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Comparatisme

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Le comparatisme est l'étude comparée de différents éléments, systèmes ou sciences.

L'anatomie comparée est une branche de l'anatomie. Elle a été fondée par Edward Tyson (1650 ou 1651-1708) mais a été rendue populaire par le célèbre anatomiste Georges Cuvier (1769-1832). Elle a pour objectif de comparer l'anatomie de différentes espèces (animales, végétales, fongiques, etc.) pour en déterminer la phylogénie et les processus adaptatifs de chacune d'entre elles à leur environnement.

La biologie comparative (ou biologie comparée) est une approche multidisciplinaire visant à comprendre la diversité des organismes (biodiversité). Elle étudie la variation naturelle et la disparité des morphologies (diversité morpho-anatomique des plans d'organisation anatomique, des organes, réseaux et squelettes et des formes corporelles, et en particulier les systèmes neuro-sensoriel, respiratoire, circulatoire, excréteur et reproducteur) ainsi que de certains mécanismes biologiques sous-jacents. Elle le fait à tous les stades (œufs, embryon, larves…). Elle a par exemple mis en évidence l'importance basique des plans d’organisation de base pour l'évolution radiative d'une dizaine de grands embranchements de métazoaires.

Sciences humaines

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Le droit comparé est la discipline qui compare les systèmes juridiques du monde. Il exige que les droits soient étudiés de la même manière, sans préjuger de la supériorité de l'un sur l'autre.

On peut diviser le droit comparé entre la macrocomparaison et la microcomparaison. La première s'intéresse à des questions générales comme la procédure pour résoudre les conflits, le rôle des professionnels du droit ou encore le processus de législation. La microcomparaison au contraire s'intéresse à une institution juridique ou aux règles de droit permettant de résoudre un problème spécifique.

L'histoire comparée est une démarche consistant à mettre en parallèle des éléments du passé pour en faire ressortir les points communs et les différences, voire pour en tirer des réflexions plus générales sur l'histoire (fonctionnement des systèmes, mise en évidence de structures…). L'histoire comparée des sociétés est apparue comme une spécialité importante parmi les intellectuels des Lumières au XVIIIe siècle, déjà chez Montesquieu, chez Voltaire et Adam Smith entre autres. Les sociologues et économistes du XIXe siècle ont souvent exploré l'histoire comparée, ainsi qu'en témoignent Alexis de Tocqueville, Karl Marx et Max Weber. Marc Bloch est l'un des grands noms qui ponctuent l'histoire comparée à partir de 1900.

En science historique, cette démarche comparatiste pose notamment le problème de sa méthodologie. Sur le plan épistémologique, l'histoire comparée entre en interaction avec plusieurs autres sciences humaines et sociales.

À partir de la fin du XXe siècle dans le contexte européen d'une coopération franco-allemande entre chercheurs, et ce dans un monde de plus en plus globalisé, quant à l'histoire croisée qui privilégie d'aborder l'histoire transnationale dans une histoire multi-perspectives (l'histoire globale étant apparue dès les années 1980) l'histoire comparée se renouvelle donc sous l'impulsion des tendances historiographiques de celle-ci. Il s'agit dès lors, et dans ces démarches, d'écrire avec Leopold von Ranke et, en son métier d'historien : « Wie es eigentlich gewesen ist[1] » (« comme cela s'est passé en réalité, dans les faits »).

La mythologie comparée est une branche de la mythologie d'abord créée par Max Müller[2] pour étudier ensemble les mythologies de plusieurs peuples à la fois. C'est donc, tout comme la mythologie à échelle plus restreinte, une discipline qui se rattache à l'anthropologie et à l'histoire des religions.

Science politique

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La politique comparée est un domaine d'étude de la science politique et plus largement des sciences sociales. Elle tente de répondre à des questions politiques en appliquant une méthode rigoureuse. La politique comparée emprunte une démarche typologique qui cherche à classifier et théoriser les différents phénomènes politiques[3]. Selon le politiste Giovanni Sartori, « classifier, c'est ordonner un univers donné en classes qui sont mutuellement exclusives et collectivement exhaustives. Les classifications permettent donc d'établir ce qui est le même et ce qui ne l'est pas[4] ».

La religion comparée ou comparatisme religieux est un champ d'études des sciences religieuses qui analyse les différences d'interprétation des thèmes et idées communs aux religions du monde. Souvent mise en parallèle avec la mythologie comparée, ce champ d'études s'appuie fortement sur l'examen du mythe et de la spiritualité, dérive des thèmes essentiels des métaphores religieuses, et retrace de diverses manières une éventuelle connexion culturelle directe entre elles. Elle fait aussi des comparaisons entre les rituels et d'autres aspects de diverses confessions en outre des seuls mythes.

La religion comparée a contribué à l'émergence, dans les années 1960, des sciences religieuses comme discipline à part entière, bien qu'on en trouve des traces dans l'histoire principalement dans des discours confessionnels. La Bible et le Coran comparent assez souvent leurs doctrines à celles d'autres religions, attribuant souvent même des noms de catégorie : Goyim (étrangers) dans la Bible hébraïque, Gentils (ou païens, ou encore « Nations ») et Craignant-Dieu [PHobeô THeos] dans la Bible grecque, gens du Livre [ahl al-Kitàb] "Gens du Livre" dans le Coran. Les facultés et séminaires chrétiens ont développé la comparaison entre les religions le plus souvent dans une optique apologétique pour le service des missions chrétiennes, en particulier vis-à-vis de l'islam, enrichissant la missiologie d'une branche importante.

Si cette discipline s'est révélée nécessaire et féconde par rapport à la démarche historiciste qui comporte des faiblesses, ses fondements (la comparaison et la valeur heuristique des structures) sont critiqués[5] et elle rencontre de fortes réticences en raison des positions idéologiques des comparatistes[6].

Analyse littéraire

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La littérature comparée, ou littérature générale et comparée, est une approche multi-disciplinaire qui consiste en l'étude conjointe ou contrastive des littératures de différentes aires culturelles et linguistiques, mais aussi de différents médias, différents types d'arts et aussi différentes approches des textes et des œuvres par les sciences humaines : philosophie, sociologie, anthropologie, psychologie, psychanalyse. Le comparatiste peut s'intéresser aux littératures nationales, tout comme à la musique, à la peinture, au cinéma, aux productions numériques. La pratique de cette discipline peut mobiliser la maîtrise de plusieurs langues et plusieurs langages artistiques ainsi que des connaissances dans d'autres domaines et disciplines de recherche. Par sa nature pluraliste, la littérature comparée encourage les échanges entre les disciplines et les lieux de recherche.

Linguistique

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La linguistique comparée (ou encore linguistique comparative, linguistique historique ou grammaire comparée) est une discipline de la linguistique qui étudie l'histoire et l'évolution des langues (prises individuellement) ou des familles de langues. C'est une discipline éminemment diachronique, notamment lorsqu'il s'agit de classifier les langues, mais l'aspect synchronique est également à considérer lorsqu'il s'agit de comparer deux langues ou plus, à une époque précise, d'un point de vue purement grammatical. La linguistique comparée procède de la philologie, terme qui, parfois, doit être compris comme un synonyme bien que les deux disciplines soient différentes : la philologie s'intéresse principalement aux textes écrits, tandis que la linguistique s'attache au langage parlé.

Références

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  1. Félix Gilbert What Ranke meant ?.
  2. Max Müller, Essai de mythologie comparée, Éditions A. Durand, Paris, 1859, p. 47-100.lire en ligne sur Gallica
  3. Gazibo, M. Jenson, J. 2004. La Politique comparée : fondements, enjeux et approches théoriques. Université de Montréal. p. 30.
  4. G. Sartori, Bien comparer, mal comparer, Revue internationale de politique comparée. vol. 1, no 1, 1994, p. 23.
  5. Mircea Eliade, Raffaele Pettazzoni, L'histoire des religions a-t-elle un sens ? Correspondance 1926-1959, Cerf, , p. 59
  6. François Bœspflug, Françoise Dunand, Le comparatisme en histoire des religions, Cerf, , p. 11

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