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=== Articles connexes ===
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Principaux services impliqués :
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* {{Royaume-Uni}} : [[Government Communications Headquarters]] (GCHQ)
* {{Royaume-Uni}} : [[Government Communications Headquarters]] (GCHQ)

Version du 20 juin 2013 à 23:33

Pays participant au traité UKUSA à titre de partenaires principaux (la carte n'inclut pas les pays tiers)
Drapeau de l'Australie Australie
Drapeau du Canada Kanada
Drapeau des États-Unis États-Unis
Drapeau du Royaume-Uni Royaume-Uni
Drapeau de la Nouvelle-Zélande Nouvelle-Zélande

Le United Kingdom - United States Communications Intelligence Agreement, souvent appelé traité UKUSA, est un traité secrètement signé le 5 mars 1946 entre le Royaume-Uni et les États-Unis[1], rejoints par le Canada, l’Australie et la Nouvelle-Zélande et, dans une moindre mesure, d'autres pays[2].

Bien que des rumeurs circulent depuis longtemps à son sujet, c'est surtout avec la médiatisation faite autour du système Echelon à la fin des années 1990 que son existence a été connue par une partie importante de l'opinion publique. La collaboration internationale en matière de renseignement d'origine électromagnétique a été reconnue par l'un des gouvernements impliqués après la fin de la Guerre froide : en 1995, le gouvernement canadien reconnaissait son existence, suivi en 1999 par l'Australie[2].

Organisations rassemblées

L'UKUSA rassemble la NSA (National Security Agency) américaine, le GCHQ (Government Communications Headquarters) britannique, le DSD (Defence Signals Directorate) australien, le CSTC (Centre de la sécurité des télécommunications Canada) canadien, et le GCSB (Government Communications Security Bureau) néo-zélandais[2].

D'autres pays sont également signataires du traité UKUSA comme membres de troisième niveau (« third parties »), disposant d'un accès réduit aux informations du réseau. Ces pays sont l'Autriche, la Thaïlande, le Japon, la Corée du Sud, la Norvège, le Danemark, l'Allemagne, l'Italie, la Grèce et la Turquie[3].

Objectifs et mise en œuvre du traité

Le traité UKUSA porte sur la coopération des signataires dans le domaine de l'interception des communications (COMINT). Les partenaires se répartissent les responsabilités en matière de collecte. Selon ce protocole, dans les années 1980, les États-Unis étaient responsables de l'Amérique Latine, de la majorité de l'Asie, la partie asiatique de l'URSS et le nord de la Chine. Le Royaume-Uni gérait la partie européenne de l'URSS et de l'Afrique. Les zones de responsabilité de l'Australie étaient ses pays voisins (comme l'Indonésie), le sud de la Chine, et l'Indochine. Le Canada était chargé des régions polaires de l'URSS, tandis que la Nouvelle-Zélande supervisait l'ouest de l'Océan Pacifique[4]. Avec le temps, et l'avènement du renseignement satellitaire, ce protocole est devenu moins important[5].

Le traité a plusieurs objectifs :

  • standardiser les méthodes et procédures, de travail et de sécurité
  • organiser les activités des services des différents signataires

À l'origine, l'UKUSA se focalisait en particulier sur les enjeux de la guerre froide et donc sur l'endiguement de l'URSS[2]. Après la chute du mur de Berlin, de nouvelles priorités furent avancées, telles que le terrorisme, le trafic de stupéfiants et la prolifération des armes[2].

Les échanges entre les signataires passent en particulier par des officiers de liaisons présents dans les QG des autres pays membres. Les États-Unis disposent ainsi d'un officier de liaison spécial (Special United States Liaison Officer, ou SUSLO) à Londres et Cheltenham, et un SUKLO (Senior United Kingdom Liaison Officer) a ses bureaux à l'intérieur du QG de la NSA à Fort Meade[2]. Au printemps 2000, Barbara McNamara, alors directrice adjointe de la NSA, fut nommée SUSLO de Londres[2].

La NSA fournit la plus importante contribution au réseau UKUSA[2], connue sous le nom de United States SIGINT System (USSS), qui englobe la NSA/CSS, les services cryptologiques des forces armées, des éléments de de la CIA et d'autres entités du gouvernement menant des activités SIGINT[6]. Si la plupart des stations NSA sur le terrain sont placées sous l'autorité militaire, des unités civiles exécutent les missions délicates. La station d'espionnage des satellites de Menwith Hill et de Bad Aibling en Allemagne étaient contrôlées directement par la NSA et dirigée par des civils jusqu'en 1995[2]; la première station Echelon à Yakima est aujourd'hui encore régie par des civils[2].

En principe, les agences SIGINT de chaque pays membre de l'UKUSA n'ont pas le droit de collecter des informations concernant des citoyens et des compagnies commerciales d'un autre pays de l'UKUSA (ou, dans le cas où elles auraient été accidentellement collectées, de conserver ou de disperser). Nicky Hager a ainsi décrit comment les officiers néo-zélandais ont reçu l'ordre de remplacer de leurs rapports les noms reconnaissables de citoyens ou de compagnies des pays de l'UKUSA par des termes tels que « un citoyen australien » ou une « compagnie américaine »[7]. Le personnel britannique de COMINT a également décrit des procédures similaires utilisées à l'égard des citoyens américains après l'adoption du Foreign Intelligence Surveillance Act (FISA) en 1978 visant à limiter les activités de la NSA dans le domaine du renseignement intérieur[7].

Reconnaissance de l'UKUSA

En 1995, le Gouvernement du Canada reconnaît publiquement pour la première fois l'existence d'une coopération internationale : « Le Canada collabore avec certains de ses plus proches et plus anciens alliés pour l'échange de renseignements extérieurs... Ces pays et les agences responsables dans chacun d'entre eux sont les États-Unis (avec la National Security Agency), le Royaume-Uni (Government Communications Headquarters), l'Australie (Defence Signals Directorate), et la Nouvelle-Zélande (Government Communications Security Branch [sic]). »[2]

Le directeur du Defence Signals Directorate australien affirme publiquement en mars 1999 que le DSD « coopère effectivement avec des organisations homologues de renseignement d'origine électromagnétique outre-mer sous l'égide de l'alliance UKUSA. Le DSD et ses homologues ont tous des procédures internes en vigueur pour s'assurer que leurs intérêts et pratiques nationales sont respectées par les autres. »[8]

La collaboration États-Unis—Nouvelle-Zélande aurait été stoppée en 1985, suite à l'interdiction faite aux navires américains à propulsion nucléaire d'accoster en Nouvelle-Zélande. Cette interruption a été suspendue pendant la guerre du Golfe (1990-1991) pour permettre l'échange de renseignements entre les deux pays, membres de la coalition anti-irakienne. Les révélations de Nicky Hager sur la partie néo-zélandaise du réseau Echelon en 1996 montrent que cette coopération s'est maintenue. La construction de la station Echelon de Waihopai, à partir de 1989, laisse même penser que la coopération était effective dès cette époque.

Notes et références

  1. British-U.S. Communications Intelligence Agreement, [1]. Le traité s'appelait BRUSA de 1946 à 1951 avant de prendre le nom d'UKUSA.
  2. a b c d e f g h i j et k Duncan Campbell, Surveillance électronique planétaire, p. 17-24 spécifiquement sur l'UKUSA
  3. (en) Jeffrey T. Richelson, The US Intelligence Community, Boulder, Colorado, Westview Press, , 592 p. (ISBN 0813343623 et 978-0-8133-4362-4), p. 342
  4. (en) Jeffrey T. Richelson, The U.S. Intelligence Community, Cambridge, Massachusetts, Ballinger, , 2e éd. (1re éd. 1985) (ISBN 0-88730-226-2), p. 268 [lire en ligne]
  5. (en) Seymour M. Hersh, “The Target Is Destroyed” : What Really Happened to Flight 007 and What America Knew About It, New York, Random House, , 282 p. (ISBN 0-394-54261-4 et 978-0-394-54261-4), p. 48
  6. (en) Maritime SIGINT Architecture Technical Standards Handbook, version 1.0, mars 1999, [lire en ligne], p. 88
  7. a et b Duncan Campbell, Surveillance électronique planétaire, p. 30
  8. [DSD] « does co-operate with counterpart signals intelligence organisations overseas under the UKUSA relationship. Both DSD and its counterparts operate internal procedures to satisfy themselves that their national interests and policies are respected by the others ». Déclaration de Martin Brady, directeur du DSD, à Canberra le 16 mars 1999 ; diffusée sur le Sunday Programme, Channel 9 TV (Australie), 11 avril 1999. Cité par Duncan Campbell, Paper 1: Echelon and its role in COMINT, 27 mai 2001 [lire en ligne]

Voir aussi

Bibliographie

  • (en) Nicky Hager, Secret Power : New Zealand's Role in the International Spy Network, Nelson, Nouvelle-Zélande, Craig Potton Publishing, (ISBN 0-9088-0235-8 et 978-0-908802-35-7, lire en ligne)
  • Duncan Campbell, Surveillance électronique planétaire, Paris, éditions Allia, (réimpr. 2005) (lire en ligne) (version augmentée et traduite en français du rapport Interception Capabilities 2000, publié pour le Parlement européen, octobre 1999)
  • Bertrand Warusfel, « UKUSA : le développement du renseignement technique anglo-saxon à partir de la Seconde Guerre mondiale », dans Bertrand Warusfel (dir.), Le renseignement : Guerre, technique et politique (XIXe-XXe siècles), éditions Lavauzelle, 2007

Articles connexes

Principaux services impliqués :

Liens externes