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« Évaporation » : différence entre les versions

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{{Voir homonymes|Évaporation (homonymie)}}
[[File:Évaporation de l'eau de pluie sur un toit.jpg|thumb|280px|<center>Évaporation de l'eau de pluie sur un toit.</center>]]
[[File:Évaporation de l'eau de pluie sur un toit.jpg|thumb|280px|<center>Évaporation de l'eau de pluie sur un toit.</center>]]
L{{'}}'''évaporation''' est un passage progressif de l'[[état liquide]] à l'[[état gazeux]] à la surface d'un liquide<ref>{{CNRTL|Évaporation}} (consulté le 30 juin 2015).</ref>. Ce phénomène est une [[vaporisation]] progressive qui a pour effet d'absorber de l'[[énergie thermique]] et donc de réduire la [[température]] de l’environnement.
L{{'}}'''évaporation''' est un passage de l'[[état liquide]] à l'[[état gazeux]] à la surface d'un liquide<ref name=CNTRL>{{CNRTL|Évaporation}}</ref> à une température inférieure à la [[température d'ébullition]]. Ce phénomène a pour effet d'absorber de l'[[énergie thermique]] et donc de réduire la [[température]] des deux milieux ou de freiner leur échauffement par une source.


== Histoire ==
== Historique de connaissances ==


Le mot évaporation est emprunté au [[latin impérial]] ''evaporatio, -ionis''<ref name=CNTRL/>.
{{...}}
La connaissance de l'existence de l'évaporation est ancienne. Le mot est emprunté au [[latin impérial]] ''evaporatio, -ionis''<ref>{{CNRTL|évaporation}}.</ref>.


Jusqu'à la fin du {{s-|XVIII}} on s'intéresse à l'aspect thermodynamique du phénomène et c'est [[Joseph Black]] qui met en évidence la notion de [[Enthalpie de vaporisation|chaleur latente de vaporisation]] (1761).
Certains auteurs rapprochent l'évaporation du phénomène inverse appelé [[condensation]], dont on sait depuis avant 1830 qu'il est impliqué dans la formation des nuages<ref>{{Chapitre |langue=en |titre chapitre=Experiments on the influence of the Aurora Borealis on the magnetic needle |auteur chapitre=Reverend James Farquharson |page début chapitre=97 |titre ouvrage=Philosophical transactions of the Royal society of London for the year MDCCCXXX |sous-titre ouvrage=<!-- giving some accompt of the present undertakings, studies, and labours of the ingenious in many considerable parts of the world. VOL120 (Donnée douteuse)--> |tome=1 |éditeur=[[Royal Society]] |date=1830 |lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k559251/f117.image |consulté le=2020-06-04 |passage=108}}, sur [[Gallica]].</ref>.


[[John Dalton]] est le premier à donner une loi de vaporisation pour l'eau faisant intervenir la différence entre pression de vapeur saturante et pression partielle (1802)<ref>{{article|langue=en|auteur=[[John Dalton]]|titre= Experimental Essays on the Constitution of Mixed Gases: On the Force of Steam or Vapour from Water or Other Liquids in Different Temperatures, Both in a Torricelli Vacuum and in Air; on Evaporation; and on Expansion of Gases by Heat|périodique=Memoirs and proceedings of the [[Manchester Literary and Philosophical Society|Manchester Literary & Philosophical
Au {{s-|XIX}}, [[John Dalton]] étudie le volume de vapeur d'eau qui est nécessaire pour saturer l'air. Il remarque que ce volume dépend beaucoup de la température.
Society]]|volume=5|lieu=Manchester|date=1802|pages=536–602}}</ref>. Il publie ses travaux en même temps que ceux établissant la [[loi de Dalton]] sur les pressions partielles.


La dynamique du phénomène au niveau microscopique est établie par [[Heinrich Hertz]]<ref name="Hertz">{{article|langue=de|nom=Heinrich Hertz|titre=Ueber den Druck des gesättigten Quecksilberdämpfes|périodique=Annalen der Physik und Chemie|volume=17|année=1882|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k15260s/f3.item.r=.zoom}}</ref> (1882), [[Martin Knudsen]]<ref name="Knudsen">{{article|langue=de|nom=Martin Knudsen|titre=Experimentelle Bestimmung des Druckes gesättigter Quecksilberdämpfe bei O° und Höheren Temperaturen|périodique=Annalen der Physik|volume=29|année=1909|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k153335/f191.item}}</ref> (1909) et [[Irving Langmuir]]<ref>{{article|langue=en|auteur=[[Irving Langmuir]]|titre=The Condensation and Evaporation of Gas Molecules|périodique=[[PNAS]]|volume=3|numéro=3|date=1917|url=https://www.pnas.org/doi/epdf/10.1073/pnas.3.3.141}}</ref> (1917) conduisant à la loi connue aujourd'hui sous le nom de [[relation de Hertz-Knudsen]].
== Description ==

== Phénoménologie ==
[[File:Vapor pressure.svg|vignette|Processus microscopique d'évaporation et de condensation en surface de liquide.]]
[[File:Vapor pressure.svg|vignette|Processus microscopique d'évaporation et de condensation en surface de liquide.]]
=== Pour une seule espèce ===
{{Section à sourcer|date=juin 2020}}
[[File:Evaporation eau.jpg|thumb|Vitesse d'évaporation de l'eau, surface balayée par une atmosphère neutre (pas d'ébulliton, <math>\textstyle p_{H2O}\approx 0</math>). ]]
L'évaporation d'un liquide se produit principalement lorsqu'une de ses surfaces est ''libre'', c'est-à-dire qu'elle n'est pas enfermée par un autre liquide ou par un solide.
Au niveau microscopique il n'existe pas de plan géométrique interfacial entre les deux milieux : les molécules de la région interne (le liquide) sont liées à leurs voisines dans une géométrie complexe. Si elles acquièrent une énergie cinétique suffisante du fait d'un apport d'énergie externe elles peuvent se libérer dans le milieu adjacent nommé [[couche de Knudsen]] qui forme une partie de la phase gazeuse dans laquelle le milieu est loin de l'équilibre thermodynamique.


Au contraire une molécule qui arrive au contact pourra contracter une liaison qui en fera une partie du liquide.
Sous l'action de la chaleur {{Incise|c'est-à-dire l'[[énergie thermique]] sous forme d'agitation moléculaire ou rayonnements}} contenue dans le liquide, quelques molécules de surfaces sont propulsées dans l'air, gagnant ainsi en [[énergie cinétique]]. L'interface entre le liquide et le gaz est appelée [[couche de Knudsen]]. La quantité de liquide projetée dans l'air dépend de la température de liquide, de la quantité de liquide déjà présente dans l'air, ou saturation, et de la [[pression de vapeur saturante]].


Ce mécanisme est matérialisé par la [[relation de Hertz-Knudsen]] donnant le débit massique par unité d'aire de l'interface au niveau macroscopique :
Les mêmes effets sur un solide conduisent à sa [[Sublimation (physique)|sublimation]].
:<math>\dot{m}=\alpha\;\sqrt{\frac{M}{2\pi RT}}\,\left(p_s-p\right)</math>
où <math>\textstyle p</math> est la pression, <math>\textstyle p_s</math> la [[pression de vapeur saturante]], <math>\textstyle M</math> la [[masse molaire]] et <math>\textstyle \alpha</math> un coefficient d'efficacité du phénomène dépendant de l'espèce et de la température <math>\textstyle T</math> (coefficient de « collage », en anglais « sticking coefficient ») tel que <math>\textstyle 0<\alpha \leq 1</math>. <math>\textstyle R</math> est la [[constante universelle des gaz parfaits]]. <math>\textstyle \alpha</math> peut prendre des valeurs comprises dans une large plage, d'une valeur proche de l'unité pour les métaux à des valeurs de l'ordre de 0,01 à 1 pour des liquides<ref name="Paul">{{article|langue=en|nom=B. Paul|titre=Compilation of Evaporation Coefficients|périodique=ARS Journal|volume=9|numéro=2|année=1962}}</ref>. La valeur pour l'eau est voisine de l'unité<ref>{{article|langue=en|auteur1=Purnendu Chakraborty|auteur2=Michael R. Zachariah|titre=Sticking Coefficient and Processing of Water Vapor on Organic-Coated Nanoaerosols|périodique=[[Journal of Physical Chemistry A]]|volume=112|date=2008|pages=966-972|url=https://mrzgroup.ucr.edu/sites/default/files/2019-02/2008_jpc_purnendu.pdf}}</ref>.


L'équilibre, correspondant à un débit nul, est atteint lorsque <math>\textstyle p=p_s</math>. La condensation correspond à un débit négatif. [[Condensation]] et évaporation ne sont donc qu'un seul phénomène physique et ne diffèrent que par leur bilan final.
=== Description physique ===


=== Pour plusieurs espèces ===
Dans un volume libre au-dessus d'un liquide formé de molécules d'une [[espèce chimique]] donnée, certaines molécules de cette espèce se trouvent sous forme gazeuse. À l'[[équilibre thermodynamique]], la pression gazeuse obtenue définit la [[pression de vapeur saturante]] qui dépend de la [[température]]. Si le liquide est constitué d'un mélange d'espèces, celles-ci se retrouvent dans le gaz avec des [[Pression partielle|pressions partielles]] égales à la pression de vapeur saturante de chacune d'entre elles.
Pour un milieu formé de plusieurs espèces dont les potentiels d'interaction en phase liquide sont semblables entre eux et avec les autres composants la loi de Hertz-Knudsen reste valide pour chaque constituant en multipliant sa pression de vapeur saturante par sa fraction volumique dans le liquide, conformément à la [[loi de Raoult]], et en remplaçant la pression par la [[pression partielle]]. Ceci suppose que le milieu gazeux se comporte comme un mélange de [[gaz parfait]]s obéissant à la [[loi de Dalton]]<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Van P. Carey|titre=Liquid-Vapor Phase-Change Phenomena|éditeur=[[CRC Press]]|date=2007|isbn=1591690358}}</ref>{{,}}<ref>{{ouvrage|langue=en|auteur=Robert W. Schrage|titre=A Theoretical Study of Interphase Mass Transfer|éditeur=Columbia University Press|date=1953}}</ref>.


Ceci n'est pas toujours vrai, en particulier dans le cas d'espèces liquides dissoutes dans un [[solvant]] pour lesquelles les liaisons polaires avec le solvant diminuent la pression de vapeur d'équilibre. On parle alors d'une diminution d'[[activité chimique]] liée au solvant.
L'état d'équilibre d'un système à une seule espèce est décrit par la [[Formule de Clapeyron#Transition liquide-gaz, équation de Clausius-Clapeyron|formule de Rankine]] :
:<math>\ln \left( \frac{ p_2 }{ p_1 } \right) = - \frac{ \Delta H_\text{ vap } }{ R } \left( \frac{ 1 }{ T_2 } - \frac{ 1 }{ T_1 } \right)</math>
où <math>p_1</math>, <math>p_2</math> sont les pressions aux températures <math>T_1</math> et <math>T_2</math>, <math>\Delta H_\text{ vap }</math> l'[[énergie de vaporisation]] (ou [[enthalpie de vaporisation]]) et <math>R</math> la [[constante universelle des gaz parfaits]].


=== Problèmes couplés ===
Lorsque la pression partielle de la vapeur dans le gaz est inférieure à la pression de vapeur saturante, une partie des molécules passe de la phase liquide à la phase gazeuse : c'est l'évaporation, qui demande de fournir la chaleur latente correspondante. Pour un système fermé, ceci a pour effet de refroidir le liquide. Ce phénomène est décrit par la [[relation de Hertz-Knudsen]] donnant le débit massique par unité d'aire :
[[File:10. Ладење при испарување.ogv|thumb|right|280px|Demonstration du refroidissement par évaporation d'[[éthanol]].]]
:<math>\dot{m}=\alpha\;\sqrt{\frac{M}{2\pi RT}}\,\left(p_s-p\right)</math>
Il existe beaucoup de problèmes où l'évaporation est couplée à un autre phénomène modifiant le milieu gazeux. Il peut s'agir de [[Diffusion de la matière|diffusion]] comme dans l'évaporation d'un nuage de gouttes dans les problèmes de combustion interne ou de l'évaporation en milieu poreux comme le [[séchage]]. Il peut également s'agir de convection comme dans les problèmes d'évaporation de surfaces d'eau (mers, lacs).
où <math>p_s</math> est la pression de vapeur saturante, <math>M</math> la [[masse molaire]] et <math>\alpha < 1</math> un coefficient d'efficacité du phénomène dépendant de l'espèce et de la température. L'équilibre, correspondant à un débit nul, est atteint lorsque <math>p=p_s</math>.

Dans le cas d'un mélange formé de plusieurs espèces liées faiblement, par exemple une espèce dans un solvant, les liaisons diminuent la pression de vapeur d'équilibre. On parle alors d'une diminution d'activité liée au solvant.


Dans tous les cas l'apport (ou non) d'énergie joue un rôle primordial dans l'évolution du phénomène qui est [[endothermique]]. Par exemple l'évaporation de {{unité|1|[[gramme]]}} d'eau à {{tmp|25|°C}} nécessite environ {{unité|2400|[[joule]]s}} ({{unité|580|[[calorie]]s}}), soit la même énergie que pour élever la température de {{unité|580|grammes}} d'eau de {{tmp|1|°C}}.
== Caractéristiques ==
{{Section à sourcer|date=juin 2020}}


=== Différences entre évaporation et ébullition ===
=== Différences entre évaporation et ébullition ===


L'[[ébullition]] se produit lorsque la pression de vapeur saturante devient supérieure à la pression totale initiale du milieu. Il y a alors emballement du phénomène de changement de phase avec augmentation de la surface interfaciale par création de bulles.
L'évaporation est un phénomène surfacique où les molécules à la surface passent progressivement d'un état à l'autre alors que l'[[ébullition]] est un phénomène volumique (les bulles naissent dans le liquide).


== Évaporation de l'eau ==
L'évaporation est un changement d'état lent alors que l'ébullition est un changement d'état rapide.


L'[[évapotranspiration]] est un phénomène indispensable dans le cycle de la vie sur Terre. Le [[cycle de l'eau]] (l'eau liquide s'évapore, se re-condense en nuage, puis retombe en pluie ou neige) est une partie de ce cycle.
=== Facteurs favorisant l'évaporation ===

[[Fichier:Verdunstungshöhe.svg|vignette|Évaporation par mois et par matériau en Allemagne, années 1893-2014.]]
[[Fichier:Gewässerverdunstung.svg|vignette|Évaporation mensuelle selon la hauteur de la mer, en Allemagne, années 1893–2014.]]
[[Fichier:Verdunstung freier Wasserflächen.svg|vignette|Évaporation annuelle en Allemagne, années 1893–2014.]]
[[Fichier:Potentiellen Verdunstungshöhe.svg|vignette|Évaporation annuelle ''potentielles'' ({{Pas clair|vers Turc / Ivanov|date=juin 2020}}<!-- Voir article en allemand : "nach Turc/Ivanov". -->) en Allemagne, années 1893–2014. ]]

Les facteurs favorisant l'évaporation sont :
* la surface exposée (étendre le linge favorise l'évaporation) ;
* le type de matériau imprégné (le nylon sèche plus vite que la laine ou le coton) ;
* le vent, qui favorise l'évaporation ;
* l'humidité de l'air : l'évaporation sera plus importante dans un air sec que dans un air humide ;
* un apport de [[transfert thermique|chaleur]] ,tel qu'en fournit le soleil, l'évaporation étant [[endothermique]], c'est-à-dire qu'elle absorbe de la chaleur de l'environnement.

== Évaporation de l'eau ==
L'évaporation est un phénomène indispensable dans le cycle de la vie sur Terre. Le [[cycle de l'eau]] (l'eau liquide devient nuage, puis retombe en pluie ou neige) requiert cette étape.


L'évaporation demande en général une importante quantité d'[[énergie]] (la [[chaleur latente]] de vaporisation), ce qui permet par exemple la [[thermorégulation|régulation de température]] chez les [[homéotherme]]s par [[transpiration animale|transpiration]] et évaporation de la [[sueur]], ou encore le rafraîchissement d'une cruche en terre, ou de l'air par nébulisation ([[aérosol]] d'[[eau]]).
L'évaporation demande en général une importante quantité d'[[énergie]] (la [[chaleur latente]] de vaporisation), ce qui permet par exemple la [[thermorégulation|régulation de température]] chez les [[homéotherme]]s par [[transpiration animale|transpiration]] et évaporation de la [[sueur]], ou encore le rafraîchissement d'une cruche en terre, ou de l'air par nébulisation ([[aérosol]] d'[[eau]]).


Chez les plantes, la [[transpiration végétale]] est essentielle pour le transport des nutriments. En effet, grâce aux [[Liaison hydrogène|liaisons hydrogène]], les [[Molécule d'eau|molécules d'eau]] fonctionnent comme une chaîne, se « tirant » les unes les autres. Ainsi, l'eau qui est puisée dans les racines de la plante est transportée jusqu'aux feuilles grâce à la propriété de la [[Cohésion (physique)|cohésion]] de l'eau et des cellules conductrices végétales.
Par exemple l'évaporation de {{unité|1|[[gramme]]}} d'eau à {{tmp|25|°C}} nécessite environ {{unité|2400|[[joule]]s}} ({{unité|580|[[calorie]]s}}), soit la même énergie que pour élever la température de {{unité|580|grammes}} d'eau de {{tmp|1|°C}}.

== Évaporation par les plantes ==
{{Article détaillé|Transpiration végétale}}

Chez les plantes, l'évaporation est essentielle pour le transport des nutriments. En effet, grâce aux [[Liaison hydrogène|liaisons hydrogène]], les [[Molécule d'eau|molécules d'eau]] fonctionnent comme une chaîne, se « tirant » les unes les autres. Ainsi, l'eau qui est puisée dans les racines de la plante est transportée jusqu'aux feuilles grâce à la propriété de la [[Cohésion (physique)|cohésion]] de l'eau et des cellules conductrices végétales.


== Notes et références ==
== Notes et références ==

Version du 22 octobre 2022 à 13:13

Évaporation de l'eau de pluie sur un toit.

L'évaporation est un passage de l'état liquide à l'état gazeux à la surface d'un liquide[1] à une température inférieure à la température d'ébullition. Ce phénomène a pour effet d'absorber de l'énergie thermique et donc de réduire la température des deux milieux ou de freiner leur échauffement par une source.

Histoire

Le mot évaporation est emprunté au latin impérial evaporatio, -ionis[1].

Jusqu'à la fin du XVIIIe siècle on s'intéresse à l'aspect thermodynamique du phénomène et c'est Joseph Black qui met en évidence la notion de chaleur latente de vaporisation (1761).

John Dalton est le premier à donner une loi de vaporisation pour l'eau faisant intervenir la différence entre pression de vapeur saturante et pression partielle (1802)[2]. Il publie ses travaux en même temps que ceux établissant la loi de Dalton sur les pressions partielles.

La dynamique du phénomène au niveau microscopique est établie par Heinrich Hertz[3] (1882), Martin Knudsen[4] (1909) et Irving Langmuir[5] (1917) conduisant à la loi connue aujourd'hui sous le nom de relation de Hertz-Knudsen.

Phénoménologie

Processus microscopique d'évaporation et de condensation en surface de liquide.

Pour une seule espèce

Vitesse d'évaporation de l'eau, surface balayée par une atmosphère neutre (pas d'ébulliton, ).

Au niveau microscopique il n'existe pas de plan géométrique interfacial entre les deux milieux : les molécules de la région interne (le liquide) sont liées à leurs voisines dans une géométrie complexe. Si elles acquièrent une énergie cinétique suffisante du fait d'un apport d'énergie externe elles peuvent se libérer dans le milieu adjacent nommé couche de Knudsen qui forme une partie de la phase gazeuse dans laquelle le milieu est loin de l'équilibre thermodynamique.

Au contraire une molécule qui arrive au contact pourra contracter une liaison qui en fera une partie du liquide.

Ce mécanisme est matérialisé par la relation de Hertz-Knudsen donnant le débit massique par unité d'aire de l'interface au niveau macroscopique :

est la pression, la pression de vapeur saturante, la masse molaire et un coefficient d'efficacité du phénomène dépendant de l'espèce et de la température (coefficient de « collage », en anglais « sticking coefficient ») tel que . est la constante universelle des gaz parfaits. peut prendre des valeurs comprises dans une large plage, d'une valeur proche de l'unité pour les métaux à des valeurs de l'ordre de 0,01 à 1 pour des liquides[6]. La valeur pour l'eau est voisine de l'unité[7].

L'équilibre, correspondant à un débit nul, est atteint lorsque . La condensation correspond à un débit négatif. Condensation et évaporation ne sont donc qu'un seul phénomène physique et ne diffèrent que par leur bilan final.

Pour plusieurs espèces

Pour un milieu formé de plusieurs espèces dont les potentiels d'interaction en phase liquide sont semblables entre eux et avec les autres composants la loi de Hertz-Knudsen reste valide pour chaque constituant en multipliant sa pression de vapeur saturante par sa fraction volumique dans le liquide, conformément à la loi de Raoult, et en remplaçant la pression par la pression partielle. Ceci suppose que le milieu gazeux se comporte comme un mélange de gaz parfaits obéissant à la loi de Dalton[8],[9].

Ceci n'est pas toujours vrai, en particulier dans le cas d'espèces liquides dissoutes dans un solvant pour lesquelles les liaisons polaires avec le solvant diminuent la pression de vapeur d'équilibre. On parle alors d'une diminution d'activité chimique liée au solvant.

Problèmes couplés

Demonstration du refroidissement par évaporation d'éthanol.

Il existe beaucoup de problèmes où l'évaporation est couplée à un autre phénomène modifiant le milieu gazeux. Il peut s'agir de diffusion comme dans l'évaporation d'un nuage de gouttes dans les problèmes de combustion interne ou de l'évaporation en milieu poreux comme le séchage. Il peut également s'agir de convection comme dans les problèmes d'évaporation de surfaces d'eau (mers, lacs).

Dans tous les cas l'apport (ou non) d'énergie joue un rôle primordial dans l'évolution du phénomène qui est endothermique. Par exemple l'évaporation de 1 gramme d'eau à 25 °C nécessite environ 2 400 joules (580 calories), soit la même énergie que pour élever la température de 580 grammes d'eau de °C.

Différences entre évaporation et ébullition

L'ébullition se produit lorsque la pression de vapeur saturante devient supérieure à la pression totale initiale du milieu. Il y a alors emballement du phénomène de changement de phase avec augmentation de la surface interfaciale par création de bulles.

Évaporation de l'eau

L'évapotranspiration est un phénomène indispensable dans le cycle de la vie sur Terre. Le cycle de l'eau (l'eau liquide s'évapore, se re-condense en nuage, puis retombe en pluie ou neige) est une partie de ce cycle.

L'évaporation demande en général une importante quantité d'énergie (la chaleur latente de vaporisation), ce qui permet par exemple la régulation de température chez les homéothermes par transpiration et évaporation de la sueur, ou encore le rafraîchissement d'une cruche en terre, ou de l'air par nébulisation (aérosol d'eau).

Chez les plantes, la transpiration végétale est essentielle pour le transport des nutriments. En effet, grâce aux liaisons hydrogène, les molécules d'eau fonctionnent comme une chaîne, se « tirant » les unes les autres. Ainsi, l'eau qui est puisée dans les racines de la plante est transportée jusqu'aux feuilles grâce à la propriété de la cohésion de l'eau et des cellules conductrices végétales.

Notes et références

  1. a et b Informations lexicographiques et étymologiques de « Évaporation » dans le Trésor de la langue française informatisé, sur le site du Centre national de ressources textuelles et lexicales
  2. (en) John Dalton, « Experimental Essays on the Constitution of Mixed Gases: On the Force of Steam or Vapour from Water or Other Liquids in Different Temperatures, Both in a Torricelli Vacuum and in Air; on Evaporation; and on Expansion of Gases by Heat », Memoirs and proceedings of the Manchester Literary & Philosophical Society, Manchester, vol. 5,‎ , p. 536–602
  3. (de) Heinrich Hertz, « Ueber den Druck des gesättigten Quecksilberdämpfes », Annalen der Physik und Chemie, vol. 17,‎ (lire en ligne)
  4. (de) Martin Knudsen, « Experimentelle Bestimmung des Druckes gesättigter Quecksilberdämpfe bei O° und Höheren Temperaturen », Annalen der Physik, vol. 29,‎ (lire en ligne)
  5. (en) Irving Langmuir, « The Condensation and Evaporation of Gas Molecules », PNAS, vol. 3, no 3,‎ (lire en ligne)
  6. (en) B. Paul, « Compilation of Evaporation Coefficients », ARS Journal, vol. 9, no 2,‎
  7. (en) Purnendu Chakraborty et Michael R. Zachariah, « Sticking Coefficient and Processing of Water Vapor on Organic-Coated Nanoaerosols », Journal of Physical Chemistry A, vol. 112,‎ , p. 966-972 (lire en ligne)
  8. (en) Van P. Carey, Liquid-Vapor Phase-Change Phenomena, CRC Press, (ISBN 1591690358)
  9. (en) Robert W. Schrage, A Theoretical Study of Interphase Mass Transfer, Columbia University Press,

Annexes

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Articles connexes

Liens externes