Philipp Lenard
Naissance |
Presbourg (Royaume de Hongrie) |
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Décès |
(à 84 ans) Messelhausen (Allemagne) |
Nationalité |
Hongrois (1862-1907) Allemand (1907-1947) |
Domains | Physique |
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Institutions |
Université Loránd Eötvös Université Christian Albrecht de Kiel |
Diplôme | Université de Heidelberg |
Renommé pour | Rayon cathodique |
Distinctions |
Prix Nobel de physique (1905) médaille Franklin (1932) |
Compléments
Proche du Parti nazi
Philipp Eduard Anton von Lenard ( à Presbourg (aujourd'hui Bratislava, Slovaquie) - à Messelhausen, Allemagne) est un physicien allemand d'origine austro-hongroise. Il a obtenu le prix Nobel de physique de 1905[1]. Il a aussi été un des promoteurs de la Deutsche Physik pendant le régime nazi, à l'idéologie duquel il avait adhéré.
Biographie
Enfance, études et emplois
Philipp Lenard est né le à Preßburg, en Autriche-Hongrie (aujourd'hui Bratislava), d'une famille venant du Tyrol[2].
Lenard a étudié à Budapest, Vienne, Berlin et Heidelberg, notamment sous la direction de Bunsen et Helmholtz. Il a obtenu son doctorat en 1886 à l'université de Heidelberg.
Il est nommé privat-docent et assistant de Heinrich Hertz à l'université de Bonn de 1892 à 1894. Il est d'abord professeur non titulaire dans divers établissements : université de Breslau (1894-95), puis professeur de physique à l’université d'Aix-la-Chapelle (1895-1896). Il est ensuite nommé professeur de physique théorique à l'université de Heidelberg de 1896 à 1898, et enfin professeur titulaire de l'université de Kiel en 1898[2]. Il y reste jusqu'en 1907, avant de revenir à l'université de Heidelberg.
Travaux et récompenses
Lenard est un expérimentateur connu pour ses contributions à l'étude des rayons cathodiques. Avant lui, les rayons cathodiques étaient produits dans des tubes de Crookes en simple verre, sous vide partiel et munis d'électrodes métalliques, auxquelles on appliquait une forte tension. Les rayons ne peuvent sortir de ces tubes, et sont donc difficiles à étudier. Il réussit à ajouter aux tubes des plaques de métal qui laissent ressortir ces rayons, ce qui lui permet de les étudier.
Il reçoit la Rumford Medal de la Royal Society en 1896, et le prix Nobel de physique en 1905 « pour ses recherches sur les rayons cathodiques[1] ». Il est lauréat de la médaille Franklin en 1932 pour ses travaux sur la photoélectricité.
Rancœurs
Lenard accuse publiquement Wilhelm Röntgen, prix Nobel de physique en 1901 pour sa découverte des rayons X, et Joseph Thomson, prix Nobel de physique en 1906 pour sa découverte de l'électron, de s'être appropriés une partie de son travail[3].
Ses relations avec Albert Einstein sont d'abord mutuellement respectueuses : celui-ci estime Lenard comme un expérimentateur de talent, et Lenard considère Einstein comme un grand théoricien, qualifiant dans une lettre de 1909 la théorie de l'effet photoélectrique comme « remarquable parmi ses théories »[3]. Mais ces relations prennent une autre tournure avec la Première Guerre mondiale. Einstein est pacifiste et pro-européen, alors que Lenard est nationaliste[3]. Selon la fondation Nobel, Lenard ne pardonne pas à Einstein « d'avoir découvert et associé son propre nom à l'effet photoélectrique »[2]. Enfin, Einstein est Juif et Lenard antisémite. Lenard deviendra un fervent détracteur d'Einstein, « représentant le plus marquant » de la « physique juive », qui « voulait révolutionner et dominer l'ensemble de la physique »[3].
Lenard et l'Allemagne nazie
Nationaliste, il fut un des signataires du Manifeste des 93 en 1914. Dans les années 1930, il rejoint le NSDAP, et devient un idéologue de la physique « aryenne » ou « allemande ». À ce titre, il a, entre autres, vilipendé Albert Einstein, attribuant à Friedrich Hasenöhrl la formule E=mc2 pour en faire une création aryenne[4]. Selon une citation de Johannes Stark, il a notamment déclaré, s'exprimant sur « la puissante influence juive sur les affaires, l'économie, la politique, la presse et l'Université », C'est exactement pour cette raison que les Juifs doivent être engloutis au plus profond de la terre[5].
Il a été démis de ses fonctions à l'université de Heidelberg lors du processus de dénazification en 1945. Il est mort deux ans après.
Notes et références
- (en) « for his work on cathode rays » in Personnel de rédaction, « The Nobel Prize in Physics 1905 », Fondation Nobel, 2010. Consulté le
- Biographie sur le site de la Fondation Nobel.
- Moatti 2007, p. 166-167
- [1] [2]
- Max Weinreich et Samuel Kassow (avant-propos) (trad. Isabelle Rozenbaumas, préf. sir Martin Gilbert), Hitler et les professeurs : le rôle des universitaires allemands dans les crimes commis contre le peuple juif [« Hitler's professors : the part of scholarship in Germany's crimes against the Jewish people »], Paris, les Belles lettres, , 393 p. (ISBN 978-2-251-44469-7 et 2-251-44469-6, OCLC 858225020, BNF 43646625) , p.XVI
Sources
- Alexandre Moatti, Einstein, un siècle contre lui, Paris, Odile Jacob, (ISBN 978-2-7381-2007-6)
Articles connexes
Liens externes
- (en) Biographie sur le site de la fondation Nobel (le bandeau sur la page comprend plusieurs liens relatifs à la remise du prix, dont un document rédigé par la personne lauréate — le Nobel Lecture — qui détaille ses apports)
- Naissance en juin 1862
- Naissance à Bratislava
- Décès en mai 1947
- Décès à 84 ans
- Physicien allemand
- Physicien hongrois
- Professeur à l'université de Heidelberg
- Professeur à l'université de Wrocław
- Professeur à l'université technique de Rhénanie-Westphalie à Aix-la-Chapelle
- Scientifique du Troisième Reich
- Étudiant de l'université de Heidelberg
- Docteur honoris causa de l'université technique de Dresde
- Lauréat de la médaille Franklin
- Lauréat du prix Nobel de physique
- Lauréat hongrois du prix Nobel
- Membre de l'Académie royale des sciences de Prusse
- Manifeste des 93