Aller au contenu

« Tramway d'Elbeuf » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Phe-bot (discuter | contributions)
m nouveau style de bandeau de portail, voir Wikipédia:Prise de décision/Bandeaux de portail
Vlaam (discuter | contributions)
m v2.05 - liens vers les pages d'homonymie - La vie du rail
 
(94 versions intermédiaires par 52 utilisateurs non affichées)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{En-tête label|BA|année=2008}}
[[Image:Elbeuf Plan du Tramway.jpg|thumb|right|400px|Plan du tramway d'Elbeuf]]
{{Infobox Ligne de transport en commun
Le '''tramway d'Elbeuf''' fut mis en service en [[1898 dans les chemins de fer|1898]] dans le sud du département de la Seine-Inférieure (aujourd'hui [[Seine-Maritime]]) pour faciliter les déplacements des habitants de la [[Elbeuf|cité textile]] et de ses banlieues ouvrières. Avec ses quatre lignes à [[écartement des rails|écartement standard]] longues de neuf kilomètres et divergeant de la place du Calvaire, le réseau transporta jusqu'à 1,5 millions de personnes, en [[1899 dans les chemins de fer|1899]], au début de l'exploitation.
| couleur ligne =
| couleur texte =
| nom = Tramway d'Elbeuf
| image = Elbeuf1.jpg
| légende = Le tramway, place du Calvaire, centre névralgique du réseau elbeuvien.
| carte = Elbeuf Plan du Tramway.jpg
| réseau =
| date d'ouverture = 1898
| dernière modification =
| dernière extension =
| suspension service =
| date de fermeture = 1926
| terminus =
| exploitant = ''Société des tramways électriques d'Elbeuf'' (1898-1926)
| type de conduite =
| matériel = Tramway électrique
| dépôt = Saint-Aubin-lès-Elbeuf
| nombre de stations =
| longueur = 9,3
| temps =
| espacement station =
| nombre de communes =
| jours de fonctionnement =
| passagers par an = {{formatnum:1450000}} en 1899
| rang =
| lignes connexes =
| schéma =
}}


Le '''tramway d'Elbeuf''' est mis en service en [[1898 dans les chemins de fer|1898]] dans le sud du département de la Seine-Inférieure (aujourd'hui [[Seine-Maritime]]) pour faciliter les déplacements des habitants de la cité textile d'[[Elbeuf]] et de ses banlieues ouvrières. Avec ses quatre lignes à [[écartement des rails|écartement standard]] longues de neuf kilomètres et divergeant de la place du Calvaire, le réseau transporta jusqu'à 1,5 million de personnes, en 1899, au début de l'exploitation.
Une gestion financière hasardeuse et une exploitation calamiteuse de la compagnie concessionnaire furent à l'origine de difficultés dès avant la [[Première Guerre mondiale]]. Le conflit qui perturba le réseau et la concurrence des autres modes de transport au début des [[années 1920]] aggravèrent la crise de ce [[tramway]] qui connut une fermeture précoce en [[1926 dans les chemins de fer|1926]].


Les difficultés de gestion de l'exploitation et financières de la compagnie concessionnaire constituèrent autant de signaux d'alerte dès avant la [[Première Guerre mondiale]]. Le conflit qui perturba le réseau et la concurrence des autres modes de transport au début des [[années 1920]] aggravèrent la crise de ce [[tramway]] qui connut une fermeture précoce en [[1926 dans les chemins de fer|1926]].
== La lente mise en place du réseau ==
[[Image:Elbeuf1.jpg|thumb|right|330px|Le tramway, place du Calvaire, centre névralgique du réseau elbeuvien]]
Située à 20 kilomètres en amont de [[Rouen]], s'étendant (dans le cadre de son agglomération) sur les deux rives de la [[Seine]], la cité drapière d'[[Elbeuf]] s'estimait, à la fin du {{XIXe siècle}}, délaissée par le [[chemin de fer]] depuis que la [[Ligne Paris-Le Havre|ligne de Paris à Rouen]], inaugurée en [[1843 dans les chemins de fer|1843]], l'avait évitée. Le nouveau mode de communication arriva dans cette agglomération, forte de {{formatnum:40000}} âmes, seulement en [[1865 dans les chemins de fer|1865]] lors de la construction de la voie [[Oissel]]-[[Serquigny]] qui permettait une liaison directe entre Rouen et [[Caen]]<ref>Une première gare fut établie dans le commune de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng (sur la rive droite de la Seine) devenue, en 1931, [[Saint-Aubin-lès-Elbeuf]]. Pour des raisons de commodité, le nom récent est systématiquement employé dans l'article.</ref>. Quelques années plus tard, en [[1883 dans les chemins de fer|1883]], Elbeuf fut raccordée à la ligne transversale Rouen-Orléans avec l'achèvement du tronçon entre sa gare et celle du [[Petit-Quevilly]], mais cela ne résolvait en rien le problème des transports urbains<ref name="bertin210">Hervé Bertin, ''Petits Trains et Tramways haut-normands'', p. 210.</ref>.


== Historique ==
Pourtant, en [[1877 dans les chemins de fer|1877]], M. de Ridder, représentant la ''Compagnie des railways à voie étroite'' de [[Bruxelles]] avait soumis un ambitieux projet de desserte de l'agglomération elbeuvienne par un réseau de tramways [[Locomotive à vapeur|à vapeur]] et à [[traction hippomobile]] destiné au transport des voyageurs et des marchandises<ref name="bayeux27">Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 27.</ref>. Un ensemble de six lignes en étoile d'une longueur totale de 33,8 kilomètres (avec comme point central la place du Calvaire à Elbeuf) était envisagé. Trois itinéraires suburbains à vapeur auraient mis en communication le centre d'Elbeuf avec l'agglomération [[rouen]]naise pour l'un d'entre eux, avec [[Saint-Pierre-lès-Elbeuf]] pour les deux autres. La ligne principale aurait franchi la [[Seine]], traversé [[Saint-Aubin-lès-Elbeuf]] et se serait raccordée au réseau des [[Ancien tramway de Rouen|tramways de Rouen]] à [[Sotteville-lès-Rouen]] avant de rejoindre la gare de Rouen-Martainville<ref>Il s'agissait de la gare de Rouen où arrivaient les trains de la ''Compagnie des chemins de fer du Nord''.</ref> par un tronçon à trois files de [[rail]]s (les nombreuses [[Filature textile|filatures]] de la ville étaient étroitement liées aux industriels du [[Nord (département)|Nord]]). Trois lignes hippomobiles auraient desservi le centre-ville, empruntant les rues étroites de ce dernier<ref name="bayeux27" />. Même si l'enthousiasme de la population fut grand comme le prouvèrent les nombreuses pétitions en faveur du réseau et les multiples observations faites lors de l'[[enquête d'utilité publique]] réalisée en [[1879 dans les chemins de fer|1879]], les lignes ne furent jamais construites en raison du manque de soutien financier des industriels, de l'hostilité de la [[Compagnie des chemins de fer de l'Ouest]] qui craignait la concurrence de la ligne de Rouen et du ralentissement de l'activité économique lié à la [[Grande Dépression 1873 à 1896|Grande Dépression]]<ref name="bayeux27" />.
=== Le projet de Ridder ===
Située à {{nobr|20 kilomètres}} en amont de [[Rouen]], son agglomération s'étendant sur les deux rives de la [[Seine]], la cité drapière d'[[Elbeuf]] s'estimait, à la fin du {{s-|XIX}}, délaissée par le [[chemin de fer]] depuis que la [[Ligne Paris-Le Havre|ligne de Paris à Rouen]], inaugurée en [[1843 dans les chemins de fer|1843]], l'avait évitée. Le nouveau mode de communication arriva dans cette agglomération, forte de {{formatnum:40000}} âmes, seulement en [[1865 dans les chemins de fer|1865]] lors de la construction de la [[ligne de Serquigny à Oissel|ligne d'Oissel à Serquigny]] qui permettait une liaison directe entre Rouen et [[Caen]]<ref group=notes>Une première gare fut établie dans la commune de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng (sur la rive droite de la Seine) devenue, en 1931, [[Saint-Aubin-lès-Elbeuf]]. Pour des raisons de commodité, le nom récent est systématiquement employé dans l'article.</ref>. Quelques années plus tard, en [[1883 dans les chemins de fer|1883]], Elbeuf fut raccordée à la ligne transversale [[Ligne de Rouen à Orléans|Rouen-Orléans]] avec l'achèvement du tronçon entre sa gare et celle du [[Petit-Quevilly]], mais cela ne résolvait en rien le problème des transports urbains<ref name="bertin210">{{Harvsp|Bertin|1994|p=210}}</ref>.


[[Fichier:Elbeuf5.jpg|vignette|gauche|Croisement de deux motrices, place du Calvaire.]]
Il fallut attendre [[1894 dans les chemins de fer|1894]] pour qu'un nouveau projet soit présenté à la municipalité d'Elbeuf par M. Cauderay au nom de la ''Compagnie Générale de Traction''<ref name="bertin210" />. Cette dernière proposait la construction de cinq lignes à voie normale dont une à traction hippomobile pour une longueur totale de {{formatnum:9800}} mètres avec toujours la place du Calvaire comme centre<ref name="bayeux28">Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 28.</ref>. Le projet fit cette fois l'unanimité et, après une enquête d'utilité publique réalisée en février-mars [[1896 dans les chemins de fer|1896]], les travaux purent commencer en juin [[1897 dans les chemins de fer|1897]] avant même que la [[déclaration d'utilité publique]] ne soit promulgée<ref name="bayeux29">Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 29.</ref>.
Pourtant, en 1877, Théodore de Ridder, représentant la ''[[compagnie générale des railways à voie étroite]]'' de [[Bruxelles]] avait soumis un ambitieux projet de desserte de l'agglomération elbeuvienne par un réseau de tramways [[Locomotive à vapeur|à vapeur]] et à [[traction hippomobile]] destiné au transport des voyageurs et des marchandises<ref name="bayeux27">{{Harvsp|Bayeux|1969|p=27}}</ref>.


Un ensemble de six lignes en étoile d'une longueur totale de {{unité|33.8|kilomètres}} (avec comme point central la place du Calvaire à Elbeuf) était envisagé. Trois itinéraires suburbains à vapeur auraient mis en communication le centre d'Elbeuf avec l'agglomération [[rouen]]naise pour l'un d'entre eux, avec [[Saint-Pierre-lès-Elbeuf]] pour les deux autres. La ligne principale aurait franchi la [[Seine]], traversé [[Saint-Aubin-lès-Elbeuf]] et se serait raccordée au réseau des [[Ancien tramway de Rouen|tramways de Rouen]] à [[Sotteville-lès-Rouen]] après avoir parcouru {{Unité|18.300|km}}, avant de rejoindre la [[gare de Rouen-Martainville]]<ref group=notes>Il s'agissait de la gare de Rouen où arrivaient les trains de la ''Compagnie des chemins de fer du Nord''.</ref> par un tronçon à trois files de [[rail]]s (les nombreuses [[Filature textile|filatures]] de la ville étaient étroitement liées aux industriels du [[Nord (département français)|Nord]]) La seconde ligne de {{Unité|3.700|km}} aboutissait au lieu-dit « le Pont d'Oison » par le centre de [[Caudebec-lès-Elbeuf]]. La troisième ligne aurait eu {{Unité|4|km}} aurait mené au Puits-Mérot par la Porte verte en passant par le hameau de La Villette, près de la Seine. Trois lignes hippomobiles auraient desservi le centre-ville, empruntant les rues étroites de ce dernier et reliant l'axe Saint-Pierre-Sotteville aux gares d'[[Gare d'Elbeuf - Saint-Aubin|Elbeuf - Saint-Aubin]] et d'Elbeuf-Ville. Une septième ligne, exclusivement destinée au fret, aurait été constituée de divers embranchements industriels passant par d'étroites rues moyenâgeuses ainsi que les quais et les rues aux Bœufs, du Havre, Robert, de la Porte-Rouge, Cousin-Corblin, Saint-Amand et Dévé, desservant ainsi la majorité des usines<ref name="bayeux27"/>{{,}}<ref>{{Harvsp|Lamy|1987|p=11-12}}.</ref>. Compte tenu de l'étroitesse de certaines voies, le gabarit envisagé était de {{Unité|1.90|m}} et les courbes les plus serrées, sur la ligne 7, n'étaient que de {{unité|20|m.}} de rayon, entrainant l'usage de locomotives articulées. Le parc aurait été constitué de 16 locomotives mixtes, 8 locomotives de 16 à 18 tonnes, 21 voitures à impériales, 12 voitures mixtes, 50 wagons couverts et 100 wagons à charbon, ainsi que 70 chevaux, répartis dans 5 dépôts (Puis-Mérot, Pont-d'Oison, Saint-Aubin, Sotteville et Orival)<ref>{{Harvsp|Lamy|1987|p=12}}.</ref>.
== Les débuts du tramway et les premières difficultés==
[[Image:Tramway-Elbeuf2.jpg|thumb|right|320px|Le tramway dans le centre animé d'Elbeuf]]
Le réseau que l'on édifiait devait être formé des lignes suivantes<ref name="bayeux28" />:
* ligne n° 1 : Elbeuf-Place du Calvaire - Place du Coq-Rouvalet - [[Orival (Seine-Maritime)|Orival]] terminus ({{formatnum:3265}} m) ;
* ligne n° 2 : Elbeuf-Place du Calvaire- Caudebec - Saint-Pierre terminus ({{formatnum:3670}} m) ;
* ligne n° 3 : Elbeuf-Place du Calvaire - Rue de Paris-Rue de la République - Gare de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng ({{formatnum:1800}} m) ;
* ligne n° 4 : Elbeuf-Place du Calvaire - Gare d'Elbeuf-Ville (545 m) ;
* ligne n° 5 : Rue de Paris - Champ de foire - Port (520 m), ce dernier tronçon étant réservé au transport des marchandises.
À la fin de l'année [[1897 dans les chemins de fer|1897]], les travaux étaient pratiquement achevés, la voie posée, la centrale électrique alimentant le réseau opérationnelle. Le [[9 février dans les chemins de fer|9 février]] [[1898 dans les chemins de fer|1898]], les premières motrices circulaient sur un réseau limité à quatre lignes et long de {{formatnum:9280}} mètres car la ligne n° 5 à traction hippomobile ne fut finalement pas construite en raison des difficultés d'exploitation liées à la circulation des [[wagon]]s sur une voie unique, au coût élevé de l'entretien d'une écurie, à la présence d'une plaque tournante au centre ville<ref>Hervé Bertin, ''Petits Trains et Tramways haut-normands'', p. 210-211.</ref>.


Même si l'enthousiasme de la population fut grand comme le prouvèrent les nombreuses pétitions en faveur du réseau et les multiples observations faites lors de l'[[enquête d'utilité publique]] réalisée en 1879, les lignes, qui avaient été [[Déclaration d'utilité publique|déclarées d'utilité publique]] par décret de 1882<ref>{{Article
Les autorités tardant à délivrer leur autorisation, M. Cauderay, au nom de la ''Société des tramways électriques d'Elbeuf'', filiale de la ''Compagnie générale de traction'', décida de mettre les tramways en circulation à ses risques et périls. L'inauguration officielle eut lieu le [[26 mai dans les chemins de fer|26 mai]] [[1898 dans les chemins de fer|1898]]<ref>René Courant, ''Le Temps des tramways'', p. 50.</ref>; on invita pour l'occasion un ancien ministre des Travaux publics, M. Dupuis-Dutemps, dont on connaissait l'influence dans les hautes sphères du gouvernement, sans doute pour que celui-ci accélère le processus de déclaration d'utilité publique qui intervint finalement le [[28 octobre dans les chemins de fer|28 octobre]] suivant<ref name="Bertin211">Hervé Bertin, ''Petits Trains et Tramways haut-normands'', p. 211.</ref>.
|titre=Décret du 8 février 1882 qui déclare d'utilité publique l'établissement d'un réseau de Tramways dans la ville d'Elbeuf et sa banlieue (ainsi que le traité de rétrocession et le cahier des charges de la concession)
[[Image:Elbeuf5.jpg|left|thumb|315px|Croisement de deux motrices, place du Calvaire.]]
|périodique=[[Bulletin des lois|Bulletin des lois de la République française]]
Dès [[1898 dans les chemins de fer|1898]], le service était organisé autour de deux axes principaux formés pour chacun d'entre eux par la réunion de deux lignes: les 1 et 2 formaient la « grande ligne » et mettaient en communication [[Saint-Pierre-lès-Elbeuf]] et [[Orival (Seine-Maritime)|Orival]] en 32 minutes pour un parcours de près de sept kilomètres, les 3 et 4 constituaient la « ligne des gares », plus courte (2,3 km), qui partait de la station d'Elbeuf-Ville pour aboutir à celle de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et dont le temps de parcours s'élevait à 12 minutes. La fréquence des navettes était respectivement de 20 et 12 minutes<ref>Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 34.</ref>. Curieusement, l'exploitant n'avait pas prévu de correspondance entre elles lors de leur croisement place du Calvaire. Malgré cela, le tramway rencontra un grand succès populaire ; en [[1899 dans les chemins de fer|1899]], la première année d'exploitation complète, le nombre de passagers transportés s'éleva à {{formatnum:1450000}}<ref name="bayeux35">Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 35.</ref>, mais ces bonnes statistiques de trafic ne devaient pas longtemps cacher des difficultés financières et d'exploitation.
|série=XII |numéro=692 |date=2 mai 1882 |pages=524-539
|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k2141124/f547.vertical
|consulté le=23 juillet 2018 }}, sur [[Gallica]].</ref>, ne furent jamais construites en raison du manque de soutien financier des industriels, de l'hostilité de la [[Compagnie des chemins de fer de l'Ouest]] qui craignait la concurrence de la ligne de Rouen et du ralentissement de l'activité économique lié à la [[Grande Dépression 1873 à 1896|Grande Dépression de 1882]]<ref name="bayeux27"/>.


=== Mise en place du réseau ===
Dès les débuts de l'exploitation, de nombreuses malfaçons avaient été constatées dans l'établissement de la ligne comme par exemple l'impossibilité de croisement de deux motrices sur la place du Calvaire en raison de la largeur insuffisante de l'entrevoie (ce problème fut réglé rapidement - voir l'illustration ci-contre - sans qu'on en connaisse la date exacte, vraisemblablement avant le deuxième trimestre [[1899 dans les chemins de fer|1899]])<ref name="bayeux29" />. Mais, ce fut surtout l'exploitation du réseau qui s'avéra calamiteuse. Dès les premières années de service, les [[déraillement]]s et les accidents étaient monnaie courante. En raison de la vitesse limitée des convois en centre ville (12 km/h au maximum) et pour tenir des horaires jamais respectés, les [[wattman|wattmen]] poussaient leurs machines aux extrémités des lignes au mépris de toutes les règles de prudence. Non sans exagération, la presse locale relatait les nombreux accidents causés par ce manquement à la sécurité, déclarant que les infirmes et les vieillards étaient décimés par le tramway à un rythme effroyable<ref name="Bertin211" />. Le seul record détenu par le réseau fut celui des accidents mortels<ref name="Bertin211" />. À ces problèmes de sécurité s'ajoutait un manque de ponctualité des motrices en particulier sur la ligne des gares qui rataient leurs correspondances avec les trains en gare d'Elbeuf-Ville et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf ; toutefois la direction en imputait la responsabilité au mauvais fonctionnement des [[horloge]]s des stations de la ''Compagnie des chemins de fer de l'Ouest''<ref name="Bertin211" />. La gestion du réseau s'avérait tout aussi problématique car, malgré de bons résultats en terme de trafic, le réseau fut déficitaire dès [[1899 dans les chemins de fer|1899]] et ne dégagea jamais de bénéfices jusqu'à sa fermeture<ref name="bayeux35" />.
Il fallut attendre 1894 pour qu'un nouveau projet soit présenté à la municipalité d'Elbeuf par Édouard Cauderay au nom de la ''[[Compagnie générale de traction]]''<ref name="bertin210"/>. Cette dernière proposait la construction de cinq lignes à voie normale dont une à traction hippomobile pour une longueur totale de {{formatnum:9800}} mètres avec toujours la place du Calvaire comme centre<ref name="bayeux28">{{Harvsp|Bayeux|1969|p=28}}</ref>. Le projet fit cette fois l'unanimité et, après une enquête d'utilité publique réalisée en février-{{date-|mars 1896}}, les travaux purent commencer en {{date-|juin 1897}} avant même que la [[déclaration d'utilité publique]] ne soit promulguée<ref name="bayeux29">{{Harvsp|Bayeux|1969|p=29}}</ref>.


=== Les débuts du tramway et les premières difficultés ===
== Une fermeture précoce ==
[[Fichier:NG 63 - CAUDEBEC-LES-ELBEUF - Place de l'Hotel-de-Ville et rue Sadi-Carnot.JPG|vignette|Tramway devant la mairie de [[Caudebec-lès-Elbeuf]]...]]
[[Image:Elbeuf4.jpg|thumb|left|320px|Le tramway, rue de la Barrière]]
Le changement de concessionnaire - la ''Compagnie Centrale de Chemin de Fer et de Tramways'' remplaçant, le [[1er octobre dans les chemins de fer|1{{er}} octobre]] [[1906 dans les chemins de fer|1906]], la ''Société des Tramways Électriques d'Elbeuf'' - ne changea rien à la situation<ref name="bayeux35" />. Le personnel mal formé, était mal payé et donc instable (en [[1907 dans les chemins de fer|1907]], la moitié des wattmen comptait moins de six mois d'ancienneté). De fréquents rappels à la discipline s'imposaient, ainsi en [[1908 dans les chemins de fer|1908]], il était stipulé dans le règlement remis aux traminots<ref>Jean-Claude Marquis, ''Petite histoire illustrée des transports en Seine-Inférieure'', p. 112.</ref> qu'il ne fallait pas perdre de vue l'intérêt de la compagnie, qu'il ne fallait pas se départir de politesse et de tact à l'égard des voyageurs, qu'il fallait arriver dix minutes avant l'heure du départ des tramways, qu'il était interdit de se trouver en état d'ébriété, de fumer et de cracher durant le service... Le manque de qualification des employés elbeuviens obligea d'ailleurs la compagnie à faire appel à du personnel du deuxième réseau des [[Ancien tramway de Rouen|tramways de Rouen]] sans pour autant que la qualité du service s'améliore<ref name="bayeux35" />. Alors que dans le reste du département le trafic augmentait sur les différents réseaux de tramway, celui d'Elbeuf continuait de perdre des voyageurs depuis le début du siècle, en [[1912 dans les chemins de fer|1912]], le nombre de passagers transportés était tombé à {{formatnum:1170000}}<ref>Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 36.</ref>. Dans ces conditions, les projets de prolongement du tramway de la place du Calvaire à la place du Tivoli par le cours Carnot (ligne 5), de la rue de Paris à l'église Saint-Jean (ligne 6) ou, plus ambitieux encore, de Saint-Aubin-lès-Elbeuf à [[Rouen]] par la rive droite de la [[Seine]] et [[Amfreville-la-Mi-Voie]] restèrent sans lendemain<ref name="Bertin212">Hervé Bertin, ''Petits Trains et Tramways haut-normands'', p. 212.</ref>
[[Image:Tramway-Elbeuf1.jpg|thumb|right|315px|Le tramway à l'arrêt...pour laisser passer un cortège funèbre.]]
La [[Première Guerre mondiale]] vit le trafic s'interrompre durant les premières semaines du conflit, la circulation reprit toutefois dès le [[10 septembre dans les chemins de fer|10 septembre]] [[1914 dans les chemins de fer|1914]] mais de manière réduite. La ligne n° 4 fut fermée, une seule motrice circula sur les trois autres lignes dans un premier temps, puis deux à compter de la fin de l'année. Le réseau put mettre en service, chaque matin et soir entre la place du Calvaire et Saint-Pierre-les-Elbeuf, un train ouvrier composé de quatre remorques encadrées par deux motrices<ref name="bayeux37">Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 37.</ref>. Mais l'exploitation connut une nouvelle dégradation car la compagnie recruta, faute de main d'œuvre disponible, un personnel jeune (certains wattmen avaient moins de seize ans), n'ayant subi aucune formation et livré à lui-même. Les jeunes traminots roulaient au gré de leur fantaisie, brûlaient les poteaux d'arrêt, refusaient de rendre la monnaie, injuriaient les passagers des motrices<ref name="Bertin212" />. Parfois même, arrivés en bout de ligne, les employés ne prenaient pas le temps de manœuvrer les remorques et refoulaient ainsi les baladeuses, assis dans le compartiment voyageurs des motrices en surveillant vaguement la conduite du tramway entre les arrêts<ref name="bayeux37" />.


Le réseau que l'on édifiait devait être formé des lignes suivantes<ref name="bayeux28"/>:
Ces comportements erratiques cessèrent avec le retour des employés démobilisés au début de l'année [[1919 dans les chemins de fer|1919]] mais le matériel, mal entretenu, était à bout de souffle. A partir du [[9 février dans les chemins de fer|9 février]] [[1919 dans les chemins de fer|1919]], l'exploitation fut placée sous régie municipale, des réparations furent effectuées, les tarifs relevés<ref name="Bertin212" />. La désaffection des voyageurs, la concurrence des services routiers (les usines préféraient transporter leurs salariés en [[camion]]s, puis en [[autobus]]) conduisirent à un déficit accru tandis que les [[actionnaire]]s ne songeaient qu'à se débarrasser de ce boulet financier. La fréquence de desserte des lignes se réduisit encore au début des [[années 1920]], le personnel, mal payé, déclencha une [[grève]] le [[8 janvier dans les chemins de fer|8 janvier]] [[1926 dans les chemins de fer|1926]] qui sonna le glas du réseau<ref name="Bertin212" />. Les motrices ne devaient plus jamais circuler, malgré la proposition de deux industriels elbeuviens qui envisageaient de rénover le réseau et d'acheter du matériel d'occasion des [[Ancien tramway de Rouen|tramways de Rouen]]. Finalement, en [[1927 dans les chemins de fer|1927]], le tramway fut remplacé par un service d'[[autobus]] qui périclita rapidement et s'arrêta en [[1936 dans les chemins de fer|1936]]<ref>Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 38.</ref>.
* ligne {{numéro|1}} : Elbeuf-Place du Calvaire - Place du Coq-Rouvalet - [[Orival (Seine-Maritime)|Orival]] terminus ({{unité|3265 m}}) ;
* ligne {{numéro|2}} : Elbeuf-Place du Calvaire - Caudebec - Saint-Pierre terminus ({{unité|3670 m}}) ;
* ligne {{numéro|3}} : Elbeuf-Place du Calvaire - Rue de Paris-Rue de la République - Gare de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng ({{unité|1800 m}}) ;
* ligne {{numéro|4}} : Elbeuf-Place du Calvaire - Gare d'Elbeuf-Ville ({{unité|545|m}}) ;
* ligne {{numéro|5}} : Rue de Paris - Champ de foire - Port ({{unité|520|m}}), ce dernier tronçon étant réservé au transport des marchandises.
À la fin de l'année 1897, les travaux étaient pratiquement achevés, la voie posée, la centrale électrique alimentant le réseau opérationnelle. Le {{Date-|9 février 1898}}, les premières motrices circulaient sur un réseau limité à quatre lignes et long de {{unité|9280 mètres}} car la ligne {{numéro|5}} à traction hippomobile ne fut finalement pas construite en raison des difficultés d'exploitation liées à la circulation des [[wagon]]s sur une voie unique, au coût élevé de l'entretien d'une écurie, à la présence d'une plaque tournante au centre-ville<ref>{{Harvsp|Bertin|1994|p=210-211}}.</ref>.


[[Fichier:Tramway-Elbeuf2.jpg|vignette|gauche|Le tramway rue de la Barrière à Elbeuf. On y distingue l'[[aubette (abri)|aubette]] d'une station.]]
== Personnel ==
Les autorités tardant à délivrer leur autorisation, M. Cauderay, au nom de la ''Société des tramways électriques d'Elbeuf'', filiale de la ''[[Compagnie générale de traction]]'', décida de mettre les tramways en circulation à ses risques et périls. L'inauguration officielle eut lieu le [[26 mai dans les chemins de fer|26 mai]] [[1898 dans les chemins de fer|1898]]<ref>{{Harvsp|Courant|1982|p=50}}.</ref>; on invita pour l'occasion un ancien ministre des Travaux publics, [[Ludovic Dupuy-Dutemps|M. Dupuy-Dutemps]], dont on connaissait l'influence auprès du [[Gouvernement Jules Méline|gouvernement]], sans doute pour que celui-ci accélère le processus de déclaration d'utilité publique qui intervint finalement le {{Date-|28 octobre 1898}} avec une concession de 50 ans<ref name="Bertin211">{{Harvsp|Bertin|1994|p=211}}.</ref>{{,}}<ref name="D1898"/>.
Peu de renseignements sont parvenus sur le nombre de salariés employés par les Compagnies qui ont exploité le tramway sur près de trente ans. En [[1900 dans les chemins de fer|1900]], le personnel comptait cinquante employés répartis de la manière suivante<ref name="bayeux35" />:

[[Fichier:GG - CAUDEBEC-LES-ELBEUF - Place et rue de la République.JPG|vignette|... ou sur un [[Évitement (chemin de fer)|évitement]], rue et place de la République à [[Caudebec-lès-Elbeuf]].]]
[[Fichier:ND 73 - ELBEUF - La Place du Calvaire.jpg|vignette|Tramway, place du Calvaire.]]
Dès 1898, le service était organisé autour de deux axes principaux formés pour chacun d'entre eux par la réunion de deux lignes : les 1 et 2 formaient la « grande ligne » et mettaient en communication [[Saint-Pierre-lès-Elbeuf]] et [[Orival (Seine-Maritime)|Orival]] en {{Nobr|32 minutes}} pour un parcours de près de sept kilomètres, les 3 et 4 constituaient la « ligne des gares », plus courte ({{unité|2.3|km}}), qui partait de la station d'Elbeuf-Ville pour aboutir à celle de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et dont le temps de parcours s'élevait à 12 minutes. La fréquence des navettes était respectivement de 20 et {{Nobr|12 minutes}}<ref>{{Harvsp|Bayeux|1969|p=34}}.</ref>. Curieusement, l'exploitant n'avait pas prévu de correspondance entre elles lors de leur croisement place du Calvaire. Malgré cela, le tramway rencontra un grand succès populaire ; en 1899, la première année d'exploitation complète, le nombre de passagers transportés s'éleva à {{formatnum:1450000}}<ref name="bayeux35">{{Harvsp|Bayeux|1969|p=35}}.</ref>, mais ces bonnes statistiques de trafic ne devaient pas longtemps cacher des difficultés financières et d'exploitation.

Dès les débuts de l'exploitation, de nombreuses malfaçons avaient été constatées dans l'établissement de la ligne comme l'impossibilité de croisement de deux motrices sur la place du Calvaire en raison de la largeur insuffisante de l'entrevoie (ce problème fut réglé rapidement — voir l'illustration ci-contre — sans qu'on en connaisse la date exacte, vraisemblablement avant le deuxième trimestre 1899)<ref name="bayeux29"/>. Mais, ce fut surtout l'exploitation du réseau qui s'avéra calamiteuse. Dès les premières années de service, les [[déraillement]]s et les accidents étaient monnaie courante. En raison de la vitesse limitée des convois en centre-ville ({{unité|12|km/h}} au maximum) et pour tenir des horaires jamais respectés, les [[wattman|wattmen]] poussaient leurs machines aux extrémités des lignes au mépris de toutes les règles de prudence. Non sans exagération, la presse locale relatait les nombreux accidents causés par ce manquement à la sécurité, déclarant que les infirmes et les vieillards étaient décimés par le tramway à un rythme effroyable<ref name="Bertin211"/>. Le seul record détenu par le réseau fut celui des accidents mortels<ref name="Bertin211"/>. À ces problèmes de sécurité s'ajoutait un manque de ponctualité des motrices en particulier sur la ligne des gares qui rataient leurs correspondances avec les trains en gare d'Elbeuf-Ville et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf ; toutefois la direction en imputait la responsabilité au mauvais fonctionnement des [[horloge]]s des stations de la ''Compagnie des chemins de fer de l'Ouest''<ref name="Bertin211"/>. La gestion du réseau s'avérait tout aussi problématique car, malgré de bons résultats en ce qui concerne le trafic, le réseau fut déficitaire dès 1899 et ne dégagea jamais de bénéfices jusqu'à sa fermeture<ref name="bayeux35"/>.
{{clr|right}}

=== Une fermeture précoce ===
[[Fichier:Elbeuf4.jpg|vignette|gauche|Le tramway, rue de la Barrière...]]
[[Fichier:NG 74 - ELBEUF - Rues de Rouen et des Rouvalets.JPG|vignette|gauche|...Rue de Rouen, arrivant à l'évitement de la rue des Rouvalets.]]

Le changement d'actionnaire de référence — la ''[[compagnie centrale des chemins de fer et tramways]]''<ref>La [[Compagnie centrale des chemins de fer et tramways]], a construit et exploité par elle-même ou par des filiales les réseaux de tramways et [[chemin de fer secondaire|chemins de fer secondaires]] du [[Chemin de fer du Beaujolais|Beaujolais]], [[Chemins de fer départementaux du Tarn|Tarn]] et [[Chemins de fer des Côtes-du-Nord|Côtes-du-Nord]], [[Compagnie électrique des tramways de la rive gauche de Paris|tramways de la rive gauche de Paris]] et [[Compagnie des chemins de fer départementaux des Bouches du Rhône|Bouches-du-Rhône]].</ref> devenant la maison-mère de la ''Société des tramways électriques d'Elbeuf'' le {{Date-|1er octobre 1906}}, en remplacement de la [[compagnie générale de traction]] — ne changea rien à la situation<ref name="bayeux35"/>. Le personnel mal formé était mal payé et donc instable (en 1907, la moitié des wattmen comptait moins de six mois d'ancienneté). De fréquents rappels à la discipline s'imposaient, ainsi en 1908, il était stipulé dans le règlement remis aux traminots<ref>{{Harvsp|Marquis|1983|p=112}}</ref> qu'il ne fallait pas perdre de vue l'intérêt de la compagnie, qu'il ne fallait pas se départir de politesse et de tact à l'égard des voyageurs, qu'il fallait arriver dix minutes avant l'heure du départ des tramways, qu'il était interdit de se trouver en état d'ébriété, de fumer et de cracher durant le service...

Le manque de qualification des employés elbeuviens obligea d'ailleurs la compagnie à faire appel à du personnel du deuxième réseau des [[Ancien tramway de Rouen|tramways de Rouen]] sans pour autant que la qualité du service s'améliore<ref name="bayeux35"/>. Alors que dans le reste du département le trafic augmentait sur les différents réseaux de tramway, celui d'Elbeuf continuait de perdre des voyageurs depuis le début du siècle, en 1912, le nombre de passagers transportés était tombé à {{formatnum:1170000}}<ref>{{Harvsp|Bayeux|1969|p=36}}</ref>. Dans ces conditions, les projets de prolongement du tramway de la place du Calvaire à la place du Tivoli par le cours Carnot (ligne 5), de la rue de Paris à l'église Saint-Jean (ligne 6) ou, plus ambitieux encore, de Saint-Aubin-lès-Elbeuf à [[Rouen]] par la rive droite de la [[Seine]] et [[Amfreville-la-Mi-Voie]] restèrent sans lendemain<ref name="Bertin212">{{Harvsp|Bertin|1994|p=212}}</ref>

Afin de restaurer sa rentabilité, la compagnie, qui semble avoir été liée à des entreprises de production d'électricité<ref name="Lamyp26">{{Harvsp|Lamy|1987|p=26}}.</ref> décida de vendre une partie de sa production d'électricité dès 1902, ce qui permit d'équilibrer le budget 1904, mais, dès l'année suivante, la Compagnie du gaz aligna ses tarifs, et la STEE fut de nouveau, et définitivement en déficit<ref name="Lamyp25" />. Cela amena à des difficultés pour le tramway, qui n'était pas prioritaire par rapport aux autres abonnés, et dont l'exploitation fut interrompue entre le {{date-|9 mars}} et le {{Date-|6 avril 1911}} à la suite d'un excès de production électrique<ref name="Lamyp26"/>...

[[Fichier:Tramway-Elbeuf1.jpg|vignette|Le tramway à l'arrêt...pour laisser passer un cortège funèbre.]]
La [[Première Guerre mondiale]] vit le trafic s'interrompre durant les premières semaines du conflit, la circulation reprit toutefois dès le {{Date-|10 septembre 1914}} mais de manière réduite. La ligne {{numéro|4}} fut fermée, une seule motrice circula sur les trois autres lignes dans un premier temps, puis deux à compter de la fin de l'année. Le réseau put mettre en service, chaque matin et soir entre la place du Calvaire et Saint-Pierre-les-Elbeuf, un train ouvrier composé de quatre remorques encadrées par deux motrices<ref name="bayeux37">{{Harvsp|Bayeux|1969|p=37}}</ref>. Mais l'exploitation connut une nouvelle dégradation car la compagnie recruta, faute de main d'œuvre disponible, un personnel jeune (certains wattmen avaient moins de seize ans), n'ayant subi aucune formation et livré à lui-même. Les jeunes traminots roulaient au gré de leur fantaisie, brûlaient les poteaux d'arrêt, refusaient de rendre la monnaie, injuriaient les passagers des motrices<ref name="Bertin212"/>. Parfois même, arrivés en bout de ligne, les employés ne prenaient pas le temps de manœuvrer les remorques et refoulaient ainsi les baladeuses, assis dans le compartiment voyageurs des motrices en surveillant vaguement la conduite du tramway entre les arrêts<ref name="bayeux37"/>.

Ces comportements erratiques cessèrent avec le retour des employés démobilisés au début de l'année 1919 mais le matériel, mal entretenu, était à bout de souffle. À partir du {{Date-|9 février 1919}}, l'exploitation fut placée sous régie municipale, des réparations furent effectuées, les tarifs relevés<ref name="Bertin212"/>. La désaffection des voyageurs, la concurrence des services routiers (les usines préféraient transporter leurs salariés en [[camion]]s, puis en [[autobus]]) conduisirent à un déficit accru tandis que les [[actionnaire]]s ne songeaient qu'à se débarrasser de ce boulet financier.

La fréquence de desserte des lignes se réduisit encore au début des [[années 1920]], le personnel, mal payé, déclencha une [[grève]] le {{Date-|8 janvier 1926}} qui sonna le glas du réseau<ref name="Bertin212"/>. Les motrices ne devaient plus jamais circuler, malgré la proposition de deux industriels elbeuviens qui envisageaient de rénover le réseau et d'acheter du matériel d'occasion des [[Ancien tramway de Rouen|tramways de Rouen]]. Finalement, en 1927, le tramway fut remplacé par un service d'[[autobus]] qui périclita rapidement et s'arrêta en 1936<ref>{{Harvsp|Bayeux|1969|p=38}}</ref>.

== Infrastructure ==
=== Tracés ===
L'article 2 du cahier des charges annexé au décret du {{Date-|19 octobre 1898}} modifiant la déclaration d'utilité publique de 1882 du tramway<ref name="D1898">{{Article
|titre=Décret du 19 octobre 1898 concernant l'établissement d'un réseau de Tramways dans la ville d'Elbeuf et sa banlieue (ainsi que la convention passée entre la ville et le département, le traité de rétrocession et le cahier des charges de la concession)
|périodique=[[Bulletin des lois|Bulletin des lois de la République française]]
|série=XII |numéro=2035 |date=21 juillet 1899 |pages=883-900
|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k215032s/f912.vertical
|consulté le=23 juillet 2018 }}.</ref> indique que :
{{Citation bloc|Le réseau comprendra les lignes suivantes et empruntera les voies publiques ci-après désignées :

Ligne {{numéro|1}}. — De la place du Calvaire à Orival, en passant par les rues de la Barrière, de la République, Saint-Étienne et de Rouen (chemin de grande communication {{numéro|132}}).
Dans la commune d'Orival : route de Rouen (chemin de grande communication {{numéro|132}}).

Ligne {{numéro|2}}. - De la place du Calvaire à Saint-Pierre-lez-Elbeuf, par la rue de Caudebec (chemin de grande communication {{numéro|144}}).
Dans la commune de Caudebec-lez-Elbeuf : rue de la République (chemin de grande communication {{numéro|144}}).
Dans la commune de Saint-Pierre-lez-Elbeuf : rue de Louviers (chemin de grande communication {{numéro|144}}).

Ligne {{numéro|3}}. — De la place du Calvaire à Saint-Aubin (gare de la ligne de Rouen à Serquigny), par la rue de Paris (chemin de grande communication {{numéro|144}}).
Dans la commune de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng : par la rue de la République (chemin de grande communication {{numéro|144}}) et le chemin d'accès à la gare. La ligne {{numéro|3}} aboutit dans la cour de la gare.

Ligne {{numéro|4}}. — De la place du Calvaire à la gare de la ligne de Rouen à Chartres, par la rue du Neubourg (chemin de grande communication {{numéro|132}}), la rue de l'Union (voirie urbaine), et par la rue Saint-Jacques et l'avenue Gambetta (annexe du chemin de grande communication {{numéro|132}}). La ligne {{numéro|4}} aboutit dans la cour de la gare.

Ligne {{numéro|5}}. — De la gare d'Elbeuf-Saint-Aubin à la place du Champ-de-Foire, en empruntant la ligne {{numéro|3}} jusqu'à la rue Thiers, puis passant par les rues Thiers et Solférino (voirie urbaine). La ligne {{numéro|5}} aboutit au Champ de Foire et aux quais.}}

=== Voie ===
[[Fichier:GB - ELBEUF-SAINT-AUBIN - L'usine des Tramways.JPG|vignette|Le dépôt à Saint-Aubin-lès-Elbeuf.]]

L'ensemble des lignes avait été établi à voie unique, le plus souvent en accotement des rues, sauf dans le centre de la ville d'Elbeuf où la largeur des artères avait permis l'établissement d'une voie centrale avec la présence de longs garages. Pour assurer le croisement des motrices, quatorze [[Évitement (chemin de fer)|évitement]]s avaient mis en place (neuf sur la grande ligne, cinq sur la ligne des gares).
[[Fichier:Types de rails2.svg|thumbnail|left|[[Rail]]s. De gauche à droite : <br>- type UIC 60,<br>- type Vignole,<br>- type Broca ou à gorge, typique des voies de tramway car permettant l'implantation de la voie dans la chaussée,<br>- type double champignon symétrique,<br>- et double champignon asymétrique]]
Les [[rail]]s utilisés étaient de type Broca de {{unité|44|kg/m}} à l'origine (une bonne partie des voies fut renouvelée en 1913 en rails du même type, mais de {{unité|36|kg/m}}). Le réseau possédait un profil facile, les voies étaient généralement établies en palier sauf à la sortie d'Elbeuf sur la ligne {{numéro|1}} près d'[[Orival (Seine-Maritime)|Orival]] ou non loin de la gare d'Elbeuf-Ville sur l'itinéraire {{numéro|4}} où les pentes atteignaient un plus de {{unité|50|‰}} sur de courtes sections<ref name="Bayeux31">{{Harvsp|Bayeux|1969|p=31}}</ref>.

La voie a été renouvelée en 1912/1913 pour 80 % de sa longueur<ref name="Lamyp27"/>.

Les différents arrêts étaient matérialisés par des poteaux blancs, les voyageurs prenaient leur billet auprès du personnel à bord du tramway<ref name="Bayeux31"/>.

=== Dépôt ===
Un seul bâtiment suffisait à l'exploitation du réseau et regroupait les bureaux de la Compagnie, le [[Dépôt de locomotives|dépôt]] et l'atelier de réparation du matériel ainsi que la [[centrale électrique]] alimentant la ligne<ref>{{Base Mérimée|IA76001814|La centrale électrique d'Elbeuf}}</ref>. Ce vaste ensemble (agrandi en 1910) se situait sur le territoire de la commune de [[Saint-Aubin-lès-Elbeuf]], non loin de la Seine, dans un périmètre délimité par les rues Nivert, Saint-Louis et Caroline<ref>{{Base Mérimée|IA76001813|Le dépôt du tramway}}</ref>.

=== Production d'énergie ===
La STEE avait sa propre centrale électrique installée dans l'emprise du dépôt à Saint-Aubin. Malgré des extensions de capacité, et compte tenu de la puissance électrique vendue à des particuliers ou des entreprises, cette centrale se révéla insuffisante et une nouvelle est mise en service en {{date-|juin 1913}} au [[Grand-Quevilly]], dotée de 4 turbines de {{Unité|7500|[[cheval-vapeur|cv]]}}<ref name="Lamyp27"/>, destinée à alimenter un nouveau réseau de tramways entre Rouen et Elbeuf. Elle était reliée au tramway d'Elbeuf par un [[Feeder (électrique)|feeder]] entre Grand-Quevilly et [[Grand-Couronne]] par la [[forêt du Rouvray]], puis gagnait Orival jusqu'à une sous-station située rue Chanzy. Un autre feeder alimentait le réseau du [[Ancien tramway de Rouen|tramway de Rouen]]. Dans l'attente de la mise en service de cette centrale, la SREE exploitait l'usine de son ancienne rivale, la ''compagnie elbeuvienne du Gaz''<ref name="Lamyp26"/>. En 1913, un autre feeder reliait la sous-station de la rue Chanzy et la place du Coq.

La STEE alimentait à cette époque le réseau de tramway, les réseaux municipaux de Saint-Aubin et d'Elbeuf et la ''compagnie elbeuvienne du gaz'', qui distribuait l'électricité à Caudebec et Saint-Pierre, par l'intermédiaire de sa sous-station de la rue du Neubourg à Elbeuf<ref name="Lamyp27-28">{{Harvsp|Lamy|1987|p=27-28}}.</ref>

== Exploitation ==
=== Fréquences ===
Dès 1898, le réseau est exploité en deux lignes : la ''grand ligne'' entre Saint-Pierre, Caudebec, Elbeuf et Orival, soit {{Unité|6.935|m.}} parcourus en 32 minutes. Les tracés 3 et 4 réunis formaient la ''ligne des gares'', dont le développement était de {{Unité|2.345|m.}} et qui étaient parcourus en 12 minutes. Ces deux lignes se croisaient à la place du Calvaire, sans assurer de correspondances entre-elles. Lors de l'ouverture, les fréquences étaient d'un tramway toutes les 12 minutes sur la ligne des gares, toutes les 20 minutes sur la grande ligne<ref name="Lamyp22-23">{{Harvsp|Lamy|1987|p=22-23}}.</ref>.

La ligne des gares était contractuellement tenue d'assurer les correspondances avec les trains de {{Heure|5|05}} à {{heure|20|25}}, mais cette obligation, peu respectée, amena de nombreuses réclamations<ref name="Lamyp22-23"/>.

En 1900, afin d'éviter une sous-fréquentation des tramways en fin de ligne, une navette est créée sur la grande ligne, signalée par une plaque blanche à point rouge, entre ''Les Rouvalets'' et ''Caudebec-Assemblée'' à la fréquence de 8 minutes, le reste de la ligne étant desservi toutes les 16 minutes<ref name="Lamyp23-24">{{Harvsp|Lamy|1987|p=23-24}}.</ref>. Cette navette disparait au service d'hiver 1901-1902, la fréquence de la grande ligne étant portée à 12 minutes et celle de la ligne des gares à 8 minutes<ref name="Lamyp25">{{Harvsp|Lamy|1987|p=25}}.</ref>.

=== Tarifs ===
À l'ouverture de la ligne, les tarifs étaient de 15 centimes en {{1re|classe}} et 10 centimes en {{2de|classe}}. Du fait de la fusion des lignes, le trajet Saint-Pierre - Orival coutait 30 et 20 centimes. Des billets d'aller-retour existaient également, à 20 et 15 centomes la section. En 1899 est créée une carte hebdomadaire pour abonnements ouvriers, autorisant l'aller entre {{heure|5}} et {{heure|7}}, ainsi que le retour entre {{heure|18}} et {{heure|19}} pour 70 centimes. Une carte à {{unité|1.25|FRF}} permettait un voyage supplémentaire entre {{Heure|11}} et {{heure|13}}<ref name="Lamyp23">{{Harvsp|Lamy|1987|p=23}}.</ref>.

Afin de tenter de retrouver le trafic initial du réseau, la compagnie crée en 1901 un tarif de correspondance entre les deux lignes à 15 et 10 centimes entre ''Les Rouvalets'', ''L'assemblée'', ''Saint-Aubin'' et ''Elbeuf-ville''<ref name="Lamyp25"/>.

Afin de tenter de pallier les dérèglements économiques de la guerre puis de l'après-guerre, les tarifs sont relevés le {{date-|18 septembre 1916}} et la carte d'abonnements passa à {{Unité|1|FRF}}, puis {{Unité|1.05|FRF}} le {{Date-|8 décembre 1917}}, {{Unité|1,10|FRF}} le {{Date-|3 décembre 1918}}, {{Unité|1.30|FRF}} le {{Date-|29 mars 1919}} et {{Date-|2.50|FRF}} le {{Date-|16 novembre 1920}}. Le tarif des correspondances est supprimé le {{date-|18 septembre 1916}}, les voyageurs devant alors payer un second billet en changeant de ligne<ref name="Lamyp29">{{Harvsp|Lamy|1987|p=29}}.</ref>.

=== Matériel roulant ===
{{...}}

=== Données statistiques ===
En 1899, le réseau a transporté {{nombre|1443899|voyageurs}}, chiffre notable pour une agglomération de {{nombre|40000|habitants}}, générant une recette journalière de {{nobr|50 francs}}<ref name="Lamyp24">{{Harvsp|Lamy|1987|p=24}}.</ref>.

En 1900, la recette journalière n'était plus que de {{nobr|48 francs}}, soit {{Unité|210875|FRF}} de dépenses et {{Unité|188333|FRF}} de recettes et un déficit de {{Unité|22542|FRF}}<ref name="Lamyp24"/>, pour {{Unité|601108|km}} parcourue par l'ensemble des motrices et {{Unité|24970|km}} pour les remorques<ref name="Lamyp27">{{Harvsp|Lamy|1987|p=27}}.</ref>.

En 1904, le budget est équilibré grâce à la vente d’énergie électrique, mais, en 1906, la STEE présentait un déficit de {{Unité|40176|FRF}} pour une recette de {{Unité|180953|FRF}}<ref name="Lamyp25"/>

En 1912, année de réalisation d'importants travaux, la recette fut de {{Unité|208275|FRF}} pour une dépense de {{Unité|211627|FRF}} et {{Unité|1172560|voyageurs}}<ref name="Lamyp27"/>.

En 1921, les rames du tramway ne parcoururent que {{Unité|397708|km}}, générant une recette (compte tenu de l'inflation de l'époque) de {{Unité|470213|FRF}} et un déficit de {{Unité|23481|FRF}}<ref name="Lamyp29"/>.

=== Personnel ===
Peu de renseignements sont parvenus sur le nombre de salariés employés par les Compagnies qui ont exploité le tramway sur près de trente ans. En 1900, le personnel comptait cinquante employés répartis de la manière suivante<ref name="bayeux35"/>:
* deux membres parmi le personnel administratif ;
* deux membres parmi le personnel administratif ;
* trente-deux membres parmi le personnel de traction : chef de [[Dépôt de locomotives|dépôt]], employés du dépôt, [[wattman|wattmen]] ;
* trente-deux membres parmi le personnel de traction : chef de [[Dépôt de locomotives|dépôt]], employés du dépôt, [[wattman|wattmen]] ;
* quatorze parmi le personnel de l'exploitation : employés de bureau, [[Contrôleur des transports|receveurs]] ;
* quatorze parmi le personnel de l'exploitation : employés de bureau, [[Contrôleur des transports|receveurs]] ;
* deux membres du personnel de voie : [[cantonnier]]s.
* deux membres du personnel de voie : [[Cantonnier (métier)|cantonniers]].

Comme dans d'autres réseaux peu étendus, les tâches annoncées ne correspondaient pas toujours aux fonctions réelles du personnel, ce dernier pouvant occuper plusieurs postes en fonction des besoins. De surcroit, l'emploi occasionnel de personnel du second réseau des tramways de Rouen (géré par M. Cauderay) au début de l'exploitation et de salariés saisonniers (une dizaine durant l'été) rendent difficile l'évaluation du nombre d'employés du tramway<ref name="bayeux35" />.


Comme dans d'autres réseaux peu étendus, les tâches annoncées ne correspondaient pas toujours aux fonctions réelles du personnel, ce dernier pouvant occuper plusieurs postes en fonction des besoins. De surcroit, l'emploi occasionnel de personnel du second réseau des tramways de Rouen (géré également par M. Cauderay) au début de l'exploitation et de salariés saisonniers (une dizaine durant l'été) rendent difficile l'évaluation du nombre d'employés du tramway<ref name="bayeux35"/>.
== Description technique ==
=== Voie et bâtiments ===
[[Image:Tramway-Elbeuf3.jpg|right|thumb|300px|Une motrice sur la « ligne des gares », près de la station d'Elbeuf-Ville, sur une des rares sections présentant une forte déclivité.]]
L'ensemble des lignes avait été établi à voie unique, le plus souvent en accotement des rues, sauf dans le centre de la ville d'Elbeuf où la largeur des artères avait permis l'établissement d'une voie centrale avec la présence de longs garages. Pour assurer le croisement des motrices, quatorze [[évitement]]s avaient mis en place (neuf sur la grande ligne, cinq sur la ligne des gares). Les
[[rail]]s utilisés étaient de type Broca de 44kg/m à l'origine (une bonne partie des voies fut renouvelée en [[1913 dans les chemins de fer|1913]] en rails du même type, mais de 36 kg/m). Le réseau possédait un profil facile, les voies étaient généralement établies en palier sauf à la sortie d'Elbeuf sur la ligne n°1 près d'[[Orival]] ou non loin de la gare d'Elbeuf-Ville sur l'itinéraire n° 4 où les pentes atteignaient un plus de 50 ‰ sur de courtes sections<ref name="Bayeux31">Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 31.</ref>.


== Vestiges et matériels préservés ==
Un seul bâtiment suffisait à l'exploitation du réseau et regroupait les bureaux de la Compagnie, le [[Dépôt de locomotives|dépôt]] et l'atelier de réparation du matériel ainsi que la [[centrale électrique]] alimentant la ligne<ref>[http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-42-13330-93484.html#fiche Des précisions sur la centrale électrique] sur patrimoine-de-france.org.</ref>. Ce vaste ensemble (agrandi en [[1910 dans les chemins de fer|1910]]) se situait sur le territoire de la commune de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, non loin de la Seine, dans un périmètre délimité par les rues Nivert, Saint-Louis et Caroline<ref>[http://www.patrimoine-de-france.org/oeuvres/richesses-42-13330-93487.html#fiche Le dépôt du tramway] sur patrimoine-de-france.org.</ref>. Les différents arrêts étaient matérialisés par des poteaux blancs, les voyageurs prenaient leur billet auprès du personnel à bord du tramway<ref name="Bayeux31" />.
{{...}}
Le réseau Astuce, qui a succédé en 2011 au réseau [[transports de l'agglomération d'Elbeuf|TAE]], est un lointain successeur du tramway d'Elbeuf.


=== Matériel ===
== Notes et références ==
=== Notes ===
L'exploitation des lignes était assurée par des motrices à deux [[essieu]]x du type classique de la ''Compagnie Générale de Construction'' (disposant d'un moteur de 25 [[Cheval-vapeur|CV]] sur chaque essieu, soit une puissance totale de 50 [[Cheval-vapeur|CV]]), comportant des plates-formes ouvertes aux deux extrémités. Les motrices avaient une capacité totale de 44 places en 1{{re}} et 2{{e}} classes (24 places assises, 6 en 1{{re}} et 18 en 2{{e}} dans deux compartiments + 20 places debout, soit 10 sur chaque plate-forme). Elles étaient renforcées par des remorques ouvertes à bancs transversaux appelées « baladeuses » qui offraient 50 places à classe unique (30 assises, 20 debout)<ref name="Bayeux32">Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », p. 32.</ref>.
{{Références|groupe=notes}}


=== Références ===
Lors de la mise en service, la Compagnie disposait de neuf motrices. Dès l'année suivante, en [[1899 dans les chemins de fer|1899]], l'ensemble du parc ayant été livré, le réseau disposa de quinze motrices qui furent numérotées de 1 à 15 et de huit remorques portant des lettres de A à H. La livrée d'origine, rouge sang, frappée des armoiries de la ville d'Elbeuf, fut remplacée en [[1902 dans les chemins de fer|1902]] par une livrée jaune et blanche, puis vert foncé en [[1906 dans les chemins de fer|1906]]. Peu de modifications furent apportées au matériel si ce n'est la fermeture de quelques remorques. A l'exception d'une motrice accidentée qui ne fut jamais réparée, le même matériel assura le service jusqu'à la disparition du tramway<ref name="Bayeux32" />.
{{Références}}


== Annexes ==
== Annexes ==
{{Autres projets|commons=Category:Tramway d'Elbeuf|commons titre=Le tramway d'Elbeuf}}
=== Bibliographie et sources ===
[[Image:Nuvola apps ksig horizonta.png|30px]] : source utilisée pour la rédaction de cet article


=== Bibliographie ===
* [[Archives départementales]] de Seine-Maritime.
{{plume}} : source utilisée pour la rédaction de cet article
* [[Archives municipales]] d'Elbeuf.
* Hervé Bertin, ''Petits Trains et Tramways haut-normands'', Cénomane/[[La Vie du Rail]], Le Mans, 1994 {{ISBN|2-905596-48-1|2-902808-52-6}}. [[Image:Nuvola apps ksig horizonta.png|30px]]
* Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », dans ''Chemins de fer régionaux et urbains'' {{ISSN|1141-7447}}, {{numéro}}92. [[Image:Nuvola apps ksig horizonta.png|30px]]
* Alain Lamy, ''Le Tramway d'Elbeuf: de 1872 à 1936'', Éditions Temps libre, 1987.
* Jean-Claude Marquis, ''Petite histoire illustrée des transports en Seine-Inférieure au {{s-|XIX|e|}}'', [[Centre national de documentation pédagogique|CRDP]], Rouen, 1983. [[Image:Nuvola apps ksig horizonta.png|30px]]
* René Courant, ''Le Temps des tramways'', Éd. du Cabri, Menton, 1982 {{ISBN|2-903310-22-X}}. [[Image:Nuvola apps ksig horizonta.png|30px]]


* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Hervé|nom1=Bertin|titre=Petits trains et tramways haut-normands|lieu=Le Mans|éditeur=Cénomane/[[Les Éditions La Vie du rail|La Vie du Rail]]|année=1994|pages totales=224|isbn=2-905596-48-1|isbn2=2902808526}} {{plume}}
=== Liens internes ===
* {{Article|prénom1=Jean-Luc |nom1=Bayeux |titre=Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) |périodique=Chemins de fer régionaux et urbains |numéro=92 |année=1969 |pages= |issn=1141-7447 }} {{plume}}
* [[Tramway]]
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Alain|nom1=Lamy|titre=Le Tramway d'Elbeuf|sous-titre=de 1872 à 1936|lieu=Saint-Aubin-lès-Elbeuf|éditeur=Éditions Temps libre, ADÉSA|année=1987|pages totales=271|isbn=2-9501670-1-2}} {{plume}}
* [[Liste des tramways de France]]
* {{Ouvrage|prénom1=José|nom1=Banaudo|titre=Sur les rails de Normandie|lieu=Breil-sur-Roya|éditeur=Éditions du Cabri|année=2009|pages totales=287|isbn=978-2-914603-43-0|isbn2=2-914603-43-6}} {{plume}}
* [[Ancien tramway de Rouen]]
* {{Ouvrage|langue=fr|prénom1=René|nom1=Courant|titre=Le Temps des tramways|lieu=Menton|éditeur=Éditions du Cabri|année=1982|pages totales=192|isbn=2-903310-22-X}} {{plume}}
* [[Tramway d'Eu-Le Tréport-Mers]]
* {{Ouvrage|prénom1=Jean-Claude|nom1=Marquis|titre=Petite histoire illustrée des transports en Seine-Inférieure au {{s-|XIX|e|}}|lieu=Rouen|éditeur=Éditions du [[Centre national de documentation pédagogique|CRDP]]|année=1983|isbn=}} {{plume}}
* {{Ouvrage|titre=Encyclopédie générale des transports|sous-titre=Chemins de fer|volume=12|lieu=Valignat|éditeur=Éditions de l'Ormet|année=1994|isbn=2-906575-13-5}} {{plume}}


=== Notes et références ===
=== Articles connexes ===
* [[Tramway]], [[Liste des tramways de France]]
{{Références|colonnes = 2}}
* [[Compagnie des chemins de fer de l'Ouest]], [[Ligne de Serquigny à Oissel]], [[Gare d'Elbeuf - Saint-Aubin]]
* [[Compagnie des chemins de fer du Nord]], [[Ligne de Saint-Roch à Darnétal-Bifurcation]], [[Gare de Rouen-Martainville]]
* [[Ancien tramway de Rouen]], [[Ancien tramway du Havre]], [[Tramway d'Eu-Le Tréport-Mers]]
* [[Transports de l'agglomération d'Elbeuf]], [[Métropole Rouen-Normandie]]


=== Liens externes ===
{{Article potentiellement bon|oldid=27470228|date=19 mars 2008}}
{{Liens}}
* {{Lien web
|url=https://www.amtuir.org/03_htu_cp/03_reseau_france_cp/elbeuf_cp/images/ebf002.htm
|titre=Carte postale ancienne : Motrice {{n°|13}} au terminus de la gare d'Elbeuf-Ville
|série=Encyclopédie générale des transports
|année=vers 1900
|site=amtuir.org
|consulté le=23 juillet 2018
}}.


{{Ancien Tramway de France}}
{{Palette|Ancien tramway de France}}
{{Portail|Normandie|Ferrovipédia}}
{{Portail|chemin de fer|Seine-Maritime|Transports en commun}}
{{Bon article|vote=BA|oldid=28206847|date=3 avril 2008}}


{{DEFAULTSORT:Elbeuf}}
{{DEFAULTSORT:Elbeuf}}
[[Catégorie:Tramway en France]]
[[Catégorie:Ancien tramway dans la Seine-Maritime]]
[[Catégorie:Ligne ferroviaire de la Seine-Maritime]]
[[Catégorie:Ancien tramway à écartement standard dans la Seine-Maritime|Elbeuf]]

Dernière version du 25 septembre 2023 à 17:13

Tramway d'Elbeuf
Voir l'illustration.
Le tramway, place du Calvaire, centre névralgique du réseau elbeuvien.
Voir la carte de la ligne.

Histoire
Mise en service 1898
Suppression 1926
Exploitant Société des tramways électriques d'Elbeuf (1898-1926)
Exploitation
Matériel utilisé Tramway électrique
Dépôt d’attache Saint-Aubin-lès-Elbeuf
Longueur 9,3 km
Fréquentation
(moy. par an)
1 450 000 en 1899

Le tramway d'Elbeuf est mis en service en 1898 dans le sud du département de la Seine-Inférieure (aujourd'hui Seine-Maritime) pour faciliter les déplacements des habitants de la cité textile d'Elbeuf et de ses banlieues ouvrières. Avec ses quatre lignes à écartement standard longues de neuf kilomètres et divergeant de la place du Calvaire, le réseau transporta jusqu'à 1,5 million de personnes, en 1899, au début de l'exploitation.

Les difficultés de gestion de l'exploitation et financières de la compagnie concessionnaire constituèrent autant de signaux d'alerte dès avant la Première Guerre mondiale. Le conflit qui perturba le réseau et la concurrence des autres modes de transport au début des années 1920 aggravèrent la crise de ce tramway qui connut une fermeture précoce en 1926.

Le projet de Ridder

[modifier | modifier le code]

Située à 20 kilomètres en amont de Rouen, son agglomération s'étendant sur les deux rives de la Seine, la cité drapière d'Elbeuf s'estimait, à la fin du XIXe siècle, délaissée par le chemin de fer depuis que la ligne de Paris à Rouen, inaugurée en 1843, l'avait évitée. Le nouveau mode de communication arriva dans cette agglomération, forte de 40 000 âmes, seulement en 1865 lors de la construction de la ligne d'Oissel à Serquigny qui permettait une liaison directe entre Rouen et Caen[notes 1]. Quelques années plus tard, en 1883, Elbeuf fut raccordée à la ligne transversale Rouen-Orléans avec l'achèvement du tronçon entre sa gare et celle du Petit-Quevilly, mais cela ne résolvait en rien le problème des transports urbains[1].

Croisement de deux motrices, place du Calvaire.

Pourtant, en 1877, Théodore de Ridder, représentant la compagnie générale des railways à voie étroite de Bruxelles avait soumis un ambitieux projet de desserte de l'agglomération elbeuvienne par un réseau de tramways à vapeur et à traction hippomobile destiné au transport des voyageurs et des marchandises[2].

Un ensemble de six lignes en étoile d'une longueur totale de 33,8 kilomètres (avec comme point central la place du Calvaire à Elbeuf) était envisagé. Trois itinéraires suburbains à vapeur auraient mis en communication le centre d'Elbeuf avec l'agglomération rouennaise pour l'un d'entre eux, avec Saint-Pierre-lès-Elbeuf pour les deux autres. La ligne principale aurait franchi la Seine, traversé Saint-Aubin-lès-Elbeuf et se serait raccordée au réseau des tramways de Rouen à Sotteville-lès-Rouen après avoir parcouru 18,300 km, avant de rejoindre la gare de Rouen-Martainville[notes 2] par un tronçon à trois files de rails (les nombreuses filatures de la ville étaient étroitement liées aux industriels du Nord) La seconde ligne de 3,700 km aboutissait au lieu-dit « le Pont d'Oison » par le centre de Caudebec-lès-Elbeuf. La troisième ligne aurait eu 4 km aurait mené au Puits-Mérot par la Porte verte en passant par le hameau de La Villette, près de la Seine. Trois lignes hippomobiles auraient desservi le centre-ville, empruntant les rues étroites de ce dernier et reliant l'axe Saint-Pierre-Sotteville aux gares d'Elbeuf - Saint-Aubin et d'Elbeuf-Ville. Une septième ligne, exclusivement destinée au fret, aurait été constituée de divers embranchements industriels passant par d'étroites rues moyenâgeuses ainsi que les quais et les rues aux Bœufs, du Havre, Robert, de la Porte-Rouge, Cousin-Corblin, Saint-Amand et Dévé, desservant ainsi la majorité des usines[2],[3]. Compte tenu de l'étroitesse de certaines voies, le gabarit envisagé était de 1,90 m et les courbes les plus serrées, sur la ligne 7, n'étaient que de 20 m. de rayon, entrainant l'usage de locomotives articulées. Le parc aurait été constitué de 16 locomotives mixtes, 8 locomotives de 16 à 18 tonnes, 21 voitures à impériales, 12 voitures mixtes, 50 wagons couverts et 100 wagons à charbon, ainsi que 70 chevaux, répartis dans 5 dépôts (Puis-Mérot, Pont-d'Oison, Saint-Aubin, Sotteville et Orival)[4].

Même si l'enthousiasme de la population fut grand comme le prouvèrent les nombreuses pétitions en faveur du réseau et les multiples observations faites lors de l'enquête d'utilité publique réalisée en 1879, les lignes, qui avaient été déclarées d'utilité publique par décret de 1882[5], ne furent jamais construites en raison du manque de soutien financier des industriels, de l'hostilité de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest qui craignait la concurrence de la ligne de Rouen et du ralentissement de l'activité économique lié à la Grande Dépression de 1882[2].

Mise en place du réseau

[modifier | modifier le code]

Il fallut attendre 1894 pour qu'un nouveau projet soit présenté à la municipalité d'Elbeuf par Édouard Cauderay au nom de la Compagnie générale de traction[1]. Cette dernière proposait la construction de cinq lignes à voie normale dont une à traction hippomobile pour une longueur totale de 9 800 mètres avec toujours la place du Calvaire comme centre[6]. Le projet fit cette fois l'unanimité et, après une enquête d'utilité publique réalisée en février-, les travaux purent commencer en avant même que la déclaration d'utilité publique ne soit promulguée[7].

Les débuts du tramway et les premières difficultés

[modifier | modifier le code]
Tramway devant la mairie de Caudebec-lès-Elbeuf...

Le réseau que l'on édifiait devait être formé des lignes suivantes[6]:

  • ligne no 1 : Elbeuf-Place du Calvaire - Place du Coq-Rouvalet - Orival terminus (3 265 m) ;
  • ligne no 2 : Elbeuf-Place du Calvaire - Caudebec - Saint-Pierre terminus (3 670 m) ;
  • ligne no 3 : Elbeuf-Place du Calvaire - Rue de Paris-Rue de la République - Gare de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng (1 800 m) ;
  • ligne no 4 : Elbeuf-Place du Calvaire - Gare d'Elbeuf-Ville (545 m) ;
  • ligne no 5 : Rue de Paris - Champ de foire - Port (520 m), ce dernier tronçon étant réservé au transport des marchandises.

À la fin de l'année 1897, les travaux étaient pratiquement achevés, la voie posée, la centrale électrique alimentant le réseau opérationnelle. Le , les premières motrices circulaient sur un réseau limité à quatre lignes et long de 9 280 mètres car la ligne no 5 à traction hippomobile ne fut finalement pas construite en raison des difficultés d'exploitation liées à la circulation des wagons sur une voie unique, au coût élevé de l'entretien d'une écurie, à la présence d'une plaque tournante au centre-ville[8].

Le tramway rue de la Barrière à Elbeuf. On y distingue l'aubette d'une station.

Les autorités tardant à délivrer leur autorisation, M. Cauderay, au nom de la Société des tramways électriques d'Elbeuf, filiale de la Compagnie générale de traction, décida de mettre les tramways en circulation à ses risques et périls. L'inauguration officielle eut lieu le 26 mai 1898[9]; on invita pour l'occasion un ancien ministre des Travaux publics, M. Dupuy-Dutemps, dont on connaissait l'influence auprès du gouvernement, sans doute pour que celui-ci accélère le processus de déclaration d'utilité publique qui intervint finalement le avec une concession de 50 ans[10],[11].

... ou sur un évitement, rue et place de la République à Caudebec-lès-Elbeuf.
Tramway, place du Calvaire.

Dès 1898, le service était organisé autour de deux axes principaux formés pour chacun d'entre eux par la réunion de deux lignes : les 1 et 2 formaient la « grande ligne » et mettaient en communication Saint-Pierre-lès-Elbeuf et Orival en 32 minutes pour un parcours de près de sept kilomètres, les 3 et 4 constituaient la « ligne des gares », plus courte (2,3 km), qui partait de la station d'Elbeuf-Ville pour aboutir à celle de Saint-Aubin-lès-Elbeuf et dont le temps de parcours s'élevait à 12 minutes. La fréquence des navettes était respectivement de 20 et 12 minutes[12]. Curieusement, l'exploitant n'avait pas prévu de correspondance entre elles lors de leur croisement place du Calvaire. Malgré cela, le tramway rencontra un grand succès populaire ; en 1899, la première année d'exploitation complète, le nombre de passagers transportés s'éleva à 1 450 000[13], mais ces bonnes statistiques de trafic ne devaient pas longtemps cacher des difficultés financières et d'exploitation.

Dès les débuts de l'exploitation, de nombreuses malfaçons avaient été constatées dans l'établissement de la ligne comme l'impossibilité de croisement de deux motrices sur la place du Calvaire en raison de la largeur insuffisante de l'entrevoie (ce problème fut réglé rapidement — voir l'illustration ci-contre — sans qu'on en connaisse la date exacte, vraisemblablement avant le deuxième trimestre 1899)[7]. Mais, ce fut surtout l'exploitation du réseau qui s'avéra calamiteuse. Dès les premières années de service, les déraillements et les accidents étaient monnaie courante. En raison de la vitesse limitée des convois en centre-ville (12 km/h au maximum) et pour tenir des horaires jamais respectés, les wattmen poussaient leurs machines aux extrémités des lignes au mépris de toutes les règles de prudence. Non sans exagération, la presse locale relatait les nombreux accidents causés par ce manquement à la sécurité, déclarant que les infirmes et les vieillards étaient décimés par le tramway à un rythme effroyable[10]. Le seul record détenu par le réseau fut celui des accidents mortels[10]. À ces problèmes de sécurité s'ajoutait un manque de ponctualité des motrices en particulier sur la ligne des gares qui rataient leurs correspondances avec les trains en gare d'Elbeuf-Ville et de Saint-Aubin-lès-Elbeuf ; toutefois la direction en imputait la responsabilité au mauvais fonctionnement des horloges des stations de la Compagnie des chemins de fer de l'Ouest[10]. La gestion du réseau s'avérait tout aussi problématique car, malgré de bons résultats en ce qui concerne le trafic, le réseau fut déficitaire dès 1899 et ne dégagea jamais de bénéfices jusqu'à sa fermeture[13].

Une fermeture précoce

[modifier | modifier le code]
Le tramway, rue de la Barrière...
...Rue de Rouen, arrivant à l'évitement de la rue des Rouvalets.

Le changement d'actionnaire de référence — la compagnie centrale des chemins de fer et tramways[14] devenant la maison-mère de la Société des tramways électriques d'Elbeuf le , en remplacement de la compagnie générale de traction — ne changea rien à la situation[13]. Le personnel mal formé était mal payé et donc instable (en 1907, la moitié des wattmen comptait moins de six mois d'ancienneté). De fréquents rappels à la discipline s'imposaient, ainsi en 1908, il était stipulé dans le règlement remis aux traminots[15] qu'il ne fallait pas perdre de vue l'intérêt de la compagnie, qu'il ne fallait pas se départir de politesse et de tact à l'égard des voyageurs, qu'il fallait arriver dix minutes avant l'heure du départ des tramways, qu'il était interdit de se trouver en état d'ébriété, de fumer et de cracher durant le service...

Le manque de qualification des employés elbeuviens obligea d'ailleurs la compagnie à faire appel à du personnel du deuxième réseau des tramways de Rouen sans pour autant que la qualité du service s'améliore[13]. Alors que dans le reste du département le trafic augmentait sur les différents réseaux de tramway, celui d'Elbeuf continuait de perdre des voyageurs depuis le début du siècle, en 1912, le nombre de passagers transportés était tombé à 1 170 000[16]. Dans ces conditions, les projets de prolongement du tramway de la place du Calvaire à la place du Tivoli par le cours Carnot (ligne 5), de la rue de Paris à l'église Saint-Jean (ligne 6) ou, plus ambitieux encore, de Saint-Aubin-lès-Elbeuf à Rouen par la rive droite de la Seine et Amfreville-la-Mi-Voie restèrent sans lendemain[17]

Afin de restaurer sa rentabilité, la compagnie, qui semble avoir été liée à des entreprises de production d'électricité[18] décida de vendre une partie de sa production d'électricité dès 1902, ce qui permit d'équilibrer le budget 1904, mais, dès l'année suivante, la Compagnie du gaz aligna ses tarifs, et la STEE fut de nouveau, et définitivement en déficit[19]. Cela amena à des difficultés pour le tramway, qui n'était pas prioritaire par rapport aux autres abonnés, et dont l'exploitation fut interrompue entre le et le à la suite d'un excès de production électrique[18]...

Le tramway à l'arrêt...pour laisser passer un cortège funèbre.

La Première Guerre mondiale vit le trafic s'interrompre durant les premières semaines du conflit, la circulation reprit toutefois dès le mais de manière réduite. La ligne no 4 fut fermée, une seule motrice circula sur les trois autres lignes dans un premier temps, puis deux à compter de la fin de l'année. Le réseau put mettre en service, chaque matin et soir entre la place du Calvaire et Saint-Pierre-les-Elbeuf, un train ouvrier composé de quatre remorques encadrées par deux motrices[20]. Mais l'exploitation connut une nouvelle dégradation car la compagnie recruta, faute de main d'œuvre disponible, un personnel jeune (certains wattmen avaient moins de seize ans), n'ayant subi aucune formation et livré à lui-même. Les jeunes traminots roulaient au gré de leur fantaisie, brûlaient les poteaux d'arrêt, refusaient de rendre la monnaie, injuriaient les passagers des motrices[17]. Parfois même, arrivés en bout de ligne, les employés ne prenaient pas le temps de manœuvrer les remorques et refoulaient ainsi les baladeuses, assis dans le compartiment voyageurs des motrices en surveillant vaguement la conduite du tramway entre les arrêts[20].

Ces comportements erratiques cessèrent avec le retour des employés démobilisés au début de l'année 1919 mais le matériel, mal entretenu, était à bout de souffle. À partir du , l'exploitation fut placée sous régie municipale, des réparations furent effectuées, les tarifs relevés[17]. La désaffection des voyageurs, la concurrence des services routiers (les usines préféraient transporter leurs salariés en camions, puis en autobus) conduisirent à un déficit accru tandis que les actionnaires ne songeaient qu'à se débarrasser de ce boulet financier.

La fréquence de desserte des lignes se réduisit encore au début des années 1920, le personnel, mal payé, déclencha une grève le qui sonna le glas du réseau[17]. Les motrices ne devaient plus jamais circuler, malgré la proposition de deux industriels elbeuviens qui envisageaient de rénover le réseau et d'acheter du matériel d'occasion des tramways de Rouen. Finalement, en 1927, le tramway fut remplacé par un service d'autobus qui périclita rapidement et s'arrêta en 1936[21].

Infrastructure

[modifier | modifier le code]

L'article 2 du cahier des charges annexé au décret du modifiant la déclaration d'utilité publique de 1882 du tramway[11] indique que :

« Le réseau comprendra les lignes suivantes et empruntera les voies publiques ci-après désignées :

Ligne no 1. — De la place du Calvaire à Orival, en passant par les rues de la Barrière, de la République, Saint-Étienne et de Rouen (chemin de grande communication no 132). Dans la commune d'Orival : route de Rouen (chemin de grande communication no 132).

Ligne no 2. - De la place du Calvaire à Saint-Pierre-lez-Elbeuf, par la rue de Caudebec (chemin de grande communication no 144). Dans la commune de Caudebec-lez-Elbeuf : rue de la République (chemin de grande communication no 144). Dans la commune de Saint-Pierre-lez-Elbeuf : rue de Louviers (chemin de grande communication no 144).

Ligne no 3. — De la place du Calvaire à Saint-Aubin (gare de la ligne de Rouen à Serquigny), par la rue de Paris (chemin de grande communication no 144). Dans la commune de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng : par la rue de la République (chemin de grande communication no 144) et le chemin d'accès à la gare. La ligne no 3 aboutit dans la cour de la gare.

Ligne no 4. — De la place du Calvaire à la gare de la ligne de Rouen à Chartres, par la rue du Neubourg (chemin de grande communication no 132), la rue de l'Union (voirie urbaine), et par la rue Saint-Jacques et l'avenue Gambetta (annexe du chemin de grande communication no 132). La ligne no 4 aboutit dans la cour de la gare.

Ligne no 5. — De la gare d'Elbeuf-Saint-Aubin à la place du Champ-de-Foire, en empruntant la ligne no 3 jusqu'à la rue Thiers, puis passant par les rues Thiers et Solférino (voirie urbaine). La ligne no 5 aboutit au Champ de Foire et aux quais. »

Le dépôt à Saint-Aubin-lès-Elbeuf.

L'ensemble des lignes avait été établi à voie unique, le plus souvent en accotement des rues, sauf dans le centre de la ville d'Elbeuf où la largeur des artères avait permis l'établissement d'une voie centrale avec la présence de longs garages. Pour assurer le croisement des motrices, quatorze évitements avaient mis en place (neuf sur la grande ligne, cinq sur la ligne des gares).

Rails. De gauche à droite :
- type UIC 60,
- type Vignole,
- type Broca ou à gorge, typique des voies de tramway car permettant l'implantation de la voie dans la chaussée,
- type double champignon symétrique,
- et double champignon asymétrique

Les rails utilisés étaient de type Broca de 44 kg/m à l'origine (une bonne partie des voies fut renouvelée en 1913 en rails du même type, mais de 36 kg/m). Le réseau possédait un profil facile, les voies étaient généralement établies en palier sauf à la sortie d'Elbeuf sur la ligne no 1 près d'Orival ou non loin de la gare d'Elbeuf-Ville sur l'itinéraire no 4 où les pentes atteignaient un plus de 50  sur de courtes sections[22].

La voie a été renouvelée en 1912/1913 pour 80 % de sa longueur[23].

Les différents arrêts étaient matérialisés par des poteaux blancs, les voyageurs prenaient leur billet auprès du personnel à bord du tramway[22].

Un seul bâtiment suffisait à l'exploitation du réseau et regroupait les bureaux de la Compagnie, le dépôt et l'atelier de réparation du matériel ainsi que la centrale électrique alimentant la ligne[24]. Ce vaste ensemble (agrandi en 1910) se situait sur le territoire de la commune de Saint-Aubin-lès-Elbeuf, non loin de la Seine, dans un périmètre délimité par les rues Nivert, Saint-Louis et Caroline[25].

Production d'énergie

[modifier | modifier le code]

La STEE avait sa propre centrale électrique installée dans l'emprise du dépôt à Saint-Aubin. Malgré des extensions de capacité, et compte tenu de la puissance électrique vendue à des particuliers ou des entreprises, cette centrale se révéla insuffisante et une nouvelle est mise en service en au Grand-Quevilly, dotée de 4 turbines de 7 500 cv[23], destinée à alimenter un nouveau réseau de tramways entre Rouen et Elbeuf. Elle était reliée au tramway d'Elbeuf par un feeder entre Grand-Quevilly et Grand-Couronne par la forêt du Rouvray, puis gagnait Orival jusqu'à une sous-station située rue Chanzy. Un autre feeder alimentait le réseau du tramway de Rouen. Dans l'attente de la mise en service de cette centrale, la SREE exploitait l'usine de son ancienne rivale, la compagnie elbeuvienne du Gaz[18]. En 1913, un autre feeder reliait la sous-station de la rue Chanzy et la place du Coq.

La STEE alimentait à cette époque le réseau de tramway, les réseaux municipaux de Saint-Aubin et d'Elbeuf et la compagnie elbeuvienne du gaz, qui distribuait l'électricité à Caudebec et Saint-Pierre, par l'intermédiaire de sa sous-station de la rue du Neubourg à Elbeuf[26]

Exploitation

[modifier | modifier le code]

Fréquences

[modifier | modifier le code]

Dès 1898, le réseau est exploité en deux lignes : la grand ligne entre Saint-Pierre, Caudebec, Elbeuf et Orival, soit 6,935 m. parcourus en 32 minutes. Les tracés 3 et 4 réunis formaient la ligne des gares, dont le développement était de 2,345 m. et qui étaient parcourus en 12 minutes. Ces deux lignes se croisaient à la place du Calvaire, sans assurer de correspondances entre-elles. Lors de l'ouverture, les fréquences étaient d'un tramway toutes les 12 minutes sur la ligne des gares, toutes les 20 minutes sur la grande ligne[27].

La ligne des gares était contractuellement tenue d'assurer les correspondances avec les trains de h 5 à 20 h 25, mais cette obligation, peu respectée, amena de nombreuses réclamations[27].

En 1900, afin d'éviter une sous-fréquentation des tramways en fin de ligne, une navette est créée sur la grande ligne, signalée par une plaque blanche à point rouge, entre Les Rouvalets et Caudebec-Assemblée à la fréquence de 8 minutes, le reste de la ligne étant desservi toutes les 16 minutes[28]. Cette navette disparait au service d'hiver 1901-1902, la fréquence de la grande ligne étant portée à 12 minutes et celle de la ligne des gares à 8 minutes[19].

À l'ouverture de la ligne, les tarifs étaient de 15 centimes en 1re classe et 10 centimes en 2de classe. Du fait de la fusion des lignes, le trajet Saint-Pierre - Orival coutait 30 et 20 centimes. Des billets d'aller-retour existaient également, à 20 et 15 centomes la section. En 1899 est créée une carte hebdomadaire pour abonnements ouvriers, autorisant l'aller entre h et h, ainsi que le retour entre 18 h et 19 h pour 70 centimes. Une carte à 1,25 FRF permettait un voyage supplémentaire entre 11 h et 13 h[29].

Afin de tenter de retrouver le trafic initial du réseau, la compagnie crée en 1901 un tarif de correspondance entre les deux lignes à 15 et 10 centimes entre Les Rouvalets, L'assemblée, Saint-Aubin et Elbeuf-ville[19].

Afin de tenter de pallier les dérèglements économiques de la guerre puis de l'après-guerre, les tarifs sont relevés le et la carte d'abonnements passa à 1 FRF, puis 1,05 FRF le , 1,10 FRF le , 1,30 FRF le et le . Le tarif des correspondances est supprimé le , les voyageurs devant alors payer un second billet en changeant de ligne[30].

Matériel roulant

[modifier | modifier le code]

Données statistiques

[modifier | modifier le code]

En 1899, le réseau a transporté 1 443 899 voyageurs, chiffre notable pour une agglomération de 40 000 habitants, générant une recette journalière de 50 francs[31].

En 1900, la recette journalière n'était plus que de 48 francs, soit 210 875 FRF de dépenses et 188 333 FRF de recettes et un déficit de 22 542 FRF[31], pour 601 108 km parcourue par l'ensemble des motrices et 24 970 km pour les remorques[23].

En 1904, le budget est équilibré grâce à la vente d’énergie électrique, mais, en 1906, la STEE présentait un déficit de 40 176 FRF pour une recette de 180 953 FRF[19]

En 1912, année de réalisation d'importants travaux, la recette fut de 208 275 FRF pour une dépense de 211 627 FRF et 1 172 560 voyageurs[23].

En 1921, les rames du tramway ne parcoururent que 397 708 km, générant une recette (compte tenu de l'inflation de l'époque) de 470 213 FRF et un déficit de 23 481 FRF[30].

Peu de renseignements sont parvenus sur le nombre de salariés employés par les Compagnies qui ont exploité le tramway sur près de trente ans. En 1900, le personnel comptait cinquante employés répartis de la manière suivante[13]:

  • deux membres parmi le personnel administratif ;
  • trente-deux membres parmi le personnel de traction : chef de dépôt, employés du dépôt, wattmen ;
  • quatorze parmi le personnel de l'exploitation : employés de bureau, receveurs ;
  • deux membres du personnel de voie : cantonniers.

Comme dans d'autres réseaux peu étendus, les tâches annoncées ne correspondaient pas toujours aux fonctions réelles du personnel, ce dernier pouvant occuper plusieurs postes en fonction des besoins. De surcroit, l'emploi occasionnel de personnel du second réseau des tramways de Rouen (géré également par M. Cauderay) au début de l'exploitation et de salariés saisonniers (une dizaine durant l'été) rendent difficile l'évaluation du nombre d'employés du tramway[13].

Vestiges et matériels préservés

[modifier | modifier le code]

Le réseau Astuce, qui a succédé en 2011 au réseau TAE, est un lointain successeur du tramway d'Elbeuf.

Notes et références

[modifier | modifier le code]
  1. Une première gare fut établie dans la commune de Saint-Aubin-Jouxte-Boulleng (sur la rive droite de la Seine) devenue, en 1931, Saint-Aubin-lès-Elbeuf. Pour des raisons de commodité, le nom récent est systématiquement employé dans l'article.
  2. Il s'agissait de la gare de Rouen où arrivaient les trains de la Compagnie des chemins de fer du Nord.

Références

[modifier | modifier le code]
  1. a et b Bertin 1994, p. 210
  2. a b et c Bayeux 1969, p. 27
  3. Lamy 1987, p. 11-12.
  4. Lamy 1987, p. 12.
  5. « Décret du 8 février 1882 qui déclare d'utilité publique l'établissement d'un réseau de Tramways dans la ville d'Elbeuf et sa banlieue (ainsi que le traité de rétrocession et le cahier des charges de la concession) », Bulletin des lois de la République française, xII no 692,‎ , p. 524-539 (lire en ligne, consulté le ), sur Gallica.
  6. a et b Bayeux 1969, p. 28
  7. a et b Bayeux 1969, p. 29
  8. Bertin 1994, p. 210-211.
  9. Courant 1982, p. 50.
  10. a b c et d Bertin 1994, p. 211.
  11. a et b « Décret du 19 octobre 1898 concernant l'établissement d'un réseau de Tramways dans la ville d'Elbeuf et sa banlieue (ainsi que la convention passée entre la ville et le département, le traité de rétrocession et le cahier des charges de la concession) », Bulletin des lois de la République française, xII no 2035,‎ , p. 883-900 (lire en ligne, consulté le ).
  12. Bayeux 1969, p. 34.
  13. a b c d e et f Bayeux 1969, p. 35.
  14. La Compagnie centrale des chemins de fer et tramways, a construit et exploité par elle-même ou par des filiales les réseaux de tramways et chemins de fer secondaires du Beaujolais, Tarn et Côtes-du-Nord, tramways de la rive gauche de Paris et Bouches-du-Rhône.
  15. Marquis 1983, p. 112
  16. Bayeux 1969, p. 36
  17. a b c et d Bertin 1994, p. 212
  18. a b et c Lamy 1987, p. 26.
  19. a b c et d Lamy 1987, p. 25.
  20. a et b Bayeux 1969, p. 37
  21. Bayeux 1969, p. 38
  22. a et b Bayeux 1969, p. 31
  23. a b c et d Lamy 1987, p. 27.
  24. « La centrale électrique d'Elbeuf », notice no IA76001814, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  25. « Le dépôt du tramway », notice no IA76001813, sur la plateforme ouverte du patrimoine, base Mérimée, ministère français de la Culture
  26. Lamy 1987, p. 27-28.
  27. a et b Lamy 1987, p. 22-23.
  28. Lamy 1987, p. 23-24.
  29. Lamy 1987, p. 23.
  30. a et b Lamy 1987, p. 29.
  31. a et b Lamy 1987, p. 24.

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

[modifier | modifier le code]

Document utilisé pour la rédaction de l’article : source utilisée pour la rédaction de cet article

  • Hervé Bertin, Petits trains et tramways haut-normands, Le Mans, Cénomane/La Vie du Rail, , 224 p. (ISBN 2-905596-48-1 et 2902808526) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Luc Bayeux, « Les transports en commun de la ville d'Elbeuf (1872-1936) », Chemins de fer régionaux et urbains, no 92,‎ (ISSN 1141-7447) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Alain Lamy, Le Tramway d'Elbeuf : de 1872 à 1936, Saint-Aubin-lès-Elbeuf, Éditions Temps libre, ADÉSA, , 271 p. (ISBN 2-9501670-1-2) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • José Banaudo, Sur les rails de Normandie, Breil-sur-Roya, Éditions du Cabri, , 287 p. (ISBN 978-2-914603-43-0 et 2-914603-43-6) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • René Courant, Le Temps des tramways, Menton, Éditions du Cabri, , 192 p. (ISBN 2-903310-22-X) Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Jean-Claude Marquis, Petite histoire illustrée des transports en Seine-Inférieure au XIXe siècle, Rouen, Éditions du CRDP, Document utilisé pour la rédaction de l’article
  • Encyclopédie générale des transports : Chemins de fer, vol. 12, Valignat, Éditions de l'Ormet, (ISBN 2-906575-13-5) Document utilisé pour la rédaction de l’article

Articles connexes

[modifier | modifier le code]

Liens externes

[modifier | modifier le code]