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« Chaos Computer Club » : différence entre les versions

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== Événements réguliers ==
== Événements réguliers ==
[[Image:Ccc2003PirateTent.jpg|thumb|Tente au Chaos Communication Camp avec le drapeau dit ''Pesthörnchen'', détournement du ''Posthorn'' de la poste fédérale]]
[[Image:Ccc2003PirateTent.jpg|thumb|Tente au Chaos Communication Camp avec le drapeau dit ''Pesthörnchen'', détournement du ''Posthorn'' de la poste fédérale]]
Depuis {{date-|1984}}, le Chaos Computer Club organise un congrès annuel, le ''[[Chaos Communication Congress]]'' qui a lieu habituellement entre Noël et le jour de l'an à Berlin, Hambourg ou Leipzig<ref>{{Lien web|auteur=Amaelle Guiton|titre=Hackers : «Chacun de nous a des raisons différentes de douter»|url=https://www.liberation.fr/planete/2018/01/01/hackers-chacun-de-nous-a-des-raisons-differentes-de-douter_1619862/|site=[[Libération (journal)|Libération]]|date=1 janvier 2018|consulté le=3 février 2021}}.</ref>.
Depuis {{date-|1984}}, le Chaos Computer Club organise un congrès annuel, le ''[[Chaos Communication Congress]]'' qui a lieu habituellement entre Noël et le jour de l'an à Berlin, Hambourg ou Leipzig. Un slogan différent est donné à chaque congrès, à l'exception de celui tenu en {{date-|2013}}, l'année des [[révélations d'Edward Snowden]]<ref>{{Lien web|auteur=Amaelle Guiton|titre=Hackers : «Chacun de nous a des raisons différentes de douter»|url=https://www.liberation.fr/planete/2018/01/01/hackers-chacun-de-nous-a-des-raisons-differentes-de-douter_1619862/|site=[[Libération (journal)|Libération]]|date=1 janvier 2018|consulté le=3 février 2021}}.</ref>. Le projet Wikileaks est présenté par Julian Assange durant le Chaos Communication Congress de {{date-|2007}}<ref>{{Lien web|langue=en|auteur=John Borland|titre=Fight the Spies, Says Chaos Computer Club|url=https://www.wired.com/2013/12/fight-spies-says-chaos-computer-club/|site=[[Wired (magazine)|Wired]]|date=27 décembre 2013|consulté le=9 février 2021}}.</ref>.


Tous les quatre ans depuis {{date-|1999}}, le club organise également le ''[[Chaos Communication Camp]]''. Pendant du congrès annuel, le camp de {{unité|60|à=100000|m|2}} en plein air a pour objectif de {{citation|promouvoir les échanges entre les idées et les concepts techniques, sociaux et politiques afin de trouver de nouvelles manières de rendre ce monde un petit peu plus amical pour les êtres intelligents}}<ref>{{Lien web|auteur=Sabine Blanc|titre=Chaos Communication Camp 2011 : c’est le hack général !|url=http://owni.fr/2011/08/09/chaos-communication-camp-2011-cest-le-hack-general/index.html|site=[[OWNI]]|date=9 août 2011|consulté le=3 février 2021}}.</ref>.
Tous les quatre ans depuis {{date-|1999}}, le club organise également le ''[[Chaos Communication Camp]]''. Pendant du congrès annuel, le camp de {{unité|60|à=100000|m|2}} en plein air a pour objectif de {{citation|promouvoir les échanges entre les idées et les concepts techniques, sociaux et politiques afin de trouver de nouvelles manières de rendre ce monde un petit peu plus amical pour les êtres intelligents}}<ref>{{Lien web|auteur=Sabine Blanc|titre=Chaos Communication Camp 2011 : c’est le hack général !|url=http://owni.fr/2011/08/09/chaos-communication-camp-2011-cest-le-hack-general/index.html|site=[[OWNI]]|date=9 août 2011|consulté le=3 février 2021}}.</ref>.

Version du 9 février 2021 à 15:09

Chaos Computer Club
Kabelsalat le logo du CCC
Histoire
Fondation
Cadre
Typ
Forme juridique
Objectifs
Bildung (en), sécurité de l'information, liberté de l'information, freedom of communication (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Siège
Pays
Organisation
Membres
7 810 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Fondateurs
Wau Holland, Steffen Wernéry (d), Klaus Schleisiek (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Filiales
Chaos Computer Club Berlin (d), Chaos Computer Club Munich (d), Chaospott (d), Chaos Computer Club Dresden (d), Chaos Computer Club Veranstaltungsgesellschaft (d)Voir et modifier les données sur Wikidata
Chiffre d'affaires
443 956 ()Voir et modifier les données sur Wikidata
Seite web
(de) www.ccc.deVoir et modifier les données sur Wikidata
Identifiants
OpenCorporates

Le Chaos Computer Club, que l'on désigne souvent par le sigle CCC, est l'une des organisations de hackers les plus influentes en Europe. Le Club se décrit plus poétiquement en tant que communauté galactique des êtres de la vie, indépendante de l'âge, du sexe, de l'origine ethnique ou de l'orientation sociale, qui œuvre par delà les frontières pour la liberté d'information […].

Le Chaos Computer Club est principalement actif dans les pays germanophones mais les différents congrès qu'il organise depuis 1984 attirent des milliers de personnes à travers l'Europe et ailleurs dans le monde.

Un Chaos Computer Club France a vu le jour dans les années mais il ne s'agissait en réalité que d'un faux groupe de pirates informatiques monté par Jean-Bernard Condat pour le compte de la Direction de la Surveillance du territoire.

Buts et activités

Le Chaos Computer Club est une communauté mondiale, qui fait campagne pour la liberté de l'information et de la communication sans aucune censure – par n'importe quel gouvernement ou compagnie – et qui étudie autant les possibilités de la technologie que ses impacts sur la société et l'individu[1],[2].

Il est un organisme influent non seulement dans le milieu du « hacking » mais aussi auprès du gouvernement allemand, en agissant comme un contre-pouvoir sur les questions liées à la vie privée, la sécurité informatique ou la démocratie. Le député européen Jan Philipp Albrecht estime que « Le CCC a grandement contribué à la tenue d'un débat éclairé sur la cybersécurité et la gouvernance de l'internet en Allemagne »[1],[2].

Le CCC se considère comme étant une plate-forme de communication pour les pirates informatiques dits chapeaux blancs (white hats) et ceux qui veulent le devenir. Ces buts sont énoncés dans le préambule de la constitution du club et sont mis en application dans beaucoup de projets par des membres et des amis du club. Il diffuse les résultats de ses investigations par l'intermédiaire d'une variété de canaux de médias et aux événements publics, aux réunions et aux discussions politiques[2].

Les activités et la philosophie du Chaos Computer Club reposent sur les principes énoncés en par Steven Levy dans son livre L'Éthique des hackers, auxquels le club ajoute les deux dernières lignes[3],[4] :

  1. L'accès aux ordinateurs — ainsi que tout ce qui peut vous apprendre quelque chose sur le fonctionnement du monde — doit être illimité et total.
  2. Toute information devrait être libre.
  3. Se méfier de l'autorité — encourager la décentralisation.
  4. Les hackers devraient être jugés par leurs actes, et non selon de faux critères comme l'apparence, l'âge, la race, le genre ou le rang social.
  5. On peut créer l'art et le beau à l'aide d'un ordinateur.
  6. Les ordinateurs peuvent changer votre vie pour le meilleur.
  7. Ne fouillez pas dans les données d'autres personnes.
  8. Utilisez les données publiques, protégez les données privées.

Sans représenter des règles strictes, ces principes offrent des lignes directrices aux membres du CCC. Ainsi, lorsque Hans Hübner (Pengo), un des protagoniste de l'affaire du « KGB Hack » (voir le chapitre Piratage du KGB) déclare après coup[4] :

« Pour moi, pirater des ordinateurs étrangers était déterminé et guidé par le plaisir et la fascination. Quand je le faisais, je ne me posais aucune question sur l’éthique hacker [...] La fascination pour la technologie a mené plus ou moins automatiquement à une fascination pour le pouvoir. »

Wau Holland répond alors[4] :

« [...] Le Chaos Computer Club n’est pas juste un groupe de techno-freaks. Dès le début, nous avons réfléchi aux conséquences sociales de la technologie, et je crois que notre force vient en partie de nos normes morales. […] Nous acceptons la fascination, mais être fasciné, c’est être enchaîné. Quiconque est fasciné est asservi : voilà où est la limite. Chacun doit affronter la question : Qu’est-ce que je fais, au juste ? »

Histoire

Le dans un article du Die Tageszeitung, Wau Holland fait part de sa crainte de voir les entreprises et les autorités abuser de leurs pouvoirs grâce à l'émergence de l'informatique. Il note cependant la nécessité de permettre à un grand nombre de personnes d'accéder plus facilement à ce medium naissant. Selon lui, les ordinateurs peuvent donner du pouvoir au peuple et être utilisés en faveur des droits de l'homme en rendant les choses plus transparentes. Dans son article, intitulé « Faites quelque chose », Waw Holland appelle les experts en informatique à une réunion le à Berlin. Deux douzaines de personnes participent cet évènement qui peut être considéré comme la première réunion du Chaos Computer Club. Deux ans plus tard, Holland rencontre Steffen Wernéry lors d'une autre réunion tenue dans une librairie de Hambourg qui attire une poignée de personne[3],[5],[1].

Le Chaos Computer Club est établi de façon formelle en alors qu'il publie le premier numéro de son magazine Die Datenschleuder et organise le premier Chaos Communication Congress attirant environ une centaine de personnes[1],[3].

Cette même année, le CCC devient mondialement célèbre lorsque Wau Holland et Steffen Wernéry attaquent le Bildschirmtext, un système Vidéotex similaire au Minitel, réussissant à pénétrer une banque locale et à détourner plus de 134 000 DM (48 000 dollars de l'époque) sur son compte bancaire. L'argent sera retourné le lendemain[6],[2].

En , Andy Müller-Maguhn étend la base du club, traditionnellement située à Hambourg, en ouvrant une section locale à Berlin qui attire de nombreux « hackers » de l'ex-RDA. Ces derniers apportent au CCC une nouvelle dynamique ainsi que leur expérience sur les techniques utilisées par un régime autoritaire pour destabiliser des groupes[1],[3].

En , Rena Tangens et Barbara Thoens créent Haecksen (un jeu de mots relatif à « Hexen », qui signifie Sorcières), une association de femmes issues du Chaos Computer Club[7],[8],[9].

Au milieu des années , le Chaos Computer Club joue un rôle important dans l'émergence des fab lab aux États-Unis, les hackers américains n'ayant jusqu'alors pas de lieux adaptés ni pour se rencontrer, hormis dans leur résidence, à l'école ou à l'université, ni pour se rassembler et se rendre visibles vis-à-vis de leur communauté. Une association est alors créée, la Hacker Fondation. Deux ans plus tard, en , une délégation de 40 américains, les « Hackers on a Plane » (dont font partie Mitch Altman et Bre Pettis (en)) installe sa tente au Chaos Communication Camp. Ils font ensuite une tournée des hackerspaces d'Allemagne et d'Autriche afin de comprendre leur fonctionnement et de ramener l'idée aux États-Unis. Le voyage se termine au 24e Chaos Communication Congress en où les fondateurs du CCC de Cologne et Düsseldorf leur apprennent tout ce qu'ils savent sur la gestion d'un hackerspace. L'année suivante, les hackerspaces comme Noisebridge, HacDC (en) ou NYC Resistor (en) ouvrent leurs portes et huit ans plus tard, la Hacker Fondation en fédère plus de 400 aux États-Unis et plus de 1200 sur la planète[10],[11].

Constitué au milieu des années par environ 150 personnes, le Chaos Computer Club rassemble aujourd'hui plusieurs milliers de membres, une trentaine de sections locales en Allemagne et d'autres dans le monde[12],[1],[2].

Événements réguliers

Tente au Chaos Communication Camp avec le drapeau dit Pesthörnchen, détournement du Posthorn de la poste fédérale

Depuis , le Chaos Computer Club organise un congrès annuel, le Chaos Communication Congress qui a lieu habituellement entre Noël et le jour de l'an à Berlin, Hambourg ou Leipzig. Un slogan différent est donné à chaque congrès, à l'exception de celui tenu en , l'année des révélations d'Edward Snowden[13]. Le projet Wikileaks est présenté par Julian Assange durant le Chaos Communication Congress de [14].

Tous les quatre ans depuis , le club organise également le Chaos Communication Camp. Pendant du congrès annuel, le camp de 60 à 100 000 m2 en plein air a pour objectif de « promouvoir les échanges entre les idées et les concepts techniques, sociaux et politiques afin de trouver de nouvelles manières de rendre ce monde un petit peu plus amical pour les êtres intelligents »[15].

Actions notoires

Piratage du BTX

En , le Chaos Computer Club prévient la Deutsche Bundespost que son système Bildschirmtext (BTX) comporte une faille de sécurité mais la mise en garde est ignorée par la poste allemande. Wau Holland et Steffen Wernéry découvrent en effet qu'un défaut dans le système d'édition des pages révèle en clair les codes d'accès du réseau télématique de la caisse d'épargne de Hambourg (de)[6],[2].

Afin de sensibiliser l'opinion publique de la piètre sécurité du BTX (à ce titre, une cible privilégiée des hackers de l'époque), les deux hommes organisent le piratage du serveur de la banque (en). La facturation reposant sur le principe de paiement à la demande (9,97 deutsche mark), ils font en sorte que le BTX de l'institution appelle celui du CCC de façon récurente durant toute la nuit du 16 au . Afin de marquer les esprits, l'idée est que la somme dérobée atteigne 100 000 DM, soit un montant dix fois supérieur à ce que peut rapporter un bracage de banque. Ils récolteront 134 694,70 deutsche mark[6].

« Nous avons démarré le truc chez Steffen dans sa piaule, puis je suis allé chez moi. Steffen a dormi sur place, et je sais qu'il a merveilleusement bien dormi parce que le relais faisait toujours « clac-clac, clac-clac », et il savait que deux fois clac-clac signifiait 9 marks 97 »[6]

Le lundi, une conférence de presse est convoquée et l'argent restitué en direct devant les caméras. Le Chaos Computer Club force ainsi la Deutsche Bundespost à colmater les failles de sécurité du BTX tout en se faisant connaitre auprès du grand public grâce à ce piratage aujourd'hui devenu légendaire[6].

R2D2

En , lorsque l'avocat Patrick Schladt consulte les preuves présentées contre un de ses clients, il suspecte que l'ordinateur de celui-ci soit la cible d'un cheval de Troie placé par les autorités allemandes, et demande au Chaos Computer Club d'analyser le disque dur de la machine[16].

Le CCC découvre effectivement le logiciel espion qui aurait été installé dans l'ordinateur lors d'un contrôle aux douanes à l'aéroport de Munich. En plus d'enregistrer les communications VoIP et les frappes au clavier, le cheval de Troie est capable de prendre des captures d'écran, d'activer le microphone, la caméra et d'installer d'autres logiciels. Piloté via un serveur situé aux États-Unis, les données envoyées par le logiciel sont insuffisamment chiffrées et celles qu'il reçoit ne le sont pas du tout, permettant ainsi à un tiers d'en prendre le contrôle, ce que le CCC parvient à faire en fabriquant son propre terminal de contrôle. Baptisé 0zapftis ou Bundestrojaner, mais plus souvent R2D2 car figurant dans une chaîne de caractères trouvée dans son code source, le Frankfurter Allgemeine Sonntagszeitung publie une partie de celui-ci dans cinq des pages du journal[16],[17],[18].

Selon le Chaos Computer Club, ce cheval de Troie, de part ces caractéristiques, enfreint les lois du pays. Si le recours à un logiciel espion par les autorités n'est en soi pas prohibé, son utilisation est strictement encadrée par le jugement de la cour constitutionnelle allemande du  : un tel dispositif ne devant être mis en place que dans le cas de circonstances exceptionnelles constatées par un juge et ne doit en aucun cas pouvoir prendre le contrôle du système informatique visé afin de ne pas porter atteinte à l'intégrité de la preuve. Le jugement de la cour oblige également que soit préservé le « noyau dur » de la vie privée (les sentiments ou les relations intimes)[17].

Alors que l'affaire provoque une vague d'indignation de tout le spectre politique et des médias, le ministre de l'Intérieur Hans-Peter Friedrich appelle les Länder à suspendre l'utilisation de logiciels espions, le temps de vérifier leur conformité à la constitution[18].

Élections

En , le Chaos Computer Club affirme que les machines à voter devant être utilisées en Allemagne sont si faciles à manipuler qu'elles peuvent être reprogrammées pour jouer aux échecs. Le constructeur des ordinateurs de vote met alors le club au défi d'y parvenir. Un mois plus tard, les machines jouent aux échecs. Les membres du CCC admettent toutefois « qu'elles n'y jouent pas très bien ». En conséquence, le Tribunal constitutionnel fédéral interdit l'utilisation de machines à voter, citant dans sa décision la démonstration effectuée par le club[2].

En , le CCC dénonce l'existence de nombreuses failles de sécurité dans PC-Wahl, le logiciel de comptage des votes. Selon le club, les « principes élémentaires de sécurité informatique ne sont pas respectés » au point qu'il est possible de modifier le décompte des voix. Il estime que ces logiciels sont de nature à miner la confiance des électeurs car d'autres produits concurrents présentent eux aussi des vulnérabilités[19].

Biométrie

À plusieurs reprises, le Chaos Computer Club démontre qu'il est possible de déjouer les systèmes de contrôle biométriques.

En , alors que l'Allemagne met en place l’insertion des empreintes digitales dans les passeports, le CCC publie dans son magazine tiré à 4 000 exemplaires, les empreintes d'un doigt de Wolfgang Schäuble, ministre de l'Intérieur et promoteur de la mesure. Collectée sur un verre d'eau utilisé par le ministre durant une visite à l'université de Humboldt, les empreintes sont imprimées sur un film de caoutchouc souple, permettant ainsi aux lecteurs du magazine de les laisser où bon leur semble. Il n'a pas été possible de vérifier si l'empreinte de Wolfgang Schäuble pouvait tromper un ordinateur, mais deux douzaines de lecteurs ainsi que Jan Krissler (Starbug), le hackeur à l'origine de la démonstration, ont pu tester la méthode sur eux-mêmes avec succès[20],[21].

En , Jan Krissler annonce avoir réussi à contourner le Touch ID, le lecteur d'empreintes digitales du nouvel iPhone 5S. Le procédé est plutôt laborieux car il nécessite, entre-autres étapes complexes, de mouler une empreinte précise en latex à partir d'une numérisation en haute définition. Toutefois, la démonstration implique que la technologie du lecteur d'empreintes ne soit pas basée sur l'analyse en profondeur des vaisseaux sanguins comme le prétend Apple à l'époque[22].

L'année suivante, durant le 31e Chaos Communication Congress, Krissler réitère la démonstration. Plutôt que de collecter des empreintes laissées sur une surface, il utilise cette fois des images. À partir de photographies de presse disponibles publiquement, il parvient à fabriquer un clone des empreintes digitales d'un pouce de Ursula von der Leyen, alors ministre de la Défense du gouvernement allemand[23].

Durant le 35econgrès du CCC en , il présente, avec Julian Albrecht, une méthode pour tromper les systèmes de reconnaissance veineuse (présentés comme plus sûr que les systèmes basés sur les empreintes digitales). Le procédé consiste à photographier une main à l'aide d'un appareil dont le filtre à rayons infrarouges est enlevé, puis imprimer l'image et l'appliquer sur de la cire d'abeille afin de reproduire la texture de la peau humaine. Albrecht et Krissler ont testé cette méthode avec succès sur les systèmes Fujitsu PalmSecure et Hitachi VeinID, les plus vendus au monde[24].

Piratage du KGB

Le piratage du KGB – comprendre « par » le KGB – (en anglais comme en allemand, KGB Hack (de)) est une affaire de cyberespionnage (en) qui implique involontairement et indirectement le Chaos Computer Club.

En , Karl Koch se rend au Chaos Communication Congress dans le but d'entrer en contact avec Hans Hübner (de) et le groupe « VAXBusters » qui participent au congrès. Ce groupe de hackers, spécialiste des intrusions dans le réseau du Bildschirmtext (BTX), a aidé le CCC lors du célèbre piratage d'une banque de Hambourg l'année précédente[12].

Bien qu'aucun des pirates en question ne soit membre du Chaos Computer Club, les services de renseignements perçoivent les deux groupes comme étant une seule entité. C'est le cas notamment lorsqu'à l'automne , le service de renseignement allemand perquisitionne et arrête plusieurs membres du club à la demande des services français qui ne font pas la distinction entre les « VAXBusters » et le CCC[12].

En , l'équipe formée par Hans Hübner (Pengo), Peter Kahl, Dirk Brescinsky, Markus Hess et menée par Karl Koch, est arrêtée pour avoir piraté des ordinateurs américains et européens au profit du KGB[12],[25].

Dans ce contexte et alors que les liens entre le CCC et le groupe de Karl Koch sont pourtant ténus, voir inexistants au regard de cet évènement, l'affaire fait les titres des journaux au niveau international et affaiblit grandement l'image du Chaos Computer Club dans l'opinion publique au point de menacer son existence même[3],[26].

Personnalités notoires

Boris Floricic dit « Tron » est considéré par ses pairs comme un hacker très talentueux. Il clone les cartes téléphoniques allemandes et pirate les décodeurs numériques de télévisions payantes. Son mémoire de thèse porte sur son prototype (fonctionnel) de téléphone RNIS pouvant chiffrer de lui-même les communications. En , il est retrouvé pendue dans un parc de Berlin. L'enquête conclue à un suicide mais sa famille et plusieurs membres du Chaos Computer Club, dont le porte-parole du club Andy Mueller-Maguhn, ne croient pas à cette conclusion[27],[28].

Wau Holland, cofondateur du Chaos Computer Club meurt en . À partir de la fin des années , son compère Steffen Wernéry s'éloigne du monde des ordinateurs, qu'il juge épuisant, pour s'adonner à sa passion du crochetage de serrure. Il cofonde Sportsfreunde der Sperrtechnik Deutschland e.V.(SSDeV), la première association sportive de crochetage de serrures au monde et donne des cours très prisés de cette activité durant les congrès du CCC[29],[30],[31].

Andy Müller-Maguhn est membre du Chaos Computer Club depuis et nommé porte-parole en . En , il est l'un des cinq membres élus au comité directeur de l'ICANN. Il est aussi cofondateur de l'ONG European Digital Rights (en) et dirigeant de Cryptophones, une entreprise qui développe des téléphones mobiles chiffrés. En tant que président de la Fondation Wau-Holland (en), Müller-Maguhn visite régulièrement Julian Assange alors réfugié à l'ambassade de l'Équateur à Londres. À ce titre, il est désigné comme étant une « cible prioritaire » par David Morales de UC Global qui, tout en offrant un service de sécurité à l'ambassade, espionne illégalement les visiteurs de Assange (pour ses faits, l'entreprise est traduite devant la justice espagnole en )[32],[33],[34],[35].

Linus Neumann (de) est un hacker porte parole du Chaos Computer Club mais aussi blogueur, cyberactiviste, psychologue et anarchiste. Ancien journaliste à netzpolitik.org (de), il milite pour la neutralité du Net et témoigne de nombreuses fois devant le parlement allemand sur les questions reliées à la démocratie et au numérique[36],[37],[2].

Tim Pritlove (de), de nationalité britannique, est né en Allemagne en . Entre et il est le principal organisateur des congrès du Chaos Computer Club. Podcasteur et artiste, il transforme la façade d'un immeuble abandonné du centre de Berlin en écran géant afin de souligner le 20e anniversaire du CCC en . Baptisée Blinkenlights, les passants peuvent y afficher des images à l'aide de leurs téléphones portables. L'opération est réitérée l'année suivante sous le nom de Arcade sur la tour 2 de la Bibliothèque nationale de France où, sur une surface de 3 370 m2, les passants peuvent jouer à des jeux comme Tetris ou Pacman[38],[39].

Daniel Domscheit-Berg est porte-parole de Wikileaks jusqu'en , date à laquelle il quitte l'organisation avec fracas en emportant plusieurs milliers de documents et décide de monter son propre projet OpenLeaks. Durant le Chaos Computer Camp de l'été , il demande aux hackers de tester la fiabilité de sa plate-forme, provoquant la colère du conseil d'administration du CCC qui ne veut pas que le club soit perçu comme un organisme de certification. Par ailleurs, Andy Müller-Maguhn (porte-parole du club) tente durant onze mois de jouer le rôle d'intermédiaire entre Assange et Domscheit-Berg afin que ce dernier rende les documents à Wikileaks, sans succès. Dans ce contexte, le conseil d'administration du CCC décide d'exclure Domscheit-Berg du club, mais la mesure étant jugée exagérée par de nombreux membres, il est finalement réhabilité durant une session extraordinaire en , ce qui conduit à la démission de Andy Müller-Maguhn[40],[41],[42].

Constanze Kurz (de), porte-parole du Chaos Computer Club, elle est informaticienne spécialisée dans les technologies de surveillance. Née à Berlin-Est en , Kurz est chef de projet à l'Université des sciences appliquées de Berlin jusqu'en . Elle est nommée en tant qu'experte auprès de la cour constitutionnelle fédérale lors de la procédure de recours contre la rétention de données et à la commission parlementaire spéciale « internet et la société numérique »[43],[44],[45].

Notes et références

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  2. a b c d e f g et h (en) Vernon Silver, « The Hackers Russia-Proofing Germany’s Elections », sur Bloomberg Businessweek, (consulté le ).
  3. a b c d et e (en) Jose Miguel Calatayud, « Chaos Computer Club: how did computer ‘freaks’ in Germany come together? », sur Political Critique, (consulté le )
  4. a b et c Amaelle Guiton, « À Hambourg, une myriade de hackers en Chaos, débats — et riposte », sur techn0polis.net, (consulté le ).
  5. (en) Steve Kettmann, « Tribute to Hippie Hacker Holland », sur Wired, (consulté le ).
  6. a b c d et e Annabelle Georgen, « Il y a 30 ans, le Chaos Computer Club entrait dans la légende en hackant le minitel allemand », sur Slate.fr, (consulté le ).
  7. (en) Steve Kettmann, « CCC Women Were Odd Men Out », sur Wired, (consulté le ).
  8. (de) Kristina Debelius, « Die Häcksen des Cyberspace », sur Der Spiegel, (consulté le )
  9. (de) « Die Haecksen vom CCC », sur infotechnica.de, (consulté le ).
  10. (en) Elliot Williams, « Hackers And Heroes: Rise Of The CCC And Hackerspaces », sur Hackaday, (consulté le ).
  11. John Borland, « "Hacker space" movement sought for U.S. », sur Wired, (consulté le ).
  12. a b c et d (en) Mark Yanalitis, The Impact of Project RAHAB and the ChaosComputing Congresses (CCC) on the Future of Computer-Network : Mediated Espionage: Cuckoo’s Egg Prequel or Perfect Storm?, AFCEA (en), , 37 p. (présentation en ligne, lire en ligne [PDF]).
  13. Amaelle Guiton, « Hackers : «Chacun de nous a des raisons différentes de douter» », sur Libération, (consulté le ).
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  20. (en) Dan Goodin, « Get your German interior minister's fingerprint here », sur The Register, (consulté le ).
  21. « Des pirates publient l'empreinte digitale d'un ministre », sur Le Vif/L'Express, (consulté le ).
  22. Mathieu M., « iPhone 5S : la reconnaissance digitale déjà piratée par les hackers », sur generation-nt.com, (consulté le ).
  23. Marc Zaffagni, « Des empreintes digitales copiées à partir de photos numériques », sur Futura, (consulté le ).
  24. Gilbert Kallenborn, « Des hackers ont cassé l’authentification par reconnaissance veineuse », sur 01net, (consulté le ).
  25. « Phrack Magazine : Phrack World News XXV/Part 2 », sur Phrack, (consulté le ).
  26. Joseph Cox, « Chaos Communication Congress: A Very German Hacking Conference », sur Vice, (consulté le ).
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  31. (de) Ben Schwan, « Wir sind nicht die Helfer der Schlossindustrie » [« Nous ne sommes pas les aides de l'industrie des serrures »], sur Heinz Heise (de), (consulté le ).
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  35. (en) Bill Goodwin, « Spanish court to question witnesses over ‘illegal surveillance’ of WikiLeaks founder Julian Assange », sur Computer Weekly (en), (consulté le ).
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  41. (en) Marcel Rosenbach, « Top German Hacker Slams OpenLeaks Founder », sur Der Spiegel, (consulté le ).
  42. (de) Meike Laaff, « Domscheit-Berg zurück im Club » [« Domscheit-Berg de retour au club »], sur Die Tageszeitung, (consulté le ).
  43. (de) « Rotary Magazin Autor: Constanze Kurz », sur Rotary International.
  44. (en) « Talking Germany - Constanze Kurz, Author and Hacker », sur Deutsche Welle (consulté le ).
  45. (en) « Dr. Constanze Kurz - book as speaker - Speaker Agency londonspeakerbureau.de », sur londonspeakerbureau.de (consulté le ).

Annexes

Articles connexes

Bibliographie

  • Daniel Kulla : Der Phrasenprüfer. Szenen aus dem Leben von Wau Holland, Mitbegründer des Chaos Computer Clubs (Scènes de vie de Wau Holland, cofondateur du CCC), Löhrbach , (ISBN 3-922708-25-0)

Liens externes

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