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[[Image:Georg Baselitz by Lothar Wolleh.jpg|thumb|right|200px|Georg Baselitz photographié par [[Lothar Wolleh]], Mülheim, 1971]]'''Georg Baselitz''', né '''Hans-Georg Kern''' le {{date|23 janvier 1938}} à Deutschbaselitz<ref name="aa">in Coll "Baselitz, une seule passion la peinture Fondation de l'Hermitage", Bibliothèque des arts 2006 {{p.|168}}.</ref> (aujourd'hui un quartier de [[Kamenz]] en [[Saxe (Land)|Saxe]]), est un [[artiste peintre]], un [[sculpteur]], un [[Gravure|graveur]] et un enseignant [[Allemagne|allemand]].
[[Image:Georg Baselitz by Lothar Wolleh.jpg|thumb|right|200px|Georg Baselitz photographié par [[Lothar Wolleh]], Mülheim, 1971]]'''Georg Baselitz''', né '''Hans-Georg Kern''' le {{date|23 janvier 1938}} à Deutschbaselitz<ref name="aa">Coll. « Baselitz, une seule passion la peinture Fondation de l'Hermitage », Bibliothèque des arts, 2006, {{p.|168}}.</ref> (aujourd'hui un quartier de [[Kamenz]] en [[Saxe (Land)|Saxe]]), est un [[artiste peintre]], [[sculpteur]], [[Gravure|graveur]] et enseignant [[Allemagne|allemand]].


Né en [[État libre de Saxe|Saxe]] pendant la période nazie, il passe son adolescence en [[Allemagne de l'Est]], puis il vient vivre et étudier en [[Allemagne de l'Ouest]]. Sa carrière prend son élan au milieu des [[années 1960]], quand il devient une des figures de l'esprit de [[Berlin-Ouest]], et du [[néo-expressionnisme allemand]].
Né en [[État libre de Saxe|Saxe]] pendant la [[Troisième Reich|période nazie]], il passe son adolescence en [[Allemagne de l'Est]], puis il vient vivre et étudier en [[Allemagne de l'Ouest]]. Sa carrière prend son élan au milieu des [[années 1960]], quand il devient une des figures de l'esprit de [[Berlin-Ouest]], et du [[néo-expressionnisme allemand]].


Sa peinture figurative est caractérisée par la présentation des tableaux « haut-en-bas », dessinée et peinte à grands coups de brosse, avec des couleurs franches. Sa sculpture, le plus souvent sur bois, est pratiquée à la tronçonneuse.
Sa peinture figurative est caractérisée par la présentation des tableaux « haut-en-bas », dessinée et peinte à grands coups de brosse, avec des couleurs franches. Sa sculpture, le plus souvent sur bois, est pratiquée à la tronçonneuse.


Par sa violence expressive, l'art de Baselitz évoque le primitivisme et l'expressionnisme berlinois des années 1920.
Par sa violence expressive, l'art de Baselitz évoque le [[primitivisme]] et l'[[expressionnisme]] berlinois des années 1920.


Il est aujourd'hui [[professeur émérite]] à l'[[université des arts de Berlin]]. Il est élu le {{date|23 octobre 2019}}<ref> au siège d'[[Andrzej Wajda]] in Le Figaro, https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/le-peintre-allemand-georg-baselitz-entre-a-l-academie-des-beaux-arts-20191024 </ref> et installé le [[27 octobre]] 2021 à l'[[Académie des beaux-arts (France)|Académie des Beaux-Arts de France]]<ref>le discours de réception par [[Jean-Marc Bustamante]] et celui d'installation de Baselitz peuvent être écouter sur https://www.youtube.com/watch?v=20qfM7qGVOU </ref>.
Il est aujourd'hui [[professeur émérite]] à l'[[université des arts de Berlin]]. Il est élu le {{date|23 octobre 2019}}<ref>Au siège d'[[Andrzej Wajda]], lire ''Le Figaro'' {{Lire en ligne|url=https://www.lefigaro.fr/arts-expositions/le-peintre-allemand-georg-baselitz-entre-a-l-academie-des-beaux-arts-20191024}}.</ref> et installé le [[27 octobre]] 2021 à l'[[Académie des beaux-arts (France)|Académie des beaux-arts de France]]<ref>Le discours de réception par [[Jean-Marc Bustamante]] et celui d'installation de Baselitz peuvent être écouter sur https://www.youtube.com/watch?v=20qfM7qGVOU.</ref>.


== Biographie ==
== Biographie ==
Georg Baselitz est né le {{date|23 janvier 1938}} à Deutschbaselitz ([[Saxe (Land)|Saxe]]) sous le nom de Hans-Georg Kern, sous le [[troisième Reich]] dans ce qui deviendra par la suite l'Allemagne de l'Est ou [[République démocratique allemande|RDA]] à partir de 1949. Son père est instituteur et la famille vit dans les locaux de l'école ; dans la bibliothèque attenante, Baselitz découvre des albums de dessins du {{s-|XIX|e}}, qui constituent son premier contact avec l’art. Il travaille comme assistant avec le photographe de nature [[Helmut Drechsler]] pour d’occasionnelles « [[photographie]]s [[Ornithologie|ornithologiques]] ».
Georg Baselitz est né le {{date|23 janvier 1938}} à Deutschbaselitz ([[Saxe (Land)|Saxe]]) sous le nom de Hans-Georg Kern, sous le [[Troisième Reich]] dans ce qui deviendra par la suite l'Allemagne de l'Est (ou [[République démocratique allemande|RDA]]) à partir de 1949. Son père est instituteur et la famille vit dans les locaux de l'école ; dans la bibliothèque attenante, Baselitz découvre des albums de dessins du {{s-|XIX|e}}, qui constituent son premier contact avec l’art. Il travaille comme assistant avec le photographe de nature [[Helmut Drechsler]] pour d’occasionnelles « [[photographie]]s [[Ornithologie|ornithologiques]] ».


En [[1950]], la famille déménage dans la ville de [[Kamenz]]. Baselitz va en cours au lycée local, dont la salle de réunion est décorée par une reproduction de la peinture ''Wermsdorfer Wald'' (1859), de [[Louis-Ferdinand von Rayski]]. Il lit les écrits de [[Jakob Böhme]]. Vers 15 ans, il peint des portraits, des sujets religieux, des [[Nature morte|natures mortes]] et des [[paysage]]s, dont certains avec un style futuriste.
En [[1950]], la famille déménage dans la ville de [[Kamenz]]. Baselitz va en cours au lycée local, dont la salle de réunion est décorée par une reproduction de la peinture ''Wermsdorfer Wald'' (1859), de [[Louis-Ferdinand von Rayski]]. Il lit les écrits de [[Jakob Böhme]]. Vers 15 ans, il peint des portraits, des sujets religieux, des [[Nature morte|natures mortes]] et des [[paysage]]s, dont certains avec un style futuriste.


=== Formation artistique ===
=== Formation artistique ===
En [[1955]], à 17 ans il tente de s'inscrire à l'académie des Beaux Arts de [[Dresde]], sans succès. En [[1956]], il passe l'examen d'entrée de la ''Forstschule'' de [[Taranth]] pour y être garde-forestier, et est simultanément admis à la ''Hochschule für bildende und angewandte Kunst'' (école des arts plastiques et des arts appliqués) de [[Berlin-Weißensee]] à [[Berlin-Est]]. Il y étudie la peinture avec les professeurs [[Walter Womacka]] et Herbert Behrens-Hangeler. Parmi ses amis, on trouve [[Peter Graf]] et [[Ralf Winkler]] (connu plus tard sous le nom de [[A. R. Penck]]). Après deux semestres, il est expulsé pour « immaturité socio-politique »<ref name="aa" />.
En [[1955]], à 17 ans il tente de s'inscrire à l'Académie des beaux-arts de [[Dresde]], sans succès. En [[1956]], il passe l'examen d'entrée de la ''Forstschule'' de [[Taranth]] pour y être garde-forestier, et est simultanément admis à la ''Hochschule für bildende und angewandte Kunst'' (École des arts plastiques et des arts appliqués) de [[Berlin-Weißensee]] à [[Berlin-Est]]. Il y étudie la peinture avec les professeurs [[Walter Womacka]] et [[Herbert Behrens-Hangeler]]. Parmi ses amis, on trouve [[Peter Graf]] et [[Ralf Winkler]] (connu plus tard sous le nom de [[A. R. Penck]]). Après deux semestres, il est expulsé pour « immaturité socio-politique »<ref name="aa" />.


En [[1957]], il est admis à la ''Hochschule der Künste'' (école des beaux-arts) de Charlottenburg de [[Berlin-Ouest]] et poursuit ses études dans la classe de Hann Trier. Il s'immerge dans les théories d’Ernst-Wilhelm Nay, [[Vassily Kandinsky|Wassily Kandinsky]] et [[Kasimir Malevitch]]. Il se lie d'amitié avec [[Eugen Schönebeck]] et [[Benjamin Katz]]. En [[1958]], Baselitz s'installe à [[Berlin-Ouest]], fuyant [[Berlin-Est]]. Là il rencontre sa future femme, Elke Kretzschmar. Il réalise les premières œuvres empreintes de son style distinctif, dont les portraits imaginaires ''Oncle Bernard''. Il commence à travailler la série ''Tête de Rayski''. Il visite l'exposition de nouvelle peinture américaine au Musée d'art moderne, et découvre la peinture de [[Jackson Pollock|Pollock]], [[de Kooning]] et [[Philip Guston|Guston]] à la Hochschule der Künste de [[Berlin]]. En [[1959]], il se rend en [[auto-stop]] à [[Amsterdam]], où il admire le ''Bœuf écorché'' de [[Chaïm Soutine]] et le grand verre de [[Marcel Duchamp|Duchamp]] au [[Stedelijk Museum]]. Il s'arrête sur le chemin du retour à [[Cassel (Hesse)|Cassel]] pour assister à la [[documenta 2]]. Au retour, il quitte l'atelier de l'école et commence à travailler chez lui pour mieux se concentrer.
En [[1957]], il est admis à la ''Hochschule der Künste'' (École des beaux-arts) de Charlottenburg de [[Berlin-Ouest]] et poursuit ses études dans la classe de Hann Trier. Il s'immerge dans les théories d’Ernst-Wilhelm Nay, [[Vassily Kandinsky|Wassily Kandinsky]] et [[Kasimir Malevitch]]. Il se lie d'amitié avec [[Eugen Schönebeck]] et [[Benjamin Katz]]. En [[1958]], Baselitz s'installe à [[Berlin-Ouest]], fuyant [[Berlin-Est]]. Là il rencontre sa future femme, Elke Kretzschmar. Il réalise les premières œuvres empreintes de son style distinctif, dont les portraits imaginaires ''Oncle Bernard''. Il commence à travailler la série ''Tête de Rayski''. Il visite l'exposition de nouvelle peinture américaine au musée d'Art moderne, et découvre la peinture de [[Jackson Pollock|Pollock]], de [[De Kooning]] et de [[Philip Guston|Guston]] à la ''Hochschule der Künste'' de [[Berlin]]. En [[1959]], il se rend en [[auto-stop]] à [[Amsterdam]], où il admire le ''Bœuf écorché'' de [[Chaïm Soutine]] et le grand verre de [[Marcel Duchamp|Duchamp]] au [[Stedelijk Museum]]. Il s'arrête sur le chemin du retour à [[Cassel (Hesse)|Cassel]] pour assister à la [[documenta 2]]. Au retour, il quitte l'atelier de l'école et commence à travailler chez lui pour mieux se concentrer.


=== L'affirmation du peintre ===
=== L'affirmation du peintre ===
En [[1961]], il prend le pseudonyme de Georg Baselitz en souvenir de sa ville natale, alors en [[Allemagne de l'Est]]. Premier voyage à [[Paris]] où il découvre la peinture d'[[Eugène Leroy]] à la galerie Claude Bernard. Baselitz s'intéresse également aux travaux de [[Hans Prinzhorn]] sur l'art des malades mentaux. Baselitz et Schönebeck exposent leurs travaux dans une maison abandonnée et rédigent en livret d'accompagnement leur manifeste : ''Premier manifeste Pandémonium''. Ils sont tous deux admis dans la classe de doctorat de Hann Trier. En [[1962]] est rédigé le ''Deuxième manifeste Pandémonium''. Baselitz se marie avec Elke Kretzschmar. Naissance de son premier fils, Daniel, (qui se fait appeler aujourd'hui « [[Daniel Blau]] »). Début de l'amitié avec [[Michael Werner]]. Il finit ses études à l'Akademie.
En [[1961]], il prend le pseudonyme de Georg Baselitz en souvenir de sa ville natale, alors en [[Allemagne de l'Est]]. Premier voyage à [[Paris]] où il découvre la peinture d'[[Eugène Leroy]] à la galerie Claude Bernard. Baselitz s'intéresse également aux travaux de [[Hans Prinzhorn]] sur l'art des malades mentaux. Baselitz et Schönebeck exposent leurs travaux dans une maison abandonnée et rédigent en livret d'accompagnement leur manifeste : ''Premier manifeste Pandémonium''. Ils sont tous deux admis dans la classe de doctorat de Hann Trier. En [[1962]] est rédigé le ''Deuxième manifeste Pandémonium''. Baselitz se marie avec Elke Kretzschmar. Naissance de son premier fils, Daniel, (qui se fait appeler aujourd'hui « [[Daniel Blau]] »). Début de l'amitié avec [[Michael Werner]]. Il finit ses études à l'Akademie.


En [[1963]] a lieu la première exposition personnelle de Baselitz à la galerie Werner & Katz, à [[Berlin]], qui donne lieu à un scandale pour atteintes à l'ordre public : deux des œuvres, ''Die große Nacht im Eimer'' (''La Grande Nuit foutue''), et ''Der nackte Mann'' (''L'Homme nu'') sont saisies par un huissier. Le procès qui s'ensuit se poursuivra jusqu'en [[1965]], où les peintures lui sont restituées. Un nouveau manifeste est rédigé sous la forme d'une lettre adressée à « Cher M. W ! ». La série ''P.D.-Füße'' (''Pieds de P.D.'') est terminée. La peinture de Baselitz présente alors de manière volontairement grossière de jeunes hommes habillés de vétêments militaires, en morceaux ou en haillons, des images oniriques de guerre, de pieds et de mains déchiquetés, de sexe, de masturbation. En [[1964]], série des ''Idoles''. Il passe le printemps au [[Schloß Wolfsburg]] et y réalise ses premières [[gravure]]s à l'[[eau-forte]]. Il expose ''Obéron'' au premier ''Orthodoxer Salon'' de Michael Werner. Début de son amitié avec [[Johannes Gachnang]]. À l'automne, Michael Werner expose ses eaux fortes. En [[1965]], il obtient une bourse d'études de six mois pour la [[Villa Romana]] de [[Florence]]. Il y étudie le dessin [[maniérisme|maniériste]]. À [[Florence]], il réalise la série : les ''Tierstücke'' (''Bouts d'animaux''). Première exposition à la galerie Friedrich & Dahlem de [[Munich]]. À son retour, il travaille et ce jusqu'en [[1966]] sur la série des Héros, qui inclut une composition de grand format, ''Die großen Freunde'' (''Les Grands Amis''). La peinture de cette époque est comme déchiquetée, morcelée, recollée et assemblée en désordre.
En [[1963]] a lieu la première exposition personnelle de Baselitz à la galerie Werner & Katz, à [[Berlin]], qui donne lieu à un scandale pour atteintes à l'ordre public : deux des œuvres, ''Die große Nacht im Eimer'' (''La Grande Nuit foutue''), et ''Der nackte Mann'' (''L'Homme nu'') sont saisies par un huissier. Le procès qui s'ensuit se poursuivra jusqu'en [[1965]], où les peintures lui sont restituées. Un nouveau manifeste est rédigé sous la forme d'une lettre adressée à « Cher M. W ! ». La série ''P.D.-Füße'' (''Pieds de P.D.'') est terminée. La peinture de Baselitz présente alors de manière volontairement grossière de jeunes hommes habillés de vêtements militaires, en morceaux ou en haillons, des images oniriques de guerre, de pieds et de mains déchiquetés, de sexe, de masturbation. En [[1964]], il réalise la série des ''Idoles''. Il passe le printemps au ''[[Schloß Wolfsburg]]'' et y réalise ses premières [[gravure]]s à l'[[eau-forte]]. Il expose ''Obéron'' au premier ''Orthodoxer Salon'' de Michael Werner. Début de son amitié avec [[Johannes Gachnang]]. À l'automne, Michael Werner expose ses eaux fortes. En [[1965]], il obtient une bourse d'études de six mois pour la [[villa Romana]] de [[Florence]]. Il y étudie le dessin [[maniérisme|maniériste]]. À [[Florence]], il réalise la série : les ''Tierstücke'' (''Bouts d'animaux''). Première exposition à la galerie Friedrich & Dahlem de [[Munich]]. À son retour, il travaille et ce jusqu'en [[1966]] sur la série des ''Héros'', qui inclut une composition de grand format, ''Die großen Freunde'' (''Les Grands Amis''). La peinture de cette époque est comme déchiquetée, morcelée, recollée et assemblée en désordre.


En [[1966]] naît son second fils, Anton. Il déménage à [[Osthofen]], près de [[Worms (Allemagne)|Worms]]. Avec ses premières [[Gravure sur bois|gravures sur bois]], il réalise une série de peintures vertes aux motifs ruraux, les ''Frakturbilder'' (''Images fracturées''), qu'il poursuivra jusqu'en [[1969]]. En [[1967]], il peint ''B für Larry'' (''B pour Larry'').
En [[1966]] naît son second fils, Anton. Il déménage à [[Osthofen]], près de [[Worms (Allemagne)|Worms]]. Avec ses premières [[Gravure sur bois|gravures sur bois]], il réalise une série de peintures vertes aux motifs ruraux, les ''Frakturbilder'' (''Images fracturées''), qu'il poursuivra jusqu'en [[1969]]. En [[1967]], il peint ''B für Larry'' (''B pour Larry'').
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En [[1969]], il prend ''Wermsdorfer Wald'' de [[Louis-Ferdinand von Rayski]] pour modèle, et il en répète le motif tête en bas. Ce retournement du tableau, un portrait figuratif mis à l'envers du sens de lecture, devient le signe de sa peinture, son identité : sa peinture sera dorénavant longtemps présentée ainsi.
En [[1969]], il prend ''Wermsdorfer Wald'' de [[Louis-Ferdinand von Rayski]] pour modèle, et il en répète le motif tête en bas. Ce retournement du tableau, un portrait figuratif mis à l'envers du sens de lecture, devient le signe de sa peinture, son identité : sa peinture sera dorénavant longtemps présentée ainsi.


Dans les années suivantes, il expose régulièrement à la galerie Heiner Friedrich. La plupart de ses travaux représentent alors des paysages, dont le thème est mis en abyme. Au Musée des arts de [[Bâle]], Dieter Koepplin expose la première rétrospective de ses travaux graphiques et de ses dessins. À la Galeriehaus de la Lindenstraße de [[Cologne]], Franz Dahlem expose ses peintures « inversées ». En [[1971]], il déménage à [[Forst an der Weinstraße|Forst]]. Il utilise l'école du vieux village comme atelier et commence à peindre des oiseaux. Pour le foyer de la Clinique neurologique de Berlin Ouest, il réalise le triptyque ''Dans la forêt près de Pontaubert-Seurat''. Exposition à la galerie Tobiès & Silex de [[Cologne]].
Dans les années suivantes, il expose régulièrement à la galerie Heiner Friedrich. La plupart de ses travaux représentent alors des paysages, dont le thème est mis en abyme. Au musée des Arts de [[Bâle]], Dieter Koepplin expose la première rétrospective de ses travaux graphiques et de ses dessins. À la ''Galeriehaus'' de la Lindenstraße de [[Cologne]], Franz Dahlem expose ses peintures « inversées ». En [[1971]], il déménage à [[Forst an der Weinstraße|Forst]]. Il utilise l'école du vieux village comme atelier et commence à peindre des oiseaux. Pour le foyer de la Clinique neurologique de Berlin-Ouest, il réalise le triptyque ''Dans la forêt près de Pontaubert-Seurat''. Exposition à la galerie Tobiès & Silex de [[Cologne]].


=== La reconnaissance allemande ===
=== La reconnaissance allemande ===
En [[1972]], la [[Kunsthalle de Mannheim]] expose ses peintures et dessins. Les travaux de la période 1962-1972 sont exposés à la Kunstverein de [[Hambourg]]. Participation à la [[documenta 5]] de [[Cassel (Hesse)|Cassel]]. Il loue les locaux d'une usine à Musbach pour y installer son studio. Il exécute une série de peintures avec ses empreintes digitales. Les éditions de la galerie Heiner Friedrich commercialise ses [[sérigraphie]]s sous la direction de Fried Jahn. Johannes Gachnang expose la série des portraits ''Amis'' de 1969 au Goethe Institut d'[[Amsterdam]]. En 1975, il effectue son premier voyage à [[New York]] et participe à la [[Biennale de São Paulo]]. La même année, il installe son atelier à Florence jusqu'en 1981. En 1977 et 1978, il enseigne à la Staatliche Akademie der Bildenden Künst de [[Karlsruhe]]. Jusqu'à la fin des années 1980, Baselitz peint essentiellement ''a tempera'' et sa peinture devient plus abstraite.
En [[1972]], la [[Kunsthalle de Mannheim]] expose ses peintures et dessins. Les travaux de la période 1962-1972 sont exposés à la ''Kunstverein'' de [[Hambourg]]. Participation à la [[documenta 5]] de [[Cassel (Hesse)|Cassel]]. Il loue les locaux d'une usine à Musbach pour y installer son studio. Il exécute une série de peintures avec ses empreintes digitales. Les éditions de la galerie Heiner Friedrich commercialise ses [[sérigraphie]]s sous la direction de Fried Jahn. Johannes Gachnang expose la série des portraits ''Amis'' de 1969 au Goethe Institut d'[[Amsterdam]]. En 1975, il effectue son premier voyage à [[New York]] et participe à la [[Biennale de São Paulo]]. La même année, il installe son atelier à Florence jusqu'en 1981. En 1977 et 1978, il enseigne à la ''Staatliche Akademie der Bildenden Künst'' de [[Karlsruhe]]. Jusqu'à la fin des années 1980, Baselitz peint essentiellement ''a tempera'' et sa peinture devient plus abstraite.


=== La reconnaissance internationale ===
=== La reconnaissance internationale ===
En 1977, alors qu'il participe avec Markus Lüpertz à la [[documenta 6]], ils décrochent leurs œuvres en protestation contre la présence de peintres d'Allemagne de l'Est. Le scandale qui suit les rend célèbres. En 1980, il participe à la Biennale de Venise avec [[Anselm Kiefer]], puis à l'exposition ''A New Spirit in Painting'' à la [[Royal Academy]] de Londres. Il est alors reconnu avec [[Markus Lüpertz]], comme une des figures de proue du [[néo-expressionnisme allemand]]. Il apparaît dans les écrits de [[Achille Bonito Oliva]] comme une figure de la [[trans-avant-garde]] des années 1980.
En 1977, alors qu'il participe avec Markus Lüpertz à la [[documenta 6]], ils décrochent leurs œuvres en protestation contre la présence de peintres d'Allemagne de l'Est. Le scandale qui suit les rend célèbres. En 1980, il participe à la Biennale de Venise avec [[Anselm Kiefer]], puis à l'exposition ''A New Spirit in Painting'' à la [[Royal Academy]] de Londres. Il est alors reconnu avec [[Markus Lüpertz]] comme une des figures de proue du [[néo-expressionnisme allemand]]. Il apparaît dans les écrits d'[[Achille Bonito Oliva]] comme une figure de la [[trans-avant-garde]] des années 1980.


Dans les années 1980, il enseigne la peinture à Berlin et les thèmes chrétiens deviennent déterminants dans sa production jusqu'à la fin de 1984. En 1985, il participe à la [[Biennale de Paris]]. La [[Bibliothèque nationale de France |Bibliothèque Nationale de France]] organise sa première rétrospective de ses gravures. Cette même année, on compte pas moins de dix-sept expositions personnelles en galerie en Allemagne, Autriche, France, [[Pays-Bas]], Grande-Bretagne, États-Unis...
Dans les années 1980, il enseigne la peinture à Berlin et les thèmes chrétiens deviennent déterminants dans sa production jusqu'à la fin de 1984. En 1985, il participe à la [[Biennale de Paris]]. La [[Bibliothèque nationale de France]] organise sa première rétrospective de ses gravures. Cette même année, on compte pas moins de dix-sept expositions personnelles en galerie en Allemagne, Autriche, France, [[Pays-Bas]], Grande-Bretagne, États-Unis…


En 1987, il installe son atelier à [[Imperia (Italie) |Imperia]] en Italie, et fait une lecture publique de ''Rüstzeug des Malers'' (''L'Attirail du peintre'') à Amsterdam, à Londres et à l'École des Beaux Arts de Paris. Il y explique sa méthode, son travail par l'utilisation du hurlement, par la rhétorique du cri : il ne dit pas « rouge », il hurle littéralement « rouge », il ne peint pas de manière décorative, sa peinture hurle la décoration, ce qu'il fait, il le fait en « énorme ». En 1995, il expose au [[Musée Solomon R. Guggenheim |Guggenheim]] de New York<ref>{{Lien web|langue = anglais|titre = Review/Art; 'The German Image'|url = https://www.nytimes.com/1989/02/10/arts/review-art-the-german-image.html?pagewanted=all|site = The New York Times|date = 10/02/1989|consulté le = 21/01/2018}}.</ref>.
En 1987, il installe son atelier à [[Imperia (Italie) |Imperia]] en Italie, et fait une lecture publique de ''Rüstzeug des Malers'' (''L'Attirail du peintre'') à Amsterdam, à Londres et à l'École des beaux-arts de Paris. Il y explique sa méthode, son travail par l'utilisation du hurlement, par la rhétorique du cri : il ne dit pas « rouge », il hurle littéralement « rouge », il ne peint pas de manière décorative, sa peinture hurle la décoration, ce qu'il fait, il le fait en « énorme ». En 1995, il expose au [[Musée Solomon R. Guggenheim |Guggenheim]] de New York<ref>{{Lien web|langue = anglais|titre = Review/Art; 'The German Image'|url = https://www.nytimes.com/1989/02/10/arts/review-art-the-german-image.html?pagewanted=all|site = The New York Times|date = 10/02/1989|consulté le = 21/01/2018}}.</ref>.


En 1995, dans le cadre d'une commande publique, il réalise pour la [[Chalcographie du Louvre]] une gravure à la [[pointe sèche]] et à l'[[aquatinte]] intitulée ''Jaffa''<ref>{{Lien web |titre=Catalogue en ligne des gravures de la Chalcographie du Louvre |url=https://ateliersartmuseesnationaux.fr/fr/estampes/KM011038?guid=612c8c9ee275e |site=ateliersartmuseesnationaux.fr |consulté le=2021-08-27}}</ref>.
En 1995, dans le cadre d'une commande publique, il réalise pour la [[Chalcographie du Louvre]] une gravure à la [[pointe sèche]] et à l'[[aquatinte]] intitulée ''Jaffa''<ref>{{Lien web |titre=Catalogue en ligne des gravures de la Chalcographie du Louvre |url=https://ateliersartmuseesnationaux.fr/fr/estampes/KM011038?guid=612c8c9ee275e |site=ateliersartmuseesnationaux.fr |consulté le=2021-08-27}}.</ref>.


=== La réunification allemande ===
=== La réunification allemande ===
En 1989, il présente deux béliers renversés sur l'étiquette du Château Mouton Rothschild, en référence à l'évènement marquant de l'année 1989. Il y ajoute la phrase ''Drüben sein jetzt hier'', soit « L'autre côté est maintenant chez nous »<ref>{{Lien web|langue = français|titre = Georg Baselitz|url = http://www.chateau-mouton-rothschild.com/lart-et-letiquette/discover-the-artwork/georg-baselitz?lang=fr|site = Château Mouton Rothschild|date = |consulté le = 23/09/2014}}.</ref>.
En 1989, il présente deux béliers renversés sur l'étiquette du [[Château Mouton Rothschild]], en référence à l'évènement marquant de l'année 1989. Il y ajoute la phrase ''Drüben sein jetzt hier'', soit « L'autre côté est maintenant chez nous »<ref>{{Lien web|langue = français|titre = Georg Baselitz|url = http://www.chateau-mouton-rothschild.com/lart-et-letiquette/discover-the-artwork/georg-baselitz?lang=fr|site = Château Mouton Rothschild|date = |consulté le = 23/09/2014}}.</ref>.


En 1993 et 1994, il crée les décors de ''Punch et Judy'' de [[Harrison Birtwistle]] pour l'Opéra d'[[Amsterdam]]. Il présente son manifeste ''Malen aus dem Kopf, auf dem Kopf oder aus dem Topf'' (« Peindre de la tête, sur la tête ou hors du pot »).
En 1993 et 1994, il crée les décors de ''Punch et Judy'' de [[Harrison Birtwistle]] pour l'Opéra d'[[Amsterdam]]. Il présente son manifeste ''Malen aus dem Kopf, auf dem Kopf oder aus dem Topf'' (« Peindre de la tête, sur la tête ou hors du pot »).


=== Les rétrospectives ===
=== Les rétrospectives ===
Reconnu comme une des figures majeures de la peinture allemande et de la nouvelle Allemagne réunifiée avec [[Gerhard Richter]], [[A. R. Penck]], [[Markus Lüpertz]] ou [[Anselm Kiefer]], Baselitz enchaîne les expositions rétrospectives dans les musées internationaux. En 1996, il peint des portraits de famille et présente une grande rétrospective au [[Musée d'art moderne de la ville de Paris]]. En 2000, il réalise des peintures et estampes autour du thème de [[Marcel Duchamp]]. En 2007, il présente une grande rétrospective à la [[Royal Academy of Arts]] de Londres. En 2013-14, une rétrospective de son œuvre sculpté a lieu au Musée d'art moderne de la ville de Paris. En 2017, son « ouvrier pensant » ''Volk Ding Zero'' est placé à côté du plâtre original du ''[[Le Penseur|Penseur]]'' de Rodin, pour l'exposition du centenaire Rodin au Grand Palais de Paris.
Reconnu comme une des figures majeures de la peinture allemande et de la nouvelle Allemagne réunifiée avec [[Gerhard Richter]], [[A. R. Penck]], [[Markus Lüpertz]] ou [[Anselm Kiefer]], Baselitz enchaîne les expositions rétrospectives dans les musées internationaux. En 1996, il peint des portraits de famille et présente une grande rétrospective au [[Musée d'Art moderne de Paris|musée d'Art moderne de la ville de Paris]]. En 2000, il réalise des peintures et estampes autour du thème de [[Marcel Duchamp]]. En 2007, il présente une grande rétrospective à la [[Royal Academy of Arts]] de Londres. En 2013-14, une rétrospective de son œuvre sculpté a lieu au musée d'Art moderne de la ville de Paris. En 2017, son « ouvrier pensant » (''Volk Ding Zero'') est placé à côté du plâtre original du ''[[Le Penseur|Penseur]]'' de Rodin, pour l'exposition du centenaire Rodin au [[Grand Palais (Paris)|Grand Palais]] de Paris.


=== L'admiration pour Eugène Leroy ===
=== L'admiration pour Eugène Leroy ===
Georg Baselitz, alors étudiant, avait découvert par hasard l'œuvre d'[[Eugène Leroy]] en 1960 à Paris lors d'un voyage avec Michael Werner, œuvre qui le marque profondément. Apprenant 42 ans plus tard, en 1982 que Eugène Leroy n'a plus de galerie, Baselitz le rencontre et le présente dans des expositions personnelles et internationales organisées par la galerie Michael Werner. En 2013-2014, le Musée des beaux arts de Tourcoing<ref>in Coll « Baselitz Leroy. Le récit et la condensation ». MUba Eugène Leroy, Tourcoing 2013-2014</ref> organise un hommage à leur amitié en réalisant une exposition à deux.
Georg Baselitz, alors étudiant, avait découvert par hasard l'œuvre d'[[Eugène Leroy]] en 1960 à Paris lors d'un voyage avec Michael Werner, œuvre qui le marque profondément. Apprenant 42 ans plus tard, en 1982 que Eugène Leroy n'a plus de galerie, Baselitz le rencontre et le présente dans des expositions personnelles et internationales organisées par la galerie Michael Werner. En 2013-2014, le musée des Beaux-Arts de Tourcoing<ref>Coll. « Baselitz Leroy. Le récit et la condensation ». MUba Eugène Leroy, Tourcoing, 2013-2014.</ref> organise un hommage à leur amitié en réalisant une exposition à deux.


== Œuvres ==
== Œuvres ==


[[Fichier:Volk_Ding_Zero_-_Georg_Baselitz_-_Museum_für_Gegenwart_(Hamburger_Bahnhof)_-_Berlin.JPG|thumb|''Volk Ding Zero'', à l'entrée du [[Hamburger Bahnhof (Berlin)|musée d'Art contemporain]] de [[Berlin]]]]Baselitz déconstruit la matière pour en faire émerger la vie. L'association de pigments et du façonnage des matériaux, sélectionnés pour leur couleur, leur textures et leurs possibilités esthétiques, amène l'artiste à détourner, à perturber les formes et les volumes. Influencé par le primitivisme et l'art tribal notamment, Baselitz fait résonner l'expressionnisme allemand — auquel il se refuse d'appartenir —, avec les arts premiers. {{Citation|Je pense que la sculpture est un chemin plus direct que la peinture pour arriver au même résultat parce que la sculpture est plus primitive, plus brutale et moins réservée comme la peinture l'est parfois.}}<ref>{{Lien web|titre = Baselitz sculpteur au Musée d'Art Moderne de Paris|url = http://www.lintermede.com/exposition-georg-baselitz-sculpteur-musee-art-moderne-mam-paris.php|site = www.lintermede.com|consulté le = 2015-06-16}}.</ref>
[[Fichier:Volk_Ding_Zero_-_Georg_Baselitz_-_Museum_für_Gegenwart_(Hamburger_Bahnhof)_-_Berlin.JPG|thumb|''Volk Ding Zero'', à l'entrée du [[Hamburger Bahnhof (Berlin)|musée d'Art contemporain]] de [[Berlin]].]]Baselitz déconstruit la matière pour en faire émerger la vie. L'association de pigments et du façonnage des matériaux, sélectionnés pour leur couleur, leur textures et leurs possibilités esthétiques, amène l'artiste à détourner, à perturber les formes et les volumes. Influencé par le primitivisme et l'art tribal notamment, Baselitz fait résonner l'expressionnisme allemand — auquel il se refuse d'appartenir —, avec les arts premiers. {{Citation|Je pense que la sculpture est un chemin plus direct que la peinture pour arriver au même résultat parce que la sculpture est plus primitive, plus brutale et moins réservée comme la peinture l'est parfois.}}<ref>{{Lien web|titre = Baselitz sculpteur au Musée d'Art Moderne de Paris|url = http://www.lintermede.com/exposition-georg-baselitz-sculpteur-musee-art-moderne-mam-paris.php|site = www.lintermede.com|consulté le = 2015-06-16}}.</ref>
* 1962-1963 : ''Die grosse Nacht im Eimer (La Grande Nuit foutue)'', au [[musée Ludwig]] de [[Cologne]].
* 1962-1963 : ''Die grosse Nacht im Eimer (La Grande Nuit foutue)'', au [[musée Ludwig]] de [[Cologne]].
* 1965 :
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* 1969 : ''Der Wald auf dem Kopf'' (''La Forêt sur la tête''), au musée Ludwig.
* 1969 : ''Der Wald auf dem Kopf'' (''La Forêt sur la tête''), au musée Ludwig.
* 1980 : ''Modell für eine Skulptur'' (''Modèle pour une sculpture''), au musée Ludwig.
* 1980 : ''Modell für eine Skulptur'' (''Modèle pour une sculpture''), au musée Ludwig.
*1981 : ''[[Die Mädchen von Olmo II]],'' au [[Musée national d'Art moderne]] à [[Paris]].
* 1981 : ''[[Die Mädchen von Olmo II]],'' au [[musée national d'Art moderne]] à [[Paris]].
* 1985-1986 :
* 1985-1986 :
** ''Pastorale (Die Nacht)'' (''Pastorale [La Nuit]''), au musée Ludwig.
** ''Pastorale (Die Nacht)'' (''Pastorale [La Nuit]''), au musée Ludwig.
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== Expositions ==
== Expositions ==
* [[Biennale de Venise]], 1995
* [[Biennale de Venise]], 1995.
* [[Biennale de Paris]], 1985
* [[Biennale de Paris]], 1985.
* [[Documenta]], 1972, 1977, 1982
* [[Documenta]], 1972, 1977, 1982.
* [[MNAM|Musée d'Art moderne]] de Paris, première rétrospective française du travail de sculpteur de Baselitz, du {{date-|30 septembre 2011}} au {{date-|29 janvier 2012}}<ref>[http://lintermede.com/exposition-georg-baselitz-sculpteur-musee-art-moderne-mam-paris.php Hélène Deaucourt, "Taillé dans le vif", le 18/01/2012], Présentation de l'exposition à lire sur [http://www.lintermede.com L'Intermède]</ref>
* [[MNAM|Musée d'Art moderne]] de Paris, première rétrospective française du travail de sculpteur de Baselitz, du {{date-|30 septembre 2011}} au {{date-|29 janvier 2012}}<ref>[http://lintermede.com/exposition-georg-baselitz-sculpteur-musee-art-moderne-mam-paris.php Hélène Deaucourt, ''Taillé dans le vif'', le 18/01/2012], Présentation de l'exposition à lire sur [http://www.lintermede.com L'Intermède].</ref>.
* ''Georg Baselitz - [[Eugène Leroy]], Le récit et la condensation'', au [[MUba Eugène Leroy]] de [[Tourcoing]], du {{date-|11 octobre 2013}} au {{date-|24 février 2014}}
* ''Georg Baselitz - [[Eugène Leroy]], Le récit et la condensation'', au [[MUba Eugène Leroy]] de [[Tourcoing]], du {{date-|11 octobre 2013}} au {{date-|24 février 2014}}.
* ''Georg Baselitz - Die Helden'', [[Musée Städel|Städel Museum]], Frankfurt am Main, du 30 juin au 23 octobre 2016
* ''Georg Baselitz - Die Helden'', [[Musée Städel|Städel Museum]], Frankfurt am Main, du 30 juin au 23 octobre 2016.
* ''Baselitz,'' [[Fondation Beyeler]] Riehen, Bâle, du 21janvier au 29 avril 2018
* ''Baselitz,'' [[Fondation Beyeler]] Riehen, Bâle, du 21janvier au 29 avril 2018.
*''Corpus Baselitz,'' [[Musée Unterlinden]], Colmar, du 10 juin au 4 novembre 2018
* ''Corpus Baselitz,'' [[musée Unterlinden]], Colmar, du 10 juin au 4 novembre 2018.
*''Baselitz, la rétrospective,'' [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Centre Pompidou]], Paris, du 20 octobre 2021 au 7 mars 2022<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Baselitz - La rétrospective |url=https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/RqzdcSS |site=Centre Pompidou |consulté le=2021-10-24}}</ref>
* ''Baselitz, la rétrospective'', [[Centre national d'art et de culture Georges-Pompidou|Centre Pompidou]], Paris, du 20 octobre 2021 au 7 mars 2022<ref>{{Lien web |langue=fr-FR |titre=Baselitz - La rétrospective |url=https://www.centrepompidou.fr/fr/programme/agenda/evenement/RqzdcSS |site=Centre Pompidou |consulté le=2021-10-24}}.</ref>.


== Notes et références ==
== Notes et références ==
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== Annexes ==
== Annexes ==
=== Bibliographie ===
=== Bibliographie ===
* {{en}} Frances Carey, « Georg Baselitz and German Printmaking », ''[[Print Quarterly]]'', vol. 3, {{numéro|4}}, 1986
* {{en}} Frances Carey, « Georg Baselitz and German Printmaking », ''[[Print Quarterly]]'', vol. 3, {{numéro|4}}, 1986.
* Andreas Franzke, ''Baselitz'', Cercle d'Art, Barcelone, 1988.
* Andreas Franzke, ''Baselitz'', Cercle d'Art, Barcelone, 1988.
*{{Ouvrage|auteur=[[Didier Ottinger]]|responsabilité1=commissaire|titre=Baselitz|sous-titre=Georg Baselitz Image|éditeur=[[Musée Sainte-Croix des Sables-d'Olonne|Musée de l'abbaye Sainte-Croix des Sables-d'Olonne]]|nature ouvrage=catalogue exposition du 16 juin au 16 septembre 1990, avec un texte de Yves Kobry et [[Éric Darragon]]|collection=Cahiers de l'Abbaye Sainte-Croix|numéro dans collection=67|date=mai 1990|pages totales=45|bnf=FRBNF35530643}}.
* {{Ouvrage|auteur=[[Didier Ottinger]]|responsabilité1=commissaire|titre=Baselitz|sous-titre=Georg Baselitz Image|éditeur=[[Musée Sainte-Croix des Sables-d'Olonne|Musée de l'abbaye Sainte-Croix des Sables-d'Olonne]]|nature ouvrage=catalogue exposition du 16 juin au 16 septembre 1990, avec un texte de Yves Kobry et [[Éric Darragon]]|collection=Cahiers de l'Abbaye Sainte-Croix|numéro dans collection=67|date=mai 1990|pages totales=45|bnf=FRBNF35530643}}.
* {{de}} ''Georg Baselitz. Retrospektive 1964–1991'', ed. Siegfried Gohr. Hirmer, Munich, 1992 {{ISBN|3-7774-5830-9}}
* {{de}} ''Georg Baselitz. Retrospektive 1964–1991'', ed. Siegfried Gohr. Hirmer, Munich, 1992 {{ISBN|3-7774-5830-9}}.
* Eric Darragon, ''Baselitz, Charabia et basta,'' L'Arche, Paris, 1996
* Eric Darragon, ''Baselitz, Charabia et basta,'' L'Arche, Paris, 1996.
* {{en}} Michael Auping, ''Georg Baselitz. Paintings 1962-2001'', ed. Detlev Gretenkort, essai, Milano, 2002
* {{en}} Michael Auping, ''Georg Baselitz. Paintings 1962-2001'', ed. Detlev Gretenkort, essai, Milano, 2002.
* Georg Baselitz, ''Ce que tu n'es pas est un autoportrait'', collection « L'art en écrit », éditions Jannink, Paris, 2002
* Georg Baselitz, ''Ce que tu n'es pas est un autoportrait'', collection « L'art en écrit », éditions Jannink, Paris, 2002.
* {{de}} ''Georg Baselitz. Bilder, die den Kopf verdrehen''. Seemann, Leipzig, 2004 {{ISBN|3-86502-089-5}}
* {{de}} ''Georg Baselitz. Bilder, die den Kopf verdrehen''. Seemann, Leipzig, 2004 {{ISBN|3-86502-089-5}}.
* Collectif, ''Baselitz'', Fondation de l'Hermitage, La bibliothèque des Arts, Lausanne, 2006.
* Collectif, ''Baselitz'', Fondation de l'Hermitage, La bibliothèque des Arts, Lausanne, 2006.
* {{de}} « Ich will es noch einmal schaffen » (entretien avec Georg Baselitz), ''Art magazin'', vol. 3, 2006, {{p.|36-43}}
* {{de}} « Ich will es noch einmal schaffen » (entretien avec Georg Baselitz), ''Art magazin'', vol. 3, 2006, {{p.|36-43}}.
* {{en}} Georg Baselitz, Richard Shiff et Carla Schulz-Hoffmann, ''Georg Baselitz: A Retrospective'' (catalogue exposition), éd. Sir Norman Rosenthal, Royal Academy of Art, Londres, 2007 {{ISBN|978-1905711055}}
* {{en}} Georg Baselitz, Richard Shiff et Carla Schulz-Hoffmann, ''Georg Baselitz: A Retrospective'' (catalogue exposition), éd. Sir Norman Rosenthal, Royal Academy of Art, Londres, 2007 {{ISBN|978-1905711055}}.
* {{de}} Christian Malycha, ''Das Motiv ohne Inhalt. Malerei bei Georg Baselitz 1959-1969'', Kerber, Bielefeld, 2008 {{ISBN|978-3-86678-131-3}}
* {{de}} Christian Malycha, ''Das Motiv ohne Inhalt. Malerei bei Georg Baselitz 1959-1969'', Kerber, Bielefeld, 2008 {{ISBN|978-3-86678-131-3}}.
* Collectif, ''Baselitz-Leroy. Le récit et la condensation'' (catalogue exposition), MUba Eugène Leroy, Tourcoing 2013-2014
* Collectif, ''Baselitz-Leroy. Le récit et la condensation'' (catalogue exposition), MUba Eugène Leroy, Tourcoing 2013-2014.


=== Liens externes ===
=== Liens externes ===
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* {{Dictionnaires}}
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* {{Bases art}}
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* {{fr}} [http://pierrearnaud.blog.lemonde.fr/2007/02/11/lartiste-du-dimanche-2/ Portrait photo de Georg Baselitz]
* {{fr}} [http://pierrearnaud.blog.lemonde.fr/2007/02/11/lartiste-du-dimanche-2/ Portrait photo de Georg Baselitz].
* {{fr}} [http://www.moreeuw.com/histoire-art/georg-baselitz.htm Biographie Georg Baselitz]
* {{fr}} [http://www.moreeuw.com/histoire-art/georg-baselitz.htm Biographie Georg Baselitz].
* Art Point France, Georg Baselitz: http://www.artpointfrance.org/Diffusion/baselitz.htm
* Art Point France, Georg Baselitz {{Lire en ligne|lien=http://www.artpointfrance.org/Diffusion/baselitz.htm}}.


{{Palette Lauréat du Praemium Imperiale de peinture}}
{{Palette Lauréat du Praemium Imperiale de peinture}}

Version du 23 janvier 2022 à 17:17

Georg Baselitz
Georg Baselitz par Oliver Mark.
Naissance
(86 ans)
Deutschbaselitz, Kamenz, Saxe Drapeau de l'Allemagne Allemagne
Nom de naissance
Hans-Georg Kern
Pseudonymes
Hans-Georg Kern, Baselitz, Hans-GeorgVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Activité
Maître
Hann Trier
Représenté par
Lieux de travail
Mouvement
Influencé par
Distinction
Œuvres principales
Georg Baselitz photographié par Lothar Wolleh, Mülheim, 1971

Georg Baselitz, né Hans-Georg Kern le à Deutschbaselitz[1] (aujourd'hui un quartier de Kamenz en Saxe), est un artiste peintre, sculpteur, graveur et enseignant allemand.

Né en Saxe pendant la période nazie, il passe son adolescence en Allemagne de l'Est, puis il vient vivre et étudier en Allemagne de l'Ouest. Sa carrière prend son élan au milieu des années 1960, quand il devient une des figures de l'esprit de Berlin-Ouest, et du néo-expressionnisme allemand.

Sa peinture figurative est caractérisée par la présentation des tableaux « haut-en-bas », dessinée et peinte à grands coups de brosse, avec des couleurs franches. Sa sculpture, le plus souvent sur bois, est pratiquée à la tronçonneuse.

Par sa violence expressive, l'art de Baselitz évoque le primitivisme et l'expressionnisme berlinois des années 1920.

Il est aujourd'hui professeur émérite à l'université des arts de Berlin. Il est élu le [2] et installé le 27 octobre 2021 à l'Académie des beaux-arts de France[3].

Biographie

Georg Baselitz est né le à Deutschbaselitz (Saxe) sous le nom de Hans-Georg Kern, sous le Troisième Reich dans ce qui deviendra par la suite l'Allemagne de l'Est (ou RDA) à partir de 1949. Son père est instituteur et la famille vit dans les locaux de l'école ; dans la bibliothèque attenante, Baselitz découvre des albums de dessins du XIXe siècle, qui constituent son premier contact avec l’art. Il travaille comme assistant avec le photographe de nature Helmut Drechsler pour d’occasionnelles « photographies ornithologiques ».

En 1950, la famille déménage dans la ville de Kamenz. Baselitz va en cours au lycée local, dont la salle de réunion est décorée par une reproduction de la peinture Wermsdorfer Wald (1859), de Louis-Ferdinand von Rayski. Il lit les écrits de Jakob Böhme. Vers 15 ans, il peint des portraits, des sujets religieux, des natures mortes et des paysages, dont certains avec un style futuriste.

Formation artistique

En 1955, à 17 ans il tente de s'inscrire à l'Académie des beaux-arts de Dresde, sans succès. En 1956, il passe l'examen d'entrée de la Forstschule de Taranth pour y être garde-forestier, et est simultanément admis à la Hochschule für bildende und angewandte Kunst (École des arts plastiques et des arts appliqués) de Berlin-Weißensee à Berlin-Est. Il y étudie la peinture avec les professeurs Walter Womacka et Herbert Behrens-Hangeler. Parmi ses amis, on trouve Peter Graf et Ralf Winkler (connu plus tard sous le nom de A. R. Penck). Après deux semestres, il est expulsé pour « immaturité socio-politique »[1].

En 1957, il est admis à la Hochschule der Künste (École des beaux-arts) de Charlottenburg de Berlin-Ouest et poursuit ses études dans la classe de Hann Trier. Il s'immerge dans les théories d’Ernst-Wilhelm Nay, Wassily Kandinsky et Kasimir Malevitch. Il se lie d'amitié avec Eugen Schönebeck et Benjamin Katz. En 1958, Baselitz s'installe à Berlin-Ouest, fuyant Berlin-Est. Là il rencontre sa future femme, Elke Kretzschmar. Il réalise les premières œuvres empreintes de son style distinctif, dont les portraits imaginaires Oncle Bernard. Il commence à travailler la série Tête de Rayski. Il visite l'exposition de nouvelle peinture américaine au musée d'Art moderne, et découvre la peinture de Pollock, de De Kooning et de Guston à la Hochschule der Künste de Berlin. En 1959, il se rend en auto-stop à Amsterdam, où il admire le Bœuf écorché de Chaïm Soutine et le grand verre de Duchamp au Stedelijk Museum. Il s'arrête sur le chemin du retour à Cassel pour assister à la documenta 2. Au retour, il quitte l'atelier de l'école et commence à travailler chez lui pour mieux se concentrer.

L'affirmation du peintre

En 1961, il prend le pseudonyme de Georg Baselitz en souvenir de sa ville natale, alors en Allemagne de l'Est. Premier voyage à Paris où il découvre la peinture d'Eugène Leroy à la galerie Claude Bernard. Baselitz s'intéresse également aux travaux de Hans Prinzhorn sur l'art des malades mentaux. Baselitz et Schönebeck exposent leurs travaux dans une maison abandonnée et rédigent en livret d'accompagnement leur manifeste : Premier manifeste Pandémonium. Ils sont tous deux admis dans la classe de doctorat de Hann Trier. En 1962 est rédigé le Deuxième manifeste Pandémonium. Baselitz se marie avec Elke Kretzschmar. Naissance de son premier fils, Daniel, (qui se fait appeler aujourd'hui « Daniel Blau »). Début de l'amitié avec Michael Werner. Il finit ses études à l'Akademie.

En 1963 a lieu la première exposition personnelle de Baselitz à la galerie Werner & Katz, à Berlin, qui donne lieu à un scandale pour atteintes à l'ordre public : deux des œuvres, Die große Nacht im Eimer (La Grande Nuit foutue), et Der nackte Mann (L'Homme nu) sont saisies par un huissier. Le procès qui s'ensuit se poursuivra jusqu'en 1965, où les peintures lui sont restituées. Un nouveau manifeste est rédigé sous la forme d'une lettre adressée à « Cher M. W ! ». La série P.D.-Füße (Pieds de P.D.) est terminée. La peinture de Baselitz présente alors de manière volontairement grossière de jeunes hommes habillés de vêtements militaires, en morceaux ou en haillons, des images oniriques de guerre, de pieds et de mains déchiquetés, de sexe, de masturbation. En 1964, il réalise la série des Idoles. Il passe le printemps au Schloß Wolfsburg et y réalise ses premières gravures à l'eau-forte. Il expose Obéron au premier Orthodoxer Salon de Michael Werner. Début de son amitié avec Johannes Gachnang. À l'automne, Michael Werner expose ses eaux fortes. En 1965, il obtient une bourse d'études de six mois pour la villa Romana de Florence. Il y étudie le dessin maniériste. À Florence, il réalise la série : les Tierstücke (Bouts d'animaux). Première exposition à la galerie Friedrich & Dahlem de Munich. À son retour, il travaille et ce jusqu'en 1966 sur la série des Héros, qui inclut une composition de grand format, Die großen Freunde (Les Grands Amis). La peinture de cette époque est comme déchiquetée, morcelée, recollée et assemblée en désordre.

En 1966 naît son second fils, Anton. Il déménage à Osthofen, près de Worms. Avec ses premières gravures sur bois, il réalise une série de peintures vertes aux motifs ruraux, les Frakturbilder (Images fracturées), qu'il poursuivra jusqu'en 1969. En 1967, il peint B für Larry (B pour Larry).

Retourner la peinture tête en bas

En 1969, il prend Wermsdorfer Wald de Louis-Ferdinand von Rayski pour modèle, et il en répète le motif tête en bas. Ce retournement du tableau, un portrait figuratif mis à l'envers du sens de lecture, devient le signe de sa peinture, son identité : sa peinture sera dorénavant longtemps présentée ainsi.

Dans les années suivantes, il expose régulièrement à la galerie Heiner Friedrich. La plupart de ses travaux représentent alors des paysages, dont le thème est mis en abyme. Au musée des Arts de Bâle, Dieter Koepplin expose la première rétrospective de ses travaux graphiques et de ses dessins. À la Galeriehaus de la Lindenstraße de Cologne, Franz Dahlem expose ses peintures « inversées ». En 1971, il déménage à Forst. Il utilise l'école du vieux village comme atelier et commence à peindre des oiseaux. Pour le foyer de la Clinique neurologique de Berlin-Ouest, il réalise le triptyque Dans la forêt près de Pontaubert-Seurat. Exposition à la galerie Tobiès & Silex de Cologne.

La reconnaissance allemande

En 1972, la Kunsthalle de Mannheim expose ses peintures et dessins. Les travaux de la période 1962-1972 sont exposés à la Kunstverein de Hambourg. Participation à la documenta 5 de Cassel. Il loue les locaux d'une usine à Musbach pour y installer son studio. Il exécute une série de peintures avec ses empreintes digitales. Les éditions de la galerie Heiner Friedrich commercialise ses sérigraphies sous la direction de Fried Jahn. Johannes Gachnang expose la série des portraits Amis de 1969 au Goethe Institut d'Amsterdam. En 1975, il effectue son premier voyage à New York et participe à la Biennale de São Paulo. La même année, il installe son atelier à Florence jusqu'en 1981. En 1977 et 1978, il enseigne à la Staatliche Akademie der Bildenden Künst de Karlsruhe. Jusqu'à la fin des années 1980, Baselitz peint essentiellement a tempera et sa peinture devient plus abstraite.

La reconnaissance internationale

En 1977, alors qu'il participe avec Markus Lüpertz à la documenta 6, ils décrochent leurs œuvres en protestation contre la présence de peintres d'Allemagne de l'Est. Le scandale qui suit les rend célèbres. En 1980, il participe à la Biennale de Venise avec Anselm Kiefer, puis à l'exposition A New Spirit in Painting à la Royal Academy de Londres. Il est alors reconnu avec Markus Lüpertz comme une des figures de proue du néo-expressionnisme allemand. Il apparaît dans les écrits d'Achille Bonito Oliva comme une figure de la trans-avant-garde des années 1980.

Dans les années 1980, il enseigne la peinture à Berlin et les thèmes chrétiens deviennent déterminants dans sa production jusqu'à la fin de 1984. En 1985, il participe à la Biennale de Paris. La Bibliothèque nationale de France organise sa première rétrospective de ses gravures. Cette même année, on compte pas moins de dix-sept expositions personnelles en galerie en Allemagne, Autriche, France, Pays-Bas, Grande-Bretagne, États-Unis…

En 1987, il installe son atelier à Imperia en Italie, et fait une lecture publique de Rüstzeug des Malers (L'Attirail du peintre) à Amsterdam, à Londres et à l'École des beaux-arts de Paris. Il y explique sa méthode, son travail par l'utilisation du hurlement, par la rhétorique du cri : il ne dit pas « rouge », il hurle littéralement « rouge », il ne peint pas de manière décorative, sa peinture hurle la décoration, ce qu'il fait, il le fait en « énorme ». En 1995, il expose au Guggenheim de New York[4].

En 1995, dans le cadre d'une commande publique, il réalise pour la Chalcographie du Louvre une gravure à la pointe sèche et à l'aquatinte intitulée Jaffa[5].

La réunification allemande

En 1989, il présente deux béliers renversés sur l'étiquette du Château Mouton Rothschild, en référence à l'évènement marquant de l'année 1989. Il y ajoute la phrase Drüben sein jetzt hier, soit « L'autre côté est maintenant chez nous »[6].

En 1993 et 1994, il crée les décors de Punch et Judy de Harrison Birtwistle pour l'Opéra d'Amsterdam. Il présente son manifeste Malen aus dem Kopf, auf dem Kopf oder aus dem Topf (« Peindre de la tête, sur la tête ou hors du pot »).

Les rétrospectives

Reconnu comme une des figures majeures de la peinture allemande et de la nouvelle Allemagne réunifiée avec Gerhard Richter, A. R. Penck, Markus Lüpertz ou Anselm Kiefer, Baselitz enchaîne les expositions rétrospectives dans les musées internationaux. En 1996, il peint des portraits de famille et présente une grande rétrospective au musée d'Art moderne de la ville de Paris. En 2000, il réalise des peintures et estampes autour du thème de Marcel Duchamp. En 2007, il présente une grande rétrospective à la Royal Academy of Arts de Londres. En 2013-14, une rétrospective de son œuvre sculpté a lieu au musée d'Art moderne de la ville de Paris. En 2017, son « ouvrier pensant » (Volk Ding Zero) est placé à côté du plâtre original du Penseur de Rodin, pour l'exposition du centenaire Rodin au Grand Palais de Paris.

L'admiration pour Eugène Leroy

Georg Baselitz, alors étudiant, avait découvert par hasard l'œuvre d'Eugène Leroy en 1960 à Paris lors d'un voyage avec Michael Werner, œuvre qui le marque profondément. Apprenant 42 ans plus tard, en 1982 que Eugène Leroy n'a plus de galerie, Baselitz le rencontre et le présente dans des expositions personnelles et internationales organisées par la galerie Michael Werner. En 2013-2014, le musée des Beaux-Arts de Tourcoing[7] organise un hommage à leur amitié en réalisant une exposition à deux.

Œuvres

Volk Ding Zero, à l'entrée du musée d'Art contemporain de Berlin.

Baselitz déconstruit la matière pour en faire émerger la vie. L'association de pigments et du façonnage des matériaux, sélectionnés pour leur couleur, leur textures et leurs possibilités esthétiques, amène l'artiste à détourner, à perturber les formes et les volumes. Influencé par le primitivisme et l'art tribal notamment, Baselitz fait résonner l'expressionnisme allemand — auquel il se refuse d'appartenir —, avec les arts premiers. « Je pense que la sculpture est un chemin plus direct que la peinture pour arriver au même résultat parce que la sculpture est plus primitive, plus brutale et moins réservée comme la peinture l'est parfois. »[8]

  • 1962-1963 : Die grosse Nacht im Eimer (La Grande Nuit foutue), au musée Ludwig de Cologne.
  • 1965 :
    • Die grossen Freunde (Les Grands Amis), au musée Ludwig.
    • Die Peitschenfrau (La Femme au fouet), au musée Ludwig.
    • Der Versperrte, à la Kunsthalle de Bielefeld.
  • 1969 : Der Wald auf dem Kopf (La Forêt sur la tête), au musée Ludwig.
  • 1980 : Modell für eine Skulptur (Modèle pour une sculpture), au musée Ludwig.
  • 1981 : Die Mädchen von Olmo II, au musée national d'Art moderne à Paris.
  • 1985-1986 :
    • Pastorale (Die Nacht) (Pastorale [La Nuit]), au musée Ludwig.
    • Pastorale (Der Tag) (Pastorale [Le Jour]), au musée Ludwig.
  • 1991 : Die letzte Kurt, Kurt, Kurt (La dernière Kurt, Kurt, Kurt), au musée Ludwig.
  • 2009 : Volk Ding Zero (Peuple Chose Zéro).

Expositions

Notes et références

  1. a et b Coll. « Baselitz, une seule passion la peinture Fondation de l'Hermitage », Bibliothèque des arts, 2006, p. 168.
  2. Au siège d'Andrzej Wajda, lire Le Figaro [lire en ligne].
  3. Le discours de réception par Jean-Marc Bustamante et celui d'installation de Baselitz peuvent être écouter sur https://www.youtube.com/watch?v=20qfM7qGVOU.
  4. (en) « Review/Art; 'The German Image' », sur The New York Times, (consulté le ).
  5. « Catalogue en ligne des gravures de la Chalcographie du Louvre », sur ateliersartmuseesnationaux.fr (consulté le ).
  6. « Georg Baselitz », sur Château Mouton Rothschild (consulté le ).
  7. Coll. « Baselitz Leroy. Le récit et la condensation ». MUba Eugène Leroy, Tourcoing, 2013-2014.
  8. « Baselitz sculpteur au Musée d'Art Moderne de Paris », sur www.lintermede.com (consulté le ).
  9. Hélène Deaucourt, Taillé dans le vif, le 18/01/2012, Présentation de l'exposition à lire sur L'Intermède.
  10. « Baselitz - La rétrospective », sur Centre Pompidou (consulté le ).

Annexes

Bibliographie

  • (en) Frances Carey, « Georg Baselitz and German Printmaking », Print Quarterly, vol. 3, no 4, 1986.
  • Andreas Franzke, Baselitz, Cercle d'Art, Barcelone, 1988.
  • Didier Ottinger (commissaire), Baselitz : Georg Baselitz Image (catalogue exposition du 16 juin au 16 septembre 1990, avec un texte de Yves Kobry et Éric Darragon), Musée de l'abbaye Sainte-Croix des Sables-d'Olonne, coll. « Cahiers de l'Abbaye Sainte-Croix » (no 67), , 45 p. (BNF 35530643).
  • (de) Georg Baselitz. Retrospektive 1964–1991, ed. Siegfried Gohr. Hirmer, Munich, 1992 (ISBN 3-7774-5830-9).
  • Eric Darragon, Baselitz, Charabia et basta, L'Arche, Paris, 1996.
  • (en) Michael Auping, Georg Baselitz. Paintings 1962-2001, ed. Detlev Gretenkort, essai, Milano, 2002.
  • Georg Baselitz, Ce que tu n'es pas est un autoportrait, collection « L'art en écrit », éditions Jannink, Paris, 2002.
  • (de) Georg Baselitz. Bilder, die den Kopf verdrehen. Seemann, Leipzig, 2004 (ISBN 3-86502-089-5).
  • Collectif, Baselitz, Fondation de l'Hermitage, La bibliothèque des Arts, Lausanne, 2006.
  • (de) « Ich will es noch einmal schaffen » (entretien avec Georg Baselitz), Art magazin, vol. 3, 2006, p. 36-43.
  • (en) Georg Baselitz, Richard Shiff et Carla Schulz-Hoffmann, Georg Baselitz: A Retrospective (catalogue exposition), éd. Sir Norman Rosenthal, Royal Academy of Art, Londres, 2007 (ISBN 978-1905711055).
  • (de) Christian Malycha, Das Motiv ohne Inhalt. Malerei bei Georg Baselitz 1959-1969, Kerber, Bielefeld, 2008 (ISBN 978-3-86678-131-3).
  • Collectif, Baselitz-Leroy. Le récit et la condensation (catalogue exposition), MUba Eugène Leroy, Tourcoing 2013-2014.

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