Aller au contenu

« Joseph Le Bon » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
Camster (discuter | contributions)
sommaire
Chicobot (discuter | contributions)
m Ajout {{Portail Révolution française}} AWB
Ligne 25 : Ligne 25 :


Son fils, Emile Le Bon, a publié à Arras une ''Histoire de Joseph le Bon et des tribunaux révolutionnaires d'Arras et de Cambrai'' en 1864 (seconde édition, 2 volumes).
Son fils, Emile Le Bon, a publié à Arras une ''Histoire de Joseph le Bon et des tribunaux révolutionnaires d'Arras et de Cambrai'' en 1864 (seconde édition, 2 volumes).

{{Portail Révolution française}}


[[Catégorie:Naissance en 1765|Le Bon, Joseph]]
[[Catégorie:Naissance en 1765|Le Bon, Joseph]]

Version du 28 avril 2007 à 23:19

Guislain-François-Joseph Le Bon, né à Arras le 25 septembre 1765, guillotiné à Amiens (Somme) le 14 octobre 1795, est un révolutionnaire français.

Jeunesse

Fils d'un sergent de ville de l'échevinage d'Arras, il se destine à l'état ecclésiastique sans trop de conviction. Il étudie chez les oratoriens d'Arras, puis de Juilly, avant d'entrer dans cette congrégation en 1784, comme professeur au collège de Beaune, où il s'avère un excellent professeur de rhétorique. Ses compagnons le surnomment le « Bien nommé ».

Ses élèves s'étant échappés, le 5 mai 1790, pour assister à la fête de la Fédération à Dijon, Le Bon est blâmé par ses supérieurs ; il court en voiture après ses élèves, les ramène au collège, mais, à ce moment, déchire ses habits et déclare qu'il quitte la congrégation. Quand il revient sur ce coup de colère, le lendemain, on refuse de le reprendre.

Il se retire à Ciel, près de Beauvais, chez le père d'un de ses élèves. Là, il reçoit, le 8 juin 1791, la nouvelle de sa nomination comme curé constitutionnel de Neuville-Vitasse (Pas-de-Calais) et du Vernois, près de Beaune. Il opte d'abord pour Le Vernois, mais, apprenant que sa mère est devenue folle à la nouvelle qu'il a prêté le serment constitutionnel, il accepte Nouvelle-Vitasse, pour se rapprocher de sa famille.

Débuts en politique

Après le 10 août 1792, alors qu'il vient de renoncer au sacerdoce, il est élu maire d'Arras et administrateur du département. Il fait arrêter et chasser d'Arras les commissaires de la Commune de Paris envoyés pour expliquer et justifier les décisions prises à partir du 10 août, et Guffroy le signale comme suspect de modérantisme. Ses concitoyens marquent la confiance qu'il leur inspire en le nommant procureur-syndic du département, puis, le 9 septembre 1792, second suppléant du Pas-de-Calais à la Convention nationale, par 400 voix sur 609 votants. En décembre, un nouveau Conseil Général est élu à Arras, dirigé par Nicolas François Hacot. Lebon quitte alors sa fonction de maire pour celle de membre du Directoire. Le 5 novembre 1792, il se marie avec sa cousine germaine, Elisabeth Regniez, de Saint-Pol-sur-Ternoise.

Le 1er juillet 1793, il est admis à siéger à la Convention, en remplcament de Magniez. Envoyé une première fois en mission dans la Somme le 9 août 1793 (8 brumaire an II-22 messidor an II), avec André Dumont, il est élu au Comité de sûreté générale (14 septembre). Bernard de Saintes le dénonce comme fédéraliste, pour avoir défendu, contre ce représentant, en mission dans la Côte-d'Or, les membres du conseil général de la commune de Beaune. Il refuse une mission dans l'Orne, à cause de la santé de sa femme. Le 29 octobre, il est envoyé dans le Pas-de-Calais, où il se montre assez modéré pour que guffroy l'accuse de tiédeur et le présente à la Convention comme le protecteur des contre-révolutionnaires. Le Comité de salut public le rappelle, avant de le renvoyer, avec les mêmes pouvoirs, dans le même département (6 mars 1794).

Le terroriste

Emporté par la fièvre révolutionnaire, alors que l'ennemi est à quelques lieues d'Arras, il se met à sévir contre les royalistes et applique avec la dernière rigueur les mesures nationales : loi des suspects, taxation du maximum, réorganisation du comité de surveillance d'Arras. Guffroy le dénonce à nouveau, comme terroriste exagéré, cette fois, mais l'absence de probité de l'accusateur empêche à sa démarche d'obtenir l'écho suffisant à Paris. À l'origine de ces accusations, on trouve l'accusateur public d'Arras, Demuliez, qui, soupçonné par Le Bon d'intelligences secrètes avec la Contre-révolution, arrêté et conduit à Paris, appelle à lui son ami Guffroy, à qui il dépeint le Proconsul d'Arras comme un monstre. Guffroy rédige alors une brochure intitulée Les secrets de Joseph le Bon et de ses complices, deuxième censure républicaine; ou Lettre d'A.-B.-J. Guffroy, Représentant du Peuple, Député à la Convention, par le Département du Pas-de-Calais, à la Convention Nationale et à l'Opinion publique. Pièces justificatives, où il reprend les calomnies de Demuliez. Toutefois, quand Guffroy porte à la tribune ses attaques contre Le Bon, le 25 juillet 1794, l'affaire est renvoyée à l'examen du Comité de salut public, et Barère, dans un rapport présenté quelques jours après, rejette la dénonciation. D'autant que Le Bon s'est distingué par sa conduite énergique face aux Autrichiens, qui menaçaient Cambrai. Appelé dans cette ville par Saint-Just et Le Bas, Le Bon a ranimé les courages et préparé la victoire de Fleurus. Au terme de la Terreur, on a pu dénombrer plus de 1000 détenus et plus de 300 personnes condamnées dans le Pas-de-Calais.

Dénonciation et condamnation

Mais, le 15 thermidor an II, de nouvelles dénonciations contre Le Bon aboutissent cette fois à un décret d'accusation. Le 18 floréal (7 mai 1795), l'Assemblée charge une commission de 21 membres d'examiner sa conduite. Quiriot, le rapporteur, présente les conclusions de son enquête le 1er messidor an III (19 juin 1795). Il a divisé en quatre classes les faits imputés à Le Bon (1° assassinats juridiques, 2° oppression des citoyens en masse, 3° exercice de vengeances personnelles, 4° vols et dilapidations) et conclut à la mise en accusation.

Admis à la barre pour se justifier, Le Bon réclame trois paniers de papiers qui ont été enlevés de son domicile et dont ses ennemis se sont emparés. Après plusieurs consacrées à entendre sa défense, comme la procédure traîne en longueur, il est décidé que Quiriot lira son rapport article par article et que l'accusé y répondra dans le même ordre. Le Bon nie la plupart des faits qu'on lui reproche, en atténue d'autres. Sa défense est surtout centrée sur le fait qu'il n'a fait qu'exécuter les décrets de la Convention. Pour la quatrième chef d'accusation (vols et dilapidations), l'Assemblée refuse d'entendre la suite du rapport, déclarant que Le Bon s'est pleinement justifié à cet égard.

Il n'en est pas moins traduit devant le tribunal criminel d'Amiens. Pendant ses quatorze mois de détention, il écrit à sa femme une série de lettres qui ont été recueillies et éditées en 1815 par Emile Le Bon, leur fils, juge d'instruction à Chalon-sur-Saône. On y trouve ce passage : « O mon amie, ne dis plus que je vais mourir, je vais commencer une nouvelle vie dans tous les cœurs dévoués à la République. » Condamné à mort pour abus de pouvoir pendant sa mission, il est exécuté à Amiens le 24 vendémiaire an IV (14 octobre 1795). Le tribunal criminel a jugé sans appel, en fonction de la loi du 12 prairial. Vainement Le Bon aura-t-il demandé à bénéficier de la nouvelle constitution et à se pourvoir en cassation ; la Convention passe à l'ordre du jour.

Son fils, Emile Le Bon, a publié à Arras une Histoire de Joseph le Bon et des tribunaux révolutionnaires d'Arras et de Cambrai en 1864 (seconde édition, 2 volumes).