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Apiculture

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L'apiculture, branche de l’agriculture, est l’élevage d’abeilles par l’homme pour exploiter les produits de la ruche. L’apiculteur doit procurer à l’abeille un abri, des soins et veiller sur son environnement, et il récolte une partie mesurée de ces produits : miel, pollen, cire, gelée royale et propolis.

Pratiquée sur tous les continents, cette activité diffère selon les variétés d’abeilles, le climat et le niveau de développement économique. C’est une activité où se mêlent les méthodes ancestrales comme l’enfumage, et les méthodes modernes comme l’insémination artificielle ou l’étude du trajet des abeilles équipées de microréflecteurs radar.

Histoire

Fichier:Cueva arana.jpeg
Cueillette du miel il y a 6000 ans

L’homme élève des abeilles depuis environ 12 000 ans. À cette époque, l’homme pratiquait la cueillette comme l’atteste la peinture rupestre trouvée à la « cueva de la Araña » (grotte de l’Araignée, 6000 ans) près de Valence en Espagne. On y voit un homme suspendu à des lianes, portant un panier pour recueillir sa récolte, la main plongée dans un tronc d’arbre à la recherche de rayons de miel. On ne sait pas exactement quand la domestication de l’abeille a eu lieu. L’apiculture était cependant courante dans le Haut-Empire égyptien 2400 ans avant J.-C. Des représentations ont été mises au jour dans le temple du roi Ne-Ouser-Rê à Abou-Gourab (Égypte antique), où l’on voit des scènes montrant l’extraction et la conservation du miel.

La première ruche fut sans doute issue du prélèvement d’un tronc d’arbre creux contenant un essaim. Plus tard, avec la maîtrise des techniques d’enruchage, apparaissent les premières fabrications de ruches artificielles, sans doute faites de troncs creusés ou d’écorce de liège. Les ruches en planches apparaissent dès l’Antiquité ; Pline l'Ancien décrit avec précision certains modèles.

Les ruches tressées existent depuis l’Antiquité. Elles furent d’abord faites de baguettes de bois entrecroisées, étanchées avec un mélange de bouse de vache et de cendres. Les ruches en paille tressée, plus tardives, sont mentionnées pour la première fois dans une ordonnance de Charlemagne datée de 799, le Capitulaire De Villis. La récolte dans ces ruches était pratiquée par étouffage total ou partiel de l’essaim, ou encore par la taille de rayons, cela conduisait à leur mort ou leur affaiblissement.

L’invention de la hausse remédie à ces inconvénients. En 1772, Jonas de Gelieu décrit la première ruche à hausse fonctionnelle dans sa Nouvelle méthode pour former les essaims artificiels. L’entrée dans l’apiculture moderne se fait avec l’invention du cadre mobile mis au point en 1844 par Debeauvoys.

L’art de l’apiculture

La conduite d’une colonie consiste principalement à veiller à l’état de la « démographie » des ruches.

Une colonie d’abeilles se compose d’une reine unique, de nombreuses ouvrières (femelles), de faux bourdons (mâles) et de couvain (œufs + larves + nymphes). Une ruche contient une colonie.

Pour se reproduire et survivre, une colonie d’abeilles cherche à accumuler un maximum de provisions pendant la saison favorable afin de pouvoir passer sans problème la ou les saisons défavorables. Dans les pays du Nord, cette période est l'hiver; dans le Sud et en Afrique, cette période est la saison sèche.

La population de la colonie varie suivant les saisons. Elle est importante pendant les périodes où les ressources sont abondantes dans la nature (30 000 à 70 000 individus) afin de faire le plus de récolte possible. Elle est minimale l’hiver (6 000 individus) afin de réduire la consommation de provisions au minimum nécessaire. Cependant, elle ne doit pas être trop faible, car c’est elle qui devra relancer la colonie au printemps.

La ruche

Ruche divisible

C’est l’unité de vie construite par l’apiculteur pour recevoir une colonie d’abeilles. Un ensemble de ruches forme un rucher.

Aux XIXe et XXe siècles, la recherche d’une apiculture rationnelle et l’approche scientifique de l’apiculture ont conduit à la mise au point des ruches modernes, qui se caractérisent par l’adoption de rayons mobiles, de dimensions précises et standardisées.

Les rayons mobiles permettent d'intervenir dans la ruche sans la détruire. Construits par les abeilles, un à un, ils peuvent être facilement extraits et remis en place. Ils sont soit bâtis dans des cadres préparés par l'apiculteur, soit suspendus à des barres ou barrettes sur lesquelles l'apiculteur a placé des amorces de rayons.

Il existe deux grandes familles de ruches :

  • celles qui s'agrandissent par empilement vertical d'éléments standards, dites ruches divisibles 
  • celles qui s'agrandissent par ajout de cadres latéralement à ceux déjà en place. Ce sont les ruches horizontales.

Les dimensions des ruches verticales varient en fonction du nombre d'éléments empilés, les horizontales ont toujours le même aspect extérieur. Elles ont assez de place à l'intérieur pour accueillir des rayons supplémentaires lors de l'agrandissement de la colonie.

Les ruches portent souvent le nom de leurs inventeurs. Les ruches verticales à cadre les plus courantes en France sont les ruches Dadant, Langstroth et Voirnot. Les ruches Warre et Climatstable sont divisibles et à barrettes, leur conduite originale les destine à l’apiculture écologique.

Parmi les ruches horizontales à cadre, il faut citer la ruche mise au point par De Layens et perfectionnées par Jean Hurpin. Actuellement, la ruche à barres Top-Bar, adaptée aux régions chaudes et de faible coût, suscite un vif intérêt, autant dans les pays en voie de développement que dans les plus développés.

Ruche divisible à cadres mobiles

La ruche divisible type se compose d’un empilement de caisses de même hauteur , (Lanstrot ou hausses Dadant), ouvertes au-dessus et au-dessous.

Cet empilement repose sur un plancher débordant sur un côté formant un balcon, appelé planche de vol. C’est de là que les abeilles sortent de la ruche et y entrent. La première caisse porte le nom de corps de ruche. C’est le domaine privé des abeilles. Tout ce qui est entreposé dans le corps appartient aux abeilles, il contient assez de provisions pour qu’une colonie d’abeilles passe l’hiver. Les caisses suivantes sont des hausses, c’est le domaine de l’apiculteur, d’où il tire le miel. Le tout est recouvert d’un couvercle dit couvre-cadre et, pour finir, d’un toit. Le corps et les hausses contiennent des cadres suspendus verticalement, dans lesquels les abeilles vont bâtir leurs rayons. Ces cadres sont mobiles, l’apiculteur pourra les sortir un à un de la ruche. Il pourra les remplacer, les changer de ruche, vérifier l’état de la colonie... Les différents modèles de ruches se distinguent par leurs dimensions et le nombre de cadres.

L’abeille

L’apiculture concerne l’élevage de l’abeille domestique (Apis mellifera). Elle porte aussi d’autres noms comme abeille à miel, mouche à miel, avette... C’est le seul insecte, avec le bombyx du mûrier (ver à soie), qui ait été domestiqué. L’abeille était déjà présente il y quatre millions d’années sur Terre. Des fossiles à l’aspect identique aux abeilles actuelles ont été mis au jour. Cette longévité est le résultat de l’adaptabilité exceptionnelle de cette espèce. Le comportement de l’abeille est sous le contrôle à la fois de facteurs innés et de l’adaptabilité aux conditions d’environnement. L’abeille peut revenir à l’état sauvage lorsqu’elle s’échappe du rucher à l’occasion de l’essaimage, ou devenir domestique à l’occasion de la capture d’un essaim sauvage.

La naissance

L'œuf fécondé est pondu par la reine au fond d’une cellule. Il éclot trois ou quatre jours après la ponte. La larve est d’abord nourrie avec de la gelée royale, liquide sécrété par les glandes nourricières des ouvrières, puis par un mélange de pollen et de miel. Dix jours après la ponte, la larve a fini sa croissance, la cellule est operculée avec de la cire. La larve s’enveloppe d’un cocon. Douze jours plus tard, une jeune abeille sort enfin de sa cellule, elle a sa taille et son aspect définitifs. Trois semaines environ se sont écoulées depuis la ponte.

Ouvrière d'été

Abeille butinant

Nourrice les dix premiers jours, elle va d’abord s’occuper de la préparation des cellules pour les nouvelles pontes, le temps que ses glandes nourricières se développent. Ensuite, elle pourra nourrir les jeunes larves avec la gelée royale qu’elle sécrète. À la fin de cette période, elle effectue ses premiers vols autour de la ruche.

Bâtisseuse les dix à vingt jours suivants, ses glandes nourricières se sont atrophiées pendant que les glandes cirières se sont développées ; elle participe alors à l’agrandissement des rayons, à la transformation en miel du nectar apporté par les butineuses, au nettoyage et à la régulation thermique de la ruche, puis à sa protection contre les prédateurs (guêpes notamment) et les voleurs (abeilles étrangères, etc).

Butineuse à partir du vingtième jour jusqu’à la cinquième ou sixième semaine de sa vie, elle va parcourir la campagne dans un rayon de deux kilomètres afin d’approvisionner la ruche en nectar, miellat, pollen, propolis ou en eau. Après quoi, sa vie s’achèvera : en général, une ouvrière meurt d’épuisement pendant un dernier voyage de butinage.

Ouvrière d’hiver

À la fin de l’été, au début de l’automne vont naître des ouvrières qui vont vivre de cinq à six mois, leur corps est plus riche en acide gras. Elles auront à protéger la reine, à maintenir l’essaim qui passera l’hiver à une température de 30 °C, puis, dès le mois de février, préparer l’arrivée des nouvelles générations.

Les faux bourdons

Du printemps au début de l’été, des mâles ou faux bourdons sont produits. Ils proviennent d'œufs non fécondés (ils sont donc haploïdes, leurs cellules ne contenant que n chromosomes au lieu de 2 n). Plus gros que les ouvrières, ils sont dépourvus de dard.

Ils ne participent pas aux travaux de la ruche. Ils ne peuvent pas se nourrir eux même en raison de leur langue trop courte, ils dépendent donc entièrement des ouvrières pour leur nourriture. Ils sortent de la ruche pour se regrouper en des lieux parfois éloignés.

Leur rôle se limite strictement à la fécondation des jeunes reines (vol nuptial). Ceux qui s’accouplent à une reine meurent peu de temps après l’accouplement. Quant aux autres, les ouvrières cessent à la fin de l’été de les nourrir et, de plus en plus affaiblis à mesure que l’automne approche, ils finissent par être impitoyablement rejetés de la ruche et par mourir, épuisés.

La reine

Fichier:Queencell 0017.jpg
Cellule de reine
Cellule de reine, ouverte

Elle provient d’un œuf fécondé identique à celui de l’ouvrière, pondu dans une cellule spéciale, plus grande, bâtie à côté des rayons. Tout au long de son développement, la larve sera nourrie exclusivement à la gelée royale, ce régime lui permettant de devenir une reine. Elle naîtra seize jours après la ponte, soit cinq jours plus tôt que l’ouvrière.

Il est rare de pouvoir observer une reine à l’extérieur, alors qu’il est relativement facile de la remarquer à l’intérieur d’une ruche : entourée de nombreuses ouvrières qui la protègent et la nourrissent, elle se distingue extérieurement des ouvrières par la plus grande longueur de son abdomen.

Les reines sont produites exclusivement au printemps, soit pour remplacer une reine vieillissante ou malade, soit pour un essaimage (qui n’a lieu que si la colonie est prospère) .

Une semaine après sa naissance, la jeune reine va entreprendre des vols nuptiaux. Elle va rejoindre un point de rassemblement, où se réunissent les mâles du voisinage, assurant ainsi la diversité génétique. Elle va s’accoupler avec plusieurs mâles, en plein vol, jusqu’à ce que sa spermathèque soit remplie. Les mâles qui l’auront fécondée vont tous mourir peu de temps après l’accouplement, leurs organes génitaux ayant été arrachés (leur rôle est terminé). La reine va conserver tout ce sperme dans sa spermathèque et restera ainsi fécondée pour le restant de sa vie (de quatre à cinq ans).

La communication chez les abeilles

La communication revêt une importance particulière chez les insectes sociaux, elle est un facteur de cohésion et de coordination des actions du groupe. Les abeilles communiquent par contacts antennaires, par voie chimique via des phéromones et par des danses.

Communication par contacts antennaires

Communication par les phéromones

Les phéromones de Nassanov

La glande de Nassanov est située sur la face dorsale abdominale des abeilles, elle produit une phéromone aux fonctions multiples. Elle sert à marquer l’entrée de la ruche, un lieu intéressant comme une source de nectar, une source d’eau ou un lieu d’arrêt provisoire lors de l’essaimage. Pour diffuser la phéromone, les abeilles exposent leur abdomen et ventilent en battant des ailes. L’odeur de la phéromone guide les autres ouvrières.

Les phéromones royales

La reine émet un nombre important de phéromones ayant un rôle capital dans la vie de la colonie. Elles ont plusieurs origines, on distingue celles produites par les glandes mandibulaires, les glandes abdominales et celles émises par l’extrémité des pattes. La phéromone mandibulaire est constituée de cinq composés qui ne sont actifs qu’ensemble.

La phéromone mandibulaire est répartie sur tout le corps de la reine par contact avec les ouvrières. Elle est rapidement dispersée dans la ruche par échange de nourriture, contact entre individus et par sa volatilité. Le rôle principal de la phéromone mandibulaire est d’inhiber l’élevage royal. Lorsque la reine vieillit, sa production de phéromone mandibulaire diminue ou, lorsqu’elle meurt, les ouvrières construisent des cellules royales en vue de la remplacer.

Communication par danse

Danse en « huit », les ondulations symbolisent le frétillement (déplacement suivant les flèches)

L’abeille communique la localisation, l’importance et la nature des sources de nectar à travers des danses. Deux cas se présentent : la source se situe dans un rayon de 100 mètres, elle se trouve au delà de cette limite.

Source à moins de 100 mètres

Indication d’une source située à 60° par rapport à la direction du soleil

Une butineuse de retour à la ruche monte dans les rayons et y bouscule des ouvrières. Elle leur fait goûter le nectar et en sentir le parfum dont elle est imprégnée. Elle décrit alors des cercles concentriques autour d’une cellule. Connaissant ainsi le goût et le parfum du nectar, les autres ouvrières en trouveront rapidement la source, sachant qu’elle est située à moins de 100 mètres, et bien qu’elles n’aient aucune indication sur sa direction.

Source éloignée

Indication d’une source située à 150° par rapport à la direction du soleil

Dans ce cas l’abeille s’oriente par rapport à la direction du soleil. En plus de ces deux yeux composés, elle dispose sur le haut de la tête de 3 ocelles, se sont des yeux simples, ceux-ci sensibles à la lumière polarisée, permettent de repérer le soleil à travers les nuages. Sur les rayons la butineuse se comporte comme précédemment mais entreprend une danse différente. Elle commence par décrire un demi-cercle, puis se dirige vers son point de départ en suivant une ligne droite, de retour au point de départ elle refait un demi cercle mais dans l’autre sens, elle reprend à nouveau la même ligne droite, au bout elle reprend le premier demi-cercle et ainsi de suite. Elle décrit ainsi un huit. Lorsqu’elle parcourt la ligne droite elle agite son abdomen à droite et à gauche, elle frétille.

La direction de la ligne droite indique celle de la source de la miellée. Imaginons un cadran avec la ruche au centre, et le soleil placé au-dessus à la verticale. Sur ce cadran, l’abeille se dirige du centre vers la source de nourriture. Si la source de nourriture est dans la direction du soleil, l’abeille va se diriger verticalement de bas en haut sur la ligne droite. Si la source se trouve à 30° à droite par rapport à la direction du soleil, la ligne droite qu’elle décrira sera incliné de 30° à droite par rapport à la verticale, elle la parcourra de bas en haut. Si la miellée est à l’opposé du soleil, son trajet se fera alors de haut en bas.

La distance est indiquée par la vitesse à laquelle est réalisée la danse, plus elle est rapide, plus la source est proche. Ainsi, le nombre de « huit » exécutés en 15 secondes est de 9 ou 10 pour une source située à environ 100 mètres, 6 pour une distance de 500 mètres et n’est plus que de 2 pour 5000 mètres.

L’apiculteur

La France compte environ 80 000 apiculteurs pour 1 345 000 ruches. Les professionnels représentent 20 % de ce total, les amateurs 80 %.

Les apiculteurs proviennent de tous les horizons sociaux, hommes, femmes, campagnards ou urbains. Certains ont découvert l’apiculture au hasard de leur parcours, d’autres, souvent, ont été initiés jeunes alors qu’ils accompagnaient leur père ou grand-père au rucher. Attentifs à l’écosystème entourant leurs ruchers, la botanique, l’entomologie font souvent partie de leurs champs d’intérêts. C’est en tout cas une activité qui se pratique avec passion, sinon l’abandon arrive vite.

On dit que l’abeille est la sentinelle de l’environnement, Albert Einstein a dit : « Lorsque l’abeille disparaîtra, il ne restera plus que quatre ans à vivre à l’homme. » L’apiculteur est le premier à constater les dysfonctionnements de ses colonies, il intervient pour alerter les pouvoirs publics ou l’opinion (en Europe, certains produits phytosanitaires ont été interdits suite à leurs interventions.)

La ruche et les autres visiteurs

La ruche, par l’abri qu’elle procure et les provisions qu’elle contient, attire nombre d’animaux plus ou moins désirés.

Parmi les insectes, on peut compter les fourmis et les pince-oreilles, qui se logent sur le couvre-cadre mais ne pénètrent guère à l’intérieur de la ruche. La fausse teigne est un papillon parasite, qui pénètre dans la ruche ; sa larve consomme de la cire et ruine en peu de temps les ruches faibles. Les ruches fortes, au contraire, savent se défendre contre la fausse teigne. Beaucoup plus inquiétants sont les dégâts provoqués dans de nombreuses régions d'Europe par un acarien parasite de l'abeille, Varroa jacobsoni, devenu résistant aux varroacides traditionnels. On utilise l'acide formique ou des huiles essentielles pour en venir à bout mais la meilleure prévention est encore l'élevage de souches d'abeilles "résistantes", c'est-à-dire aptes à se débarrasser du parasite. Une surveillance minutieuse des ruchers (abeilles mortes de fraîche date) peut permettre de déceler l'acariose avant qu'elle ne se généralise. Une autre menace est apparue avec Aethina tumida: ce petit coléoptère des ruches provoque des pertes importantes dans les ruchers nord-américains. Avec la mondialisation qui n'épargne pas le monde de l'apiculture (exportations de reines, d'essaims ...), à quand son arrivée en Europe ?

Dans la ruche, pendant la période hivernale, la souris apprécie le gîte et le couvert, alors que la vipère et la couleuvre se contentent d’un refuge tiède pour l’hiver.

Le pic-vert, lui, n' hésite pas à percer les parois en bois des ruches pour accéder aux larves riches en protéines.

La multiplication des colonies

L’essaimage

Les colonies les plus prospères se reproduisent par essaimage. Au début du printemps, quelques cellules à reine sont produites. Une semaine environ avant la naissance des reines, l’ancienne reine quitte la ruche avec la moitié des effectifs de toutes les catégories d’ouvrières pour former un essaim : au moment du départ, toutes les ouvrières se sont gavées le jabot de provisions et elles ne peuvent donc pas piquer : un essaim tout neuf est donc inoffensif et le reste pendant quelques heures.

Cet essaim part à la recherche d’un abri ; il peut lui être fourni par l’apiculteur qui le capture et l’introduit dans une nouvelle ruche, ou bien il retourne à l’état sauvage et trouve abri dans un arbre creux, une excavation, une cheminée désaffectée ou même derrière des volets.

Dans la ruche, la première reine qui naît tue immédiatement toutes ses rivales qui sont encore dans leurs cellules. Il ne peut en effet y avoir qu’une reine par colonie. Une semaine plus tard, elle effectue son premier vol nuptial.

Une colonie peut produire, entre le début du printemps et le début de l’été, jusqu’à trois essaims, ils sont dits respectivement primaire, secondaire et tertiaire.

L’essaimage artificiel

Lorsqu’une colonie perd sa reine accidentellement, elle se retrouve orpheline. Les ouvrières se rendent compte de son absence après un ou deux jours. La colonie ne peut survivre sans la ponte de la reine qui assure le renouvellement de sa population. Les ouvrières vont choisir des cellules contenant des œufs de moins de trois jours pour les agrandir, ce sont les cellules de « sauveté ». Les larves qu’elles contiennent seront nourries exclusivement avec de la gelée royale afin de produire des reines.

Cette particularité est mise à profit par les apiculteurs pour multiplier leurs colonies. Pour cela, ils prélèvent dans une ruche forte quelques rayons avec des cellules contenant des œufs de moins de trois jours, les rayons sont couverts d’ouvrières. Ils les transvasent dans une ruchette avec des rayons garnis de provisions. Si tout se passe bien, une nouvelle reine naît deux semaines plus tard.

Sélection et élevage de reines

Les races

L’abeille est un hyménoptère, appartenant au genre Apis qui comporte quatre espèces sociales dont trois originaires d’Asie : Apis dorsata, Apis florea et Apis cerana. L’Apis mellifera (Linné) se rencontre en Europe, en Afrique, au Proche-Orient et dans une partie de la Sibérie. Sa très grande extension géographique a produit des races aux caractères morphologiques et comportementaux variés. Amenée par les colons, l’aire de l’Apis mellifera s’est étendue à l’Amérique du Nord et l’Amérique du Sud, à l’Australie et à la Nouvelle-Zélande.

Les races d’Europe les plus connues sont identifiées par des zones géographiques, séparées par des montagnes infranchissables aux essaims. Elles y ont vécu à l’état indigène, avec peu de contacts extérieurs. L’abeille noire, Apis mellifera mellifera (Linné, 1758) habitait toute la partie septentrionnale de l'Europe depuis la péninsule ibérique Espagne et Portugal, la France, l'Angleterre et l'Allemagne, la Pologne jusqu'à la partie européenne de la Russie. L’abeille jaune italienne, Apis mellifera ligustica (Spinola, 1806) occupe la majeure partie de l’Italie. L’abeille carnolienne, Apis mellifera carnica (Pollmann, 1879), est originaire de Slovénie et d'Autriche. La caucasienne à longue trompe, Apis mellifera caucasica (Pollmann, 1889), vit principalement dans le Caucase et en Géorgie.

Des races métisses ont été créées par l'action de l'homme, volontairement ou non.

L’abeille Buckfast créée par le Frère Adam est l’une des plus appréciées. Elle est le résultat d'un travail de croisements et de sélection combinés. Ces travaux, qui se sont étendus sur plus de 70 ans, et ont comporté plusieurs voyages d'étude A la recherche des meilleures lignées d'abeilles, ont fait émerger une méthode reprise actuellement par plusieurs éleveurs européens : disciples qui continuent le travail du Frère Adam. Cette abeille est, à l'heure actuelle, la seule dont le pedigree est publié sur l'internet. Ces pedigrees, classés par éleveur, remontent jusqu'en 1925. Ce sont des outils de travail pour ces éleveurs.

Un autre exemple de métissage est celui de l'abeille dite africanisée. Elle est née en 1957, au Brésil, à la suite de l'importation d'Afrique de l'abeille Apis mellifera scutellata (Lepeletier, 1836) qui avait semblé mieux adaptée au climat tropical. Elle se croisa avec l'abeille créole, descendante des abeilles ibériques importées par les conquistadores. Ce croisement, auquel les caractéristiques - vigueur et prolificité - donnaient un important avantage évolutif, envahit toute la zone tropicale et sub-tropicale des Amériques.

L’étude des caractères raciaux, morphologiques et comportementaux sont l’objet de la biométrie. Ses apports en apiculture sont importants car elle permet de connaître l’influence des caractères génétiques sur les qualités d’une abeille donnée.

Sélection

La sélection est pratiquée comme dans les autres secteurs de l’agriculture, elle tend à améliorer l’abeille pour satisfaire les besoins de l’apiculture. Les qualités recherchées chez l’abeille sont d’être vigoureuse, productive, douce, propre, peu essaimeuse, résistante aux maladies ...

Élevage

Tout apiculteur pratique, dans son rucher, la sélection. En effet, lorsqu’il pratique l’essaimage artificiel, il choisit comme souche ses ruches les plus fortes. Mais, pour pratiquer une sélection plus rigoureuse, il faut pouvoir disposer d’un grand nombre de colonies. Certains apiculteurs se sont donc spécialisés dans la production de reines sélectionnées.

Pour cela, ils disposent de ruches dédiées à cet usage. Des cadres sont aménagés pour contenir plusieurs ébauches artificielles de cellules à reine, appelées cupules. Des larves âgées de moins de 36 heures, les plus petites possibles, sont déposées au fond de ces cupules, cette opération s’appelle le picking. Les cadres garnis de ces cupules sont introduits dans des ruches d’élevage mises en état d’orphelinage, c'est-à-dire dont on a enlevé la reine. Les ouvrières-nourrices vont s'occuper des larves en leur fournissant en abondance de la gelée royale de composition adaptée à leur âge, puis operculer les cellules. Par précaution, les alvéoles sont alors entourés par de petites grilles cylindriques afin de les protéger de l’attaque d'une reine née prématurément.

Avant la naissance des reines, chaque cellule est placée dans une ruchette de fécondation. Cette ruchette est garnie d’ouvrières et de rayons de couvain operculé, à partir desquels il leur serait impossible de produire de nouvelles reines. Dans le mois qui suit leur naissance, les reines doivent être fécondées, soit naturellement par un certain nombre (de 15 à 25) de mâles de son environnement, soit artificiellement. Dans le premier cas, les ruchettes sont placées de préférence dans une zone saturée de bourdons de la souche sélectionnée, éventuellement sur une île isolée. Dans le second cas, par une manipulation appelée insémination instrumentale permet de lui injecter le sperme — 8-12 μL, d'une bonne vingtaine de mâles sélectionnés — au préalable introduit dans un capillaire, afin d’avoir une souche pure.

Opérations apicoles

Les protections

Le risque de piqûre nécessite le port de protections. Les abeilles attaquent préférentiellement la tête et les parties sombres qui, pour elles, représentent des orifices, comme les yeux, les cheveux et les oreilles.

La tenue d’un apiculteur doit être claire, elle est en général blanc crème. Une coiffe munie d’un tulle noir tressé suffisamment serré est une protection minimale, les gants sont utiles aux débutants mais ils limitent la précision des manipulations.

L’enfumage

Toute intervention à l’intérieur de la ruche nécessite l’enfumage de l’essaim. Cette opération se fait à l’aide d’un enfumoir, il en existe de nombreux modèles, ils fonctionnent tous sur le même principe. La fumée est produite par un combustible emprisonné dans un récipient en tôle, la combustion est incomplète et produit beaucoup de fumée. Un soufflet permet de chasser la fumée du récipient à travers une cheminée conique et de diriger son flux. La matière brûlée peut être de la paille, des aiguilles de pin, du carton non traité...

Lorsque de la fumée pénètre dans la ruche, les abeilles se sentent en danger, elles se préparent à fuir et font des provisions en se gorgeant de miel. On dit que la ruche se met en état de « bruissement », un bourdonnement caractéristique sort de la ruche. Les abeilles ont rempli leur jabot de miel, à partir de ce moment, elles ne peuvent plus piquer et ne sont plus agressives. Un certain nombre quitte la ruche et tourne autour. L’apiculteur peut alors intervenir dans la ruche, il maintient l’état de la colonie un envoyant régulièrement des bouffées de fumée sur les abeilles pendant toute la durée de son travail.

Les travaux finis, les abeilles ventilent la ruche pour chasser la fumée, après quinze à vingt minutes, elles reprennent leurs activités.

L’apiculture pastorale ou la transhumance

Dans l’apiculture sédentaire les ruches sont fixes, le rayon efficace de récolte des abeilles autour du rucher ne dépasse guère 2 à 3 kilomètres, ce qui limite les récoltes. L’apiculture pastorale consiste à déplacer les ruches de site en site au gré des miellées. Très ancienne, elle était déjà pratiquée par les nomades qui emportaient leurs ruches à dos d’animal. En Italie sur le , ou en Égypte sur le Nil, les ruches étaient chargées sur des bateaux qui remontaient le fleuve dans les régions à miellées plus favorables. Les ruches étaient pleines lorsqu’une ligne limite de flottaison était atteinte.

Aujourd’hui les déplacements de ruches se font par route, elles sont embarquées à la tombée de la nuit (lorsque toutes les abeilles sont rentrées) et arrivées à destination au lever du soleil. Les véhicules employés, de la remorque automobile au camion, varient en fonction de l’importance du rucher. Souvent les ruches sont déchargées et mises en place dans le rucher pastoral ; parfois, afin de limiter les manutentions, les ruches restent en place sur des véhicules aménagés à cet effet.

Les déplacements se font souvent en utilisant les variations d’altitudes et l’avancée des saisons, en commençant par les plaines et vallées précoces d’avril à juin, puis en rejoignant les floraisons plus tardives de montagne en juillet et août, pour finir par les récoltes de miellats de sapin, avant de rejoindre la plaine pour l’hivernage. L’arboriculture utilise les services de l’apiculture pastorale pour la pollinisation des vergers.

Les produits de la ruche

Le miel

Élaboration

Le miel est élaboré par l’abeille à partir de substances sucrées qu’elle récolte dans la nature. Les principales sources d’approvisionnement sont le nectar, qui est produit par le nectaire des plantes à fleurs (angiosperme), et le miellat, qui est une excrétion produite par des insectes suceurs comme le puceron à partir de la sève des arbres. Du fait de leur anatomie et en particulier de la longueur de leur trompe, les abeilles domestiques ne peuvent récolter le nectar que sur certaines fleurs, celles-ci sont dites mellifères. Le nectar sert à attirer les insectes pollinisateurs, afin d’assurer la fécondation des fleurs.

La composition des nectars varie avec les plantes qui les produisent, ils sont composés principalement de glucides tels que saccharose, glucose, fructose et d’eau. Leur teneur en eau peut être importante, jusqu’à 90 %. Les miellats sont plus riches en mélézitoze.

L’élaboration du miel commence dans le jabot de l’ouvrière, pendant son vol de retour vers la ruche. L’invertase, une enzyme de la famille des diastases, est ajoutée, dans le jabot, au nectar. Il se produit alors une réaction chimique, l’hydrolyse du saccharose qui donne du glucose et du fructose.

Arrivée dans la ruche, l’abeille régurgite le nectar, riche en eau, qui doit encore être déshydraté pour assurer sa longue conservation. Pour cela, la butineuse le dépose en fines couches sur la paroi des alvéoles. Les ouvrières ventileuses entretiennent un courant d’air dans la ruche qui provoque l’évaporation de l’eau. Lorsque sa teneur en eau atteint 17 à 22 %, le miel est à maturité ; il est alors emmagasiné dans d’autres alvéoles qui seront operculés quand ils seront pleins.

Crus de miels

L’apiculture propose des miels d’origine, de saveur et d’aspect très variés. Le miel est dit monofloral lorsque son origine provient en grande partie d’une seule variété de fleurs. L’apiculteur a placé ses hausses juste au moment de la miellée de la fleur recherchée et les a retirées aussitôt après pour en faire la récolte. Les autres miels sont dits toutes fleurs et peuvent être désignés par leurs origines géographiques.

  • Le miel de robinier faux-acacia dit miel d’acacia à saveur douce, est liquide, clair et ne cristallise pas.
  • Le miel de châtaignier au goût corsé, amer, est visqueux et plus ou moins sombre selon qu'il provient de nectar ou de miellat.
  • Le miel de lavande, très parfumé, de couleur crème présente une granulation très fine.
  • Le miel de colza, avec une légère saveur de chou, est de couleur claire, il cristallise rapidement en raison d'une forte teneur en glucose.
  • Les miels de garrigue et de montagne sont toutes fleurs, leur saveur et leur aspect dépendent de leurs terroirs.

Gelée royale

De la Gelée royale

La gelée royale est le produit de sécrétion du système glandulaire céphalique (glandes hypopharyngiennes et glandes mandibulaires) des abeilles ouvrières, entre le cinquième et le quatorzième jour de leur existence (ouvrières qui portent alors le nom de nourrices). C’est une substance blanchâtre aux reflets nacrés, à consistance gélatineuse, de saveur chaude, acide et légèrement sucrée, qui constitue la nourriture exclusive :

  • de toutes les larves de la colonie, sans exception, de leur éclosion jusqu’au troisième jour de leur existence ;
  • des larves choisies pour devenir reines jusqu’au cinquième jour de leur existence ;
  • de la reine de la colonie pendant toute la durée de son existence à partir du jour où elle quitte la cellule royale.

Composition de la gelée royale

La gelée royale contient en moyenne :

  • lipides : 4,5 %
  • glucides : 14,5 %, du glucose et du fructose pour la plus grande partie, et en proportions nettement moindres du saccharose, du maltose, de l’erlose, du tréhalose et du mélibiose.
  • protides : 13 % (acides aminés à l’état libre ou combiné)
  • eau : environ 66 %.

On y trouve également des vitamines (la gelée royale est le produit naturel connu le plus riche qui soit en vitamine B5), des oligo-éléments, de l’acétylcholine (jusqu’à 1 mg/g), des facteurs antibiotiques particulièrement actifs sur les proteus et escherichia coli B (plus connu sous le nom de colibacille).

Récolte et conservation de la gelée royale

La production de gelée royale fait appel à des techniques particulières, car les abeilles produisent juste la quantité nécessaire à l’élevage du couvain et elle n’est pas stockée. Elle est pratiquée par des apiculteurs spécialisés. Les ruches sont conduites comme pour l’élevage de reine, la ruche est rendue orpheline en lui enlevant la reine. Des cadres sont placés dans la ruche avec des ébauches de cellules royales dans lesquelles l’apiculteur a mis des larves d’ouvrières âgées de 12 à 36 heures. Les ouvrières vont donner à ces ébauches la taille définitive des cellules à reines. Les nourrices servent de la gelée royale en abondance aux jeunes larves. Après 3 jours les cellules ont atteint leur maximum d’abondance. Les cadres sont alors retirés, la gelée royale est prélevée par aspiration cellule par cellule. Une ruche peut donner maximun 300 grammes de gelée par an.

Dès son prélèvement, la gelée royale est mise en flacons de verre. Flacons qui sont hermétiquement fermés par un bouchon en plastique (le métal est attaqué car la gelée royale est acide et a un pH de 4), puis entreposés au froid (entre 2 et 5 °C) dans une atmosphère exempte d’humidité et à l’abri de la lumière. Dans de telles conditions, la gelée royale se conserve parfaitement pendant plusieurs mois.

Le pollen

Anatomie de l’abeille.

Chez les végétaux supérieurs, le grain de pollen constitue l’élément fécondant mâle de la fleur. Le pollen produit se trouve sur les anthères des étamines. Sa forme, sa couleur, ses dimensions varient considérablement d’une plante à l’autre. Pour être fécondée, une fleur doit recevoir du pollen sur son pistil (organe femelle des plantes à fleurs).

Toujours présent en petite quantité dans le miel, son étude permet d’identifier les origines botaniques de celui-ci. Cette technique d’identification des miels à partir des pollens qu’il contient s’appelle la melissopalynologie.

Les plantes entomophiles utilisent en grande partie les insectes pour leur pollinisation. L’abeille, en passant de fleur en fleur, dépose des grains de pollen de l’une sur le pistil de l’autre. L’abeille est largement utilisée pour la pollinisation des plantes cultivées, en particulier pour les arbres fruitiers. On estime que la valeur économique apportée par les abeilles dans la pollinisation est de 12 à 15 fois supérieure à celles des produits de la ruche.

La récolte du pollen par l’abeille est possible grâce à l’adaptation spécifique des pattes postérieures des ouvrières. Elle utilise la brosse à pollen située sur la face interne du métatarse pour récupérer le pollen dispersé sur son corps, puis le pousse et le tasse dans la corbeille à pollen située sur la face externe du tibia de la patte opposée. Un poil unique dans la corbeille sert de mât qui maintient la pelote de pollen. Une pelote pèse environ 6 milligrammes, l’abeille en transporte deux. Dans la ruche, le pollen est tassé, avec la tête, par d’autres ouvrières, dans des alvéoles.

Composition du pollen.

Le pollen est d’abord une source de protides pour les abeilles, il entre dans la composition de la bouillie distribuée au couvain.

Le pollen est également riche en d’autres substances, sa composition moyenne est de :

  • protides : 20 % (acides aminés libres et protéines)
  • glucides : 35 % (provenant du miel)
  • lipides : 5 %
  • eau : 10 à 12 %

D’autres composants sont présents comme des vitamines, des oligo-éléments, des enzymes (amylase, invertase, certaines phosphatases), des substances antibiotiques actives sur toutes les souches de colibacilles et certaines de proteus et salmonelles. On y trouve aussi la rutine, une substance accélératrice de la croissance, des substances œstrogéniques, et de nombreux pigments qui donnent la couleur d’un pollen déterminé.

Récolte et conservation du pollen

La récolte du pollen est assez récente. Les apiculteurs ont mis au point une trappe à pollen placée à l’entrée de la ruche. Pour y pénétrer, les abeilles doivent passer au travers d’ouvertures étroites, provoquant la chute de pelotes de pollen dans un tiroir situé en dessous. Le dispositif est conçu de manière à ce que seulement 10 % du pollen soit prélevé, car il est indispensable à la croissance des colonies. Les tiroirs sont prélevés tous les un ou deux jours. Les pelotes de pollen sont séchées à 40 °C par le passage d’un courant d’air chaud et sec traversant des claies sur lesquelles elles sont étalées. Elles sont sèches dès lors qu’elles n’adhèrent plus les unes aux autres. Hydrophiles, il faut les stocker dans des récipients hermétiques.Une nouvelle méthode consiste à congeler les pelotes dès la récolte des tiroirs

La propolis

L’origine du mot propolis est associée au grec pro qui veut dire devant, en avant de, et polis la cité. Cette matière est utilisée comme un mortier pour réduire ou ajuster la dimension des ouvertures de la ruche en fonction des conditions climatiques.

La propolis désigne toute une série de substances résineuses, gommeuses et balsamiques, de consistance visqueuse, recueillies par les abeilles sur certaines parties de végétaux (essentiellement les bourgeons et les écorces de certains arbres), substances qu’elles rapportent à la ruche et qu’elles modifient vraisemblablement en partie par l’apport de certaines de leurs propres sécrétions (cire et sécrétions salivaires principalement).

Les principales essences produisant de la propolis sont des conifères (pin, sapin,épicéa), plusieurs espèces de peupliers (qui semblent être la source la plus importante), l’aulne, le saule, le marronnier d'Inde, le bouleau, le prunier, le frêne, le chêne et l’orme.

Dans la ruche, la propolis a de multiples usages. C’est un mortier qui sert au colmatage, à l’étanchéité de la ruche, au renforcement de rayons ou parties défectueuses de la ruche. C’est un vernis aseptisant déposé en fine couche à l’intérieur des cellules avant la ponte de la reine, ou pour lisser les parois intérieures de la ruche. Elle sert aussi à momifier les animaux intrus et morts trop gros pour être évacués par les abeilles évitant ainsi leur décomposition.

Composition

La propolis recueillie dans la ruche est constituée globalement de :

résines et baumes 50 à 55 %
cire 30 à 40 %
huiles volatiles ou essentielles 5 à 10 %
pollen 5 %
matières diverses 5 %

La propolis contient également beaucoup d’autres éléments comme des acides organiques, de très nombreux flavonoïdes, des oligo-éléments, de nombreuses vitamines.

La cire

La cire est une excrétion produite par 8 glandes cirières situées sous l’abdomen des jeunes abeilles, entre leurs 12e et 19e jours, pour bâtir les rayons de la ruche. L’abeille a besoin de 10 à 11 kg de miel pour produire 1 kg de cire. La cire appartient à la famille chimique des cérides, elle est constituée d’acides et d’alcools gras à très longues chaînes (20 à 60 carbones). Son point de fusion est d’environ 64 degrés Celsius et sa densité de 0,97. Elle est insoluble dans l’eau et résiste à l’oxydation.

Autrefois elle était utilisée dans la fabrication de chandelles ; aujourd’hui elle sert à fabriquer des feuilles de cire gaufrée qui sont placées dans les ruches afin d’économiser du miel. Elle entre dans la composition d’encaustiques pour l’ameublement et les parquets.

L’apithérapie

« L’apithérapie est le traitement des maladies par les produits récoltés, transformés ou sécrétés par l’abeille, et tout particulièrement : le pollen, la propolis, le miel, la gelée royale et le venin. » Les vertus du miel et de la propolis sont connues depuis les temps les plus anciens par la médecine traditionnelle. Ces dernières décennies, des études scientifiques ont permis de confirmer et de mieux comprendre leurs propriétés. Faute de techniques de récolte, le pollen et la gelée royale ne sont apparus que récemment. Depuis, de nombreuses études ont permis de découvrir leurs propriétés. Cependant, c’est le venin d’abeille qui présente l’aspect le plus thérapeutique.

Apithérapie et miel

Le miel est un produit diététique naturel aux propriétés organoleptiques remarquables. C’est un aliment énergétique, il est rapidement assimilé, son pouvoir édulcorant est supérieur à celui du sucre (saccharose). Le miel contient en moyenne 5 % de saccharose, 6 % de maltose, 30 % de glucose, 40 % de fructose, des acides organiques, des oligoéléments. Sa composition est telle que les micro-organismes ne s’y développent pas, le miel ne nécessite ni conservateur, ni pasteurisation.

La médecine traditionnelle attribue généralement aux miels provenant de plantes médicinales les mêmes vertus que celles-ci.

Des recherches récentes menées à l’université de Waikato en Nouvelle-Zélande ont mis en évidence les propriétés antibiotiques du miel provenant d’un arbuste, le manuka (Leptospermum scoparium). Une enzyme spécifique, l’UMF (Unique Manuka Factor), produit du peroxyde d’hydrogène, un antiseptique reconnu dont la teneur est dix fois supérieure à celle des autres miels. Ce miel est efficace sur des bactéries multirésistantes et semble avoir des propriétés anti-inflammatoires et cicatrisantes.

Apithérapie et gelée royale

La gelée royale est indiquée pour combattre la fatigue, la faiblesse, l’asthénie, la neurasthénie, la dépression légère, l’aménorrhée et la dysménorrhée.

Apithérapie et pollen

Le pollen est indiqué pour traiter les allergies saisonnières, améliorer les performances physiques, améliorer la mémoire chez les personnes âgées.

Apithérapie et propolis

La propolis a de nombreuses indications :

  • par voie externe pour :
    • traiter l’herpès génital ;
    • accélérer la guérison des plaies de la muqueuse buccale ;
    • prévenir la carie et la plaque dentaires, traiter la gingivite ;
  • par voie interne pour prévenir et traiter les infections des voies respiratoires, les infections bactériennes, virales et parasitaires (infections intestinales, vaginales et des voies respiratoires).

Le venin d’abeille

Le venin est utilisé pour soigner les affections rhumatismales, les arthrites chroniques, certaines maladies inflammatoires et la sclérose en plaque.

Le venin est administré sur les zones à soigner soit directement par des piqûres d’abeille, soit dilué à l’aide de seringues. Lorsque l’abeille pique, son dard reste planté dans la peau, quand elle se retire, une partie de l’abdomen est arraché, ce qui entraîne sa mort. On sait aujourd’hui extraire le venin de l’abeille sans entraîner sa mort.

On trouve également du venin d’abeille sous diverses présentations, crèmes, lotions, comprimés, gouttes utilisés dans le traitement de l’arthrite, des inflammations des tendons et des articulations et les affections cutanées.

L’apipuncture est une combinaison du traitement au venin d’abeille et de l’acupuncture. Elle est employée dans le traitement de l’épilepsie, de l’incontinence et des troubles arthritiques. Le venin peut être administré soit par dépôt sur le point d’acupuncture soit par immersion de l’aiguille dans une solution avant stimulation.

Le venin d’abeille est aussi un élément fondamental dans l’arsenal des substances utilisées dans la thérapeutique homéopathique : apis mellifica est en général prescrit dans des dilutions allant de 5 à 30 CH.

Autres produits et dérivés

Une organisation incroyablement efficace

L’observation de nombreux faits et phénomènes liés à la vie des abeilles montre que leur organisation obéit à des principes d’économie sans faille, et qui seraient sûrement jugés parfaitement totalitaires s’ils étaient appliqués à des sociétés humaines !


Donnons-en quelques exemples :

- les ouvrières sont entièrement dévouées à la communauté et elles meurent toutes à la tâche ;

- les mâles également, dont le rôle est strictement limité à celui de reproducteurs (effectifs ou potentiels) ;

- les gardiennes de la ruche n’hésitent pas à se sacrifier en attaquant des ennemis mieux armés qu’elles ; elles meurent généralement quand elles piquent, car elles ne peuvent survivre à la perte de leur dard ;

- à la belle saison, la reine pond sans relâche de 1500 à 3000 œufs par jour ;

- une jeune reine à peine sortie de son alvéole tue immédiatement ses sœurs plus jeunes, la ruche ne pouvant pas se permettre, pour sa survie, de nourrir deux colonies en même temps ;

- lorsqu’une jeune reine va éclore, c’est la vieille reine qui, avec celles des ouvrières qui l’accompagnent, prend tous les risques en quittant la ruche, l’essaimage se produisant sans aucune garantie de re-logement décent ;

- tout individu improductif est éliminé sans délai : mêmes les larves sont éjectées de la ruche si, après un épisode de printemps précoce qui a encouragé les vieilles ouvrières (qui ont survécu au long hiver) à démarrer l’élevage de printemps, survient un retour du froid qui condamne à terme la viabilité des larves ainsi mises en route ;

- quand la saison est trop avancée pour que ne soient pas compromises les chances de survie d’une colonie qui, venant à perdre sa reine, devrait pour la remplacer élever sans délais une nouvelle reine (qui doit être élevée pendant seize jours puis fécondée avant de pouvoir redémarrer au plus vite la ponte et l’élevage de nouvelles générations d’ouvrières destinées à la protéger pendant le prochain hiver), les ouvrières cessent de nourrir les mâles dont l’utilité en tant que reproducteurs disparaît ;

- la forme hexagonale de la section des alvéoles est optimale quant à la quantité de cire nécessaire pour en élever les parois ;

- mieux, dès les années 1712, il a été établi (par l’astronome Maraldi, neveu de Jean-Dominique Cassini) que le fond des alvéoles, qui n’est pas plan mais est composé de trois losanges égaux juxtaposés, présente des losanges dont les angles ne font pas respectivement 120° et 60°, mais 109° 28' et 70° 32', les alvéoles situés sur l’une des faces des rayons n’étant pas placés en face de ceux de la face opposée mais de façon décalée (l’axe d’un alvéole d’une face est toujours situé dans le prolongement de l’intersection de la paroi commune à trois alvéoles contigus de l’autre face). Or on peut démontrer que cette propriété correspond pour les alvéoles à un volume maximum pour une surface donnée : la quantité de cire utilisée est donc parfaitement minimisée {le cosinus de l’angle optimal vaut 1/3 et correspond bien à 70° 32' !}.

Quelques personnalités

Adam (Frére)
(1898-1996) né en Allemagne, infatigable voyageur apicole, et auteur de nombreux ouvrages, il créa, par croisement des meilleurs souches, l'abeille buckfast.
Saint Ambroise
(340-397) évèque de la ville de Milan, Saint patron des apiculteurs, des abeilles et de la ville de Milan.
Baudoux Ursmar
Belge (Binche 1867-1934) Il augmenta la capacité des cellules, mit au point des instruments de mesure et "créa" des abeilles plus grandes avec une langue plus longue qui permit de récolter davantage de nectar. (Voir sur internet- Beesource-Lusby, etc.)
Bonnier Gaston
(1853-1922) - Célèbre botaniste français qui a travaillé avec G. De LAYENS sur des ruchers expérimentaux, et dont les observations furent des références dans ce domaine.
Dadant Charles
(1817-1902) - Né en France il rejoint les États Unis en 1863 où il met au point la ruche portant son nom. La société familiale qu'il fonda perdure toujours après 5 générations.
De Layens Gorges
Hurpin Jean
débute en apiculture en 1900. Fonde en 1920, avec l’instituteur « Jean GUERRE », le journal « L’Abeille de France et l’apiculteur ». Il perfectionne la ruche De Layens et publie de nombreux ouvrages apicoles.
Langstroth Lorenzo (révérend)
américain, met au point sa ruche en 1860, c'est actuellement une des plus répandues au monde.
Voirnot Jean-Baptiste (abbé)
(1844-1900) français, créateur de la ruche Voirnot
Von Frisch Karl
(1886, 1982) zoologiste autrichien ayant décrypté le langage des abeilles, notamment leurs danses de localisation des sources de nectar. Prix Nobel de médecine 1973.
Warre Emile (abbé)
(????-1951) - français, a mis au point la ruche portant son nom après avoir étudié tous les types de ruches disponibles à son époque. Il en eut 350, avec un minimum de 10 à 12 par modèle, placées dans des situations identiques, même rucher, même direction...

Glossaire

Barres et barrettes
planchettes disposées parallèlement et horizontalement en haut des ruches, sous lesquelles les abeilles vont bâtir leurs rayons. L'apiculteur les amorce en fixant une bande de cire gaufrée sur leur face inférieure qui servira de guide aux abeilles. Les barrettes sont utilisées dans les ruches Warré, leur largeur est d’environ 25 mm et leur épaisseur d’environ 9 mm, elles ne sont pas jointives de manière à ce que les abeilles puissent circuler entre le corps et les diverses hausses, le dernier étage est fermé par un couvercle (couvre cadre). Les barres sont utilisées dans des ruches horizontales type top-bar, leur largeur est d’environ 35mm et leur épaisseur d’environ 25 mm. Elles sont montées jointives et forment une fois en place le couvercle de la ruche.
Cellule ou alvéole
compartiment de section hexagonale et d’axe légèrement incliné par rapport à l’horizontale (d’environ 13 °) qui forme le motif de base des rayons d’une ruche et peut servir à divers usages : déshydratation de l’eau du nectar, maturation et stockage du miel, stockage du pollen, élevage des larves d’ouvrières.
Cellule de sauveté
cellule construite par les ouvrières pour la production de reines dans les ruches orphelines.
Cire gaufrée
présentée en feuilles, il s’agit d’une pellicule de cire naturelle sur laquelle une machine a marqué à chaud et sur les deux faces l’ébauche du fond des futurs alvéoles : placées verticalement sur des cadres de bois et rigidifiées par un fil métallique situé dans leur épaisseur et qui les parcourt en zigzag et de bord à bord, ces feuilles facilitent la tâche des abeilles cirières à qui l’apiculteur les proposent comme ébauches sur lesquelles elles vont construire les parois des divers alvéoles.
Couvain
ensemble des œufs, larves et nymphes contenus dans une ruche.
Entomophile
se dit des plantes utilisant les insectes comme vecteur pour leur fécondation.
Faire la barbe
comportement des abeilles qui dénote que la ruche est insuffisamment aérée ou manque de fraîcheur ; généralement, on observe ce phénomène lors des fins d’après-midi les plus chaudes de l’été : les abeilles, battant des ailes avec un bruissement caractéristique, se disposent en grand nombre sur la planche de vol ou restent suspendues les unes aux autres, les plus élevées étant accrochées au rebord de la planche de vol ou sur la paroi du corps de ruche qui surplombe l’entrée ;
Jabot
poche communiquant avec l’estomac, isolée de celui-ci par un clapet.
Mellifère
plantes donnant en abondance des substances sucrées accessibles aux abeilles domestiques.
Opercule
fine membrane de cire fermant une cellule.
Organoleptique
qui agit sur la perception sensorielle, pour les aliments : goût, odeur, couleur, aspect, consistance...
Partition
cloison mobile épousant la section d'une ruche, placée parallèlement aux rayons elle permet de réduire le volume de la ruche. Dans le but de faciliter son maintient en température par les abeilles lors de l'hivernage ou lorsque la colonie est faible.
Planche de vol (ou d’envol)
petite surface plane, placée à la base du corps de ruche et légèrement inclinée vers l’extérieur : elle sert de piste de décollage ou d’atterrissage aux butineuses, ainsi que de poste de garde aux gardiennes (sentinelles).
Ruche orpheline
ruche n’ayant plus de reine.
État de bruissement
état d’une ruche enfumée émettant un bourdonnement intense, suite à son enfumage.
Spermathèque
réservoir dans l’abdomen de la reine contenant la semence des bourdons qui servira à féconder les œufs d’ouvrières et de reines.
Top-Bar
terme anglo-saxon désignant les barres, c'est aussi le nom d'une ruche munie de ces mêmes barres. Cette ruche, horizontale, se présente comme une profonde gouttière de section trapézoïdale, fermée par un toit. De faible coût elle a été créée initialement pour les pays en voie de développement.

Voir aussi

Lien externe

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