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« La Route des Flandres » : différence entre les versions

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'''''La Route des Flandres''''' est un roman de [[Claude Simon]] publié le {{date|1|septembre|1960|en littérature}} aux [[éditions de Minuit]].
'''''La Route des Flandres''''' est un roman de [[Claude Simon]] publié le {{date|1|septembre|1960|en littérature}} aux [[Éditions de Minuit]].


== Résumé ==
== Résumé ==
Le capitaine de Reixach est abattu mystérieusement au cours de la [[Juin 1940|débâcle de juin 1940]] par un parachutiste allemand. Mais cette mort intrigue, traverse toute la mémoire et les pensées de son cousin Georges, simple cavalier qui cherche à comprendre. Le capitaine aurait-il cherché à mourir ? Enquêtant sur tous les évènements et les souvenirs qui pourraient élucider cette question, ce mystère devient une obsession de Georges, presque une raison de vivre… Car la mort le hante. Il est alors aidé par Blum, un prisonnier du camp où Georges est retenu où il va interroger Iglésia, ancien jockey de l'écurie Reixach. À la fin de la guerre, son enquête le mène vers la jeune veuve du capitaine…
Le capitaine de Reixach est abattu mystérieusement au cours de la [[Juin 1940|débâcle de juin 1940]] par un parachutiste allemand. Cette mort intrigue son cousin Georges, simple cavalier, qui cherche à comprendre. Le capitaine aurait-il cherché à mourir ? Enquêtant sur les évènements et les souvenirs qui pourraient répondre à cette question, ce mystère devient une obsession pour Georges, presque une raison de vivre… La mort le hante. Il est aidé par Blum, un prisonnier du camp où Georges est retenu. Il va interroger Iglésia, ancien jockey de l'écurie Reixach. À la fin de la guerre, son enquête le mène vers la jeune veuve du capitaine…


== Commentaire ==
== Commentaire ==
{{travail inédit|date=février 2019}}
{{travail inédit|date=février 2019}}
Le titre est très général : il s’agit de renvoyer à la tradition [[Roman picaresque|picaresque]], sur le modèle de ''[[Don Quichotte]]'', à la tradition des [[Roman d'apprentissage|romans d’apprentissage]]. Ce titre offre un parallèle entre la route matérielle et le [[récit]] dans sa continuité narrative, qui renvoie à une idée de déplacement sans début ni fin.
Le titre est très général : il renvoie à la tradition [[Roman picaresque|picaresque]], sur le modèle de ''[[Don Quichotte]]'', et à la tradition des [[Roman d'apprentissage|romans d’apprentissage]]. Le titre présente un parallèle entre la route matérielle et le [[récit]] dans sa continuité narrative. Il renvoie à une idée de déplacement sans début ni fin.


C'est une œuvre très riche par son renouvellement formel : elle reprend et retravaille des thèmes comme la violence, la guerre, le rapport de l’homme au monde sensible, aux perceptions, mais aussi les rapports entre l’homme et la femme, le rapport de l’homme à la nature, les rapports familiaux, les rapports à la filiation (la descendance, l’ascendance), le rapport au cosmos, etc.
C'est une œuvre riche par son renouvellement formel : elle reprend et retravaille des thèmes comme la violence, la guerre, le rapport de l’homme au monde sensible, aux perceptions, mais aussi les rapports entre l’homme et la femme, le rapport de l’homme à la nature, les rapports familiaux, les rapports à la filiation (la descendance, l’ascendance), le rapport au cosmos, etc.


Même si le personnage principal est bien distinct de l’auteur, ce [[Roman (littérature)|roman]] est fondé sur des éléments réels et vécus par l'auteur : le suicide du général de la Houillère marque Claude Simon, qui le réinscrit dans le personnage de Georges, tout comme l’[[embuscade]] dans laquelle il a le nez dans la terre ou la scène dans laquelle il se fait faucher par un [[Nazisme|nazi]]. Enfin, le personnage de Georges, tout comme l’auteur Simon, est changé par la guerre.
Même si le personnage principal est bien distinct de l’auteur, ce [[Roman (littérature)|roman]] est fondé sur des éléments réels et vécus par l'auteur : le suicide du général de la Houillère marque Claude Simon, qui l'incorpore dans le personnage de Georges, comme l’[[embuscade]] dans laquelle il a le nez dans la terre, ou encore, la scène dans laquelle il se fait faucher par un [[Nazisme|nazi]]. Le personnage de Georges, tout comme l’auteur Simon, est changé par la guerre.


Ce roman développe une ambiance floue, mais possède des personnages qui agissent comme des repères. C'est un roman [[Anachronisme|anachronique]] (rupture constante de l’ordre chronologique de l’histoire). Le roman va constamment fluctuer avec avancements et reculs : les caprices de la mémoire sont ainsi dépeints. On sent une grande tension historique qui va du {{S-|XVIII}} aux années d’[[après-guerre]]. Les changements d’époque s’effectuent souvent par [[Analogie|analogies]] et [[Jeu de mots|jeux de mots]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Anne-Marie|nom1=Perrin-Naffakh|titre chapitre=Fragmentation et cohésion temporelles dans la Route des Flandres|titre ouvrage=Ruptures, continuités|éditeur=Presses Universitaires de Bordeaux|collection=Modernités|date=2019-03-07|pages totales=109–135|isbn=979-10-300-0404-5|lire en ligne=http://books.openedition.org/pub/5225|consulté le=2024-01-04}}</ref>.
Ce roman développe une ambiance floue, mais possède des personnages qui agissent comme des repères. C'est un roman [[Anachronisme|anachronique]] (rupture constante de l’ordre chronologique de l’histoire). Le roman va constamment fluctuer entre avancements et reculs : les caprices de la mémoire sont ainsi dépeints. Une grande tension historique va du {{S-|XVIII}} aux années d’[[après-guerre]]. Les changements d’époque s’effectuent souvent par [[Analogie|analogies]] et [[Jeu de mots|jeux de mots]]<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Anne-Marie|nom1=Perrin-Naffakh|titre chapitre=Fragmentation et cohésion temporelles dans la Route des Flandres|titre ouvrage=Ruptures, continuités|éditeur=Presses Universitaires de Bordeaux|collection=Modernités|date=2019-03-07|pages totales=109–135|isbn=979-10-300-0404-5|lire en ligne=http://books.openedition.org/pub/5225|consulté le=2024-01-04}}</ref>.
L'événement qui sert de pivot au roman : le comportement suicidaire de ce chef militaire [capitaine ou colonel selon les romans] qui vient de conduire quelques heures plus tôt son régiment de cavaliers au massacre, à cheval au devant de blindés, massacre dont échappent quatre ou cinq cavaliers; et marquera la vie de Claude Simon, est repris dans presque tous les romans qui suivront, associés à d'autres événements familiaux et personnels (dans L'Acacia ou Les Géorgiques, par exemple) le récit n'étant jamais très différent, mais jamais semblable non plus, comme pour mieux souligner la fragilité de la mémoire face à l'immense désordre du monde, plein de bruit et de fureur, dont il dira (discours de réception du prix Nobel Stockholm, 1985) : "''si le monde signifie quelque chose c'est qu'il ne signifie rien, sauf qu'il est''". Il se refuse à mettre de l'ordre dans ce désordre.
Un événement qui sert de base au roman : le comportement suicidaire de ce chef militaire [capitaine ou colonel selon les romans]. Il a conduit quelques heures plus tôt son régiment de cavaliers au massacre, à cheval au devant de blindés. En réchappent quatre ou cinq cavaliers. Ce massacre marque Claude Simon, et sera repris dans presque tous les romans qui suivront, associé à d'autres événements familiaux et personnels (dans L'Acacia ou Les Géorgiques, par exemple). Le récit ne sera jamais très différent, mais jamais semblable non plus, comme pour mieux souligner la fragilité de la mémoire face à l'immense désordre du monde, plein de bruit et de fureur. Il en dira (discours de réception du prix Nobel Stockholm, 1985) : « Si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien, sauf qu'il est. ». Il se refuse à mettre de l'ordre dans ce désordre.


Claude Simon, qui s’est intéressé à la peinture<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Marion|nom1=Coste|titre=Claude Simon peintre, ou les épiphanies de « Raison émue »|périodique=Acta fabula|numéro=vol. 23, n° 3|date=2022-03-28|issn=2115-8037|lire en ligne=https://www.fabula.org/acta/document14291.php|consulté le=2024-05-17}}</ref> et à la photographie<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Irene|nom1=Albers|titre chapitre=Digression – Claude Simon photographe : Album d’un amateur (1988) et Photographies (1992)|titre ouvrage=Claude Simon moments photographiques|éditeur=Presses universitaires du Septentrion|collection=Claude Simon|date=2007|pages totales=135–149|isbn=978-2-7574-1877-2|lire en ligne=https://books.openedition.org/septentrion/14268|consulté le=2024-05-17}}</ref>, joue également avec les notions d’image et de représentations.
Claude Simon s’est intéressé à la peinture<ref>{{Article|langue=fr|prénom1=Marion|nom1=Coste|titre=Claude Simon peintre, ou les épiphanies de « Raison émue »|périodique=Acta fabula|numéro=vol. 23, n° 3|date=2022-03-28|issn=2115-8037|lire en ligne=https://www.fabula.org/acta/document14291.php|consulté le=2024-05-17}}</ref> et à la photographie<ref>{{Chapitre|langue=fr|prénom1=Irene|nom1=Albers|titre chapitre=Digression – Claude Simon photographe : Album d’un amateur (1988) et Photographies (1992)|titre ouvrage=Claude Simon moments photographiques|éditeur=Presses universitaires du Septentrion|collection=Claude Simon|date=2007|pages totales=135–149|isbn=978-2-7574-1877-2|lire en ligne=https://books.openedition.org/septentrion/14268|consulté le=2024-05-17}}</ref>, et joue également avec les notions d’image et de représentations.


== Éditions ==
== Éditions ==

Dernière version du 17 juillet 2024 à 11:37

La Route des Flandres
Auteur Claude Simon
Pays Frankreich
Genre Roman
Éditeur Minuit
Date de parution
Nombre de pages 314
ISBN 2707300780

La Route des Flandres est un roman de Claude Simon publié le aux Éditions de Minuit.

Le capitaine de Reixach est abattu mystérieusement au cours de la débâcle de juin 1940 par un parachutiste allemand. Cette mort intrigue son cousin Georges, simple cavalier, qui cherche à comprendre. Le capitaine aurait-il cherché à mourir ? Enquêtant sur les évènements et les souvenirs qui pourraient répondre à cette question, ce mystère devient une obsession pour Georges, presque une raison de vivre… La mort le hante. Il est aidé par Blum, un prisonnier du camp où Georges est retenu. Il va interroger Iglésia, ancien jockey de l'écurie Reixach. À la fin de la guerre, son enquête le mène vers la jeune veuve du capitaine…

Commentaire

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Le titre est très général : il renvoie à la tradition picaresque, sur le modèle de Don Quichotte, et à la tradition des romans d’apprentissage. Le titre présente un parallèle entre la route matérielle et le récit dans sa continuité narrative. Il renvoie à une idée de déplacement sans début ni fin.

C'est une œuvre riche par son renouvellement formel : elle reprend et retravaille des thèmes comme la violence, la guerre, le rapport de l’homme au monde sensible, aux perceptions, mais aussi les rapports entre l’homme et la femme, le rapport de l’homme à la nature, les rapports familiaux, les rapports à la filiation (la descendance, l’ascendance), le rapport au cosmos, etc.

Même si le personnage principal est bien distinct de l’auteur, ce roman est fondé sur des éléments réels et vécus par l'auteur : le suicide du général de la Houillère marque Claude Simon, qui l'incorpore dans le personnage de Georges, comme l’embuscade dans laquelle il a le nez dans la terre, ou encore, la scène dans laquelle il se fait faucher par un nazi. Le personnage de Georges, tout comme l’auteur Simon, est changé par la guerre.

Ce roman développe une ambiance floue, mais possède des personnages qui agissent comme des repères. C'est un roman anachronique (rupture constante de l’ordre chronologique de l’histoire). Le roman va constamment fluctuer entre avancements et reculs : les caprices de la mémoire sont ainsi dépeints. Une grande tension historique va du XVIIIe siècle aux années d’après-guerre. Les changements d’époque s’effectuent souvent par analogies et jeux de mots[1].

Un événement qui sert de base au roman : le comportement suicidaire de ce chef militaire [capitaine ou colonel selon les romans]. Il a conduit quelques heures plus tôt son régiment de cavaliers au massacre, à cheval au devant de blindés. En réchappent quatre ou cinq cavaliers. Ce massacre marque Claude Simon, et sera repris dans presque tous les romans qui suivront, associé à d'autres événements familiaux et personnels (dans L'Acacia ou Les Géorgiques, par exemple). Le récit ne sera jamais très différent, mais jamais semblable non plus, comme pour mieux souligner la fragilité de la mémoire face à l'immense désordre du monde, plein de bruit et de fureur. Il en dira (discours de réception du prix Nobel Stockholm, 1985) : « Si le monde signifie quelque chose, c'est qu'il ne signifie rien, sauf qu'il est. ». Il se refuse à mettre de l'ordre dans ce désordre.

Claude Simon s’est intéressé à la peinture[2] et à la photographie[3], et joue également avec les notions d’image et de représentations.

Bibliographie

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  • Alexandre Didier, Le Magma et l’horizon. Essai sur La Route des Flandres de Claude Simon, Paris, Klincksieck, 1997.
  • Catherine Rannoux, L'Écriture du labyrinthe. La Route des Flandres de Claude Simon, Orléans, Paradigme, 2000.
  • Dominique Viart, Une mémoire inquiète : La Route des Flandres de Claude Simon, Paris, P.U.F., 1997.
  • Michel Thouillot, Les Guerres de Claude Simon, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 1998.
  • Clément Sigalas, La Guerre manquée : la Seconde Guerre mondiale dans le roman français (1945-1960), Paris, Hermann, 2019.
  • Aurélien d'Avout, La France en éclats. Écrire la débâcle de 1940, d'Aragon à Claude Simon, Bruxelles, Les Impressions Nouvelles, 2023.

Références

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  1. Anne-Marie Perrin-Naffakh, « Fragmentation et cohésion temporelles dans la Route des Flandres », dans Ruptures, continuités, Presses Universitaires de Bordeaux, coll. « Modernités », , 109–135 p. (ISBN 979-10-300-0404-5, lire en ligne)
  2. Marion Coste, « Claude Simon peintre, ou les épiphanies de « Raison émue » », Acta fabula, no vol. 23, n° 3,‎ (ISSN 2115-8037, lire en ligne, consulté le )
  3. Irene Albers, « Digression – Claude Simon photographe : Album d’un amateur (1988) et Photographies (1992) », dans Claude Simon moments photographiques, Presses universitaires du Septentrion, coll. « Claude Simon », , 135–149 p. (ISBN 978-2-7574-1877-2, lire en ligne)

Liens externes

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