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Linguistique

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Au sens large, la linguistique est l'étude du langage humain ; un linguiste est donc une personne qui étudie les langues. Dans un sens plus restreint, la linguistique s'oppose à la grammaire, en ce sens que celle-ci est normative tandis que celle-là est descriptive. Alors que la grammaire juge des énoncés quant à leur adéquation à une norme donnée, la linguistique se contente de décrire. L'étude de la linguistique peut se faire selon trois axes principaux, dont les tenants et aboutissants sont décrits ci-dessous :

  • études en synchronie et diachronie : l'étude synchronique d'une lange s'intéresse seulement à cette langue à un moment donné de son histoire, à un seul de ses états. Par opposition, étudier une langue — ou une famille de langues — en diachronie revient à s'intéresser à son histoire et aux changements structurels qu'elle a subis ;
  • études théoriques et appliquées : la linguistique théorique étudie la création de structures permettant la description individuelle de langues ainsi que les théories tentant de cerner leurs constantes universelles ;
  • études contextuelles et indépendantes : bien que les termes désignant cette dichotomie ne soient pas clairement fixés, on peut la décrire comme suit ; l'étude contextuelle s'intéresse aux interactions entre le langage et le monde, tantis que l'étude indépendante considère le langage pour lui-même, indépendamment de ses conditions extérieures.

Les spécialistes sans qualifications précises qui se désignent comme des linguistes sont principalement intéressés par la linguistique indépendante, théorique et synchronique, que l'on considére souvent comme la branche principale de la discipline, et que l'on désignera ici sous le terme de linguistique théorique.

Domaines de la linguistique théorique

La linguistique théorique est souvent divisée en domaines séparés et plus ou moins indépendants :

Le caractère séparé de chacun de ces domaines ne fait pas forcément l'unanimité. Les linguistes, cependant, reconnaissent le plus souvent qu'aucun domaine n'est entièrement indépendant d'un autre.

Linguistique diachronique

Alors que la linguistique théorique s'attache à décrire les langues à un moment donnée de leur histoire (le plus souvent le présent), la linguistique diachronique examine comment les langues évoluent au cours du temps (que ces changement concernent la prononciation, on parle alors de phonétique historique, le sens et l'histoire des mots, c'est là l'étymologie qui est concernée, voire plusieurs aspects, et l'on touche là à la linguisti), parfois à travers plusieurs siècles. La linguistique historique jouit d'une longue et riche histoire. C'est d'ailleurs de cette branche de la linguistique que sont nées les autres approches. Elle repose sur des postulats théoriques considérés solides (comme les lois phonétiques).

Une discipline comme la linguistique comparée repose principalement sur une optique historique.

Linguistique appliquée

Au contraire de la linguistique théorique, qui cherche à décrire de manière générale une langue donnée ou le langage humain, la linguistique appliquée se sert de ces recherches pour les appliquer à d'autres domaines comme l'enseignement des langues, la synthèse ou lareconnaissance vocale, ces deux dernières approches étant ensuite utilisées en informatique pour fournir des interfaces vocales, par exemple.

Linguistique contextuelle

La linguistique contextuelle est un domaine dans lequel la linguistique interagit avec d'autres disciplines. Elle étudie par exemple comment le langage interagit avec le reste du monde.

La sociolinguistique, la linguistique anthropologique et l'anthropologie linguistique sont des domaines ressortissant de la linguistique contextuelle dans lesquels on étudie les liens entre le langage et la société.

De même, l'analyse critique du discours est un point de rencontre entre la rhétorique, la philosophie et la linguistique. Il est ainsi possible de parler d'une philosophie du langage.

D'autre part, l'étude médicale du langage conduit à des approches psycholinguistique et neurolinguistique.

Enfin, appartiennent aussi à la linguistique contextuelle des domaines de recherches comme l'acquisition du langage, la linguistique évolutionniste, la linguistique stratificationnelle ainsi que les sciences cognitives.

Locuteur individuel, communautés linguistiques et caractéristiques universelles du langage

Plusieurs approches linguistiques sont possibles selon l'étendue de l'objet d'étude : certains analysent la langue d'un locuteur donné, d'autres des développements généraux sur la langue. On peut aussi étudier la langue d'une communauté bien précise, comme l'argot des banlieues ou bien rechercher les caractéristiques universelles du langage partagées par tous les hommes. C'est cette dernière approche qui a le plus été choisie par Noam Chomsky et qui trouve des échos en psycholiguistique et dans les sciences cognitives. On peut penser que ces caractéristiques universelles sont susceptibles de révéler des éléments importants concernant la pensée humaine en général.

Démarche descriptive, démarche prescriptive

La majorité des recherches accomplies en linguistique est purement descriptive : les linguistes cherchent à expliciter la nature du langage sans porter des jugements de valeur. Cependant, il existe un grand nombre de professionels et d'amateurs qui ne se détachent pas d'un point de vue normatif, plus proche de celui de la grammaire. Alors que ceux-ci vont juger un énoncé selon qu'il respecte ou non le bon usage ou des règles, ceux qui suivent une démarche descriptive vont surtout chercher les origines de ces usages, des règles ou des erreurs qu'ils pourront simplement décrire comme des usages particuliers, voire comprendre que derrière une faute de langue se cache un besoin de rationalisation de la langue.

Parole et écriture

La plupart destravaux en linguistique, actuellement, partent du principe que la langue parlée est première et que la langue écrite n'en est qu'un reflet secondaire. Plusieurs raisons sont évoqués :

  • alors que la parole est universelle, l'écriture ne l'est pas, loin de là ;
  • l'apprentissage de la langue parlée est bien plus aisée et rapide que celle de la langue écrite ;
  • nombre de scientifiques des sciences cognitives pensent qu'il existe dans le cerveau un module du langage qu'il n'est possible de connaître qu'à travers la langue parlée.

Bien sûr, les linguistes reconnaissent que l'étude de la langue écrite est loin d'être inutile. L'étude de corpus écrits, à cet égard, est primordial en linguistique computationnelle, les corpus oraux étant difficile à créer et à trouver. D'autre part, l'étude des systèmes d'écriture, ou grammatologie, ressortit pleinement à la linguistique. Enfin, les langues dotées d'une tradition écrite ancienne ne sont pas imperméables à des effets rétroactifs de l'écrit sur la parole : en français, par exemple, le mot legs, dans lequel le g n'est pas étymologique, est le plus souvent prononcé /lεg/, par influence de la graphie sur la prononciation. À l'origine, le mot était bel et bien dit /le/, cependant.

Domaines de recherches de la linguistique

Phonétique, phonologie, syntaxe, sémantique, pragmatique, étymologie, lexicologie, lexicographie, linguistique théorique, linguistique comparée, linguistique descriptive, typologie des langues, linguistique computationnelle, sémiotique, etc., sont parmi les domaines les plus courants.

Recherches interdisciplinaires

Linguistique appliquée, linguistique historique, orthographe, grammatologie, cryptanalyse, déchiffrage, sociolinguistique, anthropologie linguistique, linguistique anthropologique, analyse critique du discours, psycholinguistique, acquisition du langage, reconnaissance vocale, reconnaissance du locuteur, synthèse vocale et, plus généralement, traitement de la parole, sont de telles disciplines.

Linguistes importants et écoles de pensée

Parmi les premiers linguistes d'importance, il convient de compter Jacob Grimm, qui, en 1822, a compris et décrit la nature des modifications phonétiques touchant les consonnes dans les langues germaniques (modifications décrites dans la loi de Grimm). À sa suite, Karl Verner, inventeur de la loi du même nom, August Schleicher, créateur de la Stammbaumtheorie et Johannes Schmidt, qui a développé la Wellentheorie (modèle par vagues) en 1872. Ferdinand de Saussure peut être considéré comme le fondateur de la linguistique structuraliste. Le modèle formel du langage développé par Noam Chomsky, ou grammaire générative et transformationnelle, s'est développé sous l'influence de son maître, Zellig Harris, lequel à son tour suivait fortement les précepts de Leonard Bloomfield. Ce modèle s'est imposé depuis les années 60.

En France, les travaux du linguiste André Martinet, chef de file du fonctionnalisme, sont notables. La linguistique n'exclut pas forcément le grand public : les ouvrages de vulgarisation d'Henriette Walter sont là pour le prouver.

Représentation écrite de la parole

Il existe de nombreuses méthodes utilisées pour transcrire par écrit la parole, comme l'Alphabet phonétique international de l'Association phonétique internationale, ou API, méthode la plus commune actuellement. Celles-ci peuvent tendre à une extrême précision (on parle de de transcription fine) et tenter de représenter les particularités phonétiques d'un locuteur précis, ou bien ne décrire que très généralement les oppositions fondamentales entre phonèmes d'une langue ; il s'agit là de transcription phonologique (ou phonétique large).

En France, d'autres systèmes existent, comme la notation de Bourciez, propre à la phonétique historique du français et, plus généralement, des langues romanes. Chaque pays doté d'une tradition linguistique a pu développer ses systèmes de transcription. C'est pourtant l'API qui, aujourd'hui, prédomine dans la recherche.

Lorsqu'il n'est pas possible d'utiliser l'API pour des raisons techniques, il existe plusieurs méthodes permettant de transcrire l'API dans un système n'utilisant que des caractères présents dans tous les jeux de caractères, comme le SAMPA.

Vers une conception plus étroite de la linguistique

Les termes de linguistique et linguiste ne sont pas toujours appliqués de manière aussi large que vu plus haut. Dans certains contextes, principalement universitaires, de meilleurs définitions pourraient être, respectivement, « discipline que l'on étudie dans les départements de linguistique des universités » et « professeur d'un tel département ». La linguistique ainsi considérée ne renvoie pas à l'apprentissage des langues étrangères (à moins que cet apprentissage ne permette de créer des modèles formels de description des langues). Elle n'inclut pas non plus l'étude littéraire.

En règle générale, il convient de prendre conscience qu'un linguiste n'est pas forcément un polyglotte, et qu'il est fort probable qu'il n'ait même pas les compétences minimales d'expression dans un langue qu'il étudie en détail : c'est vraisemblablement le cas en phonétique, où l'étude de la production des sons d'une langue n'implique aucune connaissance de son lexique ou de sa syntaxe.

La question de savoir ce qu'est exactement un linguiste ne fait pas l'unanimité.

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