Prytanée national militaire
Situé dans la région des Pays de la Loire, aux confins du Maine, de l'Anjou et de la Touraine, dans la ville de La Flèche (Sarthe), le Prytanée national militaire, école d'une très riche histoire, est aujourd'hui l'un des six lycées militaires français relevant du ministère de la défense.
Institution créée par le roi Henri IV dans le but d'« instruire la jeunesse et la rendre amoureuse des sciences, de l'honneur et de la vertu, pour être capable de servir au public », il est aussi l'héritier du Prytanée voulu par Napoléon dès 1800 et installé à La Flèche en 1808.
Depuis sa fondation en 1604, fidèle à sa mission d'éducation, le Prytanée n'a cessé de former des générations d'élèves au service de la France.
Présentation historique
C'est en 1603 que le roi Henri IV décide de fonder, à La Flèche (Sarthe), dans une importante maison de famille qu'il tenait de sa grand-mère, la duchesse d'Alençon, un collège pour l'instruction et l'éducation de jeunes nobles sans fortune : le Collège Royal Henri-le-Grand.
En 1604, le roi confie la gestion de l'établissement aux Jésuites, l'un des corps enseignants les plus réputés de l'époque, avec pour mission d'« instruire la jeunesse et la rendre amoureuse des sciences, de l'honneur et de la vertu, pour être capable de servir au public ». Ces derniers en font rapidement l'un des plus importants collèges du Royaume, véritable faculté qui fit de La Flèche un centre intellectuel de premier ordre où affluèrent jusqu'à 1 200 élèves venus des provinces de France et même de pays étrangers. Ce qui fait écrire au philosophe Descartes, l'un des premiers pensionnaires de l'institution : « J'étais dans l'une des plus célèbres écoles de l'Europe ».
Les Jésuites sont expulsés en 1762, et l'enseignement est assuré par d'anciens élèves jusqu'en 1764, date à laquelle le duc de Choiseul, ministre de la Guerre sous Louis XV, transforme le collège en une École de Cadets préparatoire à l'École Royale Militaire du Champ de Mars, fondée à Paris en 1751, et réservée aux enfant de gentilshommes, mais aussi aux fils des officiers tués ou blessés à la guerre et des chevaliers de l'ordre de Saint-Louis.
En 1771, Louis XVI confie la direction du collège aux Pères de la Doctrine chrétienne, puis arrive la période révolutionnaire qui fit courir au collège de La Flèche des risques sérieux. Laissé à l'abandon, pillé par les troupes de passage qui se rendaient aux Armées de l'Ouest, le collège fut fermé en 1793 pour servir d'atelier de cordonnerie pour la République. Il était cependant encore debout quand l'Empereur Napoléon Ier ordonnait par le décret de Saint-Cloud du 24 mars 1808 :
« Article 1er : à dater du 1er juin prochain, le Prytanée de Saint-Cyr sera transféré au collège de La Flèche.
Article 2e : au 1er juillet prochain, l'École Militaire de Fontainebleau sera transféré à Saint-Cyr. »
Le 15 juin 1808, quand le Prytanée de Saint-Cyr fut installé à La Flèche, le Directeur des Études, Monsieur Crouzet, ancien professeur de l'Université de Paris et membre de la Légion d'Honneur, après la Messe du Saint-Esprit célébrée par l'évêque du Mans, prononça à l'adresse des élèves un discours qu'il termina ainsi :
« J'ose prendre en votre nom, en présence de cette illustre assemblée, l'engagement solennel de travailler, de méditer nos devoirs et de recueillir l'esprit de ceux dont cet établissement s'honore, pour ne pas laisser s'éteindre le feu sacré. »
Ainsi apparaît la vocation du Prytanée national militaire :
- Préparer ses élèves, intellectuellement aux Grandes Écoles et, moralement, à servir dans le sens élevé du vieux mot du langage militaire.
- « Réserve de dévouements actifs, faire des hommes » : la Première Guerre mondiale, la Seconde Guerre mondiale, ainsi que la guerre d'Indochine, la guerre d'Algérie et les opérations humanitaires qui se déroulent actuellement hors de la Métropole, ont prouvé que le Prytanée national militaire demeure fidèle à cette haute mission.
L'établissement a pris au XIXe siècle de nombreux noms : École royale militaire en 1814, Collège royal militaire en 1831, Collège national militaire en 1848, Prytanée impérial militaire en 1853, Prytanée militaire en 1870.
En 1940, suite aux vicissitudes de la guerre, le Prytanée s'installe successivement à Billom, Valence puis Briançon, puis dès 1945, le Prytanée militaire rentre à la Flèche et retrouve son titre de « militaire » perdu pendant la guerre.
Depuis la réforme des lycées militaires en 1982, le Prytanée, devenu à nouveau Prytanée national militaire se concentre sur ses deux missions principales:
- Aide aux familles pour le cycle secondaire (des classes de seconde à la terminale)
- Aide au recrutement pour les classes préparatoires aux grandes écoles militaires
Anciens élèves célèbres
- René Descartes (de 1607 à 1615), célèbre philosophe
- François de Montmorency-Laval, premier évêque du Canada
- Pierre Séguier, chancelier de France
- Maréchal de Guébriant
- Maréchal de Château-Renault
- Maréchal de Berwick
- L'abbé Prévost, romancier français
- Cardinal de Talleyrand
- Le général Bertrand, compagnon de Napoléon à Sainte-Hélène
- Maréchal Pélissier
- Maréchal Baraguey d'Hilliers
- Jean Vilain, sous-lieutenant au Régiment étranger lors de la Bataille de Camerone
- Louis-Nathaniel Rossel, Ministre de la guerre de la Commune de Paris
- Les frères Chappe, inventeurs du Sémaphore
- Général de Cissey
- Général de Sonis
- les Frères Voisin, pionniers de l'aviation
- Maréchal Gallieni
- Général Catroux
- Kleber Haedens, écrivain
- Jean-François Clervoy, spationaute
- Patrick Baudry, spationaute
- Jean-Claude Brialy, acteur
- Antoine Compagnon, écrivain
- Caroline Aigle, première française pilote de chasse
Décorations reçues
- Légion d'honneur
- Croix de guerre 1914-1918
- Croix de guerre 1939-1945
- Croix de guerre théâtre d'opérations extérieures
Implantation et infrastructures
Le Prytanée national militaire, qui couvre une superficie totale de 29 hectares est installé dans deux quartiers : le quartier Henri IV qui abrite les classes préparatoires aux concours d'entrée des grandes écoles militaires et qui est situé au centre de la ville, et le quartier Gallieni, quartier des classes secondaires, implanté à l'entrée de l'agglomération.
Le quartier Henri IV
Classé monument historique, le quartier Henri IV, d'une superficie de 16 hectares, est situé au centre de la ville de La Flèche. Il s'agit d'un quartier historique constituant un ensemble architectural de très belle allure. La construction des bâtiments remonte au début du XVIIe siècle.
Ce quartier abrite aujourd'hui :
- Le commandement du Prytanée (État-major et Direction des Études)
- Les Classes Préparatoires aux Grandes Ecoles Militaires (1re et 2e années), soit environ 300 élèves avec l'environnement des classes, dortoirs, salles à manger et salles de loisirs
- Les services qui permettent d'assurer le fonctionnement normal de l'établissement (centre médical, garage, ateliers, magasins divers)
- La bibliothèque et le centre de documentation (CDI)
- L'église Saint-Louis, construite de 1607 à 1621, qui a conservé jusqu'en 1793 les cénotaphes royaux contenant les cœurs de Henri IV et de Marie de Médicis. Brûlés sur la place publique, les cendres furent recueillies par un Fléchois, et placées en 1814 dans une niche du bras nord du transept
- Un élégant jardin à la française, prolongé d'un parc séculaire
- Plusieurs installations sportives : piscine, section équestre militaire, gymnase et terrains de sport divers
Le quartier Gallieni
Distant de 800 mètres à vol d'oiseau du quartier Henri IV, le quartier Gallieni est construit sur une superficie de 13 hectares à l'entrée de la ville de la Flèche. A l'origine, il constituait la caserne « la Tour d'Auvergne » bâtie en 1876, pour abriter le 117e Régiment d'Infanterie. Il est devenu, en 1923, le quartier des classes secondaires. L'infrastructure scolaire actuelle a été réalisée à partir des années 1950.
Ce quartier abrite aujourd'hui :
- Les classes de Seconde, Première et Terminale, soit environ 600 élèves, qui y vivent tout au long de l'année, dans leur environnement de classes, dortoirs, salles à manger, complexe sportif, salles de loisirs, clubs
- Un cinéma
- Un centre de documentation
- Un foyer scolaire
- Un complexe sportif, comprenant entre autre, un gymnase, un terrain de rugby, plusieurs terrains de football, diverses pistes ou aménagements d'athlétisme, ainsi que de nombreux clubs sportifs ou de loisirs (judo, escrime, modélisme, etc.)
Traditions
Elles sont très fortement présentes au sein du « Bahut » et font parties de la vie quotidienne des élèves qui sont surnommés les « Brutions » ou les « ñass ». Comme toutes les grandes écoles, il existe un véritable esprit de camaraderie, de loyauté et de solidarité, ce fameux esprit brution qui donne au Prytanée beaucoup de son aura. Et cela fait 400 ans que cela dure !
Devise
« Noblesse oblige, Bahut aussi »
Cette devise s'inspire de la devise du Chamborant Houzards, régiment de cavalerie ancêtre du 2e régiment de hussards. À l'époque colonel, son chef de corps et propriétaire, le marquis de Chamborant choisit comme cri de ralliement du régiment « Noblesse oblige, Chamborant autant », devise reprise ensuite sous différentes formes dans l'Armée française.
Elle symbolise la double abnégation de la noblesse et de l'appartenance au corps.
Chant de tradition
- Modification faite par un Brution : "son histoire" et non pas "ton histoire"
La Taupe Brutionne
La Taupe Brutionne est le regroupement des élèves du Prytanée national militaire de La Flèche préparant le concours d'entrée à la prestigieuse École Polytechnique. Cette classe a été fondée en 1830.
En 1917, les élèves qui jusque là préparait l'École Navale au sein de la Taupe, ont créé la classe de Flotte brutionne. Les élèves de la Taupe sont traditionnellement appelés les Taupins.
La Taupe Brutionne a vu passer de nombreuses personnalités depuis sa création :
- Pierre Guillaumat, ancien ministre qui a obtenu le Prix d'Honneur à son départ du Prytanée en 1924.
- Michel Virlogeux, qui est à l'origine du Viaduc de Millau.
- Jean-François Clervoy, spationaute.
- Caroline Aigle, première française pilote de chasse.
La Corniche Brutionne
La Corniche Brutionne est un regroupement d'élèves préparant le concours de l'École spéciale militaire de Saint-Cyr au Prytanée national militaire de La Flèche. Le mot Corniche, vient de l'endroit sous lequel le premier regroupement du genre se tenait, au collège Stanislas à Paris.
La Flotte Brutionne
La Flotte Brutionne est un regroupement d'élèves qui préparent le concours de l'École Navale au Prytanée National Militaire de la Flèche.
Elle a vu passer sous ses rangs, entre autres, l'Amiral Jacques Lanxade, seul Amiral à avoir été Chef d'état-major des armées, et l'Amiral Alain Oudot de Dainville, actuel Chef d'état-major de la marine. Les élèves de la Flotte brutionne sont surnommés les matafs et portent un bachis comme signe distinctif à l'intérieur du Prytanée.
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Dix mille petits bateaux en papier recouvrent la cour du Prytanée
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Gigue dans la Fontaine pour la Fête de Trime
Les Ailes Brutionnes
Les Ailes Brutionnes sont un regroupement d'élèves qui préparent le concours de l'École de l'Air au Prytanée National Militaire de la Flèche.
Voir aussi
- Brution
- Liste des régiments français
- Liste des grades dans l'armée française
- Liste des parrains de promotion de la Corniche Brutionne