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Utilitarisme

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L'utilitarisme est une doctrine éthique (dans le sens comportemental) qui pose en hypothèse que ce qui est utile est bon et que l'utilité peut être déterminée d'une manière rationnelle. Cette hypothèse centrale sert de fondement aux doctrines et théories économiques.

Le penseur théoricien de l'ère moderne (par opposition à l'antiquité) de l'utilitarisme est Jeremy Bentham. C'est lui qui introduisit le vocable en 1781 et qui tira de ce principe les implications théoriques et pratiques les plus abouties. Le principe éthique à partir duquel il jugeait les comportements individuels ou publics était l'utilité sociale. Pour reprendre la formule bien connue «le plus grand bonheur du plus grand nombre».

Le postulat de départ de la théorie utilitariste est que le bien éthique constitue une réalité constatable et démontrable. On peut le définir à partir des seules motivations élémentaires de la nature humaine : son penchant "naturel" à rechercher le bonheur, le plaisir et à esquiver la souffrance. Ce principe est formulé ainsi par Bentham "La nature a placé l'humanité sous l'empire de deux maîtres, la peine et le plaisir. C'est à eux seuls qu'il appartient de nous indiquer ce que nous devons faire comme de déterminer ce que nous ferons. D'un côté, le critère du bien et du mal, de l'autre, la chaîne des causes et des effets sont attachés à leur trône." (in Principes de la morale et de la législation 1789).

Les utilitaristes prétendaient ainsi règler des problème sociétaux très ancients  :

  • Quels principes guident les comportement des individus ?
  • Quelles sont les taches du gouvernement ?
  • Comment les intérêts individuels peuvent-ils être conciliés entre eux ?
  • Comment les intérêts individuels s'accordent-ils avec ceux de la communauté ?

Le principe de l'antagonisme du plaisir et de la peine répond ainsi à l'ensemble de cette problèmatique. Il affirme (l'utilitarisme) qu'il ne peut y avoir de conflit entre l'intérêt de l'individu et celui de la communauté, car si l'un et l'autre fondent leur action sur l'"utilité", leurs intérêts seront identiques. Cette démarche joue sur tous les plans de la vie sociétale : religieux, économique, éducatif, dans l'administration, dans la justice ainsi que dans les relations internationales.

On retrouve parmi les théoriciens de l'économie quelques disciples de l'utilitarisme en particuliers John Austin, James Mill, Herbert Spencer et John Stuart qui ont marqué durablement l'histoire de la pensée économique.

Qu'en pensent les économistes contemporains ?

Claude Mouchot en a fait l'analyse suivante :

"Cette théorie est aussi appelée “ théorie dominante ” (main stream) et ce choix n’est pas neutre. En effet, cette théorie ne domine pas seulement chez les économistes ; elle domine aussi dans l’ensemble de la société : chacun d’entre nous, qu’il le sache ou non, qu’il le veuille ou non, est imprégné des fondements et des affirmations de cette théorie. La raison en est simple : la répétition incessante de ces affirmations finit par leur donner le statut de “ vérités ” ".

Partant de l’hypothèse que chaque individu ne recherche que sa satisfaction maximale, la théorie parvient à démontrer (au sens mathématique du terme) que, sous certaines conditions, dites de la concurrence pure et parfaite (CPP), la libre concurrence (c’est-à-dire la CPP) conduit à un équilibre général qui est un optimum social, dans lequel chacun atteint la satisfaction maximale de ses besoins, qu’il atteint son “maximum d’utilité”

Maximum d’utilité (de satisfaction) individuelle, optimum social, ces termes donnent à penser que la théorie conduit au meilleur état possible de la société. Et c’est bien ce que veulent nous faire croire les tenants de l’hyper-libéralisme . Forts des conclusions de la théorie, ils l’appliquent à la réalité. Or cette application n’a aucune justification, elle ne se fait qu’en jouant sur les mots.

Ainsi : — la “libre concurrence” de la théorie (c’est-à-dire la concurrence pure et parfaite) est assimilée à la “libre concurrence réelle” (loi de la jungle) qui n’a rien à voir avec la précédente ; les mêmes mots “libre concurrence” permettent ce qui n’est plus un simple glissement de sens, mais une véritable imposture ; — l’optimum social de la théorie est parfaitement défini, et a un sens très restreint. Il suffit de ne pas préciser cette définition pour que le public (tous les non économistes) l’entende dans son sens immédiat : le meilleur pour la société.