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Point critique (thermodynamique)

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Le point critique d’un corps pur est le point du diagramme température-pression où s'arrête la courbe d'équilibre liquide-gaz. Le long de cette courbe (qui part du point triple solide-liquide-gaz, généralement noté T), la différence de masse volumique entre liquide et gaz, ρlρg, diminue jusqu'à s'annuler au point critique. En ce point, généralement noté C en français, toutes les propriétés des deux phases (indice de réfraction, chaleurs massiques, etc.) deviennent identiques.

Aux températures et pressions supérieures à celles du point critique on ne peut plus distinguer une phase liquide d'une phase gaz, on passe continûment des propriétés d'un liquide (à haute pression et relativement basse température) à celles d'un gaz (à relativement basse pression et haute température) : le corps pur est alors qualifié de fluide supercritique.

Si l'on fait varier la température et la pression de telle sorte que le point représentatif dans le diagramme température-pression se déplace sans franchir la courbe d'équilibre on n'observe qu'une évolution continue, même si l'on part d'un point du domaine liquide pour arriver à un point du domaine gazeux. C'est seulement au franchissement de cette ligne qu'on peut observer une transition de phase liquide → gaz (vaporisation) ou gaz → liquide (liquéfaction).

Définition

Exemple de l’eau : température critique Tc = 374,15 °C, pression critique Pc = 22,12 MPa (221,2 bars, environ 220 atm)[1],[2],[3].

La masse volumique correspondante ρc est dite également densité critique (plus correctement, masse volumique critique). Un corps réunissant deux de ces valeurs critiques de température, pression et masse volumique (la troisième découlant des deux premières) est dit supercritique. On ne peut parler d'état supercritique d'un point de vue thermodynamique, sinon on créerait un quatrième état de la matière.

Graphique tridimensionnel volume-température-pression (V : volume ; T : température ; P : pression).

Chaque corps chimique possède donc un « point critique » caractérisé par une température critique, une pression critique, et une masse volumique (ou un volume massique) critique. Pour se trouver en conditions supercritiques il faut à la fois avoir dépassé la température critique et la pression critique.

Fait remarquable : si l’on considère une transition à une température constante très proche du point critique, on voit qu’une différence de pression « faible » produit un changement de volume « important » : la compressibilité est infinie au point critique, une différence de pression infime provoque alors des variations de volume et de densité sensibles. Les propriétés dépendant de la densité (constante diélectrique, indice de réfraction) sont mal définies au passage du point critique. les fluctuations statistiques deviennent macroscopiques : le fluide se comporte vis-à-vis de la lumière comme un brouillard concentré ; on parle de « phénomène d’opalescence critique ». Historiquement, la description de ces fluctuations par Einstein et Smoluchowski fut une étape importante du triomphe des théories atomistes.

On peut assez facilement réaliser l'expérience dite de « contournement du point critique » qui consiste à transformer un corps de la phase liquide à la phase gazeuse en franchissant la ligne de transition de phase dans le diagramme T-P (par exemple par élévation de la température à pression constante), puis à revenir aux conditions initiales sans la franchir (en modifiant à la fois la pression et la température de telle sorte qu'on contourne le point critique) donc sans transition visible, puis à recommencer autant de fois qu'on le désire : on observe ainsi une succession de phénomènes d'ébullition séparés par des évolutions continues sans manifestation visible, et donc sans jamais observer de condensation. Ce phénomène de contournement du point critique est mis à profit, sous le nom de séchage supercritique, pour sécher totalement un échantillon sans le détruire, notamment en microscopie électronique.

Les gaz organiques (alcanes ou alcènes par exemple) ont aussi un point critique.

Notes et références

  1. (en) Properties of Water and Steam in SI-Units - 1969 Prepared by Ernst Schmidt, Springer, Verlag Berlin Heidelberg New York - R. Oldenburg München
  2. (en) « eau », sur NIST/WebBook
  3. Communiqué CNRS (France) intitulé Premiers résultats scientifiques de l'instrument DECLIC, parti sur l'ISS le 25 août (Paris, 31 mars 2010)

Voir aussi

Articles connexes

Liens externes