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Vitré (Ille-et-Vilaine)

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Vitré est une commune française, située dans le département d' Ille-et-Vilaine et la région Bretagne. Vitré est une ancienne sous-préfecture (jusqu'en 1926) et chef-lieu de canton de près de 17 000 habitants, aux portes de la Bretagne, à la rencontre de la Normandie, du Maine et de l'Anjou. Vitré est une ville d'Art et d'Histoire au patrimoine très riche.


Géographie

Aux portes de la Bretagne, du Maine, de l'Anjou et de la Normandie, le pays de Vitré est traversé par l'autoroute de l'Ouest et se situe à proximité de l'autoroute des Estuaires. Comme dans l'ensemble du département d'Ille-et-Vilaine, les communes du pays de Vitré sont accessibles grâce aux voies express. Vitré est la ville-centre d'un territoire d'environ 90 000 habitants, territoire qui s'étend sur sept cantons (Vitré-est, Vitré-ouest, Argentré-du-Plessis, Châteaubourg, la Guerche-de-Bretagne, Janzé et Retiers).

   La superficie de Vitré : 3 719 ha.
   L'altitude moyenne de Vitré est d'environ 89 m (place de la gare).
   Le point culminant, 127 m, se situe dans la zone d'activités "Les Ménardières", rue Pierre et Marie Curie.
   Le point le plus bas, 67 m, se trouve près de l'entreprise S.V.A. (Société Vitréenne d'Abattage), sous le viaduc de la rocade.

Vitré est traversée d'Est en Ouest par la Vilaine, l'une des rivières qui a donné son nom au département. La Vilaine prend sa source en Mayenne, près du bourg de Princé et se jette dans l'Atlantique à la hauteur de la Roche-Bernard. Mais comment appelle-t-on les habitants de Vitré ? Vitréens et Vitréennes.


Démographie

À la fin du 14ème siècle, la ville aurait eu entre 4000 et 5000 habitants, quand Rennes et Nantes en avaient autour de 13-14 000. Durant la Renaissance, sa population est estimée par Arthur de la Borderie à 7800 habitants en 1560 soit autant que les villes de Vannes et Quimper. À l’époque de la naissance de Mme de Sévigné vers 1620, La ville aurait compté 7520 habitants. Il semblerait selon certaines sources que la population de Vitré aurait atteint 14 000 habitants en 1762 concentrés dans la ville médiévale sur environ 50 ha soit près de 30 000 hab. /km² ! Trois fois moins étendue que la ville actuelle, elle comptait cependant plus d’habitants. Si l’on en crois le témoignage du subdélégué local, Vitré comptait environ 14 000 habitants en 1762 et pour la plupart des artisans de la toile et du tricot. En 1789, à la veille de la Révolution, la population de Vitré atteignait encore 10 850 habitants, quand Rennes en a 35 000 soit un rapport de 1 à 3. La période post révolutionnaire entraîne une baisse démographique sensible, et sous le second empire, en 1861, on dénombre 8 904 Vitréens. Jusqu'à la grande guerre, une progression modérée mais constante porte le chiffre à 10 613 (en 1911). Les conséquences de la guerre, la crise économique font, qu'au moment de la seconde guerre mondiale, la ville totalise 8 506 habitants (recensement de 1936). Depuis, l'essor d'abord contenu, s'amplifie et Vitré recense 13491 habitants en 1982, 14 490 habitants en 1990 et 15908 habitants en 1999. Les trois cantons de Vitré (Vitré-ouest, Vitré-est et Argentré-du-Plessis) comptent 42 113 habitants.


Histoire

Les origines

Il semblerait que le site de Vitré fut occupé dès l’époque gallo-romaine. Le nom de « Vitré » viendrait de l’anthroponyme gallo-romain « Victor » ou « Victrix », le nom du propriétaire d’un domaine gallo-romain se situant dans la région. L’an 1000 marqua la naissance de Vitré, lorsque le Duc de Bretagne Geoffroy Ier inféode Riwallon Le Vicaire, chargé de s’occuper de cette région stratégique qu’est la zone tampon des « Marches de Bretagne ». Un petit Château en bois sera construit sur la colline Sainte-Croix. C’est ce que l’on appelle une motte féodale. Ceci dit, cette motte féodale fût incendiée à plusieurs reprises. Le Château sera légué aux moines bénédictins de Marmoutiers. Un autre Château sera construit en 1070 par Robert Ier sur son emplacement actuel, sur un éperon rocheux dominant la Vilaine. Ce Château en pierre démontre bien la richesse qu’avait le seigneur, surtout lorsque l’on songe qu’à cette époque, on continuait à construire des châteaux en bois. Certaines parties de ce petit Château du 11ème siècle sont encore visibles aujourd’hui. Le portail roman subsistant, comporte une alternance de schiste bleu – noir et de granit roux provenant d’une carrière située à 15 km de la ville, une distance très importante pour l’époque. Cela montre un souci d’esthétique, témoignant de la puissance du baron.

Puis, au 13ème siècle, le Château s’est agrandi et s’est doté de puissantes tours et courtines. L’éperon rocheux, sur lequel il est construit lui confère une forme triangulaire suivant celle du promontoire comme les Châteaux de Philippe Auguste. C’est aussi durant cette période que le « Vieil Bourg » avec l’église Notre-Dame se sont développés sur le plateau Est. La ville s’est vue encerclée par des remparts et des fossés extérieurs. C’est donc à cette époque que la ville close prend sa forme actuelle. En même temps, des « bourgs privilégiés », c’est-à-dire des faubourgs nés à la demande du Baron, se sont développés autour de la ville close. Ils sont pour la plupart de forme linéaire en prenant la forme de la rue qui dessert ces quartiers. Dès le 13ème siècle, Vitré réunit tous les éléments de la ville médiévale : Château, édifices religieux (Eglises, collégiale) et faubourgs.

Au 15ème siècle, Le château se transforme avec les progrès de l’artillerie comme les canonnières. Il passe d’un édifice défensif à une confortable résidence pour Jeanne de Laval-Châtillon et sa fille Anne de Montmorency. Dans le même temps, la ville se développe et édifie des maisons à pans de bois et des hôtels particuliers à l’intérieur de l’enceinte de la ville. Cette dernière est percée de 3 portes (Gâtesel au sud, d’Embas à l’est et d’Enhaut à l’ouest) et une poterne se définissant comme un passage étroit permettant de traverser le rempart (poterne Saint-Pierre au nord). Les caractéristiques urbanistiques de ces quartiers médiévaux se résument à la très grande densité du bâti et des rues sinueuses et sombres ainsi qu’un réseau de ruelles servant de passage d’un îlot à l’autre. Ces rues bénéficient d’une alternance d’ensoleillement et d’ombrage. Les rues sont étroites et tortueuses dans un but défensif, pour que l’assaillant qui s’y aventurerait puisse s’y perdre. Les façades des maisons sont à pans de bois ou en pierre. Les encorbellements (avancée des étages supérieurs sur la rue) permettaient un gain de place. Cela permettait aussi aux piétons de se protéger des intempéries et de faire tomber l’eau de pluie dans le caniveau central pour éviter le pourrissement du pan de bois. C’est la même chose pour les maisons à porches utiles pour gagner de place mais aussi pour exposer la marchandise des commerçants dans des galeries abritées. L’alignement des maisons n’est généralement pas bien respecté. Le nom des rues tire souvent son origine du fait de la présence de confréries de métiers spécifiant et identifiant ces espaces publics. Les rues médiévales de Vitré pouvant le mieux l’illustrer sont la Rue de la Baudrairie qui rassemblait les artisans baudroyeurs qui travaillaient le cuir ou encore la Rue de la Poterie (Travail de la poterie de terre et d’étain).

Le centre historique de la ville comporte une seule vraie place : la Place du Marchix. Généralement, les places s’ouvrent sur des lieux de pouvoir qu’ils soient religieux, politiques ou même judiciaire. Elle était, comme son nom l’indique, la Place du Marché, se trouvait à proximité du Couvent des Bénédictins. L’actuelle Place du Château était l’avant-cour et donc la partie intégrante du château. La Place Notre-Dame était occupée par une halle nommée la Halle aux Toiles. La présence de halles est synonyme de dynamisme. Vitré, ville prospère depuis le 15ème siècle, fonda en 1472, une confrérie permettant le commerce international de textile. La ville, à son apogée, rentra dans l’aisance de la Renaissance…


XVè - XIXè siècle: De l’âge d’or au déclin de la cité

Vitré était une ville avec une économie parmi les plus florissantes du Duché. Elle a continué son extension dans la ville close et dans ses faubourgs. Son apogée se situe au 16ème siècle lorsque les confréries des Marchands d’Outre-Mer vendirent leurs toiles de chanvre et leur canevas dans toute l’Europe. Ce marché se faisait via le port de Saint-Malo qui commerçait avec les comptoirs d’Amérique du Sud et de toute l’Europe notamment avec la Hanse (grande et puissante association commerciale de l’Europe septentrionale au cours du Moyen-Âge). Cela explique les maisons, les grands hôtels particuliers et les éléments Renaissance ponctuant la ville close (Hôtel Ringues de la Troussannais ou encore, l’absidiole du château). Cela montre bien la richesse de ces «marchands» associés en confréries. D’ailleurs, le premier français à avoir fait le tour du monde est un vitréen nommé Pierre-Olivier Malherbe. Cela montre bien l’ouverture de la ville sur le monde. Aussi, Henri IV passa à Vitré en 1598. Il était frappé par l’opulence de ces bourgeois vitréens et se serait exclamé : « Ventre Saint Gris, si je n’étais Roy de France, je voudrais être bourgeois de Vitré ! » [sic].

Durant les guerres de religion à la fin du 16ème siècle, la ville protestante fût assiégée durant 5 mois par les troupes de la Ligue sous le commandement du Duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne. C’est au 17ème siècle que les Barons de Vitré désertent Vitré pour préférer la Cour de Versailles, qui est à la mode. La ville perd sa notoriété et devient une ville un peu endormie dans ces remparts au centre d’une campagne active. Elle coupa les liens avec la campagne environnante qui lui fournissait le chanvre et le lin. Cela engendra le début du déclin de Vitré aussi bien au niveau économique qu’urbanistique. Cette situation s’accentua surtout au 18ème. Il y a donc peu de constructions de cette époque, mis à part, des édifices religieux comme le Couvent des Augustins (1620), le Couvent des Augustines (1675) ou encore quelques très beaux hôtels particuliers comme l’Hôtel Sévigné. Il fut construit au 18ème sur les anciens remparts où se trouvait un appartement de Mme de Sévigné situé dans une tour des remparts. Cet hôtel s’est inspiré de l’architecture du Parlement de Bretagne.

Cette situation dura tout le 18ème siècle et jusqu’à l’arrivée du chemin de fer au milieu du 19ème siècle. Par ailleurs, la fin du 18ème siècle sera mouvementé par la chouannerie, marquant la fin de la seigneurie de Vitré et le début d’un statut nouveau et important pour la ville : Avoir le rôle de sous-préfecture.

XIXè siècle: L’arrivée de la gare et du 70è RI réveille la ville endormie

Sans doute pour préparer cette arrivée, la ville décida de détruire les fortifications sud de la ville moyennant de désenclaver la ville close et améliorer la visibilité. La Porte d’En Haut (1835), Gâtesel (1839) et d’En Bas furent détruites. Cela a permis une urbanisation vers le sud de la ville close. C’est à cette époque que l’on traça les grandes artères que l’on qualifie aujourd’hui de «pénétrantes urbaines » (Rue de Fougères au nord, Rue de Brest à l’Ouest allant vers Rennes, Boulevard de Châteaubriant vers Nantes et Boulevard des Rochers vers Angers). Vitré était aussi un nœud ferroviaire puisqu’une première voie fût ouverte le 15 avril 1857 sur la ligne Paris-Brest. Puis, une seconde voie en direction, cette fois-ci, de Fougères sera ouverte au public en 1867, et enfin en 1874, une troisième ligne vers La Guerche-de-Bretagne. La construction de la gare s’est effectuée en 1855 sous forme d’un petit castel néo-gothique en plein centre-ville, juste au sud de la ville close. Cependant, différents emplacements avaient été envisagés auparavant. On pensait à cette époque, construire la gare au nord de Vitré, en haut du faubourg médiéval du Rachapt, afin de se rapprocher de la ville industrielle de Fougères. Puis l’on avait pensé à l’installer dans la campagne au sud pour être près de la route allant vers La Guerche-de-Bretagne. Mais le Maire de Vitré et le député optèrent pour un emplacement en plein centre-ville. Son emplacement privilégié en terme d’accessibilité ne l’est pas au niveau de la structure urbaine. En effet, la ville est littéralement coupée en deux par une importante emprise ferroviaire. Cet équipement capital pour le désenclavement de la ville a permis l’arrivée, le 14 juillet 1867, d’une garnison militaire. Elle sera logée dix ans plus tard, dans une caserne à l’architecture évocatrice que l’on peut retrouver à Rennes par exemple avec la caserne Mac Mahon. Il s’agissait du 70è Régiment d’Infanterie. C’est à partir de cette période que l’urbanisation se fit au sud de la voie ferrée.

Cependant, malgré ce réveil certain, la ville se développe peu et reste une petite ville de marché au sein d’une région agricole. D’ailleurs, elle perd son statut de sous-préfecture en 1926. Cette situation perdure jusqu’à la fin de la deuxième guerre mondiale. L’on retrouve quelques quartiers de la première moitié du 20ème siècle, principalement à la périphérie immédiate de la ville close et au sud de la voie ferrée avec de belles demeures. Certaines d’entre elles s’apparentent aux très belles villas de la ville de Dinard. Vitré n’a pas subi de destructions massives pendant les deux guerres mondiales, et a conservé son patrimoine historique. À la différence de Fougères qui a subi un terrible bombardement en Juin 1944, détruisant une bonne partie de son héritage historique. Seuls quelques percements de boulevards ont eu lieu durant cette période comme le percement du Boulevard Saint-Martin en 1937, entre la gare et l’église Saint-Martin construite en 1868. Une fois la guerre finie, Vitré ne sera pas exempte de la période de prospérité économique qu’a connu la France et l’ensemble des pays capitalistes.


XXè siècle: L'essor de Vitré

C’est surtout à partir des années 1950 que la ville s’est considérablement développée et étendue. Durant « Les Trente Glorieuses», Vitré a connu le phénomène d’exode rural massif comme les autres villes de France. . De vastes lotissements se sont donc développés le long des axes structurants dans les quartiers ouest, est, nord et surtout sud de la ville. Les logements construits sont principalement de type individuel. Cependant, on peut noter d’importantes opérations d’habitat collectif comme le Quartier «Maison Rouge» de type «cité » mais constitué de petits immeubles de 4 à 6 étages construits en 1965 à la place de baraquements de réfugiés. D’autres programmes collectifs sont dispersés dans le tissu urbain comme Rue de Strasbourg en 1954 ou encore Rue du 70è RI dans les années 1960. Dans les zones périphériques se trouvent de grandes entreprises agro-alimentaire, textile, de chaussures ou encore de la chimie fine de plus de 100 salariés et aussi de grands hypermarchés. À l’heure actuelle, les zones industrielles et commerciales continuent de se développer essentiellement au sud et à l’est, mais aussi dans la campagne. Dans les années 1970, l’arrivée de la 4 voies passant à 7 km au sud a accéléré la prospérité économique de la ville en attirant de nombreuses industries. Le taux de chômage est très faible par rapport à la moyenne régionale et encore plus au niveau national. Cet essor économique cache une grande proportion d'emplois dans l'industrie de l'ordre de 40% avec de nombreux emplois précaires. D'autant plus que le bassin économique vitréen souffre de plus en plus de la délocalisation d'entreprises à l'étranger.