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Joseph Tastu

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Joseph Tastu
Biographie
Naissance
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Voir et modifier les données sur Wikidata (à 61 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
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Josep, dit Joseph Tastu, né le à Perpignan et mort le à Paris, est un imprimeur et érudit catalaniste français.

Biographie

Fils de Pierre Tastu, imprimeur du roi et du clergé, Joseph Tastu est placé au collège communal de Perpignan, où il fait ses études en compagnie de François Arago et de ses frères. Il ne tarde pas à le quitter pour devenir, quoique très jeune encore, l’associé de son père. En 1814, désireux de compléter la première éducation qu’il avait reçue à Perpignan et d’étudier par lui-même les progrès de la typographie, il part pour Paris, où il s’attire bientôt l’estime de beaucoup d'hommes éminents de cette époque, comme Étienne, Jouy, Ségur ou Chateaubriand. C’est à cette époque qu’il dirige l’impression d’un mémoire du général Carnot au roi Louis XVIII contre le ministère du duc de Richelieu mais, la vente de cet ouvrage ayant été interdite, Tastu le place chez les libraires et chez ses amis. Ce fut d’abord par l’intermédiaire du député des Pyrénées-Orientales Jalabert, qu’il rendit compte au général de la vente de son livre. Plus tard, il devint lui-même l’éditeur et l’ami du grand Carnot[2].

Tastu collabora tour à tour aux journaux de l’opposition ou des « indépendants », comme on disait alors, au Constitutionnel et au Nain jaune[2]. Il fonda un nouveau journal, la Renommée, qui, saisi la nuit par la police royale, ne parut que vingt-cinq fois[2]. Plus tard, il fut mis, par le parti des indépendants, à la tête du Diable boiteux, qui avait remplacé le Nain jaune, mais cette publication ne tarda pas, elle aussi, à succomber à la censure, dont le Dr Cayrol, médecin intime du ministre Decazes, avait éveillé les soupçons[2]. Enfin il géra le Mercure galant, recueil politique et littéraire qui fut le précurseur de la Minerve[2].

En 1816, Joseph Tastu épousa Amable Voïart, qui venait d’avoir vingt et un ans et s’essayait déjà, à cette époque, à la composition littéraire[2]. Aussitôt après son mariage, Tastu revint à Perpignan reprendre la direction de l’imprimerie de son père[2]. Mais, en 1819, l’imprimerie libérale des frères Beaudouin, rue de Vaugirard, fut mise en vente[2]. Tastu, pensant également aux possibilités d’avenir littéraire de sa femme, vit là une occasion de revenir à Paris, qu’il avait quitté à regret[2]. Il acheta donc l’imprimerie Beaudouin[2]. Le monde lettré se dirigea vers le nouvel établissement, réformé et agrandi par Tastu[2]. Ses publications furent des chefs-d’œuvre de bon gout[2]. On peut en juger par le premier Recueil de poésies de sa femme, dont le talent littéraire serait resté ignoré au fond de la province, et que son mari édita avec le plus grand soin[2]. La beauté des vers du poète, qui était désormais une des premières écrivaines de l’époque, était rehaussée pour ainsi dire par le luxe de l’impression[2]. Tastu ne donna pas seulement le jour à des œuvres littéraires[2]. Le rédacteur du Nain jaune et de la Renommée songeait aussi à servir le parti libéral, dont il avait été un des plus fermes soutiens de 1814 à 1816[2]. Aussi entreprit-il des publications politiques, qui, si elles ne furent pas toujours pour lui de bonnes affaires financières, vengèrent souvent les libéraux de la Restauration et contribuèrent à amener les journées héroïques de Juillet[2].

Il lutta contre les lois d’exception des Bourbons, et c’est de ses presses que sortirent tous les écrits les plus avancés de l’opposition, depuis les discours du général Foy, de Benjamin Constant, Sébastiani, etc., jusqu’au fameux mémoire du comte de Montlosier[2]. C’est encore lui qui publia les mordantes satires la Villéliade, la Corbiéréide de Barthélemy et de Méry[2].

En 1825, à la mort du général Foy qui, après s’être illustrée dans les campagnes de 1812, avait voulu en être l’historien, Tastu et les libraires Beaudouin achetèrent à sa famille l’Histoire des guerres de la Péninsule[3]. Ces mémoires étant inachevés, le projet de publication dut néanmoins en être abandonné[2]. Tastu ne réclama pas les 50 000 fr. que lui avait coutés le manuscrit et ajouta cette somme à la dotation qu’on fit à cette époque aux enfants du général[2].

Les entreprises désintéressées de Tastu finirent par ébrécher considérablement sa fortune[2]. La crise commerciale qui suivit la révolution de Juillet acheva de le ruiner[2]. Il liquida ses affaires et se retira après avoir tout payé[2]. Il ne lui restait qu’une riche collection de livres espagnols, portugais, italiens et vieux français, que ce passionné de littérature romane s’était plu à amasser[2]. À partir de cette époque, seul le dévouement de sa femme, qui dut composer des ouvrages de vulgarisation pour subvenir aux besoins de sa famille, lui permit de subsister[2]. Dès lors, il s’adonna entièrement aux travaux de philologie et de bibliographie romanes[2]. Ce Roussillonnais de naissance n’avait pas oublié la langue de ses ancêtres et aimait à fouiller l’histoire de leur littérature jusqu’alors inconnue[2].

Dès 1833, Tastu avait écrit au philologue romaniste Raynouard, pour lui exposer ses projets[2]. De 1833 à 1837, il collabora activement aux travaux de l’ancien secrétaire perpétuel de l’Académie française[4]. Toutefois, de l’autre côté des Pyrénées, ses études et sa collaboration au Dictionnaire des écrivains catalans (ca) de Torres Amat (ca) lui valurent, sans qu’il l’eût recherché, l’honneur d’être nommé, à l’unanimité, correspondant de l’Académie royale d’Histoire de Madrid, correspondant de l’Académie des Belles-Lettres de Barcelone, correspondant de l’Académie des Sciences et des Arts de Majorque (ca) [2].

Enfin Tastu fit le voyage projeté. Il parcourut pendant quinze mois, de à , la Catalogne et les Baléares, pour y compléter ses travaux sur les langues néo-latines[2]. Voyageant à ses frais, il reçut toutefois, du ministre Salvandy, sur le rapport du linguste Claude Fauriel, une gratification de 1 500 fr., alors qu’il dotait l’Académie des inscriptions et belles-lettres de fac-similés d’inscriptions, de bas-reliefs, d’objets précieux provenant de mines du temps d’Auguste, enfin de plusieurs monuments de l’art antique inconnus jusque-là en France[2]. Des trois voyages qu’il fit, toujours à ses frais, en Espagne, Tastu rapporta des documents très importants pour l’histoire et la littérature catalanes et espagnoles[2].

Ayant commencé une série d’études très approfondies sur ces matières, il en communiqua avec désintéressement le résultat à diverses reprises à d’éminents philologues romanistes tels que Raynouard, Fauriel et Guessard, mais il fut surpris, jeune encore, par la mort au moment où il se préparait à publier ses travaux[2]. Ce travailleur infatigable, dont les manuscrits auraient pu fournir matière à plus de vingt-cinq volumes, et qui unissait la patience de l’érudit à la finesse du lettré, mourut ainsi, sans avoir pu achever la tâche qu’il avait entreprise ni publier ces éditions d’auteurs, ces grammaires et ces glossaires, qui auraient imprimé une si grande impulsion à l’étude des langues romanes[2].

Outre les Académies espagnoles, Tastu avait été nommé membre de la Société de l'histoire de France[2]. Il devait également être chargé d’administrer la bibliothèque du ministère de l’Instruction publique mais, pendant qu’il courait l’Espagne, ses services furent oubliés, et quelqu’un d’autre fut nommé, à sa place, tandis qu’il n’était, pour toutes ses peines à la bibliothèque Sainte-Geneviève, que colloqué afin d’y distribuer, pendant cinq jours et cinq nuits consécutives, par semaine, des volumes de curiosité[2].

Voir aussi

Bibliographie

  • Amédée Pagès, « Notice sur la vie et les travaux de Joseph Tastu », Revue des langues romanes, Paris, Maisonneuve et Ch. Leclerc, 4e série, vol. 2, no 32,‎ , p. 57 (lire en ligne, consulté le ).

Liens externes

Notes et références

  1. « https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/IR/FRAN_IR_056952 »
  2. a b c d e f g h i j k l m n o p q r s t u v w x y z aa ab ac ad ae af ag ah ai aj et ak Amédée Pagès, « Notice sur la vie et les travaux de Joseph Tastu », Revue des langues romanes, Paris, Maisonneuve et Ch. Leclerc, 4e série, vol. 2, no 32,‎ , p. 57 (lire en ligne, consulté le ).
  3. Histoire des guerres de la péninsule sous Napoléon : précédée d’un tableau politique et militaire des puissances belligérantes, Paris, Houdaille, , 4 vol. (OCLC 6972566, lire en ligne)
  4. Cependant celui-ci ne l’a pas nommé une seule fois dans ses divers ouvrages.