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« Philippe Pétain » : différence entre les versions

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[[Catégorie:Régime de Vichy|Pétain, Philippe]]
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[[Image:RévolutionNationale.jpg|thumb|right|300 px|<center>Campagne du 11 octobre 1940</center>]]
[[Image:RévolutionNationale.jpg|thumb|right|300 px|<center>Campagne du 11 octobre 1940</center>]]
Henri '''Philippe Pétain''', fréquemment encore désigné sous la dénomination de « '''Maréchal Pétain''' »(voir [[Seconde Guerre mondiale]]) fut un militaire et [[homme politique|homme d'État]] [[france|français]] de la première moitié du [[XXe siècle|XX{{e}} siècle]].
Henri '''Philippe Pétain''', habituellement désigné sous la dénomination de « '''Maréchal Pétain''' » voire (pendant la [[Seconde Guerre mondiale]]) Pétain fut un militaire et [[homme politique|homme d'État]] [[france|français]] de la première moitié du [[XXe siècle|XX{{e}} siècle]].


Né le [[24 avril]] [[1856]] à [[Cauchy-à-la-Tour]] dans le [[Pas-de-Calais]], il meurt le [[24 juillet]] [[1951]] durant son internement sur l'[[île d'Yeu]] en [[Vendée]], où il demeure inhumé.
Né le [[24 avril]] [[1856]] à [[Cauchy-à-la-Tour]] dans le [[Pas-de-Calais]], il meurt le [[24 juillet]] [[1951]] durant son internement sur l'[[île d'Yeu]] en [[Vendée]], où il demeure inhumé.
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Le [[14 septembre]] [[1920]] il épouse civilement Eugénie Hardon, divorcée d'un peintre peu connu et devenue, semble-t-il, sa maîtresse pendant la guerre, il n'aura pas de descendance. Il est à noter qu'il l'avait demandée en mariage en [[1901]], mais que la famille avait incité la jeune femme à décliner l'offre en raison de la différence d'âge (20 ans). Cette vie assez peu conforme à l'idéal chrétien que prônera la Révolution Nationale en 1940 en dit long sur la faiblesse de l'adhésion de Pétain aux valeurs familiales qu'il prétendra plus tard défendre.
Le [[14 septembre]] [[1920]] il épouse civilement Eugénie Hardon, divorcée d'un peintre peu connu et devenue, semble-t-il, sa maîtresse pendant la guerre, il n'aura pas de descendance. Il est à noter qu'il l'avait demandée en mariage en [[1901]], mais que la famille avait incité la jeune femme à décliner l'offre en raison de la différence d'âge (20 ans). Cette vie assez peu conforme à l'idéal chrétien que prônera la Révolution Nationale en 1940 en dit long sur la faiblesse de l'adhésion de Pétain aux valeurs familiales qu'il prétendra plus tard défendre.


En tant que chef militaire, le Maréchal Pétain reste dans les mémoires comme le vainqueur de [[bataille de Verdun|Verdun]], mais en tant que [[chef d'État|chef de l'État]], son nom est associé à l'armistice de juin [[1940]] et surtout au [[régime de Vichy]], au cours duquel, il a [[Collaboration|collaboré]] avec [[zèle]] avec l'[[Allemagne]] [[Nazisme|nazie]]. Cette trahison a été d'autant plus nuisible que sa collaboration était unilatérale: Hitler, en effet, avait toujours été hostile à toute alliance avec la France, même soumise, et l'est resté jusqu'au bout, malgré toutes les concessions de Pétain et de ses généraux, comme l'a fait ressortir Robert Paxton dans <i>Vichy France, old Guard and New Order</i>, 1972 (<i>La France de Vichy, 1940-1944</i>, Le Seuil, 1973).
En tant que chef militaire, le Maréchal Pétain reste dans les mémoires comme le vainqueur de [[bataille de Verdun|Verdun]], mais en tant que [[chef d'État|chef de l'État]], son nom est associé à l'armistice de juin [[1940]] et au [[régime de Vichy]] qui a [[Collaboration|collaboré]] avec [[zèle]] avec une [[Allemagne]] [[Nazisme|nazie]] qui s'est toujours méfiée de cette proposition comme l'a brillamment démontré en 1972 l'historien Robert Paxton dans <i>Vichy France, old Guard and New Order</i>, 1972 (<i>La France de Vichy, 1940-1944</i>, Le Seuil, 1973).


==L'homme de Verdun==
==L'homme de Verdun==
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Humiliés par la défaite de [[1870]], les [[État-major|états-majors]] se montrent volontiers bravaches et revanchards. On y prône la [[guerre à outrance]]. Pétain, lui, préconise la prudence, la défensive et la [[guerre de position]].
Humiliés par la défaite de [[1870]], les [[État-major|états-majors]] se montrent volontiers bravaches et revanchards. On y prône la [[guerre à outrance]]. Pétain, lui, préconise la prudence, la défensive et la [[guerre de position]].


Dès le début de la guerre, à la tête d'une [[brigade d'infanterie]], il se distingue en [[Belgique]]. Nommé [[général de corps d'armée]], il accumule les actions d'éclat tout en se montrant soucieux d'épargner la vie de ses hommes dont il gagne le cœur. En février [[1916]], c'est lui qui commande les troupes françaises à [[Verdun (Meuse)|Verdun]] et son charisme n'est pas étranger à l'issue glorieuse du combat, même si la ténacité de ses troupes, comme par exemple celle du commandant Raynal, au Fort de Vaux, en a été le facteur décisif. Désormais, aux yeux de tous il est le vainqueur de Verdun, mythe qui sera malheureusement exploité plus tard..., sous Vichy, pour instaurer un régime de dictature et de soumission à l'ennemi.
Dès le début de la guerre, à la tête d'une [[brigade d'infanterie]], il se distingue en [[Belgique]]. Nommé [[général de corps d'armée]], il accumule les actions d'éclat tout en se montrant soucieux d'épargner la vie de ses hommes dont il gagne le cœur. En février [[1916]], c'est lui qui commande les troupes françaises à [[Verdun (Meuse)|Verdun]] et son charisme n'est pas étranger à l'issue glorieuse du combat. Désormais, aux yeux de tous il est le vainqueur de Verdun, bien que ce mythe soit surtout exploité plus tard... sous Vichy


En [[1917]], le général [[Georges Robert Nivelle|Nivelle]] succède au [[Maréchal Joffre|Joffre]] à la tête des armées françaises. Son acharnement et son apparente négligence du sang de ses hommes contraste avec le pessimisme de Pétain. Elle a certes abouti à la bataille du [[Bataille du Chemin des Dames|Chemin des Dames]], le [[16 avril]]. Mais les Français ont tenu, même si sous les drapeaux, la révolte a grondé. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve être l'homme providentiel pour lui succéder et ramener la confiance des troupes, non sans avoir fait fusiller, pour l'exemple, une certaine proportion de soldats protestataires dans chaque division.
En [[1917]], le général [[Georges Robert Nivelle|Nivelle]] succède à [[Maréchal Joffre|Joffre]] à la tête des armées françaises. Sa négligence du sang de ses hommes et son entêtement conduisent au désastre du [[Bataille du Chemin des Dames|Chemin des Dames]] le [[16 avril]]. Sous les drapeaux, la révolte gronde. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve être l'homme providentiel pour lui succéder et ramener la confiance des troupes, non sans faire fusiller, pour l'exemple, des soldats mutinés dans chaque division.


Après la victoire, son prestige est immense et, le [[19 novembre]] [[1918]], il est élevé à la dignité de [[Maréchal de France]], et reçoit son bâton de Maréchal le [[8 décembre]] [[1918]].
Après la victoire, son prestige est immense et, le [[19 novembre]] [[1918]], il est élevé à la dignité de [[Maréchal de France]], et reçoit son bâton de Maréchal le [[8 décembre]] [[1918]].
A noter, cependant qu'en cette occasion, Foch aurait grommelé en substance: "Et dire que nous l'avons amené là à coups de pieds au c...".


==L'entre-deux-guerres==
==L'entre-deux-guerres==
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Le [[2 mars]] [[1939]], Pétain est nommé [[Ambassadeur|ambassadeur de France]] en [[Espagne]]. Le [[20 mars]] [[1939]], il présente ses lettres de créance au dictateur [[Francisco Franco|général Franco]], chef de l'État espagnol, résidant alors à [[Burgos]].
Le [[2 mars]] [[1939]], Pétain est nommé [[Ambassadeur|ambassadeur de France]] en [[Espagne]]. Le [[20 mars]] [[1939]], il présente ses lettres de créance au dictateur [[Francisco Franco|général Franco]], chef de l'État espagnol, résidant alors à [[Burgos]].


==La défaite de 1940 et l'accession au pouvoir==
==Le printemps 1940==


Le [[17 mai]] [[1940]], Pétain entra, comme vice-président du Conseil, dans le [[gouvernement Paul Reynaud]], ce en quoi il ne tint pas compte de l'avis du général Franco, qui lui avait déconseillé d'accepter cette nomination ''(Franco allait refuser aussi, quelques mois plus tard, d'engager l'Espagne aux côtés d'Hitler dans la guerre, privant Hitler de la possibilité de fermer le détroit de Gibraltar)''.
Le [[17 mai]] [[1940]], Pétain accepte sa nomination comme vice-président du Conseil dans le [[gouvernement Paul Reynaud]], ce en quoi il ne tient pas compte des avertissements du général Franco, qui lui a déconseillé d'accepter (Franco avait refusé aussi d'engager l'Espagne aux côtés d'Hitler dans la guerre, privant Hitler du ''troisième front en France'' que souhaitait celui-ci).


Le [[14 juin]] [[1940]], [[Paris]] fût occupé par l'armée allemande. Le gouvernement, le Président de la République et les Assemblées se réfugièrent à [[Bordeaux]].
Le [[14 juin]] [[1940]], [[Paris]] est occupé par l'armée allemande. Le gouvernement, le Président de la République et les Assemblées sont réfugiés à [[Bordeaux]].


Le [[16 juin]] [[1940]], [[Paul Reynaud]] présenta la démission du gouvernement et suggèra, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au Maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le Président de la République [[Albert Lebrun]]. Le [[17 juin]] [[1940]], suivant en cela le conseil énoncé le 12 juin par le général Weygand, chef d'état-major des Armées, Pétain annonce son intention de demander l'armistice. Celui-ci sera signé le [[22 juin]] [[1940]] à [[Rethondes]] et approuvé par le Conseil des ministres et le Président de la République.
Le [[16 juin]] [[1940]], [[Paul Reynaud]] présente la démission du gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au Maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le Président de la République [[Albert Lebrun]].


Le [[17 juin]] [[1940]], suivant en cela le conseil énoncé le 12 juin par le général Weygand, chef d'état-major des Armées, Pétain annonce son intention de demander l'armistice, qui sera signé le [[22 juin]] [[1940]] à [[Rethondes]] et approuvé par le Conseil des ministres et le Président de la République.
Le [[29 juin]] [[1940]], le Gouvernement se réfugia à [[Vichy]], en zone non occupée par l'armée allemande. Le parlement y fut réuni en Assemblée Nationale (Sénat + Chambre des Députés) le 10 juillet 1940, et attribua les « pleins pouvoirs » au maréchal Pétain, sous la pression de Pierre Laval et de l'extrême-droite, en confiant à ce haut personnage la mission d'élaborer une nouvelle constitution. Seuls 80 parlementaires votèrent contre. <Br/>
Or cette réforme était grossièrement inconstitutionnelle, car la compétence de révision confiée par la constitution de 1875 à l'Assemblée Nationale n'était pas la propriété personnelle de cette dernière, mais sa fonction, et une FONCTION exclusive. Ladite assemblée ne pouvait donc ni déléguer cette fonction, ni la transférer à quiconque. En outre, la confusion de tous les pouvoirs (constituant, législatif, exécutif et judiciaire) entre les mains d'un seul homme était totalement contraire aux fondements mêmes de la constitution de 1875. <Br/>
C'est ainsi que les actes adoptés le 10 juillet 1940 par le Sénat et la Chambre des députés réunis en Assemblée nationale à Vichy, instaurèrent un régime de pouvoir personnel totalement inconstitutionnel et ouvertement en rupture avec la République, comme le démontre la substitution du terme « État français » à celui de "République française". Rapidement, la devise républicaine "Liberté, galité, Fraternité" allait être remplacée par la devise « Travail, Famille, Patrie », tandis que la chanson « Maréchal, nous voilà » allait concurrencer la "Marseillaise" dans les cérémonies officielles. <Br/>
Mais, pour un grand nombre de Français, complètement désemparés par l'exode massif et la défaite militaire, puis soulagés par l'armistice, ce viol de la constitution, que la majorité d'entre eux ignora faute de débat contradictoire dans la presse, ne pouvait paraître que véniel. <Br/>
En effet, ce vieux Maréchal, dont le patriotisme paraissait au-dessus de tout soupçon et l'honnêteté incontestable, leur inspirait confiance. Le prestige qu'il avait gagné pendant la Première guerre mondiale (bataille de Verdun) renforçait son image de sauveur de la patrie. D'autant que la radio et les journaux ne cessaient de vanter ses mérites. Certains allaient même jusqu'à s'imaginer qu'à sa simple vue les Allemands impressionnés abaisseraient leurs exigences et appliqueraient à la France un traitement favorable. C'est ainsi qu'à la faveur de la défaite, Pétain devint un dictateur.


Le [[29 juin]] [[1940]], le Gouvernement se réfugie à [[Vichy]], en zone non occupée par l'armée allemande.
Le gouvernement de Vichy eut pour chefs successifs Pierre Laval 1940, puis l'amiral François Darlan en 1941 et 1942, et à nouveau Pierre Laval, jusqu'à la chute du Régime de Vichy en 1944.

A la suite des manœuvres de [[Pierre Laval|Laval]] et Pétain, le [[10 juillet]] [[1940]], une loi constitutionnelle votée par les deux chambres (569 voix pour, 80 contre) réunies au casino de Vichy, donne tous pouvoirs au Maréchal Pétain avec pour mission la promulgation d'une nouvelle Constitution qui ne verra jamais le jour, l'État français restant durant toute sa durée un État provisoire. Les 80 députés opposants estiment ce vote ''anticonstitutionnel'' et démissionnent aussitôt après celui-ci par mesure de protestation. L'opposition ou la collaboration future ne recoupe pas exactement les clivages entre les 80 et les autres. Il reste que la République s'est sabordée.


==L'État français==
==L'État français==
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Du [[10 juillet]] [[1940]] au [[20 août]] [[1944]].
Du [[10 juillet]] [[1940]] au [[20 août]] [[1944]].


Dans l'effondrement moral où se trouve une France abasourdie, sidérée par sa défaite totale et déshonorée, elle cherche désespérément en quoi, en qui retrouver cet honneur perdu et ne trouve qu'un vieillard qu'elle va à son tour conduire au déshonneur. Dans la pire misère morale, l'espoir donné par cet homme providentiel permet de survivre. Et c'est cet espoir qui a poussé les foules à soutenir le régime du vainqueur de Verdun, et à chanter [http://www.marechal-petain.com/chanson.htm Maréchal nous voilà !]
===La mise en place du totalitarisme et des lois d'exclusion===

====Le totalitarisme====
L'exaltation du maréchal, basée sur ses états de service de 14-18 et son intention affichée de sauver la France, devint le thème favori des médias, d'abord spontanément, puis sous le contrôle étroit de la Censure. <Br/>
- L'image respectable du vieux Maréchal fut présente partout, non seulement dans les lieux publics, mais aussi, mais dans les vitrines de tous les magasins, où il remplaçait les marchandises absentes pour cause de restrictions dues aux prélèvements du vainqueur. <Br/>
- La jeunesse fut naturellement placée sous contrôle : Dans les locaux scolaires, il y avait 4 ou 5 portraits du Maréchal, par classe, à raison d'un pour la classe et d'un pour chacune des 3 ou 4 équipes d'éducation générale. Même chose dans chaque local scout, où il y avait un portrait du Maréchal pour la troupe, et 4 pour les 4 coins de patrouille. Les enfants des écoles défilaient, en tenues de sport, le bras tendu pour saluer « à la Romaine » (c'est à dire de la même façon que les nazis et les fascistes) et en chantant « Maréchal nous voilà », dans des défilés incessants organisés devant le Maréchal, ses représentants civils ou militaires ou ses chefs légionnaires. <Br/>
- Le portrait du maréchal envahit même les foyers de Français de bonne foi qui succombaient au pilonnage de sa propagande. Quand aux récalcitrants, ils trouvaient Pétain dans le tiroir de leur bureau, sous la forme de timbres, qu'ils pouvaient tout au plus coller sur leurs envois d'un poing vengeur mais inefficace, et qu'ils retrouvaient à nouveau, dans leur boites à lettres, sur le courrier reçu.<Br/>

Pétain, sous le couvert de son slogan honorable « Travail, Famille, Patrie », enserra l'ensemble des Français dans un réseau de hiérarchies parallèles, à partir de sa « Légion Française de Combattants » (L.F.C.). <Br/>
- Dans celle-ci furent en effet rassemblés non seulement de véritables anciens combattants, mais aussi les nombreux partisans de sa « Révolution Nationale » qui n'avaient jamais combattu, comme les Amis de la Légion et les Cadets de la Légion. Ces individus se rattrapaient en manifestant et en injuriant les adversaires réels ou supposés du régime. En beaucoup d'endroits, des légionnaires, sous prétexte de lutter contre la marché noir, se livrèrent à la délation. <Br/>
- Par ailleurs un ancien combattant courageux mais dévoyé, Joseph Darnand, admirateur avant-guerre du système nazi, créa un « Service d'Ordre Légionnaire » (S.O.L.), et l'étendit à toute la zone sud et à l'Afrique du Nord. Cette organisation de fiers à bras allait, '''avec le soutien personnel du Maréchal''', prendre le nom de « Milice Française », après le [[débarquement allié en Afrique du Nord]] et l'invasion allemande de la zone sud, et se consacrer à la répression au service de l'Occupant. <Br/>
- Ainsi le Maréchal avait-il instauré, sous le nom de « Révolution nationale », un régime totalitaire, où tous les fonctionnaires, y compris les soldats et les juges, devaient lui prêter serment. Le juge Didier, seul magistrat qui refusa de prêter ce serment, fût révoqué.<Br/>

Si, malgré ce développement du pouvoir personnel, le maréchal s'était alors consacré exclusivement à la reconstruction de ce qui pouvait l'être ''(rapatriement des réfugiés, démobilisation des réservistes, ravitaillement, maintien de l'ordre normal et maintien de l'unité nationale)'', ainsi qu'à l'exigence du respect par l'ennemi des conventions d'armistice, sa dictature aurait du moins été utile à la France. Malheureusement, ce fût pour diviser les Français et se rallier à l'ennemi qu'il utilisa principalement ses pleins pouvoirs.

====La discrimination====
Malheureusement, il utilisa ses pleins pouvoirs, non pour reconstruire, mais pour déclencher immédiatement une véritable chasse aux sorcières. Alors que les réfugiés étaient encore sur les routes, il fit pleuvoir sans délai les suspensions de fonctionnaires mal-pensants, et adopta sans nulle pression allemande, des lois d'exclusion copiées sur les lois hitlériennes contre les Francs-Maçons et contre les Juifs, enfants compris. Ces lois de Vichy, beaucoup plus rigoureuses que celles de l'Italie fasciste, égalaient en dureté pour leurs victimes celles des nazis. Avec une seule différence toutefois : le maréchal avait instauré ses discriminations beaucoup plus rapidement qu'Hitler. C'est ce que démontre le tableau sur la « Rapidité comparée d'édiction des lois racistes par Pétain et par Hitler », figurant à l'article de l'Encyclopédie Wikipedia sur le [[Régime de Vichy]].

===L'inféodation à l'ennemi===
A la différence des nazis allemands et des facistes italiens, qui étaient du moins des patriotes, mêmes égarés, Pétain subordonna son régime totalitaire au bon plaisir de l'ennemi, allant bien au delà des conventions d'armistice.<Br/>
Certes l'armistice permit dans un premier temps de limiter l'occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire, mais l'autonomie de la zone sud ne fût qu'apparente, car Pétain allait se plier systématiquement à toutes les exigences de l'ennemi.


La [[Troisième République]] rendue responsable de la défaite de [[Juin 1940]] par l'extrême-droite parlementaire et les activistes anti-républicains, leur chef de file [[Pierre Laval]] fait voter par le Parlement, le [[10 juillet]], les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, qui devient chef de l'État français et en profite pour supprimer les libertés publiques, les partis politiques et les syndicats dans un régime autoritaire mais distinct du fascisme. Vichy aime les notables, les autorités traditionnelles et les braves gens qui ne font pas d'agitation, alors que le fascisme se présente comme révolutionnaire, ennemi de la tradition et soucieux d'un embrigadement total de la population. Dès octobre [[1940]] et sans demande des Allemands, il exclut les juifs français de nombreuses fonctions et emplois civils.
====Inféodation à l'ennemi sur le plan politique====
On a souvent voulu rendre le seul Laval responsable de la collaboration, alors qu'il n'opéra, en ce sens, qu'en plein accord avec Pétain. Du reste lorsque Laval fût congédié et remplacé par Darlan cette politique de trahison fût non seulement maintenue, mais même accentuée par Darlan.<Br/>
- En réalité, c'est d'abord le maréchal '''Pétain, lui-même qui instaura personnellement, par un discours radio-diffusé du 30 octobre 1940, la "Collaboration"'''. Or la paix n'était pas signée entre la France et l'Allemagne, qui restait donc l'ennemie, et les prisonniers n'étaient pas rentrés. Aussi « collaborer » avec l'ennemi dans ces conditions, était une trahison délibérée, au sens de l'article 75 du code pénal alors en vigueur. <Br/>
- Croyant l'Angleterre sur le point d'être vaincue, Pétain avait, en effet, imaginé, ainsi que Laval, puis Darlan, un renversement des alliances, qui permettrait à la France, alliée à l'Allemagne, de rester la seconde puissance d'Europe. <Br/>
- C'était méconnaître complètement les vues d'Hitler, pourtant exposées en détail dans « Mein Kampf ». Ce dernier ne voulait à aucun prix d'une alliance de la France, selon lui "enjuivée" et "négrifiée", alors qu'il admirait l'Angleterre qui lui résistait ''(au point d'avoir proposé à celle-ci, au lendemain de la capitulation française, une paix pratiquement "blanche", qu'heureusement Churchill avait rejetée)''. <Br/>
- Après la bataille de Bir Hakeim, où la Brigade française libre de Koenig, avait réussi à retarder pendant 14 jours l'offensive de Rommel contre Suez, en tenant tête aux assauts de 4 divisions de l'Axe et aux bombardements de la 2ème armée aerienne allemande, et avait ainsi donné le temps à la 8ème Armée anglaise en déroute de se fortifier sur la ligne de défense d'El Alamein, Hitler révèla en ces termes sa méfiance à l'égard de tous les Français: <Br/>
''"C'est bien une nouvelle preuve de la thèse que j'ai toujours soutenue, à savoir que les Français sont, après nous, les meilleurs soldats de toute l'Europe. La France sera toujours en situation, même avec son taux de natalité actuel, de mettre sur pied une centaine de divisions. '''Il nous faudra absolument, après cette guerre, nouer une coalition capable de contenir militairement un pays capable d'accomplir des prouesses sur le plan militaire qui étonnent le monde comme à Bir Hakeim"''' .(Bildarchiv., Berlin )''. <Br/>


Sur le plan de la politique extérieure, il choisit la neutralité dans la lutte contre la [[Royaume-Uni|Grande-Bretagne]] mais propose une politique de [[collaboration]] avec l'Allemagne nazie. C'est l'[[entrevue de Montoire]], le [[24 octobre]] [[1940]]. Pétain tend la main à Hitler. Cette ''poignée de mains de Montoire'' est largement diffusée aux actualités cinématographiques et exploitée par la propagande pro-allemande (« Êtes-vous plus Français que lui ? »). Elle lui sera reprochée fortement lors de son procès à la Libération (« Qu'aurais-je donc dû faire de cette main ? Cracher dedans ? », dira-t-il ensuite à son avocat et biographe Jacques Isorni). On en oublierait que la collaboration est une proposition française.
Prenant leurs désirs pour des réalités, Pétain et ses dignitaires n'en firent pas moins entrer la collaboration dans la pratique: <Br/>
- Lorsque les Allemands mobilisèrent les Alsaciens-Lorrains, le 25 avril 1942, puis les déclarèrent citoyens allemands le 30 aout 1942, en violation flagrante de la convention d'armistice, seule une protestation des plus timides fût émise par Vichy. Encore ne fût-elle même pas publiée, alors que cette grave violation de l'armistice aurait due être véhémente, argumentée et portée par le maréchal à la connaissance du monde entier. <Br/>
- De même les décisions nazies en matière d'internement et de déportation furent-elles satisfaites docilement, avec le concours souvent actif des policiers et gendarmes de l'État français. <Br/>
- Bien plus, en septembre 1942, 280 policiers allemands entrèrent secrètement en zone sud,avec l'accord du gouvernement de Vichy, et furent munis par les soins du général Bridoux, ministre de Pétain, de fausses cartes d'identité françaises, pour y détecter les radios clandestines. <Br/>
- Certes le gouvernement Pétain n'imposa pas le port de l'étoile jaune en zone sud. Mais le maréchal ne protesta pas contre l'application de cette mesure en zone nord, par les nazis, à la différence du Roi du Danemark, du Bailli de Jersey (petite île anglo-normande), et du Bey Moncef de Tunisie, qui n'hésitèrent pas à refuser cette mesure à l'Occupant. <Br/>
- Le gouvernement de Pétain créa un Commissariat aux Affaires Juives, dirigé successivement par Xavier Vallat, puis par Darquier, dit « de Pellepoix », chargé d'appliquer le plus durement possible, en liaison avec l'Occupant, les mesures anti-juives dans toute la France. Simultanément les juifs furent contraints d'adhérer à une "Union Générale des Israëlites de France" (U.G.I.F.) et d'en réaliser le financement. <Br/>
- Ainsi les occupants, en puisant dans les fichiers de la police française, du Commissariat aux Affaires Juives, et de l'UGIF, furent-ils en mesure d'établir des listes qui facilitèrent la rafle et la déportation des juifs en vue de la "Solution finale" (130 000 étrangers et 70 000 français). Le gouvernement de Vichy se signala même en ce domaine par ses excés de zèle: D'abord lorsque, à la suite de certaines déportations de Juifs adultes, le secrétaire d'État Bousquet demanda à l'ennemi de prendre les enfants en plus. Dans un autre cas, lorsque les intendants de police de Vichy firent rafler les enfants juifs dans les institutions chrétiennes qui les abritaient, ceux qui avaient été arrètés en zone d'occupation italienne furent sauvés par les autorités militaires facistes, qui exigèrent leur libération.


L'armistice permit dans un premier temps de limiter l'occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. À vrai dire, l'Allemagne se soucie fort peu du régime politique d'une France qu'elle juge depuis longtemps « enjuivée » et « négrifiée ». C'est donc bien à Vichy qu'on peut imputer la responsabilité des premières mesures antisémites.
====Inféodation à l'ennemi sur le plan militaire====
Le [[2 juin]] [[1941]], il signe un décret créant un statut spécial pour les juifs. Dès le mois de juillet, [[Vichy]] livre des Français juifs, ainsi que des étrangers, à l'Allemagne. Toutefois, en zone non-occupée, le port de l'[[étoile jaune]] n'eut cours, même après 1942.
- Certains éléments de l'armée d'armistice étaient au départ anti-allemands et considérèrent d'abord, cette armée comme la base de départ pour préparer de la revanche. Malheureusement, en vertu de l'acte constitutionnel n°8 du 14 aout 1941, signé par Pétain, tous les membres de cette armée durent prêter serment de fidélité « à la personne du chef de l'Etat ». Et comme tous les ordres ultérieurs de Pétain furent hostiles aux alliés et favorables aux Allemands, ses soldats se sentirent ensuite liés par ce serment, et agirent en conséquence. <Br/>
- La collaboration ne fût pas seulement passive: Elle se poursuivit dans les actes. C'est ainsi qu'en Afrique du Nord, les services de Weygand conclurent un contrat(Contrat "Dankworth" du 18 mai 1941), prévoyant la livraison de 1200 véhicules de l'armée d'armistice à l'Afrika Korps de Rommel, et, que pour réaliser cette livraison, '''sous le contrôle du 4ème Bureau de l'Etat-major de Weygand''', des centaines d'officiers, sous-officiers et mécanos de l'Armée d'Afrique, chargés de choisir les camions, de les réparer et de les livrer à l'ennemi, s'habituèrent à considérer les Allemands comme des alliés ''(ce qui allait avoir des conséquences funestes lors de l'[[Opération Torch]])''. <Br/>
- Le Tribunal militaire d'Oran condamna lourdement les Français qui tentaient de quitter l'Afrique du Nord pour continuer la guerre, dont 2 au moins furent fusillés. Le service des renseignements de la Marine de Darlan informa la Kriegsmarine allemande sur les mouvements de vaisseaux alliés. <Br/>
- La repression de la résistance en zone non occupée, constitua une activité de prédilection des services de renseignement de Vichy. Voici en quels termes le colonel Rivet, chef du "Service des menées antinationales" de Vichy, vantait les résultats de cette répression, dans un rapport du 26 décembre 1941:''"Depuis le mois de janvier 1941 il a été procédé aux arrestations suivantes: 1°) Agents de renseignements de l'IS (Intelligence Service) et du SR interallié: 179, dont 42 arrêtés en Afrique et une cinquantaine arrêtés en France, mais en rapport avec le réseau africain. 2°) Agents de propagandes gaullistes et individus ayant essayé de gagner l'Angleterre pour s'engager dans les forces gaullistes: 540, dont près d'une centaine arrêtés en Afrique du nord." Rivet ajoute que, compte tenu de l'activité des autres services de police et de répression, "les arrestations doivent largement dépasser le millier"'' (Thèse Cantier, p.562 et 563). <Br/>
- Mais surtout Darlan, successeur désigné du Maréchal, avait conclu avec l'ennemi et commencé à appliquer les « Accords de Paris » qui prévoyaient l'attribution à l'Allemagne de 3 bases, à Dakar, Bizerte et en Syrie, ainsi que la collaboration de l'armée d'Afrique avec l'Axe pour reconquérir les colonies françaises libres. La base en Syrie fut immédiatement remise à l'ennemi, et de plus l'armée du général Dentz, livra, à la demande des Allemands, une grande partie de son matériel aux troupes irakiennes en révolte contre les Anglais. Ce qui justifia largement l'intervention ultérieure, en Syrie, des Anglais et des Forces Françaises Libres. Les mêmes accords de Paris désignèrent nommément le général Juin, comme prisonnier de guerre à libérer, pour défendre l'Afrique du Nord contre les Alliés, ce qui fût fait. <Br/>
- Ainsi, lors du débarquement allié en Afrique du Nord, les généraux de Pétain livrèrent-ils pendant 3 jours aux Alliés un combat sanglant, à Oran et au Maroc, alors que simultanément, leurs collègues livraient la Tunisie à une poignée d'Allemands et d'Italiens, sans un seul coup de feu. Seule l'intervention de la résistance française à Alger, permit alors le succés de l'Opération Torch, car 400 patriotes français mal armés y neutralisèrent, par leur putsch du 8 novembre 1942, le XIXème corps d'Armée de Vichy pendant 15 heures, aprés avoir capturé Juin et Darlan. Ainsi permirent-ils aux alliés d'y débarquer sans encombre et d'obtenir la capitulation de ce grand port le jour même, puis, au bout de quelques jours, le cessez le feu à Oran et au Maroc et la rentrée en guerre de l'armée d'Afrique dans le bon camp.<Br/>
Le seul inconvénient de l'opération, fût le maintien pendant plusieurs mois du [[Régime de Vichy en Afrique libérée(1942-43)]]. <Br/>
- De plus, lors de l'invasion germano-italienne de la zone sud, le Maréchal ordonna personnellement aux officiers de l'armée d'armistice de ne pas résister, ce qu'ils s'empressèrent de faire, à part 2 ou 3 exceptions. C'est en cette occasion que les officiers français livrèrent sans résistance 9 départements français aux forces italiennes, qui ne passaient pourtant pas pour des foudres de guerre. <Br/>
- Quant à l'énorme flotte de Toulon, elle se saborda sans résistance, sans qu'un seul Allemand soit seulement blessé, alors qu'un peu plus tard, en de telles circonstances, lorsque les nazis tentèrent, en septembre 1943, de s'emparer de la flotte de l'Italie qui avait capitulé, 3 cuirassés, 6 croiseurs et 6 destroyers s'échappèrent de La Spezia, pour ne pas tomber entre leurs mains. <Br/>
- Cette absence systématique de résistance des généraux de l'armée d'armistice aux violations allemandes les plus énormes, alors qu'ils recevaient systématiquement les alliés à coup de canon, à Dakar, au Levant, à Madagascar et au Maroc, est hautement significative de leur adhésion à la collaboration. Aussi leurs plaidoyers ultérieurs, selon lesquels ils auraient préparé en secret la revanche contre l'Allemagne, sont-ils largement démentis par leurs actes. <Br/>
- Le gouvernement de Vichy encouragea, alors que la paix n'était pas signée avec l'Allemagne, l'engagement de Français dans la Légion des Volontaires Français contre le Bolchevisme (L.V.F.),régiment 638 de la Wehrmacht. S'il n'y en eût pas plus, c'est qu'Hitler en avait plafonné le nombre, ne tenant pas à armer trop de Français, même nazis! <Br/>


Pétain reste au pouvoir quand, à la fin de [[1942]], les Allemands envahissent la zone sud pour répondre au débarquement américain en Afrique du nord ce qui conduit la flotte française à se saborder à [[Toulon]], où elle est ancrée (à l'exception de quelques bâtiments qui prennent la mer pour rejoindre les forces de la France libre). Pétain y perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis [[1940]] et la [[Résistance]] s'intensifie malgré l'organisation de la [[milice]] de Vichy qui collabore étroitement avec les nazis.
====Inféodation à l'ennemi sur le plan économique====
- D'autre part toutes les demandes allemandes relatives aux travailleurs du S.T.O.(Service du travail obligatoire) furent satisfaites, avec quelques fois, pour ces derniers, un marchandage symbolique où les Allemands étaient toujours gagnants. <Br/>
- Selon le général von Senger und Utterlin de la Commission d'armistice allemande, « l'industrie française des armements de guerre fût remise à plein tours pour les armements allemands....Sans le potentiel économique de la France, Hitler n'aurait pas pu faire durer la guerre aussi longtemps. C'est celà qui fut le grand profit qu'Hitler tira de la conquête de la France ». <Br/>
- Selon l'historien allemand Jaekel, « Au printemps de 1942, 170000 Français travaillaient sur place dans les services de la Wehrmacht et 275000 à la construction d'aérodromes et de fortifications comme le mur de l'Atlantique, 400000 enfin à la fabrication d'armements. » Les usines de locomotives et les chantiers navals français étaient à la disposition de l'Allemagne, et à la même époque, 185000 volontaires français travaillaient chez l'ennemi. Et le comble était que la France, elle-même, finançait toute cette production par les frais d'occupation démesurés, qu'elle continuait de payer (35 millions de Francs en 1940, 107 millions en 1941, et 157 millions en 1942). <Br/>
- Loin de récompenser cet effort, le Reich, dans les territoires occupés de l'ouest, imposait les privations les plus lourdes à la population française: Ainsi, presque toute la production alimentaire française partait-elle chez l'ennemi, au point que les rations de viande des Belges et des Hollandais étaient supérieures de 40%, et celles de matières grasses de 100%, à celles allouées aux Français. <Br/>
- Ainsi, tout en affichant, sur le plan de la politique extérieure, une prétendue neutralité dans la lutte entre l'Allemagne et le [[Royaume-Uni|Grande-Bretagne]], Pétain proposa t'il une politique de [[collaboration]] à l'Allemagne nazie, à l'issue de l'[[entrevue de Montoire]], du [[24 octobre]] [[1940]]. Pétain y tendit la main à Hitler. Cette ''poignée de mains de Montoire'' fût largement diffusée aux actualités cinématographiques et exploitée par la propagande pro-allemande (« Êtes-vous plus Français que lui ? »). Elle lui sera reprochée lors de son procès à la Libération ''(« Qu'aurais-je donc dû faire de cette main ? Cracher dedans ? », aurait-il ensuite à son avocat et biographe Jacques Isorni)''. On en oublierait que la collaboration fût une proposition française.<Br/>
- Pétain resta au pouvoir quand, à la fin de [[1942]], les Allemands envahirent la zone sud pour répondre au débarquement américain en Afrique du nord, ce qui conduisit la flotte française à se saborder à [[Toulon]], où elle était ancrée ''(à l'exception de quelques rares bâtiments qui prirent la mer pour rejoindre, en Afrique du Nord la flotte de Darlan)''. <Br/>
Toute la France étant occupée, l'administration de Vichy se révèla à tous les Français sous sa vraie nature d'organisation au service de l'occupants. Pétain perdit alors beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis [[1940]] et la [[Résistance]] se développa, malgré la répression exercée par la [[milice]] de Pétain, au service de l'ennemi.




On a souvent évoqué la sénilité de Pétain autour des années 1940. Ce mythe eût la vie dure, et, à vrai dire, ce fût à la fin de la guerre que le chef de l'État chercha à expliquer ses décisions par la faiblesse de l'âge.
On a souvent prétendu à la sénilité de Pétain autour de 1940. Le mythe a la vie dure. À vrai dire, ce n'est pas avant la fin de la guerre que le chef de l'État français peut expliquer ses décisions par la faiblesse de l'âge.


== La fin de la guerre ==
== La fin de la guerre ==


À la fin de la guerre, le Maréchal se laissa emmener en partie "contre son gré" en Allemagne, où s'étaient réfugiés les dignitaires de son régime. Mais il n'avait rien fait, au préalable, pour se soustraire à ce départ soit-disant forcé, mais prévisible depuis plusieurs jours.
À la fin de la guerre, le Maréchal fut emmené contre son gré en Allemagne, où s'étaient réfugiés les dignitaires de son régime.


==Le procès et la captivité==
==Le procès et la captivité==
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Il est clair que Pétain suscite encore des polémiques, son culte étant l'un des marqueurs symboliques de certains courants de l'extrême-droite française. ''« C'est moi seul que l'Histoire jugera. »'', déclare-t-il à la radio de Vichy le 30 octobre 1940.
Il est clair que Pétain suscite encore des polémiques, son culte étant l'un des marqueurs symboliques de certains courants de l'extrême-droite française. ''« C'est moi seul que l'Histoire jugera. »'', déclare-t-il à la radio de Vichy le 30 octobre 1940.
Les partisans de Pétain redoublent donc d'efforts pour accréditer les mythes de la sénilité, les explications douteuses sur la poignée de main de Montoire sans oublier le mythe du bouclier qu'aurait été Pétain parallèlement à l'épée de De Gaulle. Certains ouvrages néo-aroniens ''(du nom de l'historien Robert Aron qui accréditait cette thèse en 1950 avant l'ouverture de nouvelles archives)'' s'en sont récemment fait l'écho, tel le <i>Vichy</i> de François-George Dreyfus.
Les partisans de Pétain redoublent donc d'efforts pour accréditer les mythes de la sénilité, les explications douteuses sur la poignée de main de Montoire sans oublier le mythe du bouclier qu'aurait été Pétain parallèlement à l'épée de De Gaulle. Certains ouvrages néo-aroniens (du nom de l'historien Robert Aron qui accréditait cette thèse en 1950 avant l'ouverture de nouvelles archives) s'en sont récemment fait l'écho tel le <i>Vichy</i> de François-George Dreyfus.


À vrai dire le régime de Vichy n'a pas empêché les violences contre les Français et si la polonisation de la France ne commence pas dès 1940 c'est bien parce que, dans la doctrine nazie, Slaves et latins n'occupent pas le même rang dans la prétendue hiérarchie raciale de l'humanité. Reste qu'au moment où elle l'a souhaité, l'armée allemande a commis les massacres de Tulle et Oradour-sur-Glane... d'autres actes de répression étant commis par les tortionnaires de la "Milice française".
À vrai dire le régime de Vichy n'a pas empêché les violences contre les Français et si la polonisation de la France ne commence pas dès 1940 c'est bien parce que, dans la doctrine nazie, Slaves et latins n'occupent pas le même rang dans la prétendue hiérarchie raciale de l'humanité. Reste qu'au moment où elle l'a souhaité, l'armée allemande a commis les massacres de Tulle et Oradour-sur-Glane... d'autres actes de répression étant commis avec la complicité de la milice française.


Par ailleurs, l'historien, le professeur, n'a pas à se positionner par rapport à Pétain et l'histoire ne juge pas. Elle détermine les faits, propose et examine des explications. L'explication qui convient ici le mieux est qu'une partie des politiciens français éternels battus aux élections libres, remâchant leur rancœur, née du Front Populaire, voire de l'affaire Dreyfus, voire de l'opposition aux valeurs fondées sur la mémoire de 1789, a profité de la défaite pour assouvir ses fantasmes et instaurer le régime totalitaire qui y répondait. Ce fut chose faite en juillet 1940. Sous le regard méprisant de l'Occupant.
Par ailleurs, l'historien, le professeur, n'a pas à se positionner par rapport à Pétain et l'histoire ne juge pas. Elle détermine les faits, propose et examine des explications. L'explication qui convient ici le mieux est qu'une partie des élites françaises politiques et administratives, remâchant sa rancœur, née du Front Populaire, voire de l'affaire Dreyfus, voire de l'opposition aux valeurs fondées sur la mémoire de 1789, a profité de l'occasion que lui offrait juin 1940 pour régler des comptes et établir un régime qui correspondait à ses aspirations. Ce fut chose faite en juillet 1940. Sous l'œil de l'Occupant.



Version du 28 mars 2005 à 11:43

Fichier:RévolutionNationale.jpg
Campagne du 11 octobre 1940

Henri Philippe Pétain, habituellement désigné sous la dénomination de « Maréchal Pétain » voire (pendant la Seconde Guerre mondiale) Pétain fut un militaire et homme d'État français de la première moitié du XXe siècle.

Né le 24 avril 1856 à Cauchy-à-la-Tour dans le Pas-de-Calais, il meurt le 24 juillet 1951 durant son internement sur l'île d'Yeu en Vendée, où il demeure inhumé.

Dans les années 1970 eut lieu un épisode rocambolesque : sa dépouille fut enlevée par des personnes se réclamant de sa mémoire, et désireuses d'obtenir le transfert de ses cendres au Fort de Douaumont (Verdun), près des centaines de milliers de soldats français qui y sont tombés, conformément à ses dernières volontés.

Le 14 septembre 1920 il épouse civilement Eugénie Hardon, divorcée d'un peintre peu connu et devenue, semble-t-il, sa maîtresse pendant la guerre, il n'aura pas de descendance. Il est à noter qu'il l'avait demandée en mariage en 1901, mais que la famille avait incité la jeune femme à décliner l'offre en raison de la différence d'âge (20 ans). Cette vie assez peu conforme à l'idéal chrétien que prônera la Révolution Nationale en 1940 en dit long sur la faiblesse de l'adhésion de Pétain aux valeurs familiales qu'il prétendra plus tard défendre.

En tant que chef militaire, le Maréchal Pétain reste dans les mémoires comme le vainqueur de Verdun, mais en tant que chef de l'État, son nom est associé à l'armistice de juin 1940 et au régime de Vichy qui a collaboré avec zèle avec une Allemagne nazie qui s'est toujours méfiée de cette proposition comme l'a brillamment démontré en 1972 l'historien Robert Paxton dans Vichy France, old Guard and New Order, 1972 (La France de Vichy, 1940-1944, Le Seuil, 1973).

L'homme de Verdun

À 58 ans, en 1914, le colonel Philippe Pétain s'apprête à prendre sa retraite après une carrière militaire un peu terne. Ses origines paysannes sont modestes et son passage à Saint-Cyr, à partir de 1876, sans éclat. Quelques garnisons secondaires, aucune des campagnes coloniales et, en 1904, un modeste poste de professeur adjoint à l'École de Guerre où il se distingue cependant par des idées tactiques originales qui déplaisent d'ailleurs à Foch.

Humiliés par la défaite de 1870, les états-majors se montrent volontiers bravaches et revanchards. On y prône la guerre à outrance. Pétain, lui, préconise la prudence, la défensive et la guerre de position.

Dès le début de la guerre, à la tête d'une brigade d'infanterie, il se distingue en Belgique. Nommé général de corps d'armée, il accumule les actions d'éclat tout en se montrant soucieux d'épargner la vie de ses hommes dont il gagne le cœur. En février 1916, c'est lui qui commande les troupes françaises à Verdun et son charisme n'est pas étranger à l'issue glorieuse du combat. Désormais, aux yeux de tous il est le vainqueur de Verdun, bien que ce mythe soit surtout exploité plus tard... sous Vichy

En 1917, le général Nivelle succède à Joffre à la tête des armées françaises. Sa négligence du sang de ses hommes et son entêtement conduisent au désastre du Chemin des Dames le 16 avril. Sous les drapeaux, la révolte gronde. Nivelle est renvoyé et Pétain se trouve être l'homme providentiel pour lui succéder et ramener la confiance des troupes, non sans faire fusiller, pour l'exemple, des soldats mutinés dans chaque division.

Après la victoire, son prestige est immense et, le 19 novembre 1918, il est élevé à la dignité de Maréchal de France, et reçoit son bâton de Maréchal le 8 décembre 1918.

L'entre-deux-guerres

En 1919, Pétain est élu membre de l'Académie des Sciences morales et politiques. Parcours classique pour les personnalité du temps. L'Institut rassemble de nombreux hommes politiques.

Le 20 juin 1929, il est élu à l'unanimité membre de l'Académie française, au 18e fauteuil, où il succède au Maréchal Foch. Le 22 janvier 1931, il est reçu par Paul Valéry, dont le discours de réception - qui retrace sa biographie - se trouve dans Variété. Le discours rappelle et développe une phrase sur laquelle insistait Pétain : le feu tue, et comporte des considérations importantes sur la façon dont la mitrailleuse a modifié durablement les conditions du combat à terre et les règles de la stratégie. Le discours rappelle aussi les désaccords de vue, dans le respect mutuel, entre Pétain et Joffre.

Le 9 février 1934, il fut nommé ministre de la Guerre dans le gouvernement Doumergue, fonction qu'il occupa jusqu'au renversement du cabinet le 8 décembre 1934. Il porte ainsi sa part de responsabilité dans les choix tactiques français qu'il fustigera pourtant lui-même dans son discours radiodiffusé de juin 1940, s'en prenant aux gouvernements de la fin des années trente qui avaient pourtant affecté d'importants efforts budgétaires en matière militaire.

Le 2 mars 1939, Pétain est nommé ambassadeur de France en Espagne. Le 20 mars 1939, il présente ses lettres de créance au dictateur général Franco, chef de l'État espagnol, résidant alors à Burgos.

Le printemps 1940

Le 17 mai 1940, Pétain accepte sa nomination comme vice-président du Conseil dans le gouvernement Paul Reynaud, ce en quoi il ne tient pas compte des avertissements du général Franco, qui lui a déconseillé d'accepter (Franco avait refusé aussi d'engager l'Espagne aux côtés d'Hitler dans la guerre, privant Hitler du troisième front en France que souhaitait celui-ci).

Le 14 juin 1940, Paris est occupé par l'armée allemande. Le gouvernement, le Président de la République et les Assemblées sont réfugiés à Bordeaux.

Le 16 juin 1940, Paul Reynaud présente la démission du gouvernement et suggère, suivi en cela par les présidents du Sénat et de la Chambre des députés, de confier la présidence du Conseil au Maréchal Pétain, choix aussitôt approuvé par le Président de la République Albert Lebrun.

Le 17 juin 1940, suivant en cela le conseil énoncé le 12 juin par le général Weygand, chef d'état-major des Armées, Pétain annonce son intention de demander l'armistice, qui sera signé le 22 juin 1940 à Rethondes et approuvé par le Conseil des ministres et le Président de la République.

Le 29 juin 1940, le Gouvernement se réfugie à Vichy, en zone non occupée par l'armée allemande.

A la suite des manœuvres de Laval et Pétain, le 10 juillet 1940, une loi constitutionnelle votée par les deux chambres (569 voix pour, 80 contre) réunies au casino de Vichy, donne tous pouvoirs au Maréchal Pétain avec pour mission la promulgation d'une nouvelle Constitution qui ne verra jamais le jour, l'État français restant durant toute sa durée un État provisoire. Les 80 députés opposants estiment ce vote anticonstitutionnel et démissionnent aussitôt après celui-ci par mesure de protestation. L'opposition ou la collaboration future ne recoupe pas exactement les clivages entre les 80 et les autres. Il reste que la République s'est sabordée.

L'État français

Fichier:PetainFranceTa.jpg
Le maréchal Pétain sur un timbre de l'époque.

Du 10 juillet 1940 au 20 août 1944.

Dans l'effondrement moral où se trouve une France abasourdie, sidérée par sa défaite totale et déshonorée, elle cherche désespérément en quoi, en qui retrouver cet honneur perdu et ne trouve qu'un vieillard qu'elle va à son tour conduire au déshonneur. Dans la pire misère morale, l'espoir donné par cet homme providentiel permet de survivre. Et c'est cet espoir qui a poussé les foules à soutenir le régime du vainqueur de Verdun, et à chanter Maréchal nous voilà !

La Troisième République rendue responsable de la défaite de Juin 1940 par l'extrême-droite parlementaire et les activistes anti-républicains, leur chef de file Pierre Laval fait voter par le Parlement, le 10 juillet, les pleins pouvoirs à Philippe Pétain, qui devient chef de l'État français et en profite pour supprimer les libertés publiques, les partis politiques et les syndicats dans un régime autoritaire mais distinct du fascisme. Vichy aime les notables, les autorités traditionnelles et les braves gens qui ne font pas d'agitation, alors que le fascisme se présente comme révolutionnaire, ennemi de la tradition et soucieux d'un embrigadement total de la population. Dès octobre 1940 et sans demande des Allemands, il exclut les juifs français de nombreuses fonctions et emplois civils.

Sur le plan de la politique extérieure, il choisit la neutralité dans la lutte contre la Grande-Bretagne mais propose une politique de collaboration avec l'Allemagne nazie. C'est l'entrevue de Montoire, le 24 octobre 1940. Pétain tend la main à Hitler. Cette poignée de mains de Montoire est largement diffusée aux actualités cinématographiques et exploitée par la propagande pro-allemande (« Êtes-vous plus Français que lui ? »). Elle lui sera reprochée fortement lors de son procès à la Libération (« Qu'aurais-je donc dû faire de cette main ? Cracher dedans ? », dira-t-il ensuite à son avocat et biographe Jacques Isorni). On en oublierait que la collaboration est une proposition française.

L'armistice permit dans un premier temps de limiter l'occupation allemande à la moitié nord et ouest du territoire. À vrai dire, l'Allemagne se soucie fort peu du régime politique d'une France qu'elle juge depuis longtemps « enjuivée » et « négrifiée ». C'est donc bien à Vichy qu'on peut imputer la responsabilité des premières mesures antisémites. Le 2 juin 1941, il signe un décret créant un statut spécial pour les juifs. Dès le mois de juillet, Vichy livre des Français juifs, ainsi que des étrangers, à l'Allemagne. Toutefois, en zone non-occupée, le port de l'étoile jaune n'eut cours, même après 1942.

Pétain reste au pouvoir quand, à la fin de 1942, les Allemands envahissent la zone sud pour répondre au débarquement américain en Afrique du nord ce qui conduit la flotte française à se saborder à Toulon, où elle est ancrée (à l'exception de quelques bâtiments qui prennent la mer pour rejoindre les forces de la France libre). Pétain y perd beaucoup de la popularité dont il jouissait depuis 1940 et la Résistance s'intensifie malgré l'organisation de la milice de Vichy qui collabore étroitement avec les nazis.


On a souvent prétendu à la sénilité de Pétain autour de 1940. Le mythe a la vie dure. À vrai dire, ce n'est pas avant la fin de la guerre que le chef de l'État français peut expliquer ses décisions par la faiblesse de l'âge.

La fin de la guerre

À la fin de la guerre, le Maréchal fut emmené contre son gré en Allemagne, où s'étaient réfugiés les dignitaires de son régime.

Le procès et la captivité

Commencé le 23 juillet 1945, le procès du maréchal Pétain devant la Haute Cour de justice s'achève le 15 août 1945. La cour le déclare notamment coupable d'intelligence avec l'ennemi et de haute trahison, et le condamne à mort, à l'indignité nationale et à la confiscation de ses biens, assortissant toutefois cette condamnation du vœu de non-exécution de la sentence de mort, en raison de son grand âge.

Il existe au moins un compte-rendu imprimé du procès : le Procès Pétain, par Geo London : avec 44 croquis d'audience de Jean Auscher. Lyon : Roger Bonnefon éditeur. Achevé d'imprimer le 10 février 1946. In-8 (225x145), 1084 p. (collection '« Les Grands Procès de la Guerre 1939-1945 »).

Eu égard au vœu de la Haute Cour de justice et peut-être également en raison des mérites passés du Maréchal, et de leur ancienne amitié (Pétain était le parrain de l'Amiral Philippe de Gaulle), le général de Gaulle, chef du Gouvernement provisoire de la République, commua la sentence de mort en peine en réclusion à perpétuité.

Le Maréchal Pétain fut brièvement interné au Fort du Portalet, dans les Pyrénées, du 15 août au 16 novembre 1945, date à laquelle il fut transféré au Fort de la Citadelle, sur l'île d'Yeu (Vendée). Son épouse, installée à son tour dans l'île, bénéficia d'un droit de visite quotidien.

La santé du Maréchal Pétain déclina à partir du début de l'année 1951, les moments de lucidité devenant de plus en plus rares. Eu égard à cette situation, le Conseil supérieur de la magistrature, présidé par Vincent Auriol, président de la République, en vue d'adoucir une fin prévisible, autorisa le 8 juin 1951 l'« élargissement » et la résidence « dans un établissement hospitalier ou tout autre lieu pouvant avoir ce caractère ». Le transfert dans une maison privée de Port-Joinville eut lieu le 29 juin 1951, et le Maréchal mourut paisiblement le 23 juillet 1951 et fut inhumé le surlendemain dans le cimetière marin de l'île d'Yeu.

Il est à remarquer que tous les Présidents de la République s'étant succédé entre 1951 et 1995 ont régulièrement fait fleurir la tombe du Maréchal Pétain, le premier à déroger à cet usage étant Jacques Chirac.
Compte tenu de la peine d'indignité nationale prononcée le 15 août 1945, le Maréchal Pétain fut radié de l'Académie française. Toutefois, l'Académie se garda bien de le remplacer de son vivant au 18e fauteuil, égard auquel eut également droit Charles Maurras (tandis qu'Abel Bonnard et Abel Hermant y étaient remplacés dès 1946).
La condamnation à l'indignité nationale ne s'étendit pas à la dignité de Maréchal de France, qui figure en toutes lettres dans l'acte de décès du Maréchal Pétain.

Peut-on juger Pétain aujourd'hui sans passion ?

Il est clair que Pétain suscite encore des polémiques, son culte étant l'un des marqueurs symboliques de certains courants de l'extrême-droite française. « C'est moi seul que l'Histoire jugera. », déclare-t-il à la radio de Vichy le 30 octobre 1940. Les partisans de Pétain redoublent donc d'efforts pour accréditer les mythes de la sénilité, les explications douteuses sur la poignée de main de Montoire sans oublier le mythe du bouclier qu'aurait été Pétain parallèlement à l'épée de De Gaulle. Certains ouvrages néo-aroniens (du nom de l'historien Robert Aron qui accréditait cette thèse en 1950 avant l'ouverture de nouvelles archives) s'en sont récemment fait l'écho tel le Vichy de François-George Dreyfus.

À vrai dire le régime de Vichy n'a pas empêché les violences contre les Français et si la polonisation de la France ne commence pas dès 1940 c'est bien parce que, dans la doctrine nazie, Slaves et latins n'occupent pas le même rang dans la prétendue hiérarchie raciale de l'humanité. Reste qu'au moment où elle l'a souhaité, l'armée allemande a commis les massacres de Tulle et Oradour-sur-Glane... d'autres actes de répression étant commis avec la complicité de la milice française.

Par ailleurs, l'historien, le professeur, n'a pas à se positionner par rapport à Pétain et l'histoire ne juge pas. Elle détermine les faits, propose et examine des explications. L'explication qui convient ici le mieux est qu'une partie des élites françaises politiques et administratives, remâchant sa rancœur, née du Front Populaire, voire de l'affaire Dreyfus, voire de l'opposition aux valeurs fondées sur la mémoire de 1789, a profité de l'occasion que lui offrait juin 1940 pour régler des comptes et établir un régime qui correspondait à ses aspirations. Ce fut chose faite en juillet 1940. Sous l'œil de l'Occupant.



Chronologie des chefs de gouvernement français
Prédécesseur Page courante Successeur
Paul Reynaud
(22 mars 1940-16 juin 1940)
(Président du Conseil)
Philippe Pétain
(16 juin 1940-10 juillet 1940)
(Président du Conseil)
Pierre Laval
(16 juillet 1940-13 décembre 1940)
(titre ?)

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