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Joseph Vantini

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Joseph Vantini
Fonction
Gouverneur de la province de Constantine
-
Biographie
Naissance
Décès
(à 57 ans)
Cannes
Nom de naissance
Joseph Vantini
Surnom
Général Yusuf
Nationalité
Activité
Conjoint
Mme Weyer
Autres informations
Grade militaire
Conflits
Distinction
Grand-croix de la Légion d'honneur

Joseph Vantini, dit « Yusuf[1] », né le 11 juillet 1808 à l'île d'Elbe et mort le à Cannes, est un général français.

Interprète dans l'armée d'Afrique, à la tête d'un corps de cavaliers indigènes (spahis), il joue un rôle important dans la conquête de l'Algérie[2].

Il est élevé à la dignité de grand-croix de la Légion d'honneur en 1860[3].

Origines et jeunesse

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Le Général Yusuf n'avait conservé aucun souvenir de sa famille, se rappelant seulement avoir vu Napoléon Ier en 1814[4]. Il semble qu'il soit né d'un grenadier corse au service de Napoléon Ier et qu'il ait été élevé par la sœur de l'empereur, Pauline Bonaparte, jusqu'à l'âge de trois ans[5]. Vers cette époque, il fut embarqué pour Florence où on l'envoya poursuivre ses études ; mais le navire qui le transportait ayant été capturé par un pirate barbaresque[6], conduit à Tunis, il échut en partage au Bey. Devenu musulman temporairement, et placé dans le sérail de Mahmoud Bey, il ne tarda pas à se concilier l'affection de ses maîtres[4].

Ayant appris en peu de temps le turc, l'arabe, l'espagnol[4], il gagna, par son adresse dans tous les exercices militaires, l'amitié du Bey[4] mais, engagé dans une intrigue avec une des filles du Prince et surpris, un jour, dans un de ses rendez-vous, par un gardien, il conçut aussitôt l'audacieuse résolution de le suivre dans les jardins et de s'en défaire. Il jeta le corps dans une piscine profonde, n'en conservant que la tête et, le lendemain, pendant que la jeune princesse l'entretenait des vives terreurs auxquelles elle était en proie, il la conduisit, pour toute réponse, dans la chambre voisine, et lui montra, dans l'une des armoires, la tête de l'esclave dont il avait arraché la langue. Comme cette aventure pouvait néanmoins finir par s'ébruiter, il ne songea plus dès lors qu'à quitter Tunis, prépara son évasion et reçut pour cela l'aide de Jules de Lesseps[5], fils du consul de France, ainsi que d'Amédée Van Gaver, important négociant français de Tunis[7].

Pendant quelques jours, feignant d'être malade, il obtint la permission de sortir du sérail, et, trompant la vigilance de ses surveillants, il put aisément concevoir les moyens de s'échapper. C'était au mois de . Le brick français l'Adonis était à l'ancre dans la rade ; un canot devait l'y conduire, mais cinq Turcs étaient postés là pour s'opposer à son embarquement. Yusuf, qui les avait vus de loin, remarqua qu'ils avaient laissé leurs fusils en faisceau sur un rocher : il s'élança de ce côté, jeta les armes à la mer, se débarrassa de deux de ces hommes, mit les autres en fuite, et gagna l'embarcation[8], qui avait l'ordre de rallier la flotte française à Alger. Peu de jours après, le 16 juin 1830[9], il débarquait à Sidi-Ferruch[6].

Campagne de 1830 en Algérie

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Placé par le général en chef Comte de Bourmont comme interprète militaire auprès du commissaire général de police, il accomplit plusieurs missions auprès des chefs des diverses populations éloignées, qui lui ouvrirent la carrière des armes. Nommé capitaine[6] dans le 1er régiment des chasseurs d'Afrique le , il fut ensuite promu aux fonctions de khalifa auprès de l'agha des Arabes[10].

Désigné par le duc de Rovigo pour faire partie de l'expédition de Bône, il assiste le capitaine d'artillerie d'Armandy, et son rôle dans l'investissement de la citadelle, la nuit du 27 mars 1832, lui vaut la croix de chevalier de la Légion d'honneur. Émile de Kératry racontera en 1887 que Yusuf escaladera la Kasbah par une corde de soixante mètres de long[11], suivi par 29 marins de la Béarnaise.

Il contribua plus tard à conserver cette conquête à la France[12]. Depuis huit jours, la poignée d'hommes à laquelle avait été confiée la défense de la ville, était enfermée dans la casbah : Yusuf, averti par un de ses gens que les Turcs avaient formé le complot de l'assassiner pendant la nuit, de massacrer les Français et de s'emparer du fort, va trouver le capitaine d'Armandy qui commandait la garnison, lui fait connaître l'imminence du danger, et lui déclare qu'il ne sait qu'un moyen d'y échapper[13].

« II faut, que je sorte avec mes Turcs, ajoute-t-il. — Mais ils te tueront, répond l'officier français. — Que m'importe, répond Yusuf ; j'aurai le temps d'enclouer les pièces qui sont à la marine. Je succomberai, je le prévois, mais tu seras sauvé, et le drapeau français ne cessera pas de flotter sur Bône[13]. »

À peine a-t-il prononcé ces mots qu'il sort, suivi de ses Turcs. La porte de la casbah est aussitôt murée derrière lui ; parvenu au bas de la ville, Yusuf s'arrête, et s'adressant à sa troupe :

« Je sais, dit-il, qu'il y a parmi vous des traîtres qui ont résolu de se défaire de moi dans la nuit prochaine. Je les connais, qu'ils frappent d'avance ceux qui ne craindront pas de porter la main sur leur chef[13]. »

Puis se tournant vers l'un d'eux : « Toi, tu es du nombre » , lui dit-il, et il l'étend mort à ses pieds. Cet acte de résolution déconcerte les conjurés ; ils tombent à ses genoux, et lui jurent une fidélité à laquelle ils n'ont pas manqué depuis[13].

Autres campagnes en Algérie

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Yusuf se fit encore remarquer pendant les campagnes de 1832 et 1833, et fut nommé, le , chef d'escadron dans le corps des spahis réguliers du « colonel-agha » Marey.

À l'époque de l'expédition du maréchal Clauzel sur Mascara, Youssouf arriva à Oran, après avoir traversé plus de vingt lieues de pays, accompagné seulement de quelques cavaliers ; le maréchal lui confia alors le beylik de Constantine par décret en date du 21 janvier 1836. Il fut nommé officier de la Légion d'honneur, le .

Sa conduite distinguée en 1836 et 1837 lui valut, le , sa nomination par ordonnance royale au grade de lieutenant-colonel aux spahis réguliers de Bône[14].

Il fit, à la tête de son corps de spahis, les campagnes de 1838 à 1841. Il a été nommé colonel de la cavalerie indigène d'Afrique le , et promu au grade de maréchal de camp après la bataille d'Isly[15]. Le général Yusuf continua à se montrer combattif dans la lutte contre Abd el-Kader : lors de la prise de la smala d'Abd el-Kader par le duc d'Aumale, le , le premier échelon est composé des spahis et du goum, commandé par le colonel Yusuf ; le , il battit l'émir à Tenda dans un combat de cavalerie. Le , il l'atteignit de nouveau, le battit, lui enleva tous ses bagages et fut sur le point de l'enlever lui-même.

Le , il prend l'oasis de Laghouat, avec le général Aimable Pélissier[16].

La guerre de Crimée

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En 1854, durant la guerre de Crimée, le général Yusuf fut chargé, en Bulgarie, d'organiser en spahis quatre régiments de spahis d'Orient, ou bachi-bouzouk, qui n'épargnaient pas plus les Turcs que les Bulgares et qui, à la suite de grosses pertes, furent licenciés au bout de deux mois[17].

Création du corps des spahis

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C'est Joseph Vantini qui crée le le corps des spahis dans l'armée française. Ce sera également lui qui sera chargé de recruter ces nouveaux régiments. Ce corps militaire va par la suite se développer et être à l'origine de nombreux faits d'armes spahis.

États de service[18]

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Décorations

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Publications

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Il publie sa vision de la guerre en Algérie et de la manière de la faire, en rendant hommage au général Bugeaud. L'opuscule, se terminant sur un vibrant plaidoyer pour une conquête de la Kabylie, est édité trois fois :

  • La Guerre en Algérie, Alger, 1850, Imprimerie de A. Bourget (1re édition)
  • De la Guerre en Afrique, Paris, 1851, Librairie Militaire de J. Dumaine (2e édition)
  • De la Guerre en Afrique, 2023, Éditions de la Germonière, avec annotations, (ISBN 9798375227924) édité erroné (3ème édition)

Vie privée

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Il est naturalisé français par des lettres reçues le [19].

Au faîte des honneurs, certains se « découvrent » ses parents et tentent de se rapprocher de lui. Il leur répond : « Je suis le fils de mes œuvres et de mon sabre. »

Il abjure la religion musulmane et est baptisé le en la chapelle de l'église Saint-Thomas-d'Aquin de Paris, en présence uniquement de la famille Weyer et de l'intendant général Genty de Bussi[20]. Ses parrains et marraines seront : le duc de Mortemart et sa femme la duchesse, M. et Mme Horace Vernet. Le , et dans la même église, il épouse Adélaïde Weyer, sœur du maréchal des logis Gustave Weyer, qu'il a décoré pour fait de guerre après la charge d'Isly[5].

Il meurt à Cannes, le à h 10 du matin et est inhumé au côté de son épouse au cimetière Saint-Eugène d'Alger[21].

Notes et références

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  1. Tramond, J., « Constantin-Weyer (Maurice). - La Vie du général Yusuf », Outre-Mers. Revue d'histoire, Persée, vol. 19, no 80,‎ , p. 197–199 (lire en ligne, consulté le ).
  2. Joseph Vantini ou Vanini, dit Yousouf, Encyclopédie Larousse en ligne.
  3. Michel Wattel et Béatrice Wattel (préf. André Damien), Les Grand’Croix de la Légion d’honneur : De 1805 à nos jours, titulaires français et étrangers, Paris, Archives et Culture, 2009, p. 129.
  4. a b c et d Robert Christophe, Napoléon, Empereur de l'île d'Elbe, Paris, Arthème Fayard, 1959, 318 p., p. 236.
  5. a b et c « Valentini Joseph dit Le Général Yusuf », sur babelouedstory.com (consulté le )
  6. a b et c « Joseph Vantini », dans Charles Mullié, Biographie des célébrités militaires des armées de terre et de mer de 1789 à 1850, [détail de l’édition], p. 205-6.
  7. Charles Marcotte de Quivières, Deux ans en Afrique, ¨Paris, (lire en ligne), pages 281-282
  8. Philippe Le Bas, France : Dictionnaire encyclopédique, t. 12, Paris, Firmin Didot frères, 1845, p. 1 002-3.
  9. « La Dépêche algérienne : journal politique quotidien », sur Gallica, (consulté le )
  10. Corneille Trumelet, Le Général Yusuf, t. 1, Paris, Paul Ollendorff, 1890, p. 529.
  11. « Le Figaro. Supplément littéraire du dimanche », sur Gallica, (consulté le )
  12. L'Univers : histoire et description de tous les peuples, Paris, Firmin Didot frères, 1845, p. 1 003.
  13. a b c et d P. Clausolles, Histoire de la régence d'Alger, depuis les temps les plus reculés jusqu'à nos jours, Toulouse, J.-B. Paya, 1843, p. 152.
  14. Maurice (1881-1964) Constantin-Weyer, La vie du général Yusuf, , 237 p. (lire en ligne), p. 163
  15. Gabriel Esquer, Les débuts de Yusuf à l'armée d'Afrique, d'après des documents inédits (1830-1838), Paris, A. Jourdan, 1910, 300 p., p. 225-282.
  16. Pierre Montagnon, La conquête de l'Algérie : Les germes de la discorde, , 470 p. (ISBN 978-2-7564-0877-4, lire en ligne), p. 450.
  17. Le Spectateur militaire : recueil de science, d'art et d'histoire militaires, Paris, Direction du spectateur militaire, 1856, p. 203.
  18. « Recherche - Base de données Léonore », sur www.leonore.archives-nationales.culture.gouv.fr (consulté le )
  19. Maurice (1881-1964) Constantin-Weyer, La vie du général Yusuf, , 237 p. (lire en ligne), p. 164.
  20. Maurice (1881-1964) Constantin-Weyer, La vie du général Yusuf, , 237 p. (lire en ligne), p. 195
  21. Krungthep86, Français : Télégramme adressé au Général François Durrieu, annonçant la mort de "notre pauvre Yusuf"., (lire en ligne)

Bibliographie

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Liens externes

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