des costumes est confiée à Jacques Fonteray[11], qui avait précédemment conçu les costumes de La Folie des grandeurs et qui travaillera à nouveau pour Oury pour Le Coup du parapluie, L'As des as et Lévy et Goliath.

Aldo Maccione et Charles Gérard, sortis du succès de L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch, font partie du casting[C 4],[3],[6]. Gérard Oury songe à confier un rôle à l'humoriste Thierry Le Luron, qui n'a jamais fait de cinéma et adorerait tourner avec Louis de Funès[12].

Durant l'été 1974, le producteur allemand Horst Wendlandt serait venu à Paris pour négocier pour sa société de distribution Tobis Film (de) les droits d'exploitation du futur film en RFA, tout en acquérant les droits de La Grande Vadrouille (détenus par Constantin Film et expirant en )[13].

Le tournage doit débuter le [14],[C 1], à Athènes[C 2]. Bertrand Javal, sa société de production Films Pomereu et AMLF font partie du projet[15].

Le , Louis de Funès déjeune avec Gérard Oury à la brasserie La Lorraine[C 8] afin de régler quelques détails et pour peaufiner la distribution[16].

Arrêt du projet

[modifier | modifier le code]
Photographie de l'entrée d'un hôpital, aux longs bâtiments grisâtres de deux étages depuis une rue.
L'hôpital Necker à Paris, où Louis de Funès subit son deuxième infarctus, reprend lentement ses forces et manque de se faire escroquer.

Le , Louis de Funès s'effondre dans son appartement parisien, victime d'un infarctus[C 9],[C 1],[C 10],[C 11], deux mois avant le début du tournage. Le , il est à nouveau frappé par un deuxième infarctus, bien plus sérieux[C 7]. Le projet est donc mis de côté, alors que la pré-production est à un stade très avancé. Une pré-affiche paraîtra dans le magazine Le Film français le [15],[6], et quelques costumes étaient déjà en préparation[11].

Les médecins annoncent à Louis de Funès qu'il ne pourra plus jamais retourner sur scène, pointant du doigt les quatre-vingt-douze représentations de la pièce La Valse des toréadors qui l'ont sérieusement fatigué. Cette annonce le plonge dans une profonde dépression[2].

Gérard Oury, qui est aussi un grand ami de Louis de Funès, lui rend plusieurs fois visite et lui téléphone tous les jours. Aussi, il déclare à la presse :

« J'ai écrit pour Louis — qui est mon ami depuis dix ans — un scénario dans lequel chaque clin d'œil, chaque geste, chaque gag, lui est tout spécialement destiné. Son rôle n'est pas une houppelande que l'on peut maintenant jeter sur les épaules d'un autre comédien. Il faudrait, pour remplacer Louis, des remaniements considérables. [...] La maladie de Louis — qui m'a bouleversé sur le plan amical — me fait perdre un an et demi de ma vie professionnelle. Mais j'ai d'autres idées de sujet, d'autres projets, d'autres contrats signés. Mon vœu le plus cher reste néanmoins de pouvoir travailler avec Louis de Funès. »

— Gérard Oury pour France-Soir, le [2].

Grande bâtisse, de style Louis XIII, briques rouges, toit d'ardoise, trois étages, vue de loin, depuis le parc
Le château de Clermont (vu de la façade Nord-Ouest), propriété de Louis de Funès, où il se repose ensuite.

Après avoir consulté le scénario du Crocodile, les médecins déclarent trouver la comédie trop physique et trop « dangereuse » pour l'acteur, encore très faible : trop de lieux de tournages différents, trop de cascades, trop de scènes difficiles[2]. Louis de Funès annonce tout de même qu'il tournera avec Gérard Oury en 1977, en exécution d'un contrat avec André Génovès, s'il ne « lui écrit pas Ben-Hur ». En réalité, il ne tournera plus avec lui, Les Aventures de Rabbi Jacob restera leur dernière collaboration[2].

Les pertes financières s'élèvent déjà à plusieurs millions de francs, alors que le projet n'est encore que mis de côté : la production doit rembourser les trente techniciens déjà engagés pour le tournage. Quant aux quelques interprètes qui avaient signé leur contrat (à sept semaines du tournage, tous les rôles n'étaient pas encore distribués), ils acceptent le principe d'un report de film, en attendant que l'acteur principal se rétablisse[2].

Pour assurer quelques recettes de fin d'année et pour faire tourner sa société de production, Bertrand Javal produit alors Cousin, Cousine de Jean-Charles Tacchella, coécrit par Danièle Thompson[17],[18]. Le film est un succès, est nommé dans plusieurs catégories à la première cérémonie des César et remporte un César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Marie-France Pisier[2]. Sa réussite est même internationale puisqu'il est nommé aux Oscars et aux Golden Globes, aux États-Unis. Malgré ce succès, la société de Bertrand Javal, Films Pomereu, ne se remettra jamais financièrement de l'abandon du projet du Crocodile et tombera en liquidation judiciaire deux ou trois ans après[2],[note 6].

Lors de son séjour à l'hôpital, Louis de Funès a d'ailleurs été victime d'une tentative d'escroquerie. Le , un représentant de Films Pomereu se présente à l'hôpital Necker, où l'acteur est en convalescence, et lui fait signer ce qu'il présente comme « des papiers pour la compagnie d'assurances ». Quelques jours plus tard, en étudiant le double des pièces, Louis de Funès comprend qu'il s'agit en vérité d'un nouveau contrat : s'il venait à mourir à la fin de l'année 1976, le producteur toucherait 6,75 millions de francs. Il porte plainte pour extorsion de signature et escroquerie, plainte qui sera connue quelques mois plus tard seulement, lorsqu'il sera convoqué par un juge d'instruction. L'affaire n'aboutira pas, Films Pomereu étant tombé en faillite[2].

Après l'arrêt du projet

[modifier | modifier le code]

Après s'être rétabli de son double infarctus, Louis de Funès, adorant le scénario, n'a pas envie de lâcher prise et aspire à tourner le film. Mais l'acteur étant très affaibli, les assureurs ne veulent pas prendre le risque d'assurer le film et le projet est abandonné, après plus d'un an et demi de travail.

Louis de Funès réapparaîtra en 1976 dans L'Aile ou la Cuisse grâce à Christian Fechner, qui réussit, non sans mal, à conclure un contrat d'assurance pour le tournage[C 12],[C 13].

Gérard Oury, quant à lui, se lance ensuite dans la réalisation d'un film avec son ami Lino Ventura (qu'il n'avait jamais fait tourner) dans lequel il devait incarner un chef d'orchestre français qui se « trouve embarqué dans une dramatique aventure » et qui devait s'associer avec un policier américain[19]. Le policier américain devait être joué par un acteur bankable de l'époque (Gérard Oury a notamment proposé le rôle à Al Pacino et Sylvester Stallone[20]) et le film, intitulé L'Entourloupe, aurait dû être une coproduction franco-américaine, à l'instar du Cerveau. Mais le projet, tout comme celui du Crocodile, n'a abouti à rien. À la suite de l'échec de ces deux projets, Gérard Oury se consacre à l'écriture d'une pièce, Arrête ton cinéma, qui sera un échec critique et public en 1977[21] puis se remet au cinéma en réalisant La Carapate, qui sort en 1978.

En 1982, deux ans après que le projet a été brièvement relancé pour Peter Sellers, Louis de Funès, pendant la postsynchronisation du film Le Gendarme et les Gendarmettes (son dernier film), croise, dans les studios, Gérard Oury qui dirige la postsynchronisation de L'As des as. Les deux hommes discutent du Crocodile, et sont tentés de relancer le projet. Oury parle même à Louis de Funès d'une nouvelle mouture du scénario qui tiendrait compte de son état de santé, son jeu étant devenu beaucoup moins physique depuis son infarctus. Au détour d'un interview lors de la promotion de L'As des as, Oury dit encore que réaliser enfin Le Crocodile n'est pas exclu, et laisse le secret sur l'acteur auquel il pense avec sa fille[7]. Mais le décès de Louis de Funès le , d'un troisième infarctus, coupe court à leur enthousiasme et met définitivement un terme au projet[2].

Seconde tentative, avec Peter Sellers

[modifier | modifier le code]
Photographie d'un homme de 48, au cheveux grisonnants, souriant.
Peter Sellers en 1973.
Jim Moloney en 1953.

Quatre ans après l'arrêt du projet, Gérard Oury, lors d'un cocktail, a l'occasion de discuter avec Peter Sellers, auquel il avait proposé le rôle-titre du film Le Cerveau[22] (le rôle a finalement été joué par David Niven), et lui parle du Crocodile. Celui-ci est partant pour jouer le rôle principal[23]. Oury travaille avec le scénariste Jim Moloney, qui vient d'écrire pour l'acteur Le Complot diabolique du docteur Fu Manchu, sur une version « plus américaine » du scénario[5]. Ainsi, les registres de l'United States Copyright Office mentionnent une version du scénario de 130 pages, datée du et co-écrite par Oury, Moloney et Danièle Thompson[24]. Mais le décès de Peter Sellers, le , d'un infarctus, met définitivement fin au projet[2],[C 14]. Trois infarctus pour un seul film, Gérard Oury est consterné : « Ça fait quand même un peu beaucoup ! »[25]. Sa fille prend peur et l'avertit « Jamais deux sans trois : la prochaine fois, ce sera toi. Je ne veux pas que tu fasses le film »[25].

Oury abandonne le projet, même s'il tenta de le relancer en évoquant Coluche dans le rôle principal[26].

Fiche technique

[modifier | modifier le code]

Distribution

[modifier | modifier le code]

Autour du projet

[modifier | modifier le code]
Photographie en noir et blanc d'un homme légèrement petit à la moustache carrée et aux gros sourcils portant un uniforme militaire à l'insigne XX. Il regarde avec envie une mappemonde d'environ 60 cm de diamètre.
Charlie Chaplin, dans Le Dictateur.

Le projet rappelle le film Le Dictateur de Charlie Chaplin, notamment par le simple fait qu'ils abordent la dictature sur un thème comique. Louis de Funès avait d'ailleurs été comparé à Chaplin par des critiques du journal britannique The Times, au début de sa carrière[27].

Tout comme Les Aventures de Rabbi Jacob avec les conflits entre arabes et juifs, Le Crocodile aborde un sujet qui, dans les années 1970, est très d'actualité : la dictature. En effet, à cette époque, un grand nombre de pays était dirigé par des dictateurs : Fidel Castro à Cuba, Somoza au Nicaragua, Pinochet au Chili, Bébé Doc à Haïti, Franco en Espagne (celui-ci meurt quelques mois après l'infarctus de Louis de Funès), Geórgios Papadópoulos en Grèce (destitué en 1974), Salazar puis Marcelo Caetano au Portugal (renversé par la révolution des Œillets en 1974) ou encore Enver Hoxha en Albanie[26].

À noter que Peter Sellers et Louis de Funès avaient tous deux joué le rôle du général autoritaire de la pièce de théâtre La Valse des toréadors de Jean Anouilh. Sellers l'avait interprété dans le film Les Femmes du général, en 1962, adapté de la pièce. Louis de Funès avait quant à lui incarné ce général au théâtre entre 1973 et 1974, lors de sa dernière performance sur scène[9],[10].

En 1985, le réalisateur Philippe de Broca tourne un film intitulé Le Crocodile, qui n'a aucun rapport avec le projet d'Oury ; le film sort l'année suivante, finalement sous le titre La Gitane[28].

Notes et références

[modifier | modifier le code]

Citations originales

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c Durant 2012 : « Tournage prévu à compter du . On va rire. Le , Louis [de Funès] est foudroyé par une attaque cardiaque. On ne rit plus. »
  2. a et b Oury 1988, p. 284 : « Nous commençons dans moins de deux mois, peut-être pourras-tu faire un saut à Athènes pour le début du tournage ? »
  3. a et b Oury 1988, p. 282 : [Louis de Funès demande] « Qui vois-tu dans le rôle ma femme ? » Je prends un temps, sûr de mon effet : « Régine Crespin » « La grande cantatrice ? » Surpris, ils ont posé la question presque ensemble. Michèle [Morgan] ajoute : « Tu crois qu'elle acceptera ? » « Elle a accepté, dis-je. Elle formera avec Louis un couple fabuleux » et j'enchaîne : « Donc, Régine Crespin te dégomme, faisant de toi... »
  4. a b et c Solo 2014 : « il [Gérard Oury] propose également d'enrôler Charles Gérard et Aldo Maccione, qui viennent de triompher dans L'aventure c'est l'aventure de Claude Lelouch (1972) ».
  5. a et b Dicale 2009 : « Seuls ou presque, les Cahiers du cinéma, qui sont dans la période la plus uniformément "rouge" de leur histoire, traînent dans la boue Oury et son film. Le réalisateur puisera dans la violence de la critique gauchiste une part de l'inspiration de son prochain scénario, [celui du Crocodile]. »
  6. Solo 2014 : « Face à l'enthousiasme de Louis de Funès, Oury et sa fille Danièle Thompson peaufinent le scénario, puis partent faire des repérages en Grèce, où vient tout juste de s'achever la dictature des colonels. »
  7. a et b De Funès : 100 ans de rire (2014), film documentaire réalisé par Matthieu Allard, diffusé sur D8 :
    Voix off : « Sitôt le film achevé [Rabbi Jacob], Louis de Funès donne son accord à Gérard Oury pour tourner dans son prochain film, Le Crocodile. Il doit y incarner un dictateur de régime totalitaire. En attendant en mai 1975, Louis triomphe au théâtre dans La valse des toréadors. Le rythme est effréné. Louis va dépenser une énergie physique impressionnante. Mais à 3 mois de commencer le tournage du Crocodile, il éprouve de terribles douleurs dans la poitrine. Transporté à l'unité de soins intensifs de l'hôpital Necker à Paris, il se voit diagnostiquer un léger malaise cardiaque. Mais une semaine plus tard, le 30 mars 1975, l'acteur est frappé par un second infarctus bien plus sérieux. Celui qui a tant donne de sa personne sur les plateaux et les planches paye des années de rythme intensif. Louis de Funès ne doit plus tourner. »
    Michel Galabru : « Il a eu cette attaque. Le cœur a lâché. Il se donnait à fond. »
    Voix off : « Condamné au repos force et très amaigri physiquement, il se ressource chez lui, au château du Cellier, près de Nantes. Il s'adonne à sa passion de toujours, le jardinage. »
    Louis de Funès (images d'archives) : « J'ai eu une histoire cardiaque un peu sévère, paraît-il. C'est ici que je me sens vraiment bien, au Cellier. »
  8. Oury 1988, p. 284 : « Avant-hier [le dialogue se déroule le 21 mars], nous avons déjeuné ensemble à La Lorraine... »
  9. Extrait de « Louis De Funès : un drôle de gendarme à Saint-Tropez », sur Var-Matin, (consulté le ) : « Au printemps 1974, Richard Balducci travaille au cinquième épisode [de la série du Gendarme] : Le Gendarme à l'exercice. Le tournage est prévu au début de l'été de l'année suivante. Mais le , Louis de Funès s'effondre dans son château, victime d'un infarctus. Tous ses projets - dont Le Crocodile de Gérard Oury - sont annulés. »
  10. Extrait de « Louis De Funès : hommage à l'acteur mort il y a 30 ans », sur LCI, (consulté le ) : « tandis qu'il se prépare pour la comédie physique Le Crocodile d'Oury, son cœur lâche à deux reprises ».
  11. (en) « About Louis De Funès », sur mtv.com (consulté le ) :
    « In 1975, Gérard Oury turned again to Louis de Funès for a film entitled Le Crocodile, in which he was to play the role of a South American dictator. But in March 1975, de Funès was hospitalized for heart problems and forced to take a rest from acting. Le Crocodile was canceled. »
  12. (en) « Christian Fechner Biography », sur imdb.com (consulté le ) :
    « Producer Christian Fechner managed to bring Louis de Funès back for a movie under unusual conditions. (After Louis' two heart attacks in 1975, not a single insurance company was able to insure a film shoot with him anymore). The Wing or the Thigh, The Spat (La Zizanie), L'Avare and La Soupe aux choux (1981)... »
  13. Laurence Aiach, « Christian Fechner est mort : Clap de fin pour un producteur passionné. Il avait 64 ans. », sur Gala.fr, (consulté le ) :
    « Quelques années plus tard, il soutient envers et contre tous Louis de Funès. À la suite d'un infarctus, le comédien ne peut plus tourner, les assurances ne veulent plus le couvrir. Qu'à cela ne tienne, Christian Fechner prend le risque et accepte de produire L'Aile Ou La Cuisse avec Coluche. Il réitère en 1980 avec L'Avare et en 1981 avec La Soupe Aux Choux. »
  14. Philippe Lombard, « Le Complot diabolique du Dr Fu Manchu (1980) », sur devildead.com, (consulté le ) : « Après Le Complot diabolique du Dr. Fu Manchu, Peter Sellers, bien qu'affaibli, a d'autres projets : The Romance of the Pink Panther sans Blake Edwards mais avec Clive Donner (Quoi de neuf, Pussycat ?), et Le Crocodile que Gérard Oury avait d'abord écrit pour Louis de Funès. Mais le 24 juillet 1980, le cœur de l'acteur lâche. »
  1. La société Films Pomereu est la société de production de Bertrand Javal et avait déjà produit le précédent film de Gérard Oury, Les Aventures de Rabbi Jacob.
  2. Le logo AMLF est visible sur la pré-affiche publiée dans Le Film français.
  3. Josy Eisenberg, étant rabbin, avait notamment participé à l'écriture du scénario des Aventures de Rabbi Jacob, en faisant office de consultant.
  4. Le film La Baraka de Jean Valère, sorti en 1982, n'a aucun rapport avec ce projet de film.
  5. Cette expression « Baby-Crochet » fait référence à Jean-Claude Duvalier, dont le surnom était « Baby Doc » ou « Bébé Doc », étant le fils de François Duvalier, surnommé « Papa Doc ».
  6. La liste des films produits par Films Pomereu s'arrête à Cousin, Cousine, ce qui tend à prouver que la société a dû fermer après, malgré le succès du film.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a b et c Oury 1988, p. 282.
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p et q Dicale 2009.
  3. a b c d et e Julien Jouanneau, « Le Gendarme au Japon, Fantômas à Moscou, Astérix, Le Crocodile... 7 films jamais tournés par Louis de Funès », sur L'Express, (consulté le ).
  4. a et b Louis De Funès, l'Irrésistible, film documentaire de Stéphane Bonnotte diffusé en 2013 sur le bouquet de chaînes cinéma Ciné+.
  5. a et b Philippe Lombard, « Le Crocodile (Gérard Oury) », sur devildead.com, (consulté le ).
  6. a b c d et e Dicale 2012.
  7. a et b [vidéo] Gérard Oury et Danièle Thompson - L'As des as (1982) sur YouTube, Spécial Cinéma, 8 novembre 1982, RTS.
  8. a b et c Oury 1988, p. 283.
  9. a et b Pascal Djemaa et Di Falco (contrib.), Louis de Funès : le sublime antihéros du cinéma, Autres temps, coll. « Temps mémoire », , p. 136.
  10. a b et c Franck et Jérôme, « La Valse des Toréadors (1973-1974) », sur www.autourdelouisdefunes.fr (consulté le )
  11. a et b « Collection des dessins », sur Ciné-Ressources (consulté le ).
  12. Patrice Guérin, Thierry Le Luron, le rire pour oublier, Paris, Éditions du moment, , 343 p. (ISBN 978-2-35417-507-8 et 2354175078, lire en ligne)
  13. François Danckaert, « La longue histoire de La Grande Vadrouille en Allemagne (1967-2016) », sur Cairn.info, Allemagne d'aujourd'hui, (consulté le ), p. 56-67.
  14. G.M., « La face cachée de Louis de Funès », sur Allociné, (consulté le ), p. 4.
  15. a et b Affiche publiée dans le no 1575 du Film Français, le , à voir ici.
  16. Loubier 2014.
  17. [vidéo] Entretien avec Jean Charles Tacchella sur YouTube, 2019.
  18. Jean-Baptiste Toussaint, « La Grande Vadrouille avec Danièle Thompson », Tales from the click, no 33, We Love Cinema, .
  19. Oury 1988, p. 287.
  20. Oury 1988, p. 290.
  21. Oury 1988, p. 290 et 291.
  22. Durant 2012.
  23. G.M., « La mort les a empêchés de jouer dans... », sur Allociné, (consulté le ).
  24. a et b Oury 1988, p. 286.
  25. a et b « Gérard Oury et Louis de Funès : les larmes du "crocodile" », sur Paris-Match,
  26. Guezennec et Gargouil 2013, p. 19.
  27. « Reportage sur le tournage du film Le Crocodile » [vidéo], sur ina.fr, Antenne 2, (consulté le ).

Document utilisé pour la rédaction de l’article : document utilisé comme source pour la rédaction de cet article.

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Documentaires citant le projet

[modifier | modifier le code]
  • 2007 : Louis de Funès intime, film documentaire réalisé par Serge Korber, diffusé sur M6, 105 minutes Document utilisé pour la rédaction de l’article
Narration : Daniel Russo. Intervenants : Patrick de Funès, Jeanne de Funès, Daniel Gélin (images d'archives), Pierre Mondy, Benoît Duteurtre, Olivier de Funès, Colette Brosset (images d'archives et interview récent), Edouard de Funès (neveu de Louis), Daniel Russo, Laurent Gerra, Dominique de Funès (épouse d'Olivier), Julia de Funès-Coudry (fille d'Olivier), Mohamed Ben Moussa (cuisinier au Château de Clermont)
  • 2013 : Louis de Funès, l'Irrésistible, film documentaire réalisé par Stéphane Bonnotte, diffusé sur le bouquet de chaînes cinéma Ciné+.
  • 2014 : De Funès : 100 ans de rire, film documentaire réalisé par Matthieu Allard, diffusé sur D8 Document utilisé pour la rédaction de l’article