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« Entreprise sans usine » : différence entre les versions

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Des [[dirigeant d'entreprise|dirigeants d'entreprise]] font le constat{{Quand|date=juillet 2024}} que la [[valeur ajoutée]] d’une entreprise était plus concentrée sur les phases de [[Conception de produit|développement des produits et services]] et moins dans les phases de fabrication par l’[[industrie manufacturière]]<ref name="linkedin 20221229">{{Lien web |auteur= Raymond Ducreux |titre=Une France sans industrie ? Quelles seraient les conséquences ?|url=https://fr.linkedin.com/pulse/une-france-sans-industrie-quelles-seraient-les-raymond-ducreux |site=[[LinkedIn]] |date=29 décembre 2022|consulté le=2024-07-12}}.</ref>.
Les décennies 1980 et 1990 voient l'apparition de {{citation|services de [[Fonderie (électronique)|fabrications électroniques]] et de grandes firmes [[Externalisation|sous-traitant]]es. Dans cette industrie mondialisée, l'[[externalisation]] de la production par les Majors entraîne une
délocalisation des productions des [[États-Unis]] et d'[[Europe occidentale]] en [[Europe de l'Est]] et en [[Asie]]}}<ref Name="Cahiers Nantais 62-63"/>.


Les décennies 1980 et 1990 voient l'apparition de {{citation|services de [[Fonderie (électronique)|fabrications électroniques]] et de grandes firmes [[Externalisation|sous-traitant]]es. Dans cette industrie mondialisée, l'[[externalisation]] de la production par les Majors entraîne une délocalisation des productions des [[États-Unis]] et d'[[Europe occidentale]] en [[Europe de l'Est]] et en [[Asie]]}}<ref Name="Cahiers Nantais 62-63"/>.
Des [[dirigeant d'entreprise|dirigeants d'entreprise]] font le constat que la [[valeur ajoutée]] d’une entreprise était plus concentrée sur les phases de [[Conception de produit|développement des produits et services]] et moins dans les phases de construction par l’[[industrie manufacturière]]<ref name="linkedin 20221229">{{Lien web|auteur= Raymond Ducreux|titre=Une France sans industrie ? Quelles seraient les conséquences ?|url=
https://fr.linkedin.com/pulse/une-france-sans-industrie-quelles-seraient-les-raymond-ducreux|site=linkedin.com|date=29 décembre 2022|consulté le=2024-07-12}}</ref>.


Le terme {{anglais|fabless}} est introduit en 2001 lorsque [[Serge Tchuruk]], dirigeant d'[[Alcatel]], annonce une stratégie de cessions de ses centres de production pour se concentrer sur la conception de produits et la [[sous-traitance]] pour la fabrications<ref name="LM 20060405">{{Lien web|auteur=Nathalie Brafman |titre=l'ultime pari de M. Tchuruk|url=https://www.lemonde.fr/economie/article/2006/04/05/alcatel-l-ultime-pari-de-m-tchuruk_758330_3234.html|site=LeMonde.fr|date=05 avril 2006|consulté le=2024-06-29}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=juin 2001 : Alcatel, entreprise sans usine|url=https://www.latribune.fr/journal/edition-du-2412/enquete/324621/juin2001-alcatel-entreprise-sans-usine.html|site=LaTribune.fr|date= 24 décembre 2009|consulté le=2 juillet 2024}}</ref>{{,}}<ref name="linkedin 20221229"/>. Le terme est une contraction des mots anglophones ''fabrication'' et ''less''<ref>{{lien web|url=http://www.lepoint.fr/economie/le-fabless-passion-francaise-13-10-2011-1387565_28.php|titre=Le "{{anglais|fabless}}", passion française|site=Lepoint.fr|date=13 octobre 2011|auteur=Guillaume Grallet|consulté le=11 septembre 2017}}</ref>{{,}}<ref>Alain Hurstel, [http://www.alternatives-economiques.fr/alcatel-lucent---la-strategie-low-cost_fr_art_209_24738.html Alcatel-Lucent : la stratégie low cost], alternatives-economiques.fr, 1 Mars 2007, consulté le 2 juillet 2024</ref>.
Le terme {{anglais|fabless}} est introduit en 2001 lorsque [[Serge Tchuruk]], dirigeant d'[[Alcatel]], annonce une stratégie de cessions de ses centres de production pour se concentrer sur la conception de produits et la [[sous-traitance]] pour la fabrications<ref name="LM 20060405">{{Lien web|auteur=Nathalie Brafman |titre=l'ultime pari de M. Tchuruk|url=https://www.lemonde.fr/economie/article/2006/04/05/alcatel-l-ultime-pari-de-m-tchuruk_758330_3234.html|site=LeMonde.fr|date=05 avril 2006|consulté le=2024-06-29}}</ref>{{,}}<ref>{{lien web|titre=juin 2001 : Alcatel, entreprise sans usine|url=https://www.latribune.fr/journal/edition-du-2412/enquete/324621/juin2001-alcatel-entreprise-sans-usine.html|site=LaTribune.fr|date= 24 décembre 2009|consulté le=2 juillet 2024}}</ref>{{,}}<ref name="linkedin 20221229"/>. Le terme est une contraction des mots anglophones ''fabrication'' et ''less''<ref>{{lien web|url=http://www.lepoint.fr/economie/le-fabless-passion-francaise-13-10-2011-1387565_28.php|titre=Le "{{anglais|fabless}}", passion française|site=Lepoint.fr|date=13 octobre 2011|auteur=Guillaume Grallet|consulté le=11 septembre 2017}}</ref>{{,}}<ref>Alain Hurstel, [http://www.alternatives-economiques.fr/alcatel-lucent---la-strategie-low-cost_fr_art_209_24738.html Alcatel-Lucent : la stratégie low cost], ''[[Alternatives économiques]]'', 1 mars 2007 (consulté le 2 juillet 2024).</ref>.


Selon le journal [[Les Échos]], {{citation|le modèle de l'usine virtuelle nous semble affecté d'une faiblesse beaucoup plus grave : celle de la sous-estimation du rôle du contexte dans la valorisation des compétences fondamentales}}<ref>{{Lien web |titre=L'entreprise sans usines : un dogme | url=https://www.lesechos.fr/2003/10/lentreprise-sans-usines-un-dogme-1059530|site=LesEchos.fr|date=2003/10/24|consulté le=2024-06-29}}</ref>.
Selon le journal [[Les Échos]], {{citation|le modèle de l'usine virtuelle nous semble affecté d'une faiblesse beaucoup plus grave : celle de la sous-estimation du rôle du contexte dans la valorisation des compétences fondamentales}}<ref>{{Lien web |titre=L'entreprise sans usines : un dogme | url=https://www.lesechos.fr/2003/10/lentreprise-sans-usines-un-dogme-1059530|site=LesEchos.fr|date=2003/10/24|consulté le=2024-06-29}}.</ref>.


Bernie Vonderschmitt, cofondateur du fabricant américain de [[FPGA]] [[Xilinx]], est un des pionniers dans cette approche de société sans usine.
Bernie Vonderschmitt, cofondateur du fabricant américain de [[FPGA]] [[Xilinx]], est un des pionniers dans cette approche de société sans usine.


[[Apple]] a fait le choix de sous-traiter intégralement sa production tout en un générant de profit par une maitrise de la gestion de ses brevets et sous-traitants<ref name="linkedin 20221229"/>.
[[Apple]] a fait le choix de sous-traiter intégralement sa production tout en générant du profit par une maîtrise de la gestion de ses [[Brevet d'invention|brevets]] et sous-traitants<ref name="linkedin 20221229"/>.


Plusieurs entreprises n'ont pas suivi cette stratégie, comme [[Intel]] (et [[Advanced Micro Devices|AMD]] jusqu'au 7 octobre 2008<ref>{{lien web|url=http://www.pcworld.fr/business/actualites,amd-choisit-le-fabless,14271,1.htm|titre=AMD choisit le fabless|périodique=[[PC World]] |auteur=Ludovic Desroches|jour=8|mois=10|année=2008|consulté le=17 janvier 2013}}</ref>) qui développe ses propres capacités de production.
Plusieurs entreprises n'ont pas suivi cette stratégie, comme [[Intel]] (et [[Advanced Micro Devices|AMD]] jusqu'au 7 octobre 2008<ref>{{lien web|url=http://www.pcworld.fr/business/actualites,amd-choisit-le-fabless,14271,1.htm|titre=AMD choisit le fabless|périodique=[[PC World]] |auteur=Ludovic Desroches|jour=8|mois=10|année=2008|consulté le=17 janvier 2013}}</ref>) qui développe ses propres capacités de production.
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=== Principe ===
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Les entreprises sans usine se concentrent généralement sur leur [[recherche et développement]] sans être obligées d'investir dans un coûteux outil de production du fait de l’immobilisation dans les lieux et outils de production physique et dans les stocks, et tout en utilisant les dernières techniques de fabrication.
{{Pas clair|Les entreprises sans usine se concentrent généralement sur leur [[recherche et développement]] sans être obligées d'investir dans un coûteux outil de production du fait de l’immobilisation dans les lieux et outils de production physique et dans les stocks, tout en utilisant les dernières techniques de fabrication.|date=juillet 2024}}{{Référence nécessaire|date=juillet 2024}}


D'autre part {{citation |ils transfèrent les risques de sous-utilisation des capacités productives liés aux variations de la demande dans des marchés très concurrentiels et conjoncturels sur les sous-traitants qui embauchent ou licencient beaucoup plus facilement}}. Les groupes concernés n'ont plus à faire face au {{citation|risque social et revendicatif des salariés de la production}}<ref Name="Cahiers Nantais 62-63">{{Lien web|format=pdf|auteur=Laurent Carroué|titre=Le mythe des entreprises sans usine : les sous-traitants de l'électronique en pleine mondialisation|url=https://www.persee.fr/docAsPDF/canan_0767-8436_2004_num_62_1_1910.pdf |site=persee.fr, Cahiers Nantais , n°62-63, Innovation, industrie et recherche|date=2004|consulté le=2024-07-13}}</ref>.
D'autre part {{citation |ils transfèrent les risques de sous-utilisation des capacités productives liés
aux variations de la demande dans des marchés très concurrentiels et conjoncturels sur les sous-traitants qui embauchent ou licencient beaucoup plus facilement}}. Les groupes concernés n'ont plus à faire face au {{citation|risque social et revendicatif des salariés de la production}}<ref Name="Cahiers Nantais 62-63">{{Lien web|format=pdf|auteur=Laurent Carroué|titre=
Le mythe des entreprises sans usine : les sous-traitants de
l'électronique en pleine mondialisation|url=https://www.persee.fr/docAsPDF/canan_0767-8436_2004_num_62_1_1910.pdf |site=persee.fr, Cahiers Nantais , n°62-63, Innovation, industrie et recherche|date=2004|consulté le=2024-07-13}}</ref>.


En économie, l'[[externalisation]] des usines de semi-conducteurs est un cas classique d'externalisation des activités et d'[[intégration horizontale]], qui permet aux entreprises de se spécialiser dans leurs domaines respectifs, {{refnec|d'où une meilleure efficacité de l'économie, quoique plus interdépendante|date=Septembre 2017}}.
En économie, l'[[externalisation]] des usines de semi-conducteurs est un cas classique d'externalisation des activités et d'[[intégration horizontale]], qui permet aux entreprises de se spécialiser dans leurs domaines respectifs, {{refnec|d'où une meilleure efficacité de l'économie, quoique plus interdépendante|date=Septembre 2017}}.


=== Semi-conducteurs ===
=== Semi-conducteurs ===

Dans le secteur des [[semi-conducteur]]s, les entreprises {{anglais|fabless}} sont spécialisées dans la [[Conception de circuits intégrés|conception]] et la vente de puces électroniques. La fabrication des puces est sous-traitée à des sociétés spécialisées dans la fabrication de semi-conducteurs appelées [[Fonderie (électronique)|fonderies]]. Les sociétés {{anglais|fabless}} vendent également la [[Conception de circuits intégrés|conception]] d'une fonction électronique qu'elles protègent par des [[brevet]]s ou vendent sous la forme de [[Licence (juridique)|licences]] à d'autres fabricants de puces.
Dans le secteur des [[semi-conducteur]]s, les entreprises {{anglais|fabless}} sont spécialisées dans la [[Conception de circuits intégrés|conception]] et la vente de puces électroniques. La fabrication des puces est sous-traitée à des sociétés spécialisées dans la fabrication de semi-conducteurs appelées [[Fonderie (électronique)|fonderies]]. Les sociétés {{anglais|fabless}} vendent également la [[Conception de circuits intégrés|conception]] d'une fonction électronique qu'elles protègent par des [[brevet]]s ou vendent sous la forme de [[Licence (juridique)|licences]] à d'autres fabricants de puces.


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* [[Broadcom]], [[Qualcomm]] spécialisées dans les puces réseaux.
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En 2004, la sous-traitance électronique représente un marché annuel mondial de plus 70 milliards $. {{Citation|Entre 1996 et
En 2004, la sous-traitance électronique représente un marché annuel mondial de plus 70 milliards $. {{Citation|Entre 1996 et 2004, le chiffre d’affaires des six plus importants groupes passe de 5 à 49,2 milliards de dollar}}. On peut citer les entreprises [[Flextronics]], [[Solectron]], [[Sanmina]], [[Celestica]], [[Jabil Circuit]]s<ref Name="Cahiers Nantais 62-63"/>. Les autres grandes fonderies mondiales sont [[TSMC]], [[GlobalFoundries]] ou [[UMC]].
2004, le chiffre d’affaires des six plus importants groupes passe de 5 à 49,2 milliards de dollar}}. On peut citer les entreprises [[Flextronics]], [[Solectron]], [[Sanmina]], [[Celestica]], [[Jabil Circuit]]s<ref Name="Cahiers Nantais 62-63"/>.

Les autres grandes fonderies mondiales sont [[TSMC]], [[GlobalFoundries]] ou [[UMC]].


=== Informatique ===
=== Informatique ===
Le secteur informatique a connu dans les années 1980 un mouvement vers l'entreprise sans usine. Précédemment les entreprises dominantes du marché [[IBM]], [[Digital]], [[Unisys]], et autres construisaient entièrement leurs systèmes, du processeur aux applications. Le désengagement des secteurs de conception-fabrication pour se consacrer aux développements à forte valeur ajoutée va se poursuivre et s'étendre aux entreprises du secteur des ordinateur personnels ([[Compaq]], [[Dell]], [[IBM]], [[HP]], [[Apple]])<ref name="01net 20010713">{{Lien web|auteur=Jean-Pierre Soulès|titre=En sous-traitant sa production, Alcatel imite les grands de l'informatique|url=
Le secteur informatique a connu dans les années 1980 un mouvement vers l'entreprise sans usine. Précédemment, les entreprises dominantes du marché, [[IBM]], [[Digital]], [[Unisys]] et autres, construisaient entièrement leurs systèmes, du processeur aux applications. Le désengagement des secteurs de conception-fabrication pour se consacrer aux développements à forte [[valeur ajoutée]] s'est poursuivi et étendu aux entreprises du secteur des [[Ordinateur personnel|ordinateurs personnels]] ([[Compaq]], [[Dell]], [[IBM]], [[HP]], [[Apple]])<ref name="01net 20010713">{{Lien web|auteur=Jean-Pierre Soulès|titre=En sous-traitant sa production, Alcatel imite les grands de l'informatique|url=https://www.01net.com/actualites/en-sous-traitant-sa-production-alcatel-imite-les-grands-de-linformatique-156421.html|site=[[01net (site web)|01net]] |date=2001-07-13 |consulté le=2024-07-12}}.</ref>.
https://www.01net.com/actualites/en-sous-traitant-sa-production-alcatel-imite-les-grands-de-linformatique-156421.html|site=01net.com |date=2001-07-13 |consulté le=2024-07-12}}</ref>.


=== Télécommunications ===
=== Télécommunications ===
Partant d'un groupe industriel diversifié Alcatel-Alstom anciennement connu sous le nom de la Compagnie Générale d'Électricité (CGE), [[Serge Tchuruk]] a fait le choix de miser sur les équipements télécoms, de mettre en œuvre l’idée qu’un groupe comme [[Alcatel]] devait, pour devenir une entreprise sans usine, se concentrer sur la recherche et le développement, et abandonner la production aux marges plus faibles aux industriels des pays émergents au risque, d'affaiblir l'entreprise, en perdant son savoir-faire, de rater les virages technologiques et finir par détruire des postes dans la recherche et développement et finalement disparaître après l'absorption d'[[Alcatel-Lucent]] par [[Nokia]]<ref>{{lien web|auteur=[[Alexandra Bensaid]]|titre=Alcatel, la chute d’un fleuron industriel|url=https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-eco/alcatel-la-chute-d-un-fleuron-industriel-7256404|série=La chronique éco |site=[[France Inter]] |éditeur=[[Radio France]] |date=27 juin 2020 |consulté le=8 juillet 2024}}</ref>.
Partant d'un groupe industriel diversifié, [[Alcatel-Alsthom]], anciennement connu sous le nom de la [[Compagnie générale d'électricité]] (CGE), [[Serge Tchuruk]] a fait le choix de miser sur les équipements télécoms, de mettre en œuvre l’idée qu’un groupe comme [[Alcatel]] devait, pour devenir une entreprise sans usine, se concentrer sur la [[Recherche et développement|recherche et le développement]], et abandonner la production aux marges plus faibles aux industriels des pays émergents, au risque d'affaiblir l'entreprise en perdant son savoir-faire, de rater les virages technologiques, de finir par détruire des postes dans la recherche et développement, et finalement de disparaître après l'absorption d'[[Alcatel-Lucent]] par [[Nokia]]<ref>{{lien web |auteur=[[Alexandra Bensaid]] |titre=Alcatel, la chute d’un fleuron industriel|url=https://www.radiofrance.fr/franceinter/podcasts/la-chronique-eco/alcatel-la-chute-d-un-fleuron-industriel-7256404 |série=La chronique éco |site=[[France Inter]] |éditeur=[[Radio France]] |date=27 juin 2020 |consulté le=8 juillet 2024}}.</ref>.


Les activités non directement liées à son [[cœur de métier]] et celles comportant peu de valeur ajoutée, comme les [[composants électroniques]] classiques, seront donc cédées aux champions de la production de masse, les [[Solectron]], [[Flextronics]], [[Celestica]] ou autres [[Sanmina]]<ref name="01net 20010713"/>.
Les activités non directement liées à son [[cœur de métier]] et celles comportant peu de valeur ajoutée, comme les [[composants électroniques]] classiques, ont donc été cédées aux champions de la production de masse, comme [[Solectron]], [[Flextronics]], [[Celestica]] ou [[Sanmina]]<ref name="01net 20010713"/>.


[[Ericsson]], [[Lucent]] et [[Nortel]] ont aussi choisi d'avoir recours à la sous-traitance en matière de fabrication<ref name="01net 20010713"/>.
[[Ericsson]], [[Lucent]] et [[Nortel]] ont aussi choisi d'avoir recours à la sous-traitance en matière de fabrication<ref name="01net 20010713"/>.

Version du 13 juillet 2024 à 11:33

Une entreprise sans usine ou fabless (contraction de l'anglais fabrication et less, soit « sans usine, sans unité de fabrication »), conçoit ses produits et sous-traite l'intégralité de sa fabrication.

Le modèle a d'abord été développé dans les secteurs des semi-conducteurs, de l'informatique, des télécommunications, puis s'est développé à tous les secteurs d'activité.

Ce concept, mis en œuvre par les décideurs en entreprise, a accompagné la désindustrialisation qui touche la quasi-totalité des pays riches et industrialisés dans la seconde moitié du XXe siècle.

Histoire

Des dirigeants d'entreprise font le constat[Quand ?] que la valeur ajoutée d’une entreprise était plus concentrée sur les phases de développement des produits et services et moins dans les phases de fabrication par l’industrie manufacturière[1].

Les décennies 1980 et 1990 voient l'apparition de « services de fabrications électroniques et de grandes firmes sous-traitantes. Dans cette industrie mondialisée, l'externalisation de la production par les Majors entraîne une délocalisation des productions des États-Unis et d'Europe occidentale en Europe de l'Est et en Asie »[2].

Le terme fabless est introduit en 2001 lorsque Serge Tchuruk, dirigeant d'Alcatel, annonce une stratégie de cessions de ses centres de production pour se concentrer sur la conception de produits et la sous-traitance pour la fabrications[3],[4],[1]. Le terme est une contraction des mots anglophones fabrication et less[5],[6].

Selon le journal Les Échos, « le modèle de l'usine virtuelle nous semble affecté d'une faiblesse beaucoup plus grave : celle de la sous-estimation du rôle du contexte dans la valorisation des compétences fondamentales »[7].

Bernie Vonderschmitt, cofondateur du fabricant américain de FPGA Xilinx, est un des pionniers dans cette approche de société sans usine.

Apple a fait le choix de sous-traiter intégralement sa production tout en générant du profit par une maîtrise de la gestion de ses brevets et sous-traitants[1].

Plusieurs entreprises n'ont pas suivi cette stratégie, comme Intel (et AMD jusqu'au 7 octobre 2008[8]) qui développe ses propres capacités de production.

En 2006, alors que la société de produits alimentaires Michel et Augustin se lance, ses dirigeants choisissent d'adopter un modèle fabless pour appuyer dès le début leur développement, une première dans l'agroalimentaire[9].

Le choix d'entreprise « sans usine », particulièrement par la France de 1995 à 2015, est associé à une désindustrialisation massive et sans précédent[10],[11],[1]. En 2011, selon Patrick Artus (de Natixis) et Marie-Paule Virard (journaliste économique), « à partir du moment où une économie ne produit plus assez de biens à exporter, un problème de solvabilité externe se pose. Des déficits de la balance des transactions courantes alimentent une dette externe qui doit être financée »[12].

À la suite des crise du Covid-19] en 2020 et de la guerre en Ukraine de 2022, les faiblesses, mises à jour dans les chaînes productives et entraînées par le choix d'entreprises sans usines dans les pays développés, ont mis en avant un enjeu de souveraineté concernant certains produits vitaux et dans certains domaines stratégiques. Celles-ci ont poussé certains pays vers la réindustrialisation[13],[14].

Description

Principe

Les entreprises sans usine se concentrent généralement sur leur recherche et développement sans être obligées d'investir dans un coûteux outil de production du fait de l’immobilisation dans les lieux et outils de production physique et dans les stocks, tout en utilisant les dernières techniques de fabrication.[pas clair][réf. nécessaire]

D'autre part « ils transfèrent les risques de sous-utilisation des capacités productives liés aux variations de la demande dans des marchés très concurrentiels et conjoncturels sur les sous-traitants qui embauchent ou licencient beaucoup plus facilement ». Les groupes concernés n'ont plus à faire face au « risque social et revendicatif des salariés de la production »[2].

En économie, l'externalisation des usines de semi-conducteurs est un cas classique d'externalisation des activités et d'intégration horizontale, qui permet aux entreprises de se spécialiser dans leurs domaines respectifs, d'où une meilleure efficacité de l'économie, quoique plus interdépendante[réf. nécessaire].

Semi-conducteurs

Dans le secteur des semi-conducteurs, les entreprises fabless sont spécialisées dans la conception et la vente de puces électroniques. La fabrication des puces est sous-traitée à des sociétés spécialisées dans la fabrication de semi-conducteurs appelées fonderies. Les sociétés fabless vendent également la conception d'une fonction électronique qu'elles protègent par des brevets ou vendent sous la forme de licences à d'autres fabricants de puces.

Les sociétés sans usine les plus connues sont Nord américaines :

En 2004, la sous-traitance électronique représente un marché annuel mondial de plus 70 milliards $. « Entre 1996 et 2004, le chiffre d’affaires des six plus importants groupes passe de 5 à 49,2 milliards de dollar ». On peut citer les entreprises Flextronics, Solectron, Sanmina, Celestica, Jabil Circuits[2]. Les autres grandes fonderies mondiales sont TSMC, GlobalFoundries ou UMC.

Informatique

Le secteur informatique a connu dans les années 1980 un mouvement vers l'entreprise sans usine. Précédemment, les entreprises dominantes du marché, IBM, Digital, Unisys et autres, construisaient entièrement leurs systèmes, du processeur aux applications. Le désengagement des secteurs de conception-fabrication pour se consacrer aux développements à forte valeur ajoutée s'est poursuivi et étendu aux entreprises du secteur des ordinateurs personnels (Compaq, Dell, IBM, HP, Apple)[15].

Telekommunikation

Partant d'un groupe industriel diversifié, Alcatel-Alsthom, anciennement connu sous le nom de la Compagnie générale d'électricité (CGE), Serge Tchuruk a fait le choix de miser sur les équipements télécoms, de mettre en œuvre l’idée qu’un groupe comme Alcatel devait, pour devenir une entreprise sans usine, se concentrer sur la recherche et le développement, et abandonner la production aux marges plus faibles aux industriels des pays émergents, au risque d'affaiblir l'entreprise en perdant son savoir-faire, de rater les virages technologiques, de finir par détruire des postes dans la recherche et développement, et finalement de disparaître après l'absorption d'Alcatel-Lucent par Nokia[16].

Les activités non directement liées à son cœur de métier et celles comportant peu de valeur ajoutée, comme les composants électroniques classiques, ont donc été cédées aux champions de la production de masse, comme Solectron, Flextronics, Celestica ou Sanmina[15].

Ericsson, Lucent et Nortel ont aussi choisi d'avoir recours à la sous-traitance en matière de fabrication[15].

Notes et références

  1. a b c et d Raymond Ducreux, « Une France sans industrie ? Quelles seraient les conséquences ? », sur LinkedIn, (consulté le ).
  2. a b et c Laurent Carroué, « Le mythe des entreprises sans usine : les sous-traitants de l'électronique en pleine mondialisation » [PDF], sur persee.fr, Cahiers Nantais , n°62-63, Innovation, industrie et recherche, (consulté le )
  3. Nathalie Brafman, « l'ultime pari de M. Tchuruk », sur LeMonde.fr, (consulté le )
  4. « juin 2001 : Alcatel, entreprise sans usine », sur LaTribune.fr, (consulté le )
  5. Guillaume Grallet, « Le "fabless", passion française », sur Lepoint.fr, (consulté le )
  6. Alain Hurstel, Alcatel-Lucent : la stratégie low cost, Alternatives économiques, 1 mars 2007 (consulté le 2 juillet 2024).
  7. « L'entreprise sans usines : un dogme », sur LesEchos.fr, (consulté le ).
  8. Ludovic Desroches, « AMD choisit le fabless », PC World, (consulté le )
  9. Benoît Georges, « Michel & Augustin, les « fabless » du goût », sur Lesechos.fr, (consulté le ).
  10. Beuve-Méry, « « La désindustrialisation de la France (1995-2015) » : pourquoi l’Hexagone a abandonné ses usines », sur LeMonde.fr, (consulté le )
  11. Marie Viennot, « La désindustrialisation à la française », sur Radio France, France Culture, (consulté le ).
  12. Patrick Artus et Marie-Paule Virard, « La France sans ses usines », sur Melchior.fr, (consulté le ).
  13. Anne Rosencher, « Après "l'industrie sans usine", "la réindustrialisation sans salariés" : quand apprendra-t-on de nos erreurs ? », Anne Rosencher, en toute subjectivité, sur France Inter, Radio France, (consulté le ).
  14. Marie Viennot, « En marche vers quelle réindustrialisation ? », sur Radio France, France Culture, (consulté le ).
  15. a b et c Jean-Pierre Soulès, « En sous-traitant sa production, Alcatel imite les grands de l'informatique », sur 01net, (consulté le ).
  16. Alexandra Bensaid, « Alcatel, la chute d’un fleuron industriel », La chronique éco, sur France Inter, Radio France, (consulté le ).

Voir aussi

Articles connexes