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Économie du Nigeria

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Le Nigéria est le seul pays du monde disposant d’un confortable revenu pétrolier qui affiche un déficit budgétaire. La faute en revient à une corruption qui n’est plus endémique mais pour ainsi dire systématique : le classement 2003 de Transparency International de l’indice de perception de la corruption le classait 133e sur 134 pays évalués.

Son PIB par habitant le situe cependant dans la moyenne africaine, mais de 370$ au milieu des années 80 il est tombé désormais aux alentours de 320$ (et reste largement en-dessous de son niveau pré-indépendance). Environ 2/3 de la population se trouve sous le seuil de pauvreté absolue (1$/jour), contre 43% en 1985. Malgré tout cela, et grâce à son potentiel humain et sa richesse en ressources naturelles le pays se classe naturellement au rang de 2e puissance africaine, derrière l’Afrique du Sud. Avec 50 milliards/an de dollars, son PNB équivaut à 1/6e de celui de la Suisse. L’essentiel de l’activité économique se réalise dans la zone côtière, au Sud.

Exploitation petrolière

Le pétrole (400 000 barils/jour, 12e rang mondial) génère près de 95% des exportations, 70% des revenus fiscaux et 1/3 du PIB nigérian (il est à noter que ces chiffres datent d’avant la crise actuelle (2004) des marchés). Le boom pétrolier des années 1970 a monopolisé l’investissement productif dans le secteur pétrolier, sinistrant des pans entiers de l’économie, notamment les industries légères (textile) et l’agriculture, conduisant en retour à un exode rural massif (76% de la population restant rurale en 2004). D’exportateur net, le Nigéria est devenu importateur net de nourriture. Ce malaise économique continu se traduit par une forte croissance du secteur informel (estimé à 75% de l’économie).

Pauvre en soufre, le brut nigérian est un produit de choix pour la production de carburant, ce qui fait que son cours est moins soumis aux aléas saisonniers du marché que par exemple le brut lourd saoudien, dont la consommation augmente en hiver. Il faut cependant noter qu’à cause d’une infrastructure de production décrépite et un potentiel de raffinage inexistant, le pays est un importateur net de carburant. Une grève générale a d’ailleurs eu lieu pendant les premières semaines d’octobre 2004 pour protester contre le renchérissement des prix du carburant, le gouvernement essayant à terme de supprimer toutes les subventions des prix de l’essence.

L’essentiel de la production se situe dans la zone du delta du Niger. La situation y est particulèrement instable, avec depuis fin 2003 une insécurité grandissante générée par les ethnies locales qui réclament leur part des revenus pétroliers, et l’apparition de véritable « seigneurs de guerre » locaux qui rançonnent les compagnies pétrolières et se livrent à la contrebande de brut.

Si le gouvernement a traditionnellement pu maintenir son emprise sur les populations de la région (par la force si besoin est, comme en témoigne l’exécution de l’écrivain-activiste Ken Saro-Wiwa en 1995), il semble impuissant face à des bandes lourdement armées. En 2003, BP Shell, la principale compagnie de la région, a du diminuer sa production de 40% et retirer une partie de son personnel sur place, encourageant une hausse du brut sur les marchés mondiaux. L’absence quasi-totale de présence gouvernementale a conduit jusqu’à présent les compagnies à gérer leurs propres systèmes de soutien communautaire (même si les relations avec les populations indigènes restent tendues), ainsi que leurs propres milices privées pour assurer la sécurité des oléoducs et autres installations.

Agriculture

Le secteur agricole, qui emploie plus de 40% de la main d’œuvre, est principalement centré autour d’une agriculture de subsistance. Le pays n’est plus un acteur notable dans les secteurs du cacao, du caoutchouc, de l’huile de palme et des arachides. La production de cacao, autrefois de 250'000 tonnes, stagne à 180'000 tonnes/an, avec des variétés obsolètes poussant sur des plants hors d’âge. La situation est encore pire dans les autres secteurs, avec une gestion des sols et des crédits ruraux proche du zéro absolu.

Industrie

La surabondance de revenus pétroliers dans le budget étatique a conduit a une culture de gros contrats d’État et une économie d’importation (jusqu'à 80% des revenus sont réexportés) facilitées par un Naira chroniquement sur-évalué. Les industriels locaux, handicapés par un approvisionnement énergétique erratique, commencent à essayer d’augmenter leur compétitivité, qui jusqu’ici se réduisait aux faibles coûts de main-d’œuvre.

On peut enfin noter que le gouvernement civil d’Olesegun Obasanjo (arrivé au pouvoir en 1999, réélu en 2003) a récemment fait d’importantes démarches de réorganisation des structures étatiques, de décentralisation des actions économiques (création d’un fonds de développement du delta du Niger pour gérer les retombées locales de l’exploitation pétrolière), de privatisations, de réduction du poids relatif de l’industrie pétrolière et de contrôle de l’inflation. Les mesures semblent payer, avec une stabilisation du naira (vers 130/1$) et la renégociation sans heurts de prêts au FMI. La politique anticorruption a eu pour sa part des résultats beaucoup plus mitigés, même si des progrès dans la transparence des prises de décisions ont été réalisés.

A date, et hors secteur pétrolier, les deux seules industries nigérianes faisant preuve d’un quelque succès à l’étranger sont la contrefaçon de médicaments et les escroqueries dites « 419 » (du nom de l’article de loi les punissant, elles consistent en l’envoi d’emails où le prétendu héritier d’un dictateur déchu demande de l’aide pour discrètement évacuer une somme d’argent du pays. Avec 2 milliards de dollars escroqués par an, il s’agit de la 2e source de devises du pays).