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« Sarcelle d'hiver » : différence entre les versions

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{{Taxobox animal | Sarcelle d'hiver | sarcelleh_1.jpg | Sarcelle d'hiver </br>''Anas crecca'' }}
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[[File:Eurasian Teal (Anas crecca) (W1CDR0001378 BD3).ogg|thumb|<!--Calls of Eurasian Teals-->]]


La '''Sarcelle d'hiver''' est le plus petit [[canard de surface]] d'[[Europe]] et d'[[Amérique du Nord]]. Elle se rencontre aussi en [[Asie]]. Dans toutes ces régions, elle vit dans les zones tempérées à septentrionales. C'est un [[migration des oiseaux|migrateur partiel]] qui est chassé en grand nombre en [[Europe]] et en [[Amérique du Nord]]. La population nord-américaine est considérée par certains [[ornithologue]]s comme une espèce à part, la [[Sarcelle à ailes vertes]] et par d'autres comme une sous-espèce.
La '''Sarcelle d'hiver''' (''Anas crecca'') est la plus petite [[espèce]] de [[canard de surface|canards de surface]]. Elle se rencontre en [[Europe]], [[Amérique du Nord]] et aussi en [[Asie]]. Dans ces régions, elle vit dans les zones tempérées à septentrionales. C'est un [[migration des oiseaux|migrateur partiel]], elle est chassée en grand nombre en [[Europe]] et en [[Amérique du Nord]]. La population nord-américaine est considérée par certains [[ornithologue]]s comme une espèce à part, la [[Sarcelle à ailes vertes]], et par d'autres comme une sous-espèce.


== Morphologie ==
== Morphologie ==
[[Image:Kogamo 06g1729.jpg|thumb|left|Sarcelles d'hiver en plumage d'éclipse avec un mâle en mue]]
[[Fichier:Kogamo 06g1729.jpg|thumb|left|Sarcelles d'hiver en plumage d'éclipse avec un mâle en mue.]]
=== Aspect général et mensurations ===
=== Aspect général et mensurations ===
La '''Sarcelle d'hiver''' est le plus petit [[canard de surface]] européen<ref name=stas/> et américain ; son poids d'adulte varie en effet de 250 à plus de 400 grammes<ref name=oncfs>{{harv|réf=oncfs|texte=ONCFS, 1999}}</ref>. [[Mâle (biologie)|Mâles]] et [[femelle]]s sont de petite taille, de 35 cm de longueur (31 à 39 cm), avec une envergure de 53 à 59 cm<ref name=rojo>{{ouvrage|lang=es|auteur=Madroño A., González C. & Atienza J. C.|titre=Libro Rojo de las aves de España|année=2004|éditeur=BirdLife|lieu=Madrid|isbn=84-8014-568-4}}</ref>{{,}}<ref name=ois/>.
Cette [[sarcelle]] est le plus petit [[canard de surface]] européen<ref name=stas/> et américain ; son poids d'adulte varie en effet de 250 à plus de {{unité|400|grammes}}<ref name=oncfs>{{Harv|id=oncfs|texte=ONCFS, 1999}}</ref>. [[Mâle]]s et [[femelle]]s sont de petite taille, de {{unité|35|cm}} de longueur (31 à {{unité|43|cm}}), avec une envergure de 53 à {{unité|59|cm}}<ref name=rojo>{{ouvrage|lang=es|auteur=Madroño A., González C. & Atienza J. C.|titre=Libro Rojo de las aves de España|année=2004|éditeur=BirdLife|lieu=Madrid|isbn=84-8014-568-4}}</ref>{{,}}<ref name=ois/>.


La présence d'un [[miroir (oiseau)|miroir]] vert (côté interne) et noir (côté externe) sur l'aile, encadré par des bandes blanches (devenant jaunâtres vers l'intérieur), est un trait caractérisque de cette espèce. Le ventre est blanc. Le dessous de l'[[aile (oiseau)|aile]] présente un centre clair, bien visible en vol. Le [[bec]], au bout arrondi, est assez étroit. Les pattes grisâtres sont palmées et adaptées à la vie aquatique. L'[[Iris (anatomie)|iris]], de couleur marron, a un diamètre de 8 millimètres.
La présence d'un [[miroir (oiseau)|miroir]] vert (côté interne) et noir (côté externe) sur l'aile, encadré par des bandes blanches (devenant jaunâtres vers l'intérieur), est un trait caractéristique de cette espèce. Le ventre est blanc. Le dessous de l'[[aile (oiseau)|aile]] présente un centre clair, bien visible en vol. Le [[bec]], au bout arrondi, est assez étroit. Les pattes grisâtres sont palmées et adaptées à la vie aquatique. L'[[Iris (anatomie)|iris]], de couleur marron, a un diamètre de 8 millimètres.


=== Aspect du mâle ===
=== Aspect du mâle ===
[[Fichier:Anas crecca Csörgő réce.jpg|thumb|Peinture d'une sarcelle européenne mâle, avec ses couleurs caractéristiques.]]
Cette espèce présente un net [[dimorphisme sexuel]] durant la période de reproduction. Le plumage nuptial apparait graduellement chez le mâle à partir du mois d’octobre et il est conservé entre l'hiver (parades nuptiales) et l'été (séparation des couples de l'année). Les jeunes mâles acquièrent le plumage nuptial dès leur premier hiver<ref name=histoire>{{fr}}{{lien web|url=http://www.oncfs.gouv.fr/events/point_faune/oiseaux/2005/sarcelle/histoire.php|titre=Sarcelle d'hiver|date=2005|série=Le programme de recherche sur la sarcelle d'hiver|éditeur=[[ONCFS]]}}</ref>. Le [[plume|plumage]] du mâle se distingue alors par une tête très colorée, brun rouge, presque rousse, et barrée d'une bande verte [[iridescence|iridescente]] finement soulignée de crème, qui rend impossible une erreur d'identification. Le mâle des populations américaines présente une barre blanche verticale sur l'épaule, alors que celui des populations européennes présente une barre blanche horizontale sur le bord de l'aile<ref>{{en}}{{lien web|url=http://www.birds.cornell.edu/AllAboutBirds/BirdGuide/Green-winged_Teal.html|titre=Anas crecca |série=All About Birds|éditeur=Cornell Lab of Ornithology}}</ref>. Un autre signe distinctif visible à grande distance est la présence d'une tache triangulaire jaunâtre au niveau du croupion, encadrée de noir, visible en toutes circonstances. Le corps est gris, finement strié de gris foncé plus larges sur le dos et les ailes. La poitrine est souvent d'une couleur différente, plus claire et roussâtre, pointillée de taches sombres. Le bec est gris-noir.
Cette espèce présente un net [[dimorphisme sexuel]] durant la période de reproduction. Le plumage nuptial apparaît graduellement chez le mâle à partir du mois d’octobre et il est conservé entre l'hiver (parades nuptiales) et l'été (séparation des couples de l'année). Les jeunes mâles acquièrent le plumage nuptial dès leur premier hiver<ref name=histoire>{{fr}} {{lien web|url=http://www.oncfs.gouv.fr/events/point_faune/oiseaux/2005/sarcelle/histoire.php|titre=Sarcelle d'hiver|date=2005|série=Le programme de recherche sur la Sarcelle d'hiver|éditeur=[[ONCFS]]}}</ref>. Le [[plume|plumage]] du mâle se distingue alors par une tête très colorée, brun rouge, presque rousse, et barrée d'une bande verte [[iridescence|iridescente]] finement soulignée de crème, qui rend impossible une erreur d'identification. Le mâle des populations américaines présente une barre blanche verticale sur l'épaule, alors que celui des populations européennes présente une barre blanche horizontale sur le bord de l'aile<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.birds.cornell.edu/AllAboutBirds/BirdGuide/Green-winged_Teal.html|titre=Anas crecca|série=All About Birds|éditeur=Cornell Lab of Ornithology}}</ref>. Un autre signe distinctif visible à grande distance est la présence d'une tache triangulaire jaunâtre au niveau du croupion, encadrée de noir, visible en toutes circonstances. Le corps est gris, finement strié de gris foncé plus larges sur le dos et les ailes. La poitrine est souvent d'une couleur différente, plus claire et roussâtre, pointillée de taches sombres. Le bec est gris-noir.
</br>Le reste de l’année, le mâle est aussi terne que la femelle : on parle de [[plumage]] d'« éclipse ».

Le reste de l’année, le mâle est aussi terne que la femelle : on parle de [[plumage éclipse]].


=== Aspect de la femelle ===
=== Aspect de la femelle ===
La femelle, d'un marron pommelé assez terne, ressemble à la femelle de [[Sarcelle d'été]], espèce un peu plus grande qui, elle, hiverne en [[Afrique]]. Elle porte sur le bord de la queue une courte ligne blanche. Le [[bec]] est gris foncé et le dessus de la tête est parfois plus sombre. L'[[œil]] est souvent barré d'une ligne sombre alors que deux bandes beige jaunâtre soulignent l'oeil de la femelle de Sarcelle d'été.
La femelle, d'un marron pommelé assez terne, ressemble à la femelle de [[Sarcelle d'été]], espèce un peu plus grande qui, elle, hiverne en [[Afrique]]. Elle porte sur le bord de la queue une courte ligne blanche. Le [[bec]] est gris foncé et le dessus de la tête est parfois plus sombre. L'[[œil]] est souvent barré d'une ligne sombre alors que deux bandes beige jaunâtre soulignent l'œil de la femelle de Sarcelle d'été.


=== Aspect des juvéniles ===
=== Aspect des juvéniles ===
Les juvéniles ressemblent à la femelle adulte. Les canetons en duvet ressemblent aux canetons du [[Canard colvert]], bien qu'ils soient plus petits que ces derniers : le dessous est jaune, et le dessus brun-noir, avec quelques taches jaunes : la grande tache du côté de la tête est, comme chez le caneton colvert, barrée d'une fine ligne sombre arquée allant du bec à la nuque ; mais contrairement au caneton colvert, il présente en plus un cercle sombre en forme de lunettes autour de l'œil, ainsi qu'une bande sombre allant de la commissure des lèvre à l'arrière de la joue, juste en-dessous de la fine strie barrant l'œil<ref name=stas/>.
Les juvéniles ressemblent à la femelle adulte. Les canetons en duvet ressemblent aux canetons du [[canard colvert]], bien qu'ils soient plus petits que ces derniers. Le dessous est jaune, et le dessus brun-noir, avec quelques taches jaunes. La grande tache du côté de la tête est, comme chez le caneton colvert, barrée d'une fine ligne sombre arquée allant du bec à la nuque ; mais contrairement au caneton colvert, il présente en plus un cercle sombre en forme de lunettes autour de l'œil, ainsi qu'une bande sombre allant de la commissure du bec à l'arrière de la joue, juste en dessous de la fine strie barrant l'œil<ref name=stas/>.


==Comportement==
== Comportement ==
=== Locomotion et comportement social ===
=== Locomotion et comportement social ===
[[Image:Common Teals I IMG 1553.jpg|thumb|left|Groupe de Sarcelles d'hiver en vol]]
[[Fichier:Common Teals I IMG 1553.jpg|thumb|left|Groupe de Sarcelles d'hiver en vol.]]
Les Sarcelles d'hiver ne plongent pas entièrement pour se nourrir, mais elles peuvent le faire pour se protéger d'un prédateur<ref name=ADW/>.
Les Sarcelles d'hiver ne plongent pas entièrement pour se nourrir, mais elles peuvent le faire pour se protéger d'un prédateur<ref name=ADW/>.
Maladroites sur terre, elles ont un vol agile et rapide, mené avec beaucoup d'énergie. Elles sont capables de décoller très rapidement, et d'effectuer de brusques changements de direction et des pirouettes. Toutes ces prestations sont possibles grâce à une musculature puissante, et elles permettent à ces oiseaux d'échapper aux prédateurs aériens. C'est aussi le seul canard capable de se gratter en vol<ref name=ADW>{{harv|texte=ADW 2007|réf=ancrage_ADW}}</ref>. La petite taille de cet oiseau, la rapidité et l'agilité du vol, ainsi que la façon de piquer vers le sol pour atterrir, font que le vol de la Sarcelle d'hiver ressemble à celui d'un [[limicole]]<ref name=hume/>.
Maladroites sur terre, elles ont un vol agile et rapide, mené avec beaucoup d'énergie. Elles sont capables de décoller très rapidement, et d'effectuer de brusques changements de direction et des pirouettes. Toutes ces évolutions sont possibles grâce à une musculature puissante, et elles permettent à ces oiseaux d'échapper aux prédateurs aériens. C'est aussi le seul canard capable de se gratter en vol<ref name=ADW>{{Harv|texte=ADW 2007|id=ADW}}</ref>. La petite taille de cet oiseau, la rapidité et l'agilité du vol, ainsi que la façon de piquer vers le sol pour atterrir, font que le vol de la Sarcelle d'hiver ressemble à celui d'un [[limicole]]<ref name=hume/>.


Assez grégaire et ne présentant pas de comportement [[territorialité des oiseaux|territorial]], la Sarcelle d'hiver a tendance à se réunir et à voler en petits groupes. Lors de la migration, cet oiseau vole en [[nuée]] pouvant aller jusqu'à un millier d'oiseaux<ref name=hume>Hume R., Lesaffre G. et Duquet M. (2004) Oiseaux de France et d'Europe, Larousse, ISBN 2-03-560311-0 </ref> ; il existe une grande coordination entre les membres de la nuée<ref name=ADW>{{harv|texte=ADW 2007|réf=ancrage_ADW}}</ref>.
Assez grégaire et ne présentant pas de comportement [[territorialité des oiseaux|territorial]], la sarcelle d'hiver a tendance à se réunir et à voler en petits groupes. Lors de la migration, cet oiseau vole en [[nuée (oiseaux)|nuée]] pouvant aller jusqu'à un millier d'oiseaux<ref name=hume>Hume R., Lesaffre G. et Duquet M., ''Oiseaux de France et d'Europe'', Larousse, 2004 {{ISBN|2-03-560311-0}}</ref> ; il existe une grande coordination entre les membres de la nuée<ref name="ADW" />.


===Alimentation===
=== Alimentation ===
[[image:Anas crecca m.jpg|thumb|right|Alimentation d'un mâle au [[Royaume-Uni]]]]
[[Fichier:Anas crecca m.jpg|thumb|Alimentation d'un mâle au [[Royaume-Uni]].]]
Les Sarcelles d'hiver consomment des graines de plantes de zones humides ou de prés salés (graines de [[scirpe]]s, [[jonc]]s, [[Suaeda|soudes]], ''[[Eleocharis]]'', ''[[Carex]]'', [[riz]] cultivé), des algues ou herbes aquatiques ([[Chara (algue)|''Chara'']] par exemple), mais aussi de petits invertébrés aquatiques ([[crustacé]]s, [[mollusque]]s) et des larves d'[[insecte]]s, voire des oeufs de [[poisson]]. Leur régime alimentaire est plus riche en aliments d'origine animale en été qu'en hiver<ref name=bws>[http://birdweb.org/birdweb/bird_details.aspx?id=74 Anas crecca sur BirdWeb]</ref>{{,}}<ref name=stas/>. Ces sarcelles ont besoin, en moyenne, d'environ 25 grammes (poids sec) de nourriture par jour<ref name=histoire/>.
Les Sarcelles d'hiver consomment des graines de plantes de zones humides ou de prés salés (graines de [[scirpe]]s, [[jonc]]s, [[Suaeda|soudes]], ''[[Eleocharis]]'', ''[[Carex]]'', [[riz]] cultivé), des algues ou herbes aquatiques ([[Chara (algue)|''Chara'']] par exemple), mais aussi de petits invertébrés aquatiques ([[crustacé]]s, [[mollusque]]s) et des larves d'[[insecte]]s, voire des œufs de [[poisson]]. Leur régime alimentaire est plus riche en aliments d'origine animale en été qu'en hiver<ref name=bws>{{en}} [http://birdweb.org/birdweb/bird_details.aspx?id=74 Anas crecca] sur BirdWeb</ref>{{,}}<ref name=stas/>. Ces sarcelles ont besoin, en moyenne, d'environ {{unité|25|grammes}} (poids sec) de nourriture par jour<ref name=histoire/>.


Elles trouvent leur nourriture sur les [[zone humide|zones humides]] ou faiblement inondées, saumâtres ou douces. Elles s'alimentent souvent dans les eaux présentant moins de 15 cm de fond. Elles filtrent l'eau ou la vase grâce à leur bec, garni de lamelles permettant de retenir les petits organismes et graines dont elles se nourrissent, ou arrachent les herbes tendres. Le bec est capable de filtrer des particules d'une taille inférieure à 0,5 mm, même si les proies de quelques millimètres sont préférées<ref name=histoire/>. En période hivernale, les sarcelles d'hiver se rassemblent le jour sur les plans d'eau et se dispersent la nuit pour se nourrir, parcourant alors jusqu'à trente kilomètres. Bien que se nourrissant plutôt la nuit ou au crépuscule, la Sarcelle d'hiver observe, dans les zones où les effets des marées se font sentir, un rythme circadien basé sur ces dernières : elle se reposera à marée haute et se nourrira à marée basse<ref name=ois/>.
Elles trouvent leur nourriture sur les [[zone humide|zones humides]] ou faiblement inondées, saumâtres ou douces. Elles s'alimentent souvent dans les eaux présentant moins de {{unité|15|cm}} de fond. Elles filtrent l'eau ou la vase grâce à leur bec, garni de lamelles permettant de retenir les petits organismes et graines dont elles se nourrissent, ou arrachent les herbes tendres. Le bec est capable de filtrer des particules d'une taille inférieure à {{unité|0.5|mm}}, même si les proies de quelques millimètres sont préférées<ref name=histoire/>. En période hivernale, les Sarcelles d'hiver se rassemblent le jour sur les plans d'eau et se dispersent la nuit pour se nourrir, parcourant alors jusqu'à trente kilomètres. Bien que se nourrissant plutôt la nuit ou au crépuscule, la Sarcelle d'hiver observe, dans les zones où les effets des marées se font sentir, un rythme circadien basé sur ces dernières : elle se reposera à marée haute et se nourrira à marée basse<ref name=ois/>.


Selon Guillemain et ''al.'' (2010) le poids moyen de la Sarcelle d’hiver (comme celui du [[canard colvert]]) a augmenté de 12 % en 30 ans (de 1960 à 2000) sans changement de taille, ce qui pourrait en partie être expliqué par le [[réchauffement climatique]]<ref>Guillemain et al. 2010. ''Wintering French Mallard and Teal Are Heavier and in Better Body Condition than 30 Years Ago: Effects of a Changing Environment?'' Ambio, 39:170-180</ref>.
===Communication===
{{loupe|vocalisation des oiseaux}}
Cette [[sarcelle]] est assez silencieuse mais les mâles produisent des petits « crrit » aigus mais discrets que les chasseur apprennent à reproduire. Lors de la saison de nidification, les mâles ont tendance à devenir nettement plus bruyants : les sifflements sonores font en effet partie de leur parade nuptiale.
Beaucoup de langues (dont de nombreuses [[langue germanique|langues germaniques]] comme l'[[Allemand]] ''[[:de:Krickente|Krickente]]'', le [[suédois]] ''[[:sv:Kricka|Kricka]]'') ont formé le nom de cette espèce directement à partir de cette [[vocalisation des oiseaux|vocalise]]. Le terme [[sarcelle]], lui aussi, indirectement via une racine [[latin]]e, dérive d'une [[onomatopée]]<ref name=cnrtl>{{CNRTL|Sarcelle}}</ref>. On dit que la sarcelle truffle<ref name=ois>{{harv|texte=oiseau.net 2007|réf=ancrage_Oiseau}}</ref>.


=== Communication ===
Les femelles émettent aussi un rugueux « cuac » d'alarme, ou de rapides et aigus « kekeke ».
{{Article détaillé|vocalisation des oiseaux}}
Cette [[sarcelle]] est assez silencieuse, mais les mâles produisent de petits « crrit » aigus mais discrets que les chasseurs apprennent à reproduire. Lors de la saison de nidification, les mâles ont tendance à devenir nettement plus bruyants. Les sifflements sonores font en effet partie de leur parade nuptiale.


Beaucoup de langues (dont de nombreuses [[langues germaniques]] comme l'[[allemand]] {{langue|de|''[[:de:Krickente|Krickente]]''}}, le [[suédois]] {{langue|sv|''[[:sv:Kricka|Kricka]]''}}) ont formé le nom de cette espèce directement à partir de cette [[vocalisation des oiseaux|vocalise]]. Le terme [[sarcelle]], lui aussi, indirectement via une racine [[latin]]e, dérive d'une [[onomatopée]]<ref name="cnrtl">{{CNRTL|Sarcelle}}</ref>. On dit que la sarcelle truffle<ref name="ois">{{Harv|texte=oiseau.net 2007|id=Oiseaux espèce}}</ref>.
===Reproduction===
[[Image:Kogamo 06a6772sv.jpg|thumb|Mâle et femelle de la sous-espèce européenne en plumage nuptial]]
[[Image:Anas carolinensis FWS.jpg|thumb|Mâle et femelle de la sous-espèce américaine en plumage nuptial]]
La parade nuptiale, spectaculaire, est assez semblable à celle du [[colvert]]. Le mâle plonge le bout du bec sous l'eau, puis siffle, se cambre, rejette la tête en arrière, élève les ailes et soulève sa queue<ref name=ark/>. Cette parade peut débuter dès novembre ou au cours de l'hiver ; elle dure plusieurs jours et peut mettre en concurrence plusieurs mâles pour une femelle. Elle se déroule sur l'eau, où les mâles effectuent des séries de plongeons. Si le mâle s'approche trop, la femelle non consentante peut le poursuivre hostilement. La femelle finit par choisir un mâle et l'accouplement suit immédiatement. Le couple sera monogame sur l'année, mais les mâles appariés pourront tenter de s'accoupler avec d'autres femelles, souvent de force, alors que les mâles célibataires ne présenteront pas ce genre de comportement<ref name=ADW/>. La femelle et le mâle choisi partiront au printemps vers le site de nidification où la femelle avait pondu l'année précédente, et qui est généralement le lieu de naissance de cette dernière<ref name=histoire/>{{,}}<ref>{{lien web|url=http://www.enature.com/fieldguides/detail.asp?allSpecies=y&searchText=anas%20crecca&curGroupID=1&lgfromWhere=&curPageNum=1 |titre=Anas crecca|éditeur=Enature}}</ref>.


Les femelles émettent aussi un rugueux « cuac » [[signal d'alarme (biologie)|d'alarme]], ou de rapides et aigus « kekeke ».
La saison de ponte se déroule de mai en [[Europe centrale]] à juillet en [[Russie]]<ref name=histoire/>. Les populations les plus importantes se trouvent essentiellement en [[Russie]], en [[Scandinavie]] et au [[Canada]]. La femelle construit un nid bien dissimulé dans une végétation dense, souvent sous des [[fougère]]s ou des [[ajonc]]s<ref name=ark>[http://www.arkive.org/species/ARK/birds/Anas_crecca/more_info.html {{en}} Anas crecca sur le site ARKive]</ref> ou parmi d'épaisses formations de [[Carex]], [[jonc]]s ou [[roseau]]x, parfois assez loin de l'eau<ref name=stas>Stastny K. (1989): Oiseaux aquatiques. Gründ, Paris. ISBN 2-7000-1816-8</ref>. Le nid est garni de duvet que la femelle s'arrache de la poitrine, de feuilles, d'herbes, de brindilles et de fougères. La femelle y pond de 8 à 11 [[Œuf (télolécithe)|œufs]] de 41 à 50 x 30 à 35,5 mm, crème ou gris, teintés de vert ou de roussâtre<ref name=rojo/>, qui sont [[incubation (oiseau)|couvés]] par elle durant 21 à 23 jours<ref name=oncfs/>. La femelle passera les 3/4 de son temps à cette activité<ref name=ADW/> et si elle est dérangée, elle ne quittera le nid qu'au dernier moment<ref name=stas/>. Le mâle l'abandonne pour muer<ref name=histoire/> au plus tard dès que naissent les canetons, mais son départ peut survenir dès la ponte. Les sarcelles ne font en général qu’une seule ponte par an, mais en cas de disparition totale, une ponte de remplacement peut se produire<ref name=histoire/>. Les oisillons, qui pèsent 15 g à la naissance<ref name=anage/>, sont [[nidifuge]]s mais sont plus sensibles au froid que les petits des autres Anatidés ; aussi la mère continue-t-elle à les couver<ref name=ADW/>. Elle sait également les protéger des prédateurs en attirant leur attention sur elle.

=== Reproduction ===
[[Fichier:Kogamo 06a6772sv.jpg|thumb|Mâle et femelle de la sous-espèce européenne en plumage nuptial.]]
[[Fichier:Anas carolinensis FWS.jpg|thumb|Mâle et femelle de la sous-espèce américaine en plumage nuptial.]]
[[File:Anas crecca MHNT.ZOO.2010.11.18.3.jpg|thumb| ''Anas crecca'' - [[Muséum de Toulouse|Muséum d'histoire naturelle de Toulouse]] (MHNT).]]
La parade nuptiale, spectaculaire, est assez semblable à celle du [[canard colvert]]. Le mâle plonge le bout du bec sous l'eau, puis siffle, se cambre, rejette la tête en arrière, élève les ailes et soulève sa queue<ref name=ark/>. Cette parade peut débuter dès novembre ou au cours de l'hiver ; elle dure plusieurs jours et peut mettre en concurrence plusieurs mâles pour une femelle. Elle se déroule sur l'eau, où les mâles effectuent des séries de plongeons. Si le mâle s'approche trop, la femelle non consentante peut le poursuivre hostilement. La femelle finit par choisir un mâle et l'accouplement suit immédiatement. Le couple sera monogame sur l'année, mais les mâles appariés pourront tenter de s'accoupler avec d'autres femelles, souvent de force, alors que les mâles célibataires ne présenteront pas ce genre de comportement<ref name=ADW/>. La femelle et le mâle choisi partiront au printemps vers le site de nidification où la femelle avait pondu l'année précédente, et qui est généralement le lieu de naissance de cette dernière<ref name=histoire/>{{,}}<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.enature.com/fieldguides/detail.asp?allSpecies=y&searchText=anas%20crecca&curGroupID=1&lgfromWhere=&curPageNum=1|titre=Anas crecca|éditeur=Enature}}</ref>.

La saison de ponte se déroule de mai en [[Europe centrale]] à juillet en [[Russie]]<ref name=histoire/>. Les populations les plus importantes se trouvent essentiellement en [[Russie]], en [[Scandinavie]] et au [[Canada]]. La femelle construit un nid bien dissimulé dans une végétation dense, souvent sous des [[fougère]]s ou des [[ajonc]]s<ref name=ark>{{en}} [http://www.arkive.org/species/ARK/birds/Anas_crecca/more_info.html Anas crecca] sur le site ARKive</ref> ou parmi d'épaisses formations de [[Carex]], [[jonc]]s ou [[roseau]]x, parfois assez loin de l'eau<ref name="stas">Stastny K. (1989) : ''Oiseaux aquatiques''. Gründ, Paris. {{ISBN|2-7000-1816-8}}</ref>. Le nid est garni de duvet que la femelle s'arrache de la poitrine, de feuilles, d'herbes, de brindilles et de fougères. La femelle y pond de 8 à 11 [[Œuf (télolécithe)|œufs]] de 41 à 50 × 30 à {{unité|35.5|mm}}, crème ou gris, teintés de vert ou de roussâtre<ref name=rojo/>, qui sont [[incubation (oiseau)|couvés]] par elle durant 21 à 23 jours<ref name=oncfs/>. La femelle passera les {{Fraction|3|4}} de son temps à cette activité<ref name=ADW/> et si elle est dérangée, elle ne quittera le nid qu'au dernier moment<ref name=stas/>. Le mâle l'abandonne pour muer<ref name=histoire/> au plus tard dès que naissent les canetons, mais son départ peut survenir dès la ponte. Les sarcelles ne font en général qu’une seule ponte par an, mais en cas de disparition totale, une ponte de remplacement peut se produire<ref name=histoire/>. Les oisillons, qui pèsent {{unité|15|g}} à la naissance<ref name=anage>{{en}} {{lien web|url=http://genomics.senescence.info/species/entry.php?species=Anas_crecca|titre=Anas crecca|éditeur=AnAge}}</ref>, sont [[nidifuge]]s mais sont plus sensibles au froid que les petits des autres Anatidés ; aussi la mère continue-t-elle à les couver<ref name=ADW/>. Elle sait également les protéger des prédateurs en attirant leur attention sur elle.


Les canetons commencent à voler après 25 à 30 jours<ref name=oncfs/>. Ils atteindront la maturité sexuelle vers 180 jours.
Les canetons commencent à voler après 25 à 30 jours<ref name=oncfs/>. Ils atteindront la maturité sexuelle vers 180 jours.

La longévité de ces sarcelles est de 10 à 15 ans en moyenne, mais peut atteindre 27 ans<ref name=anage>{{en}}{{lien web|url=http://genomics.senescence.info/species/entry.php?species=Anas_crecca |titre=Anas crecca|éditeur=AnAge}}</ref>. L'espérance de vie d'une Sarcelle d'hiver en [[Camargue]], calculée à partir des populations bagués, serait selon [[ONCFS]] de 1,4 ans<ref name=histoire/>.
La longévité de ces sarcelles est de 10 à 15 ans en moyenne, mais peut atteindre plus de 21 ans (le record actuel de longévité en Europe pour cette espèce a été déterminé grâce à la bague portée par un individu abattu à l'âge de 21 ans et 3 mois<ref>{{lien web|url=http://www.euring.org/data_and_codes/longevity-voous.htm|titre=European longevity record:Teal|auteur=Staav R.& Fransson T|année=2008|site=Euring|consulté le=15 février 2009}}</ref>). L'espérance de vie d'une Sarcelle d'hiver en [[Camargue]], calculée à partir des populations baguées, serait selon l'[[Office national de la chasse et de la faune sauvage]] (ONCFS) de {{unité|1.4|an}}<ref name="histoire" />.


Le taux de reproduction varie du simple au double selon les endroits, ainsi une femelle produit 3,7 jeunes volants en [[Islande]] contre 1,4 en [[Grande-Bretagne]]<ref name=histoire/>.
Le taux de reproduction varie du simple au double selon les endroits, ainsi une femelle produit 3,7 jeunes volants en [[Islande]] contre 1,4 en [[Grande-Bretagne]]<ref name=histoire/>.


==Systématique==
== Systématique ==
Le premier spécimen de cette espèce décrit dans la littérature scientifique l'a été par [[Carl von Linné]] dans son ''[[Systema Naturae|Systema naturæ]]'' en 1758, sous le nom d'''Anas crecca''<ref>{{la}}Linnaeus, C (1758). Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiae. (Laurentii Salvii)., 126. “A. macula alarum viridi, linea alba supra infraque oculos.”.</ref>. Traditionnellement, les ornithologues considèrent trois populations, identifiées à trois sous-espèces, très semblables d'aspect. La seule différence externe observable se trouve dans deux bandes blanches sur les flancs de la sous-espèce ''Anas crecca carolinensis'', aussi appelée [[Sarcelle à ailes vertes]].
*''Anas crecca crecca''
*''[[Anas crecca carolinensis]]''
*''Anas crecca nimia''
Cependant cette systématique est discutée, notamment aux États-Unis où les populations de ''A. crecca carolinensis'' sont considérées comme une espèce à part. Les ornithologues américains reposent leurs analyses sur un point<ref>{{périodique|lang=en|auteur=Sangster, George; Knox, Alan G.; Helbig, Andreas J. & Parkin, David T.|date=2002|titre=Taxonomic recommendations for European birds.|revue=[[The Ibis]]|vol=144|issue=1|page=|texte=http://www.blackwell-synergy.com/doi/pdf/10.1046/j.0019-1019.2001.00026.x}}</ref> de vue qui rassemble des données comportementales<ref>{{périodique|lang=en|auteur=Laurie-Ahlberg, C. C. & McKinney, F.|date=1979|titre=The nod-swim display of male Green-winged Teal (Anas crecca).|revue=[[Animal Behaviour]]|vol=27|page=165–172|résumé=http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B6W9W-4F2M5GV-1CN&_user=10&_rdoc=1&_fmt=&_orig=search&_sort=d&view=c&_acct=C000050221&_version=1&_urlVersion=0&_userid=10&md5=79cc13a64814769f040d87ed08ebb462}}</ref>, morphologiques<ref>{{périodique|lang=en|auteur=Livezey, B. C.|date=1991|titre=A phylogenetic analysis and classification of recent dabbling ducks (Tribe Anatini) based on comparative morphology|revue=[[the Auk]]|vol=108|issue=3|page=471–507|texte=http://elibrary.unm.edu/sora/Auk/v108n03/p0471-p0507.pdf}}
</ref>, et moléculaires<ref name=adn>{{périodique|lang=en|auteur=Johnson, K. P. & Sorenson, M. D.|date=1999|titre=Phylogeny and biogeography of dabbling ducks (genus Anas): a comparison of molecular and morphological evidence|revue=[[The Auk]]|vol=116|issue=3|page=792–805|texte=http://elibrary.unm.edu/sora/Auk/v116n03/p0792-p0805.pdf}}</ref>.


Le premier spécimen de cette espèce décrit dans la littérature scientifique l'a été par [[Carl von Linné]] dans son ''[[Systema naturae]]'' en 1758, sous le nom d'''[[Anas crecca]]''<ref>{{la}} Linnaeus, C. (1758). ''Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis''. Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiae. (Laurentii Salvii)., 126. ''“A. macula alarum viridi, linea alba supra infraque oculos.”''</ref>.
Les analyses génétiques montrent qu'''Anas crecca carolinensis'' est plus proche de la [[Sarcelle à bec jaune]] que de la Sarcelle d'hiver européenne<ref name=adn/>. Comme la [[radiation évolutive]] des canards du {{b genre}} ''Anas'' est très récente, et qu'ils s'hybrident facilement les uns avec les autres, deux hypothèses sont plausibles. La Sarcelle à bec jaune pourrait avoir évolué à partir de la Sarcelle d'hiver américaine en perdant tout [[dimorphisme sexuel]], ou la Sarcelle d'hiver européenne se serait hybridée avec la Sarcelle à bec jaune, tout favorisant son dimorphisme sexuel, caractères très présent chez les canards de surface.

=== Sous-espèces ===

D'après [[Alan P. Peterson]], cette espèce est constituée des [[sous-espèce]]s suivantes :
* ''Anas crecca crecca'' Linnaeus 1758 ;
* ''Anas crecca nimia'' Friedmann 1948.

Cette dernière n'est pas considérée comme une sous-espèce mais comme une variation clinale, donc traitée comme monotypique (Sangster et ''al''. 2001 ; Carboneras et ''al''. 2017).
Traditionnellement, les ornithologues considèrent trois populations, identifiées à trois sous-espèces, très semblables d'aspect. Leur seule différence externe observable se trouve dans deux bandes blanches sur les flancs de ''Anas crecca carolinensis'' (aussi appelée [[Sarcelle à ailes vertes]]). Aujourd'hui, cette sous-espèce est considérée comme une espèce à part entière par le [[Congrès ornithologique international]] (2010) et l'[[American Ornithological Society]], mais pas par Clements (2009) ni Howard & Moore (2009).

Les ornithologues américains fondent leurs analyses sur un point<ref>{{article|lang=en|auteur=Sangster, George; Knox, Alan G.; Helbig, Andreas J. & Parkin, David T.|date=2002|titre=Taxonomic recommendations for European birds.|revue=[[The Ibis]]|vol=144|numéro=1|texte=http://www.blackwell-synergy.com/doi/pdf/10.1046/j.0019-1019.2001.00026.x}}</ref> de vue qui rassemble des données comportementales<ref>{{article|lang=en|auteur=Laurie-Ahlberg, C. C. & McKinney, F.|date=1979|titre=The nod-swim display of male Green-winged Teal (Anas crecca).|revue=[[Animal Behaviour]]|vol=27|page=165–172|résumé=http://www.sciencedirect.com/science?_ob=ArticleURL&_udi=B6W9W-4F2M5GV-1CN&_user=10&_rdoc=1&_fmt=&_orig=search&_sort=d&view=c&_acct=C000050221&_version=1&_urlVersion=0&_userid=10&md5=79cc13a64814769f040d87ed08ebb462}}</ref>, morphologiques<ref>{{article|lang=en|auteur=Livezey, B. C.|date=1991|titre=A phylogenetic analysis and classification of recent dabbling ducks (Tribe Anatini) based on comparative morphology|revue=[[the Auk]]|vol=108|numéro=3|page=471–507|texte=http://elibrary.unm.edu/sora/Auk/v108n03/p0471-p0507.pdf}}
</ref>, et moléculaires<ref name=adn>{{article|lang=en|auteur=Johnson, K. P. & Sorenson, M. D.|date=1999|titre=Phylogeny and biogeography of dabbling ducks (genus Anas): a comparison of molecular and morphological evidence|revue=[[The Auk]]|vol=116|numéro=3|page=792–805|texte=http://elibrary.unm.edu/sora/Auk/v116n03/p0792-p0805.pdf}}</ref>.

Les analyses génétiques montrent que ''Anas crecca carolinensis'' est plus proche de la [[Sarcelle à bec jaune]] que de la Sarcelle d'hiver européenne<ref name=adn/>. Comme la [[radiation évolutive]] des canards du [[genre (biologie)|genre]] ''Anas'' est très récente, et qu'ils s'hybrident facilement les uns avec les autres, deux hypothèses sont plausibles. La Sarcelle à bec jaune pourrait avoir évolué à partir de la Sarcelle d'hiver américaine en perdant tout [[dimorphisme sexuel]], ou la Sarcelle d'hiver européenne se serait hybridée avec la Sarcelle à bec jaune, tout en favorisant son dimorphisme sexuel, composé de caractères très présents chez les canards de surface.


== Répartition et habitat ==
== Répartition et habitat ==
=== Habitat ===
=== Habitat ===
La Sarcelle d'hiver se trouve principalement sur les vasières, marécages, lagunes, estuaires et autres étendues d'eau douce ou saumâtre à faible courant. Elle a une préférence pour les plans d'eau présentant beaucoup de végétation et un fond vaseux, pouvant ainsi pourvoir à son alimentation.
La Sarcelle d'hiver se trouve principalement sur les vasières, marécages, lagunes, estuaires et autres étendues d'eau douce ou saumâtre à faible courant. Elle a une préférence pour les plans d'eau présentant beaucoup de végétation et un fond vaseux, pouvant ainsi pourvoir à son alimentation.


Lors de la saison de nidification, on la rencontrera sur des lacs, mares ou marais à l'intérieur des terres à [[Zone riparienne|végétation riparienne]] bien développée et souvent [[eutrophisation|eutrophes]]<ref name=histoire/> ; en hiver, on pourra aussi la voir sur des plans d'eau plus côtiers et saumâtres. Elle quitte alors systématiquement les zones gelées ou enneigée qui limitent ses possibilités d’alimentation.
Lors de la saison de nidification, on la rencontrera sur des lacs, mares ou marais à l'intérieur des terres à [[Zone riparienne|végétation riparienne]] bien développée et souvent [[eutrophisation|eutrophes]]<ref name=histoire/> ; en hiver, on pourra aussi la voir sur des plans d'eau plus côtiers et saumâtres. Elle quitte alors systématiquement les zones gelées ou enneigés qui limitent ses possibilités d’alimentation.


=== Répartition ===
=== Répartition ===
==== Répartition mondiale et européenne ====
==== Répartition mondiale et européenne ====
{|
|+Répartition des sous-espèces
|---
|[[image:Anas crecca dis.PNG|200px]]
|[[image:Anas carolinensis dis.png|138px]]
|---
|En Europe et en Asie, ''Anas crecca crecca''
|En Amérique du nord, ''Anas crecca carolinensis''</br>
En Amérique de l'Ouest et sur les [[Îles Aléoutiennes]], ''Anas crecca nimia''
|---
!colspan="2"|Nom locaux
|----
|Sarcelle sarcelline, Sarcelle à ailes vertes, Sarcelline, Petite Sarcelle, Arcanette, Truffleur.
|Sarcelle à ailes vertes, Sarcelle d'hiver d'Amérique.
|---
|{{légende|#008000|habitat permanent}}
{{légende|#3399ff|zone d'hivernage}}
|{{légende|#00ff00|nidification}}
|}
L'espèce est présente sur une aire de {{formatnum:10000000}} km²<ref>{{harv|texte=IUCN 2007|réf=ancrage_IUCN}}</ref>. La population mondiale est estimée à {{formatnum:6500000}}-{{formatnum:7600000}} individus<ref name=BLI>[http://www.birdlife.org/datazone/species/index.html?action=SpcHTMDetails.asp&sid=31027&m=0 {{en}} Anas crecca sur BirdLife International]</ref>.


===== Répartition des sous-espèces =====
En Europe ([[Islande]] et [[Russie]] incluses), on estime la population d'oiseaux nicheurs supérieure à {{formatnum:920000}} couples, et la population d'hivernants à plus de {{formatnum:730000}} individus. Les principaux pays où cet oiseau niche sont la [[Finlande]], la [[Norvège]], la [[Russie]] et la [[Suède]]<ref name=pdfbli>{{en}}{{lien web|url=http://www.birdlife.org/datazone/species/BirdsInEuropeII/BiE2004Sp31027.pdf|éditeur=BirdLife International|date=2004|titre=Anas crecca
[[Fichier:Anas crecca distribution map.png|thumb|En Europe et en Asie, ''Anas crecca crecca''
COMMON TEAL}}</ref>.
{{Légende/Début}}
{{Légende|#008000|habitat permanent}}
{{Légende|#3399ff|zone d'hivernage}}
{{Légende|#00ff00|nidification}}
{{Légende/Fin}}
]]
[[Fichier:Anas carolinensis dis.png|thumb|En Amérique du Nord, ''Anas crecca carolinensis'' ; en Amérique de l'Ouest et sur les [[Îles Aléoutiennes]], ''Anas crecca nimia''
{{Légende/Début}}
{{Légende|#008000|habitat permanent}}
{{Légende|#3399ff|zone d'hivernage}}
{{Légende|#00ff00|nidification}}
{{Légende/Fin}}
]]


Les noms locaux sont : sarcelle sarcelline, [[Sarcelle à ailes vertes]], sarcelline, petite sarcelle, arcanette, truffleur et sarcelle d'hiver d'Amérique (les anciennes sous-espèces américaines sont désormais considérées comme une espèce bien distincte).
====Évolution des répartitions====
La création de marais littoraux doux à saumâtres dans les [[années 1980]], a entraînée une redistribution des oiseaux depuis les [[zone intertidale|zones intertidales]] vers ces réserves<ref name=histoire/>.


L'espèce est présente sur une aire de {{unité|10000000|km|2}}<ref>{{Harv|texte=UICN 2007|id=UICN}}</ref>. La population mondiale est estimée à {{formatnum:6500000}}-{{formatnum:7600000}} individus<ref name=BLI>{{en}} [http://www.birdlife.org/datazone/species/index.html?action=SpcHTMDetails.asp&sid=31027&m=0 Anas crecca sur BirdLife International]</ref>.
====''Anas crecca crecca''====
L'oiseau niche jusqu'en [[Islande]] et aux [[Îles Britanniques]] à l'ouest, au nord jusqu'en [[Scandinavie]] et à l'est jusqu'à la péninsule du [[Kamchatka]] et au Japon.
En 2002, la population du Nord-Est de l'Europe était estimée à {{formatnum:400000}} individus, et la population de l'ouest sibérien, du sud de l'Asie et du nord-est de l'Afrique était estimée à {{formatnum:1500000}} spécimens (mais considérée comme vulnérable car en déclin)<ref>{{en}}{{lien web|url=http://www.unep-aewa.org/birds/index.cfm?species=1225|éditeur=AEWA|titre=Anas crecca}}</ref>.


En Europe ([[Islande]] et [[Russie]] incluses), on estime la population d'oiseaux nicheurs supérieure à {{nombre|920000 couples}}, et la population d'hivernants à plus de {{nombre|730000 individus}}. Les principaux pays où cet oiseau niche sont la [[Finlande]], la [[Norvège]], la [[Russie]] et la [[Suède]]<ref name="pdfbli">{{en}} {{lien web|titre=Anas crecca COMMON TEAL|url=http://www.birdlife.org/datazone/species/BirdsInEuropeII/BiE2004Sp31027.pdf|éditeur=BirdLife International|date=2004}}<!-- problème d'affichage avec ce modèle, argument incorrect ou parsing invalide ? - --></ref>.
Au début des [[années 2000]], cinq cents à mille couples de cet [[anatidé]] nichaient sur les vasières, marécages, estuaires ou étendues d'eau douce de [[France]], principalement dans la moitié nord du pays, du mois d'octobre au mois de mars<ref name=oncfs/>. Lors de la nidification, ces oiseaux sont dispersés et discrets alors qu'ils sont grégaires lorsqu'ils hivernent. Durant la période de nidification, leur densité de population est plus importante au nord de l'Europe; c'est la [[Finlande]], avec une population estivale estimée de {{formatnum:60000}} à {{formatnum:80000}} couples, qui détient le record.


==== Évolution des répartitions ====
Les sarcelles d'hiver hivernent en France, en [[Espagne]], en [[Italie]] et dans les [[Balkan]]s. Certaines continuent jusqu'en [[Espagne]] et en [[Afrique du Nord]]. Les populations les plus à l'est migrent en [[Inde]] ou dans le [[Asie du Sud-Est|Sud-Est asiatique]]. Dans ces zones, les populations nidifiantes sont faibles, mais le nombre de ces oiseaux augmente fortement en hiver. Environ {{formatnum:80000}} individus hivernent habituellement en France<ref name=oncfs/>. Les premiers individus y arrivent au mois d'août. Lorsque l'hiver est rigoureux, ces sarcelles se déplacent vers le Sud et l'Ouest et se concentrent sur le [[littoral]]. La [[Camargue]] est un des plus importants centres d'hivernage en France. Les zones les plus importantes pour l'Espagne sont le ''[[Parc national de las Tablas de Daimiel]]'', le ''[[Parc naturel de Monfragüe]]'', et le [[Parc national de Doñana]]<ref>{{es}}{{lien web|url=http://www.mma.es/secciones/biodiversidad/inventarios/inb/atlas_aves_reproductoras/pdf/cerceta_comun.pdf|titre=Cerceta Común|éditeur=Gobierno de España Ministerio de Medio Ambiente}}</ref>.
La création de marais littoraux doux à saumâtres dans les [[années 1980]], a entraîné une redistribution des oiseaux depuis les [[zone intertidale|zones intertidales]] vers ces réserves<ref name=histoire/>.


==== ''Anas crecca crecca'' ====
Depuis plusieurs années, les ornithologues américains rapportent des observations de cette sous-espèce européenne aux Etats-Unis, notamment dans l'Etat de Washington, sur la côte ouest<ref name=bws/>.
L'oiseau niche jusqu'en [[Islande]] et aux [[Îles Britanniques]] à l'ouest, au nord jusqu'en [[Scandinavie]] et à l'est jusqu'à la péninsule du [[Kamtchatka]] et au Japon.


En 2002, la population du Nord-Est de l'Europe était estimée à {{nombre|400000 individus}}, et la population de l'ouest sibérien, du sud de l'Asie et du nord-est de l'Afrique était estimée à {{nombre|1500000 spécimens}} (mais considérée comme vulnérable car en déclin)<ref>{{en}} {{lien web|url=http://www.unep-aewa.org/birds/index.cfm?species=1225|éditeur=AEWA|titre=Anas crecca}}</ref>.
====''Anas crecca carolinensis''====

{{loupe|Sarcelle à ailes vertes}}
Au début des [[années 2000]], cinq cents à mille couples de cet [[anatidé]] nichaient sur les vasières, marécages, estuaires ou étendues d'eau douce de [[France]], principalement dans la moitié nord du pays, du mois d'octobre au mois de mars<ref name=oncfs/>. Lors de la nidification, ces oiseaux sont dispersés et discrets alors qu'ils sont grégaires lorsqu'ils hivernent. Durant la période de nidification, leur densité de population est plus importante au nord de l'Europe ; c'est la [[Finlande]], avec une population estivale estimée de {{formatnum:60000}} à {{nombre|80000 couples}}, qui détient le record.
La Sarcelle d'hiver américaine niche au [[Canada]] et hiverne aux [[États-Unis]], au [[Mexique]], à [[Cuba]] et à [[Porto Rico]], mais elle peut descendre occasionnellement plus au sud comme par exemple en [[Colombie]], au [[Salvador]] et au [[Honduras]]. Les populations ne sont pas comptabilisées, du fait de l'incertitude sur le statut du [[taxon]], cependant ces sarcelles sont plus nombreuses que leur homologues européennes. C'est le plus petit [[canard de surface]] d'[[Amérique du nord]].

Les Sarcelles d'hiver hivernent en France, en [[Espagne]], en [[Italie]] et dans les [[Balkans]]. Certaines continuent jusqu'en [[Espagne]] et en [[Afrique du Nord]]. Les populations les plus à l'est migrent en [[Inde]] ou dans le [[Asie du Sud-Est|Sud-Est asiatique]]. Dans ces zones, les populations nidifiantes sont faibles, mais le nombre de ces oiseaux augmente fortement en hiver. Environ {{nombre|80000 individus}} hivernent habituellement en France<ref name=oncfs/>. Les premiers individus y arrivent au mois d'août. Lorsque l'hiver est rigoureux, ces sarcelles se déplacent vers le sud et l'ouest et se concentrent sur le [[littoral]]. La [[Camargue]] est un des plus importants centres d'hivernage en France. Les zones les plus importantes pour l'Espagne sont le parc national de las Tablas de Daimiel, le parc naturel de Monfragüe, et le [[parc national de Doñana]]<ref>{{es}} {{lien web|url=http://www.mma.es/secciones/biodiversidad/inventarios/inb/atlas_aves_reproductoras/pdf/cerceta_comun.pdf|titre=Cerceta Común|éditeur=Gobierno de España Ministerio de Medio Ambiente}}</ref>.

Depuis plusieurs années, les ornithologues américains rapportent des observations de cette sous-espèce européenne aux États-Unis, notamment dans l'État de Washington, sur la côte ouest<ref name=bws/>.

==== ''Anas crecca carolinensis'' ====
{{Article détaillé|Sarcelle à ailes vertes}}
La Sarcelle d'hiver américaine est désormais élevée souvent au rang d'espèce (en y intégrant ''nimia''). Elle niche au [[Canada]] et hiverne aux [[États-Unis]], au [[Mexique]], à [[Cuba]] et à [[Porto Rico]], mais elle peut descendre occasionnellement plus au sud comme en [[Colombie]], au [[Salvador]] et au [[Honduras]]. Les populations ne sont pas comptabilisées, du fait de l'incertitude sur le statut du [[taxon]], cependant ces sarcelles sont plus nombreuses que leurs homologues européennes. C'est le plus petit [[canard de surface]] d'[[Amérique du Nord]].


La sarcelle d'hiver américaine peut être occasionnellement observée en Europe, en France par exemple<ref name=histoire/>.
La Sarcelle d'hiver américaine peut être occasionnellement observée en Europe, en France par exemple<ref name=histoire/>.


====''Anas crecca nimia''====
==== ''Anas crecca nimia'' ====
Les populations de cette sous-espèce sont les moins nombreuses. Elles nidifient dans le nord-ouest de l'Amérique, et surtout dans les [[Îles Aléoutiennes]]. Elles hivernent dans les états du sud de l'Amérique de l'Ouest.
Les populations de cette variation clinale sont les moins nombreuses. Elles nidifient dans le nord-ouest de l'Amérique, et surtout dans les [[Îles Aléoutiennes]]. Elles hivernent dans les états du sud de l'Amérique de l'Ouest.


=== Migration ===
=== Migration ===
Lorsque les mâles adultes abandonnent les femelles en pleine incubation, tous migrent vers des zones de [[mue des oiseaux|mue]] où ils se rassemblent pour changer de [[plumage]]. Ils deviennent alors momentanément incapables de voler. Les zones de mue peuvent se situer à proximité des sites de nidification ou à une centaine de kilomètres.
Lorsque les mâles adultes abandonnent les femelles en pleine incubation, tous migrent vers des zones de [[mue des oiseaux|mue]] où ils se rassemblent pour changer de [[plumage]]. Ils deviennent alors momentanément incapables de voler. Les zones de mue peuvent se situer à proximité des sites de nidification ou à une centaine de kilomètres.


Ces oiseaux sont essentiellement [[migration des oiseaux|migrateurs]], mais certaines populations sont résidentes (voir les cartes). La migration d'automne s'étale entre fin août et début décembre. Les femelles migrent généralement plus au sud que les mâles. La migration de printemps débute généralement en février et dure jusqu'en avril. Lors des migrations, ces oiseaux peuvent former des grands groupes réunissant plusieurs centaines d'individus ; la migration est généralement nocturne<ref name=ADW/>{{,}}<ref name=bws/>.
Ces oiseaux sont essentiellement [[migration des oiseaux|migrateurs]], mais certaines populations sont résidentes (voir les cartes). La migration d'automne s'étale entre fin août et début décembre. Les femelles migrent généralement plus au sud que les mâles. La migration de printemps débute généralement en février et dure jusqu'en avril. Lors des migrations, ces oiseaux peuvent former des grands groupes réunissant plusieurs centaines d'individus ; la migration est généralement nocturne<ref name=ADW/>{{,}}<ref name=bws/>.


== La Sarcelle d'hiver et l'homme ==
== La Sarcelle d'hiver et l'homme ==
Les sarcelles d'été et d'hiver avaient en Occident la réputation d'être des mets délicats, [[Pierre Belon]]<ref>{{ouvrage|auteur=Pierre Belon|année=1555|titre=L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel, escrite en sept livres|éditeur=G. Cavellat|lieu=Paris}}</ref>, puis bien d'autres après lui l'évoqueront, les Romains auraient même tenté d'en [[domestication|domestiquer]]. La Sarcelle d'hiver n'échappe pas à cette réputation.
Les Sarcelles d'été et d'hiver avaient en Occident la réputation d'être des mets délicats, [[Pierre Belon]]<ref>{{ouvrage|auteur=Pierre Belon|année=1555|titre=L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel, escrite en sept livres|éditeur=G. Cavellat|lieu=Paris}}</ref>, puis bien d'autres après lui l'évoqueront, les Romains auraient même tenté d'en [[domestication|domestiquer]]. La Sarcelle d'hiver n'échappe pas à cette réputation.


=== Menaces ===
=== Menaces ===
==== Perte d’habitat ====
* La perte d’habitat : la régression, par l'action de l'homme, des zones humides depuis cinquante ans a provoqué localement de fortes diminutions des effectifs de Sarcelles d’hiver (comme par exemple, après le drainage de 50% des zones humides du Marais Poitevin)<ref name=oncfs/>.
La régression, par l'action de l'homme, des zones humides depuis cinquante ans a provoqué localement de fortes diminutions des effectifs de Sarcelles d’hiver (comme, après le [[drainage]] de 50 % des [[zones humides]] du [[Marais Poitevin]])<ref name=oncfs/>.
==== La chasse ====
La technique la plus fréquemment utilisée pour [[chasse]]r cet oiseau est la chasse à la botte, ou alors au poste fixe (que ce soit à la hutte, au gabion ou à la tonne). On estimait en [[2004]] que {{nombre|331000 Sarcelles}} d'hiver étaient annuellement prélevés en France, ce qui en fait la quinzième espèce la plus chassée de France<ref name=oncfs/>. En 1989, approximativement {{nombre|200000 spécimens}} ont été prélevé au Canada, c'est la seconde espèce d'Anatidae la plus chassée en Amérique du Nord après le colvert<ref name=ADW/>. <br />Malgré l'intensité de cette chasse, les populations semblent rester stables en France et en Amérique du Nord. Les prélèvements cynégétiques semblent être compensés par l'augmentation du nombre de zones protégées ou aménagées<ref name=oncfs/>{{,}}<ref name=ADW/>.


==== [[Saturnisme]] ====
* La chasse : La technique la plus fréquemment utilisée pour [[chasse]]r cet oiseau est la chasse à la botte, ou alors au poste fixe (que ce soit à la hutte, au gabion ou à la tonne). On estimait en 2004 que {{formatnum:331000}} sarcelles d'hiver étaient annuellement abattues en France, ce qui en fait la quinzième espèce la plus chassée de France<ref name=oncfs/>. En 1989, approximativement {{formatnum:200000}} spécimens ont été abattus au Canada, c'est la seconde espèce d'Anatidae la plus chassée en Amérique du nord après le colvert<ref name=ADW/>.
Cette maladie est liée chez les oiseaux à l’ingestion de [[Toxicité des munitions|grenaille de plomb]]. L'espèce fait partie de celles qui sont vulnérables à ce phénomène, avec un risque qui varie aussi selon le lieu (et sa contamination en [[grenaille de plomb]]<ref>Figuerola J., Mateo R., Green A., Mondain-Monval J-Y., Lefranc H. & Mentaberre G. ''[http://digital.csic.es/bitstream/10261/40922/1/envcons05.doc Interspecific and spatial variability in the ingestion of grit & lead shot by waterfowl]''. Environmental Conservation</ref> ; 4,7 % des sarcelles baguées en Camargue entre les [[années 1950]] et [[années 1970|1970]] étaient porteuses de plomb dans le gésier. Des analyses plus récentes montrent que 13 % des Sarcelles d’hiver tuées à la chasse en Camargue portent au moins un plomb dans le gésier<ref name=oncfs/> et que {{Citation|les mâles sont plus susceptibles de transporter des plombs intégrés que les femelles, alors que ces dernières sont plus susceptibles d'avoir des grenailles de plomb dans le gésier. De même, les adultes sont plus susceptibles d'avoir un plomb dans la chair tandis que les premiers individus de l'année sont plus susceptibles d'avoir des plombs dans le gésier}}<ref name=Guillemain2007>Guillemain, M., Devineau, O., Lebreton, J. D., Mondain-Monval, J. Y., Johnson, A. R., & Simon, G. (2007). ''Lead shot and teal ('' Anas crecca'') in the Camargue, Southern France: Effects of embedded and ingested pellets on survival''. Biological conservation, 137(4), 567-576 ([http://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0006320707001346 résumé])</ref>. Alors que les plombs ingérés sont un important facteur de mortalité ou d'empoisonnement, les plombs « intégrés » dans la chair à la suite de blessures non mortelles par coup de feu ne semblent pas affecter la survie de l'animal<ref name=Guillemain2007/> (le nombre de ces plombs augmente statistiquement avec la durée de vie de l'animal<ref name=Guillemain2007/>).


=== Protection ===
Malgré l'intensité de cette chasse, les populations semblent rester stables en France et en Amérique du nord. Les prélèvements cynégétiques semblent être compensés par l'augmentation du nombre de zones protégées ou aménagées<ref name=oncfs/>{{,}}<ref name=ADW/>.

* Le [[saturnisme]], maladie liée chez les oiseaux à l’ingestion de [[Toxicité des munitions|grenaille de plomb]] : 4,7 % des sarcelles baguées en Camargue entre les années 1950 et 1970 étaient porteuses de plomb dans le gésier. Une analyse plus récente montre que 13% des sarcelles d’hiver tuées à la chasse en Camargue portent au moins un plomb dans le gésier<ref name=oncfs/>.

===Protection===
Depuis les [[années 1990]], la population [[finlande|finlandaise]] de Sarcelles d'hiver est en déclin. On ne connaît pas le statut actuel des populations russes<ref name=pdfbli/>.
Depuis les [[années 1990]], la population [[finlande|finlandaise]] de Sarcelles d'hiver est en déclin. On ne connaît pas le statut actuel des populations russes<ref name=pdfbli/>.


Cependant, du fait de sa large répartition et de la relative stabilité de ses effectifs, [[BirdLife International]] considère cette espèce comme "sécurisée"<ref name=pdfbli/>. De même, l'IUCN a classé cette espèce dans la catégorie "préoccupation mineure" (LC).
Cependant, du fait de sa large répartition et de la relative stabilité de ses effectifs, [[BirdLife International]] considère cette espèce comme « sécurisée »<ref name=pdfbli/>. De même, l'UICN a classé cette espèce dans la catégorie « préoccupation mineure » (LC).


Cette espèce a fait l'objet d'une surveillance de la part du [[CITES]], en [[annexe III de la CITES|annexe III]], pour le [[Ghana]] entre 1976 et 2007, et pour le [[Danemark]] entre 1977 et 1984. Actuellement, la Sarcelle d'hiver ne bénéficie d'aucune protection de la part de cet organisme<ref>{{harv|texte=CITES 2008|réf=ancrage_CITES}}</ref>.
Cette espèce a fait l'objet d'une surveillance de la part du [[CITES]], en [[annexe III de la CITES|annexe {{III}}]], pour le [[Ghana]] entre 1976 et 2007, et pour le [[Danemark]] entre 1977 et 1984. {{quand|Actuellement}}, la Sarcelle d'hiver ne bénéficie d'aucune protection de la part de cet organisme<ref>{{Harv|texte=CITES 2008|id=CITES espèce}}</ref>.


Cette espèce fait partie de la liste des oiseaux protégés par le Migratory Bird Treaty Act<ref>[http://www.fws.gov/migratorybirds/intrnltr/mbta/taxolst.html Liste des oiseaux protégés par le Migratory Bird Treaty Act]</ref>
Cette espèce fait partie de la liste des oiseaux protégés par le Migratory Bird Treaty Act<ref>[http://www.fws.gov/migratorybirds/intrnltr/mbta/taxolst.html Liste des oiseaux protégés par le Migratory Bird Treaty Act]</ref>.
De même, certaines populations de cette espèce sont concernées par l'[[Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie]] : les populations de l'ouest sibérien, du sud-ouest asiatique et du nord-est africain sont classées en catégorie B2 (populations vulnérables : plus de {{formatnum:100000}} individus mais déclin de la population). Les autres populations sont considérées comme non menacées<ref>[http://www.unep-aewa.org/birds/index.cfm?species=1225 Anas crecca sur le site de l'AEWA]</ref>.
De même, certaines populations de cette espèce sont concernées par l'[[Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie]] : les populations de l'ouest sibérien, du sud-ouest asiatique et du nord-est africain sont classées en catégorie B2 (populations vulnérables : plus de {{formatnum:100000}} individus mais déclin de la population). Les autres populations sont considérées comme non menacées<ref>[http://www.unep-aewa.org/birds/index.cfm?species=1225 Anas crecca sur le site de l'AEWA]</ref>.


Cet oiseau est classé, comme tous les Anatidés, en annexe II de la [[Convention de Bonn]], mais cette décision n'est pas appliquée sur le terrain. Il figure aussi en annexe III (faune protégée) de la [[Convention de Berne]], mais en annexe II et III (chasse et commerce autorisés) de la [[Directive oiseaux]] européenne<ref>[http://eunis.eea.europa.eu/species-factsheet.jsp?tab=8&idSpecies=867&idSpeciesLink=867 Anas crecca sur le site Eunis de l'AEE]</ref>.
Cet oiseau est classé, comme tous les Anatidés, en annexe {{iI}} de la [[Convention de Bonn]], mais cette décision n'est pas appliquée sur le terrain. Il figure aussi en annexe {{III}} (faune protégée) de la [[Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe]] (Convention de Berne), mais en annexe {{iI}} et {{III}} (chasse et commerce autorisés) de la [[Directive oiseaux|directive Oiseaux]] européenne<ref>[http://eunis.eea.europa.eu/species-factsheet.jsp?tab=8&idSpecies=867&idSpeciesLink=867 Anas crecca sur le site Eunis de l'AEE]</ref>.


=== Étymologie ===
=== Étymologie ===
Le terme ''Anas'' viendrait d'une racine indo-européenne (''anut'', ''antis'') qui désigne le canard.
Le terme ''Anas'' viendrait d'une racine indo-européenne (''anut'', ''antis'') qui désigne le canard.

</br>Le mot [[sarcelle]] vient du latin ''querquedula'' (la sarcelle) et aurait pour origine une [[onomatopée]] figurant son cri<ref name=cnrtl/>. De même, le [[nom scientifique]] ''crecca'' est une onomatopée de « creck » ou « queck », comme le nom vernaculaire d'autre d'autres langues européennes.
Le mot [[sarcelle]] vient du latin {{langue|la|''querquedula''}} (la sarcelle) et aurait pour origine une [[onomatopée]] figurant son cri<ref name="cnrtl" />. De même, le [[nom scientifique]] ''crecca'' est une onomatopée de « creck » ou « queck », comme le nom vernaculaire d'autre d'autres langues européennes.

Le suffixe ''D'hiver'' permet de distinguer cette sarcelle, présente en hiver en France, de la [[Sarcelle d'été]], qui passe l'hiver plus au sud<ref>Cabard P. et Chauvet B. (2003): Etymologie des noms d'oiseaux. Belin. ISBN 2-70113-783-7</ref>.
Le suffixe ''d'hiver'' permet de distinguer cette sarcelle, présente en hiver en France, de la [[Sarcelle d'été]], qui passe l'hiver plus au sud<ref>Cabard P. et Chauvet B. (2003) : ''Étymologie des noms d'oiseaux''. Belin. {{ISBN|2-70113-783-7}}</ref>.


=== Philatélie ===
=== Philatélie ===
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==== ''Anas crecca crecca'' ====
==== ''Anas crecca crecca'' ====
{{timbreoiseau|nom=''A. c. crecca''|cnuméro=2707600}}
{{Timbreoiseau|nom=''Anas crecca crecca''|cnuméro=2707600}}
[[Image:1989 CPA 6085.jpg|thumb|left|Timbre à l'effigie de la Sarcelle d'hiver émis par l'URSS en 1989]]
[[Fichier:1989 CPA 6085.jpg|thumb|left|Timbre à l'effigie de la Sarcelle d'hiver émis par l'URSS en 1989.]]
La Biélorussie en 1996, la Belgique en 1989 et 2007, la Croatie (Bosnie Herzégovine) en 2007, Taiwan (Chine) en 1960, la France en 1960, la Gambie en 1997, 2000 et 2001, la Grenade en 1995, la Hongrie en 1988 et 1989, l'Islande en 1997, l'Irlande en 1996, Israel en 1989, Jersey en 2004, Kiribati en 2001 et 2008, le Libéria en 2001, la Malaisie en 2006, les îles Maldives en 1995, les îles Marshall en 1992, la Mongolie en 1991, les Philippines en 2007, la Pologne en 1985, le Portugal en 2000, l'URSS en 1989, la Syrie en 2003, le Turkmenistan en 2002, le Vatican en 1989, la République du Yemen en 1990 et la Yougoslavie en 1989.
La Biélorussie en 1996, la Belgique en 1989 et 2007, la Croatie (Bosnie-Herzégovine) en 2007, Taïwan (Chine) en 1960, la France en 1960, la Gambie en 1997, 2000 et 2001, la Grenade en 1995, la Hongrie en 1988 et 1989, l'Islande en 1997, l'Irlande en 1996, Israël en 1989, Jersey en 2004, Kiribati en 2001 et 2008, le Liberia en 2001, la Malaisie en 2006, les îles Maldives en 1995, les îles Marshall en 1992, la Mongolie en 1991, les Philippines en 2007, la Pologne en 1985, le Portugal en 2000, l'URSS en 1989, la Syrie en 2003, le Turkménistan en 2002, le Vatican en 1989, la République du Yémen en 1990 et la Yougoslavie en 1989.


==== ''Anas crecca carolinensis'' ====
==== ''Anas crecca carolinensis'' ====
{{timbreoiseau|nom=''A. c. carolinensis''|cnuméro=2707610}}
{{Timbreoiseau|nom=''Anas crecca carolinensis''|cnuméro=2707610}}
Sa représentation, moins courante, existe cependant : Antigua & Barbuda en 1995, Barbuda en 1997, la Gambie en 2001, et Kiribati en 1999<ref>{{lien web|url=http://www.birdtheme.org/scripts/family.php?famnum=27&page=7|titre=Eurasian Teal Anas crecca + Green-winged Teal Anas carolinensis|site=birdtheme.org}}</ref>.
Sa représentation, moins courante, existe cependant : Antigua & Barbuda en 1995, Barbuda en 1997, la Gambie en 2001, et Kiribati en 1999<ref>{{lien web|url=http://www.birdtheme.org/scripts/family.php?famnum=27&page=7|titre=Eurasian Teal Anas crecca + Green-winged Teal Anas carolinensis|site=birdtheme.org}}</ref>.
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==Voir aussi==
== Voir aussi ==
===Articles connexes===
=== Articles connexes ===
* [[Canard]]
* [[Canard]]
* [[Sarcelle à ailes vertes]]
* [[Sarcelle à ailes vertes]]
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* [[Canard siffleur]]
* [[Canard siffleur]]


===Photos et vidéos ===
=== Photos et vidéos ===
* [http://www.arkive.org/species/ARK/birds/Anas_crecca/more_still_images.html Galerie de photos d'Anas crecca, sur le site ARKive]
* [http://www.arkive.org/species/ARK/birds/Anas_crecca/more_still_images.html Galerie de photos d'''Anas crecca'', sur le site ARKive]
* [http://www.bsc-eoc.org/avibase/species.jsp?lang=FR&id=678FF7D1C0AE4205&ts=1207251362177&sec=flickr Galerie de photos Flickr d'Anas crecca, sur le site Avibase]
* [http://www.bsc-eoc.org/avibase/species.jsp?lang=FR&id=678FF7D1C0AE4205&ts=1207251362177&sec=flickr Galerie de photos Flickr d'''Anas crecca'', sur le site Avibase]
* [http://www.amazilia.net/images/Birds/Waterfowl/Greenwinged_Teal.htm Galerie de photos d'Anas crecca carolinensis, sur le site amazilia.net]
* [http://www.amazilia.net/images/Birds/Waterfowl/Greenwinged_Teal.htm Galerie de photos d'''Anas crecca carolinensis'', sur le site amazilia.net]
* [http://calphotos.berkeley.edu/cgi/img_query?stat=BROWSE&query_src=photos_fauna_sci-Bird&where-lifeform=Bird&where-taxon=Anas+crecca&title_tag=Anas+crecca Photos d'Anas crecca crecca sur le site Calphotos]
* [http://calphotos.berkeley.edu/cgi/img_query?stat=BROWSE&query_src=photos_fauna_sci-Bird&where-lifeform=Bird&where-taxon=Anas+crecca&title_tag=Anas+crecca Photos d'''Anas crecca crecca'' sur le site Calphotos]
* [http://calphotos.berkeley.edu/cgi/img_query?stat=BROWSE&query_src=photos_fauna_sci-Bird&where-lifeform=Bird&where-taxon=Anas+carolinensis&title_tag=Anas+carolinensis Galerie de photos d'Anas crecca carolinensis, sur le site Calphotos]
* [http://calphotos.berkeley.edu/cgi/img_query?stat=BROWSE&query_src=photos_fauna_sci-Bird&where-lifeform=Bird&where-taxon=Anas+carolinensis&title_tag=Anas+carolinensis Galerie de photos d'''Anas crecca carolinensis'', sur le site Calphotos]
* [http://ibc.hbw.com/ibc/phtml/votacio.phtml?idVideo=304&Anas_crecca Vidéo IBC : Anas crecca crecca mâle en plumage nuptial, Delta de l´Ebre, Espagne]
* [http://ibc.hbw.com/ibc/phtml/votacio.phtml?idVideo=304&Anas_crecca Vidéo IBC : ''Anas crecca crecca'' mâle en plumage nuptial, Delta de l'Ebre], [[Catalogne]].
* [http://ibc.hbw.com/ibc/phtml/votacio.phtml?idVideo=11310&Anas_crecca Vidéo IBC : couple d'Anas crecca carolinensis nageant, Washington DC, USA]
* [http://ibc.hbw.com/ibc/phtml/votacio.phtml?idVideo=11310&Anas_crecca Vidéo IBC : couple d'Anas crecca carolinensis nageant, Washington D.C, USA]
* [http://exposureroom.com/members/oiseauxdeurope.aspx/assets//4c48c2e21cdc4284b7917145c6ee4333/ Vidéo de Sarcelles d'hiver filmées en Camargue et Bassin d'Arcachon] '''(fr+en)'''


===Bibliographie===
=== Bibliographie ===
*{{ouvrage|lang=en|id=HOTW|auteur=Carboneras, Carles|année=1992|titre=Family Anatidae (Ducks, Geese and Swans)|directeur=del Hoyo, Josep; Elliott, Andrew & Sargatal, Jordi|collection=[[Handbook of the Birds of the World]]|volume=1|titre vo=Ostrich to Ducks|pages=536-629, plates 40-50|éditeur=Lynx Edicions|lieu=Barcelone|isbn=84-87334-10-5}}
* {{ouvrage|lang=en|id=HOTW|auteur=Carboneras, Carles|année=1992|titre=Family Anatidae (Ducks, Geese and Swans)|directeur=del Hoyo, Josep; Elliott, Andrew & Sargatal, Jordi|collection=[[Handbook of the Birds of the World]]|volume=1|titre vo=Ostrich to Ducks|pages=536-629, plates 40-50|éditeur=Lynx Edicions|lieu=Barcelone|isbn=84-87334-10-5}}
*{{fr}}{{lien web|url=http://www.oncfs.gouv.fr/events/point_faune/oiseaux/2005/sarcelle/Bibliographie_francais.pdf|titre=Bibliographie sur la Sarcelle d'hivers|éditeur=ONFCS}}
* {{fr}} {{lien web|url=http://www.oncfs.gouv.fr/events/point_faune/oiseaux/2005/sarcelle/Bibliographie_francais.pdf|titre=Bibliographie sur la Sarcelle d'hiver|éditeur=ONFCS}}


===Références taxonomiques===
=== Références taxonomiques ===
* {{COI|waterfowl|Anseriformes|''Anas crecca''|consulté le=24 avril 2022}}
* {{Avibase|115F04DDF18F7CFF|Anas crecca|consulté le=30 juin 2015}}
* {{Zoonomen|anse|Anseriformes|Anas crecca}}
* {{Zoonomen|anse|Anseriformes|Anas crecca}}
* {{Avibase|853F1F392F9BCAA6|1170708101689|''Anas crecca'' }}
* {{CITES fr|1909|''Anas crecca''|consulté le=16 avril 2020}}
* {{Faunaeur|96500|''Anas crecca'' }}
* {{Faunaeur2|1dbe8a6a-3baf-46c3-868e-da1d0e565798|''Anas crecca'' Linnaeus, 1758|consulté le=21 févr. 2022}}
* {{ITIS|175081|''Anas crecca'' Linnaeus, 1758 }}
* {{INPN|1958|''Anas crecca'' Linnaeus, 1758|consulté le=5 août 2014}}
* {{ADW|Anas_crecca|''Anas crecca'' }}
* {{ITIS|175081|''Anas crecca'' Linnaeus, 1758}}
* {{NCBI|75839|''Anas crecca'' }}
* {{ADW|Anas_crecca|''Anas crecca''}}
* {{NCBI|75839|''Anas crecca''}}

=== Liens externes ===
{{Autres projets
|commons=Anas_crecca
|wiktionary=sarcelle d’hiver
}}
* {{Oiseaux espèce|sarcelle.d.hiver|''Anas crecca''}}
* {{fr}}{{Ancre|oncfs}}{{lien web|url=http://www.oncfs.gouv.fr/events/animois/2004/ss_rub61.php|titre=la sarcelle d'hiver|série=L'animal du mois|éditeur=[[Office national de la chasse et de la faune sauvage|ONCFS]]}}
* {{UICN|22729717|''Anas crecca''|consulté le=24 avril 2022}}
* {{CITES espèce|animal|Anas|crecca|Linnaeus, 1758}}

== Notes et références ==
{{Références}}


{{Palette|Canard}}
===Liens externes===
{{Portail|ornithologie|Conservation de la nature}}
* {{Oiseaux espèce|sarcelle.d.hiver|''Anas crecca'' }}
* {{fr}}{{ancre|oncfs}}{{lien web|url=http://www.oncfs.gouv.fr/events/animois/2004/ss_rub61.php|titre=la sarcelle d'hiver|série=L'animal du mois|éditeur=[[Office national de la chasse et de la faune sauvage|ONCFS]]}}
* {{IUCN|47207|''Anas crecca'' Linnaeus, 1758 }}
* {{CITES espèce|animal|Anas|crecca|Linnaeus, 1758 }}
* {{ARKive ARK|birds|Anas|crecca}}


{{Bon article|vote=BA|oldid=29386669|date=13 mai 2008}}
===Notes===
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[[catégorie:Oiseau (nom vernaculaire)]]
[[Catégorie:Anas]]
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[[sv:Kricka]]
[[tr:Çamurcun]]
[[zh:绿翅鸭]]
[[zh-min-nan:Chúi-phiô-á]]

Dernière version du 4 mai 2024 à 21:23

Anas crecca

La Sarcelle d'hiver (Anas crecca) est la plus petite espèce de canards de surface. Elle se rencontre en Europe, Amérique du Nord et aussi en Asie. Dans ces régions, elle vit dans les zones tempérées à septentrionales. C'est un migrateur partiel, elle est chassée en grand nombre en Europe et en Amérique du Nord. La population nord-américaine est considérée par certains ornithologues comme une espèce à part, la Sarcelle à ailes vertes, et par d'autres comme une sous-espèce.

Morphologie

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Sarcelles d'hiver en plumage d'éclipse avec un mâle en mue.

Aspect général et mensurations

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Cette sarcelle est le plus petit canard de surface européen[1] et américain ; son poids d'adulte varie en effet de 250 à plus de 400 grammes[2]. Mâles et femelles sont de petite taille, de 35 cm de longueur (31 à 43 cm), avec une envergure de 53 à 59 cm[3],[4].

La présence d'un miroir vert (côté interne) et noir (côté externe) sur l'aile, encadré par des bandes blanches (devenant jaunâtres vers l'intérieur), est un trait caractéristique de cette espèce. Le ventre est blanc. Le dessous de l'aile présente un centre clair, bien visible en vol. Le bec, au bout arrondi, est assez étroit. Les pattes grisâtres sont palmées et adaptées à la vie aquatique. L'iris, de couleur marron, a un diamètre de 8 millimètres.

Aspect du mâle

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Peinture d'une sarcelle européenne mâle, avec ses couleurs caractéristiques.

Cette espèce présente un net dimorphisme sexuel durant la période de reproduction. Le plumage nuptial apparaît graduellement chez le mâle à partir du mois d’octobre et il est conservé entre l'hiver (parades nuptiales) et l'été (séparation des couples de l'année). Les jeunes mâles acquièrent le plumage nuptial dès leur premier hiver[5]. Le plumage du mâle se distingue alors par une tête très colorée, brun rouge, presque rousse, et barrée d'une bande verte iridescente finement soulignée de crème, qui rend impossible une erreur d'identification. Le mâle des populations américaines présente une barre blanche verticale sur l'épaule, alors que celui des populations européennes présente une barre blanche horizontale sur le bord de l'aile[6]. Un autre signe distinctif visible à grande distance est la présence d'une tache triangulaire jaunâtre au niveau du croupion, encadrée de noir, visible en toutes circonstances. Le corps est gris, finement strié de gris foncé plus larges sur le dos et les ailes. La poitrine est souvent d'une couleur différente, plus claire et roussâtre, pointillée de taches sombres. Le bec est gris-noir.

Le reste de l’année, le mâle est aussi terne que la femelle : on parle de plumage éclipse.

Aspect de la femelle

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La femelle, d'un marron pommelé assez terne, ressemble à la femelle de Sarcelle d'été, espèce un peu plus grande qui, elle, hiverne en Afrique. Elle porte sur le bord de la queue une courte ligne blanche. Le bec est gris foncé et le dessus de la tête est parfois plus sombre. L'œil est souvent barré d'une ligne sombre alors que deux bandes beige jaunâtre soulignent l'œil de la femelle de Sarcelle d'été.

Aspect des juvéniles

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Les juvéniles ressemblent à la femelle adulte. Les canetons en duvet ressemblent aux canetons du canard colvert, bien qu'ils soient plus petits que ces derniers. Le dessous est jaune, et le dessus brun-noir, avec quelques taches jaunes. La grande tache du côté de la tête est, comme chez le caneton colvert, barrée d'une fine ligne sombre arquée allant du bec à la nuque ; mais contrairement au caneton colvert, il présente en plus un cercle sombre en forme de lunettes autour de l'œil, ainsi qu'une bande sombre allant de la commissure du bec à l'arrière de la joue, juste en dessous de la fine strie barrant l'œil[1].

Comportement

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Locomotion et comportement social

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Groupe de Sarcelles d'hiver en vol.

Les Sarcelles d'hiver ne plongent pas entièrement pour se nourrir, mais elles peuvent le faire pour se protéger d'un prédateur[7]. Maladroites sur terre, elles ont un vol agile et rapide, mené avec beaucoup d'énergie. Elles sont capables de décoller très rapidement, et d'effectuer de brusques changements de direction et des pirouettes. Toutes ces évolutions sont possibles grâce à une musculature puissante, et elles permettent à ces oiseaux d'échapper aux prédateurs aériens. C'est aussi le seul canard capable de se gratter en vol[7]. La petite taille de cet oiseau, la rapidité et l'agilité du vol, ainsi que la façon de piquer vers le sol pour atterrir, font que le vol de la Sarcelle d'hiver ressemble à celui d'un limicole[8].

Assez grégaire et ne présentant pas de comportement territorial, la sarcelle d'hiver a tendance à se réunir et à voler en petits groupes. Lors de la migration, cet oiseau vole en nuée pouvant aller jusqu'à un millier d'oiseaux[8] ; il existe une grande coordination entre les membres de la nuée[7].

Alimentation

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Alimentation d'un mâle au Royaume-Uni.

Les Sarcelles d'hiver consomment des graines de plantes de zones humides ou de prés salés (graines de scirpes, joncs, soudes, Eleocharis, Carex, riz cultivé), des algues ou herbes aquatiques (Chara par exemple), mais aussi de petits invertébrés aquatiques (crustacés, mollusques) et des larves d'insectes, voire des œufs de poisson. Leur régime alimentaire est plus riche en aliments d'origine animale en été qu'en hiver[9],[1]. Ces sarcelles ont besoin, en moyenne, d'environ 25 grammes (poids sec) de nourriture par jour[5].

Elles trouvent leur nourriture sur les zones humides ou faiblement inondées, saumâtres ou douces. Elles s'alimentent souvent dans les eaux présentant moins de 15 cm de fond. Elles filtrent l'eau ou la vase grâce à leur bec, garni de lamelles permettant de retenir les petits organismes et graines dont elles se nourrissent, ou arrachent les herbes tendres. Le bec est capable de filtrer des particules d'une taille inférieure à 0,5 mm, même si les proies de quelques millimètres sont préférées[5]. En période hivernale, les Sarcelles d'hiver se rassemblent le jour sur les plans d'eau et se dispersent la nuit pour se nourrir, parcourant alors jusqu'à trente kilomètres. Bien que se nourrissant plutôt la nuit ou au crépuscule, la Sarcelle d'hiver observe, dans les zones où les effets des marées se font sentir, un rythme circadien basé sur ces dernières : elle se reposera à marée haute et se nourrira à marée basse[4].

Selon Guillemain et al. (2010) le poids moyen de la Sarcelle d’hiver (comme celui du canard colvert) a augmenté de 12 % en 30 ans (de 1960 à 2000) sans changement de taille, ce qui pourrait en partie être expliqué par le réchauffement climatique[10].

Communication

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Cette sarcelle est assez silencieuse, mais les mâles produisent de petits « crrit » aigus mais discrets que les chasseurs apprennent à reproduire. Lors de la saison de nidification, les mâles ont tendance à devenir nettement plus bruyants. Les sifflements sonores font en effet partie de leur parade nuptiale.

Beaucoup de langues (dont de nombreuses langues germaniques comme l'allemand Krickente, le suédois Kricka) ont formé le nom de cette espèce directement à partir de cette vocalise. Le terme sarcelle, lui aussi, indirectement via une racine latine, dérive d'une onomatopée[11]. On dit que la sarcelle truffle[4].

Les femelles émettent aussi un rugueux « cuac » d'alarme, ou de rapides et aigus « kekeke ».

Reproduction

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Mâle et femelle de la sous-espèce européenne en plumage nuptial.
Mâle et femelle de la sous-espèce américaine en plumage nuptial.
Anas crecca - Muséum d'histoire naturelle de Toulouse (MHNT).

La parade nuptiale, spectaculaire, est assez semblable à celle du canard colvert. Le mâle plonge le bout du bec sous l'eau, puis siffle, se cambre, rejette la tête en arrière, élève les ailes et soulève sa queue[12]. Cette parade peut débuter dès novembre ou au cours de l'hiver ; elle dure plusieurs jours et peut mettre en concurrence plusieurs mâles pour une femelle. Elle se déroule sur l'eau, où les mâles effectuent des séries de plongeons. Si le mâle s'approche trop, la femelle non consentante peut le poursuivre hostilement. La femelle finit par choisir un mâle et l'accouplement suit immédiatement. Le couple sera monogame sur l'année, mais les mâles appariés pourront tenter de s'accoupler avec d'autres femelles, souvent de force, alors que les mâles célibataires ne présenteront pas ce genre de comportement[7]. La femelle et le mâle choisi partiront au printemps vers le site de nidification où la femelle avait pondu l'année précédente, et qui est généralement le lieu de naissance de cette dernière[5],[13].

La saison de ponte se déroule de mai en Europe centrale à juillet en Russie[5]. Les populations les plus importantes se trouvent essentiellement en Russie, en Scandinavie et au Canada. La femelle construit un nid bien dissimulé dans une végétation dense, souvent sous des fougères ou des ajoncs[12] ou parmi d'épaisses formations de Carex, joncs ou roseaux, parfois assez loin de l'eau[1]. Le nid est garni de duvet que la femelle s'arrache de la poitrine, de feuilles, d'herbes, de brindilles et de fougères. La femelle y pond de 8 à 11 œufs de 41 à 50 × 30 à 35,5 mm, crème ou gris, teintés de vert ou de roussâtre[3], qui sont couvés par elle durant 21 à 23 jours[2]. La femelle passera les 34 de son temps à cette activité[7] et si elle est dérangée, elle ne quittera le nid qu'au dernier moment[1]. Le mâle l'abandonne pour muer[5] au plus tard dès que naissent les canetons, mais son départ peut survenir dès la ponte. Les sarcelles ne font en général qu’une seule ponte par an, mais en cas de disparition totale, une ponte de remplacement peut se produire[5]. Les oisillons, qui pèsent 15 g à la naissance[14], sont nidifuges mais sont plus sensibles au froid que les petits des autres Anatidés ; aussi la mère continue-t-elle à les couver[7]. Elle sait également les protéger des prédateurs en attirant leur attention sur elle.

Les canetons commencent à voler après 25 à 30 jours[2]. Ils atteindront la maturité sexuelle vers 180 jours.

La longévité de ces sarcelles est de 10 à 15 ans en moyenne, mais peut atteindre plus de 21 ans (le record actuel de longévité en Europe pour cette espèce a été déterminé grâce à la bague portée par un individu abattu à l'âge de 21 ans et 3 mois[15]). L'espérance de vie d'une Sarcelle d'hiver en Camargue, calculée à partir des populations baguées, serait selon l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) de 1,4 an[5].

Le taux de reproduction varie du simple au double selon les endroits, ainsi une femelle produit 3,7 jeunes volants en Islande contre 1,4 en Grande-Bretagne[5].

Systématique

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Le premier spécimen de cette espèce décrit dans la littérature scientifique l'a été par Carl von Linné dans son Systema naturae en 1758, sous le nom d'Anas crecca[16].

Sous-espèces

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D'après Alan P. Peterson, cette espèce est constituée des sous-espèces suivantes :

  • Anas crecca crecca Linnaeus 1758 ;
  • Anas crecca nimia Friedmann 1948.

Cette dernière n'est pas considérée comme une sous-espèce mais comme une variation clinale, donc traitée comme monotypique (Sangster et al. 2001 ; Carboneras et al. 2017). Traditionnellement, les ornithologues considèrent trois populations, identifiées à trois sous-espèces, très semblables d'aspect. Leur seule différence externe observable se trouve dans deux bandes blanches sur les flancs de Anas crecca carolinensis (aussi appelée Sarcelle à ailes vertes). Aujourd'hui, cette sous-espèce est considérée comme une espèce à part entière par le Congrès ornithologique international (2010) et l'American Ornithological Society, mais pas par Clements (2009) ni Howard & Moore (2009).

Les ornithologues américains fondent leurs analyses sur un point[17] de vue qui rassemble des données comportementales[18], morphologiques[19], et moléculaires[20].

Les analyses génétiques montrent que Anas crecca carolinensis est plus proche de la Sarcelle à bec jaune que de la Sarcelle d'hiver européenne[20]. Comme la radiation évolutive des canards du genre Anas est très récente, et qu'ils s'hybrident facilement les uns avec les autres, deux hypothèses sont plausibles. La Sarcelle à bec jaune pourrait avoir évolué à partir de la Sarcelle d'hiver américaine en perdant tout dimorphisme sexuel, ou la Sarcelle d'hiver européenne se serait hybridée avec la Sarcelle à bec jaune, tout en favorisant son dimorphisme sexuel, composé de caractères très présents chez les canards de surface.

Répartition et habitat

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La Sarcelle d'hiver se trouve principalement sur les vasières, marécages, lagunes, estuaires et autres étendues d'eau douce ou saumâtre à faible courant. Elle a une préférence pour les plans d'eau présentant beaucoup de végétation et un fond vaseux, pouvant ainsi pourvoir à son alimentation.

Lors de la saison de nidification, on la rencontrera sur des lacs, mares ou marais à l'intérieur des terres à végétation riparienne bien développée et souvent eutrophes[5] ; en hiver, on pourra aussi la voir sur des plans d'eau plus côtiers et saumâtres. Elle quitte alors systématiquement les zones gelées ou enneigés qui limitent ses possibilités d’alimentation.

Répartition

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Répartition mondiale et européenne

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Répartition des sous-espèces
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En Europe et en Asie, Anas crecca crecca
  • habitat permanent
  • zone d'hivernage
  • nidification
En Amérique du Nord, Anas crecca carolinensis ; en Amérique de l'Ouest et sur les Îles Aléoutiennes, Anas crecca nimia
  • habitat permanent
  • zone d'hivernage
  • nidification

Les noms locaux sont : sarcelle sarcelline, Sarcelle à ailes vertes, sarcelline, petite sarcelle, arcanette, truffleur et sarcelle d'hiver d'Amérique (les anciennes sous-espèces américaines sont désormais considérées comme une espèce bien distincte).

L'espèce est présente sur une aire de 10 000 000 km2[21]. La population mondiale est estimée à 6 500 000-7 600 000 individus[22].

En Europe (Islande et Russie incluses), on estime la population d'oiseaux nicheurs supérieure à 920 000 couples, et la population d'hivernants à plus de 730 000 individus. Les principaux pays où cet oiseau niche sont la Finlande, la Norvège, la Russie et la Suède[23].

Évolution des répartitions

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La création de marais littoraux doux à saumâtres dans les années 1980, a entraîné une redistribution des oiseaux depuis les zones intertidales vers ces réserves[5].

Anas crecca crecca

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L'oiseau niche jusqu'en Islande et aux Îles Britanniques à l'ouest, au nord jusqu'en Scandinavie et à l'est jusqu'à la péninsule du Kamtchatka et au Japon.

En 2002, la population du Nord-Est de l'Europe était estimée à 400 000 individus, et la population de l'ouest sibérien, du sud de l'Asie et du nord-est de l'Afrique était estimée à 1 500 000 spécimens (mais considérée comme vulnérable car en déclin)[24].

Au début des années 2000, cinq cents à mille couples de cet anatidé nichaient sur les vasières, marécages, estuaires ou étendues d'eau douce de France, principalement dans la moitié nord du pays, du mois d'octobre au mois de mars[2]. Lors de la nidification, ces oiseaux sont dispersés et discrets alors qu'ils sont grégaires lorsqu'ils hivernent. Durant la période de nidification, leur densité de population est plus importante au nord de l'Europe ; c'est la Finlande, avec une population estivale estimée de 60 000 à 80 000 couples, qui détient le record.

Les Sarcelles d'hiver hivernent en France, en Espagne, en Italie et dans les Balkans. Certaines continuent jusqu'en Espagne et en Afrique du Nord. Les populations les plus à l'est migrent en Inde ou dans le Sud-Est asiatique. Dans ces zones, les populations nidifiantes sont faibles, mais le nombre de ces oiseaux augmente fortement en hiver. Environ 80 000 individus hivernent habituellement en France[2]. Les premiers individus y arrivent au mois d'août. Lorsque l'hiver est rigoureux, ces sarcelles se déplacent vers le sud et l'ouest et se concentrent sur le littoral. La Camargue est un des plus importants centres d'hivernage en France. Les zones les plus importantes pour l'Espagne sont le parc national de las Tablas de Daimiel, le parc naturel de Monfragüe, et le parc national de Doñana[25].

Depuis plusieurs années, les ornithologues américains rapportent des observations de cette sous-espèce européenne aux États-Unis, notamment dans l'État de Washington, sur la côte ouest[9].

Anas crecca carolinensis

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La Sarcelle d'hiver américaine est désormais élevée souvent au rang d'espèce (en y intégrant nimia). Elle niche au Canada et hiverne aux États-Unis, au Mexique, à Cuba et à Porto Rico, mais elle peut descendre occasionnellement plus au sud comme en Colombie, au Salvador et au Honduras. Les populations ne sont pas comptabilisées, du fait de l'incertitude sur le statut du taxon, cependant ces sarcelles sont plus nombreuses que leurs homologues européennes. C'est le plus petit canard de surface d'Amérique du Nord.

La Sarcelle d'hiver américaine peut être occasionnellement observée en Europe, en France par exemple[5].

Anas crecca nimia

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Les populations de cette variation clinale sont les moins nombreuses. Elles nidifient dans le nord-ouest de l'Amérique, et surtout dans les Îles Aléoutiennes. Elles hivernent dans les états du sud de l'Amérique de l'Ouest.

Lorsque les mâles adultes abandonnent les femelles en pleine incubation, tous migrent vers des zones de mue où ils se rassemblent pour changer de plumage. Ils deviennent alors momentanément incapables de voler. Les zones de mue peuvent se situer à proximité des sites de nidification ou à une centaine de kilomètres.

Ces oiseaux sont essentiellement migrateurs, mais certaines populations sont résidentes (voir les cartes). La migration d'automne s'étale entre fin août et début décembre. Les femelles migrent généralement plus au sud que les mâles. La migration de printemps débute généralement en février et dure jusqu'en avril. Lors des migrations, ces oiseaux peuvent former des grands groupes réunissant plusieurs centaines d'individus ; la migration est généralement nocturne[7],[9].

La Sarcelle d'hiver et l'homme

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Les Sarcelles d'été et d'hiver avaient en Occident la réputation d'être des mets délicats, Pierre Belon[26], puis bien d'autres après lui l'évoqueront, les Romains auraient même tenté d'en domestiquer. La Sarcelle d'hiver n'échappe pas à cette réputation.

Perte d’habitat

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La régression, par l'action de l'homme, des zones humides depuis cinquante ans a provoqué localement de fortes diminutions des effectifs de Sarcelles d’hiver (comme, après le drainage de 50 % des zones humides du Marais Poitevin)[2].

La technique la plus fréquemment utilisée pour chasser cet oiseau est la chasse à la botte, ou alors au poste fixe (que ce soit à la hutte, au gabion ou à la tonne). On estimait en 2004 que 331 000 Sarcelles d'hiver étaient annuellement prélevés en France, ce qui en fait la quinzième espèce la plus chassée de France[2]. En 1989, approximativement 200 000 spécimens ont été prélevé au Canada, c'est la seconde espèce d'Anatidae la plus chassée en Amérique du Nord après le colvert[7].
Malgré l'intensité de cette chasse, les populations semblent rester stables en France et en Amérique du Nord. Les prélèvements cynégétiques semblent être compensés par l'augmentation du nombre de zones protégées ou aménagées[2],[7].

Cette maladie est liée chez les oiseaux à l’ingestion de grenaille de plomb. L'espèce fait partie de celles qui sont vulnérables à ce phénomène, avec un risque qui varie aussi selon le lieu (et sa contamination en grenaille de plomb[27] ; 4,7 % des sarcelles baguées en Camargue entre les années 1950 et 1970 étaient porteuses de plomb dans le gésier. Des analyses plus récentes montrent que 13 % des Sarcelles d’hiver tuées à la chasse en Camargue portent au moins un plomb dans le gésier[2] et que « les mâles sont plus susceptibles de transporter des plombs intégrés que les femelles, alors que ces dernières sont plus susceptibles d'avoir des grenailles de plomb dans le gésier. De même, les adultes sont plus susceptibles d'avoir un plomb dans la chair tandis que les premiers individus de l'année sont plus susceptibles d'avoir des plombs dans le gésier »[28]. Alors que les plombs ingérés sont un important facteur de mortalité ou d'empoisonnement, les plombs « intégrés » dans la chair à la suite de blessures non mortelles par coup de feu ne semblent pas affecter la survie de l'animal[28] (le nombre de ces plombs augmente statistiquement avec la durée de vie de l'animal[28]).

Depuis les années 1990, la population finlandaise de Sarcelles d'hiver est en déclin. On ne connaît pas le statut actuel des populations russes[23].

Cependant, du fait de sa large répartition et de la relative stabilité de ses effectifs, BirdLife International considère cette espèce comme « sécurisée »[23]. De même, l'UICN a classé cette espèce dans la catégorie « préoccupation mineure » (LC).

Cette espèce a fait l'objet d'une surveillance de la part du CITES, en annexe III, pour le Ghana entre 1976 et 2007, et pour le Danemark entre 1977 et 1984. Actuellement[Quand ?], la Sarcelle d'hiver ne bénéficie d'aucune protection de la part de cet organisme[29].

Cette espèce fait partie de la liste des oiseaux protégés par le Migratory Bird Treaty Act[30]. De même, certaines populations de cette espèce sont concernées par l'Accord sur la conservation des oiseaux d'eau migrateurs d'Afrique-Eurasie : les populations de l'ouest sibérien, du sud-ouest asiatique et du nord-est africain sont classées en catégorie B2 (populations vulnérables : plus de 100 000 individus mais déclin de la population). Les autres populations sont considérées comme non menacées[31].

Cet oiseau est classé, comme tous les Anatidés, en annexe II de la Convention de Bonn, mais cette décision n'est pas appliquée sur le terrain. Il figure aussi en annexe III (faune protégée) de la Convention relative à la conservation de la vie sauvage et du milieu naturel de l'Europe (Convention de Berne), mais en annexe II et III (chasse et commerce autorisés) de la directive Oiseaux européenne[32].

Étymologie

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Le terme Anas viendrait d'une racine indo-européenne (anut, antis) qui désigne le canard.

Le mot sarcelle vient du latin querquedula (la sarcelle) et aurait pour origine une onomatopée figurant son cri[11]. De même, le nom scientifique crecca est une onomatopée de « creck » ou « queck », comme le nom vernaculaire d'autre d'autres langues européennes.

Le suffixe d'hiver permet de distinguer cette sarcelle, présente en hiver en France, de la Sarcelle d'été, qui passe l'hiver plus au sud[33].

Philatélie

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De nombreux pays ont émis des timbres à l'effigie de cet oiseau.

Anas crecca crecca

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Timbre à l'effigie de la Sarcelle d'hiver émis par l'URSS en 1989.

La Biélorussie en 1996, la Belgique en 1989 et 2007, la Croatie (Bosnie-Herzégovine) en 2007, Taïwan (Chine) en 1960, la France en 1960, la Gambie en 1997, 2000 et 2001, la Grenade en 1995, la Hongrie en 1988 et 1989, l'Islande en 1997, l'Irlande en 1996, Israël en 1989, Jersey en 2004, Kiribati en 2001 et 2008, le Liberia en 2001, la Malaisie en 2006, les îles Maldives en 1995, les îles Marshall en 1992, la Mongolie en 1991, les Philippines en 2007, la Pologne en 1985, le Portugal en 2000, l'URSS en 1989, la Syrie en 2003, le Turkménistan en 2002, le Vatican en 1989, la République du Yémen en 1990 et la Yougoslavie en 1989.

Anas crecca carolinensis

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Sa représentation, moins courante, existe cependant : Antigua & Barbuda en 1995, Barbuda en 1997, la Gambie en 2001, et Kiribati en 1999[34].

Articles connexes

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Photos et vidéos

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Bibliographie

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Références taxonomiques

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Liens externes

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Notes et références

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  1. a b c d et e Stastny K. (1989) : Oiseaux aquatiques. Gründ, Paris. (ISBN 2-7000-1816-8)
  2. a b c d e f g h et i (ONCFS, 1999)
  3. a et b (es) Madroño A., González C. & Atienza J. C., Libro Rojo de las aves de España, Madrid, BirdLife, (ISBN 84-8014-568-4)
  4. a b et c (oiseau.net 2007)
  5. a b c d e f g h i j k et l (fr) « Sarcelle d'hiver », Le programme de recherche sur la Sarcelle d'hiver, ONCFS,
  6. (en) « Anas crecca », All About Birds, Cornell Lab of Ornithology
  7. a b c d e f g h et i (ADW 2007)
  8. a et b Hume R., Lesaffre G. et Duquet M., Oiseaux de France et d'Europe, Larousse, 2004 (ISBN 2-03-560311-0)
  9. a b et c (en) Anas crecca sur BirdWeb
  10. Guillemain et al. 2010. Wintering French Mallard and Teal Are Heavier and in Better Body Condition than 30 Years Ago: Effects of a Changing Environment? Ambio, 39:170-180
  11. a et b Informations lexicographiques et étymologiques de « Sarcelle » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  12. a et b (en) Anas crecca sur le site ARKive
  13. (en) « Anas crecca », Enature
  14. (en) « Anas crecca », AnAge
  15. Staav R.& Fransson T, « European longevity record:Teal », sur Euring, (consulté le )
  16. (la) Linnaeus, C. (1758). Systema naturae per regna tria naturae, secundum classes, ordines, genera, species, cum characteribus, differentiis, synonymis, locis. Tomus I. Editio decima, reformata. Holmiae. (Laurentii Salvii)., 126. “A. macula alarum viridi, linea alba supra infraque oculos.”
  17. (en) Sangster, George; Knox, Alan G.; Helbig, Andreas J. & Parkin, David T., « Taxonomic recommendations for European birds. », The Ibis, vol. 144, no 1,‎ (lire en ligne)
  18. (en) Laurie-Ahlberg, C. C. & McKinney, F., « The nod-swim display of male Green-winged Teal (Anas crecca). », Animal Behaviour, vol. 27,‎ , p. 165–172 (résumé)
  19. (en) Livezey, B. C., « A phylogenetic analysis and classification of recent dabbling ducks (Tribe Anatini) based on comparative morphology », the Auk, vol. 108, no 3,‎ , p. 471–507 (lire en ligne)
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  21. (UICN 2007)
  22. (en) Anas crecca sur BirdLife International
  23. a b et c (en) « Anas crecca COMMON TEAL », BirdLife International,
  24. (en) « Anas crecca », AEWA
  25. (es) « Cerceta Común », Gobierno de España Ministerio de Medio Ambiente
  26. Pierre Belon, L’Histoire de la nature des oyseaux, avec leurs descriptions et naïfs portraicts retirez du naturel, escrite en sept livres, Paris, G. Cavellat,
  27. Figuerola J., Mateo R., Green A., Mondain-Monval J-Y., Lefranc H. & Mentaberre G. Interspecific and spatial variability in the ingestion of grit & lead shot by waterfowl. Environmental Conservation
  28. a b et c Guillemain, M., Devineau, O., Lebreton, J. D., Mondain-Monval, J. Y., Johnson, A. R., & Simon, G. (2007). Lead shot and teal ( Anas crecca) in the Camargue, Southern France: Effects of embedded and ingested pellets on survival. Biological conservation, 137(4), 567-576 (résumé)
  29. (CITES 2008)
  30. Liste des oiseaux protégés par le Migratory Bird Treaty Act
  31. Anas crecca sur le site de l'AEWA
  32. Anas crecca sur le site Eunis de l'AEE
  33. Cabard P. et Chauvet B. (2003) : Étymologie des noms d'oiseaux. Belin. (ISBN 2-70113-783-7)
  34. « Eurasian Teal Anas crecca + Green-winged Teal Anas carolinensis », sur birdtheme.org