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« Ligue belge du droit des femmes » : différence entre les versions

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La '''ligue belge du droit des femmes''' est une association [[Féminisme|féministe]] belge crée le 27 novembre 1892. Il s'agit de la première association féministe de Belgique<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Pol Delfosse|titre=Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique|passage=191|lieu=Belgique|éditeur=Luc Pire|année=2005|pages totales=344|isbn=|lire en ligne=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Historique |url=https://www.cffb.be/historique/ |site=CFFB |date=2020-04-24 |consulté le=2020-06-25}}</ref>.
La '''ligue belge du droit des femmes''' est une association [[Féminisme|féministe]] belge crée le 27 novembre 1892. Il s'agit de la première association féministe de Belgique<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Pol Delfosse|titre=Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique|passage=191|lieu=Belgique|éditeur=Luc Pire|année=2005|pages totales=344|isbn=|lire en ligne=}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Historique |url=https://www.cffb.be/historique/ |site=CFFB |date=2020-04-24 |consulté le=2020-06-25}}</ref>.

La première assemblée générale s’est organisée dans le grand auditoire de l’[[Université Libre de Bruxelles]] le 27 novembre 1892<ref name=":1" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Louis Frank|titre=Notre première assemblée générale|passage=1-6|lieu=ULB|éditeur=H. Lamertin|année=1892|pages totales=9|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.


== Histoire ==
== Histoire ==
La ligue belge du droit des femmes a été créée à la suite de l'émoi suscité dans l'opinion publique progressiste belge par le refus des juridictions d'admettre [[Marie Popelin]], première femme belge docteur en droit, à l'ordre des avocats<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Catherine Jacques|titre=Le féminisme en Belgique de la fin du 19ème siècle aux années 1970|passage=8|lieu=Bruxelles|éditeur=Courrier hebdomadaire du CRISP 2009/7|année=2009|pages totales=49|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
La ligue belge du droit des femmes a été créée à la suite de l'émoi suscité chez les progressistes belges par le refus des juridictions d'admettre [[Marie Popelin]], première femme belge docteur en droit, à l'ordre des avocats<ref name=":1" />{{,}}<ref name=":0">{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Catherine Jacques|titre=Le féminisme en Belgique de la fin du 19ème siècle aux années 1970|passage=8|lieu=Bruxelles|éditeur=Courrier hebdomadaire du CRISP 2009/7|année=2009|pages totales=49|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.

Avec l’aide de son avocat, [[Louis Frank (avocat)|Louis Frank]], de sa sœur, [[Louise Popelin]], de [[Léonie La Fontaine]] et de son frère [[Henri La Fontaine]], d'[[Isala Van Diest]], d'[[Hector Denis]] et de sa femme, [[Marie Popelin]] décide de réunir des fonds dans le but de créer la Ligue belge du droit des femmes. Elle est alors fondée sur le modèle de la Ligue française pour le droit des femmes et les deux ligues ont entretenu des relations étroites par la suite. [[Louis Frank (avocat)|Louis Frank]] en rédige le programme et les statuts et va même concevoir son organisation et la diriger<ref name=":0" />. En 1892, la ligue compte 300 membres. Beaucoup d’entre-eux appartiennent à la bourgeoisie libre-pensante bruxelloise ou sont franc-maçons<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Françoise Van Lierde|titre=La ligue belge du droit de la femme|passage=11-16|lieu=ULB|éditeur=Sextant, Revue du groupe interdisciplinaire d'Etude sur le femmes|année=|pages totales=10|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.

La ligue belge du droit des femmes noue des contacts avec les féministes étrangères, notamment avec le [[Conseil international des femmes]]. Bien qu’ils entretiennent des liens étroits, la ligue ne peut pas y adhérer car elle ne répond pas aux critères exigés<ref name=":0" />.

La ligue belge du droit des femmes connaît rapidement une crise interne. Certains membres, dont Marie Popelin, trouvent que Louis Frank monopolise la direction en prenant des initiatives sans consulter l'avis des autres membres du comité de direction. Il soumet ses projets de loi dans toutes les sections de la Ligue et rédige seul tous les articles. Bien qu’ils avaient créé la ligue ensemble, Marie Popelin restait souvent dans l’ombre de son collaborateur. Les tensions éclatent lors de l'assemblée générale de novembre 1893. Louis Frank démissionne, ce qui donne une nouvelle cohésion à la Ligue, mais elle ne survivra pas longtemps à cette séparation. Henriette Houyoux prend alors la place de Louis Frank et est nommée secrétaire générale de la Ligue. Elle tente d’accentuer l’action de la Ligue vers l’enseignement, ce qui déplait à Marie Popelin, qui tient au caractère revendicatif de celle-ci. De nouvelles tensions éclatent lors de l’assemblée générale de {{date-|novembre 1895}} entraînant le départ de plusieurs membres dont [[Isabelle Gatti de Gamond]]. La dissolution de la ligue est nette en 1899 lorsqu'[[Isabelle Gatti de Gamond]] rejoint le [[Parti ouvrier belge]]<ref name=":1" />.

== Revendications ==
A ses débuts, la ligue tenait à rester apolitique<ref>{{Article|langue=Français|auteur1=Catherine Jacques|titre=Aperçu de féminisme belge (XIX-XXe s.)|périodique=Signes des temps|date=2013|issn=|lire en ligne=http://paxchristiwb.be/publications/analyses/apercu-du-feminisme-belge-xix-xxe-s,0000469.html|pages=1-5}}</ref>. Elle se voulait transcendante, unificatrice et non clivante, pour toutes les femmes belges, peu importent leurs origines et leur milieu social. Même si elle fut toujours soucieuse de préserver sa neutralité, elle émanait d’un milieu bien défini ; la bourgeoisie libre-pensante bruxelloise. La ligue revendiquait avant tout l’émancipation des femmes ; l'abolition de la puissance maritale ; l' accessibilité sans distinction de sexe aux emplois, professions, carrière industrielles ; leur participation à la vie intellectuelle et dans la gestion des intérêts publics, qu’elles soient femmes plus que jamais en étant pleinement conscientes de leurs devoirs<ref name=":1" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Suzanne Van Rokeghem, Jeane Vercheval-Vervoort, Jacqueline Aubenas|titre=Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830|passage=58|lieu=Bruxelles|éditeur=Luc Pire|année=2006|pages totales=|isbn=2-87415-523-3|lire en ligne=}}</ref>.  Le but n’était pas de faire la révolution mais de, progressivement, faire évoluer la société. Pour cela, il avait été décidé qu’il fallait passer par la voie juridique. Avant de voir des changements concrets dans la société, il était impératif de mettre sur pied une base légale qui établissait l’égalité des hommes et des femmes devant la loi.


Avec son avocat, Louis Frank, Marie Popelin décide de réunir des fonds afin de créer la Ligue belge du droit des femmes, sur le modèle de la Ligue française pour le droit des femmes, avec laquelle elle entretiendra des liens étroits. [[Louis Frank (avocat)|Louis Frank]] en rédige le programme et les statuts, en conçoit l'organisation, qu'il dirige<ref name=":0" />.
Dans l’immédiat, il fallut faire le choix de la réforme qui avait le plus de chance d’aboutir. Il s’agissait de différer l’abolition de l’autorité maritale de suffrage politique car ces revendications avaient moins de chance de se concrétiser à l’époque. Ils se concentrèrent donc sur la reconnaissance d’épargner et du droit de témoigner, sur la protection de l’enfance et des jeunes filles, la reconnaissance du principe de la recherche de paternité, et sur l’admission des femmes dans les services bureaucratiques et au barreau<ref name=":1" />.


La première assemblée générale s’est organisée dans le grand auditoire de l’[[Université Libre de Bruxelles]] le 27 novembre 1892<ref name=":1" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Louis Frank|titre=Notre première assemblée générale|passage=1-6|lieu=ULB|éditeur=H. Lamertin|année=1892|pages totales=9|isbn=|lire en ligne=}}</ref>. En 1892, la ligue compte 300 membres. Beaucoup d’entre-eux appartiennent à la bourgeoisie libre-pensante bruxelloise ou sont franc-maçons<ref name=":1">{{Ouvrage|auteur1=Françoise Van Lierde|titre=La ligue belge du droit de la femme|passage=11-16|lieu=ULB|éditeur=Sextant, Revue du groupe interdisciplinaire d'Etude sur le femmes|année=|pages totales=10|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.[[Isabelle Gatti de Gamond]], créatrice du Cours d'Éducation pour jeunes filles, préside la section « Éducation » de la Ligue et [[Léonie La Fontaine]] préside celle chargée de la bienfaisance. Parmi les adhérents se trouvent [[Hector Denis]], recteur de l’[[Université libre de Bruxelles|Université Libre de Bruxelles]], qui permit à la Ligue d'être médiatisée, [[Isala Van Diest|Isala van Diest]], première femme belge médecin<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Eliane Gubin, Catherine Jacques, Valérie Piette et Jean Puissant|titre=Dictionnaire des femmes belges|passage=p. 180, 181, 252, 253, 254, 267, 268, 269, 353, 354, 355, 459, 460, 461, 556, 557.|lieu=Bruxelles|éditeur=Racine|année=2006|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>, et l'homme politique [[Henri La Fontaine]].
La priorité pour la ligue était d’abord économique et civile. En effet, tant que les femmes restaient sous la coupe de leur mari ou de leur patron, elles ne pourraient obtenir d’indépendance politique. [[Zoé de Gamond]] souligna d’ailleurs le lien important entre droit au travail et émancipation féminine. Louis Frank concentra alors le programme en trois points principaux : « abolir la puissance maritale et fonder le droit de la famille sur le principe de l’égalité entre les époux, concéder aux femmes le droit de faire un honnête usage de leurs facultés et rendre accessible à tous, sans distinction de sexe, les métiers, les emplois, les professions, les carrières industrielles et autres et enfin, reconnaître aux femmes une part d’intervention sans la gestion et le règlement des intérêts publics<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Pol Boël et Christiane Duchène|titre=Le féminisme en Belgique 1882-1914|passage=42|lieu=Bruxelles|éditeur=Conseil national des femmes belges|année=1955|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref> ».


La ligue belge du droit des femmes noue des contacts avec les féministes étrangères, notamment avec la Ligue française pour le droite des femmes et le [[Conseil international des femmes]]. Bien qu’ils entretiennent des liens étroits, la ligue ne peut pas y adhérer car elle ne répond pas aux critères exigés<ref name=":0" />.
Pour obtenir cette fameuse égalité économique, il fallait donc passer d’une part par une réforme du Code civil, mais aussi et surtout par l’accès à un enseignement de qualité pour toutes les femmes.


== Objectifs et revendications ==
Les très fortes tensions internes eurent rapidement raison de la bonne entente générale au sein de la ligue et de leur idéal apolitique.
A ses débuts, la ligue tient à rester apolitique<ref>{{Article |langue=Français |auteur1=Catherine Jacques |titre=Aperçu de féminisme belge (XIX-XXe s.) |périodique=Signes des temps |date=2013 |issn= |lire en ligne=http://paxchristiwb.be/publications/analyses/apercu-du-feminisme-belge-xix-xxe-s,0000469.html |pages=1-5 }}</ref>. Elle se veut transcendante, unificatrice et non clivante, pour toutes les femmes belges, peu importent leurs origines et leur milieu social. La ligue revendique avant tout l’émancipation des femmes, l'abolition de la puissance maritale, l'accessibilité sans distinction de sexe aux emplois, professions, carrière industrielles, leur participation à la vie intellectuelle et dans la gestion des intérêts publics, qu’elles soient femmes plus que jamais en étant pleinement conscientes de leurs devoirs<ref name=":1" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Suzanne Van Rokeghem, Jeane Vercheval-Vervoort, Jacqueline Aubenas|titre=Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830|passage=58|lieu=Bruxelles|éditeur=Luc Pire|année=2006|pages totales=|isbn=2-87415-523-3|lire en ligne=}}</ref>. Pour cela, la Ligue entend faire évoluer progressivement la société, par la voie juridique en instaurant l'égalité des hommes et des femmes devant la loi.


Dans un premier temps, la Ligue se mobilise autour de la reconnaissance du droit d'épargner et de témoigner, sur la protection de l'enfance et des jeunes filles, sur la reconnaissance de la recherche de paternité et sur l'admission des femmes dans les services administratifs et au [[barreau]]<ref name=":1" />, choisissant ainsi de différer les actions autour de l'autorité maritale et des droits politiques, jugées plus difficiles à obtenir. La priorité pour la ligue était d’abord économique et civile. En effet, tant que les femmes restaient sous la coupe de leur mari ou de leur patron, elles ne pourraient obtenir d’indépendance politique. [[Zoé de Gamond]] souligne d’ailleurs le lien important entre droit au travail et émancipation féminine. Louis Frank concentre alors le programme en trois points principaux : « abolir la puissance maritale et fonder le droit de la famille sur le principe de l’égalité entre les époux, concéder aux femmes le droit de faire un honnête usage de leurs facultés et rendre accessible à tous, sans distinction de sexe, les métiers, les emplois, les professions, les carrières industrielles et autres et enfin, reconnaître aux femmes une part d’intervention sans la gestion et le règlement des intérêts publics<ref>{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Pol Boël et Christiane Duchène|titre=Le féminisme en Belgique 1882-1914|passage=42|lieu=Bruxelles|éditeur=Conseil national des femmes belges|année=1955|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref> ». L'obtention de l'égalité rendait nécessaire de réformer le Code civil mais aussi d'assurer à toutes les femmes l'accès à un enseignement de qualité.
== Acteurs principaux ==
[[Marie Popelin]] est sans doute le personnage phare du mouvement. Féministe, le procès dans lequel elle fut engagée stimule son intérêt pour le combat du droit des femmes et la conduit à créer la Ligue belge du droit des femmes en 1892 où elle tiendra à ses débuts le rôle de secrétaire. Louis Frank, son avocat, a lui aussi joué un rôle majeur dans la Ligue et dans la question du féminisme en général. Ses différents travaux intéressent le public et stimulent l’intérêt pour le féminisme. C’est à lui que l’on doit, dû à son rôle de secrétaire général, la rédaction du programme et des statuts de la Ligue. Mais il ne s’exerca pas longtemps puisqu’en 1893, soit un an seulement après la création de la Ligue, Frank quitte son poste suite aux tensions qui animent le mouvement. Il sera remplacé par Henriette Houyoux durant deux ans, qui imposera un féminisme radical.


== Crise interne ==
[[Isabelle Gatti de Gamond]] a elle aussi marqué le féminisme en créant le Cours d’Éducation pour jeunes filles, véritable enseignement pour filles. C’est donc, assez logiquement, que lui reviendra la présidence de la section “Éducation” de la Ligue. Citons encore [[Hector Denis]], recteur de l’Université Libre de Bruxelles, qui permit à la Ligue de recevoir un relais dans l’espace public. Henri La Fontaine et sa sœur Léonie se montrèrent également très soucieux de la question féministe. C’est ainsi que Léonie occupa le poste de trésorière, puis de responsable de la section “Bienfaisance”. Enfin, Isala van Diest, première femme médecin et fervente féministe, adhère dès le début au mouvement<ref name=":2">{{Ouvrage|langue=Français|auteur1=Eliane Gubin, Catherine Jacques, Valérie Piette et Jean Puissant|titre=Dictionnaire des femmes belges|passage=p. 180, 181, 252, 253, 254, 267, 268, 269, 353, 354, 355, 459, 460, 461, 556, 557.|lieu=Bruxelles|éditeur=Racine|année=2006|pages totales=|isbn=|lire en ligne=}}</ref>.
La ligue belge du droit des femmes connaît rapidement une crise interne. Certains membres, dont Marie Popelin, trouvent que Louis Frank monopolise la direction en prenant des initiatives sans consulter l'avis des autres membres du comité de direction. Il soumet ses projets de loi dans toutes les sections de la Ligue et rédige seul tous les articles. Bien qu’ils avaient créé la ligue ensemble, Marie Popelin restait souvent dans l’ombre de son collaborateur. Les tensions éclatent lors de l'assemblée générale de novembre 1893. Louis Frank démissionne, ce qui donne une nouvelle cohésion à la Ligue, mais elle ne survit pas longtemps à cette séparation. Henriette Houyoux prend alors la place de Louis Frank et est nommée secrétaire générale de la Ligue. Elle tente d’accentuer l’action de la Ligue vers l’enseignement, ce qui déplait à Marie Popelin, qui tient au caractère revendicatif de celle-ci. De nouvelles tensions éclatent lors de l’assemblée générale de {{date-|novembre 1895}} entraînant le départ de plusieurs membres dont [[Isabelle Gatti de Gamond]]. La dissolution de la ligue est nette en 1899 lorsqu'[[Isabelle Gatti de Gamond]] rejoint le [[Parti ouvrier belge]]<ref name=":1" />{{Pourquoi||date=25 juin 2020}}.


== Conclusion ==
== Postérité ==
Si les réformes entreprises par la Ligue n’eurent pas un impact considérable sur l’opinion publique de l’époque, elles allaient à tout le moins, et pour toujours, ouvrir la question du féminisme et tenir compte des revendications des femmes. La Ligue a fait naître un nombre non négligeable de sociétés féministes après sa création<ref name=":1" />, comme le [[Conseil national des femmes belges]] (CNFB) dont Marie Popelin sera par ailleurs la présidente jusque 1913<ref name=":2" />, ou encore l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme et l'Union des femmes belges pour la paix, dirigée par Léonie La Fontaine<ref name=":0" />.
En posant la question du féminisme, l'action de la Ligue a fait naître d'autres sociétés féministes dont le [[Conseil national des femmes belges]], présidé par Marie Popelin jusqu'à sa mort en 1913<ref name=":2" />, et l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme et l'Union des femmes belges pour la paix, dirigée par Léonie La Fontaine<ref name=":0" />.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 25 juin 2020 à 19:45

Première revue de la Ligue belge du droit des femmes à l'occasion de l'Assemblée générale de 1893. AVG-Carhif, Bruxelles (Belgique) http://www.avg-carhif.be/cms/index.php

La ligue belge du droit des femmes est une association féministe belge crée le 27 novembre 1892. Il s'agit de la première association féministe de Belgique[1],[2].

Histoire

La ligue belge du droit des femmes a été créée à la suite de l'émoi suscité chez les progressistes belges par le refus des juridictions d'admettre Marie Popelin, première femme belge docteur en droit, à l'ordre des avocats[3],[4].

Avec son avocat, Louis Frank, Marie Popelin décide de réunir des fonds afin de créer la Ligue belge du droit des femmes, sur le modèle de la Ligue française pour le droit des femmes, avec laquelle elle entretiendra des liens étroits. Louis Frank en rédige le programme et les statuts, en conçoit l'organisation, qu'il dirige[4].

La première assemblée générale s’est organisée dans le grand auditoire de l’Université Libre de Bruxelles le 27 novembre 1892[3],[5]. En 1892, la ligue compte 300 membres. Beaucoup d’entre-eux appartiennent à la bourgeoisie libre-pensante bruxelloise ou sont franc-maçons[3].Isabelle Gatti de Gamond, créatrice du Cours d'Éducation pour jeunes filles, préside la section « Éducation » de la Ligue et Léonie La Fontaine préside celle chargée de la bienfaisance. Parmi les adhérents se trouvent Hector Denis, recteur de l’Université Libre de Bruxelles, qui permit à la Ligue d'être médiatisée, Isala van Diest, première femme belge médecin[6], et l'homme politique Henri La Fontaine.

La ligue belge du droit des femmes noue des contacts avec les féministes étrangères, notamment avec la Ligue française pour le droite des femmes et le Conseil international des femmes. Bien qu’ils entretiennent des liens étroits, la ligue ne peut pas y adhérer car elle ne répond pas aux critères exigés[4].

Objectifs et revendications

A ses débuts, la ligue tient à rester apolitique[7]. Elle se veut transcendante, unificatrice et non clivante, pour toutes les femmes belges, peu importent leurs origines et leur milieu social. La ligue revendique avant tout l’émancipation des femmes, l'abolition de la puissance maritale, l'accessibilité sans distinction de sexe aux emplois, professions, carrière industrielles, leur participation à la vie intellectuelle et dans la gestion des intérêts publics, qu’elles soient femmes plus que jamais en étant pleinement conscientes de leurs devoirs[3],[8]. Pour cela, la Ligue entend faire évoluer progressivement la société, par la voie juridique en instaurant l'égalité des hommes et des femmes devant la loi.

Dans un premier temps, la Ligue se mobilise autour de la reconnaissance du droit d'épargner et de témoigner, sur la protection de l'enfance et des jeunes filles, sur la reconnaissance de la recherche de paternité et sur l'admission des femmes dans les services administratifs et au barreau[3], choisissant ainsi de différer les actions autour de l'autorité maritale et des droits politiques, jugées plus difficiles à obtenir. La priorité pour la ligue était d’abord économique et civile. En effet, tant que les femmes restaient sous la coupe de leur mari ou de leur patron, elles ne pourraient obtenir d’indépendance politique. Zoé de Gamond souligne d’ailleurs le lien important entre droit au travail et émancipation féminine. Louis Frank concentre alors le programme en trois points principaux : « abolir la puissance maritale et fonder le droit de la famille sur le principe de l’égalité entre les époux, concéder aux femmes le droit de faire un honnête usage de leurs facultés et rendre accessible à tous, sans distinction de sexe, les métiers, les emplois, les professions, les carrières industrielles et autres et enfin, reconnaître aux femmes une part d’intervention sans la gestion et le règlement des intérêts publics[9] ». L'obtention de l'égalité rendait nécessaire de réformer le Code civil mais aussi d'assurer à toutes les femmes l'accès à un enseignement de qualité.

Crise interne

La ligue belge du droit des femmes connaît rapidement une crise interne. Certains membres, dont Marie Popelin, trouvent que Louis Frank monopolise la direction en prenant des initiatives sans consulter l'avis des autres membres du comité de direction. Il soumet ses projets de loi dans toutes les sections de la Ligue et rédige seul tous les articles. Bien qu’ils avaient créé la ligue ensemble, Marie Popelin restait souvent dans l’ombre de son collaborateur. Les tensions éclatent lors de l'assemblée générale de novembre 1893. Louis Frank démissionne, ce qui donne une nouvelle cohésion à la Ligue, mais elle ne survit pas longtemps à cette séparation. Henriette Houyoux prend alors la place de Louis Frank et est nommée secrétaire générale de la Ligue. Elle tente d’accentuer l’action de la Ligue vers l’enseignement, ce qui déplait à Marie Popelin, qui tient au caractère revendicatif de celle-ci. De nouvelles tensions éclatent lors de l’assemblée générale de entraînant le départ de plusieurs membres dont Isabelle Gatti de Gamond. La dissolution de la ligue est nette en 1899 lorsqu'Isabelle Gatti de Gamond rejoint le Parti ouvrier belge[3][pourquoi ?].

Postérité

En posant la question du féminisme, l'action de la Ligue a fait naître d'autres sociétés féministes dont le Conseil national des femmes belges, présidé par Marie Popelin jusqu'à sa mort en 1913[6], et l'Union des femmes belges contre l'alcoolisme et l'Union des femmes belges pour la paix, dirigée par Léonie La Fontaine[4].

Notes et références

  1. Pol Delfosse, Dictionnaire historique de la laïcité en Belgique, Belgique, Luc Pire, , 344 p., p. 191
  2. « Historique », sur CFFB, (consulté le )
  3. a b c d e et f Françoise Van Lierde, La ligue belge du droit de la femme, ULB, Sextant, Revue du groupe interdisciplinaire d'Etude sur le femmes, 10 p., p. 11-16
  4. a b c et d Catherine Jacques, Le féminisme en Belgique de la fin du 19ème siècle aux années 1970, Bruxelles, Courrier hebdomadaire du CRISP 2009/7, , 49 p., p. 8
  5. Louis Frank, Notre première assemblée générale, ULB, H. Lamertin, , 9 p., p. 1-6
  6. a et b Eliane Gubin, Catherine Jacques, Valérie Piette et Jean Puissant, Dictionnaire des femmes belges, Bruxelles, Racine, , p. 180, 181, 252, 253, 254, 267, 268, 269, 353, 354, 355, 459, 460, 461, 556, 557.
  7. Catherine Jacques, « Aperçu de féminisme belge (XIX-XXe s.) », Signes des temps,‎ , p. 1-5 (lire en ligne)
  8. Suzanne Van Rokeghem, Jeane Vercheval-Vervoort, Jacqueline Aubenas, Des femmes dans l'histoire en Belgique, depuis 1830, Bruxelles, Luc Pire, (ISBN 2-87415-523-3), p. 58
  9. Pol Boël et Christiane Duchène, Le féminisme en Belgique 1882-1914, Bruxelles, Conseil national des femmes belges, , p. 42

Liens externes

AVG-Carhif, Bruxelles (Belgique) http://www.avg-carhif.be/cms/index.php