Aller au contenu

« Temple d'Héra à Olympie » : différence entre les versions

Un article de Wikipédia, l'encyclopédie libre.
Contenu supprimé Contenu ajouté
m bot [0.9] 📗 Amélioration bibliographique 8x : wikif, distinction auteurs 🧠...
Iolchos07 (discuter | contributions)
Infobox + dvlt § Architecture + image fouilles + ref + mef (biblio, notes et références)
Ligne 1 : Ligne 1 :
{{Infobox Monument de la Grèce antique
[[Fichier:Olympia - Temple of Hera 3.jpg|vignette|Ruines du temple d'Héra qui ont fait l'objet d'une restauration partielle avec l'érection de quatre [[Colonne (architecture)|colonnes]].]]
| nom = Temple d'Héra à Olympie
| image = Olympia - Temple of Hera 3.jpg
| taille image =
| légende = Ruines du temple d'Héra ayant fait l'objet d'une restauration partielle avec l'[[anastylose]] de quatre [[Colonne (architecture)|colonnes]].
| pays = {{Grèce}}
| ville = [[Olympie]]
| musée =
| latitude = 37.6388
| longitude = 21.6298
| nomplan =
| légende2 =
| nomplanalt = Plan Olympia sanctuary-fr.svg
| légende3 = Le temple, au nord, correspond au n°4 (violet).
| nomplanext =
| légende4 =
| lieu construction = Au nord du sanctuaire d'Olympie
| date construction = Vers 590 av. J.-C
| constructeur =
| artiste =
| type = [[Temple grec]]
| hauteur =
| longueur = {{unité|50,01|m}}
| largeur = {{unité|18,76|m}}
| dimensions externes =
| dimensions arène =
| capacité =
| protection =
| géolocalisation = Grèce
}}


Le '''temple d'Héra à Olympie''', appelé aussi '''Héraion''', est un [[temple grec]] de l'[[époque archaïque]] érigé vers 590 av. J.-C. Situé dans la zone septentrionale, la plus sacrée de l'[[Altis]] (le « [[bois sacré]] » entouré d'un [[péribole]]), ce petit temple côtoie le [[Métrôon]] (temple de [[Cybèle]]), tandis que [[Temple de Zeus à Olympie|celui de Zeus]] est cantonné au sud. Les temples d'Héra et de Zeus se contentent d'encadrer le vieil autel de cendres, qui est toujours demeuré le fondement du culte dans le sanctuaire d'[[Olympie]]<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[Marie-Christine Hellmann]]|titre=L'architecture grecque|éditeur=Picard|année=2006|passage=193|isbn=}}.</ref>.
Le '''temple d'Héra à Olympie''', appelé aussi '''Héraion''', est un [[temple grec]] de l'[[époque archaïque]] érigé vers 590 av. J.-C. Situé dans la zone septentrionale, la plus sacrée de l'[[Altis]] (le « [[bois sacré]] » entouré d'un [[péribole]]), ce petit temple côtoie le [[Métrôon]] (temple de [[Cybèle]]), tandis que [[Temple de Zeus à Olympie|celui de Zeus]] est cantonné au sud. Les temples d'[[Héra]] et de [[Zeus]] se contentent d'encadrer le vieil autel de cendres, qui est toujours demeuré le fondement du culte dans le sanctuaire d'[[Olympie]]{{sfn|Marie-Christine Hellmann|2006}}.

[[Fichier:Plan Olympia sanctuary-fr.svg|vignette|Plan du sanctuaire : 4. Héraion ; 7. Métrôon ; 15. Temple de Zeus ; 16. Autel de Zeus.]]


== Historique ==
== Historique ==
[[Fichier:Curtius Olympia 3 t 02.jpg|vignette|gauche|Fouilles du temple (1877-1878) vues depuis l'est.]]
Le temple d'Héra à [[Olympie]], utilisé aussi à l'origine pour le culte de [[Zeus]], est probablement le premier édifice [[Ordre dorique|dorique]] connu du [[Péloponnèse]]. Il est construit vers 590 av. J.-C. à l'initiative des habitants de [[Scillonte]], [[Polis|cité]] voisine et alliée de [[Pise (Élide)|Pise]]. Il remplace probablement un temple de Zeus érigé quelques décennies auparavant et a peut-être été financé par le butin amassé par les [[Élis|Éléens]] dans leurs guerres contre Pise et la région de [[Triphylie]] passée sous leur contrôle<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Nikolaos Gialourēs, Spyros Meletzēs, Helenē A. Papadakē|titre=Olympia. Altis and museum|éditeur=Schnell & Steiner|année=1972|passage=5|isbn=}}.</ref>. L'écrivain grec [[Pausanias le Périégète|Pausanias]] qui a visité le sanctuaire en 176 ap. J.-C. en donne un historique et des détails architecturaux dans sa ''Description de la Grèce'' : il précise que les colonnes en bois de chêne à l'origine ont été
Le temple d'Héra à Olympie, utilisé aussi à l'origine pour le culte de Zeus{{sfn|Philip Sapirstein|2016|p=565}}, est probablement le premier édifice [[Ordre dorique|dorique]] connu du [[Péloponnèse]] et l'un des premiers du monde grec{{sfn|Philip Sapirstein|2016|p=566}}. Il est construit vers 590 av. J.-C. à l'initiative des habitants de [[Scillonte]], [[Polis|cité]] voisine et alliée de [[Pise (Élide)|Pise]]. Il remplace probablement un temple de Zeus érigé quelques décennies auparavant, bien que cette hypothèse soit contestée par certains archéologues{{sfn|Philip Sapirstein|2016}}, et a peut-être été financé par le butin amassé par les [[Élis|Éléens]] dans leurs guerres contre Pise et la région de [[Triphylie]] passée sous leur contrôle<ref>{{Ouvrage|langue=anglais|auteur1=Nikolaos Gialouris|auteur2=Spyros Meletzis|auteur3=Heleni Papadaki|titre=Olympia. Altis and museum|passage=5|lieu=Munich|éditeur=Schnell & Steiner|date=1972|pages totales=112|isbn=9783795405847}}</ref>.
progressivement remplacées par des colonnes de pierre à mesure de leur dégradation ; le soubassement et les [[orthostate]]s constituant la partie inférieure des murs sont en calcaire coquillier local, le haut des murs est en briques crues ; la majeure partie de l'[[entablement]] est en bois ; le toit de tuiles s'appuie sur des [[Fronton (architecture)|frontons]] sculptés (il subsiste de leur décor des fragments, notamment d'un grand sphinx), surmontés d'un grand [[acrotère]] discoïde en terre cuite<ref name="Carbonnières">{{Ouvrage|auteur1=Philippe de Carbonnières|titre=Olympie. La victoire pour les dieux|éditeur=[[CNRS Éditions]]|année=2005|passage=18|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|ypULCwAAQBAJ}}}}.</ref>.


Il est détruit au début du {{s-|IV}} par un séisme mais l'autel consacré à la déesse devant le temple sert encore pour l'allumage de la [[flamme olympique]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Epimetheus Christer Hiram|titre=Temple of Hera, Olympia|éditeur=Placpublishing|année=2012|passage=7|isbn=}}.</ref>.
Il est détruit au début du {{s-|IV}} par un séisme mais l'autel consacré à la déesse devant le temple sert encore pour l'allumage de la [[flamme olympique]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Epimetheus Christer Hiram|titre=Temple of Hera, Olympia|éditeur=Placpublishing|année=2012|passage=7|isbn=}}.</ref>.


[[Ernst Curtius]] obtient en [[1874]] du gouvernement grec des droits de fouilles exclusifs pour l'[[Institut archéologique allemand]] sur le site d'Olympie. Trois ans plus tard, il met au jour dans les ruines du temple d'Héra la statue grecque ''[[Hermès portant Dionysos enfant]]''. Les études du temple d'Héra et de Zeus sont plus particulièrement confiées en 1878 à son collègue [[Wilhelm Dörpfeld]] qui exhume leurs fondations, leurs colonnes et d'autres vestiges de l'élévation des murs<ref>Marie-Christine Hellmann, {{opcit}}, p. 20</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nevio Degrassi|auteur2=Cesare Saletti|titre=Le grand atlas de la Grèce antique|éditeur=[[Glénat]]|année=2001|passage=104|isbn=}}.</ref>.
[[Ernst Curtius]] obtient en [[1874]] du gouvernement grec des droits de fouilles exclusifs pour l'[[Institut archéologique allemand]] sur le site d'Olympie. Trois ans plus tard, il met au jour dans les ruines du temple d'Héra la statue grecque ''[[Hermès portant Dionysos enfant]]''. Les études du temple d'Héra et de Zeus sont plus particulièrement confiées en 1878 à son collègue [[Wilhelm Dörpfeld]] qui exhume leurs fondations, leurs colonnes et d'autres vestiges de l'élévation des murs{{sfn|Marie-Christine Hellmann|2006|p=20}}{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Nevio Degrassi|auteur2=Cesare Saletti|et al.=oui|titre=Le grand atlas de la Grèce antique|passage=104|lieu=Paris|éditeur=Glénat|collection=Le Grand atlas|date=2001|pages totales=408|isbn=978-2723436588}}</ref>.


== Architecture ==
== Architecture ==
[[Fichier:Plan of the Heraeum.png|vignette|upright=0.5|Plan du temple : A. [[péristyle]] ; B. [[pronaos]] ; C. [[naos]] ; D. [[opisthodome]] ; E. base de la [[Hermès portant Dionysos enfant|statue d'Hermès]].]]
[[Fichier:Plan of the Heraeum.png|vignette|upright=0.5|gauche|<small>Plan du temple :<br>A. [[péristyle]]<br>B. [[pronaos]]<br>C. [[naos]]<br>D. [[opisthodome]]<br>E. base de la [[Hermès portant Dionysos enfant|statue d'Hermès]].</small>]]

{{...}}
L'édifice est un temple [[dorique]] [[périptère]] (6 [[Colonne (architecture)|colonnes]] sur les façades, 16 sur les longs côtés, hautes de {{Unité|5.40 m}}) de dimension moyenne ({{Unité|18.76 m}} de large pour {{Unité|50.01 m}} de long pour un [[naos]] tripartite de {{Unité|8.34 m}} sur {{Unité|27.82 m}}). Pour lui donner quelque solennité, l'architecte l'a habillé d'un [[opisthodome]] [[distyle]] ''[[Anta (architecture)|in antis]]'', symétrique du [[pronaos]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Carmelo G. Malacrino|titre=Constructing the Ancient World. Architectural Techniques of the Greeks and Romans|éditeur=Getty Publications|année=2010|passage=91|isbn=|lire en ligne={{Google Livres|5Gfk34wJ8-kC}}}}.</ref>.
L'édifice est un temple [[dorique]] [[périptère]] (6 [[Colonne (architecture)|colonnes]] sur les façades, 16 sur les longs côtés, hautes de {{Unité|5.40 m}}) de dimension moyenne et d'allure allongée ({{Unité|18.76 m}} de large pour {{Unité|50.01 m}} de long pour un [[naos]] tripartite de {{Unité|8.34 m}} sur {{Unité|27.82 m}}). Pour lui donner quelque solennité, l'architecte l'a habillé d'un [[opisthodome]] [[distyle]] ''[[Anta (architecture)|in antis]]'', symétrique du [[pronaos]]<ref>{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Carmelo G. Malacrino|titre=Constructing the Ancient World. Architectural Techniques of the Greeks and Romans|éditeur=Getty Publications|année=2010|passage=91|pages totales=224|isbn=978-1606060162|lire en ligne={{Google Livres|5Gfk34wJ8-kC}}}}.</ref>. Tout comme le temple de Zeus voisin, le ''sékos'' (espace intérieur du temple) est donc distyle ''in antis'' double (à la fois à l'est avec le pronaos et à l'ouest avec l’opisthodome), bien que l’opisthodome ne soit pas ouvert sur le naos.

Les traits foncièrement archaïques de l'édifice (petite [[crépis]] à deux degrés, naos à colonnes très proches des murs et alternativement reliées à ceux-ci avec des murs de séparation pour former une série de « chapelles » latérales) relient ce temple à la tradition de [[Tégée]]{{sfn|Marie-Christine Hellmann|2006|p=56}}.


L'écrivain grec [[Pausanias le Périégète|Pausanias]], qui a visité le sanctuaire en 176 ap. J.-C., donne un historique et des détails architecturaux du temple d'Héra dans sa ''[[Description de la Grèce]]'' : il précise que les colonnes en bois de chêne à l'origine ont été progressivement remplacées par des colonnes de pierre à mesure de leur dégradation ; le soubassement et les [[orthostate]]s constituant la partie inférieure des murs sont en [[calcaire coquillier]] local, le haut des murs est en [[Brique crue|briques crues]] ; la majeure partie de l'[[entablement]] est en bois ; le toit de [[Tuile|tuiles]] s'appuie sur des [[Fronton (architecture)|frontons]] sculptés (il subsiste de leur décor des fragments, notamment d'un grand [[Sphinx (mythologie grecque)|sphinx]]), surmontés d'un grand [[acrotère]] discoïde en [[terre cuite]]<ref name="Carbonnières">{{Ouvrage|auteur1=Philippe de Carbonnières|titre=Olympie. La victoire pour les dieux|passage=18|éditeur=[[CNRS Éditions]]|année=2005|isbn=978-2271052643|pages totales=127|lire en ligne={{Google Livres|ypULCwAAQBAJ}}}}.</ref>. Dans l'[[histoire de l'architecture]], le premier [[Fronton (architecture)|fronton]] sculpté connu est celui de ce temple<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[André Chastel]]|titre=Le grand atlas de l'architecture mondiale|éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]]|année=1981|passage=138|isbn=}}.</ref>.
Ses traits foncièrement archaïques (petite [[crépis]] à deux degrés, naos à colonnes très proches des murs et alternativement reliées à ceux-ci avec des murs de séparation pour former une série de « chapelles » latérales) relient ce temple à la tradition de [[Tégée]]<ref>Marie-Christine Hellmann, {{opcit}}, p. 56</ref>.


L'hypothèse de colonnes originelles en bois remplacées au fil du temps par des éléments en pierre calcaire fait encore aujourd'hui l'objet de débats au sein de la communauté scientifique. L'aspect architectural particulièrement disparate des colonnes, facilement observable depuis l'anastylose conduite dans les années 1900{{sfn|Philip Sapirstein|2016|p=582}}, tend selon Wilhelm Dörpfeld à accréditer la thèse d'un remplacement graduel de la structure en bois{{sfn|Philip Sapirstein|2016|p=566}}. Toutefois, des recherches conduites dans les années 2010 invitent à replacer ce manque d'harmonie dans le contexte d'une architecture dorique en pierre encore balbutiante et non emprise de l'idéal de symétrie qui caractérise les constructions de l'[[époque classique]]{{sfn|Philip Sapirstein|2016|p=596}}.
Dans l'[[histoire de l'architecture]], le premier [[Fronton (architecture)|fronton]] sculpté connu est celui du ce temple<ref>{{Ouvrage|auteur1=[[André Chastel]]|titre=Le grand atlas de l'architecture mondiale|éditeur=[[Éditions Albin Michel|Albin Michel]]|année=1981|passage=138|isbn=}}.</ref>.


== Mobilier ==
== Mobilier ==
{{...}}
{{...}}
Pausanias écrit que le temple abritait les statues de Zeus et d'Héra en pierre calcaire (leur soubassement est visible dans le naos) accompagnées de nombreuses statues [[chryséléphantin]]es (parmi elles, la réplique antique d'une œuvre de [[Praxitèle]], ''[[Hermès portant Dionysos enfant]]''), l'arche de [[Cypsélos]] (coffre en cèdre orné de sculptures d'or et d'ivoire, représentant les scènes de la vie de ce tyran)<ref name="Carbonnières"/>.
Pausanias écrit que le temple abritait les statues de Zeus et d'Héra en pierre calcaire (leur soubassement est visible dans le naos) accompagnées de nombreuses statues [[chryséléphantin]]es (parmi elles, la réplique antique d'une œuvre de [[Praxitèle]], ''Hermès portant Dionysos enfant,'' conservée au [[Musée archéologique d'Olympie|musée archéologie d'Olympie]]) ainsi que l'arche de [[Cypsélos]] (coffre en cèdre orné de sculptures d'or et d'ivoire, représentant les scènes de la vie de ce [[tyran]])<ref name="Carbonnières"/>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
<references />
<references />


== Voir aussi. ==
== Voir aussi ==
{{Autres projets
{{Autres projets
|commons=Category:Temple of Hera in Olympia
|commons=Category:Temple of Hera in Olympia
}}
}}
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{Article |langue=anglais |auteur1=Philip Sapirstein |titre=The Columns of the Heraion at Olympia: Dörpfeld and Early Doric Architecture |périodique=[[American Journal of Archaeology]] |volume=120 |numéro=4 |mois=octobre |date=2016 |issn=0002-9114 |lire en ligne=https://www.researchgate.net/publication/308767715_The_Columns_of_the_Heraion_at_Olympia_Dorpfeld_and_Early_Doric_Architecture |pages=565-601 }}.
* {{Ouvrage|langue=en|auteur1=Epimetheus Christer Hiram|titre=Temple of Hera, Olympia|éditeur=Placpublishing|année=2012|pages totales=204|isbn=}}
*{{Ouvrage|langue=en|auteur1=Epimetheus Christer Hiram|titre=Temple of Hera, Olympia|éditeur=Placpublishing|année=2012|pages totales=204|isbn=978-6139269099}}.
*{{Ouvrage|auteur1=[[Marie-Christine Hellmann]]|titre=L'architecture grecque|tome=II. Architecture religieuse et funéraire|passage=193|lieu=Paris|éditeur=Picard|collection=Les manuels d'art et d'archéologie antiques|date=2006|pages totales=357|isbn=2-7084-0763-5}}.


=== Articles connexes ===
=== Articles connexes ===

Version du 27 février 2021 à 23:03

Temple d'Héra à Olympie
Ruines du temple d'Héra ayant fait l'objet d'une restauration partielle avec l'anastylose de quatre colonnes.
Ruines du temple d'Héra ayant fait l'objet d'une restauration partielle avec l'anastylose de quatre colonnes.
Localisation
Pays Drapeau de la Grèce Grèce
Ville Olympie
Coordonnées géographiques 37° 38′ 20″ N, 21° 37′ 47″ E
Image illustrative de l’article Temple d'Héra à Olympie
Le temple, au nord, correspond au n°4 (violet).
Histoire
Lieu de construction Au nord du sanctuaire d'Olympie
Date de construction Vers 590 av. J.-C
Caractéristiques
Typ Temple grec
Longueur 50,01 m
Largeur 18,76 m

Géolocalisation sur la carte : Grèce
(Voir situation sur carte : Grèce)
Temple d'Héra à Olympie
Grèce antique

Le temple d'Héra à Olympie, appelé aussi Héraion, est un temple grec de l'époque archaïque érigé vers 590 av. J.-C. Situé dans la zone septentrionale, la plus sacrée de l'Altis (le « bois sacré » entouré d'un péribole), ce petit temple côtoie le Métrôon (temple de Cybèle), tandis que celui de Zeus est cantonné au sud. Les temples d'Héra et de Zeus se contentent d'encadrer le vieil autel de cendres, qui est toujours demeuré le fondement du culte dans le sanctuaire d'Olympie[1].

Historique

Fouilles du temple (1877-1878) vues depuis l'est.

Le temple d'Héra à Olympie, utilisé aussi à l'origine pour le culte de Zeus[2], est probablement le premier édifice dorique connu du Péloponnèse et l'un des premiers du monde grec[3]. Il est construit vers 590 av. J.-C. à l'initiative des habitants de Scillonte, cité voisine et alliée de Pise. Il remplace probablement un temple de Zeus érigé quelques décennies auparavant, bien que cette hypothèse soit contestée par certains archéologues[4], et a peut-être été financé par le butin amassé par les Éléens dans leurs guerres contre Pise et la région de Triphylie passée sous leur contrôle[5].

Il est détruit au début du IVe siècle par un séisme mais l'autel consacré à la déesse devant le temple sert encore pour l'allumage de la flamme olympique[6].

Ernst Curtius obtient en 1874 du gouvernement grec des droits de fouilles exclusifs pour l'Institut archéologique allemand sur le site d'Olympie. Trois ans plus tard, il met au jour dans les ruines du temple d'Héra la statue grecque Hermès portant Dionysos enfant. Les études du temple d'Héra et de Zeus sont plus particulièrement confiées en 1878 à son collègue Wilhelm Dörpfeld qui exhume leurs fondations, leurs colonnes et d'autres vestiges de l'élévation des murs[7],[8].

Architecture

Plan du temple :
A. péristyle
B. pronaos
C. naos
D. opisthodome
E. base de la statue d'Hermès.

L'édifice est un temple dorique périptère (6 colonnes sur les façades, 16 sur les longs côtés, hautes de 5,40 m) de dimension moyenne et d'allure allongée (18,76 m de large pour 50,01 m de long pour un naos tripartite de 8,34 m sur 27,82 m). Pour lui donner quelque solennité, l'architecte l'a habillé d'un opisthodome distyle in antis, symétrique du pronaos[9]. Tout comme le temple de Zeus voisin, le sékos (espace intérieur du temple) est donc distyle in antis double (à la fois à l'est avec le pronaos et à l'ouest avec l’opisthodome), bien que l’opisthodome ne soit pas ouvert sur le naos.

Les traits foncièrement archaïques de l'édifice (petite crépis à deux degrés, naos à colonnes très proches des murs et alternativement reliées à ceux-ci avec des murs de séparation pour former une série de « chapelles » latérales) relient ce temple à la tradition de Tégée[10].

L'écrivain grec Pausanias, qui a visité le sanctuaire en 176 ap. J.-C., donne un historique et des détails architecturaux du temple d'Héra dans sa Description de la Grèce : il précise que les colonnes en bois de chêne à l'origine ont été progressivement remplacées par des colonnes de pierre à mesure de leur dégradation ; le soubassement et les orthostates constituant la partie inférieure des murs sont en calcaire coquillier local, le haut des murs est en briques crues ; la majeure partie de l'entablement est en bois ; le toit de tuiles s'appuie sur des frontons sculptés (il subsiste de leur décor des fragments, notamment d'un grand sphinx), surmontés d'un grand acrotère discoïde en terre cuite[11]. Dans l'histoire de l'architecture, le premier fronton sculpté connu est celui de ce temple[12].

L'hypothèse de colonnes originelles en bois remplacées au fil du temps par des éléments en pierre calcaire fait encore aujourd'hui l'objet de débats au sein de la communauté scientifique. L'aspect architectural particulièrement disparate des colonnes, facilement observable depuis l'anastylose conduite dans les années 1900[13], tend selon Wilhelm Dörpfeld à accréditer la thèse d'un remplacement graduel de la structure en bois[3]. Toutefois, des recherches conduites dans les années 2010 invitent à replacer ce manque d'harmonie dans le contexte d'une architecture dorique en pierre encore balbutiante et non emprise de l'idéal de symétrie qui caractérise les constructions de l'époque classique[14].

Mobilier

Pausanias écrit que le temple abritait les statues de Zeus et d'Héra en pierre calcaire (leur soubassement est visible dans le naos) accompagnées de nombreuses statues chryséléphantines (parmi elles, la réplique antique d'une œuvre de Praxitèle, Hermès portant Dionysos enfant, conservée au musée archéologie d'Olympie) ainsi que l'arche de Cypsélos (coffre en cèdre orné de sculptures d'or et d'ivoire, représentant les scènes de la vie de ce tyran)[11].

Notes et références

  1. Marie-Christine Hellmann 2006.
  2. Philip Sapirstein 2016, p. 565.
  3. a et b Philip Sapirstein 2016, p. 566.
  4. Philip Sapirstein 2016.
  5. (en) Nikolaos Gialouris, Spyros Meletzis et Heleni Papadaki, Olympia. Altis and museum, Munich, Schnell & Steiner, , 112 p. (ISBN 9783795405847), p. 5
  6. (en) Epimetheus Christer Hiram, Temple of Hera, Olympia, Placpublishing, , p. 7.
  7. Marie-Christine Hellmann 2006, p. 20.
  8. Nevio Degrassi, Cesare Saletti et al., Le grand atlas de la Grèce antique, Paris, Glénat, coll. « Le Grand atlas », , 408 p. (ISBN 978-2723436588), p. 104
  9. (en) Carmelo G. Malacrino, Constructing the Ancient World. Architectural Techniques of the Greeks and Romans, Getty Publications, , 224 p. (ISBN 978-1606060162, lire en ligne), p. 91.
  10. Marie-Christine Hellmann 2006, p. 56.
  11. a et b Philippe de Carbonnières, Olympie. La victoire pour les dieux, CNRS Éditions, , 127 p. (ISBN 978-2271052643, lire en ligne), p. 18.
  12. André Chastel, Le grand atlas de l'architecture mondiale, Albin Michel, , p. 138.
  13. Philip Sapirstein 2016, p. 582.
  14. Philip Sapirstein 2016, p. 596.

Voir aussi

Sur les autres projets Wikimedia :

Bibliographie

Articles connexes