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« Oued Merguellil » : différence entre les versions

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{{Infobox Cours d'eau
{{Infobox Cours d'eau
| nom= Oued Merguellil
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| image= [[Image:Citerne Aghlabide, Kairouan.jpg|300px]]
| légende image= Bassins des Aghlabides à Kairouan, partiellement alimentés par un système de drainage des eaux du Merguellil
| légende image = Oued Merguellil en aval de Haffouz.
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| carte = Oued Merguellil drainage basin-fr.svg
| légende carte= Parcours de l’oued Merguellil
| légende carte = Parcours de l'oued Merguellil.
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L''''oued Merguellil''' ({{lang-ar|وادي مرق الليل}}) est un [[oued]] qui coule dans le centre de la [[Tunisie]], plus précisément à l'ouest de la ville de [[Kairouan]].


Ayant un débit irrégulier, avec une moyenne de {{unité|0.6|m|3|/s}} par an<ref name="debit"/>, il draine les [[précipitations]] touchant la [[dorsale tunisienne]] aux côtés des oueds [[Oued Zeroud|Zeroud]] et Nebhana ; il figure ainsi parmi les principaux [[cours d'eau]] qui débouchent dans la [[plaine]] de Kairouan. Durant les mois humides, il irrigue cette importante région agricole où la [[nappe phréatique]] joue un grand rôle.
L’'''oued Merguellil''' ({{lang|rtl|ar|واد مرغلل}}) est un [[oued]] qui coule dans le centre de la [[Tunisie]], plus précisément à l’ouest de la ville de [[Kairouan]].


Longtemps source de [[crue]]s dévastatrices, il a été maîtrisé au cours du {{XXe siècle}} par la construction de divers aménagements de protection, dont le [[barrage d'El Haouareb]], ce qui n'est pas toutefois sans impact sur l'équilibre de l'environnement régional sur le plan de la [[gestion de l'eau]] et de l'[[érosion]].
Généralement à sec durant une bonne partie de l’année, il draine les [[précipitation]]s touchant la [[dorsale tunisienne]] aux côtés des oueds [[Oued Zeroud|Zeroud]] et Nebhana ; il figure ainsi parmi les principaux [[cours d’eau]] qui débouchent dans la [[plaine]] de Kairouan. Durant les mois humides, il irrigue cette importante région agricole où la [[nappe phréatique]] joue un grand rôle.

Longtemps source de [[crue]]s dévastatrices, il a été maîtrisé au cours du {{XXe siècle}} par la construction de divers aménagements de protection, dont le barrage d’El Haouareb, ce qui n’est pas toutefois sans impact sur l’équilibre de l’environnement régional en termes de [[Gestion globale de l'eau|gestion de l’eau]] et d’[[érosion]].


== Géographie ==
== Géographie ==
=== Cours ===
=== Cours ===


Le [[Lit (hydrologie)|lit]] de l’oued Merguellil naît dans les massifs montagneux du haut plateau de [[Makthar]] puis se dirige en direction du sud-est, en prenant les noms successifs d’oued Bahloul, Chrira et Kerd, jusqu’au [[synclinal]] du Jebil où il bifurque d’ouest en est<ref name="mahfoudh">{{fr}} {{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/Histoire%20eau%20Kairouan.pdf Faouzi Mahfoudh, Samir Baccouch et Béchir Yazidi, ''L’histoire de l’eau et des installations hydrauliques dans le bassin de Kairouan'', éd. International Water Management Institute, Tunis, 2004, p. 71]</ref>. Il s’oriente ensuite à nouveau vers le sud-est, en prenant le nom de Merguellil<ref name="mahfoudh"/>, et longe le flanc ouest du [[Djebel Ousselat]], charriant une série d’oueds secondaires drainant la région.
Le [[Lit (hydrologie)|lit]] de l'oued Merguellil naît dans les massifs montagneux du haut plateau de [[Makthar]] puis se dirige en direction du sud-est, en prenant les noms successifs d'oued Bahloul, Chrira et Kerd, jusqu'au [[synclinal]] du Jebil où il bifurque d'ouest en est<ref name="mahfoudh">{{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/Histoire%20eau%20Kairouan.pdf Faouzi Mahfoudh, Samir Baccouch et Béchir Yazidi, ''L'histoire de l'eau et des installations hydrauliques dans le bassin de Kairouan'', éd. International Water Management Institute, Tunis, 2004, p. 71]</ref>. Il s'oriente ensuite à nouveau vers le sud-est, en prenant le nom de Merguellil<ref name="mahfoudh"/>, et longe le flanc ouest du [[Djebel Ousselat]], charriant une série d'oueds secondaires drainant la région.


Après avoir traversé par la faille d’El Haouareb, au niveau de laquelle un barrage a été édifié<ref name="jluc17">{{fr}} {{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/files_new/research_projects/River_Basin_Development_and_Management/BlueGreenWater_Rapport_%20LUC.pdf Jean-Paul Luc, ''Comparative study on river basins. Merguellil River. Water accounting, blue and green water'', éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2005, p. 17]</ref>, il se transforme en un lit large mais instable à travers la plaine de Kairouan<ref name="mahfoudh"/> ; il récolte au passage les eaux des oueds du Djebel Cherichira (notamment l’oued Cherichira) et du Djebel Baten, avant de s’orienter vers le nord-est.
Après avoir traversé par la faille d'El Haouareb, au niveau de laquelle un barrage a été édifié<ref name="jluc17">{{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/files_new/research_projects/River_Basin_Development_and_Management/BlueGreenWater_Rapport_%20LUC.pdf Jean-Paul Luc, ''Comparative study on river basins. Merguellil River. Water accounting, blue and green water'', éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2005, p. 17]</ref>, il se transforme en un lit large mais instable à travers la plaine de Kairouan<ref name="mahfoudh"/> ; il récolte au passage les eaux des oueds du Djebel Cherichira (notamment l'oued Cherichira) et du Djebel Baten, avant de s'orienter vers le nord-est.


Ses eaux ne rejoignent pas la [[mer Méditerranée]] mais finissent parfois en partie dans la [[sebkha Kelbia]] alors qu’une autre partie rejoint l’[[oued Zeroud]] qui coule en parallèle, quinze kilomètres plus au sud.
Ses eaux ne rejoignent pas la [[mer Méditerranée]] mais finissent parfois en partie dans la [[sebkha Kelbia]] alors qu'une autre partie rejoint l'[[oued Zeroud]] qui coule en parallèle, quinze kilomètres plus au sud.


=== Hydrographie ===
=== Hydrographie ===


Le [[bassin versant]] de l’oued Merguellil est limité par la retombée sud des [[djebel]]s Bellouta et Serdj au nord, par le plateau d’Alaâ au sud, par le Djebel Barbrou et le haut plateau de Kesra à l’ouest et par la plaine de [[Kairouan]] à l’est ; cette dernière constitue par ailleurs son exutoire naturel<ref name="bachta9">{{fr}} {{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/files_new/research_projects/River_Basin_Development_and_Management/Impact%20assessment%20of%20water%20resources%20development%20Case%20of%20Tunisia.pdf Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, ''Impact assessment of water resources development in the Merguellil basin. Kairouan, Tunisia'', 2005, p. 9]</ref>. Il se divise entre une partie amont relativement montagneuse, couvrant {{formatnum:118000}} [[hectare]]s, et une partie aval constituée d’une vaste plaine agricole couvrant {{formatnum:35532}} hectares<ref name="amami3">{{fr}} {{pdf}} [http://hal.cirad.fr/docs/00/19/36/46/PDF/1_4_ElAmami_al.pdf Hacib El Amami et al., ''Allocation des ressources en eaux sous des contraintes économiques, sociales et environnementales. Cas du bassin de Merguellil en Tunisie centrale'', actes du séminaire « Les instruments économiques et la modernisation des périmètres irrigués », Sousse, 21-22 novembre 2005, p. 3]</ref>. Le bassin aval dispose d’un important réservoir [[aquifère]] mais la [[nappe alluviale]], seule ressource en eau douce disponible, y est exploitée sans contrôle réel, ce qui a conduit à une baisse de son niveau, puisqu’elle n’est plus alimentée par les crues de l’oued maîtrisées par les barrages en amont<ref name="leduc3"/> ; la forte baisse du [[niveau piézomètrique]] dépasse dans certaines zones un mètre par an<ref name="benammar2">Safouan Ben Ammar et al., ''op. cit.'', p. 2</ref>{{,}}<ref>Christian Leduc et al., ''op. cit.'', p. 6</ref>.
Le [[bassin versant]] de l'oued Merguellil est limité par la retombée sud des [[djebel]]s Bellouta et Serdj au nord, par le plateau d'El Alâa au sud, par le Djebel Barbrou et le haut plateau de Kesra à l'ouest et par la plaine de [[Kairouan]] à l'est ; cette dernière constitue par ailleurs son exutoire naturel<ref name="bachta9">{{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/files_new/research_projects/River_Basin_Development_and_Management/Impact%20assessment%20of%20water%20resources%20development%20Case%20of%20Tunisia.pdf Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, ''Impact assessment of water resources development in the Merguellil basin. Kairouan, Tunisia'', 2005, p. 9]</ref>. Il se divise entre une partie amont relativement montagneuse, couvrant {{formatnum:118000}} [[hectare]]s, et une partie aval constituée d'une vaste plaine agricole couvrant {{unité|35532|hectares}}<ref name="amami3">{{pdf}} [http://hal.cirad.fr/docs/00/19/36/46/PDF/1_4_ElAmami_al.pdf Hacib El Amami et al., ''Allocation des ressources en eaux sous des contraintes économiques, sociales et environnementales. Cas du bassin de Merguellil en Tunisie centrale'', actes du séminaire « Les instruments économiques et la modernisation des périmètres irrigués », Sousse, 21-22 novembre 2005, p. 3]</ref>. Le bassin aval dispose d'un important réservoir [[aquifère]] mais la [[nappe alluviale]], seule ressource en eau douce disponible, y est exploitée sans contrôle réel, ce qui a conduit à une baisse de son niveau, puisqu'elle n'est plus alimentée par les crues de l'oued maîtrisées par les barrages en amont<ref name="leduc3"/> ; la forte baisse du [[niveau piézométrique]] dépasse dans certaines zones un mètre par an<ref name="benammar2">Safouan Ben Ammar et al., {{Op. cit.}}, p. 2</ref>{{,}}<ref>Christian Leduc et al., {{Op. cit.}}, p. 6</ref>.


Par ailleurs, en raison des activités agricoles, la pression sur le milieu a provoqué la dégradation des versants et de l’[[érosion]] dans tout le bassin<ref name="amami2">Hacib El Amami et al., ''op. cit.'', p. 2</ref>, le bassin amont figurant parmi les régions les plus érodées de la Tunisie centrale<ref name="amami3"/>. Ce phénomène a eu pour conséquence la [[Pollution de l'eau|pollution des eaux]] par les [[sédiment]]s et le colmatage des infrastructures hydrauliques ([[barrage]]s et [[Canal d'irrigation|canaux d’irrigation]]) situées en aval ; le barrage d’El Haouareb s’envase ainsi en moyenne de 2,1 millions de tonnes de sédiments par an<ref name="amami2"/>.
Par ailleurs, en raison des activités agricoles, la pression sur le milieu a provoqué la dégradation des versants et de l'[[érosion]] dans tout le bassin<ref name="amami2">Hacib El Amami et al., {{Op. cit.}}, p. 2</ref>, le bassin amont figurant parmi les régions les plus érodées de la Tunisie centrale<ref name="amami3"/>. Ce phénomène a eu pour conséquence la [[Pollution de l'eau|pollution des eaux]] par les [[sédiment]]s et le colmatage des infrastructures hydrauliques ([[barrage]]s et [[Canal d'irrigation|canaux d'irrigation]]) situées en aval ; le barrage d'El Haouareb s'envase ainsi en moyenne de 2,1 millions de tonnes de sédiments par an<ref name="amami2"/>.


[[Image:Oued Zeroud Merguellil Nebhana drainage basin-fr.svg|thumb|Oueds Zeroud, Merguellil et Nebhana convergeant dans la plaine de [[Kairouan]].]]
La plupart des [[affluent]]s de l’oued Merguellil se trouve sur sa rive droite : les oueds Morra, Zebbes, El Hammam et Ben Zitoune<ref name="mahfoudh"/>.

La plupart des [[affluent]]s de l'oued Merguellil se trouve sur sa rive droite : les oueds Morra, Zebbes, El Hammam et Ben Zitoune<ref name="mahfoudh"/>.


=== Hydrologie ===
=== Hydrologie ===


L'oued Merguellil, en raison de son profil caractéristique d'oued, est alimenté selon un [[régime pluvial]] irrégulier engendré par des influences [[climat]]iques conflictuelles : un climat frais, humide et subhumide au nord et un climat aride et désertique au sud<ref>Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, {{Op. cit.}}, p. 10</ref>. Cette situation conduit à des fluctuations marquées par d'importantes irrégularités [[Pluviométrie|pluviométriques]] (en moyenne de l'ordre de {{unité|300|millimètres}} par an) et de grandes amplitudes [[Température|thermiques]]<ref>{{pdf}} [http://wwc2008.msem.univ-montp2.fr/resource/authors/abs335_article.pdf Safouan Ben Ammar et al., ''Approche géochimique de la vulnérabilité des eaux souterraines de la nappe phréatique de la plaine de Kairouan (Tunisie)'', {{13e|congrès}} mondial de l'eau, Montpellier, 1-4 septembre 2008, p. 1]</ref> ; les [[pluie]]s sont par ailleurs plus fortes en amont qu'en aval<ref name="leduc3">{{pdf}} [http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/18/95/16/PDF/II_Leduc.pdf Christian Leduc et al., ''Évolution de la ressource en eau dans la vallée du Merguellil (Tunisie centrale)'', actes du séminaire « Modernisation de l'agriculture irriguée », Rabat, 19-23 avril 2004, p. 3]</ref>. La pluviométrie réduite conduit à une quasi-absence d'eau en [[été]] mais engendre parfois des [[crue]]s importantes en [[automne]], lorsque la pluie tombe en un court laps de temps. La région a connu plusieurs épisodes documentés de [[crue]]s au cours du {{XXe siècle}}.
[[Image:Oued Zeroud Merguellil Nebhana drainage basin-fr.svg|upright=1.5|left|thumb|Oueds Zeroud, Merguellil et Nebhana convergeant dans la plaine de [[Kairouan]]]]


Ainsi, entre le [[7 décembre|7]] et le {{date|13|décembre|1931}}, d'importantes précipitations de l'ordre de 100 à {{unité|200|millimètres}} touchent le bassin amont, occasionnant des inondations, la sebkha Kelbia débordant et coupant la route à la hauteur de [[Sidi Bou Ali]]<ref>{{pdf}} [http://unesdoc.unesco.org/images/0000/000089/008956fb.pdf Jean Pias et Günther Stuckmann, ''Les inondations de septembre-octobre 1969 en Tunisie'', éd. Unesco, Paris, 1970, p. 4]</ref>. Toutefois, celles-ci sont sans commune mesure avec celles touchant presque toute la [[Tunisie]] à l'automne [[1969]] et qui ont eu des conséquences économiques et humaines dramatiques (plusieurs centaines de morts et des dizaines de milliers de sans abris)<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, {{Op. cit.}}, pp. 4-5</ref>.
L’oued Merguellil, en raison de son profil caractéristique d’oued, est alimenté selon un [[régime pluvial]] irrégulier engendré par des influences [[climat]]iques conflictuelles : un climat frais, humide et subhumide au nord et un climat aride et désertique au sud<ref>Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, ''op. cit.'', p. 10</ref>. Cette situation conduit à des fluctuations marquées par d’importantes irrégularités [[Pluviométrie|pluviométriques]] (en moyenne de l’ordre de 300 millimètres par an) et de grandes amplitudes [[Température|thermiques]]<ref>{{fr}} {{pdf}} [http://wwc2008.msem.univ-montp2.fr/resource/authors/abs335_article.pdf Safouan Ben Ammar et al., ''Approche géochimique de la vulnérabilité des eaux souterraines de la nappe phréatique de la plaine de Kairouan (Tunisie)'', 13{{e}} congrès mondial de l’eau, Montpellier, 1-4 septembre 2008, p. 1]</ref> ; les [[pluie]]s sont par ailleurs plus fortes en amont qu’en aval<ref name="leduc3">{{fr}} {{pdf}} [http://hal.archives-ouvertes.fr/docs/00/18/95/16/PDF/II_Leduc.pdf Christian Leduc et al., ''Évolution de la ressource en eau dans la vallée du Merguellil (Tunisie centrale)'', actes du séminaire « Modernisation de l’agriculture irriguée », Rabat, 19-23 avril 2004, p. 3]</ref>. La pluviométrie réduite conduit à une quasi-absence d’eau en [[été]] mais engendre parfois des [[crue]]s importantes en [[automne]], lorsque la pluie tombe en un court laps de temps.
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La région a connu plusieurs épisodes documentés de [[crue]]s au cours du {{XXe siècle}}. Ainsi, entre le [[7 décembre|7]] et le {{date|13|décembre|1931}}, d’importantes précipitations de l’ordre de 100 à 200 millimètres touchent le bassin amont, occasionnant des inondations, la sebkha Kelbia débordant et coupant la route à la hauteur de [[Sidi Bou Ali]]<ref>{{fr}} {{pdf}} [http://unesdoc.unesco.org/images/0000/000089/008956fb.pdf Jean Pias et Günther Stuckmann, ''Les inondations de septembre-octobre 1969 en Tunisie'', éd. Unesco, Paris, 1970, p. 4]</ref>. Toutefois, celles-ci sont sans commune mesure avec celles touchant presque toute la [[Tunisie]] à l’automne [[1969]] et qui ont eu des conséquences économiques et humaines dramatiques (plusieurs centaines de morts et des dizaines de milliers de sans abris)<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, ''op. cit.'', pp. 4-5</ref>. L’épisode commence avec des précipitations relativement faibles durant les vingt premiers jours de septembre et qui causent de faibles crues de l’oued. La dernière partie du mois est en revanche beaucoup plus pluvieuse et dépasse à elle seule la moyenne mensuelle des précipitations ; la région de Makthar connaît un excédent de 377,1 millimètres et celle de Kairouan de 98,3 millimètres<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, ''op. cit.'', p. 5</ref>. Les pluies du mois d’octobre, notamment dans la période du [[21 octobre|21]] au [[31 octobre]], sont à nouveau exceptionnelles par rapport à la moyenne mensuelle (excédent de 398,8 millimètres à Makthar et de 438,5 millimètres à Kairouan)<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, ''op. cit.'', p. 6</ref>. Celles-ci conduisent à des inondations brutales : l’oued charrie sur les deux mois un total de 155 millions de mètres cube avec un débit maximal mesuré à Haffouz de {{unité|4000|m|3|s|-1}}<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, ''op. cit.'', p. 7</ref>.
L'épisode commence avec des précipitations relativement faibles durant les vingt premiers jours de septembre et qui causent de faibles crues de l'oued. La dernière partie du mois est en revanche beaucoup plus pluvieuse et dépasse à elle seule la moyenne mensuelle des précipitations ; la région de Makthar connaît un excédent de {{unité|377.1|millimètres}} et celle de Kairouan de {{unité|98.3|millimètres}}<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, {{Op. cit.}}, p. 5</ref>. Les pluies du mois d'octobre, notamment dans la période du [[21 octobre|21]] au [[31 octobre]], sont à nouveau exceptionnelles par rapport à la moyenne mensuelle (excédent de {{unité|398.8|millimètres}} à Makthar et de {{unité|438.5|millimètres}} à Kairouan)<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, {{Op. cit.}}, p. 6</ref>. Celles-ci conduisent à des inondations brutales : l'oued charrie sur les deux mois un total de 155 millions de mètres cubes avec un débit maximal mesuré à Haffouz de {{unité|4000|m|3|/s}}<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, {{Op. cit.}}, p. 7</ref>. Même si les débordements se limitent à certaines zones (El Haouareb, [[Raqqada]] et Kairouan entourée par les eaux mais protégée par des [[digue]]s à peine achevées), ils ont conduit à des modifications du lit de l'oued et à d'importants phénomènes d'[[érosion]] et de [[sédiment]]ation occasionnant des dégâts importants<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, {{Op. cit.}}, p. 11</ref>. La sebkha Kelbia, à sec et disposant d'une capacité de 200 millions de mètres cubes, a finalement débordé via l'oued Essed vers la [[sebkha Halk El Menzel]], dont les eaux ont fini par se déverser dans la mer Méditerranée<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, {{Op. cit.}}, p. 13</ref>. Cet épisode a été le dernier du genre avant l'aménagement du barrage d'El Haouareb<ref name="benammar2"/>.

Même si les débordements se limitent à certaines zones (El Haouareb, [[Raqqada]] et Kairouan entourée par les eaux mais protégée par des [[digue]]s à peine achevées), ils ont conduit à des modifications du lit de l’oued et à d’importants phénomènes d’[[érosion]] et de [[sédiment]]ation occasionnant des dégâts importants<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, ''op. cit.'', p. 11</ref>. La sebkha Kelbia, à sec et disposant d’une capacité de 200 millions de mètres cube, a finalement débordé via l’oued Essed vers la [[sebkha Halk El Menzel]], dont les eaux ont fini par se déverser dans la mer Méditerranée<ref>Jean Pias et Günther Stuckmann, ''op. cit.'', p. 13</ref>. Cet épisode a été le dernier du genre avant l’aménagement du barrage d’El Haouareb<ref name="benammar2"/>.


=== Gouvernorats et principales délégations traversés ===
=== Gouvernorats et principales délégations traversés ===
La partie nord-ouest du bassin se trouve dans le [[gouvernorat de Siliana]] ; près de 80 % de sa superficie est cependant située dans le [[gouvernorat de Kairouan]]<ref name="bachta9"/> :


[[Image:Oued Merguellil délégations-fr.svg|upright=1.5|thumb|Carte des [[Délégation (Tunisie)|délégations]] traversées.]]
La partie nord-ouest du bassin se trouve dans le [[gouvernorat de Siliana]] ; près de 80 % de sa [[superficie]] est cependant située dans le [[gouvernorat de Kairouan]]<ref name="bachta9"/> :


* [[Gouvernorat de Siliana]] ;
[[Image:Oued Merguellil délégations-fr.svg|upright=1.8|thumb|Carte des [[Délégation en Tunisie|délégations]] traversées]]
** [[Makthar (délégation)|Délégation de Makthar]] ;

** [[Kesra (délégation)|Délégation de Kesra]] ;
* [[Gouvernorat de Siliana]]
** Délégation de [[Makthar]]
* [[Gouvernorat de Kairouan]] ;
** Délégation de [[Kesra]]
** [[El Alâa (délégation)|Délégation d'El Alâa]] ;
** [[Haffouz (délégation)|Délégation de Haffouz]] ;
* [[Gouvernorat de Kairouan]]
** [[Chebika (délégation)|Délégation de Chebika]] ;
** Délégation d’[[Alaâ]]
** [[Oueslatia (délégation)|Délégation d'Oueslatia]] ;
** Délégation d’[[Haffouz]]
** [[Hajeb El Ayoun (délégation)|Délégation de Hajeb El Ayoun]].
** Délégation de [[Chebika (Kairouan)|Chebika]]
** Délégation d’[[Oueslatia]]
** Délégation d’[[Hajeb El Ayoun]]


== Histoire ==
== Histoire ==
=== Histoire du bassin ===
=== Histoire du bassin ===


{{Article général|Histoire de la Tunisie}}
{{Article connexe|Histoire de la Tunisie}}


Des traces d’une présence humaine remontant au [[Paléolithique inférieur]] ont été retrouvées dans le bassin de l’oued Merguellil et témoignent de l’ancienneté du peuplement de la région par des [[Nomadisme|populations nomades]]<ref name="geroudet3">{{fr}} {{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/partie1.pdf Claire Géroudet, ''Démographie et histoire agraire du bassin versant du Merguellil. Tunisie centrale'', partie I (Histoire du peuplement et histoire agraire), éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2004, p. 3]</ref>.
Des traces d'une présence humaine remontant au [[Paléolithique inférieur]] ont été retrouvées dans le bassin de l'oued Merguellil et témoignent de l'ancienneté du peuplement de la région par des [[Nomadisme|populations nomades]]<ref name="geroudet3">{{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/partie1.pdf Claire Géroudet, ''Démographie et histoire agraire du bassin versant du Merguellil. Tunisie centrale'', partie I (Histoire du peuplement et histoire agraire), éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2004, p. 3]</ref>.


À leur arrivée, les [[Rome antique|Romains]], premiers occupants sédentaires, s’installent surtout dans les zones riches en eau du bassin amont, plus favorables au développement de l’habitat et de l’[[agriculture]] et où ont été retrouvés divers vestiges<ref>Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 7</ref>{{,}}<ref name="geroudet40">Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 40</ref>. Ils y apportent des techniques d’utilisation de l’eau de ruissellement<ref name="geroudet1">{{fr}} {{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/partie2.pdf Claire Géroudet, ''Démographie et histoire agraire du bassin versant du Merguellil. Tunisie centrale'', partie II (Politiques agricoles et structures foncières), éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2004, p. 1]</ref>, notamment par la construction d’ouvrages de collecte de l’eau, et développent l’[[oléiculture]] — activité illustrée par les nombreuses presses à olives retrouvées — mais aussi l’[[élevage]] et la [[Céréale|céréaliculture]].
À leur arrivée, les [[Rome antique|Romains]], premiers occupants sédentaires, s'installent surtout dans les zones riches en eau du bassin amont, plus favorables au développement de l'habitat et de l'[[agriculture]] et où ont été retrouvés divers vestiges<ref>Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 7</ref>{{,}}<ref name="geroudet40">Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 40</ref>. Ils y apportent des techniques d'utilisation de l'eau de ruissellement<ref name="geroudet1">{{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/Assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/partie2.pdf Claire Géroudet, ''Démographie et histoire agraire du bassin versant du Merguellil. Tunisie centrale'', partie II (Politiques agricoles et structures foncières), éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2004, p. 1]</ref>, notamment par la construction d'ouvrages de collecte de l'eau, et développent l'[[oléiculture]] — activité illustrée par les nombreuses presses à olives retrouvées — mais aussi l'[[élevage]] et la [[Céréale|céréaliculture]].


[[Image:Citerne Aghlabide, Kairouan.jpg|thumb|Bassins des Aghlabides à Kairouan, partiellement alimentés par un système de drainage des eaux du Merguellil.]]
À partir du {{VIIe siècle}}, les diverses [[Conquête musulmane du Maghreb|invasions]] détruisent les aménagements existants ; la [[Tribu (ethnologie)|tribu]] [[Arabes|arabe]] des Zlass s’installe finalement dans la plaine, cantonnant les [[Berbères]] dans les montagnes comme le Djebel Ousselat<ref name="geroudet40"/>. Les Arabes n’apportent pas de nouvelles techniques agricoles et se concentrent sur le développement urbain : [[Kairouan]] est ainsi dotée d’un grand aménagement hydraulique, les bassins des [[Aghlabides]], qui collecte les eaux du bassin versant pour alimenter la cité en [[eau potable]]<ref name="geroudet1"/>.


À partir du {{VIIe siècle}}, les diverses [[Conquête musulmane du Maghreb|invasions]] détruisent les aménagements existants ; la [[Tribu (ethnologie)|tribu]] [[Arabes|arabe]] des Zlass s'installe finalement dans la plaine, cantonnant les [[Berbères]] dans les montagnes comme le Djebel Ousselat<ref name="geroudet40"/>. Les Arabes n'apportent pas de nouvelles techniques agricoles et se concentrent sur le développement urbain : [[Kairouan]] est ainsi dotée d'un grand aménagement hydraulique, les [[bassins des Aghlabides]], qui collecte les eaux du bassin versant pour alimenter la cité en [[eau potable]]<ref name="geroudet1"/>.
Aux [[XVIIIe siècle|XVIII{{e}}]] et {{XIXe siècle}}s, la plupart des populations sont toujours nomades mais la région ne connaît pas de véritable [[émigration]] — malgré la pauvreté qui touche les zones de [[steppe]] — qui se limite à des migrations saisonnières destinées à compléter les revenus issus de l’agriculture ; cette situation marque une différence avec la plupart des régions du pays à cette époque<ref name="geroudet3"/>. Lorsque les [[Protectorat français en Tunisie|colons]] [[France|français]] s’installent dans la [[plaine]] à la fin du XIX{{e}} siècle et y réalisent de grandes plantations, ils contraignent les nomades à partir vers les montagnes<ref>Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 23</ref>. En effet, leur installation reste plus limitée dans le bassin amont en raison de son caractère peu propice aux cultures céréalières<ref name="geroudet22">Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 22</ref>. Deux grands domaines français seulement y sont aménagés pour exporter céréales, produits de l’élevage et de l’[[arboriculture]] vers la France : l’une à l’emplacement du barrage d’El Haouareb ({{formatnum:3700}} [[hectare]]s) et l’autre sur une partie des [[Délégation en Tunisie|délégations]] actuelles d’[[Haffouz]] et d’[[Oueslatia]] ({{formatnum:8000}} hectares)<ref name="geroudet22"/>. L’agriculture modernisée fait émerger des centres ruraux, comme Pichon (actuelle Haffouz), à proximité d’exploitations et modifie profondément le paysage agricole, notamment par la destruction des aménagements traditionnels de collecte des eaux<ref name="geroudet22"/>. Allié au [[labour]] profond, ces transformations provoquent rapidement une [[érosion]] et une diminution importante de la fertilité des sols<ref name="geroudet22"/>.


Aux [[XVIIIe siècle|XVIII{{e}}]] et {{XIXe siècle}}s, la plupart des populations sont toujours nomades mais la région ne connaît pas de véritable [[Migration humaine|émigration]] — malgré la pauvreté qui touche les zones de [[steppe]] — qui se limite à des migrations saisonnières destinées à compléter les revenus issus de l'agriculture ; cette situation marque une différence avec la plupart des régions du pays à cette époque<ref name="geroudet3"/>. Lorsque les [[Protectorat français de Tunisie|colons]] [[France|français]] s'installent dans la [[plaine]] à la fin du {{s-|XIX}} et y réalisent de grandes plantations, ils contraignent les nomades à partir vers les montagnes<ref>Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 23</ref>. En effet, leur installation reste plus limitée dans le bassin amont en raison de son caractère peu propice aux cultures céréalières<ref name="geroudet22">Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 22</ref>. Deux grands domaines français seulement y sont aménagés pour exporter céréales, produits de l'élevage et de l'[[arboriculture]] vers la France : l'une à l'emplacement du barrage d'El Haouareb ({{formatnum:3700}} [[hectare]]s) et l'autre sur une partie des [[Délégation (Tunisie)|délégations]] actuelles de [[Haffouz (délégation)|Haffouz]] et [[Oueslatia (délégation)|Oueslatia]] ({{unité|8000|hectares}})<ref name="geroudet22"/>. L'agriculture modernisée fait émerger des centres ruraux, comme Pichon (actuelle Haffouz), à proximité d'exploitations et modifie profondément le paysage agricole, notamment par la destruction des aménagements traditionnels de collecte des eaux<ref name="geroudet22"/>. Allié au [[labour]] profond, ces transformations provoquent rapidement une [[érosion]] et une diminution importante de la fertilité des sols<ref name="geroudet22"/>.
Après l’[[indépendance]] du pays en [[1956]], l’arboriculture et l’apparition de l’[[irrigation]] à grande échelle (surtout à partir des [[années 1970]]) améliorent le potentiel agricole du bassin aval<ref name="geroudet40"/>{{,}}<ref>Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie II, p. 12</ref> mais bouleversent à nouveau le paysage rural. Dans le même temps, le développement des cultures réduit la surface disponible pour l’élevage, ce qui a pour conséquence une diminution de la taille des troupeaux et une sédentarisation des populations encore nomades<ref>Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 25</ref>. Régions traditionnellement prisées, les zones montagneuses deviennent des zones de pauvreté, le développement des villes encourageant rapidement l’[[exode rural]], même si peu d’habitants du bassin versant émigrent à l’étranger<ref name="geroudet40"/>{{,}}<ref name="geroudet26">Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 26</ref>. C'est pourquoi l’État met en place une politique en faveur des zones enclavées du bassin amont dès [[1987]] ; leur aménagement reste cependant difficile car la plupart des foyers n’ont pas l’[[Eau du robinet|eau courante]] et certaines habitations ne sont accessibles que via des pistes non carrossables<ref name="geroudet26"/>.

Après l'[[indépendance (politique)|indépendance]] du pays en [[1956]], l'arboriculture et l'apparition de l'[[irrigation]] à grande échelle (surtout à partir des [[années 1970]]) améliorent le potentiel agricole du bassin aval<ref name="geroudet40"/>{{,}}<ref>Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie II, p. 12</ref> mais bouleversent à nouveau le paysage rural. Dans le même temps, le développement des cultures réduit la surface disponible pour l'élevage, ce qui a pour conséquence une diminution de la taille des troupeaux et une sédentarisation des populations encore nomades<ref>Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 25</ref>. Régions traditionnellement prisées, les zones montagneuses deviennent des zones de pauvreté, le développement des villes encourageant rapidement l'[[exode rural]], même si peu d'habitants du bassin versant émigrent à l'étranger<ref name="geroudet40"/>{{,}}<ref name="geroudet26">Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 26</ref>. C'est pourquoi l'État met en place une politique en faveur des zones enclavées du bassin amont dès [[1987]] ; leur aménagement reste cependant difficile car la plupart des foyers n'ont pas l'[[Eau du robinet|eau courante]] et certaines habitations ne sont accessibles que via des pistes non carrossables<ref name="geroudet26"/>.


=== Aménagements ===
=== Aménagements ===


Divers [[Barrages de Tunisie|barrages]] ont été construits sur le bassin amont de l’oued Merguellil afin de lutter contre les [[crue]]s et d’approvisionner des périmètres agricoles par l’[[irrigation]]<ref name="leduc2">Christian Leduc et al., ''op. cit.'', p. 2</ref>. Le fonctionnement hydrologique de l’oued a donc été bouleversé. De nombreux aménagements de protection contre l’[[érosion]] ont aussi sensiblement modifié les écoulements de surface alimentant l’oued<ref name="leduc4"/>.
Divers [[Barrages de Tunisie|barrages]] ont été construits sur le bassin amont de l'oued Merguellil afin de lutter contre les [[crue]]s et d'approvisionner des périmètres agricoles par l'[[irrigation]]<ref name="leduc2">Christian Leduc et al., {{Op. cit.}}, p. 2</ref>. Le fonctionnement hydrologique de l'oued a donc été bouleversé. De nombreux aménagements de protection contre l'[[érosion]] ont aussi sensiblement modifié les écoulements de surface alimentant l'oued<ref name="leduc4"/>.


Le bassin du Merguelil a ainsi fait l’objet d’aménagements ponctuels contre l’érosion à partir des [[années 1950]]. Après quelques travaux exécutés dans le cadre de chantiers publics pour lutter contre le [[chômage]], un projet en coopération avec l’[[Agence des États-Unis pour le développement international|USAID]] finance entre [[1962]] et [[1972]] les premières interventions (banquettes et lacs collinaires)<ref name="bachta20">Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, ''op. cit.'', p. 20</ref>{{,}}<ref name="geroudet10">Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie II, p. 10</ref>. Mais ce sont les grandes crues de [[1969]] qui conduisent à de grands aménagements dans le cadre d’une politique globale<ref>Christophe Cudennec et al., ''op. cit.'', p. 1</ref>. Le barrage d’El Haouareb, inauguré en [[1989]], est le principal d’entre eux ; il tire son nom de la ville d’El Haouareb située à douze kilomètres au sud-est d’[[Haffouz]] et à trente kilomètres au sud-ouest de [[Kairouan]]. Dimensionné en fonction des débits de 1969<ref name="cudennec">{{fr}} {{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/Analyse%20des%20interactions%20entre%20ressources%20CUDENNEC.pdf Christophe Cudennec et al., ''Analyse des interactions entre ressources en eau et usages agricoles dans le bassin versant de l’oued Merguellil. Tunisie centrale'', actes du séminaire PCSI, Montpellier, 2 décembre 2003, p. 2]</ref>, il dispose d’une capacité maximale de 90 millions de mètres cube mais n’a jamais été totalement rempli, l’apport annuel moyen variant entre 5 et 37 millions de mètres cube<ref name="leduc3"/>.
Le bassin du Merguelil a ainsi fait l'objet d'aménagements ponctuels contre l'érosion à partir des [[années 1950]]. Après quelques travaux exécutés dans le cadre de chantiers publics pour lutter contre le [[chômage]], un projet en coopération avec l'[[Agence des États-Unis pour le développement international|USAID]] finance entre [[1962]] et [[1972]] les premières interventions (banquettes et lacs collinaires)<ref name="bachta20">Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, {{Op. cit.}}, p. 20</ref>{{,}}<ref name="geroudet10">Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie II, p. 10</ref>. Mais ce sont les grandes crues de [[1969]] qui conduisent à de grands aménagements dans le cadre d'une politique globale<ref>Christophe Cudennec et al., {{Op. cit.}}, p. 1</ref>. Le barrage d'El Haouareb, inauguré en [[1989]], est le principal d'entre eux ; il tire son nom de la ville d'El Haouareb située à douze kilomètres au sud-est d'[[Haffouz]] et à trente kilomètres au sud-ouest de [[Kairouan]]. Dimensionné en fonction des débits de 1969<ref name="cudennec">{{pdf}} [http://www.iwmi.cgiar.org/assessment/FILES/word/ProjectDocuments/Merguellil/Analyse%20des%20interactions%20entre%20ressources%20CUDENNEC.pdf Christophe Cudennec et al., ''Analyse des interactions entre ressources en eau et usages agricoles dans le bassin versant de l'oued Merguellil. Tunisie centrale'', actes du séminaire PCSI, Montpellier, 2 décembre 2003, p. 2]</ref>, il dispose d'une capacité maximale de 90 millions de mètres cubes mais n'a jamais été totalement rempli, l'apport annuel moyen variant entre 5 et 37 millions de mètres cubes<ref name="leduc3"/>.


Afin d’éviter son [[Sédiment|envasement]], le bassin amont est équipé de plus de {{unité|200|km|2}} de banquettes, de lacs et de barrages collinaires (38 lacs et cinq barrages collinaires) pour un volume moyen d’un million de mètres cube<ref name="geroudet10"/>{{,}}<ref name="leduc4">Christian Leduc et al., ''op. cit.'', p. 4</ref>. Trois décennies plus tard, ils ont laissé la place à un aménagement intégré. Car, si celui-ci réduit l’envasement du barrage d’El Haouareb, il entraîne en même temps une réduction des apports en eau vers l’aval, menaçant l’exploitation de la [[nappe phréatique]] dans la plaine de Kairouan qui est tributaire de la recharge du barrage<ref name="amami3"/>.
Afin d'éviter son [[Sédiment|envasement]], le bassin amont est équipé de plus de {{unité|200|km|2}} de banquettes, de lacs et de barrages collinaires (38 lacs et cinq barrages collinaires) pour un volume moyen d'un million de mètres cubes<ref name="geroudet10"/>{{,}}<ref name="leduc4">Christian Leduc et al., {{Op. cit.}}, p. 4</ref>. Trois décennies plus tard, ils ont laissé la place à un aménagement intégré. Car, si celui-ci réduit l'envasement du barrage d'El Haouareb, il entraîne en même temps une réduction des apports en eau vers l'aval<ref>Guillaume Lacombe, Bernard Cappelaere et Christian Leduc, « Hydrological impact of water and soil conservation works in the Merguellil catchment of central Tunisia », ''Journal of Hydrology'', n°359, 2008, pp. 210-224</ref>, menaçant l'exploitation de la [[nappe phréatique]] dans la plaine de Kairouan qui est tributaire de la recharge du barrage<ref name="amami3"/>.


== Activités économiques ==
== Activités économiques ==


Le bassin de l’oued Merguellil, en raison de sa situation au centre de la [[Tunisie]] et malgré son [[climat]] aléatoire, représente un fort potentiel pour le développement [[Agriculture|agricole]] du pays<ref name="leduc2"/> : plus de 85 % de la population est d’ailleurs rurale, en majorité à vocation agro-pastorale<ref>Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, ''op. cit.'', p. 8</ref>. Malgré des conditions difficiles et l’extension de l’[[arboriculture]], la [[Céréale|céréaliculture]] continue à y être une ressource importante<ref>Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 30</ref>. C'est dans le bassin aval que l’essentiel de l’eau de l’oued est puisée, par le biais d’une très forte densité d’ouvrages d’exploitation de la [[nappe phréatique]] qui lui est liée<ref>Christian Leduc et al., ''op. cit.'', p. 5</ref> : le bassin versant compte près de {{formatnum:5000}} [[Puits à eau|puits]] équipés en [[2004]] alors qu’il n’y en avait qu’une centaine dans les [[années 1960]], augmentation engendrée essentiellement par les incitations publiques<ref name="geroudet10"/>.
Le bassin de l'oued Merguellil, en raison de sa situation au centre de la [[Tunisie]] et malgré son [[climat]] aléatoire, représente un fort potentiel pour le développement [[Agriculture|agricole]] du pays<ref name="leduc2"/> : plus de 85 % de la population est d'ailleurs rurale, en majorité à vocation agro-pastorale<ref>Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, {{Op. cit.}}, p. 8</ref>. Malgré des conditions difficiles et l'extension de l'[[arboriculture]], la [[Céréale|céréaliculture]] continue à y être une ressource importante<ref>Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 30</ref>. C'est dans le bassin aval que l'essentiel de l'eau de l'oued est puisée, par le biais d'une très forte densité d'ouvrages d'exploitation de la [[nappe phréatique]] qui lui est liée<ref>Christian Leduc et al., {{Op. cit.}}, p. 5</ref> : le bassin versant compte près de {{unité|5000|[[Puits à eau|puits]]}} équipés en [[2004]] alors qu'il n'y en avait qu'une centaine dans les [[années 1960]], augmentation engendrée essentiellement par les incitations publiques<ref name="geroudet10"/>.


Dans le bassin amont, les [[paysan]]s pratiquent une agriculture en sec : l’arboriculture d’[[Olivier (arbre)|oliviers]] (71 % des plantations) et d’[[amandier]]s (12 %) et la céréaliculture dominent dans cette zone même si on y trouve également de petits élevages<ref name="geroudet29">Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 29</ref>. Toutefois, en raison de la petite taille des exploitations — souvent inférieure à cinq [[hectare]]s — et des conditions climatiques fluctuantes, les exploitants sont souvent contraints de pratiquer des migrations journalières ou saisonnières vers les villes pour compléter leurs revenus<ref name="geroudet27">Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 27</ref>. De plus, mise à part dans quelques municipalités comme Alaâ, Haffouz ou Kesra, l’habitat est dispersé, isolé et parfois difficile d’accès<ref name="geroudet27"/>. Les cultures [[Irrigation|irriguées]] ne sont présentes que sur quelques îlots liés à une ressource en eau disponible car l’[[érosion]] des sols procure des rendements faibles<ref name="amami3"/>.
Dans le bassin amont, les [[paysan]]s pratiquent une agriculture en sec : l'arboriculture d'[[Olea europaea|oliviers]] (71 % des plantations) et d'[[amandier]]s (12 %) et la céréaliculture dominent dans cette zone même si on y trouve également de petits élevages<ref name="geroudet29">Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 29</ref>. Toutefois, en raison de la petite taille des exploitations — souvent inférieure à cinq [[hectare]]s — et des conditions climatiques fluctuantes, les exploitants sont souvent contraints de pratiquer des migrations journalières ou saisonnières vers les villes pour compléter leurs revenus<ref name="geroudet27">Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 27</ref>. De plus, mise à part dans quelques municipalités comme El Alâa, Haffouz ou Kesra, l'habitat est dispersé, isolé et parfois difficile d'accès<ref name="geroudet27"/>. Les cultures [[Irrigation|irriguées]] ne sont présentes que sur quelques îlots liés à une ressource en eau disponible car l'[[érosion]] des sols procure des rendements faibles<ref name="amami3"/>.


Dans le bassin aval, l’agriculture irriguée, en particulier les [[Maraîchage|cultures maraîchères]], est beaucoup plus présente et la ressource en eau a permis une grande diversification des cultures même si le paysage agricole reste peu varié<ref name="geroudet29"/> : [[céréale]]s (comme le [[blé dur]], le [[blé tendre]], le [[Sorgho commun|sorgho]], l’[[Avoine cultivée|avoine]] et l’[[Orge commune|orge]]), [[pomme de terre]], [[oignon]], [[Pois|petits pois]], [[fève]], [[piment]], [[pastèque]], [[Melon (plante)|melon]], [[tomate]], [[Olivier (arbre)|oliviers]], [[pommier]]s, [[abricotier]]s ou encore [[pêcher]]s<ref name="jluc17"/>. Le [[gouvernorat]] figure d’ailleurs au premier rang national pour la production des abricots et des piments<ref name="geroudet29"/>. Contrairement au cas du bassin amont, une famille parvient à vivre sur une parcelle irriguée ne s’étendant que sur un hectare seulement<ref>Claire Géroudet, ''op. cit.'', partie I, p. 28</ref>.
Dans le bassin aval, l'agriculture irriguée, en particulier les [[Maraîchage|cultures maraîchères]], est beaucoup plus présente et la ressource en eau a permis une grande diversification des cultures même si le paysage agricole reste peu varié<ref name="geroudet29"/> : [[céréale]]s (comme le [[blé dur]], le [[blé tendre]], le [[Sorgo commun|sorgo]], l'[[Avoine cultivée|avoine]] et l'[[Orge commune|orge]]), [[pomme de terre]], [[oignon]], [[Pois cultivé|petits pois]], [[fève]], [[piment]], [[pastèque]], [[Melon (plante)|melon]], [[tomate]], [[Olea europaea|oliviers]], [[pommier]]s, [[abricotier]]s ou encore [[pêcher]]s<ref name="jluc17"/>. Le [[Gouvernorat (Tunisie)|gouvernorat]] figure d'ailleurs au premier rang national pour la production des abricots et des piments<ref name="geroudet29"/>. Contrairement au cas du bassin amont, une famille parvient à vivre sur une parcelle irriguée ne s'étendant que sur un hectare seulement<ref>Claire Géroudet, {{Op. cit.}}, partie I, p. 28</ref>.


La bonne qualité de l’eau du bassin amont a permis l’apparition de nombreux forages pour alimenter la zone [[Tourisme en Tunisie|touristique]] du [[Sahel tunisien|Sahel]]<ref name="bachta20"/>.
La bonne qualité de l'eau du bassin amont a permis l'apparition de nombreux forages pour alimenter la zone [[Tourisme en Tunisie|touristique]] du [[Sahel tunisien|Sahel]]<ref name="bachta20"/>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

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{{Traduction/Référence|ca|Oued Merguellil|1507417|type=note}}
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== Articles connexes ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets|Commons=Category:Oued Merguellil}}

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* [[Oued Zeroud]]
* [[Oued Zeroud]]
* [[Dorsale tunisienne]]
* [[Dorsale tunisienne]]
* [[Barrage d'El Haouareb]]
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== Lien externe ==
{{Article potentiellement bon|oldid=40471340|date=7 mai 2009}}
* {{YouTube|cgbHefS_dfU|Merguellil au fil des eaux}}
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[[ca:Oued Merguellil]]

Dernière version du 28 août 2022 à 21:03

Oued Merguellil
وادي مرق الليل
Illustration
Oued Merguellil en aval de Haffouz.
Carte.
Parcours de l'oued Merguellil.
Caractéristiques
Longueur Environ 20 km
Bassin 1 535,32 km2
Bassin collecteur Merguellil
Débit moyen 0,6 m3/s (Haffouz[1])
Régime Pluvial
Cours
Embouchure Plaine de Kairouan dont sebkha Kelbia
Géographie
Principaux affluents
· Rive droite Oued Morra, Oued Zebbes, Oued El Hammam, Oued Ben Zitoune
Pays traversés Drapeau de la Tunisie Tunisie
Gouvernorat Siliana, Kairouan

L'oued Merguellil (arabe : وادي مرق الليل) est un oued qui coule dans le centre de la Tunisie, plus précisément à l'ouest de la ville de Kairouan.

Ayant un débit irrégulier, avec une moyenne de 0,6 m3/s par an[1], il draine les précipitations touchant la dorsale tunisienne aux côtés des oueds Zeroud et Nebhana ; il figure ainsi parmi les principaux cours d'eau qui débouchent dans la plaine de Kairouan. Durant les mois humides, il irrigue cette importante région agricole où la nappe phréatique joue un grand rôle.

Longtemps source de crues dévastatrices, il a été maîtrisé au cours du XXe siècle par la construction de divers aménagements de protection, dont le barrage d'El Haouareb, ce qui n'est pas toutefois sans impact sur l'équilibre de l'environnement régional sur le plan de la gestion de l'eau et de l'érosion.

Géographie

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Le lit de l'oued Merguellil naît dans les massifs montagneux du haut plateau de Makthar puis se dirige en direction du sud-est, en prenant les noms successifs d'oued Bahloul, Chrira et Kerd, jusqu'au synclinal du Jebil où il bifurque d'ouest en est[2]. Il s'oriente ensuite à nouveau vers le sud-est, en prenant le nom de Merguellil[2], et longe le flanc ouest du Djebel Ousselat, charriant une série d'oueds secondaires drainant la région.

Après avoir traversé par la faille d'El Haouareb, au niveau de laquelle un barrage a été édifié[3], il se transforme en un lit large mais instable à travers la plaine de Kairouan[2] ; il récolte au passage les eaux des oueds du Djebel Cherichira (notamment l'oued Cherichira) et du Djebel Baten, avant de s'orienter vers le nord-est.

Ses eaux ne rejoignent pas la mer Méditerranée mais finissent parfois en partie dans la sebkha Kelbia alors qu'une autre partie rejoint l'oued Zeroud qui coule en parallèle, quinze kilomètres plus au sud.

Hydrographie

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Le bassin versant de l'oued Merguellil est limité par la retombée sud des djebels Bellouta et Serdj au nord, par le plateau d'El Alâa au sud, par le Djebel Barbrou et le haut plateau de Kesra à l'ouest et par la plaine de Kairouan à l'est ; cette dernière constitue par ailleurs son exutoire naturel[4]. Il se divise entre une partie amont relativement montagneuse, couvrant 118 000 hectares, et une partie aval constituée d'une vaste plaine agricole couvrant 35 532 hectares[5]. Le bassin aval dispose d'un important réservoir aquifère mais la nappe alluviale, seule ressource en eau douce disponible, y est exploitée sans contrôle réel, ce qui a conduit à une baisse de son niveau, puisqu'elle n'est plus alimentée par les crues de l'oued maîtrisées par les barrages en amont[6] ; la forte baisse du niveau piézométrique dépasse dans certaines zones un mètre par an[7],[8].

Par ailleurs, en raison des activités agricoles, la pression sur le milieu a provoqué la dégradation des versants et de l'érosion dans tout le bassin[9], le bassin amont figurant parmi les régions les plus érodées de la Tunisie centrale[5]. Ce phénomène a eu pour conséquence la pollution des eaux par les sédiments et le colmatage des infrastructures hydrauliques (barrages et canaux d'irrigation) situées en aval ; le barrage d'El Haouareb s'envase ainsi en moyenne de 2,1 millions de tonnes de sédiments par an[9].

Oueds Zeroud, Merguellil et Nebhana convergeant dans la plaine de Kairouan.

La plupart des affluents de l'oued Merguellil se trouve sur sa rive droite : les oueds Morra, Zebbes, El Hammam et Ben Zitoune[2].

L'oued Merguellil, en raison de son profil caractéristique d'oued, est alimenté selon un régime pluvial irrégulier engendré par des influences climatiques conflictuelles : un climat frais, humide et subhumide au nord et un climat aride et désertique au sud[10]. Cette situation conduit à des fluctuations marquées par d'importantes irrégularités pluviométriques (en moyenne de l'ordre de 300 millimètres par an) et de grandes amplitudes thermiques[11] ; les pluies sont par ailleurs plus fortes en amont qu'en aval[6]. La pluviométrie réduite conduit à une quasi-absence d'eau en été mais engendre parfois des crues importantes en automne, lorsque la pluie tombe en un court laps de temps. La région a connu plusieurs épisodes documentés de crues au cours du XXe siècle.

Ainsi, entre le 7 et le , d'importantes précipitations de l'ordre de 100 à 200 millimètres touchent le bassin amont, occasionnant des inondations, la sebkha Kelbia débordant et coupant la route à la hauteur de Sidi Bou Ali[12]. Toutefois, celles-ci sont sans commune mesure avec celles touchant presque toute la Tunisie à l'automne 1969 et qui ont eu des conséquences économiques et humaines dramatiques (plusieurs centaines de morts et des dizaines de milliers de sans abris)[13].

L'épisode commence avec des précipitations relativement faibles durant les vingt premiers jours de septembre et qui causent de faibles crues de l'oued. La dernière partie du mois est en revanche beaucoup plus pluvieuse et dépasse à elle seule la moyenne mensuelle des précipitations ; la région de Makthar connaît un excédent de 377,1 millimètres et celle de Kairouan de 98,3 millimètres[14]. Les pluies du mois d'octobre, notamment dans la période du 21 au 31 octobre, sont à nouveau exceptionnelles par rapport à la moyenne mensuelle (excédent de 398,8 millimètres à Makthar et de 438,5 millimètres à Kairouan)[15]. Celles-ci conduisent à des inondations brutales : l'oued charrie sur les deux mois un total de 155 millions de mètres cubes avec un débit maximal mesuré à Haffouz de 4 000 m3/s[16]. Même si les débordements se limitent à certaines zones (El Haouareb, Raqqada et Kairouan entourée par les eaux mais protégée par des digues à peine achevées), ils ont conduit à des modifications du lit de l'oued et à d'importants phénomènes d'érosion et de sédimentation occasionnant des dégâts importants[17]. La sebkha Kelbia, à sec et disposant d'une capacité de 200 millions de mètres cubes, a finalement débordé via l'oued Essed vers la sebkha Halk El Menzel, dont les eaux ont fini par se déverser dans la mer Méditerranée[18]. Cet épisode a été le dernier du genre avant l'aménagement du barrage d'El Haouareb[7].

Gouvernorats et principales délégations traversés

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La partie nord-ouest du bassin se trouve dans le gouvernorat de Siliana ; près de 80 % de sa superficie est cependant située dans le gouvernorat de Kairouan[4] :

Carte des délégations traversées.

Histoire du bassin

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Des traces d'une présence humaine remontant au Paléolithique inférieur ont été retrouvées dans le bassin de l'oued Merguellil et témoignent de l'ancienneté du peuplement de la région par des populations nomades[19].

À leur arrivée, les Romains, premiers occupants sédentaires, s'installent surtout dans les zones riches en eau du bassin amont, plus favorables au développement de l'habitat et de l'agriculture et où ont été retrouvés divers vestiges[20],[21]. Ils y apportent des techniques d'utilisation de l'eau de ruissellement[22], notamment par la construction d'ouvrages de collecte de l'eau, et développent l'oléiculture — activité illustrée par les nombreuses presses à olives retrouvées — mais aussi l'élevage et la céréaliculture.

Bassins des Aghlabides à Kairouan, partiellement alimentés par un système de drainage des eaux du Merguellil.

À partir du VIIe siècle, les diverses invasions détruisent les aménagements existants ; la tribu arabe des Zlass s'installe finalement dans la plaine, cantonnant les Berbères dans les montagnes comme le Djebel Ousselat[21]. Les Arabes n'apportent pas de nouvelles techniques agricoles et se concentrent sur le développement urbain : Kairouan est ainsi dotée d'un grand aménagement hydraulique, les bassins des Aghlabides, qui collecte les eaux du bassin versant pour alimenter la cité en eau potable[22].

Aux XVIIIe et XIXe siècles, la plupart des populations sont toujours nomades mais la région ne connaît pas de véritable émigration — malgré la pauvreté qui touche les zones de steppe — qui se limite à des migrations saisonnières destinées à compléter les revenus issus de l'agriculture ; cette situation marque une différence avec la plupart des régions du pays à cette époque[19]. Lorsque les colons français s'installent dans la plaine à la fin du XIXe siècle et y réalisent de grandes plantations, ils contraignent les nomades à partir vers les montagnes[23]. En effet, leur installation reste plus limitée dans le bassin amont en raison de son caractère peu propice aux cultures céréalières[24]. Deux grands domaines français seulement y sont aménagés pour exporter céréales, produits de l'élevage et de l'arboriculture vers la France : l'une à l'emplacement du barrage d'El Haouareb (3 700 hectares) et l'autre sur une partie des délégations actuelles de Haffouz et Oueslatia (8 000 hectares)[24]. L'agriculture modernisée fait émerger des centres ruraux, comme Pichon (actuelle Haffouz), à proximité d'exploitations et modifie profondément le paysage agricole, notamment par la destruction des aménagements traditionnels de collecte des eaux[24]. Allié au labour profond, ces transformations provoquent rapidement une érosion et une diminution importante de la fertilité des sols[24].

Après l'indépendance du pays en 1956, l'arboriculture et l'apparition de l'irrigation à grande échelle (surtout à partir des années 1970) améliorent le potentiel agricole du bassin aval[21],[25] mais bouleversent à nouveau le paysage rural. Dans le même temps, le développement des cultures réduit la surface disponible pour l'élevage, ce qui a pour conséquence une diminution de la taille des troupeaux et une sédentarisation des populations encore nomades[26]. Régions traditionnellement prisées, les zones montagneuses deviennent des zones de pauvreté, le développement des villes encourageant rapidement l'exode rural, même si peu d'habitants du bassin versant émigrent à l'étranger[21],[27]. C'est pourquoi l'État met en place une politique en faveur des zones enclavées du bassin amont dès 1987 ; leur aménagement reste cependant difficile car la plupart des foyers n'ont pas l'eau courante et certaines habitations ne sont accessibles que via des pistes non carrossables[27].

Aménagements

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Divers barrages ont été construits sur le bassin amont de l'oued Merguellil afin de lutter contre les crues et d'approvisionner des périmètres agricoles par l'irrigation[28]. Le fonctionnement hydrologique de l'oued a donc été bouleversé. De nombreux aménagements de protection contre l'érosion ont aussi sensiblement modifié les écoulements de surface alimentant l'oued[29].

Le bassin du Merguelil a ainsi fait l'objet d'aménagements ponctuels contre l'érosion à partir des années 1950. Après quelques travaux exécutés dans le cadre de chantiers publics pour lutter contre le chômage, un projet en coopération avec l'USAID finance entre 1962 et 1972 les premières interventions (banquettes et lacs collinaires)[30],[31]. Mais ce sont les grandes crues de 1969 qui conduisent à de grands aménagements dans le cadre d'une politique globale[32]. Le barrage d'El Haouareb, inauguré en 1989, est le principal d'entre eux ; il tire son nom de la ville d'El Haouareb située à douze kilomètres au sud-est d'Haffouz et à trente kilomètres au sud-ouest de Kairouan. Dimensionné en fonction des débits de 1969[33], il dispose d'une capacité maximale de 90 millions de mètres cubes mais n'a jamais été totalement rempli, l'apport annuel moyen variant entre 5 et 37 millions de mètres cubes[6].

Afin d'éviter son envasement, le bassin amont est équipé de plus de 200 km2 de banquettes, de lacs et de barrages collinaires (38 lacs et cinq barrages collinaires) pour un volume moyen d'un million de mètres cubes[31],[29]. Trois décennies plus tard, ils ont laissé la place à un aménagement intégré. Car, si celui-ci réduit l'envasement du barrage d'El Haouareb, il entraîne en même temps une réduction des apports en eau vers l'aval[34], menaçant l'exploitation de la nappe phréatique dans la plaine de Kairouan qui est tributaire de la recharge du barrage[5].

Activités économiques

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Le bassin de l'oued Merguellil, en raison de sa situation au centre de la Tunisie et malgré son climat aléatoire, représente un fort potentiel pour le développement agricole du pays[28] : plus de 85 % de la population est d'ailleurs rurale, en majorité à vocation agro-pastorale[35]. Malgré des conditions difficiles et l'extension de l'arboriculture, la céréaliculture continue à y être une ressource importante[36]. C'est dans le bassin aval que l'essentiel de l'eau de l'oued est puisée, par le biais d'une très forte densité d'ouvrages d'exploitation de la nappe phréatique qui lui est liée[37] : le bassin versant compte près de 5 000 puits équipés en 2004 alors qu'il n'y en avait qu'une centaine dans les années 1960, augmentation engendrée essentiellement par les incitations publiques[31].

Dans le bassin amont, les paysans pratiquent une agriculture en sec : l'arboriculture d'oliviers (71 % des plantations) et d'amandiers (12 %) et la céréaliculture dominent dans cette zone même si on y trouve également de petits élevages[38]. Toutefois, en raison de la petite taille des exploitations — souvent inférieure à cinq hectares — et des conditions climatiques fluctuantes, les exploitants sont souvent contraints de pratiquer des migrations journalières ou saisonnières vers les villes pour compléter leurs revenus[39]. De plus, mise à part dans quelques municipalités comme El Alâa, Haffouz ou Kesra, l'habitat est dispersé, isolé et parfois difficile d'accès[39]. Les cultures irriguées ne sont présentes que sur quelques îlots liés à une ressource en eau disponible car l'érosion des sols procure des rendements faibles[5].

Dans le bassin aval, l'agriculture irriguée, en particulier les cultures maraîchères, est beaucoup plus présente et la ressource en eau a permis une grande diversification des cultures même si le paysage agricole reste peu varié[38] : céréales (comme le blé dur, le blé tendre, le sorgo, l'avoine et l'orge), pomme de terre, oignon, petits pois, fève, piment, pastèque, melon, tomate, oliviers, pommiers, abricotiers ou encore pêchers[3]. Le gouvernorat figure d'ailleurs au premier rang national pour la production des abricots et des piments[38]. Contrairement au cas du bassin amont, une famille parvient à vivre sur une parcelle irriguée ne s'étendant que sur un hectare seulement[40].

La bonne qualité de l'eau du bassin amont a permis l'apparition de nombreux forages pour alimenter la zone touristique du Sahel[30].

Notes et références

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(ca) Cet article est partiellement ou en totalité issu de l’article de Wikipédia en catalan intitulé « Oued Merguellil » (voir la liste des auteurs).
  1. a et b (en) Mesures de débit à la station de Haffouz (Global River Discharge)
  2. a b c et d [PDF] Faouzi Mahfoudh, Samir Baccouch et Béchir Yazidi, L'histoire de l'eau et des installations hydrauliques dans le bassin de Kairouan, éd. International Water Management Institute, Tunis, 2004, p. 71
  3. a et b [PDF] Jean-Paul Luc, Comparative study on river basins. Merguellil River. Water accounting, blue and green water, éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2005, p. 17
  4. a et b [PDF] Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, Impact assessment of water resources development in the Merguellil basin. Kairouan, Tunisia, 2005, p. 9
  5. a b c et d [PDF] Hacib El Amami et al., Allocation des ressources en eaux sous des contraintes économiques, sociales et environnementales. Cas du bassin de Merguellil en Tunisie centrale, actes du séminaire « Les instruments économiques et la modernisation des périmètres irrigués », Sousse, 21-22 novembre 2005, p. 3
  6. a b et c [PDF] Christian Leduc et al., Évolution de la ressource en eau dans la vallée du Merguellil (Tunisie centrale), actes du séminaire « Modernisation de l'agriculture irriguée », Rabat, 19-23 avril 2004, p. 3
  7. a et b Safouan Ben Ammar et al., op. cit., p. 2
  8. Christian Leduc et al., op. cit., p. 6
  9. a et b Hacib El Amami et al., op. cit., p. 2
  10. Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, op. cit., p. 10
  11. [PDF] Safouan Ben Ammar et al., Approche géochimique de la vulnérabilité des eaux souterraines de la nappe phréatique de la plaine de Kairouan (Tunisie), 13e congrès mondial de l'eau, Montpellier, 1-4 septembre 2008, p. 1
  12. [PDF] Jean Pias et Günther Stuckmann, Les inondations de septembre-octobre 1969 en Tunisie, éd. Unesco, Paris, 1970, p. 4
  13. Jean Pias et Günther Stuckmann, op. cit., pp. 4-5
  14. Jean Pias et Günther Stuckmann, op. cit., p. 5
  15. Jean Pias et Günther Stuckmann, op. cit., p. 6
  16. Jean Pias et Günther Stuckmann, op. cit., p. 7
  17. Jean Pias et Günther Stuckmann, op. cit., p. 11
  18. Jean Pias et Günther Stuckmann, op. cit., p. 13
  19. a et b [PDF] Claire Géroudet, Démographie et histoire agraire du bassin versant du Merguellil. Tunisie centrale, partie I (Histoire du peuplement et histoire agraire), éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2004, p. 3
  20. Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 7
  21. a b c et d Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 40
  22. a et b [PDF] Claire Géroudet, Démographie et histoire agraire du bassin versant du Merguellil. Tunisie centrale, partie II (Politiques agricoles et structures foncières), éd. International Water Management Institute, Battaramulla, 2004, p. 1
  23. Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 23
  24. a b c et d Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 22
  25. Claire Géroudet, op. cit., partie II, p. 12
  26. Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 25
  27. a et b Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 26
  28. a et b Christian Leduc et al., op. cit., p. 2
  29. a et b Christian Leduc et al., op. cit., p. 4
  30. a et b Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, op. cit., p. 20
  31. a b et c Claire Géroudet, op. cit., partie II, p. 10
  32. Christophe Cudennec et al., op. cit., p. 1
  33. [PDF] Christophe Cudennec et al., Analyse des interactions entre ressources en eau et usages agricoles dans le bassin versant de l'oued Merguellil. Tunisie centrale, actes du séminaire PCSI, Montpellier, 2 décembre 2003, p. 2
  34. Guillaume Lacombe, Bernard Cappelaere et Christian Leduc, « Hydrological impact of water and soil conservation works in the Merguellil catchment of central Tunisia », Journal of Hydrology, n°359, 2008, pp. 210-224
  35. Mohamed Salah Bachta, Lokman Zaibet et Lassaad Albouchi, op. cit., p. 8
  36. Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 30
  37. Christian Leduc et al., op. cit., p. 5
  38. a b et c Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 29
  39. a et b Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 27
  40. Claire Géroudet, op. cit., partie I, p. 28

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Lien externe

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