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« Abbé Grégoire » : différence entre les versions

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L’abbé '''Henri Jean-Baptiste Grégoire''', né le {{Date de naissance|4|décembre|1750}} à [[Vého]]<!--([[Trois-Évêchés]], aujourd'hui dans le [[Département (France)|département]] de [[Meurthe-et-Moselle]])Test homonymie=0--> et mort le {{Date de décès|28|mai|1831}}<ref>Guy-Robert Ikni, « Grégoire Henri », ''in'' [[Albert Soboul]] (dir.), ''Dictionnaire historique de la Révolution française'', Paris, PUF, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, {{p.|520}}).</ref> à [[Paris]], est un [[prêtre catholique]], évêque constitutionnel et homme politique [[France|français]], l'une des principales figures de la [[Révolution française]]<ref>{{Lien web|url=http://www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=1135 |titre=L’abbé Grégoire et l’abolition de l’esclavage |consulté le=9 avril 2011. }}</ref>. L'abbé Grégoire se rallie au [[tiers état]] et, à l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante]], il réclame non seulement l'[[Antiesclavagiste|abolition]] totale des [[Privilège (droit médiéval)|privilèges]] et de l'[[esclavage]] mais prône aussi le [[suffrage universel]] masculin. Fondateur<ref>[http://www.bretagne.ens-cachan.fr/version-francaise/l-ecole/histoire/les-ecoles-de-l-an-iii-106752.kjsp?RH=1189690570769 Écoles de l'an III]</ref> du [[Conservatoire national des arts et métiers]] et du [[Bureau des longitudes]], il participe à la création de l'[[Institut de France]], dont il devient membre.
}}
'''Henri Jean-Baptiste Grégoire''', dit '''l'abbé Grégoire''', né le {{Date de naissance-|4|décembre|1750}} à [[Vého]], sur une partie du territoire des [[Trois-Évêchés]] rattachée par la suite au [[Département (France)|département]] de [[Meurthe-et-Moselle]] et mort le {{Date de mort-|28|mai|1831}}<ref>Guy-Robert Ikni, « Grégoire Henri », ''in'' [[Albert Soboul]] (dir.), ''Dictionnaire historique de la Révolution française'', Paris, PUF, 1989 (rééd. Quadrige, 2005, {{p.|520}}).</ref> à [[Paris]], est un [[prêtre catholique]], [[Curés rouges|prêtre-philosophe]], [[évêque constitutionnel]] et homme politique [[France|français]], ainsi que l'une des principales figures de la [[Révolution française]]<ref>{{Lien web|url=http://www.intercdi-cedis.org/spip/intercdiarticle.php3?id_article=1135 |titre=L’abbé Grégoire et l’abolition de l’esclavage |consulté le=9 avril 2011. }}.</ref>.

Rallié au [[tiers état]], à l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante]], il réclame l'abolition totale des [[Privilège (droit médiéval)|privilèges]] et de l'[[esclavage]] et prône le [[suffrage universel]] masculin et l'[[émancipation des Juifs]]. Fondateur du [[Conservatoire national des arts et métiers]] et du [[Bureau des longitudes]]<ref>[http://www.bretagne.ens-cachan.fr/version-francaise/l-ecole/histoire/les-ecoles-de-l-an-iii-106752.kjsp?RH=1189690570769 Écoles de l'an III].</ref>, il participe à la création de l'[[Institut de France]], dont il devient membre.


== Biographie ==
== Biographie ==
=== Enfance et formation ===
=== Enfance et formation ===
[[Fichier:Vého (M-et-M) plaque Abbé Grégoire, maison natale disparue.jpg|vignette|left|redresse=1|alt= Rectangle de pierre polie de couleur sombre portant une inscription gravée.|<center>La plaque commémorative <br> de la maison natale disparue à [[Vého]].</center>]]
Henri Grégoire est né le {{Date|4|décembre|1750}} à [[Vého]], près de [[Lunéville]]. Il naît français, puisque sa [[paroisse]] fait partie de la province des [[Trois-Évêchés]], et non du [[duché de Lorraine]]<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire ; la politique et la vérité'', Seuil, 2000, {{p.|36}}.</ref>.
Henri Grégoire est né le {{Date-|4|décembre|1750}} à [[Vého]], une [[paroisse]] française anciennement incluse administrativement dans la province des [[Trois-Évêchés]], et non dans le [[duché de Lorraine]]<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire ; la politique et la vérité'', Seuil, 2000, {{p.|36}}.</ref>.


Son père, Bastien Grégoire<ref name="PN_107">Serge Van Den Broucke, « Les origines de la préservation des monuments en France et en Normandie », Patrimoine normand, {{n°}}107, octobre-novembre-décembre 2018, {{p.|34}}.</ref>, est un tailleur d'habits respecté, ayant eu un temps un office d'[[échevin]], et sa mère Marguerite Thiébaut, est une femme unanimement décrite comme d'une grande [[piété]] et ayant un souci constant des choses de la religion en cette époque marquée par la ruralisation du [[Clergé|bas clergé]] qui reste alors un moyen d'[[ascension sociale]]<ref>Louis Maggiolo, ''La Vie et les œuvres de l'abbé Grégoire (1789-1831)'', Nancy, 1884.</ref>.
Son père, Bastien Grégoire<ref name="PN_107">Serge Van Den Broucke, « Les origines de la préservation des monuments en France et en Normandie », ''Patrimoine normand'', {{n°|107}}, octobre-novembre-décembre 2018, {{p.|34}}.</ref>, est un tailleur d'habits respecté, ayant eu un temps un office d'[[échevin]], et sa mère Marguerite Thiébaut, est une femme unanimement décrite comme d'une grande [[piété]] et ayant un souci constant des choses de la religion en cette époque marquée par le caractère rural du [[Clergé|bas clergé]], fonction qui reste alors un moyen d'[[ascension sociale]]<ref>{{Ouvrage|auteur=Louis Maggiolo|titre=La Vie et les Œuvres de l'abbé Grégoire (1789-1831)|lieu=Nancy|éditeur=Perger Levrault|année=1884|lire en ligne={{Google Livres}}|oclc=39518759|format=2 vol. 23 cm}}.</ref>. Henri Grégoire n'est pas, stricto sensu, fils unique comme il le dit toute sa vie, mais a deux frères puînés, morts en très bas âge : Jean à l'approche de sa première année (20 janvier 1754 - 18 janvier 1755) et un autre (1756) décédé juste après son baptême<ref> Françoise Hildesheimer, ''L'abbé Grégoire, "une "tête de fer" en révolution'', Paris, Nouveau Monde, 2022, {{p.|17}}.</ref>. Il est donc bien élevé dans sa famille comme un enfant unique.


Henri Grégoire commence ses études avec le curé de son village qui remarque ses dispositions intellectuelles dès l'âge de cinq ans. Lorsque celui-ci n'a plus rien à lui apprendre, il rejoint l'abbé Cherrier dans le village voisin d'[[Emberménil]], paroisse dont dépend Vého. Il a alors huit ans. Il étudie, en compagnie de fils de hauts fonctionnaires au service du [[Liste des ducs de Lorraine|duc de Lorraine]] [[Stanislas Leszczyński]], sur des livres de [[Jean Racine]], de [[Virgile]], mais aussi à partir de la ''Grammaire générale de [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]''<ref>Rita Hermon-Belot, {{p.|37}}.</ref>.
Il commence ses études avec le curé de son village qui remarque ses dispositions intellectuelles dès l'âge de cinq ans. Lorsque celui-ci n'a plus rien à lui apprendre, il rejoint l'abbé Cherrier dans le village voisin d'[[Emberménil]], paroisse dont dépend Vého. Il a alors huit ans. Il étudie, en compagnie de fils de hauts fonctionnaires au service du [[Liste des ducs de Lorraine|duc de Lorraine]] [[Stanislas Leszczyński]], sur des livres de [[Jean Racine]], de [[Virgile]], mais aussi à partir de la ''Grammaire générale de [[Port-Royal des Champs|Port-Royal]]''<ref>Rita Hermon-Belot, {{p.|37}}.</ref>.


Grégoire est ensuite orienté par l'abbé Cherrier pour suivre des études au collège jésuite de Nancy de [[1763]] à [[1768]]. Il s'y lie avec un de ses professeurs, M. de Solignac, ancien secrétaire de [[Stanislas Leszczyński]], qui semble avoir eu une influence intellectuelle importante sur son élève, lui faisant découvrir les idées des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et lui ouvrant les portes des milieux intellectuels lorrains. Grégoire conserve un excellent souvenir de ses études chez les [[Compagnie de Jésus|Jésuites]], même s'il a des reproches à leur faire : {{Citation|J'étudiais chez les Jésuites de Nancy où je ne recueillis que de bons exemples et d'utiles instructions. […] Je conserverai jusqu'au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n'aime pas l'esprit de la défunte société dont la renaissance présagerait peut-être à l'Europe de nouveaux malheurs}}<ref>Henri Grégoire, ''Mémoires ecclésiastiques, politiques et littéraires de M. Grégoire, ancien évêque de Blois'', mss, 1808, {{p.|19}}. Conservé à la bibliothèque de l'Arsenal.</ref>. Après le collège des Jésuites, il est orienté vers l'[[université de Pont-à-Mousson]]. Lorsque la [[Compagnie de Jésus]] est [[Suppression de la Compagnie de Jésus|bannie de France]] en [[1763]], l'enseignement est réorganisé par le [[diocèse]] et Grégoire rejoint la toute neuve [[Université de Nancy (historique)|Université de Nancy]] où il a comme professeur [[Antoine-Adrien Lamourette]], futur [[évêque constitutionnel]] de [[Lyon]]. De [[1769]] à [[1771]] il y étudie la [[philosophie]] et la [[théologie]], pour faire suite aux [[humanités]] et à la [[rhétorique]] qu'il avait étudiées auparavant. Parallèlement, il suit des cours au séminaire de Metz tenu par les [[Lazaristes]]<ref>Rita Hermon-Belot, {{p.|38}}.</ref>.
Grégoire est ensuite orienté par l'abbé Cherrier pour suivre des études au collège jésuite de Nancy de 1763 à 1768. Il s'y lie avec un de ses professeurs, M. de Solignac, ancien secrétaire de [[Stanislas Leszczyński]], qui semble avoir eu une influence intellectuelle importante sur son élève, lui faisant découvrir les idées des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et lui ouvrant les portes des milieux intellectuels lorrains. Grégoire conserve un excellent souvenir de ses études chez les [[Compagnie de Jésus|jésuites]], même s'il a des reproches à leur faire : {{Citation bloc|J'étudiai chez les Jésuites de Nancy où je ne recueillis que de bons exemples et d'utiles instructions. […] Je conserverai jusqu'au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n'aime pas l'esprit de la défunte société dont la renaissance présagerait peut-être à l'Europe de nouveaux malheurs<ref>Henri Grégoire, ''Mémoires ecclésiastiques, politiques et littéraires de M. Grégoire, ancien évêque de Blois'', mss, 1808, {{p.|19}}. Conservé à la bibliothèque de l'Arsenal.</ref>.}}Après le collège des Jésuites, il s'oriente vers l'[[université de Pont-à-Mousson]]. Si la [[Compagnie de Jésus]] est [[Suppression de la Compagnie de Jésus|bannie de France]] en 1763, elle ne l'est de [[Lorraine]] qu'en 1768 (Édit de [[Louis XV]] du {{Date|8 août 1768}})<ref>{{Lien web|site=Palais des ducs de Lorraine - Musée lorrain|titre=Édit de Louis XV expulsant l’ordre des jésuites de Lorraine|url=https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/catalogues-numeriques/la-lorraine-pour-horizon/la-mort-du-dernier-duc-de-lorraine-et-la-reunion-a-la-france-1766-1790/edit-de-louis-xv-expulsant-lordre-des-jesuites-de-lorraine|consulté le=2024-06-06}}</ref>, l'enseignement est alors réorganisé par le [[diocèse]] et Grégoire rejoint la toute nouvelle [[Université de Nancy (historique)|université de Nancy]], où il a comme professeur [[Antoine-Adrien Lamourette]], futur [[évêque constitutionnel]] de [[Lyon]]. De 1769 à 1771 il y étudie la [[philosophie]] et la [[théologie]], pour faire suite aux [[humanités]] et à la [[rhétorique]] qu'il avait étudiées auparavant. Parallèlement, il suit des cours au séminaire de Metz tenu par les [[lazaristes]]<ref>Rita Hermon-Belot, {{p.|38}}.</ref>.


Alors qu'il passe une année comme régent de collège hors du séminaire, Grégoire commence à se lancer dans le monde. Il consacre notamment une grande partie de son temps à la poésie. Son premier succès public est le prix de l'[[Académie de Stanislas|Académie de Nancy]], décerné en [[1773]] pour son ''Éloge de la poésie'' (il a alors {{nombre|23|ans}}). Voyageant constamment entre Nancy et Metz, il doit à l'automne de 1774, rentrer au séminaire de Metz, comme il est prescrit, pour la préparation à son ordination sacerdotale : il est finalement ordonné prêtre le {{date|1 avril 1775}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Yves Calvez|auteur2=Philippe Lecrivain|titre=Comprendre le catholicisme|éditeur=Eyrolles|année=2011|pages totales=|passage=67|isbn=}}.</ref>. On lui confie la paroisse d'Emberménil<ref name=PN_107/>
Alors qu'il passe une année comme [[régent]] de collège hors du séminaire, Grégoire commence à se lancer dans le monde. Il consacre notamment une grande partie de son temps à la poésie. Son premier succès public est le prix de l'[[Académie de Stanislas|Académie de Nancy]], décerné en 1773 pour son ''Éloge de la poésie'' (il a alors {{nobr|23 ans}}).


Durant ses années de formation, Henri Grégoire est passé par une phase de doute sur sa foi et sa vocation religieuse. S'il rend hommage au milieu profondément croyant de son enfance, il ne cache pas dans ses ''Mémoires'' avoir goûté aux philosophes des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et être revenu à la foi après d'intenses réflexions : {{Citation|Après avoir été dévoré de doutes par la lecture des ouvrages prétendus philosophiques, j'ai ramené tout à l'examen et je suis catholique non parce que mes pères le furent, mais parce que la raison aidée de la grâce divine m'a conduit à la révélation<ref>Henri Grégoire, ''Mémoires…'', {{p.|146}}.</ref>.}}
Durant ses années de formation, Henri Grégoire passe par une phase de doute sur sa foi et sa vocation religieuse. S'il rend hommage au milieu profondément croyant de son enfance, il ne cache pas dans ses ''Mémoires'' avoir goûté aux philosophes des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] et être revenu à la foi après d'intenses réflexions : {{Citation|Après avoir été dévoré de doutes par la lecture des ouvrages prétendus philosophiques, j'ai ramené tout à l'examen et je suis catholique non parce que mes pères le furent, mais parce que la raison aidée de la grâce divine m'a conduit à la révélation<ref>Henri Grégoire, ''Mémoires…'', {{p.|146}}.</ref>.}}

Voyageant constamment entre Nancy et Metz, il doit à l'automne de 1774, rentrer au séminaire de Metz, comme cela lui est prescrit, pour la préparation à son [[ordination]] sacerdotale : il est finalement ordonné prêtre le {{Date-|1 avril 1775}}<ref>{{Ouvrage|auteur1=Jean-Yves Calvez|auteur2=Philippe Lecrivain|titre=Comprendre le catholicisme|éditeur=Eyrolles|année=2011|pages totales=199|passage=67|isbn=978-2-21254-130-4|oclc=470947334|format=1 vol.}}.</ref>.


=== Portrait d'Henri Grégoire ===
=== Portrait d'Henri Grégoire ===
[[Fichier:Henri Gregoire.jpg|vignette|redresse|gauche|<center>Portrait de l'abbé Grégoire.<br> [[Peinture à l'huile|Huile sur toile]] de [[Pierre Joseph Célestin François]], [[musée lorrain]], 1800.</center>]]
[[File:Jean-Baptiste Mauzaisse - L'Abbé Henri Grégoire (1750-1831), ecclésiastique et homme politique - P527 - Musée Carnavalet.jpg|190px|vignette|redresse|right|<center>''L'Abbé Henri Grégoire''<br> [[Jean-Baptiste Mauzaisse]]<br> [[Musée Carnavalet]], [[Paris]].</center>]]
Les sources concernant l'abbé Grégoire sont assez abondantes. Elles décrivent aussi bien l'homme que ses idées et permettent d'avoir une bonne idée de son allure physique. Grégoire a laissé le souvenir d'un homme de caractère fortement trempé et d'une certaine prestance.
Les sources concernant l'abbé Grégoire sont assez abondantes. Elles décrivent aussi bien l'homme que ses idées et permettent de se faire une image assez fidèle de son allure physique. Grégoire laisse le souvenir d'un homme de caractère fortement trempé et d'une certaine prestance.


Ses camarades d'enfance ont laissé de lui la description d'un enfant au {{Citation|front large, élevé, au regard profond}}, décrivant {{Citation|la fierté de sa démarche}}, mais aussi son penchant contemplatif<ref>Louis Maggiolo, ''La Vie et les œuvres de l'abbé Grégoire'', {{p.|7}}.</ref>.
Ses camarades d'enfance laissent de lui la description d'un enfant au {{Citation|front large, élevé, au regard profond}}, décrivant {{Citation|la fierté de sa démarche}}, mais aussi son penchant contemplatif<ref>Louis Maggiolo, ''La Vie et les Œuvres de l'abbé Grégoire'', {{p.|7}}.</ref>.


Du Grégoire adulte, outre les portraits, on a beaucoup de descriptions, doublées des interprétations de ces descriptions. L'engouement pour la [[physiognomonie]] à la fin du {{XVIIIe siècle}} avait conduit Grégoire à demander à son ami le pasteur [[Jean-Frédéric Oberlin]] de dresser par écrit son portrait détaillé, en [[1787]] : {{Citation|Le front, le nez : très heureux, très productif, très ingénieux ; le front : haut et renversé, avec ce petit enfoncement : un jugement mâle, beaucoup d'esprit, point ou guère d'entêtement, prêt à écouter son adversaire ; idées claires et désir d'en avoir de tout ; le nez : witzig… spirituel, plein de bonnes réparties et de saillies heureuses, mais bien impérieux : la bouche : talent admirable d'un beau parleur, fin, moqueur, excellent satirique… c'est une bouche qui ne reste en dette avec personne et paye argent comptant ; le menton : hardi, actif, entreprenant}}<ref>Document autographe conservé au musée Oberlin du [[Ban de la Roche]], cité dans Rita Hermon-Belot, {{p.|39}}. Ce portrait n'a bien sûr pas de valeur scientifique mais permet de décrire précisément Grégoire</ref>. Outre ce portrait amical (certainement flatteur), fait avant la [[Révolution française|Révolution]] et donc dans la jeunesse de Grégoire, on dispose d'un portrait minimal pour son passeport en [[1820]], lui attribuant une taille de {{unité|1.77|mètre}}<ref>Donc plutôt grand pour l'époque.</ref>, des cheveux châtains et les yeux bruns, mais également du témoignage d'une ''lady'' anglaise, qui fréquente Henri Grégoire sous la [[Restauration française|Restauration]], donc dans ses vieux jours : {{Citation|dans son air, dans ses manières, jusque dans ses expressions une sorte d'originalité, un je ne sais quoi qui sortait de la ligne d'un caractère ordinaire. […] on remarque peu de vieillesse dans l'évêque de Blois, quoiqu'il approche de 70 ans. Ses manières vives et animées, son esprit actif et vigoureux, son extérieur intéressant et portant un grand caractère, tout en lui semble défier les ravages du temps et être inébranlable aux chocs de l'adversité}}<ref>Lady Morgan, témoignage cité par Pierre Grunebaum-Ballin, {{Citation|Éloge de Grégoire}}, in ''Europe'', {{numéro|128}}-129, août-septembre 1956.</ref>. {{Citation|Un grand caractère}} : de son vivant déjà, mais également dans l'historiographie, Grégoire est vu comme ayant un caractère très affirmé. Ses amis mêmes le reconnaissent, comme Hippolyte Carnot qui note la ténacité, mais aussi la vive irritabilité de Grégoire<ref>''Mémoires de Grégoire, suivies de la notice historique sur Grégoire'', Éditions de la Santé, 1989, {{p.|202}}. La notice historique est faite par [[Lazare Hippolyte Carnot|Hippolythe Carnot]]</ref>. [[Jean-Frédéric Oberlin|Oberlin]] note que {{Citation|l'acquisition de la profonde et cordiale humilité évangélique vous fera un peu de peine}}, façon aimable de signaler la dualité que [[Charles-Augustin Sainte-Beuve]] exprime plus clairement : {{Citation|l'homme de bien, homme de colère, et souvent si loin du pardon}}<ref>[[Charles-Augustin Sainte-Beuve|Sainte-Beuve]], ''[[Port-Royal (Sainte-Beuve)|Port-Royal]]'', livre deuxième, Paris, 1867, {{p.|28}}.</ref>.
Du Grégoire adulte, outre les portraits, on a beaucoup de descriptions, doublées des interprétations de ces descriptions. L'engouement pour la [[physiognomonie]] à la fin du {{s-|XVIII}} conduit Grégoire à demander à son ami le pasteur [[Jean-Frédéric Oberlin]] de dresser par écrit son portrait détaillé, en 1787 : {{Citation|Le front, le nez : très heureux, très productif, très ingénieux ; le front : haut et renversé, avec ce petit enfoncement : un jugement mâle, beaucoup d'esprit, point ou guère d'entêtement, prêt à écouter son adversaire ; idées claires et désir d'en avoir de tout ; le nez : witzig… spirituel, plein de bonnes réparties et de saillies heureuses, mais bien impérieux : la bouche : talent admirable d'un beau parleur, fin, moqueur, excellent satirique… c'est une bouche qui ne reste en dette avec personne et paye argent comptant ; le menton : hardi, actif, entreprenant<ref>Document autographe conservé au musée Oberlin du [[Ban de la Roche]], cité dans Rita Hermon-Belot, {{p.|39}}. Ce portrait n'a bien sûr pas de valeur scientifique mais permet de décrire précisément Grégoire.</ref>}}. Outre ce portrait amical (certainement flatteur), fait avant la [[Révolution française|Révolution]] et donc dans la jeunesse de Grégoire, on dispose d'un portrait minimal pour son passeport en 1820 (il est donc alors âgé de 70 ans), lui attribuant une taille de {{unité|1.77|mètre}}<ref>Donc plutôt grand pour l'époque.</ref>, des cheveux châtains et les yeux bruns, mais également du témoignage d'une ''lady'' anglaise, qui fréquente Henri Grégoire sous la [[Restauration française|Restauration]], donc dans ses vieux jours : {{Citation|Dans son air, dans ses manières, jusque dans ses expressions une sorte d'originalité, un je ne sais quoi qui sortait de la ligne d'un caractère ordinaire. […] On remarque peu de vieillesse dans l'évêque de Blois, quoiqu'il approche de 70 ans. Ses manières vives et animées, son esprit actif et vigoureux, son extérieur intéressant et portant un grand caractère, tout en lui semble défier les ravages du temps et être inébranlable aux chocs de l'adversité<ref>Lady Morgan, témoignage cité par Pierre Grunebaum-Ballin, {{Citation|Éloge de Grégoire}}, in ''Europe'', {{numéro|128}}-129, août-septembre 1956.</ref>.}} {{Citation|Un grand caractère}} : de son vivant déjà, mais également dans l'historiographie, Grégoire est vu comme ayant un caractère très affirmé. Ses amis mêmes le disent, comme [[Hippolyte Carnot]] qui note la ténacité, mais aussi la vive irritabilité de Grégoire<ref>''Mémoires de Grégoire, suivies de la notice historique sur Grégoire'', Éditions de la Santé, 1989, {{p.|202}}. La notice historique est faite par [[Lazare Hippolyte Carnot|Hippolythe Carnot]].</ref>. [[Jean-Frédéric Oberlin|Oberlin]] note que {{Citation|l'acquisition de la profonde et cordiale humilité évangélique vous fera un peu de peine}}, façon aimable de signaler la dualité que [[Charles-Augustin Sainte-Beuve]] a exprimé plus clairement : {{Citation|l'homme de bien, homme de colère, et souvent si loin du pardon<ref>[[Charles-Augustin Sainte-Beuve|Sainte-Beuve]], ''[[Port-Royal (Sainte-Beuve)|Port-Royal]]'', livre deuxième, Paris, 1867, {{p.|28}}.</ref>.}}


Le caractère vif et parfois emporté de Grégoire est donc souligné, mais on met en valeur également son ouverture d'esprit ({{Citation|Nous le verrons faire preuve d'un certain éclectisme}}, dit de lui [[Augustin Gazier]]<ref>[[Augustin Gazier]], ''Histoire générale du mouvement janséniste'', tome II, Paris, Honoré Champion 1924, {{p.|148}}.</ref>) et sa carrière est marquée par une extrême diversité.
Le caractère vif et parfois emporté de Grégoire est donc souligné, mais on met en valeur également son ouverture d'esprit : {{Citation|Nous le verrons faire preuve d'un certain éclectisme}}, dit de lui [[Augustin Gazier]]<ref>[[Augustin Gazier]], ''Histoire générale du mouvement janséniste'', {{t.|II}}, Paris, Honoré Champion 1924, {{p.|148}}.</ref>, et sa carrière est marquée par une extrême diversité de centres d'intérêt.


=== Le curé de campagne {{Citation|éclairé}} ===
=== Le curé de campagne {{Citation|éclairé}} ===
[[Fichier: AduC 021 l'abbé Grégoire (1750-1831).JPG|vignette|redresse|gauche|<center>Portrait de l'abbé Grégoire <br>de H. Rousseau (dessin) <br>et E.Thomas (graveur)<br>dans l'Album du Centenaire</center>]]
Après son [[ordination]] et comme la majorité des jeunes prêtres à l'époque, Henri Grégoire devient [[vicaire]] de [[paroisse]], d'abord à [[Château-Salins]] puis à [[Marimont-lès-Bénestroff]]. Ce n'est qu'en 1782 que l'abbé Cherrier, son ancien professeur à [[Emberménil]], le désigne pour prendre la charge de ses deux paroisses d'[[Emberménil]] et de [[Vaucourt]] comme [[curé]]<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|41}}.</ref>.


L'abbé Grégoire est alors très préoccupé par l'éducation de ses paroissiens. Selon lui, le curé est la pierre d'angle de l'Église mais aussi de toute la société. Il est le [[directeur spirituel]] et le guide temporel de ses paroissiens<ref>[[René Taveneaux]], ''Jansénisme et Réforme catholique'', Nancy, PU, 1992.</ref>. Il souhaite combattre un certain nombre de leurs préjugés, notamment en matière d'[[agronomie]]. Il aide les agriculteurs à rationaliser leur production et à l'augmenter. Il lutte également contre les [[almanach]]s, qui selon lui pérennisent les [[superstition]]s et de fausses méthodes de [[Culture (agriculture)|culture]] :
Après son ordination et comme la majorité des jeunes prêtres à l'époque, Henri Grégoire devient [[vicaire]] de [[paroisse]], d'abord à [[Château-Salins]] puis à [[Marimont-lès-Bénestroff]]. Ce n'est qu'en [[1782]] que l'abbé Cherrier, son ancien professeur à [[Emberménil]], le désigne pour prendre la charge de ses deux paroisses d'Emberménil et de [[Vaucourt]]<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|41}}.</ref>.


{{Citation bloc|Pour huit [[Sou|sols]], chaque paysan se [[wikt:nantir|nantit]] de cette collection [[Chiromancie|chiromancique]], [[Astrologie|astrologique]], dictée par le mauvais goût et le délire. Le débit, à la vérité, en était moindre depuis quelques années, parce que, grâce au [[Clergé séculier|clergé du second ordre]]<ref>Voir le schéma en pyramide de l'article [[Clergé séculier]]</ref>, des idées plus saines de toutes espèces, pénètrent jusque dans les [[hameau]]x<ref>Henri Grégoire, ''Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs'', 1788, {{p.|189}}.</ref>.}}
L'abbé Grégoire est alors très préoccupé par l'éducation de ses paroissiens. Selon lui, le curé est la pierre d'angle de l'Église mais aussi de toute la société. Il est le [[directeur spirituel]] et le guide temporel de ses paroissiens<ref>[[René Taveneaux]], ''Jansénisme et Réforme catholique'', Nancy, PU, 1992.</ref>. Il souhaite combattre un certain nombre de leurs préjugés, notamment en matière d'[[agronomie]]. Il aide les agriculteurs à rationaliser leur production et à l'augmenter. Il lutte également contre les [[almanach]]s, qui selon lui pérennisent de fausses méthodes de culture :


L'éducation morale et hygiénique de ses ouailles est également importante pour lui. Il a dans sa [[Cure (religion)|cure]] une bibliothèque mise à la disposition des habitants du village, et qui contient 78 ouvrages pratiques, qu'il leur laisse à la fin de sa charge<ref>A. Sutter, ''Les Années de jeunesse de l'abbé Grégoire'', Sarreguemines, Pierron, 1992, {{p.|41}}.</ref> :
{{Citation bloc|Pour huit sols, chaque paysan se nantit de cette collection chiromantique, astrologique, dictée par le mauvais goût et le délire. Le débit, à la vérité, en est moindre depuis quelques années, parce que, grâce au clergé du second ordre, des idées plus saines de toutes espèces, pénètrent jusque dans les hameaux<ref>Henri Grégoire, ''Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs'', 1788, {{p.|189}}.</ref>.}}


{{Citation bloc|J'avais une bibliothèque uniquement destinée aux habitants des campagnes ; elle se composait de livres ascétiques<ref>Le sens de ce mot s'est un peu modifié depuis le {{s-|XVIII}}, on dirait aujourd'hui plutôt « livres pieux » ou « livres de piété »</ref> bien choisis et d'ouvrages relatifs à l'agriculture, à l'hygiène et aux arts mécaniques<ref>Henri Grégoire, ''Mémoires ecclésiastiques, politiques et littéraires…'', {{p.|157}}.</ref>.}}
L'éducation morale et hygiénique de ses ouailles est également importante pour lui. Il a dans sa cure une bibliothèque mise à la disposition des habitants du village, et qui contient 78 ouvrages pratiques qu'il leur laisse à la fin de sa charge<ref>A. Sutter, ''Les Années de jeunesse de l'abbé Grégoire'', Sarreguemines, Pierron, 1992, {{p.|41}}.</ref> :


Le village d'[[Emberménil]] compte alors seulement 340 [[Communion|communiants]], ce qui permet à Grégoire d'avoir des activités annexes à sa charge pastorale. Il est connu localement comme un bon prédicateur et est souvent invité à prêcher dans les paroisses voisines. Son désir de faire sortir ses paroissiens de ce qu'il appelle l'{{Citation|obscurantisme}} l'a amené à aller chercher ailleurs des exemples de bons pasteurs, y compris lorsque ceux-ci sont [[Protestantisme|protestants]]. C'est ainsi qu'il rencontre le pasteur [[Jean-Frédéric Oberlin]], considéré comme un modèle, mais qui habite assez loin d'Emberménil. Oberlin vient visiter Grégoire en 1785, et celui-ci se rend chez son ami protestant au [[Ban de la Roche]] en 1787 pour voir sur place les résultats de la méthode d'éducation des campagnes mise en place par Oberlin<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|42-43}}.</ref>.
{{Citation bloc|J'avais une bibliothèque uniquement destinée aux habitants des campagnes ; elle se composait de livres ascétiques bien choisis et d'ouvrages relatifs à l'agriculture, à l'hygiène et aux arts mécaniques<ref>Henri Grégoire, ''Mémoires ecclésiastiques, politiques et littéraires…'', {{p.|157}}.</ref>.}}

Le village d'Emberménil compte alors seulement 340 communiants, ce qui permet à Grégoire d'avoir des activités annexes à sa charge pastorale. Il est connu localement comme un bon prédicateur et est souvent invité à prêcher dans les paroisses voisines. Son désir de faire sortir ses paroissiens de ce qu'il appelle l'{{Citation|obscurantisme}} l'amène à aller chercher ailleurs des exemples de bons pasteurs, y compris lorsque ceux-ci sont [[Protestantisme|protestants]]. C'est ainsi qu'il rencontre le pasteur [[Jean-Frédéric Oberlin]], considéré comme un modèle, mais qui habite assez loin d'Emberménil. Oberlin vient visiter Grégoire en [[1785]], et celui-ci se rend chez son ami protestant au [[Ban de la Roche]] en [[1787]] pour voir sur place les résultats de la méthode d'éducation des campagnes mise en place par Oberlin<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|42-43}}.</ref>.


=== Vie intellectuelle et philanthropie ===
=== Vie intellectuelle et philanthropie ===
[[Fichier:Portrait de l'abbé Henri Grégoire.jpg|vignette|Portrait de l'abbé Grégoire par [[Jacques-Louis David]], [[musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon]], vers 1791-1792.]]
[[Fichier:Portrait de l'abbé Henri Grégoire.jpg|vignette|<center>Portrait de l'abbé Grégoire<br> par [[Jacques-Louis David]] - [[Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon]]<br> vers 1791-1792</center>]]
En dehors de sa paroisse, et dans la lignée de son ''Éloge de la poésie'', Grégoire mène une vie intellectuelle active. Il parle l'anglais, l'italien et l'espagnol, et dans une moindre mesure l'allemand, ce qui lui permet d'être au courant des nouveautés intellectuelles<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|43}}.</ref>.
En dehors de sa paroisse, et dans la lignée de son ''Éloge de la poésie'', Grégoire mène une vie intellectuelle active. Il parle l'anglais, l'italien et l'espagnol, et dans une moindre mesure l'allemand, ce qui lui permet d'être au courant des nouveautés intellectuelles<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|43}}.</ref>.


Il s'intéresse notamment au fonctionnement démocratique de la [[Confédération des XIII cantons|Confédération suisse]]. Il se rend en Suisse où il rencontre [[Johann Kaspar Lavater]] et [[Johannes Gessner]], qui l'aident également dans ses travaux d'agronomie.
Il s'intéresse notamment au fonctionnement démocratique de la [[Confédération des XIII cantons|Confédération suisse]]. Il se rend en Suisse où il rencontre [[Johann Kaspar Lavater]] et [[Johannes Gessner]], qui l'aident également dans ses travaux d'agronomie.


Depuis [[1776]] il est membre de la Société [[philanthropie|philanthropique]] et charitable de [[Nancy]]. Cette appartenance a souvent fait dire de lui qu'il avait appartenu à la [[franc-maçonnerie]]. Il apparaît cependant qu'il n'a pas été membre d'une quelconque loge, même si les francs-maçons lui ont souvent rendu hommage et qu'une loge porte son nom<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|43}}; [[Alain Bauer]] et [[Roger Dachez]], ''Les rites maçonniques anglo-saxons'', Paris, Presses universitaires de France, 2011, {{p.|50}} Certains auteurs considèrent qu'il a été membre de la loge l'Harmonie à l'Orient de Paris, sans apporter de preuves, ni donner de dates. Cf. [[Daniel Ligou]], ''Dictionnaire de la franc-maçonnerie'', {{3e}} éd., Paris, Presses universitaires de France, 1991, {{p.|550}}.</ref>. L'amalgame viendrait des liens entre le philanthropisme allemand, mouvement d'origine piétiste, et la franc-maçonnerie politique française, volontiers gallicane et anti-vaticaniste.
Depuis 1776 il est membre de la Société [[Philanthropie|philanthropique]] et charitable de [[Nancy]]. Cette appartenance fait souvent dire de lui (et encore aujourd'hui) qu'il aurait appartenu à la [[franc-maçonnerie]]. On<ref>Par exemple :{{Lien web|site=Je pense.org|titre=La loge des Neuf Sœurs|date=2019-11-07|url=https://www.jepense.org/loge-des-neuf-soeurs-franc-maconnerie/|consulté le=2024-06-07}} ou encore {{Lien web|site=Zinfos974|titre=Le franc-maçon du jour : L’abbé Grégoire…|auteur=Janus|date=2015-01-28|url=https://www.zinfos974.com/le-franc-macon-du-jour-labbe-gregoire/|consulté le=2024-06-07}} ou encore {{Lien web|site=Mon Paris joli|titre=Qui sont les francs-maçons du Panthéon ? |auteur=Queen Z|date=2022-06-11|url=https://monparisjoli.com/2022/06/11/qui-sont-les-francs-macons-du-pantheon/|consulté le=2024-06-07}}. Le fait que ce soit d'authentiques franc-maçons, [[Cyrille Bissette]] et [[Adolphe Crémieux]], qui aient prononcé l’éloge funèbre lors des funérailles de Grégoire a généré bien des supputations et fait couler beaucoup d’encre à ce sujet. Voir le paragraphe 8 de {{Article|périodique=Humanisme|titre=Les francs-maçons et l’abolition de l’esclavage aux Antilles Françaises|auteur=Léo Ursulet|année=2016|numéro=1/310|page=87-91|url=https://www.cairn.info/revue-humanisme-2016-1-page-87.htm|consulté le=2024-06-07}}</ref> prête à l’abbé Grégoire d’avoir été initié à la loge des Neuf Sœurs (dite loge des Philosophes)<ref>{{Lien web|site=La Franc-maçonnerie au cœur|titre=Les abbés révolutionnaires |auteur=Jean-François Guerry|date=2020-05-13|url=http://www.lafrancmaconnerieaucoeur.com/2020/05/les-abbes-revolutionnaires.html|consulté le=2024-06-07}}</ref> ou encore membre de la loge l’Harmonie à l’Orient de Paris, sans apporter de preuves, ni donner de dates. Mais de l’aveu même d’historiens francs-maçons, {{Citation|aucun indice ne démontre cette appartenance, même si l’abbé fréquenta à Nancy une société philanthropique, comme il en existait beaucoup à l’époque, dans laquelle les francs-maçons étaient nombreux.}}<ref>{{Article|périodique=Franc maçonnerie magazine|auteur=Jean-Moïse Braitberg|titre=Grégoire, le bon évêque de Blois|date=2016-04-01|url=https://www.fm-mag.fr/article/culture/gregoire-le-bon-eveque-de-blois-1184|consulté le=2024-06-05}}</ref>. Il semble donc bien qu'il n'a pas été membre d'une quelconque loge, même si les francs-maçons lui ont souvent rendu hommage et qu'une loge porte son nom<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|43}}; [[Alain Bauer]] et [[Roger Dachez]], ''Les rites maçonniques anglo-saxons'', Paris, Presses universitaires de France, 2011, {{p.|50}}, {{cf.}} [[Daniel Ligou]], ''Dictionnaire de la franc-maçonnerie'', {{3e}} éd., Paris, Presses universitaires de France, 1991, {{p.|550}}.</ref>. L'amalgame viendrait des liens entre le [[Philanthropie|philanthropisme]] allemand, mouvement d'origine [[Piétisme|piétiste]], et la franc-maçonnerie politique française, volontiers gallicane et anti-vaticaniste.

Grégoire est également membre de la Société des philanthropes de Strasbourg, fondée par Jean de [[Turckheim]] vers [[1776]]<ref name="ags">Alysaa Goldstein Sepinwall, « L’abbé Grégoire and the Metz Contest : The view from new Documents », ''[[Revue des études juives]]'', 2007, {{numéro|166}}, {{p.|243-258}}.</ref>. Ouverte à toutes les confessions, cette société a des membres à travers toute l’Europe, dont de nombreuses autorités maçonniques allemandes, françaises et suédoises. Elle s’inspire du [[piétisme]] allemand et du philanthropisme développé notamment par [[Johann Bernhard Basedow|Basedow]]. Outre la pratique de la charité, on s’y intéresse à l’agronomie, à l’économie, à la géographie, à la pédagogie et on y prône la tolérance<ref>Jürgen Voss, « Die Strassburger 'Société des Philanthropes' und ihre Mitglieder im Jahre 1777 », ''Revue d'Alsace'' 1982, {{numéro|108}}, {{p.|65-80}}. Grégoire n’apparaît pas encore sur la liste de juillet 1777.</ref>. En [[1778]], cette société lance un concours sur l’amélioration du sort des juifs, pour lequel Grégoire rédige un mémoire, qui sert de base pour celui qui remporte le prix du [[Concours de Metz de 1787-1788|concours]] lancé par [[Académie nationale de Metz|l'Académie Royale de Metz]] quelques années plus tard ; un exemplaire de ce mémoire est conservé au [[Musée Lorrain]] de [[Nancy]]. Faute d’argent, le prix n'est jamais versé, mais le curé d’Emberménil dit plus tard avoir remporté ce prix. L’intérêt de Grégoire pour la question juive pourrait trouver son origine dans un philanthropisme d’inspiration piétiste<ref name=ags/> mais aussi du fait de l'importance de la [[Histoire des Juifs en Lorraine|communauté juive en Lorraine]] — et notamment dans le [[Saulnois]] où il avait exercé.

Quoi qu'il en soit, cet intérêt pour la philanthropie lui a permis de rencontrer de nombreuses personnalités, notamment protestantes. Ses activités sont principalement tournées vers le perfectionnement de l'agriculture et l'instruction des pauvres. Il revient sur ce thème lors du concours de l'[[Académie nationale de Metz|Académie de Metz]] en [[1787]], pour lequel il reprend son premier mémoire en le remaniant. C'est son ''Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs''. Il partage le prix avec deux autres candidats, un juif d'origine polonaise, [[Zalkind Hourwitz]], et l'avocat Nancéien protestant Thiéry.

Dans cet essai, Grégoire affirme qu'il tient une partie de sa documentation de ses relations dans le milieu des érudits juifs, et notamment d'Isaac Berr Bing et Simon de Gueldres, deux rabbins qui le conseillent et lui font connaître la presse juive éclairée de [[Berlin]]<ref>''Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs…'', {{p.|118}} et 186.</ref>. Il fustige l'attitude des gouvernements européens, qu'il accuse de cruauté et d'injustice envers les Israélites. Il considère que la discrimination qui frappe les juifs est contraire à l'utilité sociale. Il plaide également pour une « tolérance » religieuse, qui se comprend non comme un relativisme religieux, mais comme une humanité dans les rapports avec les juifs, à l'image du discours des Évangiles. Si pour lui le peuple juif est un « peuple témoin » dont la dispersion a été un événement fondamental de l'histoire humaine, son but est cependant la conversion des juifs. L'essai est un succès, et il est traduit dès l'année suivante en Angleterre.


Grégoire est également membre de la Société des philanthropes de Strasbourg, fondée par Jean de [[Turckheim]] vers 1776<ref name="ags">Alysaa Goldstein Sepinwall, « L’abbé Grégoire and the Metz Contest : The view from new Documents », ''[[Revue des études juives]]'', 2007, {{numéro|166}}, {{p.|243-258}}.</ref>. Ouverte à toutes les confessions, cette société a des membres à travers toute l’Europe, dont de nombreuses autorités maçonniques allemandes, françaises et suédoises. Elle s’inspire du [[piétisme]] allemand et du [[Philanthropie|philanthropisme]] développé notamment par [[Johann Bernhard Basedow|Basedow]]. Outre la pratique de la charité, on s’y intéresse à l’agronomie, à l’économie, à la géographie, à la pédagogie et on y prône la tolérance<ref>Jürgen Voss, « Die Strassburger 'Société des Philanthropes' und ihre Mitglieder im Jahre 1777 », ''Revue d'Alsace'' 1982, {{numéro|108}}, {{p.|65-80}}. Grégoire n’apparaît pas encore sur la liste de juillet 1777.</ref>. En 1778, cette société lance un concours sur l’amélioration du sort des juifs, pour lequel Grégoire rédige un mémoire, qui sert de base pour celui qu'il présentera neuf ans plus tard au [[Concours de Metz de 1787-1788|concours]] lancé par [[Académie nationale de Metz|l'Académie Royale de Metz]] ; un exemplaire de ce mémoire de 1778 est conservé au [[Musée Lorrain]] de [[Nancy]]. Faute d’argent, le prix n'est pas versé, mais le curé d’Emberménil dit plus tard avoir remporté ce prix.
Dans le même esprit, il avait déjà prononcé un sermon dans l'[[église Saint-Jacques de Lunéville]] en [[1785]], à l'occasion de l'inauguration de la [[synagogue de Lunéville|synagogue]] de la ville. Il y développe le thème de la conversion des juifs dans une vision [[figurisme|figuriste]] qui tend à le rapprocher dès cette époque du mode de pensée [[jansénisme|janséniste]]<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|446-447}}.</ref>. Le texte de ce sermon a été perdu, mais Grégoire en parle dans plusieurs courriers et dans son ''Histoire des sectes religieuses'' en [[1810]].


Quoi qu'il en soit, cet intérêt pour la philanthropie lui permet de rencontrer de nombreuses personnalités, notamment protestantes. Ses activités sont principalement tournées vers le perfectionnement de l'agriculture et l'instruction des pauvres, l'abolition de l'esclavage et l'émancipation des juifs.
=== Le prêtre citoyen et richériste ===
=== Le prêtre citoyen et richériste ===
[[Fichier:Serment du jeu de paume cadrage clerge.jpg|vignette|upright=1.3|Extrait du tableau du [[Serment du Jeu de Paume]] de [[Jacques-Louis David|David]], représentant [[Christophe Antoine Gerle|dom Gerle]], l'abbé Grégoire et le pasteur [[Jean-Paul Rabaut de Saint-Étienne]]. Il [[allégorie|allégorise]] la réconciliation des religieux lors de la [[Révolution française]].]]
[[Fichier:Serment du jeu de paume cadrage clerge.jpg|vignette|redresse|gauche|<center>Extrait du tableau de [[Jacques-Louis David|David]], ''Le [[Serment du Jeu de Paume]]''<br> représentant [[Christophe Antoine Gerle|dom Gerle]],<br> l'abbé Grégoire et le pasteur <br> [[Jean-Paul Rabaut de Saint-Étienne|Rabaut de Saint-Étienne]].<br> Il [[allégorie|allégorise]]<br>la réconciliation des religieux<br> lors de la [[Révolution française]].</center>]]
Les prémices de la [[Révolution française]] se font sentir avec acuité dans le clergé lorrain. En [[1787]], une [[assemblée provinciale]] réunissant le clergé et contrôlée entièrement par l'évêque cristallise le mécontentement des curés. L'un d'eux, [[Charles-Louis Guilbert|Guilbert]], curé de la paroisse Saint-Sébastien de [[Nancy]], appelle ses confrères à former un [[syndicat]] de curés qui se bat pour que les prêtres aient de meilleurs revenus au détriment des évêques et des chanoines qui concentrent les richesses du clergé<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Lagrée|auteur2=Francis Orhant|titre=Grégoire et Cathelineau ou la Déchirure|éditeur=Éditions de l'Atelier|année=1988|pages totales=|passage=35|isbn=}}</ref>. Il est secondé dans sa tâche par Grégoire. Ils participent à la fin de l'année [[1788]] à une réunion avec le [[tiers état]] à l'hôtel de ville de Nancy, où est prise la décision de dépêcher deux députés au [[Louis XVI|roi]] pour lui demander la confirmation de la tenue des États et leur mode d'organisation. En vue de cette démarche, ils font signer une pétition aux curés, qui recueille près de {{nombre|400|signatures}}<ref>[[René Taveneaux]], « L'abbé Grégoire et la démocratie cléricale », ''in Jansénisme et Réforme catholique'', Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1992, {{p.|141}} et 144.</ref>.
Les prémices de la [[Révolution française]] se font sentir avec acuité dans le clergé lorrain. En 1787, une [[assemblée provinciale]] réunissant le clergé et contrôlée entièrement par l'évêque cristallise le mécontentement des curés. L'un d'eux, [[Charles-Louis Guilbert|Guilbert]], curé de la paroisse Saint-Sébastien de [[Nancy]], appelle ses confrères à former un [[syndicat]] de curés qui se bat pour que les prêtres aient de meilleurs revenus au détriment des évêques et des chanoines qui concentrent les richesses du clergé<ref>{{Ouvrage|auteur1=Michel Lagrée|auteur2=Francis Orhant|titre=Grégoire et Cathelineau ou la Déchirure|éditeur=Éditions de l'Atelier|année=1988|passage=35}}.</ref>. Il est secondé dans sa tâche par Grégoire. Ils participent à la fin de l'année 1788 à une réunion avec le [[tiers état]] à l'hôtel de ville de Nancy, où est prise la décision de dépêcher deux députés au [[Louis XVI|roi]] pour lui demander la confirmation de la tenue des États et leur mode d'organisation. En vue de cette démarche, ils font signer une pétition aux curés, qui recueille près de {{nobr|400 signatures}}<ref>[[René Taveneaux]], « L'abbé Grégoire et la démocratie cléricale », ''in Jansénisme et Réforme catholique'', Nancy, Presses universitaires de Nancy, 1992, {{p.|141}} et 144.</ref>.


L'action des curés lorrains a plusieurs buts : qu'ils aient des députés aux États provinciaux et généraux, mais aussi que des avancées soient faites dans le mode d'organisation de ces États. Ils demandent notamment, en totale adéquation avec le [[tiers état]], que le vote soit fait par tête et non par ordre aux États généraux. Ils renoncent également à tout privilège fiscal, solidairement avec la noblesse.
L'action des curés lorrains a plusieurs buts : avoir des députés aux États provinciaux et généraux, mais aussi obtenir des avancées dans le mode d'organisation de ces États. Ils demandent notamment, en totale adéquation avec le [[tiers état]], que le vote soit fait par tête et non par ordre aux États généraux. Ils renoncent également à tout privilège fiscal, solidairement avec la noblesse.


Dans cette organisation syndicale, Grégoire a le rôle de « commissaire du clergé », qu'il partage avec onze autres confrères. Il diffuse le procès-verbal de la réunion du {{date-|21 janvier 1789}} qui a fixé les buts du clergé auprès des curés et des vicaires lorrains, en élargissant le débat : il demande à ses confrères « des observations et des mémoires sur tous les objets à traiter dans ces États », sortant clairement des simples doléances du bas-clergé. Il acquiert à cette occasion une expérience parlementaire et développe ses talents d'orateur<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'' {{p.|46-47}}.</ref>.
Dans cette organisation syndicale, Grégoire a le rôle de « commissaire du clergé », qu'il partage avec onze autres confrères. Il diffuse le procès-verbal de la réunion du {{Date-|21 janvier 1789}} qui a fixé les buts du clergé auprès des curés et des vicaires lorrains, en élargissant le débat : il demande à ses confrères « des observations et des mémoires sur tous les objets à traiter dans ces États », sortant clairement des simples doléances du bas-clergé. Il acquiert à cette occasion une expérience parlementaire et développe ses talents d'orateur<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'' {{p.|46-47}}.</ref>.


Le mouvement des curés lorrains s'enlise ensuite dans des querelles de personnes, mais l'abbé Grégoire s'en tient prudemment éloigné, ce qui lui permet d'être élu [[Liste alphabétique des membres de l'Assemblée constituante de 1789|député]] du clergé aux [[États généraux de 1789]].
Le mouvement des curés lorrains s'enlise ensuite dans des querelles de personnes, mais l'abbé Grégoire s'en tient prudemment éloigné, ce qui lui permet d'être élu [[Liste alphabétique des membres de l'Assemblée constituante de 1789|député]] du clergé aux [[États généraux de 1789]].


Il part donc pour [[Versailles]] le {{date-|27 avril 1789}}, accompagnant son évêque monseigneur [[Anne Louis Henri de La Fare|de la Fare]]. Son mandat va bien plus loin qu'une simple représentation de son ordre, il considère qu'il a un « ministère sacré » à remplir.
Il part donc pour [[Versailles]] le {{Date-|27 avril 1789}}, accompagnant son évêque [[Anne-Louis-Henri de La Fare|Anne-Louis de la Fare]]. Son mandat va bien plus loin qu'une simple représentation de son ordre, il considère qu'il a un « ministère sacré » à remplir.
[[Fichier:Versailles (78) Boulevard de la Reine 692.jpg|vignette|redresse|droite|<center>Plaque apposée <br> sur la maison de Versailles<br>où habite Grégoire<br>pendant les États généraux<br>de 1789</center>]]


En ce sens il s'inscrit parfaitement dans cette « insurrection des curés » (selon l'expression du temps) qui agite la France pré-révolutionnaire. Mais il la pousse plus loin qu'un simple mécontentement et, à l'instar de ses confrères lorrains dont la réflexion va plus loin que dans les autres provinces, lui donne une « expression doctrinaire »<ref>L'expression est de René Taveneaux, ''Jansénisme et Réforme catholique'', {{p.|140}}.</ref>. [[René Taveneaux]], comme avant lui [[Edmond Préclin]]<ref>Edmond Préclin, ''Les Jansénistes du {{XVIIIe siècle}} et la Constitution civile du clergé'', Paris, 1928.</ref>, y voit une mise en pratique des idées [[Edmond Richer|richéristes]] et d'une démocratie inspirée par [[Pasquier Quesnel]].
En ce sens il s'inscrit parfaitement dans cette « insurrection des curés » (selon l'expression du temps) qui agite la France pré-révolutionnaire. Mais il la pousse plus loin qu'un simple mécontentement et, à l'instar de ses confrères lorrains dont la réflexion allait plus loin que dans les autres provinces, elle lui donne une « expression doctrinaire »<ref>L'expression est de René Taveneaux, ''Jansénisme et Réforme catholique'', {{p.|140}}.</ref>. [[René Taveneaux]], comme avant lui [[Edmond Préclin]]<ref>Edmond Préclin, ''Les Jansénistes du {{XVIIIe siècle}} et la Constitution civile du clergé'', Paris, 1928.</ref>, y voit une mise en pratique des idées [[Edmond Richer|richéristes]] et d'une démocratie inspirée par [[Pasquier Quesnel]].


En effet, les curés remettent en cause l'ordre traditionnel à l'intérieur de l'Église, fondé sur la hiérarchie. Ils appliquent un « janséno-richérisme »<ref>L'expression est de René Taveneaux.</ref>, qui souligne le rôle spirituel fondamental des curés et leur institution divine, tout en proclamant par conséquent des revendications politiques et sociales novatrices.
En effet, les curés remettent en cause l'ordre traditionnel à l'intérieur de l'Église, fondé sur la hiérarchie. Ils appliquent un « janséno-richérisme »<ref>L'expression est de René Taveneaux.</ref>, qui souligne le rôle spirituel fondamental des curés et leur institution divine, tout en proclamant par conséquent des revendications politiques et sociales novatrices.


Dans un contexte lorrain marqué pendant toute la seconde moitié du {{XVIIIe siècle}} par une lutte entre, d'une part, l'évêque et les curés, et, d'autre part, le [[clergé régulier]] et le [[clergé séculier]], les idées [[Pasquier Quesnel|quesnelliennes]] sur l'importance des curés comme conseils de leur évêque ont fait florès. Les mauvaises conditions économiques de la décennie pré-révolutionnaire touchent de plein fouet les curés des paroisses modestes et accentuent une aigreur qui se fait plus grande encore quand la [[Réaction seigneuriale et nobiliaire|réaction nobiliaire]] ferme l'accès aux évêchés et même aux [[Chapitre canonial|chapitres cathédraux]] (celui de [[Metz]] est anobli en [[1780]])<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|50}}.</ref>.
Dans un contexte lorrain marqué pendant toute la seconde moitié du {{XVIIIe siècle}} par une lutte entre, d'une part, l'évêque et les curés, et, d'autre part, le [[clergé régulier]] et le [[clergé séculier]], les idées [[Pasquier Quesnel|quesnelliennes]] sur l'importance des curés comme conseils de leur évêque ont fait florès. Les mauvaises conditions économiques de la décennie pré-révolutionnaire touchent de plein fouet les curés des paroisses modestes et accentuent une aigreur qui se fait plus grande encore quand la [[Réaction seigneuriale et nobiliaire|réaction nobiliaire]] ferme l'accès aux évêchés et même aux [[Chapitre canonial|chapitres cathédraux]] (celui de [[Metz]] est anobli en 1780)<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|50}}.</ref>.


C'est l'analyse d'[[Edmond Préclin]] et de [[René Taveneaux]], qui expliquent la colère des curés par une individualisation du [[jansénisme]] et une rencontre profonde avec le [[richérisme]], formant un corps de pensée politique et moins religieux. Cette analyse est cependant combattue par l'historien américain William H. Williams : il considère que cette tendance au corporatisme, doublée d'une nostalgie de l'Église primitive, n'est pas véritablement janséniste mais plutôt une exaltation de l'utilité sociale du curé. Il nomme l'ensemble « parochisme », en ce sens que pour les curés de l'époque pré-révolutionnaire, la paroisse est l'unité de base de la vie religieuse, fer de lance de la lutte contre des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] anticléricales. Il pense que, si jansénisme il y a, celui-ci est profondément religieux et verserait plutôt vers le conservatisme anti-révolutionnaire<ref>W.H. Williams, « The signifiance of Jansenism in the History of the Franch Catholic Clergy in the Pre-Revolutionary Era », ''in Studies in the XVIIIth Culture'', t. VII, 1978.</ref>.
Telle est l'analyse d'[[Edmond Préclin]] et de [[René Taveneaux]], qui expliquent la colère des curés par une individualisation du [[jansénisme]] et une rencontre profonde avec le [[richérisme]], formant un corps de pensée politique et moins religieux. Cette analyse a été cependant combattue par l'historien américain William H. Williams : il considère que cette tendance au corporatisme, doublée d'une nostalgie de l'Église primitive, n'est pas véritablement janséniste mais plutôt une exaltation de l'utilité sociale du curé. Il nomme l'ensemble « parochisme », en ce sens que pour les curés de l'époque pré-révolutionnaire, la paroisse est l'unité de base de la vie religieuse, fer de lance de la lutte contre des [[Lumières (philosophie)|Lumières]] anticléricales. Il pense que, si jansénisme il y a, celui-ci est profondément religieux et verse plutôt vers le conservatisme anti-révolutionnaire<ref>{{en}} W.H. Williams, « The signifiance of Jansenism in the History of the Franch Catholic Clergy in the Pre-Revolutionary Era », ''in Studies in the XVIIIth Culture'', t. VII, 1978.</ref>.


Dale Van Kley, dans sa somme sur ''Les Origines religieuses de la Révolution française'', reprend cependant l'analyse de Taveneaux en soulignant le profond lien entre théologie et politique dans la jansénisation des curés Français à la fin du {{XVIIIe siècle}}. Il montre comment le jansénisme de cette époque, nourri de [[gallicanisme]], de richérisme et de « patriotisme » (au sens de l'époque) mène à la fois vers un engagement révolutionnaire, comme pour Grégoire, et parfois à l'engagement inverse (c'est le cas d'[[Henri Jabineau]])<ref>Dale K. Van Kley, ''Les Origines religieuses de la Révolution française. 1560 - 1791'', Paris, Points-Seuil, 2002 (Yale University Press, 1996)</ref>.
Dale Van Kley, dans sa somme sur ''Les Origines religieuses de la Révolution française'', reprend cependant l'analyse de Taveneaux en soulignant le profond lien entre théologie et politique dans la jansénisation des curés français à la fin du {{XVIIIe siècle}}. Il montre comment le jansénisme de cette époque, nourri de [[gallicanisme]], de richérisme et de « patriotisme » (au sens de l'époque) mène à la fois vers un engagement révolutionnaire, comme pour Grégoire, et parfois à l'engagement inverse (c'est le cas d'[[Henri Jabineau]])<ref>Dale K. Van Kley, ''Les Origines religieuses de la Révolution française. 1560 - 1791'', Paris, Points-Seuil, 2002 (Yale University Press, 1996).</ref>.


L'intégration d'Henri Grégoire dans le personnel révolutionnaire dès le début des événements n'est donc pas un hasard. Il part à Versailles soutenu par ses confrères et nourri par des années de réflexion théologico-politique. Il retrouve également à Versailles un certain nombre de confrères imprégnés des mêmes idées.
L'intégration d'Henri Grégoire dans le personnel révolutionnaire dès le début des événements n'est donc pas un hasard. Il part à Versailles soutenu par ses confrères et nourri par des années de réflexion théologico-politique. Il retrouve également à Versailles un certain nombre de confrères imprégnés des mêmes idées.


=== Député à la Constituante ===
=== Député à la Constituante ===
[[Fichier:Abbé Grégoire - député de Nancy à l'Assemblée nationale.jpg|vignette|gauche|<center>''M. l'abbé Grégoire, curé d'Emberménil, député de Nancy à l'Assemblée nationale''.<br> [[Estampe]], [[Bibliothèque nationale de France|BNF]], [[Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France|Département des estampes]], vers 1790-1792.</center>]]
[[Fichier:Abbé Grégoire - député de Nancy à l'Assemblée nationale.jpg|vignette|gauche|<center>''M. l'abbé Grégoire, curé d'Emberménil, député de Nancy à l'Assemblée nationale''.<br> [[Estampe]], [[Bibliothèque nationale de France|BNF]], [[Département des estampes et de la photographie de la Bibliothèque nationale de France|département des estampes et de la photographie]], vers 1790-1792.</center>]]
==== Député du bailliage de Nancy ====
Élu [[Liste alphabétique des membres de l'Assemblée constituante de 1789|député]] du Premier Ordre (le Clergé qui avait {{nombre|291|élus}}) en [[1789]] par le clergé du [[Bailliage Présidial de Nancy|bailliage de Nancy]] aux [[États généraux de 1789|États généraux]], Henri Grégoire se fait rapidement connaître en s'efforçant, dès les premières sessions de l’Assemblée, d’entraîner dans le camp des réformistes ses collègues ecclésiastiques et de les amener à s'unir avec le [[tiers état]].
Élu [[Liste alphabétique des membres de l'Assemblée constituante de 1789|député]] du Premier Ordre (le Clergé qui avait {{nobr|291 élus}}) en 1789 par le clergé du [[Bailliage Présidial de Nancy|bailliage de Nancy]] aux [[États généraux de 1789|États généraux]], Henri Grégoire se fait rapidement connaître en s'efforçant, dès les premières sessions de l’Assemblée, d’entraîner dans le camp des réformistes ses collègues ecclésiastiques et de les amener à s'unir avec le [[tiers état]].
==== Les premiers travaux et premières lois ====
* Demande de l'abolition de tous les privilèges, qui sont des injustices<br>À l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante]], l'abbé Grégoire réclame l'abolition totale des [[privilège (droit médiéval)|privilèges]], propose le premier la motion formelle d'abolir le [[droit d’aînesse]], et presque seul avec Robespierre combat le [[suffrage censitaire|cens du marc d'argent]], exigeant l'instauration du [[suffrage universel]] masculin<ref name="Jean Tild">{{Ouvrage|auteur1=Jean Tild|titre=L'Abbé Grégoire : {{"|l'ami des hommes de toutes les couleurs}}|éditeur=Nouvelles Éditions Latines|année=1956|passage=19}}.</ref>.


* Tiers état et bas clergé unis<br>Nommé l’un des secrétaires de l'Assemblée, il est l'un des premiers membres du [[clergé]] à rejoindre le [[tiers état]], et se joint constamment à la partie la plus démocratique de ce corps. Il préside la session qui dure {{nobr|62 heures}} pendant que le peuple [[prise de la Bastille|prend la Bastille]] en 1789, et tient à cette occasion un discours véhément contre les ennemis de la [[Nation]].
À l'[[Assemblée constituante de 1789|Assemblée constituante]], l'abbé Grégoire réclame l'abolition totale des [[privilège (droit médiéval)|privilèges]], propose le premier la motion formelle d'abolir le [[droit d’aînesse]], et combat le [[suffrage censitaire|cens du marc d'argent]], exigeant l'instauration du [[suffrage universel]] masculin<ref name="Jean Tild">{{Ouvrage|auteur1=Jean Tild|titre=L'Abbé Grégoire : "l'ami des hommes de toutes les couleurs"|éditeur=Nouvelles Éditions Latines|année=1956|pages totales=|passage=19}}</ref>.


* La rédaction de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen<br>Il participe, avec beaucoup d'autres députés, à la rédaction de la [[Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789|Déclaration des droits de l'homme et du citoyen]], préambule à la constitution en cours de rédaction. Il est reconnu comme l'auteur de la formulation de l'article 1 : {{Citation| Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune}}<ref>{{Lien web|site=Musée de l'Abbé Grégoire|titre=Biographie|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-homme/sa-biographie|consulté le=2024-06-14}}</ref>. Il propose que cette déclaration des droits de l'homme et du citoyen soit accompagnée de celle des devoirs (intervention devant l'Assemblée le 12 août)<ref>[http://www.herodote.net/14_juillet_1789-evenement-17890714.php 14 juillet 1789] sur herodote.net</ref>, mais sa proposition est rejetée. Grégoire souhaitait également que la Déclaration fasse explicitement référence à Dieu. {{Citation|Si l'homme a des droits, il faut parler de celui dont il les tient et qui lui imprime des devoirs. Il faut montrer à l'homme le cercle qu'il peut parcourir et les barrières qui peuvent et doivent l'arrêter.}}<ref>{{Lien web|site=Musée de l'Abbé Grégoire|titre=Biographie|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-homme/sa-biographie|consulté le=2024-06-14}}</ref>, {{Citation|son ambition était de christianiser la Révolution}}<ref>{{Article|périodique=Revue du Souvenir Napoléonien|titre=Grégoire, Abbé Jean-Baptiste, (1750-1831), comte, sénateur|auteur=Marc Allégret|date=Octobre-novembre 1997|numéro=415|pages=59-60|url=https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/biographies/gregoire-abbe-jean-baptiste-1750-1831-comte-senateur/|consulté le=2024-06-08}}</ref> mais la déclaration ne retient que l'[[Culte de l'Être suprême|Être Suprême]].<br>Les 17 articles de cette déclaration sont adoptés par l'[[Assemblée nationale constituante (1789)|assemblée nationale]] entre le 20 et le 26 août 1789<ref>{{Ouvrage|titre=Archives Parlementaires de 1787 à 1860 - Première série (1787-1799) Tome VIII - Du 5 mai 1789 au 15 septembre 1789|auteur=Jean Joseph Mounier|Lieu=Paris|éditeur=Librairie Administrative P. Dupont|série=Première série (1787-1799)|Tome=VIII|date=1875|url=https://archives-parlementaires.persee.fr/prt/7f5598d3-62b3-43af-8be6-592116b90c82|consulté le=2024-06-04}}</ref>
Nommé l’un des secrétaires de l'Assemblée, il fut l'un des premiers membres du [[clergé]] à rejoindre le [[tiers état]], et se joignit constamment à la partie la plus démocratique de ce corps. Il présida la session qui dura {{nombre|62|heures}} pendant que le peuple [[prise de la Bastille|prenait la Bastille]] en [[1789]], et tint à cette occasion un discours véhément contre les ennemis de la [[Nation]]. Il proposa que la [[Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789|Déclaration des droits de l'homme]] soit accompagnée de celle des Devoirs<ref>[http://www.herodote.net/14_juillet_1789-evenement-17890714.php 14 juillet 1789] sur herodote.net</ref>.


==== La Constitution civile du clergé ====
Il contribue à la rédaction de la [[Constitution civile du clergé]] et parvient, par son exemple et par ses écrits, à entraîner un grand nombre d’ecclésiastiques hésitants. Il est ainsi considéré comme le chef de l'Église constitutionnelle de France. Il prête serment, devenant ainsi un [[Église constitutionnelle|prêtre jureur]] ou assermenté. Il reste toute sa vie fidèle à son serment, se refusant même à le renier à son lit de mort en {{date-|mai 1831}}. Jusqu'à la fin de ses jours également il œuvre à la création d'une église constitutionnelle gallicane. Il plaide chaleureusement la cause des [[Histoire des Juifs en France#Le chemin vers l'émancipation des juifs|juifs]], multiplie les écrits favorables aux Noirs<ref name="Jean Tild"/>. Lui qui était fils unique se fit curieusement accuser en 1790 par des membres du club Massiac d'agir pour les métis parce qu'il serait le beau-frère d'une femme de couleur. Cette erreur s'explique peut-être par une confusion avec un collègue homonyme, également jureur, l'abbé Louis Chrysostome Grégoire, vicaire de Villers-Cotterêts, qu'a connu dans son enfance Alexandre Dumas<ref>Jean-Daniel Piquet, « La prétendue belle-sœur de couleur de l'abbé Grégoire, une homonymie cause de la bourde du club Massiac ? », ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 79-{{numéro|4}}-octobre-décembre 1999, {{p.|463-474}}.</ref>. Henri Grégoire contribua au vote le {{date-|4 février 1794}} aboutissant à la première [[abolition de l'esclavage]] (qui sera rétabli par [[Napoléon Ier|Napoléon Bonaparte]] à la suite de la [[loi du 20 mai 1802]], puis à nouveau aboli par le [[Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848|décret du 27 avril 1848]] de [[Victor Schœlcher]]). Il est un des principaux artisans de la reconnaissance des [[droits civiques]] et politiques accordés aux juifs (décret du {{Date|27|septembre|1791}}). Pendant la période de l’[[Assemblée nationale législative (Première République)|Assemblée législative]], dont il ne pouvait faire partie puisque les membres de l'Assemblée constituante avaient été déclarés inéligibles, il donna tous ses soins à son [[diocèse de Blois]]. En effet, premier prêtre à avoir prêté serment à la [[Constitution civile du clergé]], il fut élu [[évêque constitutionnel]] à la fois par deux des départements nouvellement créés : la [[Sarthe (département)|Sarthe]] et le [[Loir-et-Cher]] ([[1791]]). Il opta pour ce dernier et fut consacré évêque, le {{date-|14 mars 1791}}, par [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]], [[Jean-Baptiste Gobel|Gobel]] et [[Jean-Baptiste Miroudot du Bourg|Miroudot]]. Il administra ce diocèse pendant dix ans avec un zèle exemplaire. Après la fuite de [[Louis XVI de France|Louis XVI]] et son arrestation à [[Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes|Varennes en Argonne]], dans le débat sur la question de l’inviolabilité de la personne du roi qui s'ensuivit, Grégoire se prononça vivement contre le monarque, et demanda qu’il fût jugé par une Convention.
Il contribue à la rédaction de la [[Constitution civile du clergé]] et parvient, par son exemple et par ses écrits, à entraîner un grand nombre d’ecclésiastiques hésitants. Il est ainsi considéré comme le chef de l'Église constitutionnelle de France. Il prête serment, devenant ainsi un [[Église constitutionnelle|prêtre jureur]] ou assermenté. Il reste toute sa vie fidèle à son serment, se refusant même à le renier sur son lit de mort en {{Date-|mai 1831}}. Jusqu'à la fin de ses jours également il a œuvré à la création d'une église constitutionnelle gallicane.<br>Pendant la période de l’[[Assemblée nationale législative (Première République)|Assemblée législative]], dont il ne pouvait faire partie puisque les membres de l'Assemblée constituante avaient été déclarés inéligibles, il donne tous ses soins à son [[diocèse de Blois]]. En effet, premier prêtre à avoir prêté serment à la [[Constitution civile du clergé]], il est élu [[évêque constitutionnel]] à la fois par deux des départements nouvellement créés : la [[Sarthe (département)|Sarthe]] et le [[Loir-et-Cher]] (1791). Il opte pour ce dernier et est consacré évêque, le {{Date-|14 mars 1791}}, par [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]], [[Jean-Baptiste Gobel|Gobel]] et [[Jean-Baptiste Miroudot du Bourg|Miroudot]]. Il administre ce diocèse pendant dix ans avec un zèle exemplaire.<br>


==== La fin de l'assemblée constituante ====
==== Anti-esclavagiste et émancipateur ====
Après la fuite de [[Louis XVI de France|Louis XVI]] et son arrestation à [[Fuite de Louis XVI et arrestation à Varennes|Varennes-en-Argonne]], dans le débat sur la question de l’inviolabilité de la personne du roi qui s'ensuit, Grégoire se prononce vivement contre le monarque, et demande qu’il soit jugé par une Convention.<br>En mars 1792 à la différence de beaucoup de jacobins dont Robespierre, il prend la défense du maire d'Étampes, Simonneau, tué par des manifestants pour avoir voulu imposer la loi martiale en réaction à une émeute populaire qui réclamait la taxation des denrées. Le discours est à deux facettes. Grégoire s'exprime au nom de la loi sans approuver la répression de la liberté illimitée du commerce votée en 1789 par l'assemblée constituante et le sacro-saint principe de la propriété<ref>Sandrine Bouché, "Grégoire sous la Législative : garantir la loi pour garantir la révolution", ''Révolution francaise.net'', commentaires, 18 décembre 2007.</ref>.{{Pas clair}}.


=== Député à la Convention ===
[[Fichier:Abbe gregoire 1808.JPG|vignette|upright=1.3|Frontispice du livre ''De la littérature des nègres'' (1808), de Henri Grégoire, où il met en lumière la littérature des intellectuels des [[Amérique]]s d'origine africaine.]]
[[Fichier: Grégoire deputé du departement (...)Gautier Jean btv1b8414867h onvention Gallica Image recadrée.jpg|vignette|gauche|<center>Portrait de Grégoire<br>Député du [[Loir-et-Cher]]<br>à la [[Convention Nationale]]</center>]]
En {{date-|décembre 1789}}, en relation avec la publication de son premier mémoire sur la question des hommes de couleur, il adhère à la [[Société des amis des Noirs]] de [[Jacques Pierre Brissot|Brissot de Warville]] qui milite pour l'égalité des droits des blancs et des hommes de couleur libres (des mulâtres propriétaires d'esclaves pour la plupart), l'abrogation immédiate de la [[Traites négrières|traite des Noirs]] et la suppression progressive de l’esclavage dans les [[Antilles]]. La publication de deux autres mémoires s'ensuit en {{date-|octobre 1790}} et {{date-|juin 1791}}. Il prononce également un discours longtemps inédit au [[club des Jacobins]] le {{date-|16 septembre 1791}}, contre la prochaine révocation par le comité des colonies de l'assemblée constituante — dominé par [[Antoine Barnave|Barnave]] — des droits des mulâtres apparemment acquis le {{date-|15 mai 1791}}<ref>Jean-Daniel Piquet, « Un discours inédit de l’abbé Grégoire sur le décret du 15 mai 1791 :''Discours de M. Grégoire sur la révocation du décret relatif aux gens de couleur''», ''Annales historiques de la Révolution française'', {{numéro|363}}, janvier/mars 2011, {{p.|175-183}}.</ref>. Mais comme il le craignait ces droits furent abrogés par l'assemblée constituante le {{date-|24 septembre 1791}}. Ils ne seront rétablis que par l'assemblée législative en {{date-|mars 1792}}.
Le département du [[Loir-et-Cher]] l’élit député à la [[Convention nationale]]. Dès la première séance, le {{Date-|21|septembre|1792}}, fidèle à ses prises de position antérieures, il monte à la tribune pour défendre avec vigueur la motion sur l’abolition de la [[royauté]] proposée par [[Jean-Marie Collot d'Herbois|Collot d’Herbois]], et contribue à son adoption. C'est dans ce discours que l'on a retrouvé cette phrase mémorable : « Les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre naturel ».


Élu le 17 octobre, il refuse de siéger au [[comité de sûreté générale]], ainsi que huit autres élus<ref>{{Chapitre|auteur1=[[James Guillaume]]|titre chapitre=Le personnel du Comité de sûreté générale|titre ouvrage=Études révolutionnaires|lieu=Paris|éditeur=P.-V. Stock|nature ouvrage=Recueil d'articles parus dans ''La Révolution française'' et dans ''La Revue pédagogique''|série=deuxième|année=1909|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k826760/f264.image|consulté le=13 novembre 2018|partie=V|page début chapitre=253|passage=267-268|bnf=30557230}}</ref>. Élu président de la Convention, entre le 15 et le 29 novembre 1792, l'abbé Grégoire la préside en tenue épiscopale. Plus tard il ne participe pas au vote sur la mort de [[Louis XVI de France|Louis XVI]] : en effet il est alors en mission à l'occasion de la réunion de la [[États de Savoie|Savoie]] et du [[Comté de Nice]] à la France. Trois collègues l'accompagnent : [[Marie-Jean Hérault de Séchelles]], [[Philibert Simond]] et [[Grégoire Jagot]]. À la fin février 1793 ils se séparent par groupe de deux : [[Marie-Jean Hérault de Séchelles|Hérault]] et [[Philibert Simond|Simond]] restent dans le [[Mont-Blanc (département)|Mont-Blanc]] tandis que Grégoire et [[Grégoire Jagot|Jagot]] prennent le chemin des [[Alpes-Maritimes]]. Ce département est créé en 1792, composé du [[comté de Nice]] détaché du [[royaume de Sardaigne]] et réuni à la France, ainsi que de la [[principauté de Monaco]], qui comporte à l'époque Monaco, [[Roquebrune-Cap-Martin]] et [[Menton]], annexée.
Le {{date-|4 juin 1793}} à la Convention, il soutient une délégation sans-culotte, dirigée par Chaumette, qui accompagne une vieille femme de couleur dans le but de faire abolir l'esclavage. Son intervention est soutenue par des Montagnards tels que Robespierre et Jeanbon Saint-André<ref>Jean_Daniel Piquet, "L'abbé Grégoire ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs" ''Annales de L'Est'', 2002-{{n°|1}} {{p.|269-297}}</ref>. À nouveau soutenu par Jeanbon Saint-André sous la présidence de Danton) il demande et obtient le 27 juillet 1793 (jour où Robespierre entre au comité de salut public) l'abrogation des primes accordées aux négriers. Les 4 et {{date-|5 février 1794}}, il participa aux débats sur la promulgation de l'abolition de l'esclavage des Noirs dans les colonies, se faisant le porte-voix à la Convention avec Levasseur, Danton et Jean-François Delacroix des partisans les plus radicaux du décret abolitionniste (avec également certains déchristianisateurs de base, comme le journal, ''Le Sans-Culotte Observateur'', qui l'avait attaqué en {{date-|novembre 1793}}). Également à l'opposé de ce qu'il écrivit en 1807 dans ses mémoires quand il affirma avoir jugé — en tant qu'ancien membre de la Société des Amis des Noirs — comme une catastrophe ce décret d'abolition immédiate, il saisit l'occasion du rapport sur l'extirpation des patois pour demander le 16 Prairial an II-{{date-|4 juin 1794}} l'instruction des anciens esclaves :


==== La mort du roi ====
{{Citation bloc|Les nègres de nos colonies dont vous avez fait des hommes, ont une espèce d'idiome pauvre comme celui des Hottentots, comme la langue franque qui dans tous les verbes ne connaît guère que l'infinitif<ref>Jean-Daniel Piquet, ''L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795)'', Paris, Karthala, 2002 p.345</ref>}}
Après la Révolution, jusqu'à sa mort il se défend de l'accusation de [[régicide]] portée par des royalistes ou des épiscopaux au [[Église constitutionnelle#La fin du clergé constitutionnel|second concile de Paris de 1801]] (peut-être même au premier de 1797). Ses dénégations ont été validées sur parole par de nombreux historiens au nom de sa religion ou de sa philosophie abolitionniste qui lui interdiraient de verser le sang. Quoi qu'on puisse penser en bien ou en mal des votes de {{Date-|janvier 1793}} qui aboutissent à l'exécution du roi, la pensée et l'action de l'abbé sont controversées de son vivant et le restent aujourd'hui pour les historiens dont les avis divergent.


Grégoire se prononce une première fois avant son départ en Savoie le {{Date-|15 novembre 1792}}. Certes, il s'exprime en faveur de l'abolition de la peine de mort (mais pas du pardon chrétien, du fait même de sa volonté de juger et de punir [[Louis XVI]]). Mais loin de demander que Louis XVI bénéficie le premier d'une abolition, dans le cadre d'une peinture au vitriol de la royauté, il entend ''a priori'' mettre le roi à égalité avec tous les autres repris de justice et se demande même s'il ne faut pas faire une exception :
Sous le Directoire, le 7 germinal an IV-{{date-|27 mars 1796}} il salue le décret du 16 pluviôse an II comme une victoire de la Raison :
{{Citation bloc|Et moi aussi je réprouve la peine de mort ; je l'espère ce reste de barbarie disparaîtra de nos lois. Il suffit à la société que le coupable ne puisse plus nuire : assimilé en tout aux autres criminels, Louis partagera le bienfait de la loi si vous abrogez la peine de mort, vous le condamnerez alors à l'existence afin que l'horreur de ses forfaits l'assiège sans cesse et le poursuive dans le silence de la solitude… Mais le repentir est-il fait pour les rois ? |référence=<ref>''Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI, séance du 15 novembre 1792, l'an premier de la République française'', Paris, Imprimerie nationale, 1792.</ref> }}
[[Fichier: Liste comparative des cinq appels nominaux (...) J-F. Froullé et T. Levigneur - En-tête de l'ouvrage - BNF.jpg|vignette|droite |<center>Liste comparative<br>des cinq appels nominaux<br> pour le jugement de Louis XVI<br>à la [[Convention nationale]]<br>du 15 au 19 janvier 1793 – En-tête</center>]]
De nombreux conventionnels abolitionnistes ([[Robespierre]], [[Saint-Just]], [[André Jeanbon Saint-André|Jeanbon Saint-André]], [[Jean-Paul Marat|Marat]], [[Joseph Lequinio]], [[Lepeletier de Saint-Fargeau]]) votèrent inconditionnellement [[Votes sur la mort de Louis XVI|pour la mort du roi]], considérant que de toute façon en {{Date-|janvier 1793}} la peine de mort étant encore dans la loi, la république ne pouvait faire d'exception pour Louis XVI<ref>Voir les résultats nominatifs du vote dans cet ouvrage : {{Ouvrage|titre=Liste comparative des cinq appels nominaux faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI|auteur1= Jacques-François Froullé|auteur2= Thomas Levigneur|année=1793|lieu=Paris|éditeur=Levigneur et Froullé|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k6214277f/f5.item.texteImage|consulté le=2024-06-10}}</ref>. Le problème se pose aussi pour Grégoire ce fameux {{Date-|13 janvier 1793}}. Selon ses allégations post-révolutionnaires (c'est-à-dire postérieures au 18 brumaire an VIII-9 novembre 1799), publiées pour la première fois en novembre 1801 dans ''Les [[Annales de la religion]]'' par son ami [[François-Xavier Moïse]], ses trois collègues missionnaires écrivent à Chambéry une lettre pour demander {{Citation|la condamnation à mort de Louis Capet par la Convention nationale sans appel au peuple}}, mais il aurait fait retirer les mots « à mort ». La réalité est peut-être autre. Le {{Date-|28 janvier 1793}} au matin, un journal jacobin bi-quotidien, ''le Créole Patriote'' de Claude Milscent, publie avec un mot d'accompagnement de [[Jeanbon Saint-André]], député montagnard du Lot, une note de Hérault de Séchelles, Grégoire, Simond et Jagot. Elle indique leur « vœu formel », censé dissiper l'ambiguïté des termes {{Citation|pour la condamnation de Louis Capet sans appel au peuple}} (et dénoncée à ce titre au club des jacobins) : {{Citation|Pour la mort de Louis sans appel au peuple}}. Un second document, autographe lui, daté du 16 février 1793 montre [[André Jeanbon Saint-André|Jeanbon Saint-André]] écrire aux quatre commissaires pour les informer qu'en réaction à des insinuations négatives relatives à l'équivoque d'une lettre officielle ne comprenant pas la mention "à mort", il fait précisément publier dans le ''Créole Patriote'' leur note informant la Convention de leur vrai but ''pour la mort de Louis sans appel au peuple''. Or dans ses ''Mémoires'' en 1808 tout en niant avoir voulu la mort du roi, Grégoire reconnaît l'existence d'une intervention en faveur des quatre députés missionnaires, effectuée par Jeanbon Saint-André au club des jacobins<ref>Eugène Welvert, « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? » dans Eugène Welvert, ''Lendemains révolutionnaires, les régicides'', Paris, Calmann-Lévy 1907 ; Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire et ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc furent "régicides" article et documents inédits » ''Annales Historiques de la Révolution Française'', {{n°|303}}, {{1er}} trimestre 1996, {{p.|113-117}} ; « L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé », ''Cahiers d'Histoire Espace Marx'', {{numéro|63}}, {{2e}} trimestre 1996, {{p.|61-77}}.</ref>, en même temps qu'il se refuse {{Citation|à émettre une opinion sur ses collègues régicides qui ont suivi la voix de leur conscience}}<ref>Louis Maggiollo, ''L’abbé Grégoire, sa vie ses œuvres 1750-1831'', Paris, 1884, {{t.|1}}, {{p.|62}}.</ref>. D'après Eugène Welvert et Jean-Daniel Piquet l'abbé Grégoire n'ayant pas protesté dans ses ''Mémoires'' contre les interventions de [[André Jeanbon Saint-André|Saint-André]], il y a lieu de croire qu'elles correspondaient à ses opinions du moment. Le {{Date-|1 juillet 1793}} il reproche aux « législateurs » d'avoir « royalisé » ces contrées : {{Citation|Par la longueur de vos discussions sur le compte d'un tyran qu'il fallait se hâter d'envoyer à l'échafaud}} (soit l'appel au peuple, l'amendement Mailhe, le sursis)<ref>Convention Nationale : Rapport présenté à la Convention nationale au nom des commissaires envoyés par elle pour organiser les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, par Grégoire représentant nommé par le département de Loir-et-Cher, Paris, 1793.</ref>. Il regrette donc, comme Jeanbon Saint-André l'avait dit le 30 novembre 1792, que l'on n'ait pas été plus expéditif à l'égard de Louis XVI dont la vie et le procès même, à leurs yeux, mettaient en danger la république.


[[Bernard Plongeron]] conteste ces éléments, estimant que la note co-signée par Grégoire a été seulement insérée dans ''Le Créole Patriote'', journal à ses yeux "très confidentiel", et qu'on ne saurait à ce titre promouvoir au rang de "sources" et de pièce à conviction. Le document autographe de Saint-André envoyé aux commissaires
{{Citation bloc|Le doute méthodique en déblayant les idées reçues a émoussé le glaive de l'intolérance, éteint les bûchers de l'inquisition et affranchi les nègres<ref>Paul Grunenaum-Ballin, ''Henri Grégoire, ami des hommes de toutes les couleurs, la lutte pour la suppression de la traite et de l'esclavage, 1789-1831'', Paris, Imprimerie de la S.A.C.P., 1948, p. 86</ref>}}
n'est pas commenté. Bernard Plongeron s'étonne par ailleurs qu'on puisse soupçonner Grégoire de s'être comporté comme une girouette entre novembre 1792 et janvier 1793 ; eu égard à l'intrépidité du personnage dans ses combats sous la Restauration et de ses démentis constants de l'accusation de régicide<ref>Bernard Plongeron, ''Sur Grégoire « régicide » d'après des documents pris pour source'', ''AHRF'', {{n°|305}} {{3e}} trimestre 1996 {{p.|5358-5360}}</ref>.


À partir des attaques dont Grégoire fait l'objet au club des Jacobins et du fait que son avis n’est pas pris en compte par la Convention, l'historienne américaine, Allyssa Goldstein Sepinwall jette à son tour, le doute sur l'authenticité de la signature de Grégoire dans la note publiée par ''le Créole Patriote''. Ses trois collègues auraient pu signer la note à son insu en son nom après qu'il les a forcés à refaire la lettre sans la mention "à mort". Mais Chez Grégoire, d'après elle, l'équivoque et la girouette n'en priment pas moins :
La restauration de l'esclavage, devenue officielle avec la [[loi du 20 mai 1802]] ne l'empêcha pas de continuer à militer pour son abolition, comme en témoignent les nombreux ouvrages qu'il consacra à ce sujet.


{{Citation|On peut dire avec certitude que Grégoire s'essaya dans les deux voies. En 1792 il s'opposa à la peine de mort pour apaiser sa conscience religieuse, mais il demeura ambigu, à propos de ses véritables sentiments lorsque le verdict fut rendu, et il soutint l'exécution qui s'ensuivit afin de s'assurer de la punition du roi et de conserver son influence politique. L'ambiguïté présumée de la lettre (après tout il aurait pu choisir l'expression plus explicite de condamné à vie) dans le contexte de ses déclarations violemment antimonarchiques lui permit de garder de bonnes relations avec les patriotes de la Révolution sans toutefois avoir l'impression de violer ses croyances chrétiennes. Par conséquent lorsque Grégoire déclare n'avoir jamais changé d'opinion, il dissimule en réalité des choix stratégiques qu'il dut faire à des moments précis<ref>Allyssa Goldstein Sepinwall, ''L'abbé Grégoire et la Révolution française ; les origines de l'universalisme moderne'', Becherel, Éditions Les Perséides, 2005 p. 191-192.</ref>}}.
Ainsi, en 1808, l’abbé Grégoire publie l’un de ses textes les plus importants, ''[[s:De la littérature des nègres|De la littérature des nègres]]'', manifeste contre le rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière, mais aussi gage de la fidélité aux combats abolitionnistes menés au sein des ''Sociétés des Amis des Noirs''. Le fondement philosophique de la position de Grégoire est l’unité du genre humain, qui lui permet de concilier la proclamation révolutionnaire des droits de l’homme et le message évangélique. L’ouvrage reçut un accueil discret, mais provoqua des réactions indignées du parti colonial qui le présenta comme un manifeste du ''nigrophilisme'', un néologisme alors très péjoratif. Le livre est dédié « à tous les hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux noirs et sang-mêlé, soit par leurs ouvrages, soit par leurs discours dans les assemblées politiques, pour l’abolition de la traite, le soulagement et la liberté des esclaves ». Le livre connut un large succès d’estime à l’étranger. Il fut traduit d’abord en allemand, puis en anglais.


Cette auteure fait cependant l'impasse sur le mot d'accompagnement de Jeanbon Saint-André à la note parue dans ''le Créole Patriote'' du 28 janvier 1793-matin, sur la lettre de confirmation qu'il a envoyée aux commissaires le 16 février 1793 et sur la mention de son nom par Grégoire comme leur défenseur au club des Jacobins, dans ses ''Mémoires''.
Puis l'appel qu'il lança au [[congrès de Vienne]] (1815) : ''De la traite et de l’esclavage des Noirs''. À l'approche de la mesure, il édita une apologie de [[Bartolomé de Las Casas|Las Casas]] abordant indirectement le problème : blanchir l'évêque du [[Chiapas]] de l'accusation d'avoir défendu les droits des Indiens en plaidant la mise en esclavage des Noirs. Sous la Restauration, cette notice fait débat chez ses co-religionnaires anti-esclavagistes<ref>Jean-Daniel Piquet, "Controverses sur l'apologie de Las Casas lue par l'abbé Grégoire", ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 82-{{numéro|3}}-juillet-septembre 2002, {{p.|283-306}}.(revue numérisée depuis 2002 en format PDF)</ref>.


D'après Louis Maggiolo, les termes assez violents de la lettre officielle contre « ce roi parjure » laissent difficilement croire à une interprétation clémente du mot condamnation, et toujours d'après lui ses discours ultérieurs « lui donnèrent durant la Terreur le bénéfice et la sécurité du régicide »<ref>Louis Maggiolo, ''L’abbé Grégoire sa vie ses œuvres 1750-1831'', Paris, 1884, {{t.|1}}, {{p.|61-62}}.</ref>.
Dans un virulent pamphlet publié en 1822 sous le titre ''Des peines infamantes à infliger aux négriers'', il lance sa fameuse apostrophe<ref>{{Harvsp|Grégoire|1822|p=6|id=}}</ref>
{{citation bloc|J’appelle négrier, non seulement le capitaine du navire qui vole, achète, enchaîne, [[wikt:encaquer|encaque]] et vend des Noirs, ou sang-mêlés, qui même les jette à la mer pour faire disparaître le corps du délit, mais encore tout individu qui, par une coopération directe ou indirecte, est complice de ces crimes. Ainsi, la dénomination de négriers comprend les armateurs, affréteurs, actionnaires, commanditaires, assureurs, colons-planteurs, gérants, capitaines, contre-maîtres, et jusqu’au dernier des matelots, participant à ce trafic honteux.}}


L'historienne française [[Françoise Hildesheimer]], qui n'entend pas {{citation|en tirer une conclusion décisive}}<ref>Françoise Hildesheimer, ''L'abbé Grégoire une "tête de fer" en Révolution'', Paris, Nouveau-Monde Éditions 2022 {{p.|179}}.</ref> souligne le bien-fondé des remarques d'Allyssa Goldstein Sepinwall et de Louis Maggiollo et admet, sur la base de recherches érudites condamnées par les laudateurs de Grégoire, {{citation|quelques accommodements opportunistes}} contraires à « la vertu morale » qu'ils célèbrent en lui<ref>''Ibidem''.</ref>. Elle s'interroge également, à partir du cahier de correspondance d'Hérault de Séchelles sur la version de Grégoire quant à la mention « à mort » retirée d'un texte originel rédigé et signé par ses trois collègues<ref>Émile Dard, ''Hérault de Séchelles'', Paris, Perrin, 1907 {{p.|288}}.</ref>. Françoise Hildesheimer relève que l'original du texte lu à la Convention le 19 janvier s'y trouve {{citation|identique et unique, sans rature aucune ni autre jet contenant l'expression condamnation à mort de Louis Capet}}<ref> Françoise Hildesheimer, {{op.cit.}} {{p.|181-182}}. </ref>. Elle pose alors la question :
Une place porte le nom de l'abbé Grégoire à [[Fort-de-France]] en [[Martinique]], inaugurée le {{date-|28 décembre 1950}} par son maire [[Aimé Césaire]].


{{citation|Grégoire aurait-il réécrit l'histoire et se serait-il inventé une attitude vertueuse ?}}<ref> Françoise Hidelsheimer, {{op. cit.}}, {{p.|182}}.</ref>
=== Député à la Convention ===
[[Fichier:Liste comparative des cinq appels (...)Froullé Jacques-François bpt6k6214277f page 25.jpg|vignette|gauche|<center>Résultat des cinq appels nominaux <br>pour le ju[ge]ment de Louis XVI<br>Page 25</center>]]
Le département de [[Loir-et-Cher]] l’élut député à la [[Convention nationale]]. Dès la première séance, le {{Date|21|septembre|1792}}, fidèle à ses prises de position antérieures, il monta à la tribune pour défendre avec vigueur la motion sur l’abolition de la [[royauté]] proposée par [[Jean-Marie Collot d'Herbois|Collot d’Herbois]], et contribua à son adoption. C'est dans ce discours que l'on retrouve cette phrase mémorable : « les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre naturel ».
Elle relève que certains historiens, tels que [[Bernard Plongeron]], {{citation|à la réaction indignée et méprisante}}… Rita Hermon-Belot et quelques autres, qui {{citation|avaient largement ignoré les documents exhumés par Eugène Welvert, contestent ces pièces}}<ref>cité par F. Hildesheimer, {{op cit}}, {{p.|186}}.</ref>. A leurs yeux ils alimentent une {{citation|légende noire}} mettant le personnage en contradiction avec ses principes religieux. Mais ces historiens, relève-t-elle, ne discutent pas de la {{citation|légende dorée}} qu'ils avaient au contraire créée ou validée, erreurs à l'appui, lors du bicentenaire de la Révolution. Ainsi, en se basant sur l'article de François Moise, Bernard Plongeron, qu'elle considère comme {{citation|l'historien autorisé}}, a invoqué en 1989, au côté de la lettre collective du 13 janvier l'existence d'une missive personnelle de Grégoire où il indiquerait que {{citation|s'il reconnaissait à la Convention le droit de juger Louis XVI, sa religion lui défendait de répandre le sang des hommes}}<ref>Bernard Plongeron, ''L'abbé Grégoire ou l'arche de la fraternité'', Paris, Letouzey et Anné, 1989 {{p.|26}} ; id. article "Grégoire", ''Dictionnaire Napoléon''.</ref>. Or F. Hildesheimer après vérification a relevé que cette lettre n'a, au contraire, pas été signalée par l'article de Moise<ref>Françoise Hildesheimer, {{op cit}}, {{p.|186-187}}.</ref>, qu'elle est restée « introuvable », alors même qu'elle {{citation|l'aurait lavé de tout soupçon}}<ref>''Ibidem'' {{p.|187}} note 2. Cette remarque est déjà déjà formulée en 1996 dans Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire et ses trois collègues en mission… » note 12, {{p.|116}} ; la réponse de Bernard Plongeron « Sur Grégoire "régicide"...» ne conteste pas l'objection.</ref>.


Seul élément authentique apparemment à décharge pour Grégoire dans ce dossier, invoqué par Grégoire et ses défenseurs, François Moise en 1801, puis [[Pierre Fauchon]] et [[Georges Hourdin]] en 1989, la réaction de l'abbé [[Claude Fauchet]], député girondin du Calvados, publiée dans son périodique le ''Journal des Amis'' du 2 février 1793. Hostile à tout procès et à toute condamnation du roi, Fauchet s'abstient sur la culpabilité, vote pour l'appel au peuple, pour la détention durant la guerre, le bannissement à la paix, puis pour le sursis et considère que Grégoire n'a pas voulu la mort du roi à la lecture de la lettre officielle du 13 janvier 1793.
Élu président de la Convention, l'abbé Grégoire la présida en tenue épiscopale. Il ne participa pas au vote sur la mort de [[Louis XVI de France|Louis XVI]] : il est alors en mission à l'occasion de la réunion de la [[États de Savoie|Savoie]] à la France.


Selon Rita Hermon - Belot et la préfacière de son livre, [[Mona Ozouf]], de tels commentaires témoignent assurément de l'opinion générale de la Convention Nationale à l'égard de la position de Grégoire sur le sujet, quelle qu'ait été celle-ci : tout le monde considérait qu'il s'opposa à la mort du roi en janvier 1793<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'abbé Grégoire, la politique et la vérité'', Paris, Seuil, 2000, préface de Mona Ozouf.</ref>. Françoise Hildesheimer infléchit cette interprétation :
Après la révolution, jusqu'à sa mort il se défend de l'accusation portée par des royalistes ou des épiscopaux au second concile de Synode de 1801 (peut-être même au premier de 1797) de régicide. Ses dénégations ont été validées sur parole par de nombreux historiens au nom de sa religion ou de sa philosophie abolitionniste qui lui interdiraient de verser le sang. Quoi qu'on puisse penser en bien ou en mal des votes de {{date-|janvier 1793}} qui aboutirent à l'exécution du roi, ses multiples positions s'inscrivent en faux contre cette légende.
Il se prononça une première fois avant son départ en Savoie le {{date-|15 novembre 1792}}. Certes, il s'exprime en faveur de l'abolition de la peine de mort (mais pas du pardon chrétien, du fait même de sa volonté de juger et de punir Louis XVI). Mais loin de demander que Louis XVI bénéficie le premier d'une abolition, dans le cadre d'une peinture au vitriol de la royauté, il entend a priori mettre le roi à égalité avec tous les autres repris de justice et se demande même s'il ne faut pas faire une exception :
{{Citation bloc|Et moi aussi je réprouve la peine de mort ; je l'espère ce reste de barbarie disparaîtra de nos lois. Il suffit à la société que le coupable ne puisse plus nuire : assimilé en tout aux autres criminels, Louis partagera le bienfait de la loi si vous abrogez la peine de mort, vous le condamnerez alors à l'existence afin que l'horreur de ses forfaits l'assiège sans cesse et le poursuive dans le silence de la solitude… Mais le repentir est-il fait pour les rois<ref>''Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI, séance du 15 novembre 1792, l'an premier de la République française''. Paris : imprimerie nationale, 1792.</ref> ?}}


{{citation|Selon lui (Fauchet) Grégoire a écrit avec les autres commissaires du Mont-Blanc, qu'il votait pour que Louis fut jugé sans appel par la Convention Nationale ; mais la nature de la peine à infliger n'est point marquée dans cette lettre<ref>Françoise Hildesheiemer, {{op. cit.}}, p.180.</ref>. Il reste que, si Fauchet a cru devoir faire cette mise au point, c'est que la lettre du quatuor était ambiguë<ref>Ibidem.</ref>.}}
De nombreux conventionnels abolitionnistes (Robespierre, Saint-Just, Jeanbon Saint-André, Marat, Lequinio, Lepelletier de Saint-Fargeau) votent inconditionnellement la mort du roi, considérant que de toute façon en {{date-|janvier 1793}} la peine de mort étant encore dans la loi, la république ne pouvait faire d'exception pour Louis XVI. Le problème se pose aussi pour Grégoire ce fameux {{date-|13 janvier 1793}}. Selon ses allégations post-révolutionnaires il écrivit ce jour-la avec Hérault de Séchelles, Simond et Jagot, à Chambéry une lettre pour demander {{Citation|la condamnation de Louis Capet par la Convention nationale sans appel au peuple}}, mais en n'y mettant pas contrairement au premier vœu de ses trois collègues le mot « mort ». La réalité est tout autre. Le {{date-|28 janvier 1793}}-matin, un journal jacobin bi-quotidien, ''le Créole Patriote'', publia avec un mot d'accompagnement de Jeanbon Saint-André, une note de Grégoire et de ses trois collègues. Elle indiquait le « vœu formel » des quatre commissaires, censé dissiper l'ambiguïté des termes {{Citation|pour la condamnation de Louis Capet sans appel au peuple}} (et dénoncée à ce titre au club des jacobins) : {{Citation|pour la mort de Louis sans appel au peuple}}. Dans ses mémoires en 1808 tout en niant avoir voulu la mort du roi, Grégoire reconnut l'existence d'une intervention en faveur des 4 députés missionnaires de Jeanbon Saint-André au club des jacobins<ref>Eugène Welvert, ''L'abbé Grégoire fut-il régicide ?'' dans Eugène Welvert, lendemains révolutionnaires, les régicides, paris Calman-Levy 1907 ; Jean-Daniel Piquet, ''L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé'', ''Cahiers d'Histoire Espace Marx'', {{numéro|63}}, {{2e}} trimestre 1996</ref>, en même temps qu'il se refusa {{Citation|à émettre une opinion sur ses collègues régicides qui ont suivi la voix de leur conscience}}<ref>Louis MAGGIOLLO, ''L’abbé Grégoire sa vie ses œuvres 1750-1831'', Paris, 1884 tome 1, {{p.|62}}</ref>. De surcroît, à l'annonce de la mort de Louis XVI, Grégoire écrivit dans une adresse aux habitants du Mont-Blanc : {{Citation|Grâce au ciel, on ne jurera plus fidélité à un roi, puisque le fléau de la Monarchie a été anéanti ainsi que le tyran qui en était revêtu}}<ref>(Adresse aux citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc par le citoyen Grégoire, député à la Convention nationale).</ref>. Il ne manqua pas davantage dans l'année qui suivit (et dans deux écrits successifs) de glorifier la décapitation de Louis XVI, la comparant à l'exécution de {{Citation|Pisistrate, le Capet d'Athènes qui avait à peu près l'âge et la scélératesse de celui que nous avons exterminé}}<ref>Convention Nationale. Système de dénominations topographiques pour les places, rues, quais, etc. de toutes les communes de la République, 7 pluviôse an II-26-janvier 1794 ; ''Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté'', 12 germinal an II-{{1er}} avril 1794.</ref>. Entretemps, le {{date-|1 juillet 1793}} il reprocha aux « législateurs » d'avoir « royalisé » ces contrées : {{Citation|par la longueur de vos discussions sur le compte d'un tyran qu'il fallait se hâter d'envoyer à l'échafaud}} (soit l'appel au peuple, l'amendement Mailhe, le sursis)<ref>Convention Nationale : Rapport présenté à la Convention nationale au nom des commissaires envoyés par elle pour organiser les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, par Grégoire représentant nommé par le département de Loir-et-Cher, Paris, 1793</ref>. Toutefois, à partir d'attaques dont il fit l'objet au club des Jacobins et du fait que son avis ne fut pas pris en compte par la Convention, A Goldstien Sepinwall jette le doute sur l'authenticité de la signature de Grégoire dans la note publiée par ''le Créole Patriote''. Au vu des regrets embarrassés qu'il exprima à propos des déclarations régicides de {{date-|juillet 1793}} et d'{{date-|avril 1794}} il aurait pu par des déclarations ambiguës (la lettre officielle à la Convention ne portant ni la mention condamnation à mort ni la mention condamnation à vie) garder de bonnes relations avec les patriotes du moment, et rester en paix avec ses convictions chrétiennes<ref>Allyssa Goldstein SEPINWALL, ''L'abbé Grégoire et la Révolution française ; Les origines de l'universalisme moderne'', Becherel, Éditions Les Perseides, 2005 {{p.|189-192}}</ref>. D'après Louis Maggiollo les termes assez violents de la lettre officielle contre « ce roi parjure » laissaient difficilement croire à une interprétation clémente du mot condamnation, et toujours d'après lui ses discours ultérieurs « lui donnèrent durant la Terreur le bénéfice et la sécurité du régicide »<ref>Louis MAGGIOLO, ''L’abbé Grégoire sa vie ses œuvres 1750-1831'', Paris, 1884 tome 1, {{p.|61-62}}</ref>.


De son côté en étudiant sa proximité en 1793 et 1794 avec les milieux jacobins et montagnards sur l'affaire du régicide et des questions coloniales Jean-Daniel Piquet relève que les allégations de Fauchet présentées comme assurées, débutent par {{citation|je pense que}} et relèvent donc d'une interprétation personnelle dénuée de toute preuve documentaire ou même de témoignage oculaire<ref>Jean-Daniel Piquet, ''L'émancipation des Noirs dans la Révolution française 1789-1795'', Paris, Karthala, 2002, {{p.|270-271}} ; Idem, « L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs », ''[[Annales de l'Est]]'', {{6e}} série, {{52e}} année, {{numéro|1}}-2002,(janvier-{{Date-|juin 2002}}), {{p.|269-291}} (285 et note 55) </ref>. Et l'intervention du montagnard jacobin Jeanbon Saint-André est là pour démontrer que les députés qui votent dans une écrasante majorité {{incise|à la différence de Fauchet}} pour la culpabilité de Louis XVI, contre l'appel au peuple pour la mort et contre le sursis, sont désormais convaincus, comme le député du Lot, que Grégoire et ses trois collègues missionnaires s'étaient prononcés {{citation|pour la mort de Louis sans appel au peuple}}. Jean-Daniel Piquet a également relevé que Fauchet entend peut-être répondre à d'autres brissotins, qui ont interprété la lettre apparemment ambiguë du 13 janvier comme un appel clair à la mort de l'accusé. Ainsi en a-t-il été de [[Antoine-Joseph Gorsas]] qui vote l'appel au peuple et le bannissement. Dans le numéro du 20 janvier 1793 de son journal, le ''courrier des quatre-vingt-quatre départements'', Gorsas écrit à propos des quatre commissaires, {{citation|qu'ils sont convaincus de ses crimes, et qu'ils votent pour la condamnation à mort, sans appel au jugement du peuple. Cette lettre, signée Grégoire, Hérault, Jagot et Simon (sic), obtient le décret de mention honorable}}<ref>Jean-Daniel Piquet, « Lettre secrète de l'abbé Grégoire et de ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc, à Danton », ''Cahiers d'Histoire, Lyon, Grenoble, Clermont, Saint-Étienne, Chambéry, Avignon'', t.46-{{n°|3/4}}, {{3e}} /{{4e}} trimestres 2001, {{p.|397-415}}.</ref>.
Il s'inscrivait ainsi dans les doubles concepts religieux et antiques du « [[tyrannicide]] ». Certains analystes tels que Rita-Hermon -Belot et Mona Ozouf ont distingué sa haine viscérale de la monarchie, ses appels au meurtre des rois étrangers d'une aspiration à la clémence pour Louis XVI ou d'une hésitation sur le sujet<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'abbé Grégoire, la politique et la vérité'', Paris, 2000, préface de Mona Ozouf</ref>. Il a été pourtant relevé une opinion clairement assumée en l'an II, sur la journée du {{date-|21 janvier 1793}} : il soutint « les chansons triomphales » par lesquelles « nous célébrons l'époque où le tyran monta sur l'échafaud »<ref>(''Essai sur historique et patriotique sur les arbres de la liberté 12 germinal an II- {{1er}} avril 1794''cité par Eugène Welvert, "L'abbé Grégoire fut-il régicide ?" dans Eugène Welvert, ''lendemains révolutionnaires, les régicides'', Paris, Calman-Levy 1907 ; Jean-Daniel Piquet, ''L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé'', ''Cahiers d'Histoire Espace Marx'', {{numéro|63}},{{2e}} trimestre 1996.</ref>.


À propos de l'épithète « régicide » ou « non régicide », basée sur le critère strict du vote parisien à la Convention, Jean-Daniel Piquet considère que {{citation|si Grégoire n'est pas de ceux qui ont contribué à faire périr le roi de par son son statut d'"absent pour commission", pour la même raison il n'est pas de ceux, minoritaires mais nombreux, qui tentèrent de le sauver}}<ref>Jean-Daniel Piquet, {{op. cit.}}, {{p.|271}}, note 42.</ref>.
Parallèlement il s'occupa de la réorganisation de l'[[instruction publique]] en étant un des membres les plus actifs du Comité de l'Instruction publique. Dans le cadre de ce comité, il entreprit une grande enquête sur les « [[patois]] » pour favoriser l'usage du français.


==== L'exaltation du tyrannicide ====
Grégoire contribua aussi à la création, en [[1794]], du [[Conservatoire national des arts et métiers]] pour « perfectionner l'industrie nationale », du [[Bureau des longitudes]] et de l'[[Institut de France]].
En {{date-|mars 1792}} sous la Législative, à Blois dans son discours sur [[Jacques Guillaume Simonneau|Simonneau]], alors très remonté depuis {{date-|juin 1791}} contre la monarchie, il commence par dénoncer les rois comme « bourreaux du peuple », « fainéants titrés », « brigands couronnés », « fléaux de la terre », « tyrans »<ref>Sandrine Bouché, ''Grégoire sous la Législative'' art. cit.''Révolution francaise.net'', 18 décembre 2007.</ref>.


Sous la Convention dans le Mont-Blanc dès l'annonce en {{date-|janvier 1793}} de la mort de {{noble-|Louis XVI}}, Grégoire s'inscrit dans le double concept religieux et antique du « [[tyrannicide]] ». Ainsi écrit-il dans une adresse aux habitants du Mont-Blanc :
Il participe également à la sauvegarde contre les pillages de certains lieux, comme la [[Basilique de Saint-Denis]], au motif qu'ils font partie de l'histoire de France. À ce titre, il invente le terme « [[vandalisme]] », en précisant : {{citation|J'ai créé le mot pour tuer la chose<ref>Sur l'histoire du mot et les prétentions de Lakanal qui en réclame également la paternité, voir Cecilia Hurley, ''Monuments for the people: Aubin-Louis Millin's 'Antiquités nationales''', Turnhout (Belgique) 2013, {{p.|162}}, {{n°|47}}.</ref>.}} Cet engagement préfigure la création du statut de [[Monument historique (France)|monument historique]], qui est effective à partir de [[1840]]. Cependant, là non plus, il ne faut pas prendre à la lettre ses déclarations post-thermidoriennes – comme l'ont montré James Guillaume<ref>James Guillaume, Grégoire et le vandalisme, ''Révolution française'' 1902</ref> puis Serge Bianchi<ref>Serge Bianchi, ''Grégoire et le concept de vandalisme''</ref>. D'après le premier, notamment, en l'an II il a toujours agi en osmose avec le comité de salut public qu'il a accusé par la suite d'avoir organisé le vandalisme : protection des monuments patrimoniaux, exigée par le comité et destruction de toutes les pièces royales ; sous réserve qu'elles ne symbolisent pas un acte régicide. Ainsi le 14 fructidor an II-{{date-|31 août 1794}} (donc après la chute de Robespierre) il qualifie d'agents de l'Angleterre des vandales qui avaient détruit une estampe de l'exécution de Charles {{Ier}} en 1649. Et de regretter l'absence d'estampes de ce type pour chacun des rois de France.


{{Citation bloc|Grâce au Ciel, on ne jurera plus fidélité à un roi, puisque le fléau de la Monarchie a été anéanti ainsi que le tyran qui en était revêtu. Désormais les ecclésiastiques doivent jurer de maintenir la liberté, l’égalité ou de mourir en les défendant en y joignant la clause de veiller fidèlement sur les fidèles confiés à leurs soins<ref>Adresse aux citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc par le citoyen Grégoire, député à la Convention nationale) ; Albert Soboul (dir) ''Œuvres de Grégoire'', Paris, EDHIS 1977, tome 3, Grégoire, conventionnel en mission, p 4(8).</ref>.}}
Malgré la [[Terreur (Révolution)|Terreur]], il ne cesse de siéger à la [[Convention nationale|Convention]] en habit ecclésiastique et n'hésita pas à condamner vigoureusement la [[Déchristianisation (Révolution française)|déchristianisation]] des années [[1793]] et [[1794]]. Plusieurs fois, il faillit être arrêté. Il ne continue pas moins de se promener dans les rues en tenue épiscopale et à célébrer tous les jours la messe chez lui. Sans doute est-il soutenu à la Convention montagnarde par [[Robespierre]] et par [[Danton]] qui prononcent chacun en l'an II, le 1er frimaire-21 novembre et le 6 frimaire-26 novembre, un discours en faveur de la liberté des cultes. Mais après la chute de [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]] en 1794, il acquiert l'hôtel particulier de Robespierre à la rue du Pot de Fer dite du Verger (actuelle [[rue Bonaparte]]) et maintient cette pratique. Plutôt en contradiction avec ses autojustifications ultérieures d'un homme qui n'aurait pas voulu verser le sang d'un homme, le 13 thermidor an II/31 juillet 1794 il se félicite auprès de ses administrés des journées des 9 et 10 thermidor, des exécutions des frères Robespierre, de Saint-Just, de Couthon et de Lebas <ref> Pierre Fauchon, "l'abbé Grégoire, le prêtre citoyen", Editions de la Nouvelle République, Tours, 1989, p.104 ; Georges Hourdin, ''l'abbé Grégoire, évêque et démocrate'', Paris, 1989 p. 105 ; Jean-Daniel Piquet, "L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé", ''Cahiers d'histoire'', n° 63-2ème trimestre 1996, p. 71 </ref>. Ensuite, le {{date-|24 décembre 1794}}, devant la Convention, Grégoire prononce sous les huées son [https://archive.org/stream/tudessurlhistoi03unkngoog#page/n361/mode/2up ''Discours sur la liberté des cultes''] où il demande la liberté pour les cultes et la réouverture des églises.


Visiblement Grégoire exprime un soulagement religieux à l’annonce de l’échec cinglant de l’ultime tentative de sauvetage du roi : le sursis<ref>Jean-Daniel Piquet, L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs », Annales de l'Est, {{6e}} série, {{52e}} année, {{n°|1-2002}},
:« Pendant de longues années, je fus calomnié pour avoir défendu les mulâtres et les nègres, pour avoir réclamé la tolérance en faveur des juifs, des protestants, des anabaptistes. J’ai décidé de poursuivre tous les oppresseurs, tous les intolérants ; or je ne connais pas d’êtres plus intolérants que ceux qui, après avoir applaudi aux déclarations d’athéisme faites à la tribune de la Convention nationale, ne pardonnent pas à un homme d’avoir les mêmes principes religieux que Pascal et Fénelon<ref>Préface de la publication du ''Discours sur la liberté des cultes''.</ref>. »
janvier-juin 2002, {{p.|269-291}} ( 285).</ref>. À l’instar de certains montagnards, il clame vis-à-vis de ses coreligionnaires « liberté, égalité ou la mort ». Certains analystes tels que Rita Hermon-Belot et [[Mona Ozouf]] ont distingué sa haine viscérale de la monarchie, ses appels au meurtre des rois étrangers, d'une aspiration à la clémence pour {{noble-|Louis XVI}} ou d'une hésitation sur le sujet<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire, la politique et la vérité'', Paris, 2000, préface de Mona Ozouf.</ref>. Ce texte écrit juste après l’[[exécution de Louis XVI]] et publié dans les œuvres de Grégoire, fragilise le bien-fondé des doutes émis par certains quant à l'authenticité de la note publiée dans le ''Créole Patriote'' du {{date-|28 janvier 1793}}-matin ou sur la falsification éventuelle de sa signature personnelle. Il a été par ailleurs relevé ultérieurement tout à la fois sa haine, en l'[[an II]], de la tyrannie monarchique et son opinion clairement assumée en faveur des régicides historiques du {{Date-|21 janvier 1793}} et du {{date-|30 janvier 1649}} ; chacune des deux journées qui voient les exécutions de {{noble-|Louis XVI}} et de {{noble|Charles Ier (roi d'Angleterre)}} :


{{Citation bloc|Tout ce qui est royal ne doit figurer que dans les archives du crime. La destruction d’une bête féroce, la cessation d’une peste, la mort d’un roi, sont des moments d’allégresse pour l’histoire de l’humanité. Tandis que par des chansons triomphales nous célébrons l’époque où le tyran monta sur l’échafaud, l’Anglais avili porte le deuil anniversaire de [[Charles 1er]], l’Anglais s’incline devant [[Tibère]] et [[Sejan]]»<ref>''Essai sur historique et patriotique sur les arbres de la liberté 12 germinal an II-{{1er}} avril 1794'' cité par Eugène Welvert, « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? » dans Eugène Welvert, ''Lendemains révolutionnaires, les régicides'', Paris, Calmann-Lévy 1907 ; Jean-Daniel Piquet, ''L'Abbé Grégoire, un régicide panthéonisé'', ''Cahiers d'Histoire Espace Marx'', {{numéro|63}}, {{2e}} trimestre 1996. Par Tibère et Sejan, il fallait comprendre le roi d'Angleterre, {{noble|George III}} et son ministre [[William Pitt le Jeune|Pitt]].</ref>.}}
==== Universaliser l'usage de la langue française et éradiquer les langues dites régionales ou minoritaires ====
Dès le {{date-|13 août 1790}}, l'abbé Grégoire, membre de la Constituante, lance une importante enquête relative « aux patois et aux mœurs des gens de la campagne »<ref>{{Ouvrage|langue=fr|auteur1=Michel Baris|titre=Langue d'oïl contre langue d'oc|lieu=Lyon|éditeur=Fédérop|année=1978|pages totales=148|passage=Page 30|isbn=}}</ref>. Puis, à partir de 1793, pendant la Convention, au sein du Comité d'instruction publique où il se montre très actif, il lutte pour l'éradication de ces patois. L'universalisation de la langue française par l'anéantissement, non seulement des patois, mais des langues des communautés minoritaires (yiddish, créoles) est pour lui le meilleur moyen de répandre dans la masse les connaissances utiles, de lutter contre les superstitions et de {{Citation|fondre tous les citoyens dans la masse nationale}}, de {{Citation|créer un peuple}}. En ce sens, le combat de Grégoire pour la généralisation (et l'enseignement) de la langue française est dans le droit fil de sa lutte pour l'émancipation des minorités<ref>[[Michèle Perret]] ''La langue de la liberté, éloge de l'abbé Grégoire'', ''Mémoire de la société néophilologique de Helsinki'' (LXXVII), ''Du côté des langues romanes, mélanges en l'honneur de Juhani Härmä'', 2009, 221-232</ref>. En [[1794]] l'abbé Grégoire présente à la Convention son « Rapport sur la Nécessité et les Moyens d'anéantir les Patois et d'universaliser l'Usage de la Langue française », dit [[Rapport Grégoire]], dans lequel il écrit :


L'abbé Grégoire s'associe donc pleinement en 1794 aux célébrations nationales du premier anniversaire de la journée du {{date-|21 janvier 1793}} ; mais aussi par la négative du premier martyr de la Montagne, [[Louis-Michel Lepeletier de Saint-Fargeau|Lepeletier de Saint-Fargeau]], assassiné le {{date-|20 janvier 1793}} pour avoir voté la mort de Louis XVI. Il lui compare le tyrannicide [[Harmodius]], qui malgré ses origines aristocratiques mourra en martyr pour avoir tué un tyran. D'après l'abbé Grégoire, Harmodius a exécuté {{Citation|[[Pisistrate]]<ref>En réalité son fils [[Hipparque (tyran)|Hipparque]].</ref>, le Capet d'Athènes qui avait à peu près l'âge et la scélératesse de celui que nous avons exterminé}}<ref>Convention Nationale, Système de dénominations topographiques pour les places, rues, quais, etc. de toutes les communes de la République, 7 pluviôse an II-26-janvier 1794 ; ''Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté'', 12 germinal an II-{{1er}} avril 1794 ; la note 2 du chapitre 1 est une reprise du passage des ''notes topographiques'' « sur invitation des gens de lettres ».</ref>.
{{Citation bloc|[…] on peut uniformiser le langage d’une grande nation […]. Cette entreprise qui ne fut pleinement exécutée chez aucun peuple, est digne du peuple français, qui centralise toutes les branches de l’organisation sociale et qui doit être jaloux de consacrer au plus tôt, dans une République une et indivisible, l’usage unique et invariable de la langue de la liberté.}}


Entre-temps, le {{date-|2 juin 1793}}, juste après l'expulsion des ténors de la [[Gironde (Révolution française)|Gironde]], sur laquelle il ne se prononce cependant pas, il clame la nécessité de faire un « exemple terrible » en punissant « du supplice du tyran le chef de la force armée qui menaçait la Convention »<ref>Caroline Chopelin, Paul Chopelin, ''L'obscurantisme et les Lumières ; itinéraire de l'abbé Grégoire évêque révolutionnaire'', Paris, Vendémiaire, 2013, préface de Bernard Plongeron, {{p.|63}}.</ref>.
=== La réorganisation de l'Église constitutionnelle ===


Relevons quand même que si sa haine de la tyrannie est intransigeante, celle des monarques n'est pas aussi absolue. Au moment de quitter Blois pour Paris à l'été 1792, il prononce un sermon dans lequel il admet que deux rois de France sur les soixante-dix ayant régné méritaient considération<ref>Alyssa Goldstien Sepinwall, ''L'abbé Grégoire et la révolution française ; les origines de l'universalisme moderne'', Paris, Les Persoides, 2008, {{p.|177}}.</ref>. Il s'agissait de [[Louis IX|saint Louis]] et de {{noble|Charles V le Sage|}}<ref>''Discours prononcé dans l’Église cathédrale de Blois… au service célébré pour les citoyens morts le 10 août 1792'', Blois, imprimerie de Jean-François Billault, 1792.</ref>.
Fin 1794, il constitue avec [[Jean-Baptiste Royer|Royer]], Desbois et [[Jean-Baptiste Pierre Saurine|Saurine]] le groupe des « Évêques réunis à Paris » qui se donne pour mission de régénérer l’Église de France gravement affaiblie par la campagne de déchristianisation et les démissions d’évêques et de prêtres. En [[1795]], il crée avec les évêques constitutionnels [[Jean-Baptiste Pierre Saurine|Saurine]] et [[Claude Debertier|Debertier]], ainsi qu'avec des laïcs, la [[Société de philosophie chrétienne|Société libre de philosophie chrétienne]], qui a pour but de reprendre les [[Théologie|études théologiques]] arrêtées à cause de la [[Révolution française|Révolution]], de lutter contre la [[Déchristianisation (Révolution française)|déchristianisation]] et contre la [[théophilanthropie]] et le [[culte de la Raison et de l'Être suprême]]. L'organe de cette société, les ''[[Annales de la religion]]'', est un journal [[Gallicanisme|gallican]] et virulent, supprimé par Bonaparte à la suite du [[Régime concordataire|Concordat]].


==== La promotion de l'instruction publique ====
Sous le [[Directoire]], il s'efforce de réorganiser l'[[Église constitutionnelle]]. Il organise avec les évêques constitutionnels deux [[concile]]s nationaux, en [[1797]] et [[1801]], pour tenter de mettre sur pied une véritable Église gallicane.
[[Fichier:Rapport sur l'établissement d'un conservatoire (...)Grégoire Henri btv1b10538212s.jpg|vignette|gauche|<center>Rapport sur l'établissement<br>d'un conservatoire des arts et métiers<br>par Grégoire<br>8 vendémiaire de l'an 3 (10 octobre 1794)</center>]]
[[Fichier:Rapport sur l'etablissement du bureau des longitudes par Grégoire.jpg|vignette|droite|<center>Rapport sur l'établissement<br>du bureau des longitudes<br>lu à la tribune de la Convention<br>7 messidor an 3 (25 juin 1795)</center>]]
* Grégoire s'occupe de la réorganisation de l'[[instruction publique]] en étant un des membres les plus actifs du [[Comité de l'Instruction publique]]. Dans le cadre de ce comité, dès le {{Date-|13 août 1790}}, il lance une [[Rapport Grégoire|grande enquête]] qui lui prendra 4 ans jusqu'en 1794<ref>{{Lien web|site=Collège de France|titre=La langue de la liberté|auteur=Antoine Lilti|date=2024-03-04|url=https://www.college-de-france.fr/fr/agenda/cours/universalisme-des-lumieres-debats-et-controverses/la-langue-de-la-liberte|consulté le=2024-06-11}}</ref> relative « aux [[patois]] et aux mœurs des gens de la campagne »<ref>{{Ouvrage|auteur=Michel Baris|titre=Langue d'oïl contre langue d'oc|lieu=Lyon|éditeur=Fédérop|année=1978|pages totales=148|passage=p.30|asin=B0000E99B7}}</ref> pour favoriser l'usage du français. Puis, à partir de 1793, pendant la Convention, au sein du Comité d'instruction publique où il se montre très actif, il lutte pour l'éradication de ces patois. L'universalisation de la langue française par l'anéantissement, non seulement des patois, mais des langues des communautés minoritaires (yiddish, créoles) est pour lui le meilleur moyen de répandre dans la masse les connaissances utiles, de lutter contre les superstitions et de {{Citation|fondre tous les citoyens dans la masse nationale}}, de {{Citation|créer un peuple}}. En ce sens, le combat de Grégoire pour la généralisation (et l'enseignement) de la langue française est dans le droit fil de sa lutte pour l'émancipation des minorités<ref>[[Michèle Perret]] ''La langue de la liberté, éloge de l'abbé Grégoire'', ''Mémoire de la société néophilologique de Helsinki'' (LXXVII), ''Du côté des langues romanes, mélanges en l'honneur de Juhani Härmä'', 2009, 221-232.</ref>. En 1794 l'abbé Grégoire présente à la Convention son « ''Rapport sur la Nécessité et les Moyens d'anéantir les Patois et d'universaliser l'Usage de la Langue française'' », dit [[Rapport Grégoire]], dans lequel il écrit :<br>{{Citation| On peut uniformiser le langage d’une grande nation […]. Cette entreprise qui ne fut pleinement exécutée chez aucun peuple, est digne du peuple français, qui centralise toutes les branches de l’organisation sociale et qui doit être jaloux de consacrer au plus tôt, dans une République une et indivisible, l’usage unique et invariable de la langue de la liberté<ref>On peut lire un large extrait du discours ici : {{Lien web|site=Assemblée nationale|titre=Notre langue et nos cœurs doivent être à l'unisson|sous-titre=Discours à la Convention nationale : 4 juin 1794|url=https://www.assemblee-nationale.fr/histoire/Abbe-Gregoire1794.asp|consulté le=2024-06-11}}</ref>.}}


* Il contribue aussi à la création, en 1794, du [[Conservatoire national des arts et métiers]]. L’acte de naissance de la nouvelle institution – un décret de la [[Convention nationale]] du {{Date républicaine|19 vendémiaire an III|conversion}} – résulte du rapport très étayé, en date du {{Date républicaine|8 vendémiaire an III|conversion}} qu'a rédigé Grégoire. Car il veut engager la nation dans la voie du progrès en défendant le principe d’une souveraineté économique et propose en ce sens l’établissement de ce concervatoire<ref>{{Ouvrage|auteur=Henri Grégoire|titre=Rapport sur l’établissement d’un Conservatoire des Arts et Métiers, Séance du 8 vendémiaire, l’an 3 de la République une et indivisible|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie nationale|date=1794-09-29|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10538212s|consulté le=2024-06-11}}</ref> pour « perfectionner l'industrie nationale ».
Il tente de s'opposer à la signature du [[Concordat de 1801]]. Contraint à la démission, avec les autres évêques constitutionnels, l'homme à la « tête de fer » (comme le définit l'historien [[Jules Michelet]]) fait toujours suivre son nom de la mention « évêque constitutionnel de Blois ».


* Il joue un rôle éminent dans l'institution du [[Bureau des longitudes]] en lisant le à la tribune de la Convention le rapport qu’il a rédigé en concertation avec les comités de marine, des finances et de l’instruction publique. Il en affirme très clairement les objectifs : {{citation |Les succès des Anglais à diverses époques, et spécialement dans la guerre de 1761, n'ont que trop prouvé que la supériorité de la marine décide souvent des résultats de la guerre. Une des mesures les plus efficaces pour étouffer la tyrannie britannique, c'est de rivaliser dans l'emploi des moyens par lesquels cet État, qui ne devrait jouer qu'un rôle secondaire dans l'ordre politique, est devenu une puissance colossale. Or les Anglais, bien convaincus que sans astronomie on n'avait ni commerce, ni marine, ont fait des dépenses incroyables pour pousser cette science vers la perfection.|Discours du 7 messidor An III}}<ref>{{Ouvrage|titre=Rapport sur l'établissement du bureau des longitudes|sous-titre=Séance du 7 messidor an 3 de la République une et indivisible|auteur=Grégoire|éditeur=[[Imprimerie nationale]]|année=1795|url=https://archive.org/details/rapportsurletabl00greg_0|consulté le=2024-06-11}}</ref>.<br>Mais ce ne sont pas les seules attributions de ce bureau, il est aussi chargé de la rédaction de la ''[[Connaissance des Temps]]'', publication annuelle contenant les [[Éphéméride (astronomie)|tables astronomiques]] créée en 1679. II doit également assurer la rédaction d'un « annuaire propre à régler ceux de la République ». Le Bureau des longitudes a donc plus généralement pour mission le perfectionnement des tables astronomiques. II a donc sous sa responsabilité l'[[Observatoire de Paris]], et celui de l'[[École militaire]] et tous les instruments d'astronomie qui appartiennent à la nation (en particulier ceux saisis à la [[Révolution française|Révolution]]). L'un des membres du Bureau doit également faire chaque année un cours d'[[astronomie]]<ref>{{Article|titre=Une création de la Convention : le Bureau des longitudes|auteur=B. Morando|périodique=[[L'Astronomie]]|volume=103|année=1989-06|pages=299-307}}.</ref>.
Il publie en [[1799]] un ''Projet de réunion de l'Église russe à l'Église latine''. Il œuvre aussi à la réhabilitation de [[Port-Royal des Champs]] en publiant, en [[1801]] puis en [[1809]], ''Les Ruines de Port Royal des Champs'', qui mettent en valeur les vertus des religieuses [[Jansénisme|jansénistes]] et des Solitaires. Cet écrit contribue à la naissance du mythe de Port-Royal comme foyer intellectuel et comme foyer de résistance à l'[[absolutisme]].


*Il contribue aussi à la création de l'[[Institut de France]]. Au moment de la [[Révolution française|Révolution]] des académies existent depuis longtemps. Il s'agit de l’[[Académie française]] fondée en 1635 sous l’égide de [[Armand Jean du Plessis de Richelieu|Richelieu]] et qui publie son premier dictionnaire en 1694, une académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648 à l'initiative de [[Charles Le Brun]], de musique, d’architecture, des inscriptions et des belles-lettres et des sciences fondées entre 1648 et 1671 sous l'égide de [[Jean-Baptiste Colbert|Colbert]]<ref>{{Lien web|site=L'Institut de France|titre=Notre histoire|url=https://www.institutdefrance.fr/histoire/1663-4/|consulté le=2024-06-13}}</ref>.<br>Mais toutes ces académies ont, aux yeux des députés de la [[Convention nationale|Convention]], la tache originelle d’avoir été fondées, subventionnées et, ou [[Lettres patentes|patentées]] par le pouvoir royal honni. Au sein du Comité de l’instruction publique de la Convention, Grégoire rédige un rapport faisant le procès des académies et affirme solennellement à la tribune que « le vrai génie est [[sans-culotte]] et s’il n’était pas encouragé, les riches, qui ne conserveront que trop l’ascendant de la fortune, auraient encore bientôt celui de la science<ref>Voir une partie de ce rapport dans {{Lien web|site=Gallica|titre=Lois, statuts et règlements concernant les anciennes académies et l'institut de 1635 à 1889. Tableau des fondations|auteur1=Léon Aucoc|auteur2=Institut de France|date=1889-03|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie nationale|pages=CCIII à CCV|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5701437d/f216.item|consulté le=2024-06-14}} La citation est tout en bas de la page CCV</ref> ». Suite à son discours, la Convention décrète le {{date républicaine|21 thermidor an I|conversion}}, la suppression de toutes les académies royales, {{Citation|royaume des lettrés, titrés, mitrés}} selon la formule de [[Sébastien-Roch Nicolas de Chamfort|Chamfort]]<ref>{{Lien web|site=Gallica|titre=Lois, statuts et règlements concernant les anciennes académies et l'institut de 1635 à 1889. Tableau des fondations|auteur1=Léon Aucoc|auteur2=Institut de France|date=1889-03|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie nationale|pages=CCIII à CCV|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5701437d/f216.item|consulté le=2024-06-14}}</ref>, y compris l'Académie française, et confirme l'interdiction d'élire de nouveaux membres pour remplacer ceux décédés. Elles sont donc dissoutes.<br> Par décret daté du {{date républicaine|5 Fructidor an III|conversion}}, ces académies sont remplacées par une seule entité : l'[[Institut de France]], dont la [[loi Daunou]]<ref>[[Pierre Daunou]], comme Grégoire, est membre du Comité de l’instruction publique.</ref> arrête l'organisation le {{date républicaine| 3 brumaire anIV|conversion}}<ref>{{Lien web|site=Gallica|titre=Lois, statuts et règlements concernant les anciennes académies et l'institut de 1635 à 1889. Tableau des fondations|auteur1=Léon Aucoc|auteur2=Institut de France|date=1889-03|lieu=Paris|éditeur=Imprimerie nationale|pages=3-11|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5701437d/f224.item|consulté le=2024-06-14}}</ref> en plusieurs classes qui évolueront plusieurs fois jusqu’en 1832, prenant alors la configuration qu'on lui connaît encore au {{s-|XXI}}.
La [[constitution de l'an III]] le fit entrer au [[conseil des Cinq-Cents]] ([[député de l'Hérault]]) ; le [[coup d'État du 18 Brumaire]] le porta au [[Corps législatif (Consulat)|Corps législatif]] ([[député de Loir-et-Cher]]).


==== Le protecteur des biens de la Nation ====
Présenté par le Corps législatif, le [[Tribunat]] et le [[Sénat conservateur]], pour faire partie de ce dernier corps, ce ne fut qu'après une assez longue hésitation qu'il accepta ces hautes fonctions (4 nivose an X : {{date|25|décembre|1801}}). Il fut nommé [[Légionnaire (Légion d'honneur)|membre de la Légion d'honneur]] le 9 vendémiaire an XII et commandant de l'Ordre le [[25 prairial]] suivant. Il devint [[comte de l'Empire]] en [[1808]].
[[Fichier:Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer Par Grégoire, Séance du 14 Fructidor, l'an second de la République une et indivisible, 31 aout 1794.jpg|vignette|<center>''Rapport sur les destructions opérées<br> par le Vandalisme,<br> et sur les moyens de le réprimer,<br> par Grégoire, Séance du 14 Fructidor,<br> l'an second de la République<br> une et indivisible, 31 aout 1794.''<br> (BNF, département des estampes<br> et de la photographie.)</center>]]
La notion de ''[[vandalisme]]'' est démocratisée par les écrits de l'abbé Grégoire dans un rapport adressé à la Convention nationale en {{Date-|août 1794}}, en pleine Révolution française, après [[Chute de Robespierre]] en thermidor an II. Il met en avant la destruction massive et impunie des monuments et objets qu'il considère ''« nationaux »''. Il participe à la sauvegarde contre les pillages de certains lieux, comme la [[basilique de Saint-Denis]], au motif qu'ils font partie de l'histoire de France. Il joue un grand rôle dans la prise de conscience patrimoniale et demande la conservation des monuments de l'ancienne France monarchique, pourtant cibles des émeutes. Cette notion de ''[[vandalisme]]'' puisait ses origines sémantiques et étymologiques dans le mot ''[[vandales]]'', un peuple germanique acteur des grandes invasions du {{s-|V}}, considéré depuis le Haut Moyen Âge comme un peuple barbare. Dans ses ''Mémoires'', l'abbé Grégoire revendique la paternité de ce néologisme, et déclare l'objectif de sa démarche :


{{Citation bloc|Je créai le mot pour tuer la chose|Henri Grégoire|''Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois'', 1837<ref>Voir les Mémoires de Grégoire sur Wikisource[https://fr.wikisource.org/wiki/Mémoires_de_Grégoire,_ancien_évêque_de_Blois/Notice ].</ref>{{,}}<ref>Voir {{en}} Cecilia Hurley, ''Monuments for the people: Aubin-Louis Millin's 'Antiquités nationales''', Turnhout (Belgique) 2013, {{p.|162}}, {{n°|47}}.</ref>}}
=== L’opposant aux régimes « aristocratiques » ===


Cet engagement préfigure la création du statut de [[Monument historique (France)|monument historique]], qui est effective à partir de 1840. Cependant, là non plus, il ne faut pas prendre à la lettre ses déclarations post-thermidoriennes<sup>[Lequelles?]</sup>, comme l'ont montré [[James Guillaume]]<ref>James Guillaume, Grégoire et le vandalisme, ''Révolution française'' 1902.</ref> puis Serge Bianchi<ref>Serge Bianchi, ''Grégoire et le concept de vandalisme''.</ref>. D'après le premier, notamment, en l'an II, Grégoire agit en osmose avec le comité de salut public (qu'il accuse par la suite d'avoir organisé le vandalisme) : protection des monuments patrimoniaux exigée par le comité mais destruction de toutes les pièces royales, sous réserve qu'elles ne symbolisent pas un acte régicide. Ainsi le 14 fructidor an II-{{Date-|31 août 1794}} (donc après la chute de Robespierre) Grégoire qualifie d'agents de l'Angleterre des vandales qui venaient de détruire une estampe représentant l'exécution en 1649 de [[Charles Ier (roi d'Angleterre)|Charles Ier ]], et regrette l'absence d'estampes de ce type pour chacun des rois de France{{Référence nécessaire}}.
=== La résistance à la censure et au rétablissement de l'esclavage ===

Il s'engage contre le [[rétablissement de l'esclavage par Napoléon]] après son coup d'Etat de 1799, quand {{cita|la censure et la propagande officielle}}<ref name=MarcelDorignycr>"La démence coloniale sous Napoléon", par Yves Benot en 1992, aux Editions La Découverte, compte-rendu de lecture par l'historien [[Marcel Dorigny]] dans la revue scientifique des ''Annales historiques de la Révolution française'' en 1993 [https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1993_num_293_1_1595_t1_0558_0000_2] </ref> du nouveau régime {{cita|imposent une idéologie massivement inégalitaire}}<ref name=MarcelDorignycr/>, à une opinion publique [[Rétablissement de l'esclavage par Napoléon#Diversité des réactions, censure et opinion publique hostile|souvent hostile, selon les rapports de police]], via de nombreux articles de presse, brochures et gros ouvrages souhaitant rejeter l'apport des Lumières, {{cita|ouvertement au profit de théories pseudoscientifiques visant à classer et hiérarchiser}}<ref name=MarcelDorignycr/> les « races » humaines, {{cita|tout en proclamant hautement la vocation}} des « êtres supérieurs » à « civiliser » les autres hommes<ref name=MarcelDorignycr/>, selon les analyses détaillées des publications de l'époque réunies par l'historien [[Yves Benot]] dans un livre de 1992<ref name=benot1992>"La démence coloniale sous Napoléon", par Yves Benot en 1992, aux Editions La Découverte</ref>.
==== Pendant la Terreur ====
Au même moment se manifeste la persistance de « pôles de résistance »<ref name=MarcelDorignycr/>{{,}}<ref name=benot1992/> à la censure, émanant d'anti-esclavagistes, pas seulement les plus connus comme l'abbé Grégoire mais aussi d'autres libéraux plus modérés incluant aussi [[Amaury Duval (historien)|Amaury Duval]], [[Pierre-Louis Ginguené]], [[Jean-Baptiste Say]], [[Joseph-Marie de Gérando]], [[Dominique Dufour de Pradt]] et [[Antoine Destutt de Tracy]]<ref name=MarcelDorignycr/>{{,}}<ref name=benot1992/>.
Malgré la [[Terreur (Révolution)|Terreur]], il ne cesse de siéger à la [[Convention nationale|Convention]] en habit ecclésiastique et n'hésite pas à condamner vigoureusement la [[Déchristianisation (Révolution française)|déchristianisation]] des années 1793 et 1794. Plusieurs fois, il échappe de peu à une arrestation. Il n'en continue pas moins de se promener dans les rues en tenue épiscopale et à célébrer tous les jours la messe chez lui. Sans doute est-il soutenu à la Convention montagnarde par [[Robespierre]] et par [[Danton]] qui prononcent chacun en l'an II, le {{1er}} frimaire-21 novembre et le 6 frimaire-26 novembre, un discours en faveur de la liberté des cultes. Le 3 février 1793 Grégoire, Hérault de Séchelles, Simond et Jagot ont, sous le sceau du secret, écrit une lettre alarmiste à Danton dont ils connaissaient déjà l'esprit de tolérance religieuse et sa compétence missionnaire, pour l'informer de leur isolement et leur impopularité dans le département du Mont-Blanc<ref>Jean-Daniel Piquet, « Lettre secrète de l'abbé Grégoire et de ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc, à Danton », ''Cahiers d'Histoire, (Lyon, Grenoble, Clermont, Saint-Étienne, Chambéry, Avignon)'', tome 46 {{numéro|3}}-4, {{3e}}/{{4e}} trimestres 2001, {{p.|397-415}}.</ref>. Les facteurs d'opposition locale aux commissaires étaient alors nombreux : « opposition nobiliaire, cléricale, hostilité larvée des municipalités et des administrateurs provisoires, fidélité douteuse des Jacobins locaux, enfin et surtout hostilité générale des populations, chose terrible pour celui qui se croyait libérateur et se voit assimilé à un occupant »<ref> Françoise Hildesheimer, {{op. cit.}}, {{p.|171}}.</ref>. il y avait aussi espionnage « du Maire jusqu'au Mendiant », refus de « ne rien nous communiquer »<ref>Alysson Goldstein Sepinwall, {{op. cit.}}, {{p.|181}}.</ref>. Quant au secret du document {{citation|il s'explique probablement par la crainte d'un renforcement de l'anticléricalisme girondin que réprouvaient Danton et Robespierre<ref>Françoise Hildesheimer {{op. cit.}} p.171, note 1.</ref>.}}

On n'oubliera pas non plus la convergence sur le régicide{{Pas clair}}, Danton s'étant prononcé après son retour de mission pour la mort et contre le sursis puis fait repousser le jour du suffrage sur la peine une décision prise à la majorité des 2/3 des voix, proposée par le brissotin [[Lanjuinais]]<ref>Jean-Daniel Piquet, Lettre secrète… art. cité.</ref>. Danton aurait même dit à la fin novembre 1792 : {{citation|Il ne faut pas juger le roi mais simplement le tuer<ref>Jacques-Philippe Giboury, ''Dictionnaire des régicides'', Paris, Perrin, 1989 notice "Danton".</ref>}}.

Mais après la chute de [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]] en juillet 1794, il acquiert l'hôtel particulier de Robespierre<sup>{{Référence demandée}}</sup> dans la rue du Pot-de-Fer dite du Verger (actuelle [[rue Bonaparte]]) et maintient cette pratique<sup>[Laquelle?]</sup>. Plutôt en contradiction avec ses autojustifications ultérieures d'un homme qui n'aurait pas voulu verser le sang d'un homme, le 13 thermidor an II/31 juillet 1794 il se félicite auprès de ses administrés des journées des 9 et 10 thermidor, des exécutions des [[Maximilien de Robespierre|frères Robespierre]] (Maximilien et Augustin), de [[Louis Antoine de Saint-Just|Saint-Just]], de [[Georges Couthon|Couthon]] et de [[Philippe-François-Joseph Le Bas|Lebas]]<ref>Pierre Fauchon, « L'abbé Grégoire, le prêtre citoyen », Éditions de la Nouvelle République, Tours, 1989, {{p.|104}} ; Georges Hourdin, ''l'abbé Grégoire, évêque et démocrate'', Paris, 1989 {{p.|105}} ; Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé », ''Cahiers d'histoire'', {{n°|63-}}{{2e}} trimestre 1996, {{p.|71}}.</ref>. Ce qui a fait dire à [[Françoise Hildesheimer]] : {{citation|Ni regret ni déploration du sang versé dans ce cas aussi}}<ref>Françoise Hidelsheimer, ''L'abbé Grégoire, une "tête de fer" en Révolution'', Paris, Nouveau Monde Éditions, {{p.|235}}. </ref>. Ensuite, le {{Date-|24 décembre 1794}}, devant la Convention, Grégoire prononce sous les huées son ''Discours sur la liberté des cultes''<ref>[https://archive.org/stream/tudessurlhistoi03unkngoog#page/n361/mode/2up ''Discours sur la liberté des cultes'']</ref> où il demande la liberté pour les cultes et la réouverture des églises : {{Citation|Pendant de longues années, je fus calomnié pour avoir défendu les [[mulâtre]]s et les [[Histoire du terme « nègre »|nègres]], pour avoir réclamé la tolérance en faveur des [[juifs]], des [[Protestantisme|protestants]], des [[Anabaptisme|anabaptistes]]. J’ai décidé de poursuivre tous les oppresseurs, tous les intolérants ; or je ne connais pas d’êtres plus intolérants que ceux qui, après avoir applaudi aux déclarations d’[[athéisme]] faites à la tribune de la [[Convention nationale]], ne pardonnent pas à un homme d’avoir les mêmes principes religieux que [[Blaise Pascal|Pascal]] et [[Fénelon]]<ref>Préface de la publication du ''Discours sur la liberté des cultes''.</ref>.}}

=== La réorganisation de l'Église constitutionnelle et gallicane ===

Après son élection comme [[évêque constitutionnel]] par deux des départements nouvellement créés : la Sarthe et le Loir-et-Cher (1791), il choisit le Loir-et-Cher. Consacré comme évêque de Blois, il exerce sa fonction pendant dix ans, parcourant inlassablement son diocèse.

Fin 1794, il constitue avec [[Jean-Baptiste Royer|Royer]], [[Éléonore-Marie Desbois de Rochefort|Desbois]] et [[Jean-Baptiste Pierre Saurine|Saurine]] le groupe des « Évêques réunis à Paris » qui se donne pour mission de régénérer l’Église de France gravement affaiblie par la campagne de déchristianisation et les démissions d’évêques et de prêtres. En 1795, il crée avec les évêques constitutionnels [[Jean-Baptiste Pierre Saurine|Saurine]] et [[Claude Debertier|Debertier]], ainsi qu'avec des laïcs, la [[Société de philosophie chrétienne|Société libre de philosophie chrétienne]], qui a pour but de reprendre les [[Théologie|études théologiques]] arrêtées du fait de la [[Révolution française|Révolution]], de lutter contre la [[Déchristianisation (Révolution française)|déchristianisation]] et contre la [[théophilanthropie]] et le [[culte de la Raison et de l'Être suprême]]. L'organe de cette société, les ''[[Annales de la religion]]'', est un journal [[Gallicanisme|gallican]] et virulent, supprimé par Bonaparte à la suite du [[Régime concordataire|Concordat]] {{Références nécessaires}}.

Sous le [[Directoire]], il s'efforce de réorganiser l'[[Église constitutionnelle]]. Il organise avec les évêques constitutionnels deux [[concile]]s nationaux, en 1797 et 1801, pour tenter de mettre sur pied une véritable Église gallicane{{Références nécessaires}}.

Il tente de s'opposer à la signature du [[Concordat de 1801]]. Contraint à la démission, avec les autres évêques constitutionnels, l'homme à la « tête de fer », comme le définissait l'historien [[Jules Michelet]], fait toujours suivre son nom de la mention « évêque constitutionnel de Blois »{{Références nécessaires}}.

En 1799, il publie un ''Projet de réunion de l'Église russe à l'Église latine''. Il œuvre aussi à la réhabilitation de [[Port-Royal des Champs]] en publiant, en 1801 puis en 1809, ''Les Ruines de Port Royal des Champs'', qui mettent en valeur les vertus des religieuses [[Jansénisme|jansénistes]] et des [[Solitaires (Port-Royal)|Solitaires]]. Cet écrit contribue à la naissance du mythe de Port-Royal comme foyer intellectuel et comme foyer de résistance à l'[[absolutisme]]{{Références nécessaires}}.

=== Conseil des Cinq-cents et Corps législatif ===

La [[constitution de l'an III]] ( 22 août 1795) le fait entrer au [[conseil des Cinq-Cents]] ([[député de l'Hérault]]) ; le [[coup d'État du 18 Brumaire]] (9 novembre 1799) le porte au [[Corps législatif (Consulat)|Corps législatif]] comme [[député de Loir-et-Cher]]{{Références nécessaires}}.

Présenté par le Corps législatif, le [[Tribunat]] et le [[Sénat conservateur]], pour faire partie de ce dernier corps, ce n'est qu'après une assez longue hésitation qu'il accepte ces hautes fonctions le {{Date républicaine|4 nivôse an X|conversion*}}{{Références nécessaires}}.

=== L’opposant aux régimes « aristocratiques » ===

==== La résistance à la censure et au rétablissement de l'esclavage ====
Il s'engage contre le [[rétablissement de l'esclavage par Napoléon]] après son coup d'État de 1799, quand {{cita|la censure et la propagande officielle}}<ref name="MarcelDorignycr">« La Démence coloniale sous Napoléon », par Yves Benot en 1992, aux Éditions La Découverte, compte-rendu de lecture par l'historien [[Marcel Dorigny]] dans la revue scientifique des ''Annales historiques de la Révolution française'' en 1993 [https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_1993_num_293_1_1595_t1_0558_0000_2].</ref> du nouveau régime {{cita|imposent une idéologie massivement inégalitaire}}<ref name=MarcelDorignycr/>, à une opinion publique [[Rétablissement de l'esclavage par Napoléon#Diversité des réactions, censure et opinion publique hostile|souvent hostile, selon les rapports de police]], via de nombreux articles de presse, brochures et gros ouvrages souhaitant rejeter l'apport des Lumières, {{cita|ouvertement au profit de théories pseudoscientifiques visant à classer et hiérarchiser}}<ref name=MarcelDorignycr/> les « races » humaines, {{cita|tout en proclamant hautement la vocation}} des « êtres supérieurs » à « civiliser » les autres hommes<ref name=MarcelDorignycr/>, selon les analyses détaillées des publications de l'époque réunies par l'historien [[Yves Benot]] dans un livre de 1992<ref name=benot1992>« La Démence coloniale sous Napoléon », par Yves Benot en 1992, aux Éditions La Découverte.</ref>. Au même moment se manifeste la persistance de « pôles de résistance »<ref name=MarcelDorignycr/>{{,}}<ref name=benot1992/> à la censure, émanant d'anti-esclavagistes, pas seulement les plus connus, comme l'abbé Grégoire, mais également d'autres libéraux plus modérés incluant [[Amaury Duval (historien)|Amaury Duval]], [[Pierre-Louis Ginguené]], [[Jean-Baptiste Say]], [[Joseph-Marie de Gérando]], [[Dominique Dufour de Pradt]] et [[Antoine Destutt de Tracy]]<ref name=MarcelDorignycr/>{{,}}<ref name=benot1992/>.

Malgré son opposition à Napoléon, il est nommé [[Légionnaire (Légion d'honneur)|membre de la Légion d'honneur]] le {{Date républicaine|9 vendémiaire an XII|conversion*}} et commandant de l'Ordre le 25 prairial suivant. Il devint [[comte de l'Empire]] en 1808.


==== Vers la fin de l'Empire ====
==== Vers la fin de l'Empire ====
Pendant l'[[Premier Empire|Empire]] et sous la [[Restauration française|Restauration]], il écrit de nombreux ouvrages, notamment une ''Histoire des [[sectes]]'' en deux volumes ([[1810]]). Il fait partie, au [[Sénat conservateur]], des rares opposants irréductibles à {{Napoléon Ier}}. Il est l'un des cinq sénateurs qui s'opposent à la proclamation de l'Empire. Il s'oppose de même à la création de la [[noblesse d'Empire|nouvelle noblesse]] puis au [[divorce de Napoléon Ier et de Joséphine|divorce de Napoléon {{Ier}} et de Joséphine]].
Pendant l'[[Premier Empire|Empire]] et sous la [[Restauration française|Restauration]], il écrit de nombreux ouvrages, notamment une ''Histoire des [[sectes]]'' en deux volumes (1810). Il fait partie, au [[Sénat conservateur]], des rares opposants irréductibles à {{Napoléon Ier}}. Il fut l'un des cinq sénateurs qui s'opposèrent à la proclamation de l'Empire. Il s'oppose de même à la création de la [[Noblesse d'Empire|nouvelle noblesse d’Empire]] puis au [[divorce de Napoléon Ier et de Joséphine]].


Le {{date|1 avril 1814}}, Grégoire est l’un des 64 sénateurs qui répondent à la convocation de [[Talleyrand]] pour proclamer la déchéance de [[Napoléon Ier|Napoléon]]. Depuis le mois de janvier, il participe régulièrement à des réunions avec [[Jean-Denis Lanjuinais|Lanjuinais]], [[Dominique Joseph Garat|Garat]] et [[Charles Joseph Mathieu Lambrechts|Lambrechts]] pour préparer un plan : ils envisagent la création d’un gouvernement provisoire et la réunion d’une assemblée constituante en cas de défaite de l'Empereur<ref>Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, ''Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne'', Perrin, 2002, {{p.|36-37}}.</ref>.
Le {{Date-|1 avril 1814|en France}}, Grégoire est l’un des {{nobr|64 sénateurs}} qui répondent à la convocation de [[Charles-Maurice de Talleyrand-Périgord|Talleyrand]] pour proclamer la déchéance de [[Napoléon Ier|Napoléon]]. Depuis le mois de janvier, il participe régulièrement à des réunions avec [[Jean-Denis Lanjuinais|Lanjuinais]], [[Dominique Joseph Garat|Garat]] et [[Charles Joseph Mathieu Lambrechts|Lambrechts]] pour préparer un plan : ils envisagent la création d’un gouvernement provisoire et la réunion d’une assemblée constituante en cas de défaite de l'Empereur<ref>Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, ''Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne'', Paris, Perrin, 2002, {{p.|36-37}}.</ref>.


==== Restauration ====
==== Restauration ====
À la [[première Restauration]], Grégoire voulait que le Sénat déclarât que la nation française choisissait pour chef un membre de l'[[Maison capétienne de Bourbon|ancienne dynastie]], et qu'elle se réservait de présenter une constitution libérale à l'acceptation et au serment du roi élu par lui. Sa proposition fut rejetée<ref>C'est à cette époque qu'il publia sa brochure, intitulée : ''De la [[constitution française]]'', [[1814]].</ref> et son auteur ne fut pas compris dans la liste des [[pair de France (Chambre des pairs)|nouveaux pairs]].
À la [[première Restauration]], Grégoire veut que le Sénat déclare que la nation française choisit pour chef un membre de l'[[Maison capétienne de Bourbon|ancienne dynastie]], et qu'elle se réserve de présenter une constitution libérale à l'acceptation et au serment du roi élu par lui. Sa proposition fut rejetée<ref>C'est à cette époque qu'il publie sa brochure intitulée : ''De la [[constitution française]]'', 1814.</ref> et son auteur n'est alors pas compris dans la liste des [[pair de France (Chambre des pairs)|nouveaux pairs]].

L'[[Ordonnance du 21 mars 1816|ordonnance d'épuration]] de l'[[Institut de France]] qui frappe [[Lazare Carnot|Carnot]], [[Gaspard Monge|Monge]] et quelques autres, ne peut pas épargner Grégoire.

==== Élections de 1819 ====
Il est retiré à [[Auteuil (Seine)|Auteuil]]{{où}}, lorsqu'à l’occasion des élections partielles du {{Date-|11 septembre 1819}}, qui constituent une victoire pour les libéraux ({{nobr|35 sièges}} remportés sur 55 à pourvoir), Henri Grégoire est élu député de l’[[Isère (département)|Isère]]. Sa candidature a été soutenue par le journal ''[[Le Censeur]]'', et par le comité directeur du parti [[Libéralisme politique|libéral]]. Il doit son élection au report des voix [[Ultra-royaliste|ultraroyalistes]], contre Rogniat, le candidat soutenu par le ministère. Par cette manœuvre, les ultras montrèrent à la fois leur opposition au gouvernement, et leur rejet de la loi électorale<ref name=":0">{{Article|auteur1=Jean-François Lemaire|titre=L'élection de l'Abbé Grégoire|périodique=La Revue des deux Mondes|date=mars 1967|lire en ligne=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/lelection-de-labbe-gregoire/|pages=192-205}}.</ref>.

[[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]] écrit dans ''Le Conservateur'' : {{Citation|Le mal est dans la loi qui couronne, non le candidat régicide, mais l’opinion de ce candidat, dans la loi qui peut créer ou trouver cinq cent douze électeurs décidés à envoyer à [[Louis XVIII]] le juge de [[Louis XVI]]}}<ref>{{Ouvrage|auteur=François-René deChateaubriand|titre=Le Conservateur|sous-titre=Le roi, la charte, et les honnêtes gens|éditeur=Le Normant|année=1819|passage=631|lire en ligne={{Google Livres|page=PA631|QzsTAAAAQAAJ}}|consulté le=2020-02-25}}.</ref>. À l'autre bord, c'est bien « l'ancien juge de Louis XVI » déterminé dans les grandes occasions à verser le sang, que [[Stendhal]] vient soutenir à Grenoble quand il le qualifie de {{Citation|plus honnête homme de France}}. Car dans sa correspondance avec Adolphe Mareste, le {{Date-|21 décembre 1819}} il écrit : {{Citation|Le bon entre amis c'est d'être francs ; comme cela on se donne le plaisir de l'originalité. Donc à l'âge près, je voudrais être Grégoire. Je ne trouve rien de plus utile qu'un twenty one j(anvier).(sic) Sans cela on n'aurait peut-être (sic) la const(itut)ion. Mon seul défaut est de ne pas aimer ''the Blood''.}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Henri-FrançoisImbert|titre=Les Métamorphoses de la liberté|sous-titre=Stendhal devant la Restauration et le Risorgimento|éditeur=Slatkine|année=1989|pages totales=670|isbn=978-2-05-101076-4|lire en ligne={{Google Livres|page=PA228|4aNMWq9_tYwC}}|consulté le=2020-02-25}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Jacques Félix-Faure|titre=Un Compagnon de Stendhal|sous-titre=Félix-Faure, Pair de France|éditeur=Librairie Droz|année=1978|pages totales=217|passage=107|isbn=978-2-600-04339-7|lire en ligne={{Google Livres|page=PA107|Sgy0kEwRtiwC}}|consulté le=2020-02-25}}.</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=AlbertCollignon|titre=L'art et la vie de Stendhal|éditeur=G. Baillière|année=1868|passage=226|lire en ligne={{Google Livres|page=PA226|f9k8AAAAcAAJ}}|consulté le=2020-02-25}}.</ref>

Cette élection crée un choc, d’autant plus que Grégoire conserve une réputation, méritée ou non, de régicide. Fraçoise Hidelsheiemer repose la question : {{Citation|Il (Grégoire en octobre 1820) affirme enfin et surtout que dans la lettre écrite aux Archives il aurait exigé la radiation des mots "à mort", affirmation dont on a vu qu'elle posait un réel problème"<ref> F. Hildesheimer, op. cit. {{p.|330}} </ref>}}.

L'élection de Grégoire provoque un retournement d’alliance au gouvernement, obligeant le centre alors aux affaires à s’allier à la droite. L’historien [[Benoît Yvert]] écrit : {{Citation|L’élection de Grégoire annonce par conséquent la fin de la Restauration libérale<ref>Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, ''Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne'', Perrin, 2002, {{p.|274-276}}.</ref>}}. Ouverte le {{Date-|29 novembre}}, la nouvelle session parlementaire s’enlise dès le {{Date-|6 décembre}} dans un débat sur la manière d’exclure Grégoire de l’assemblée. Les libéraux, qui l’ont soutenu, essayent d’obtenir de lui sa démission, qu’il leur refuse. Une commission formée pour l’occasion découvr un vice de forme, mais on renonce à l’employer car il s’appliquerait de même à un grand nombre de députés. Finalement, le député [[Auguste Ravez|Ravez]] propose de statuer sur l’exclusion en renonçant à lui donner un sens acceptable par tous les partis : elle est votée à l’unanimité moins une voix, celle du député du Nord Lambretchts<ref>Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, ''Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne'', Paris, Perrin, 2002, {{p.|284}}.</ref>{{,}}<ref name=":0" />.

=== Dernières années et mort ===
[[Fichier:Plaque Abbé Grégoire, 44 rue du Cherche-Midi, Paris 6.jpg|vignette|<center>Plaque au {{n°|44}} [[rue du Cherche-Midi]] ([[6e arrondissement de Paris|Paris 6e]])</center>]]
Il vit dès lors dans la retraite mais, toute pension - même celle d'ancien sénateur - lui étant supprimée, il est contraint de vendre sa bibliothèque. Malade, vraisemblablement atteint d'un cancer généralisé<ref name="Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort">{{Article|périodique=[[L'Est Républicain]]|titre=Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort|auteur=Patrick Perotto|date=2016-08-27|url=https://www.estrepublicain.fr/actualite/2016/08/27/lorraine-l-abbe-gregoire-conteste-par-dela-la-mort|consulté le=2024-06-08}}</ref>, sentant la fin de sa vie proche, il demande les [[Onction des malades|secours de la religion]]. L'[[archevêque de Paris]] – le très [[légitimisme|légitimiste]] [[Hyacinthe-Louis de Quélen|Hyacinthe de Quélen]] – y met pour condition que Grégoire renonce au serment prêté à la [[Constitution civile du clergé]]. L'ex-évêque, fidèle à ses convictions, refuse tout net. L'archevêque lui refuse donc l’assistance d’un prêtre et toute messe funéraire.

Passant outre les ordres de l’archevêché, l'abbé [[Marie-Nicolas-Silvestre Guillon|Guillon]], confesseur de la reine<ref>Prêtre réfractaire, l'abbé Guillon a milité contre la « Constitution civile du clergé » ; il est l'auteur de l'''Épître catholique sur le nouveau serment''.</ref>, pourtant son opposant à la [[constitution civile du clergé]], lui délivre néanmoins les derniers sacrements par charité chrétienne<ref>Confession par l'abbé Evrard de Saint-Séverin, viatique par l'abbé Baradère. [http://www.1911encyclopedia.org/Henri_Gregoire Encyclopedia Britannica-1911.].</ref>, dont l’extrême-onction. Ces sacrements, bien qu'illicites en raison de l'interdit prononcé par la hiérarchie de l'[[Église (organisation)|Église]], ont néanmoins été administrés et célébrés en violation du droit canonique. Ce fait vaut à [[Marie-Nicolas-Silvestre Guillon|Guillon]] l'évêché de Beauvais où il vient d'être nommé<ref name="Grégoire, Abbé Jean-Baptiste, (1750-1831), comte, sénateur">{{Article|périodique=Revue du Souvenir Napoléonien|titre=Grégoire, Abbé Jean-Baptiste, (1750-1831), comte, sénateur|auteur=Marc Allégret|date=Octobre-novembre 1997|numéro=415|pages=59-60|url=https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/biographies/gregoire-abbe-jean-baptiste-1750-1831-comte-senateur/|consulté le=2024-06-08}}</ref>.

Âgé de {{âge|1750|12|4|1831|5|28}}, l'abbé Grégoire meurt à Paris dans l'hôtel particulier de l'actuel 44 [[rue du Cherche-Midi]], le {{Date-|28 mai 1831}}.

Une messe de funérailles est célébrée le 31 mai dans l’église de l’[[Abbaye-aux-Bois]] au 16 [[rue de Sèvres]]<ref>Église aujourd'hui disparue car détruite en 1907.</ref>, réquisitionnée par le roi [[Louis-Philippe]], puisque l'église lui refusait des obsèques catholiques<ref name="Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort" />. [[Adolphe Crémieux|Crémieux]]<ref>{{Lien web|site=Grande loge de france|titre=Franc-maçons célèbres de la GLDF|url=https://www.gldf.org/culture-et-patrimoine/franc-macons-celebres-de-la-gldf.html|consulté le=2024-06-08}}</ref> et [[Cyrille Bissette|Bissette]]<ref>{{Article|périodique= Humanisme| auteur=Léo Ursulet|titre=Les francs-maçons et l’abolition de l’esclavage aux Antilles Françaises|date=2016| numéro=1/310|url=https://www.cairn.info/revue-humanisme-2016-1-page-87.htm}|consulté le=2024-06-08}}</ref> prononcent l'éloge funèbre. L’[[étole]] de l’[[évêque]] de [[Blois]] et la cravate de commandant de la Légion d’honneur sont posées sur le cercueil qui est mis sur un [[catafalque]], dont des jeunes gens détachent les quatre chevaux pour le tirer eux-mêmes<ref name="Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort" />. Le corps de l’évêque humaniste et gallican est ainsi conduit au [[cimetière du Montparnasse]] accompagné par vingt à vingt-cinq mille personnes, pour l'essentiel des ouvriers et des étudiants qui en font une grande manifestation politique<ref>{{Lien web|site=Musée de l'abbé Grégoire|titre=Biographie|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-homme/sa-biographie|consulté le=2024-06-08}}</ref>{{,}}<ref name="Grégoire, Abbé Jean-Baptiste, (1750-1831), comte, sénateur" />, mais aussi par des notables en particulier par quelques irréductibles de la Convention, tel [[Gilbert du Motier de La Fayette|La Fayette]]. Au cimetière, plusieurs discours sont prononcés, dont celui, violent, de [[Antoine Claire Thibaudeau|Thibaudeau]] où il {{Citation|jure de consacrer sa vie au culte de la patrie et de la liberté<ref name="Grégoire, Abbé Jean-Baptiste, (1750-1831), comte, sénateur" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Thérèse Rouchette|titre=Le Dernier des régicides: Antoine-Claire Thibaudeau 1765-1854|lieu=La Roche-sur-Yon|éditeur=Centre vendéen de recherches historiques|date=2000|pages totales=508|isbn=2-911253-07-8}}</ref>}}. Selon le vœu de Grégoire, sur la croix de sa tombe, sont gravés ces mots : « Mon Dieu, faites-moi miséricorde et pardonnez à mes ennemis »<ref name="Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort" />.<br>

Cette croix et la grille qui entoure la pierre tombale sont transportées en 1990 (après le transfert de la dépouille au Panthéon) à la commune d'[[Emberménil]] qui l'érige au pied de l'arbre de la liberté, à gauche de l'église et à quelques mètres du mémorial de l'abbé Grégoire<ref>{{Lien web|site=Musée de l'Abbé Grégoire|titre=Le cénotaphe|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-musee/a-visiter|consulté le=2024-05-30}}</ref>.

== Oeuvre et action politique ==

=== Anti-raciste et anti-esclavagiste, émancipateur des Juifs ===

==== Vis-à-vis des Noirs ====

Grégoire multiplie les écrits favorables aux Noirs<ref name="Jean Tild"/>. Lui qui était fils unique se fait curieusement accuser en 1790 par des membres du [[Club de l'hôtel de Massiac|club Massiac]] d'agir pour les métis parce qu'il serait le beau-frère d'une femme de couleur. Cette erreur s'explique peut-être par une confusion avec un collègue homonyme, également jureur, l'abbé Louis Chrysostome Grégoire, vicaire de [[Villers-Cotterêts]], qu'avait connu dans son enfance [[Alexandre Dumas père]]<ref>Jean-Daniel Piquet, « La prétendue belle-sœur de couleur de l'abbé Grégoire, une homonymie cause de la bourde du club Massiac ? », ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 79-{{numéro|4}}-octobre-décembre 1999, {{p.|463-474}}.</ref>. Henri Grégoire contribue au vote le {{Date-|4 février 1794}} aboutissant à la première [[abolition de l'esclavage]] qui sera rétabli par [[Napoléon Ier|Napoléon Bonaparte]] à la suite de la [[loi du 20 mai 1802]], aboli partiellement par un décret d'abrogation de la traite des noirs lors des [[Cent-Jours]] le 29 mars 1815, puis complètement par le [[Décret d'abolition de l'esclavage du 27 avril 1848|décret du 27 avril 1848]] de [[Victor Schœlcher]].<br>En {{Date-|décembre 1789}}, en relation avec la publication de son premier mémoire sur la question des hommes de couleur, il adhère à la [[Société des amis des Noirs]] de [[Jacques Pierre Brissot|Brissot de Warville]] qui milite pour l'égalité des droits des blancs et des hommes de couleur libres (des mulâtres propriétaires d'esclaves pour la plupart), l'abrogation immédiate de la [[Traites négrières|traite des Noirs]] et la suppression progressive de l’esclavage dans les [[Antilles]]. Il demande aussi que les propos et actes de discriminations racistes à l'encontre des métis soient sanctionnés pénalement : {{Citation|Défense de reprocher aux sang-mêlés leur origine sous peine d'être poursuivi pour injures graves.}}<ref>{{Article|périodique=Annales de L'Est|auteur=Jean-Daniel Pique|titre=L'abbé Grégoire ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs|année=2002|numéro=1|pages=269-297|url=https://bahf-psl.obspm.fr/article/ext-000035078|consulté le=2024-06-14}}</ref>

L'abbé Grégoire se fait ainsi l'apôtre avec près de deux siècles d'avance de la [[loi Pleven]] du {{1er}} juillet 1972, sanctionnant l'incitation à la haine raciale. La publication de deux autres mémoires s'ensuit en {{Date-|octobre 1790}} et {{Date-|juin 1791}}: le racisme et l'antisémitisme ne doivent donc pas être considérés comme des opinions mais comme des délits punis par la loi. Il prononce également un discours longtemps inédit au [[club des Jacobins]] le {{Date-|16 septembre 1791}}, contre la prochaine révocation par le comité des colonies de l'assemblée constituante {{incise|dominé par [[Antoine Barnave|Barnave]]}} des droits des mulâtres apparemment acquis le {{Date-|15 mai 1791}}<ref>Jean-Daniel Piquet, « Un discours inédit de l’abbé Grégoire sur le décret du 15 mai 1791 :''Discours de M. Grégoire sur la révocation du décret relatif aux gens de couleur''», ''Annales historiques de la Révolution française'', {{numéro|363}}, janvier/mars 2011, {{p.|175-183}}.</ref>. Mais comme il le craint, ces droits sont abrogés par l'assemblée constituante le {{Date-|24 septembre 1791}}. Ils ne seront rétablis que par l'assemblée législative en {{Date-|mars 1792}}.

[[Fichier:Abbe gregoire 1808.JPG|vignette|redresse=1.2|gauche|<center>Frontispice du livre <br>''De la littérature des nègres'' (1808)<br> de Henri Grégoire<br>où il met en lumière la littérature des intellectuels<br> des [[Amérique]]s d'origine africaine.</center>]]

Le {{Date-|4 juin 1793}} à la Convention, il soutient une délégation [[Sans-culottes|sans-culotte]], dirigée par [[Pierre Gaspard Chaumette]], qui accompagne une vieille femme de couleur dans le but de faire abolir l'esclavage. Son intervention est appuyée par des [[Montagne (Révolution française)|Montagnards]] tels que Robespierre et [[André Jeanbon Saint-André|Jeanbon Saint-André]]<ref>Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs » ''Annales de L'Est'', 2002-{{n°|1}} {{p.|269-297}}.</ref>. À nouveau soutenu par Jeanbon Saint-André (sous la présidence de Danton), il demande et obtient le 27 juillet 1793 (jour où Robespierre entre au [[comité de salut public]]) l'abrogation des primes accordées par la monarchie aux armateurs trafiquants d'esclaves depuis 1784.

À l'opposé de ce qu'il écrit en 1807 dans ses ''Mémoires'' quand il affirma avoir jugé {{incise|en tant qu'ancien membre de la Société des Amis des Noirs}} comme une catastrophe ce décret d'abolition immédiate, les 4 et {{Date-|5 février 1794}} il participe aux débats sur sa promulgation, en se faisant le porte-voix à la Convention avec [[René Levasseur]], [[Georges Danton]] et [[Jean-François Delacroix]] de ses partisans les plus radicaux ; au côté également de certains déchristianisateurs de base, comme le journal, ''Le Sans-Culotte Observateur'', qui l'avait attaqué en {{Date-|novembre 1793}}. Il saisit l'occasion de la préparation de son ''rapport sur l'anéantissement des patois'' pour demander le 16 prairial an II-{{Date-|4 juin 1794}} l'instruction des anciens esclaves et leur maîtrise parfaite de la langue française :

{{Citation|Les nègres de nos colonies dont vous avez fait des hommes, ont une espèce d'idiome pauvre comme celui des [[Khoïkhoï (peuple)|Hottentots]], comme la [[Lingua franca|langue franque]] qui dans tous les verbes ne connaît guère que l'infinitif<ref>Jean-Daniel Piquet, ''L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795)'', Paris, Karthala, 2002 p.345</ref>.}}

Sous le Directoire, le 7 germinal an IV-{{Date-|27 mars 1796}} il salue le décret du 16 pluviôse an II comme une victoire de la Raison :

{{Citation bloc|Le doute méthodique en déblayant les idées reçues a émoussé le glaive de l'intolérance, éteint les bûchers de l'inquisition et affranchi les nègres<ref>Paul Grunenaum-Ballin, ''Henri Grégoire, ami des hommes de toutes les couleurs, la lutte pour la suppression de la traite et de l'esclavage, 1789-1831'', Paris, Imprimerie de la S.A.C.P., 1948, p. 86.</ref>}}

La restauration de l'esclavage, devenue officielle avec la [[loi du 20 mai 1802]] ne l'empêche pas de continuer à militer pour son abolition, comme en témoignent les nombreux ouvrages qu'il consacre à ce sujet. Ainsi, en 1808, l’abbé Grégoire publie l’un de ses textes les plus importants, ''De la littérature des nègres'', manifeste contre le rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière, mais aussi gage de la fidélité aux combats abolitionnistes menés au sein des ''Sociétés des Amis des Noirs''. Le fondement philosophique de la position de Grégoire est l’unité du genre humain, qui lui permet de concilier la proclamation révolutionnaire des droits de l’homme et le message évangélique. L’ouvrage reçoit un accueil discret, mais provoque des réactions indignées du parti colonial qui le présente comme un manifeste du ''nigrophilisme'', un néologisme alors très péjoratif. Le livre est dédié « à tous les hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux noirs et sang-mêlé, soit par leurs ouvrages, soit par leurs discours dans les assemblées politiques, pour l’abolition de la traite, le soulagement et la liberté des esclaves<ref>Parmi ces "hommes" il y avait une femme : "Mad. [[Olympe de Gouges]] "</ref>». L'ouvrage connaît un large succès d’estime à l’étranger. Il est traduit d’abord en allemand, puis en anglais.


Puis il lance un appel au [[congrès de Vienne]] (1815) : ''De la traite et de l’esclavage des Noirs''. À l'approche de la mesure, il édite une apologie de [[Bartolomé de Las Casas|Las Casas]] abordant indirectement le problème : blanchir l'évêque du [[Chiapas]] de l'accusation d'avoir défendu les droits des Indiens en plaidant la mise en esclavage des Noirs. Sous la Restauration, cette notice fait débat chez ses co-religionnaires anti-esclavagistes<ref>Jean-Daniel Piquet, « Controverses sur l'apologie de Las Casas lue par l'abbé Grégoire », ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 82-{{numéro|3}}-juillet-septembre 2002, {{p.|283-306}}.(revue numérisée depuis 2002 en format PDF).</ref>.
L'[[Ordonnance du 21 mars 1816|ordonnance d'épuration]] de l'[[Institut de France]] qui frappait Carnot, Monge et quelques autres, ne pouvait pas épargner Grégoire. Sa pension même d'ancien sénateur fut quelque temps suspendue, et il dut s'en prendre à ses livres pour fournir à ses besoins.


Dans un virulent pamphlet publié en 1822 sous le titre ''Des peines infamantes à infliger aux négriers'', il lance sa fameuse apostrophe<ref>{{Harvsp|Grégoire|1822|p=6}}.</ref> : {{Citation |J’appelle négrier, non seulement le capitaine du navire qui vole, achète, enchaîne, [[wikt:encaquer|encaque]] et vend des Noirs, ou sang-mêlés, qui même les jette à la mer pour faire disparaître le corps du délit, mais encore tout individu qui, par une coopération directe ou indirecte, est complice de ces crimes. Ainsi, la dénomination de négriers comprend les armateurs, affréteurs, actionnaires, commanditaires, assureurs, colons-planteurs, gérants, capitaines, contre-maîtres, et jusqu’au dernier des matelots, participant à ce trafic honteux.}} Il faut cependant relever que contrairement à ce qu'il peut penser en 1793 et écrire dans ses ''Mémoires'' en 1808 et à ce que la plupart des historiens écrivent, le décret du 27 juillet 1793 relatif à la suppression des primes négrières, relève seulement d'une confirmation d'un premier décret promulgué l'année précédente. C'est alors l'aboutissement des combats du député-journaliste [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]], du maire de Paris, [[Jérôme Pétion]], tout à la fois [[Club des jacobins|jacobins]], [[Jacques Pierre Brissot|brissotins]] et anciens membres de la Société des Amis des Noirs. Ce décret est voté le 11 août 1792 par l'assemblée législative sans la participation de l'abbé Grégoire, qui ne peut pas y être élu puisque les membres de la Constituante ne peuvent pas être élus à l'assemblée législative<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Augustin Cochin (écrivain)|Augustin Cochin]]|titre=L'abolition de l'esclavage|lieu=Paris|éditeur=Jacques Lecoffre|année=1861|tome=1|pages totales=480|page=11|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k51545k/f56.item|consulté le=2024-06-14}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|site=L'ARBR (Amis de Robespierre pour le Bicentenaire de la Révolution)|auteur=Jean-Daniel Piquet|titre=11 août 1792 : l’abrogation des primes négrières|date=30 mars 2022|url=https://amis-robespierre.org/11-aout-1792-L-abrogation-des|consulté le=2024-06-14}}</ref>.
===== Élections de 1819 =====
Il était retiré à [[Auteuil (Seine)|Auteuil]]{{où}}, lorsqu'à l’occasion des élections partielles du {{date|11 septembre 1819}}, qui constituent une victoire pour les libéraux (35 sièges remportés sur 55 à pourvoir), Henri Grégoire est élu député de l’[[Isère (département)|Isère]]. Sa candidature est soutenue par le journal ''[[Le Censeur]]'', et par le comité directeur du parti [[Libéralisme politique|libéral]]. Il doit son élection au report des voix [[Ultra-royaliste|ultraroyalistes]], contre Rogniat, le candidat soutenu par le ministère. Par cette manœuvre, les ultras montrent à la fois leur opposition au gouvernement, et leur rejet de la loi électorale<ref name=":0">{{Article |langue= |auteur1=Jean-François Lemaire |titre=L'élection de l'Abbé Grégoire |périodique=La Revue des deux Mondes |date=mars 1967 |issn= |lire en ligne=https://www.revuedesdeuxmondes.fr/article-revue/lelection-de-labbe-gregoire/ |pages=192-205 }}</ref>.


[[Fichier:Royal decree proclaiming the emancipation of the Jews, France, 1791 - Musée d'art et d'histoire du Judaïsme.jpg|vignette|droite|<center>Décret royal proclamant<br> l'émancipation des Juifs en France<br>27 septembre 1791</center>]]
[[François-René de Chateaubriand|Chateaubriand]] écrit dans ''Le Conservateur'' : {{Citation|Le mal est dans la loi qui couronne, non le candidat régicide, mais l’opinion de ce candidat, dans la loi qui peut créer ou trouver cinq cent douze électeurs décidés à envoyer à [[Louis XVIII]] le juge de [[Louis XVI]]}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=François-René de|nom1=Chateaubriand|titre=Le Conservateur|sous-titre=le roi, la charte, et les honnêtes gens|éditeur=Le Normant|année=1819|pages totales=|passage=631|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=QzsTAAAAQAAJ&pg=PA631&dq=%22Le+mal+est+dans+la+loi+qui+couronne%2C+non+le+candidat+r%C3%A9gicide%22|consulté le=2020-02-25}}</ref>. À l'autre bord, c'est bien « l'ancien juge de Louis XVI » déterminé dans les grandes occasions à verser le sang, que [[Stendhal]] vient soutenir à Grenoble quand il le qualifia de {{Citation|plus honnête homme de France}}. Car dans sa correspondance avec Adolphe Mareste, le {{date-|21 décembre 1819}} il écrivit : {{Citation|Le bon entre amis c'est d'être francs ; comme cela on se donne le plaisir de l'originalité. Donc à l'âge près, je voudrais être Grégoire. Je ne trouve rien de plus utile qu'un twenty one j(anvier).(sic) Sans cela on n'aurait peut-être (sic) la const(itut)ion. Mon seul défaut est de ne pas aimer ''the Blood''.}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Henri-François|nom1=Imbert|titre=Les métamorphoses de la liberté, ou, Stendhal devant la Restauration et le Risorgimento|éditeur=Slatkine|année=1989|pages totales=670|isbn=978-2-05-101076-4|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=4aNMWq9_tYwC&pg=PA228&dq=%22Mon+seul+d%C3%A9faut+est+de+ne+pas+aimer+the+Blood%22|consulté le=2020-02-25}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Jacques|nom1=Félix-Faure|titre=Un Compagnon de Stendhal|sous-titre=Félix-Faure, Pair de France|éditeur=Librairie Droz|année=1978|pages totales=217|passage=107|isbn=978-2-600-04339-7|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=Sgy0kEwRtiwC&pg=PA107&dq=%22Mon+seul+d%C3%A9faut+est+de+ne+pas+aimer+the+Blood%22|consulté le=2020-02-25}}</ref>{{,}}<ref>{{Ouvrage|langue=fr|prénom1=Albert|nom1=Collignon|titre=L'art et la vie de Stendhal|éditeur=G. Baillière|année=1868|pages totales=|passage=226|lire en ligne=https://books.google.fr/books?id=f9k8AAAAcAAJ&pg=PA226&dq=%22Mon+seul+d%C3%A9faut+est+de+ne+pas+aimer+the+Blood%22|consulté le=2020-02-25}}</ref>


==== Vis-à-vis des juifs ====
Cette élection crée un choc, d’autant plus que Grégoire conserve une réputation, méritée ou non, de régicide. Elle provoque un retournement d’alliance au gouvernement, obligeant le centre alors aux affaires à s’allier à la droite. L’historien [[Benoît Yvert]] écrit : « L’élection de Grégoire annonce par conséquent la fin de la Restauration libérale »<ref>Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, ''Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne'', Perrin, 2002, {{p.|274-276}}.</ref>. Ouverte le {{date-|29 novembre}}, la nouvelle session parlementaire s’enlise dès le {{date-|6 décembre}} dans un débat sur la manière d’exclure Grégoire de l’assemblée. Les libéraux, qui l’avaient soutenu, essaient d’obtenir de lui sa démission, qu’il leur refuse. Une commission formée pour l’occasion découvre un vice de forme, mais on renonce à l’employer car il s’appliquerait de même à un grand nombre de députés. Finalement, le député [[Auguste Ravez|Ravez]] propose de statuer sur l’exclusion en renonçant à lui donner un sens acceptable par tous les partis : elle est votée à l’unanimité moins une voix, celle du député du Nord Lambretcht<ref>Emmanuel de Waresquiel, Benoît Yvert, ''Histoire de la Restauration, 1814-1830, Naissance de la France moderne'', Perrin, 2002, {{p.|284}}.</ref>{{,}}<ref name=":0" />.


Un des traits majeurs de l’œuvre de Grégoire à la Révolution{{refsou}} est son combat constant, opiniâtre pour l'émancipation des juifs, contre l'esclavage et contre le racisme.
=== Dernières années et décès ===
[[Fichier:Plaque Abbé Grégoire, 44 rue du Cherche-Midi, Paris 6.jpg|vignette|Plaque au n°44 [[rue du Cherche-Midi]] ([[6e arrondissement de Paris|{{6e}} arrondissement de Paris]]).]]
Il vit dès lors dans la retraite mais, toute pension lui ayant été supprimée, il est contraint de vendre sa bibliothèque. À la fin de sa vie, il demande les [[Onction des malades|secours de la religion]]. L'[[archevêque de Paris]] – le très [[légitimisme|légitimiste]] [[Hyacinthe-Louis de Quélen|Monseigneur de Quélen]] – y met pour condition que Grégoire renonce au serment qu’il avait prêté à la [[Constitution civile du clergé]]. L'ex-évêque, fidèle à ses convictions, refuse tout net. L'archevêque lui refuse donc l’assistance d’un prêtre et toute messe funéraire.


Il plaide vigoureusement la cause des [[Histoire des Juifs en France#Chemin vers l'émancipation des Juifs|juifs]]. Il est un des principaux artisans de la reconnaissance des [[droits civiques]] et politiques accordés aux juifs (décret du {{Date-|27|septembre|1791}}).<br>
Âgé de {{âge|1750|12|4|1831|5|28}} ans, l'abbé Grégoire meurt à Paris à l'emplacement actuel du 44 de la [[rue du Cherche-Midi]], le {{date|28 mai 1831}}. Passant outre les ordres de l’archevêché, l'abbé [[Marie-Nicolas-Silvestre Guillon|Guillon]]<ref>Prêtre réfractaire, l'abbé Guillon a milité contre la « Constitution civile du clergé » ; il est l'auteur de l'''Épître catholique sur le nouveau serment''.</ref>, lui délivre néanmoins les derniers sacrements<ref>Confession par l'abbé Evrard de Saint-Séverin, viatique par l'abbé Baradère.[http://www.1911encyclopedia.org/Henri_Gregoire Encyclopedia Britannica-1911.]</ref>, dont l’extrème onction, et une messe de funérailles est célébrée dans l’église de l’[[Abbaye-aux-Bois]]. Le corps de l’évêque humaniste et gallican est ensuite conduit au [[cimetière du Montparnasse]], accompagné par deux mille personnes, dont [[Gilbert du Motier de La Fayette|La Fayette]]. Toutefois, ces sacrements et célébration étaient susceptibles d'illicéité, car administrés et célébrée en violation du droit canonique et de l'interdit prononcé par la hiérarchie de l'[[Église (organisation)|Église]].
L'intérêt de Grégoire pour la cause des juifs est déjà très ancien au moment de la Révolution. Il trouve vraisemblablement son origine dans sa participation aux sociétés philanthropiques d’inspiration piétiste<ref name=ags/> que fréquentent aussi des juifs, mais aussi dans le fait de l'importance de la [[Histoire des Juifs en Lorraine|communauté juive en Lorraine]], et notamment dans le [[Saulnois]] où il a débuté son ministère comme vicaire. En effet alors que les juifs sont bannis de France depuis 1394, leurs communautés sont tolérées en [[Lorraine]], terre d'[[Saint-Empire romain germanique|Empire]], à condition de vivre dans des ghettos et encore y subissent-ils bien des vexations, interdictions en tous genres, impôts {{Citation|exorbitants}}<ref>Selon Grégoire lui même dans sa {{Lien web|site=Judaïsme d'Alsace et de Lorraine|titre=Motion en faveur des juifs|url=http://judaisme.sdv.fr/histoire/document/jud-chr22/gregoire/motion.htm|consulté le=2024-06-09}}</ref>, taxes spécifiques aux juifs (en particulier taxe Brancas<ref> {{Lien web|site=Judaïsme d'Alsace et de Lorraine|titre=La présence juive autrefois : entre tolérance et exclusion|url=http://www.judaisme-alsalor.fr/synagog/moselle/expo/toleranc.htm|consulté le=2024-06-09}}</ref>) et persécutions diverses.<br>
En [[1989]], à l'occasion du [[bicentenaire de la Révolution française]], les cendres de l'abbé Grégoire ont été transférées au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]].


Ont déjà été évoquées (voir le paragraphe sur la vie intellectuelle et la philanthropie), alors qu'il est encore curé d'[[Emberménil]], l'appartenance de Grégoire à la société des philanthropes de Strasbourg ouverte à toutes les confessions et sa participation en 1778, au concours qu'elle a proposé sur le thème de l'amélioration du sort des juifs. Le mémoire qu'il a alors rédigé lui sert de base, presque dix ans plus tard, pour s'inscrire au concours organisé par l'[[Académie nationale de Metz|Académie royale de Metz]] en 1787 pour lequel il faut répondre à la question suivante : « ''Est-il un moyen de rendre les juifs plus utiles et plus heureux en France ?'' ». Le jury exceptionnellement ne donne pas de verdict et demande aux candidats de retravailler leur sujet pour l'année suivante afin de mieux expliciter les mesures pratiques à mettre en œuvre. C'est donc une seconde fois que Grégoire reprend son mémoire en le remaniant à nouveau. C'est son « ''Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs''» de 1788. Il partage le prix avec deux autres candidats, un juif d'origine polonaise, [[Zalkind Hourwitz]], et l'avocat nancéien protestant Claude-Antoine Thiéry.<br>
=== Le protecteur des biens de la Nation ===


Dans cet essai, Grégoire affirme qu'il tient une partie de sa documentation de ses relations dans le milieu des érudits juifs, et notamment de [[Berr Isaac Berr de Turique|Berr Isaac Berr]] et Simon de Gueldres, deux [[rabbin]]s qui le conseillent et lui font connaître la presse juive éclairée de [[Berlin]]<ref>''Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs…'', {{p.|118}} et 186.</ref>. Il argumente l'absurdité d'une discrimination fondée sur des préjugés, il fustige l'attitude des gouvernements européens qu'il accuse de cruauté et d'injustice envers les israélites. Il considère que la discrimination qui frappe les juifs est contraire à l'utilité sociale. Il plaide également pour une « tolérance » religieuse, qui se comprend non comme un relativisme religieux, mais comme une humanité dans les rapports avec les juifs, à l'image du message du Christ dans les Évangiles. Si pour lui le peuple juif est un « peuple témoin » dont la dispersion a été un événement fondamental de l'histoire humaine, conformément à la doctrine [[Augustin d'Hippone|augustinienne]], son but est la conversion des juifs. L'essai est un succès et il est traduit dès l'année suivante en Angleterre<ref>{{Ouvrage|titre=Est-il des moyens de rendre les juifs plus utiles et plus heureux|sous-titre=le concours de l'Académie Royale de Metz de 1787|auteur=[[Pierre Birnbaum]]|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|date=2017|isbn=9782021183191}}</ref>.
[[Fichier:Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer Par Grégoire, Séance du 14 Fructidor, l'an second de la République une et indivisible, 31 aout 1794.jpg|vignette|''Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer, par Grégoire, Séance du 14 Fructidor, l'an second de la République une et indivisible, 31 aout 1794.'' <small>Bibliothèque Nationale de France, département Estampes et photographie</small>]]
La notion de ''[[vandalisme]]'' est démocratisée par les écrits de l'Abbé Grégoire dans un rapport adressé à la Convention nationale en {{date-|août 1794}}, en pleine Révolution Française, après [[Chute de Robespierre|thermidor an II]]. Il met en avant la destruction massive et impunie des monuments et objets qu'il considère de ''« nationaux »''. L'abbé Grégoire joue un grand rôle dans la prise de conscience patrimoniale et demander la conservation des monuments de l'ancienne France monarchique, pourtant cibles des émeutes. Cette notion de ''[[vandalisme]]'' puise ses origines sémantiques et étymologiques dans le mot ''[[vandales]]'', un peuple germanique acteur des grandes invasions du {{s-|V}}, considéré depuis le Haut Moyen Âge comme un peuple barbare. Dans ses Mémoires, l'abbé Grégoire reconnaît la paternité de ce néologisme, et déclare l'objectif de sa démarche :


Dans le même esprit, il a déjà prononcé un sermon dans l'[[église Saint-Jacques de Lunéville]] en 1785, à l'occasion de l'inauguration de la [[synagogue de Lunéville|synagogue]] de la ville. Il y a développé le thème de la conversion des juifs dans une vision [[figurisme|figuriste]] qui tendait à le rapprocher dès cette époque du mode de pensée [[jansénisme|janséniste]]<ref>Rita Hermon-Belot, ''L'Abbé Grégoire…'', {{p.|446-447}}.</ref>. Le texte de ce sermon a été perdu, mais Grégoire en parle dans plusieurs courriers et dans son ''Histoire des sectes religieuses'' en 1810.
{{Citation bloc|''Je créai le mot pour tuer la chose''|Henri Grégoire|''"Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois"'', 1837<ref> [https://fr.wikisource.org/wiki/M%C3%A9moires_de_Gr%C3%A9goire,_ancien_%C3%A9v%C3%AAque_de_Blois/Notice Voir les Mémoires de Grégoire sur Wikisource] </ref>.}}


En 1789, dans une logique continuité, il s'inscrit contre l'antisémitisme dans une « ''motion en faveur des juifs'' »<ref>{{Lien web|site=Judaïsme d'Alsace et de Lorraine|titre=Motion en faveur des juifs|url=http://judaisme.sdv.fr/histoire/document/jud-chr22/gregoire/motion.htm|consulté le=2024-06-09}}</ref>, comme il l'avait fait juste avant pour les Noirs, afin que la loi punisse le fait de reprocher aux juifs leur identité sous peine d'être poursuivi pour injures graves<ref>{{Article|périodique=Annales de L'Est|titre=L'abbé Grégoire ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs|auteur=Jean-Daniel Piquet|année=2002|numéro=1|page=280}}</ref>. C'est en grande partie par la force de ses convictions et de son argumentaire, réunie à celle d'autres conventionnels tels [[Honoré-Gabriel Riqueti de Mirabeau|Mirabeau]], [[Maximilien de Robespierre|Robespierre]], [[Antoine Barnave|Barnave]] et le comte de [[Stanislas de Clermont-Tonnerre|Clermont-Tonnerre]] qu'enfin en 1791 les juifs obtiennent leur émancipation et deviennent, en France, des citoyens à part entière après que, le 27 septembre, [[Adrien Duport|Duport]] déclare en tribune : ''{{citation|Je crois que la liberté de culte ne permet aucune distinction dans les droits politiques des citoyens en raison de leur croyance. La question de l'existence politique [des juifs] a été ajournée. Cependant, les Turcs, les musulmans, les hommes de toutes les sectes, sont admis à jouir en France des droits politiques. Je demande que l’ajournement soit révoqué et qu'en conséquence il soit décrété que les juifs jouiront en France des droits de citoyen actif.}}'' Cette proposition est acceptée par l'assemblée qui adopte la loi le lendemain, 28 septembre 1791. Le 13 novembre, [[Louis XVI]] la ratifie, déclarant les juifs citoyens français<ref>{{Ouvrage|nom=[[Heinrich Graetz]]|titre=Histoire des juifs|éditeur=Site Méditerranée antique de François-Dominique Fournier|année=1853-1875|lire en ligne=http://www.mediterranee-antique.fr/Auteurs/Fichiers/GHI/Graetz/Histoire_Juifs/H_Juifs_00.htm}}</ref>.
== Œuvres ==


== Publications ==
* {{bibliographie|Q19169728}} et {{bibliographie|Q50818915}}
* {{bibliographie|Q19169728}} et {{bibliographie|Q50818915}}
* ''Rapport et projet de décret sur les moyens d’améliorer l’agriculture en France, par l’établissement d’une maison d’économie rurale dans chaque département, présentés à la séance du 13 du {{1er}} mois de l'an {{IIe}} de la république française, ({{date-|4 octobre 1793}}) au nom des comités d'aliénation et d'instruction publique, par le citoyen Grégoire. Imprimés par ordre de la Convention nationale'', Paris : Impr. nationale, 1793, in-8°, {{nb p.|30}}
* ''Rapport et projet de décret sur les moyens d’améliorer l’agriculture en France, par l’établissement d’une maison d’économie rurale dans chaque département, présentés à la séance du 13 du {{1er}} mois de l'an {{IIe}} de la république française, ({{Date-|4 octobre 1793}}) au nom des comités d'aliénation et d'instruction publique, par le citoyen Grégoire. Imprimés par ordre de la Convention nationale'', Paris, Impr. nationale, 1793, in-8°, {{nb p.|30}}
* {{bibliographie|Q19153634}}
* {{bibliographie|Q19153634}}
* {{bibliographie|Q19154069}}
* {{bibliographie|Q19154069}}
* ''Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française, séance du 16 prairial de l'an deuxième'' ({{date-|4 juin 1794}}).
* ''Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française, séance du 16 prairial de l'an deuxième'' ({{Date-|4 juin 1794}}).
* ''Rapport sur l'établissement d'un Conservatoire des Arts et Métiers, séance du 8 vendémiaire de l'an III'' ({{date-|29 septembre 1794}}), Paris, Imprimerie nationale 1794. ([http://cnum.cnam.fr/CGI/redire.cgi?BIBL589 Lire en ligne])
* ''Rapport sur l'établissement d'un Conservatoire des Arts et Métiers, séance du 8 vendémiaire de l'an III'' ({{Date-|29 septembre 1794}}), Paris, Imprimerie nationale 1794, {{lire en ligne|lien=http://cnum.cnam.fr/CGI/redire.cgi?BIBL589 Lire en ligne}}.
* ''Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de Saint-Domingue & des autres iles françaises de l'Amérique, adressé à l'Assemblée nationale''paris, Belin, {{date-|décembre 1789}}.
* ''Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de Saint-Domingue & des autres iles françaises de l'Amérique, adressé à l'Assemblée nationale'' paris, Belin, {{Date-|décembre 1789}}.
* ''Lettre aux philanthropes sur les droits, les réclamations des gens de couleur de Saint-Domingue et des autres iles françaises de l'Amérique'', {{date-|octobre 1790}}. ([http://www.manioc.org/patrimon/SCH13018 Lire en ligne])
* ''Lettre aux philanthropes sur les droits, les réclamations des gens de couleur de Saint-Domingue et des autres iles françaises de l'Amérique'', {{Date-|octobre 1790}}, {{lire en ligne|lien=http://www.manioc.org/patrimon/SCH13018}}.
* {{bibliographie|Q24008261}}
* {{bibliographie|Q24008261}}
* 1800 - {{bibliographie|Q30556866}} <!-- Henri Grégoire, Apologie de Barthélemy de Las Casas -->
* 1800 - {{bibliographie|Q30556866}} <!-- Henri Grégoire, Apologie de Barthélemy de Las Casas -->
* ''Histoire des sectes'', 1810, deux volumes
* ''Histoire des sectes'', 1810, deux volumes
* ''Histoire des sectes religieuses'', 1828-1829, cinq volumes chez Baudoin Frères, Paris.
* ''Histoire des sectes religieuses'', 1828-1829, cinq volumes chez Baudoin Frères, Paris.
* ''Recherches historiques sur les congrégations hospitalières des frères pontifes ou constructeurs de ponts'', Éd. Baudoin frères libraires, Paris, 1818. [https://books.google.fr/books?id=RWAsAAAAYAAJ&printsec=frontcover&dq=fr%C3%A8res+pontifes&cd=1#v=onepage&q=&f=false Lire en ligne].
* ''Recherches historiques sur les congrégations hospitalières des frères pontifes ou constructeurs de ponts'', Éd. Baudoin frères libraires, Paris, 1818, {{lire en ligne|lien=https://books.google.fr/books?id=RWAsAAAAYAAJ}}.
* ''Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI'', séance du {{date-|15 novembre 1792}}, l'an premier de la République française. Paris : imprimerie nationale, 1792.
* ''Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI'', séance du {{Date-|15 novembre 1792}}, l'an premier de la République française. Paris, imprimerie nationale, 1792.
* ''Adresse aux citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc par le citoyen Grégoire, député à la Convention nationale'', {{date-|janvier 1793}}.
* ''Adresse aux citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc par le citoyen Grégoire, député à la Convention nationale'', {{Date-|janvier 1793}}.
* ''Convention Nationale : Rapport présenté à la Convention nationale au nom des commissaires envoyés par elle pour organiser les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, par Grégoire représentant nommé par le département de Loir-et-Cher'', Paris, 1793.
* ''Convention Nationale : Rapport présenté à la Convention nationale au nom des commissaires envoyés par elle pour organiser les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, par Grégoire représentant nommé par le département de Loir-et-Cher'', Paris, 1793.
* ''Convention Nationale. Système de dénominations topographiques pour les places, rues, quais, etc. de toutes les communes de la République'', 7 pluviôse an II-{{date-|26 janvier 1794}}.
* ''Convention Nationale. Système de dénominations topographiques pour les places, rues, quais, etc. de toutes les communes de la République'', 7 pluviôse an II-{{Date-|26 janvier 1794}}.
* ''Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté'', 12 germinal an II-{{Date|1|avril|1794}}.
* ''Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté'', 12 germinal an II-{{Date-|1|avril|1794}}.
* ''Adresse aux Français, présentée par Grégoire à la Convention'', 16 prairial an II-{{Date|4|juin|1794}}.
* ''Adresse aux Français, présentée par Grégoire à la Convention'', 16 prairial an II-{{Date-|4|juin|1794}}.
* ''Convention nationale. Instruction publique. Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer, séance du 14 fructidor l'an second'' ({{date-|31 août 1794}}).
* ''Convention nationale. Instruction publique. Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer, séance du 14 fructidor l'an second'' ({{Date-|31 août 1794}}).
* {{Ouvrage|titre='Des peines infamantes à infliger aux négriers|lieu=Paris|éditeur=Baudouin frères|année=1822|pages totales=48|lire en ligne=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k5842803n/f6|consulté le=26/02/2020|id=Grégoire1822}}
* {{Ouvrage|titre='Des peines infamantes à infliger aux négriers|lieu=Paris|éditeur=Baudouin frères|année=1822|pages totales=48|lire en ligne={{Gallica|id=bpt6k5842803n/f6}}|consulté le=26/02/2020|id=Grégoire1822}}
* ''Du préjugé des blancs contre la couleur des Africains et celle de leurs descendants noirs et sang-mêlé'' (1826).
* ''Du préjugé des blancs contre la couleur des Africains et celle de leurs descendants noirs et sang-mêlé'' (1826).
* ''Mémoires de Grégoire'', éd. Jean-Michel Leniaud, Paris, Éditions de Santé, 1989 (écrit en 1807 et 1808 et édité une première fois en 1837 avec une notice d'[[Lazare Hippolyte Carnot|Hippolyte Carnot]]).
* ''Mémoires de Grégoire'', éd. Jean-Michel Leniaud, Paris, Éditions de Santé, 1989 (écrit en 1807 et 1808 et édité une première fois en 1837 avec une notice d'[[Lazare Hippolyte Carnot|Hippolyte Carnot]]).


'''Recueils ou textes commentés de ses œuvres'''
== Colloques et collectifs ==


* {{Ouvrage
* « L'abbé Grégoire, défenseur des droits de l'Homme »<ref>[http://presentation.cnam.fr/histoire-projet/l-abb-gr-goire-d-fenseur-des-droits-de-l-homme-144178.kjsp?RH=faits_marq L'Abbé Grégoire, défenseur des Droits de l'Homme]</ref>
| langue=fr
* « L'abbé Grégoire et la séparation de l'Église et de l'État »<ref>[http://presentation.cnam.fr/histoire-projet/l-abb-gr-goire-et-la-s-paration-de-l-eglise-et-de-l-etat-343301.kjsp?RH=faits_marq L'Abbé Grégoire et la séparation de l'Église et de l'État]</ref>
| prénom1=Henri
* « L'abbé Grégoire et le patrimoine »<ref>[http://presentation.cnam.fr/histoire-projet/la-abb-gr-goire-et-le-patrimoine-393569.kjsp?RH=faits_marq L'abbé Grégoire et le patrimoine]</ref>
| nom1=Grégoire
* « L'abbé Grégoire, pionnier de la formation continue »<ref>[http://presentation.cnam.fr/histoire-projet/l-abb-gr-goire-pionnier-de-la-formation-continue-8124.kjsp?RH=faits_marq L'abbé Grégoire, pionnier de la formation continue]</ref>
| préface=[[Albert Soboul]]
* « L'abbé Grégoire, l'ami des hommes de toutes les couleurs », ''Europe : Revue mensuelle'', numéros 128-129, 1956.
| titre=Œuvres
* Yves Bénot et Marcel Dorigny (dir)
| lieu=Nendeln, Liechtenstein
** ''Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831)'', publication de La ''Revue d'Histoire d'Outre Mer'', Saint-Denis, 2000 (contributions de Lucien-René Abénon, Yves Bénot, Amady Aly Dieng, Marcel Dorigny, Anne Girollet, Rita Hermon-Belot, [[Bernard Plongeron]], Allyssa Goldtein Sepinwall, Ann Thomson, Duraciné Vaval).
| éditeur=KTO press
** ''Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831)'', publication de la Revue d'Histoire d'Outre Mer Saint-Denis, 2005 (mêmes contributions avec en plus deux textes inédits de Duraciné Duval et de l'abbé Grégoire lui-même.
| année=1977
* Jeremy D. Popkin et Richard H. Pokin (dir), ''the Abbé Grégoire and his World'', (archives internationales d'histoire des idées) Kluwer Academic Publishers, 2000 ; contributions de David Bell, Marcel Dorigny, Rita Hermon-Belot, H.J. Lusesbring, Jeremy D. Popkin, Richard H. Popkin, Alyssa Goldstein Sepinwall, Dale Van Kley, Anthony Vilder.
| format livre=14 volumes, {{unité|22|cm}}
| isbn=3-262-00007-8
| isbn2=978-3-262-00007-0
| oclc=782166886
| bnf=350791797
}}{{commentaire biblio|{{Vol.}} 1 : Grégoire député à l'Assemblée constituante ; {{vol.}} 2 : Grégoire député à la Convention nationale ; {{vol.}} 3 : Grégoire conventionnel en mission ; {{vol.}} 4 : Grégoire, évêque constitutionnel ; {{vol.}} 5 : Grégoire au Conseil des Cinq-Cents, le Consulat, l'Empire ; {{vol.}} 6-8 : Grégoire et l'abolition de l'esclavage ; {{vol.}} 9 : Grégoire et l'émancipation des juifs ; {{vol.}} 10-11 : Grégoire et l'Église gallicane ; {{vol.}} 12-13 : Grégoire historien ; {{vol.}} 14 : Grégoire et la Restauration ; la mort de Grégoire}}
* Henri Grégoire, ''De la littérature des nègres'' (1808), avec une introduction de Jean Lessay, ''L'abbé Grégoire, défenseur des peuples de couleur'', Paris, Perrin, 1991, {{pc|lxxvii}} p.
* Rita Hermon-Belot (dir), ''L'abbé Grégoire, Écrits sur les Noirs'', 2 vol, Paris L'Harmattan, 2009,
** tome 1, 1789-1808.
** tome 2, 1815-1827.
* Bernard Plongeron (dir), ''L'abbé Grégoire et la république des savants'', Paris, Editions du CTHS, 2001
* [[Aimé Césaire]], présentation de'' Grégoire, Henri Baptiste (dit Abbé), 1815. De la traite et de l'esclavage des noirs'', Paris, rééd. Arléa, {{Date-|mai 2007}}
* « Un discours inédit de l’abbé Grégoire sur le décret du {{Date-|15 mai 1791}} : ''Discours de M. Grégoire sur la révocation du décret relatif aux gens de couleur'' », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|363}}, janvier/{{Date-|mars 2011}}, {{p.|175-183}}. Texte reproduit et commenté par Jean-Daniel Piquet.


== Honneurs, hommages et postérité ==
== Hommages ==
L’importance du rôle de l’abbé Grégoire à la Révolution française est telle qu’elle marque fortement les esprits, de son vivant même, mais aussi bien au-delà. Des honneurs et hommages nombreux et de toutes sortes lui sont rendus depuis plus de deux siècles. Sa postérité est considérable.


=== Distinctions ===
* En 1950 en France à l'occasion des deux cents ans de sa naissance, [[René Cassin]] prononce un discours-hommage à l'abbé Grégoire.
* En {{date|juillet 1804}} il reçoit la [[Ordre national de la Légion d'honneur|légion d’honneur]] au grade de commandant<ref>{{Base Léonore|LH/1195/40}}.</ref>{{,}}<ref>{{Fastes L-H
* En 1950, en Indochine, le [[Viet-Minh]] commémore également les deux cents ans de sa naissance, le considérant comme "l'homme de la liberté des peuples" <ref> Bernard Plongeron, "Grégoire Henri", ''Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique'' ; Dictionnaire Napoléon</ref>.
* Plus de 150 ans après son décès, le {{Date|12|décembre|1989}}, les cendres de l'abbé Grégoire sont transférées au [[Panthéon de Paris|Panthéon]] en même temps que celles de [[Gaspard Monge|Monge]] et de [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]], à l'occasion de la célébration du bicentenaire de la [[Révolution française]].
* Son nom fut donné à [[Rue de l'Abbé-Grégoire|une rue]] du [[6e arrondissement de Paris|{{6e}} arrondissement de Paris]].
* Une rue porté également le nom de l'abbé Grégoire à [[Grenoble]].
* Émission d'un timbre à l'effigie de l'abbé Grégoire<ref>[http://www.abolitions.org/index.php?IdPage=1173702836 Timbre abbé Grégoire.]</ref>.
* Au [[Conservatoire national des arts et métiers]], le plus prestigieux des amphithéâtres porte le nom d'abbé-Grégoire.
* Un portrait de l'abbé Grégoire orne la [[Arts et Métiers (métro de Paris)|station Arts et Métiers]] à Paris.
* À [[Blois]], la grande bibliothèque municipale construite et inaugurée dans les années 1990 porte le nom de bibliothèque abbé-Grégoire.
* [[Franc-maçon]], l'abbé Grégoire aurait appartenu à la [[loge maçonnique|loge]] parisienne des [[Neuf Sœurs]]{{refconf}}<ref>{{Lien web
|url=http://www.temoignages.re/indomptable-revolutionnaire-et,19349.html
|titre=Hommage à l'abbé Grégoire
|id=
|série=Indomptable, révolutionnaire et humaniste
|auteur=P. David
|lien auteur=
|coauteurs=
|date=
|année={{date|21|décembre|2006}}
|mois=
|site=www.temoignages.re
|éditeur=''[[Témoignages]]''
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|consulté le=14 août 2011
}}</ref>.
* En [[1814]], Grégoire fut nommé, parmi vingt-huit personnes {{Citation|distinguées pour leur savoir}}, membre honoraire de l'[[université de Kazan]] ([[Russie]]). Mais cette nomination fut annulée en [[1821]], le conseil de l'université ayant trouvé qu'il était {{Citation|contraire non seulement à la justice mais à la simple décence d'avoir en son sein un homme qui s'était rendu coupable d'un crime odieux}} (la mort de Louis XVI) (voir l'''Encyclopédie'' de Brockhaus et Efron (https://ru.wikisource.org/wiki/%D0%AD%D0%A1%D0%91%D0%95/%D0%93%D1%80%D0%B5%D0%B3%D1%83%D0%B0%D1%80,_%D0%90%D0%BD%D1%80%D0%B8).)

== La littérature et l'abbé Grégoire ==
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur=Victor Hugo|lien auteur=Victor Hugo|titre=Les Misérables|lien titre=Les Misérables|année=1862|collection=Bibliothèque de la Pléiade|éditeur=Gallimard|anné=1951|passage=38-49|lire en ligne=http://www.gallican.org/gregoire.htm}}.
* {{Ouvrage|langue=fr|auteur=Anne Villemin Sicherman|lien auteur=Anne Villemin Sicherman|titre=L'Abbé Grégoire s'en mêle|année=2020|collection=les grands détectives|éditeur=10 18}}.


== Titres ==
* [[Comte de l'Empire|Comte Grégoire et de l'Empire]] ([[lettres patentes]] de {{date||mai|1808}}, [[Bayonne]]<ref name="PLEADE"/>) ;

== Distinctions ==
* [[Légion d'honneur]]<ref>{{Base Léonore|LH/1195/40}}</ref>{{,}}<ref>{{Fastes L-H
|1=I
|1=I
|2=[[1842]]
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|notice=Grégoire (Henri)
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** [[légionnaire (Légion d'honneur)|Légionnaire]] ({{Date républicaine|9|vendémiaire|an XII}} : {{date|2|octobre|1803}}), puis,
** [[légionnaire (Légion d'honneur)|Légionnaire]] ({{Date républicaine-|9|vendémiaire|an XII}} : {{Date-|2|octobre|1803}}), puis,
** Commandeur de la Légion d'honneur ({{Date républicaine|25|prairial|an XII}} : {{date|14|juin|1804}}).
** Commandant de la Légion d'honneur ({{Date républicaine-|25|prairial|an XII}} : {{Date-|14|juin|1804}})<ref>Voir [[Ordre national de la Légion d'honneur#Histoire]]</ref>.<br>
Mais le {{date|19 novembre 1822}}, il annonce son abdication volontaire et motivée au titre de commandant dans la Légion d'Honneur<ref>{{Lien web|site=Musée de l’abbé Grégoire|titre=Biographie|url= https://musee-abbe-gregoire.fr/un-homme/sa-biographie|consulté le=2024-06-04}}</ref>.

* Il accepte, malgré son opposition à [[Napoléon Ier|Napoléon]] et à l’instauration d‘une [[noblesse d’Empire]], le titre de [[Comte]] d’Empire ([[lettres patentes]] de {{Date-||mai|1808}}, [[Bayonne]]<ref name="PLEADE"/>){{,}}<ref>{{Article|périodique=Revue du Souvenir Napoléonien|auteur=Marc Allégret|titre=Grégoire, Abbé Jean-Baptiste, (1750-1831), comte, sénateur|année=1997|numéro=415|pages=59-60|url=https://www.napoleon.org/histoire-des-2-empires/biographies/gregoire-abbe-jean-baptiste-1750-1831-comte-senateur/|consulté le=2024-06-04}}</ref>{{,}}<ref>Voir la liste de comtes de l’Empire ici : [https://fr.wikipedia.org/w/index.php?title=Catégorie:Comte_de_l’Empire&from=G]</ref>.

* En 1814, Grégoire est nommé, parmi vingt-huit personnes {{Citation|distinguées pour leur savoir}}, membre honoraire de l'[[université de Kazan]] ([[Russie]]). Mais cette nomination est annulée en 1821, le conseil de l'université jugeant qu'il est {{Citation|contraire non seulement à la justice mais à la simple décence d'avoir en son sein un homme qui s'est rendu coupable d'un crime odieux}} à savoir la mort de Louis XVI<ref>Voir l'''Encyclopédie'' de Brockhaus et Efron {{Lien web|langue=russe|site=Wikisource|titre=
ЭСБЕ/Грегуар, Анри|url=https://ru.wikisource.org/wiki/ЭСБЕ/Грегуар,_Анри|consulté le=2024-05-29}}</ref>.

=== Des portraits en peinture ===
*Le tableau [[Le Serment du Jeu de paume]] de [[Jacques-Louis David]], huile sur toile inachevé faute de financement et parce que les temps avaient rapidement changé, probablement abandonné fin 1792, de grandes dimensions (304 × 654 cm) est conservé au musée du [[château de Versailles]] dans l’[[Attique (architecture)|attique]] Chimay dans l’aile du Midi du château. {{Citation|L’ébauche [est] mythique. Toile préparée en gris clair, mise au carreau au crayon blanc. Les figures sont nues, dessinées au crayon blanc, puis peintes en gris et redessinées en blanc. Quatre têtes et trois mains sont peintes, merveilleux fantômes colorés surgis du brouillard de l’Histoire dont ils ont triomphé.}}<ref>{{Lien web|site=Connaissance des arts|titre=Le Serment du Jeu de Paume de David : étude d’un chef-d’œuvre|auteur= Valérie Bougault|date= 2020-07-13|url= https://www.connaissancedesarts.com/arts-expositions/le-serment-du-jeu-de-paume-de-david-etude-dun-chef-doeuvre-11142980/|consulté le=2024-05-30}}</ref>. Ce tableau, qui veut immortaliser l’événement historique du 20 juin 1789 est rempli de symboles, dont l’un des plus puissants est la tolérance religieuse avec l’allégorie de la réconciliation des religieux : on y voit presque au centre du tableau au premier plan, l’abbé Grégoire au centre d’un trio formé par, à gauche, le religieux [[Christophe Antoine Gerle |dom Gerle]] et à droite le pasteur protestant [[Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne]], devant [[Jean Sylvain Bailly|Bailly]], président du [[Tiers état]] monté sur une table. Ce tableau est précédé de plusieurs études :<br>
** Une huile sur toile de dimensions modestes (65 × 88,7 cm) Le Serment du jeu de paume réalisée en 1790, qui se trouve au [[Musée Carnavalet]], donne clairement à voir ce que le peintre veut réaliser<ref>{{Lien web|site=Commons Wikimedia|titre=Serment du Jeu de Paume - Jacques-Louis_David|url=https://fr.wikipedia.org/wiki/Salle_du_Jeu_de_paume#/media/Fichier:Serment_du_Jeu_de_Paume_-_Jacques-Louis_David.jpg|consulté le =2024-05-30}}</ref> ; <br>
** Une étude à la plume et encre brune et noire, lavis brun et rehauts de blanc sur traits de crayon vers 1791-92 de 66 cm x 101,2 cm, qui se trouve au Musée national du château de Versailles<ref>http://collections.chateauversailles.fr/#ab1256a3-7143-43d9-b317-3bb58e03a1d2</ref> ; <br>
** Un portrait inachevé de Grégoire, huile sur toile, de 56 x 47 cm, vers 1791-92, qui se trouve au Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de [[Besançon]]<ref>[https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Portrait_de_l’abbé_Henri_Grégoire.jpg]</ref>{{,}}<ref>{{lien web|site=Ville de Besançon - Mémoire vive|titre=Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie|url=https://memoirevive.besancon.fr/ark:/48565/wtrqc251xz8s|consulté le=2024-06-07}}</ref> ;<br>
** La réinterprétation, dans le format prévu à l'origine de 7 x 10 m environ, que le peintre [[Luc-Olivier Merson]] fait de ce tableau sur commande de l’État (par [[Jules Ferry]], alors ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts) en 1883 pour la restauration de la [[salle du Jeu de paume]], en partant de l'étude au lavis de [[Jacques-Louis David| David]] et de la gravure de [[Jean-Pierre-Marie Jazet]]<ref>{{pdf}} [http://www.chateauversailles.fr/resources/pdf/fr/pedagogique/serment-jeudepaume_20090602.pdf « Dossier enseignants », in ''Le Serment du Jeu de paume Quand David réécrit l’Histoire''], sur ''chateauversailles.fr''</ref> représente toujours le trio religieux, dont Grégoire<ref>{{Lien web|site=Commons Wikimedia;|titre= Serment du Jeu de Paume - Jacques-Louis David|url= https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Serment_du_Jeu_de_Paume_copie_Merson.jpg|consulté le =2024-05-30}} </ref>;
* un portait assis de [[Pierre Joseph Célestin François]] où l’on voit Grégoire sur un fauteuil devant un bureau, la plume à la main avec des livres en arrière-plan, huile sur toile de 1800, de 130,5 x 98 cm, qui se trouve au [[Musée lorrain| palais des ducs de Lorraine]] à [[Nancy]]<ref>{{Lien web|site=Palais des ducs de Lorraine Musée lorrain|titre=Portrait de l’Abbé Grégoire|url=https://musee-lorrain.nancy.fr/les-collections/les-oeuvres-majeures/oeuvre-majeure?tx_news_pi1%5Baction%5D=detail&tx_news_pi1%5Bnews%5D=612&cHash=11e4a2199f140f032f3add59528410ef|consulté le=2024-05-30}}</ref> ;
* Un portrait en pied, en tenue d’évêque constitutionnel, huile sur toile, peint par [[Jean-Baptiste Mauzaisse]] en 1820 de 110 cm x 73 cm qui se trouve au [[musée Carnavalet]]<ref>{{Lien web|site= Commons Wikimedia|titre= Jean-Baptiste Mauzaisse - L’Abbé Henri Grégoire (1750-1831), ecclésiastique et homme politique - P527 - Musée Carnavalet|url=https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Jean-Baptiste_Mauzaisse_-_L’Abbé_Henri_Grégoire_(1750-1831),_ecclésiastique_et_homme_politique_-_P527_-_Musée_Carnavalet.jpg|consulté le=2024-05-30}}</ref>.

=== Des portraits en dessins, estampes, gravures, lithographie... ===
* Une gravure vers 1789-91, de [[Jean-Michel Moreau]] et Wilbrode-Magloire-Nicolas Courbe<ref>Voir [https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Wilbrode-Magloire-Nicolas_Courbe]</ref>, conservée à la Bibliothèque nationale dans un ouvrage intitulé « Collection complette, des portraits de MM.s les députés à l'Assemblée nationale de 1789. Tome 3 »<ref>{{Lien web|site=Gallica|titre=Henry Grégoire : curé d'Embermenil député de Nancy à l'Assemblée nationale de 1789 élu par la voix du peuple à l'évêché du département de Loire et Cher Vox Populi Vox Dei|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10547863j|consulté le=2024-06-06}} Bibliothèque nationale de France, département Estampes et photographie, FOL-EF-172 (A)</ref> ;
* Une estampe vers 1790-92, d'auteur inconnu, conservée à la [[Bibliothèque nationale de France|BNF]] intitulée « L’abbé Grégoire, Curé d’Emberménil et député de Nancy »<ref>{{Lien web|site=Gallica|titre=M. l'abbé Grégoire : curé D'Emberménil, député de Nancy à l'Assemblée nationale|url=https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b6943336j.r=abbégrégoire%20%20estampe?rk=42918;4|consulté le=2024-06-06}} que l’on peut également voir ici [https://commons.wikimedia.org/wiki/File:Abbé_Grégoire_-_député_de_Nancy_à_l’Assemblée_nationale.jpg]</ref> dans un ouvrage intitulé « Un siècle d'histoire de France par l'estampe, 1770-1870. Vol. 13 (pièces 2081-2219), Ancien Régime et Révolution » ;
* Une gravure de Jean-Baptiste Vérité<ref>{{Lien web|site=BNF|titre=Catalogue général|url=https://catalogue.bnf.fr/ark:/12148/cb402476407|consulté le=2024-06-06}}</ref>, conservée au [[Musée Carnavalet]] représente un buste de trois-quarts, intitulé « Grégoire, évêque de Blois / Député du départ. de la Meurthe Ex-président de l’Assemblée nationale»<ref>{{Lien web|site=Paris Musées|titre=Grégoire, évêque de Blois / Député du départ. de la Meurthe|url=https://www.parismuseescollections.paris.fr/fr/musee-carnavalet/oeuvres/gregoire-eveque-de-blois-depute-du-depart-de-la-meurthe#infos-principales|consulté le=2024-06-06}}</ref> ;
* Une lithographie de 1838 représentant son buste de face, de Friedrich Krätzsohmer, intitulé « Grégoire ehemalige Bischoff von Blois » qui se trouve dans un ouvrage allemand paru en 1838<ref> {{Ouvrage|auteur= Gustav Krüger|titre=Heinrich Grégoire, Bischoff von Blois und Haupt des constitutionellen Clerus in Frankreich|date=1838|lieu=Leipzig|éditeur=Breitkopf und Härtel}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|site=Gallica|titre=Grégoire ehemalige Bischoff von Blois : [Buste, face]|url= https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b10220318z|consulté le=2024-06-06}}</ref>.
* Une lithographie d’Auguste Bry<ref>{{Lien web|site=The New York Public Library Digital Collections|titre= (still image) Grégoire. [L'abbé Grégoire evêque de Blois (Paris)]., (1800 - 1899) |auteur=Digital Collections, The New York Public Library|éditeur=The New York Public Library, Astor, Lenox, and Tilden Foundations|url=https://digitalcollections.nypl.org/items/510d47df-c9cc-a3d9-e040-e00a18064a99 |consulté le=2024-06-06 }}</ref> ;
* Une gravure de 1889, de H. Rousseau (dessinateur), E. Thomas (graveur) paru dans l’ouvrage d'{{Ouvrage|auteur1= Augustin Challamel|auteur2= Désiré Lacroix|titre=Album du centenaire|sous-titre=Grands hommes et grands faits de la Révolution française (1789-1804) |date=1889|lieu= Paris |éditeur= Furne, Jouvet & Cie}}<ref>[https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Abbé_Grégoire#/media/File:AduC_021_l'abbé_Grégoire_(1750-1831).JPG]</ref>.

* Un portrait <sup>[Lequel ?]</sup>de l'abbé Grégoire orne la [[Arts et Métiers (métro de Paris)|station Arts et Métiers]] à Paris sur la [[Ligne 11 du métro de Paris|ligne 11]], celle carrossée de cuivre.

=== Des bustes et une statue ===
* Un buste en plâtre de 1828, modèle original du sculpteur [[Pierre-Jean David d’Angers|David d'Angers]] conservé au Musée des beaux-arts et [[galerie David d'Angers]] à [[Angers]] sera répliqué par son auteur en différentes matières :
** en marbre de 1829, offert au [[Musée lorrain| palais des ducs de Lorraine]] à [[Nancy]] où il est conservé ;
** en plâtre, qui se trouve au [[Château de Saumur|musée de Saumur]] ;
** en bronze, offert à la république d'[[Haïti]]<ref>{{Lien web|site= site=POP Plateforme ouverte du patrimoine|titre=Henri Grégoire (1750-1831)|url=https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/joconde/000SC017771|consulté le=2024-06-04}}</ref> ;
* Un buste de 1882, en marbre blanc dû au sculpteur [[Émile-François Chatrousse]] orne la [[salle du Jeu de paume]] à [[Versailles]] parmi une grande série de bustes de personnalités ayant marqué la période de la [[Révolution française]]. Chatrousse représente Grégoire âgé d’une quarantaine d’années, alors qu’il vient d’être élu député de Nancy en vue de la réunion des États généraux à l’été 1789, premier acte de la Révolution française<ref> {{Lien web|site=Château de Versailles|titre=Henri Jean-Baptiste Grégoire, dit l’Abbé|url=https://www.chateauversailles.fr/decouvrir/histoire/grands-personnages/henri-jean-baptiste-gregoire-dit-abbe|consulté le=2024-06-03}}</ref> ;
* Un tirage en plâtre de ce buste de la [[salle du Jeu de paume]] offert en 1885 par son auteur au [[Conservatoire national des arts et métiers]] de [[Paris]] y est toujours conservé<ref>{{Lien web|site=Conservatoire national des arts et métiers|titre=Buste de l’abbé Grégoire|url=https://www.arts-et-metiers.net/musee/buste-de-labbe-gregoire|consulté le=2024-06-03}}</ref> ;
* Un buste en marbre sur un haut socle de granit du sculpteur Alfred Jean-Baptiste Halou<ref>{{Lien web|site=Wikiphidias|titre=Halou Alfred Jean Baptiste Paul, père|url=http://wikiphidias.fr/index.php?view=article&id=554%3Ahalou-alfred-jean-baptiste-paul-pere&tmpl=component&page=&option=com_content&Itemid=118|consulté le=2024-06-03}}</ref>, père de [[Alfred Jean Halou]], datant de 1886, réalisé d'après le marbre de David d'Angers daté de 1829 et conservé à Nancy, se trouve dans le jardin de l’[[Abbaye Saint-Laumer de Blois|hôtel-Dieu de Blois]], quai de l’Abbé Grégoire<ref>{{Lien web|site=POP Plateforme ouverte du patrimoine|titre=Blois : buste de l'abbé Grégoire, évêque de Blois|url=https://www.pop.culture.gouv.fr/notice/palissy/IM41001385|consulté le=2024-06-03}}</ref> ;
*Un buste de bronze sur socle de marbre à [[Emberménil]] devant le musée, de la sculptrice Véronique Mariage et du fondeur Joel Huguenin de [[Vézelise]], inauguré le {{date|28 mai 2000}}, dans le cadre des célébrations de « Grégoire 2000 » ;
* Une statue à Lunéville. Deux statues sont érigées successivement à Lunéville. Une première statue résulte d’un concours organisé en 1883 à l’initiative de Jean-Baptiste Ravold<ref>{{Lien web|site=Maitron|titre= RAVOLD Jean-Baptiste|date=2021-01-04|url=https://maitron.fr/spip.php?article36818|consulté le=2024-06-04}}</ref>, républicain convaincu et Raphaël Job, membre de la communauté israélite de Lunéville. Plusieurs des esquisses en plâtre présentées à ce concours sont visibles au musée d’[[Emberménil]]. Le sculpteur lorrain [[Charles-Élie Bailly]] remporte ce concours et, grâce à une souscription publique, la statue de bronze dressée sur la place des Carmes est inaugurée le 12 juillet 1885. Mais elle est démontée et fondue par les [[Nazi|nazis]] en 1942. La statue actuelle, en pierre, est réalisée sur l’initiative de Sam Job, président de la communauté israélite de Lunéville et cousin de Raphaël Job. Cette œuvre du sculpteur [[Paul Niclausse]] est inaugurée le {{date|16 juillet 1955}} en présence de [[Gaston Monnerville|M. Monnerville]], président du [[Conseil de la République|conseil]] et président de l’association des Amis de l’abbé Grégoire<ref>{{Lien web|site=Musée de l’abbé Grégoire|titre=La statue de Lunéville|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-musee/a-visiter |consulté le=2024-06-03}}</ref>.

=== Des plaques commémoratives et une stèle ===
* à Vého, dans le village, une plaque est apposée à l’endroit de sa maison natale aujourd’hui disparue<ref>{{Lien web|site=Wikimedia commons|titre= Vého (M-et-M) Plaque Abbé Grégoire, maison natale disparue|url=https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Abbé_Grégoire#/media/File:Vého_(M-et-M)_plaque_Abbé_Grégoire,_maison_natale_disparue.jpg|consulté le=2024-05-31}}</ref> ;
* à Versailles, au 50 bis cours de la Reine où il habite en mai et juin 1789 au moment de la réunion des [[États généraux (France)| États généraux]]<ref>{{Lien web|site=Wikimedia commons|titre=Versailles (78) Boulevard de la Reine|url=https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Abbé_Grégoire#/media/File:Versailles_(78)_Boulevard_de_la_Reine_692.jpg|consulté le=2024-05-31}}</ref> ;
* à Paris, au 44 [[rue du Cherche-Midi]] où il meurt le 28 mai 1831, une plaque est fixée au mur à hauteur du [[mascaron]] de la porte cochère à gauche de la première fenêtre qui est à gauche de cette porte<ref>Voir la photo de {{Lien web|site=Flickriver|titre=L'Abbe Gregoire plaque - 44 rue Cherche-Midi, Paris 6th arr|auteur=Monceau|url=https://www.flickriver.com/photos/monceau/15711166324/|consulté le=2024-05-30}}</ref> et un [[panneau Histoire de Paris]], situé juste à droite de la porte cochère, rappelle le même événement ;
* à [[Montpellier]], une plaque est dévoilée par le maire lors d’une cérémonie le {{date|12 mai 2015}} sur le parvis de l’hôtel de ville <ref>{{Lien web|site=Ville de Montpellier|titre=Une plaque en l'honneur de l'abbé Grégoire sur le parvis de l'Hôtel de Ville|url=https://www.montpellier.fr/evenement/15807/3624-une-plaque-en-l-honneur-de-l-abbe-gregoire-sur-le-parvis-de-l-hotel-de-ville.htm|consulté le=2024-05-30}}</ref> ;
* à [[Emberménil]] une stèle aux Droits de l'Homme constitue la première étape de l'hommage rendu par la commune d'Emberménil à son ancien curé. Cette stèle est l’œuvre du peintre et sculpteur Patrick Hervelin<ref>{{Lien web|site=[[L'Est républicain]]|titre=Aubréville : portes ouvertes chez le sculpteur Patrick Hervelin|date=2015-09-27|url=https://www.estrepublicain.fr/edition-de-verdun/2015/09/27/aubreville-portes-ouvertes-chez-le-sculpteur-patrick-hervelin|consulté le =2024-06-04}}</ref>. Elle a été financée par une souscription ouverte par le journal [[L’Est républicain]]. Elle est inaugurée lors d’une grande cérémonie présidée par [[Laurent Fabius]], président de l’[[Assemblée nationale (France)|Assemblée nationale]] le {{date|24 septembre 1989}} en présence de 2000 personnes dont de nombreuses personnalités<ref>{{Lien web|site=Musée de l’abbé Grégoire|titre=La Stèle aux Droits de l'Homme|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-musee/a-visiter|consulté le=2024-06-04}}</ref> ;
* au lieu-dit « Au bon jardin » sur le territoire de [[Vého]] sur la route reliant ce village à [[Emberménil]], l'Abri du Pélerin construit en 1990 est une modeste construction faite d’un mur de moellons dans lequel est encastré un portrait de Grégoire de profil coulé dans le bronze. Ce mur est couvert d’une petite toiture de tuiles soutenue à l’avant par deux simples piliers de bois. Il rappelle au souvenir des promeneurs que l’abbé Grégoire habitant Vého est passé par là pour aller à l’école d’Emberménil<ref>{{Article|titre=L’abri du pèlerin, un point de vue remarquable sur l’histoire locale|périodique=L’Est républicain|date=2021-04-21|lire en ligne=https://www.estrepublicain.fr/culture-loisirs/2021/04/21/l-abri-du-pelerin-un-point-de-vue-remarquable-sur-l-histoire-locale|consulté le=2024-05-31}}</ref>{{,}}<ref>{{Lien web|Wikimedia Commons|titre=Henri Grégoire date profil|url=https://commons.wikimedia.org/wiki/Category:Abbé_Grégoire#/media/File:Henri_gregoire_date_profil.png|consulté le=2024-05-31}}</ref>.

=== Des associations ===
* La société des amis de l’abbé Grégoire créée en 1933 a son siège 292 rue Saint-Martin à Paris<ref>{{Lien web|site=Net1901.org|titre=Société des amis de l’abbé Grégoire|url=https://www.net1901.org/association/SOCIETE-DES-AMIS-DE-LABBE-GREGOIRE,1000346382.html|consulté le=2024-06-04}}</ref> ;
* L’Association Lorraine des Amis de l’Abbé Grégoire est créée en 1990. Son objet est de perpétuer le souvenir de l'abbé Grégoire, de faire connaître sa vie et ses œuvres, de contribuer à la promotion de ses idées, créer ou gérer tout service répondant à cet objet. Son siège est à Lunéville<ref>{{Lien web|site=Net 1901.org|titre=Association lorraine des amis de l’abbé Grégoire A.L.A.A.G|url=https://www.net1901.org/association/ASSOCIATION-LORRAINE-DES-AMIS-DE-LABBE-GREGOIRE-A.L.A.A.G.,1996537.html|consulté le=2024-05-31}}</ref> ;
* L’Association des Amis de l’abbé Grégoire, créée le {{date|2002-05-21}} a son siège à [[Paris]], 38 rue de Turin<ref>{{Lien web|site=Cartographie des mémoires de l’esclavage|titre=Association des Amis de l’abbé Grégoire|url=https://www.mmoe.llc.ed.ac.uk/fr/association/association-des-amis-de-l’abbé-grégoire|consulté le=2024-06-04}}</ref> ;
* Le Cercle des amis de l'abbé Grégoire créé en 2016 a son siège à l’Hôtel de ville 9 place Saint-Louis à [[Blois]]<ref>{{Lien web|site=Net 1901.org|titre=Cercle des amis de l’abbé Grégoire|url=https://www.net1901.org/association/CERCLE-DES-AMIS-DE-LABBE-GREGOIRE,1550175.html|consulté le=2024-06-04}}</ref> ;
* L’Association « Route des abolitions de l’esclavage et des Droits de l’Homme » créée en 2005 a son siège à [[Houtaud]] et donne toute leur place à [[Emberménil]] et l’abbé Grégoire<ref> {{Lien web|site=Net 1901.org|titre=Route des abolitions de l’esclavage et des droits de l’homme|url=https://www.net1901.org/association/ROUTE-DES-ABOLITIONS-DE-LESCLAVAGE-ET-DES-DROITS-DE-LHOMME,208677.html|consulté le=2024-06-04}}</ref>.

=== Une école doctorale ===
L’[[école doctorale]] n° 546 basée au [[Conservatoire national des arts et métiers|CNAM]] porte le nom de l’Abbé Grégoire<ref>{{Lien web|site=Ministère de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation|titre=Annuaire des formations doctorales et des unités de recherche|sous-titre=École Doctorale numéro 546 : ABBÉ-GRÉGOIRE|url=https://appliweb.dgri.education.fr/annuaire/DescEd.jsp?desc=546|consulté le=2024-06-05}}</ref>.

=== Une loge maçonnique ===
En sa mémoire, une des loges affiliées à la [[Grande Loge de France]] porte son nom<ref>{{Lien web|site=France Culture|titre=Divers aspects de la pensée contemporaine : "Abbé Grégoire", une loge engagée de la Grande Loge de France|date=15 mai 2022|url=https://www.radiofrance.fr/franceculture/podcasts/grande-loge-de-france/abbe-gregoire-une-loge-engagee-de-la-grande-loge-de-france-1911661|consulté le=2024-06-05}}</ref>.

=== Un musée ===
À [[Emberménil]], une quinzaine de kilomètres au nord-est de [[Lunéville]] et une quarantaine à l’est-sud-est de [[Nancy]] une « maison muséographique »<ref>Voir son site officiel :{{Lien web|site=Musée de l'abbé Grégoire|titre=Abbé Grégoire L'ami des hommes de toutes les couleurs|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/|consulté le=2024-06-07}}</ref> lui est entièrement consacrée ; c’est le village où il va à l’école et celui où il devient curé en 1782. Il le reste jusqu’au {{date|14 février 1791}}, date où il est élu évêque constitutionnel de [[Blois]]<ref>{{Lien web|site=Musée de l’abbé Grégoire|titre=Biographie|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-homme/sa-biographie|consulté le=2024-06-04}}</ref>. Le musée<ref>Un reportage de {{Lien web|site=[[France 3]] régions|titre=Qui est l'abbé Grégoire, ce curé lorrain qui abolit l'esclavage pour la première fois en 1794|auteur=Anne-Laure Chery|date=2021-05-10|url=https://france3-regions.francetvinfo.fr/grand-est/meurthe-et-moselle/nancy/qui-est-l-abbe-gregoire-ce-cure-lorrain-qui-abolit-l-esclavage-pour-la-premiere-fois-en-1794-2084908.html|consulté le=2024-06-08}} lui est consacré</ref> se trouve tout près de l'église, sur la place de l'abbé Grégoire, près de la stèle des [[Droits de l'homme]] qui lui est dédiée et près de son [[cénotaphe]] installé là en 1989 après le transfert de ses cendres du [[cimetière du Montparnasse]] au [[Panthéon (Paris)|Panthéon]]. Juste devant l'entrée du musée est érigé le buste sculpté par Véronique Mariage.

<gallery mode="packed" caption="La maison muséographique de l'abbé Grégoire à Emberménil et ses abords ">
Fichier:Emberménil (M-et-M) mémorial Abbé Grégoire.jpg|<center>Stèle des Droits de l'homme - Mémorial de l'abbé Grégoire</center>
Fichier:Emberménil (M-et-M) maison muséographique Abbé Grégoire.jpg|<center>La maison muséographique et le buste sculpté par Véronique Mariage</center>
Fichier:Cénotaphe Abbé Grégoire Emberménil.jpg|<center>Cénotaphe transféré du cimetière de Montparnasse à Paris en 1989</center>
</gallery>

[[Fichier:Baptiste-Henri Grégoire, called L'Abbé Grégoire (1750–1831) MET SF2005 108 2.jpg|vignette|redresse|gauche|<center>Médaille de bronze<br>gravée par David d'Angers</center>]]
=== Une médaille et un timbre à son effigie ===

* Une médaille datée entre 1844 et 1853, en bronze de 15,2 cm de diamètre, gravée par [[David d’Angers]] (qui grave sans commande particulière un très grand nombre de médailles de ses contemporains célèbres) est fondue par [[Jean-Georges Eck|Eck et Durand]]<ref>{{Lien web|site=The Met|titre=Baptiste-Henri Grégoire, appelé L'Abbé Grégoire (1750-1831)|url=https://www.metmuseum.org/art/collection/search/231230|consulté le=2024-06-07}}</ref>.
*Un timbre-poste français de 2,50 F est émis en octobre 1990, gravé par [[Jacques Gauthier (artiste)|Gauthier]]<ref>{{Lien web|site= Wikitimbres|titre=Timbre : 1990 ABBÉ GRÉGOIRE 1750-1831|url= https://www.wikitimbres.fr/timbres/3463/1990-abbe-gregoire-1750-1831|consulté le=2024-06-04}}</ref> ainsi que de nombreuses enveloppes 1er jour du 13 octobre 1990 à [[Vého]] et [[Emberménil]]<ref>Les voir en bas de la page ici : {{Lien web|site= Wikitimbres|titre=Timbre : 1990 ABBÉ GRÉGOIRE 1750-1831|url= https://www.wikitimbres.fr/timbres/3463/1990-abbe-gregoire-1750-1831|consulté le=2024-06-04}}</ref>.

=== La panthéonisation ===
* Une distinction honorifique historique lui est rendue plus de {{nobr|150 ans}} après son décès, le {{Date-|12|décembre|1989}}, sous la présidence de [[François Mitterrand]], les cendres de l'abbé Grégoire sont transférées au [[Panthéon de Paris|Panthéon]] en même temps que celles de [[Gaspard Monge|Monge]] et de [[Nicolas de Condorcet|Condorcet]], à l'occasion de la célébration du [[bicentenaire de la Révolution française]]<ref>{{Article|périodique=[[Le Monde]]|titre=L'abbé Grégoire au Panthéon. Le saint de la révolution|date=1989-12-13|url=https://www.lemonde.fr/archives/article/1989/12/13/l-abbe-gregoire-au-pantheon-le-saint-de-la-revolution_4156907_1819218.html|consulté le=2024-06-07}}</ref>. L'hommage au Panthéon est prononcé par [[Jack Lang]], [[Ministère de la Culture (France)|ministre de la culture]]<ref name="Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort" />.

* Mais des critiques se sont élevées. Dans ''[[Le Figaro]]'', l'historienne [[Annie Kriegel]] conteste le bien-fondé de sa panthéonisation<ref>{{Article|périodique=[[Le Figaro]]|auteur=[[Annie Kriegel]]|titre=Un homme critiquable|date=1989-12-12|page=2}}</ref>, jugeant cet hommage critiquable<ref>{{Article|auteur=Allysa Gollstein Sepinwall|titre=Les paradoxes de la régénération révolutionnaire, le cas de l'abbé Grégoire|périodique=Annales Historiques de la Révolution française|année=2000|numéro=3|pages=69-90|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2000_num_321_1_2336|consulté le=2024-05-30}}</ref>. Les prélats catholiques ont boudé l'invitation à la cérémonie du 12 décembre et après beaucoup d'hésitations le grand rabbin [[Joseph Sitruk]] y a finalement assisté. Ce que [[Robert Badinter]] a résumé ainsi : {{Citation|L'Église catholique n'avait pas les yeux de Chimène pour lui et le Consistoire, non plus.}}. En effet, le [[Jean-Marie Lustiger|cardinal Lustiger]] a la [[Révolution française]] en aversion et plus encore, les prêtres [[jureur]]s. Les juifs, eux, malgré l'énorme de dette de reconnaissance qu'ils ont envers Grégoire, ne lui pardonnent guère son dessein de vouloir émanciper les juifs pour mieux pouvoir les convertir à la foi chrétienne<ref name="Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort" />. {{Citation|Trop catholique pour les républicains, trop républicain pour les catholiques}} résume Rita Hermon-Belot, mais {{Citation|le transfert de ses cendres avait beaucoup de sens en 1989}}<ref name="Lorraine : l’abbé Grégoire contesté par-delà la mort" />{{,}}<ref>{{Ouvrage|titre=L'abbé Grégoire, la politique et la vérité|auteur=Rita Hermon-Belot|préface=[[Mona Ozouf]]|lieu=Paris|éditeur=[[Éditions du Seuil|Le Seuil]]|date=2000|pages totales=506|isbn=978-202-03749-27|url=http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2001_num_325_1_2538_t1_0122_0000_2|consulté le=2024-06-08}}</ref>.

=== Des événements ===
* En 1950, en France à l'occasion des deux cents ans de sa naissance, [[René Cassin]] prononce un discours-hommage à l'abbé Grégoire ;
* En 1950, en Indochine, le [[Viet-Minh]] commémore également les deux cents ans de sa naissance, le considérant comme {{"|l'homme de la liberté des peuples}}<ref>Bernard Plongeron, « Grégoire Henri », ''Dictionnaire d'histoire et de géographie ecclésiastique'' ; Dictionnaire Napoléon</ref> ;
* 1981, 5 mai, Conférence donnée par [[Gaston Monnerville]], sénateur, à la Grande Loge de France<ref>{{Lien web|site= Le Sénat|titre= L'Abbé GREGOIRE (1981)|date=1981-05-05|url=https://www.senat.fr/connaitre-le-senat/lhistoire-du-senat/societe-des-amis/societe-des-amis-du-president-gaston-monnerville/labbe-gregoire-1981.html|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 1989, 20 mai au 31 août, Exposition « L’Abbé Grégoire, révolutionnaire de la tolérance » à [[Nancy]], au [[Musée lorrain]], puis à Blois au château du {{date|7 octobre}} au {{date|19 novembre 1989}} ;
* 1989, Exposition « L’Abbé Grégoire et la création du conservatoire national des Arts et Métiers », Paris, musée national des Techniques, Conservatoire national des arts et métiers ;
* 1997, février, Congrès international sur l’abbé Grégoire à la {{Lien|William Andrews Clark Memorial Library |Clark Library}} de l’[[université de Californie à Los Angeles]]<ref>Voir la note de la page 69 {{Article|auteur=Allysa Gollstein Sepinwall|titre=Les paradoxes de la régénération révolutionnaire, le cas de l'abbé Grégoire|périodique=Annales Historiques de la Révolution française|année=2000|numéro=3|page=69|lire en ligne=https://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2000_num_321_1_2336|consulté le=2024-05-30}}</ref> ;
* 2000 Célébrations Grégoire 2000, pour le 250e anniversaire de sa naissance ;
* 2006, 26 avril, Colloque « L'abbé Grégoire, pionnier de la formation continue » au [[Conservatoire national des arts et métiers|CNAM]] <ref>{{Lien web|site=CNAM|titre=L'abbé Grégoire, pionnier de la formation continue|url=https://presentation.cnam.fr/jalons-historiques/l-abbe-gregoire-pionnier-de-la-formation-continue-8124.kjsp?RH=faits_marq|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2006, 20 décembre, un hommage est rendu à l’abbé Grégoire à [[la Réunion]] à l’École des Beaux-Arts, au [[Le Port (La Réunion)|Port]], pour célébrer le [[Fête réunionnaise de la liberté|20 désamb]] et clôturer les 1ères Assises du [[Conservatoire national des arts et métiers]] de l’[[Océan Indien]]<ref>{{Lien web|site=Témoignages.re|auteur=P. David|titre=Indomptable, révolutionnaire et humaniste|date=2006-12-21|url=https://www.temoignages.re/indomptable-revolutionnaire-et-humaniste,19349|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2007, 11 octobre, Colloque « L’abbé Grégoire et le patrimoine »<ref>{{Lien web|site=CNAM|titre=L’abbé Grégoire et le patrimoine|url=https://presentation.cnam.fr/jalons-historiques/l-abbe-gregoire-et-le-patrimoine-393569.kjsp?RH=faits_marq|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2009, 2 juin, Colloque « L'abbé Grégoire, défenseur des droits de l'Homme » au CNAM <ref>{{Lien web|site=CNAM|titre=L'abbé Grégoire, défenseur des droits de l'Homme|url=https://presentation.cnam.fr/jalons-historiques/l-abb-gr-goire-d-fenseur-des-droits-de-l-homme-144178.kjsp?RH=faits_marq =|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2010, 20 octobre, Colloque « L'abbé Grégoire et la séparation de l'Église et de l'État » au CNAM <ref>{{Lien web|site=CNAM|titre=L'abbé Grégoire et la séparation de l'Église et de l'État|url=https://presentation.cnam.fr/jalons-historiques/l-abbe-gregoire-et-la-separation-de-l-eglise-et-de-l-etat-343301.kjsp?RH=faits_marq|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2012, Colloque au CNAM, « L'abbé Grégoire et les droits de la femme »
* 2013, 14 décembre, une journée d’études est organisée à Lunéville au château des lumières par le CNAM « Grégoire et l’Europe »<ref>{{Lien web|site=CNAM|titre=Grégoire et l’Europe |url=https://presentation.cnam.fr/jalons-historiques/gregoire-et-l-europe-617992.kjsp?RH=faits_marq|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2017, Colloque au CNAM, « L'abbé Grégoire et la transmission des savoirs : tradition et modernité » ;
* 2018, 2 novembre, à [[Nancy]], une conférence organisée par Lorraine Indigo «L'abbé Grégoire : ombre et lumières»<ref>{{Lien web|site=[[L’Est républicain]]|titre=« L'abbé Grégoire : ombre et lumières» conférence organisée par Lorraine INDIGO|url=https://www.estrepublicain.fr/edition-de-nancy-ville/2018/11/05/l-abbe-gregoire-ombre-et-lumieres-conference-organisee-par-lorraine-indigo|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2020, 27 octobre, une exposition de rue, accrochée aux grilles du 292 [[rue Saint-Martin]], celles qui se trouvent de part et d’autre de l’entrée monumentale du [[Conservatoire national des arts et métiers]] veut exprimer que l’héritage politique et intellectuel de l’abbé Grégoire demeure d’une grande actualité en associant des citations emblématiques de l’abbé Grégoire aux réalisations d’hier et d’aujourd’hui<ref>{{Lien web|site=CNAM|titre=L'abbé Grégoire, un héritage toujours vivant|url= https://culture.cnam.fr/l-abbe-gregoire-un-heritage-toujours-vivant-/l-abbe-gregoire-un-heritage-toujours-vivant-1233825.kjsp?RH=faits_marq |consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* 2022, 7 octobre, lors du 25è « Rendez-vous de l’Histoire de Blois », l’historienne [[Françoise Hildesheimer]] donne dans le château de Blois une conférence<ref>{{Lien web|site=La nouvelle république|titre=25es RVH de Blois : l’abbé Grégoire, tête dure en temps de Révolution|date=2022-10-06|url=https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/l-abbe-gregoire-tete-dure-en-temps-de-revolution|consulté le=2024-06-05}}</ref> intitulée « L’abbé Grégoire, tête dure en temps de Révolution », à l’occasion de la sortie de son livre sur Grégoire<ref>{{Ouvrage|titre=L’abbé Grégoire Une tête de fer de la révolution|auteur= Françoise Hildesheimer|date=2022-04-27|lieu=Paris|éditeur=Nouveau monde|isbn=978-2-38094-299-6}}</ref>{{,}}<ref>On peut écouter cette conférence sur cette page {{Lien web|site=Rendez-vous de l’histoire|titre=L'abbé Grégoire, une longue vie|url=https://rdv-histoire.com/programme/labbe-gregoire-une-longue-vie|consulté le=2024-06-05}}</ref>.

=== Des voies et des places ===
En France, un très grand nombre de villes ou communes ont donné le nom de l’abbé Grégoire à l’une de leurs voies ou places (avec les variantes abbé Henri Grégoire, Henri Grégoire, Grégoire) :
* Une rue à [[Albi]], [[Anse-Bertrand]], [[Aurillac]], [[Baccarat]], [[Billère]], [[Bourg-en-Bresse]], [[Capesterre-Belle-Eau]], [[Cayenne]], [[Épinal]], [[Escolives-Sainte-Camille]], [[Évry-Courcouronnes]], [[Froidcul]], [[Frouard]], [[Grande-Synthe]], [[Grenoble]], [[Grigny]], [[ Guénange]], [[Hagondange]], [[Rue de l'Abbé-Grégoire (Issy-les-Moulineaux)|Issy-les-Moulineaux]], [[La Rochelle]], [[Launaguet]], [[Les Anses-d’Arlet]], [[Le Vauclin]], [[L'Houmeau]], [[Lunéville]], [[Macouba]], [[Marseillan]], [[Metz]], [[Mirecourt]], [[Mont-de-Marsan]], [[Morne-à-l'Eau]], [[Moyeuvre-Grande]], [[Nancy]], [[Nice]] (avec, donnant sur cette rue, une impasse et un passage Grégoire), [[Niort]], [[Rue de l'Abbé-Grégoire (Paris)|Paris]], [[Pointe-à-Pitre]], [[Pont-à-Mousson]], [[Pont-Sainte-Maxence]], [[Quéven]], [[Rennes]], [[Rezé]], [[Rivière-Pilote]], [[Ronchin]], [[Rungis]], [[Saint-Ferjeux]], [[Saint-Pierre-des-Échaubrognes]], [[Saint-Pierre (Martinique)]], [[Sainte-Anne (Guadeloupe)]], [[Sainte-Geneviève-des-Bois]], [[Savigny-le-Temple]], [[Varangéville]], [[Vého]], [[Villeneuve-le-Roi]],
* une avenue à [[Saint-Herblain]],
* une ruelle à [[Aix-Noulette]], [[Aspremont]], au [[Le Port (La Réunion)|Port]] (à [[la Réunion]]), à [[Wasmes]],
* Un chemin à [[Toulouse]],
* Une allée à [[Bagneux]], [[Limoges]], [[Quimper]]
* Une impasse à [[Arles]], [[La Roche-sur-Yon]], [[Malancourt-la-Montagne]],
* Un quai à [[Blois]],
* Une promenade à [[Fleury-les-Aubrais]], [[Maromme]],
* Une place à [[Bobigny]], [[Emberménil]], à [[Fort-de-France]] inaugurée le {{Date-|28 décembre 1950}} par son maire [[Aimé Césaire]], à [[Houilles]], [[Saint-Ouen-sur-Seine]], [[Sens]], [[Trieux (Meurthe-et-Moselle)|Trieux]],
* Un rond-point à [[Drancy]], [[saint-Dié-des-Vosges]],
* Une voie de l’abbé Grégoire renomme depuis octobre 1990 le [[Réseau routier départemental français#1.3.2Apparition des chemins départementaux (1938)|CD 19]] entre [[Emberménil]] et [[Vého]], au cours des manifestations festives en 1990 à l’occasion de la sortie du [[timbre-poste]] à l’effigie de l’abbé Grégoire et de la pose de la première pierre de l’Abri du pèlerin au bord de cette route<ref>{{Lien web|site=Musée de l’abbé Grégoire|titre=L’Abri du Pélerin|url=https://musee-abbe-gregoire.fr/un-musee/a-visiter|consulté le=2024-06-05}}</ref>.
Dans d’autres pays :
* Au [[Canada]], au [[Québec]] principalement, plusieurs communes ont un chemin Grégoire,
* En [[Haïti]], à [[Port-au-Prince]],
* En [[Suisse]], à [[Courtételle]] dans le [[Canton du Jura|Jura]].

=== Des édifices ou parties d’édifice ===
* L’[[amphithéâtre]] abbé Grégoire, est le plus grand et le plus prestigieux amphithéâtre du [[Conservatoire national des Arts et Métiers]] à [[Paris]]<ref>Voir une photo sur cette page {{Lien web|site=News Assurances Pro|titre=Amphitheatre Abbe-Gregoire|url=https://www.newsassurancespro.com/amphitheatre-abbe-gregoire|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* La Bibliothèque Abbé Grégoire au 4-6 place Jean-Jaurès à [[Blois]] <ref>{{Lien web|site=Ville de Blois|titre= Bibliothèque Abbé-Grégoire|url=https://www.blois.fr/annuaire/mediatheques-bibliotheques/abbe-gregoire|consulté le=2024-06-05}}</ref> ;
* Un lycée professionnel à [[Paris]], [[rue Turbigo]] <ref>{{Lien web|site=Académie de Paris|titre=Lycée Professionnel Régional Abbé Grégoire Paris|url= https://pia.ac-paris.fr/serail/jcms/s2_2634231/fr/accueil|consulté le=2024-06-05}}</ref>.

=== L'abbé Grégoire dans la littérature ===
* [[Victor Hugo]]
**Victor Hugo lui consacre quelques vers pamphlétaires de jeunesse alors qu'il est royaliste sous la [[Seconde Restauration|Restauration]] :
<center>{{Citation| Quand Grégoire au sénat vient remplir un banc vide,<br>Je le hais libéral, je le plains régicide,<br>Et s’il pleurait son crime, au lieu de s’estimer,<br>S’il s’exécrait lui-même, oui, je pourrais l’aimer.}}<ref>Dans Le ''Télégraphe'' que Victor Hugo écrit à dix-sept ans. Voir Wikisource [https://fr.wikisource.org/wiki/Le_Télégraphe]</ref></center>
**Beaucoup plus tard, dans son grand roman [[Les Misérables]], il en aurait fait un personnage de fiction « Le conventionnel G. » auquel rend visite au seuil de sa mort Monseigneur Myriel. Mais ce n'est pas un prêtre. C'est un très vieil homme, vivant retiré du monde en 1814 pour cause de réputation d'ancien régicide, alors que selon Monseigneur Myriel, il n'avait pas voté la mort du roi. Il fait évoluer idéologiquement l'évêque assez conservateur, en lui mettant en parallèle les crimes de la Révolution avec ceux de l'Ancien Régime (révocation de l'Édit de Nantes par Louis Le Grand, exécution de la toute la famille du hors-la-loi Cartouche par Louis XV) et en mettant en relief ses efforts passés pour combattre le pire des despotismes : l'ignorance<ref>{{Ouvrage|auteur=[[Victor Hugo]]|titre=[[Les Misérables]]|année=1862|collection=Bibliothèque de la Pléiade|éditeur=Gallimard|passage=38-49|lire en ligne=http://www.gallican.org/gregoire.htm}}</ref>.

* [[Anne Villemin Sicherman]]
**L'Abbé Grégoire est l'un des personnages principaux de son roman policier historique ''L'Abbé Grégoire s'en mêle'', dont l'intrigue se noue alors que l'[[Académie nationale de Metz|Académie Royale de Metz]] vient de lancer [[Concours de Metz de 1787-1788|son célèbre concours]] sur {{"|les moyens de rendre les juifs plus heureux et plus utiles en France}}<ref>{{Ouvrage|auteur=Anne Villemin Sicherman|titre=L'Abbé Grégoire s'en mêle|date=2020-06-18|collection=Polar|éditeur=10 18|collection=10 18|pages totales=624|isbn=978-2-264-07665-6}}</ref>.


== [[Armoiries]] ==
== [[Armoiries]] ==
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|titre=BB/29/974 page 119.
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|série=[[Titre de noblesse|Titre]] de [[comte]] accordé à Henri Grégoire. [[Bayonne]] ({{Date-||mai|1808}}).
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}}.</ref>
; On trouve aussi : ''D'argent à la croix pattée de gueules ; franc-quartier brochant des comtes sénateurs.''<ref name="UniversitéGeorgel">{{Ouvrage
; On trouve aussi : ''D'argent à la croix pattée de gueules ; franc-quartier brochant des comtes sénateurs.''<ref name="UniversitéGeorgel">{{Ouvrage
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}}</ref>{{,}}<ref name="heraldique-europeenne">Source : [http://www.heraldique-europeenne.org/Principal.htm www.heraldique-europeenne.org]</ref>{{,}}<ref name="Roret1854">{{Ouvrage
}}.</ref>{{,}}<ref name="heraldique-europeenne">Source : [http://www.heraldique-europeenne.org/Principal.htm www.heraldique-europeenne.org].</ref>{{,}}<ref name="Roret1854">{{Ouvrage
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|titre=Nouveau manuel complet du blason ou code héraldique, archéologique et historique
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|consulté le=16 nov. 2009
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}}</ref>
}}.</ref>
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== Annexes ==
=== Bibliographie ===


.
==== Ouvrages ====

* [[Robert Badinter]], ''Libres et égaux : l'émancipation des juifs, 1789-1791'', Paris, Fayard, 1989.
== Bibliographie ==
* Marc Belissa, ''Fraternité universelle et intérêt national, 1713-1795 : les cosmopolitiques du droit des gens'', Paris, Éditions Kimé, 1998.
{{Citation|C’est l’une des personnalités de la Révolution qui a la bibliographie la plus importante, mais sur une période assez courte.}}<ref>La citation est de [[Françoise Hildesheimer]]. Elle veut signifier que la vie de Grégoire ayant été longue (81 ans) et comme il a été très éclectique dans ses centres d'intérêt et les historiens se spécialisant généralement sur une partie assez étroite de l'histoire, la plupart d'entre eux n'ont écrit que sur une période assez courte de sa vie, ou que sur un aspect de sa personnalité. Il y a peu de biographies de sa vie entière. Voir l'article de {{Article|périodique=[[La Nouvelle République du Centre-Ouest]]|auteur=Paulin Aubard|titre=25es RVH de Blois : l’abbé Grégoire, tête dure en temps de Révolution|date=2022-10-06|url=https://www.lanouvellerepublique.fr/blois/l-abbe-gregoire-tete-dure-en-temps-de-revolution|consulté le=2024-06-05}}</ref>
* Yves Bénot :

** ''La Révolution française et la fin des colonies'', Paris, La Découverte, 1987.
=== Ouvrages ===
** ''La Démence coloniale sous Napoléon'', Paris, La Découverte, 1991.
* {{Ouvrage|auteur=[[Robert Badinter]]|titre=Libres et égaux : l'émancipation des juifs 1789-1791|année=1989|lieu=Paris|éditeur=[[Librairie Arthème Fayard|Fayard]]|pages totales=240|isbn=978-221-30235-26}}
* [[Josiane Boulad-Ayoub]], ''L'Abbé Grégoire, apologète de la République'', Paris, Honoré Champion, 2005.
* {{Ouvrage|titre=Fraternité universelle et intérêt national, 1713-1795 |sous-titre=Les Cosmopolitiques du Droit des Gens|auteur=[[Marc Belissa]]|lieu=Paris|éditeur=Kimé|date=1998|pages totales=462|isbn=978-284-17410-76}}
* [[Aimé Césaire]], présentation de'' Grégoire, Henri Baptiste (dit Abbé), 1815. De la traite et de l'esclavage des noirs'', Paris, rééd. Arléa, {{date-|mai 2007}}
* [[Yves Benot]],
**{{Ouvrage|titre=La Révolution française et la fin des colonies|auteur=|lieu=Paris|éditeur=[[La Découverte]]|date=1988-01-22|pages totales=272|isbn=978-270-71173-11}}
** {{Ouvrage|titre=La Démence coloniale sous Napoléon|auteur=|lieu= Paris|éditeur=[[La Découverte]]|date= 1991|pages totales=420|isbn=978-270-71487-97}}
* {{Ouvrage|titre=L'Abbé Grégoire, apologète de la République|auteur=[[Josiane Boulad-Ayoub]]|lieu=Paris|éditeur=[[Honoré Champion]]|date=2005|pages totales=254|isbn= 9782745312754}}
* [[Michel de Certeau]], [[Dominique Julia]] et [[Jacques Revel]], ''Une politique de la langue : la Révolution française et les patois : l'enquête de Grégoire'', Paris, Gallimard, 1975.
* [[Michel de Certeau]], [[Dominique Julia]] et [[Jacques Revel]], ''Une politique de la langue : la Révolution française et les patois : l'enquête de Grégoire'', Paris, Gallimard, 1975.
* Caroline Chopelin-Blanc et Paul Chopelin, ''L'Obscurantisme et les Lumières : itinéraire de l'abbé Grégoire, évêque révolutionnaire'', Paris, Vendémiaire, 2013 ; préface de Bernard Plongeron.
* Caroline Chopelin-Blanc et Paul Chopelin, ''L'Obscurantisme et les Lumières : itinéraire de l'abbé Grégoire, évêque révolutionnaire'', Paris, Vendémiaire, 2013 ; préface de Bernard Plongeron.
* Rodney J. Dean :
* Rodney J. Dean,
** ''L'Abbé Grégoire et l'Église constitutionnelle après la Terreur 1794-1797'', Paris, Picard, 2008, 364 p., préface de Jean Dubray. {{ISBN|978-2-7084-0823-4}}
** ''L'Abbé Grégoire et l'Église constitutionnelle après la Terreur 1794-1797'', Paris, Picard, 2008, 364 p., préface de Jean Dubray. {{ISBN|978-2-7084-0823-4}}
** ''L'Église constitutionnelle, Napoléon et le Concordat de 1801'', Paris, Picard, 2004, 737 pages (édition française).
** ''L'Église constitutionnelle, Napoléon et le Concordat de 1801'', Paris, Picard, 2004, 737 pages (édition française).
* {{Ouvrage|auteur1=Antonin Debidour|titre=L'abbé Grégoire|lieu=Nancy|éditeur=Imprimerie Paul Sordoillet|année=1881|pages totales=15|lire en ligne=http://www.manioc.org/patrimon/PAP11186}}
* {{Ouvrage|auteur1=Antonin Debidour|titre=L'abbé Grégoire|lieu=Nancy|éditeur=Imprimerie Paul Sordoillet|année=1881|pages totales=15|lire en ligne=http://www.manioc.org/patrimon/PAP11186}}
* [[Jean Dubray]],
* [[Jean Dubray]]
**''La Pensée de l’abbé Grégoire : despotisme et liberté'', Oxford, Voltaire Foundation, 2008.
** ''La Pensée de l’abbé Grégoire : despotisme et liberté'', Oxford, Voltaire Foundation, 2008.
** ''Lettres à l'abbé Grégoire ''. Texte établi et annoté par Jean Dubray avec la collaboration de Caroline Carnot. Vol 1, a à j. Phénix éditions, 2013
** ''Lettres à l'abbé Grégoire''. Texte établi et annoté par Jean Dubray avec la collaboration de Caroline Carnot. Vol 1, a à j. Phénix éditions, 2013
* Maurice Ezran, ''L'abbé Grégoire, défenseur des juifs et des Noirs, révolution et tolérance'', Paris, L'Harmattan, 1992.
* Maurice Ezran, ''L'abbé Grégoire, défenseur des juifs et des Noirs, révolution et tolérance'', Paris, L'Harmattan, 1992.
* Pierre Fauchon, ''L'abbé Grégoire, le prêtre-citoyen'', Tours, Éditions de la Nouvelle République, 1989.
* Pierre Fauchon, ''L'abbé Grégoire, le prêtre-citoyen'', Tours, Éditions de la Nouvelle République, 1989.
* David Feuerwerker, ''L'émancipation des juifs en France : de l'Ancien Régime à la fin du Second Empire'', Paris, [[éditions Albin Michel]], [[1976]] {{ISBN|2-226-00316-9}}
* David Feuerwerker, ''L'émancipation des juifs en France : de l'Ancien Régime à la fin du Second Empire'', Paris, [[éditions Albin Michel]], 1976 {{ISBN|2-226-00316-9}}
* Florence Gauthier, ''Triomphe et mort du droit naturel en révolution (1789-1795-1802)'', Paris, PUF, 1992.
* Florence Gauthier, ''Triomphe et mort du droit naturel en révolution (1789-1795-1802)'', Paris, PUF, 1992.
* Augustin Gazier, ''Études sur l'histoire religieuse de la Révolution française, d'après des documents originaux, inédits'', Paris, Armand Colin, 1887.
* Augustin Gazier, ''Études sur l'histoire religieuse de la Révolution française, d'après des documents originaux, inédits'', Paris, Armand Colin, 1887.
* Anne Girollet, ''Contre le préjugé de couleur, le legs de l'abbé Grégoire'', Paris, Éditions du CTHS, 2001,p. VII-XXX, préface à deux textes de V. Schœlcher (1840), S. Linstant, (1841), {{nb p.|183}}
* Anne Girollet, ''Contre le préjugé de couleur, le legs de l'abbé Grégoire'', Paris, Éditions du CTHS, 2001, {{p.|VII-XXX}}, préface à deux textes de V. Schœlcher (1840), S. Linstant, (1841), {{nb p.|183}}
* Paul Grunebaum-Balin, ''Henri Grégoire, ami des hommes de toutes les couleurs : la lutte pour la suppression de la traite et de l'esclavage, 1789-1831'', Paris, Imprimerie de la S.A.C.P., 1948.
* Paul Grunebaum-Balin, ''Henri Grégoire, ami des hommes de toutes les couleurs : la lutte pour la suppression de la traite et de l'esclavage, 1789-1831'', Paris, Imprimerie de la S.A.C.P., 1948.
* [[James Guillaume]], ''Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention'', 6 vol, Paris, 1897,
* [[James Guillaume]], ''Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention'', 6 vol, Paris, 1897,
* Rita Hermon-Belot, ''L'ami des hommes de toutes les couleurs : l'abbé Grégoire, 1750-1831'', Blois, Bibliothèque abbé Grégoire, 1999.
* Rita Hermon-Belot,
**''L'ami des hommes de toutes les couleurs : l'abbé Grégoire, 1750-1831'', Blois, Bibliothèque abbé Grégoire, 1999.
* {{Ouvrage| langue=fr| prénom1=Rita| nom1=Hermon-Belot| préface=[[Mona Ozouf]]| titre=L'abbé Grégoire| sous-titre=la politique et la vérité| lieu=Paris| éditeur=Éditions du Seuil| collection=L'univers historique| année=2000| pages totales=506| isbn=2-02-037492-7| présentation en ligne=http://www.persee.fr/doc/bec_0373-6237_2001_num_159_1_463068_t1_0303_0000_3}}, {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2001_num_325_1_2538_t1_0122_0000_2|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://chrhc.revues.org/1676|texte=présentation en ligne}}.
** (préface de [[Mona Ozouf]]), ''L'abbé Grégoire, la politique et la vérité'', Paris, Éditions du Seuil, 2000, 506 p. {{lire en ligne|lien=http://www.persee.fr/doc/ahrf_0003-4436_2001_num_325_1_2538_t1_0122_0000_2|texte=présentation en ligne}}, {{lire en ligne|lien=https://chrhc.revues.org/1676|texte=présentation en ligne}}.
* Rita Hermon-Belot (dir), ''L'abbé Grégoire, Écrits sur les Noirs'', 2 vol, Paris L'Harmattan, 2009,
* [[Françoise Hildesheimer]], ''L'abbé Grégoire, Une « tête de fer » en révolution'', Paris, Éditions du Nouveau Monde, 2022, 411 p.
** tome 1, 1789-1808.
** tome 2, 1815-1827.
* Georges Hourdin, ''L'Abbé Grégoire, évêque et démocrate'', Paris, Desclée de Brouwer, 1989.
* Georges Hourdin, ''L'Abbé Grégoire, évêque et démocrate'', Paris, Desclée de Brouwer, 1989.
* Steven Kaplan, ''Adieu 89'', Paris, Fayard, 1993.
* Steven Kaplan, ''Adieu 89'', Paris, Fayard, 1993.
* Michel Lagrée, Francis Orhant, ''Grégoire et Cathelineau ou la déchirure'', éditions ouvrières, 120 pages, 1988
* Michel Lagrée, Francis Orhant, ''Grégoire et Cathelineau ou la déchirure'', éditions ouvrières, 120 pages, 1988
* Jean-Michel Leniaud, introduction aux ''Mémoires de l'abbé Grégoire'', Paris, éditions de Santé, 1989
* Jean-Michel Leniaud, introduction aux ''Mémoires de l'abbé Grégoire'', Paris, éditions de Santé, 1989
* Jean Lessay, ''L'abbé Grégoire, défenseur des peuples de couleur'', introduction à ''De la littérature des nègres'', Paris, Perrin, 1991, LXXVII p.
* Louis Maggiolo, ''La vie et les œuvres de l'abbé Grégoire'', 1789-1831 Paris, 2 vol, 1883 et 1884.
* Louis Maggiolo, ''La vie et les œuvres de l'abbé Grégoire'', 1789-1831 Paris, 2 vol, 1883 et 1884.
* Albert Mathiez, ''Contributions à l'histoire religieuse de la Révolution française'', Paris, 1907.
* Albert Mathiez, ''Contributions à l'histoire religieuse de la Révolution française'', Paris, 1907.
* {{en}} Ruth Necheles, ''The Abbé Grégoire 1787-1831, The Odyssey of an Egalitarian'', Baltimore, A Negro Press Publication, 1971.
* {{en}} Ruth Necheles, ''The Abbé Grégoire 1787-1831, The Odyssey of an Egalitarian'', Baltimore, A Negro Press Publication, 1971.
* Jean-Daniel Piquet, ''L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795)'', Paris, Karthala, 2002.
* Jean-Daniel Piquet, ''L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795)'', Paris, Karthala, 2002.
* Bernard Plongeron :
* Bernard Plongeron,
**''Théologie politique au Siècle des Lumières : 1770-1820'', Genève, Droz, 1973.
** ''Théologie politique au Siècle des Lumières : 1770-1820'', Genève, Droz, 1973.
** ''L'Abbé Grégoire ou L'arche de la fraternité'', Paris, Letourzé et Anné, 1989.
** ''L'Abbé Grégoire ou L'arche de la fraternité'', Paris, Letourzé et Anné, 1989.
** ''L'histoire du christianisme et les défis de la modernité, 1750-1840'', Paris, Desclée, 1997.
** ''L'histoire du christianisme et les défis de la modernité, 1750-1840'', Paris, Desclée, 1997.
* Bernard Plongeron (dir), ''L'abbé Grégoire et la République des savants'', Paris, CTHS, 2001.
* Michel de Sachy de Fourdrinoy, ''L'abbé Grégoire : une autre vision'', Blois, Éditions Lignages, 1989.
* Michel de Sachy de Fourdrinoy, ''L'abbé Grégoire : une autre vision'', Blois, Éditions Lignages, 1989.
* [[Louis Sala-Molins]], ''Le Code Noir ou Le calvaire de Canaan'', Paris, PUF, 1987-1998-2003.
* [[Louis Sala-Molins]], ''Le Code Noir ou Le calvaire de Canaan'', Paris, PUF, 1987-1998-2003.
* Alyssa Goldstein Sepinwall:
* Alyssa Goldstein Sepinwall,
**''Regenerating France, Regenerating the World: the Abbé Gregoire and the French Revolution, 1750-1831'', Stanford University 1998 (thèse d'histoire)
** ''Regenerating France, Regenerating the World: the Abbé Gregoire and the French Revolution, 1750-1831'', Stanford University 1998 (thèse d'histoire)
** ''The Abbé Grégoire and the French Revolution; the Making or Modern Universalism'', Berkeley, Los Angeles, Londres, University of California Press, 2005, {{nb p.|341}} (includes bibliographical references and index).
** {{langue|en|''The Abbé Grégoire and the French Revolution; the Making or Modern Universalism'', Berkeley, Los Angeles, Londres, University of California Press, 2005, {{nb p.|341}} (includes bibliographical references and index).}}
** ''L'abbé Grégoire et la Révolution française : les origines de l'universalisme moderne'', traduit de l'anglais, préface de Marcel Dorigny, Bécherel, éditions Les Perséides, 2008, {{nb p.|349}}
** ''L'abbé Grégoire et la Révolution française : les origines de l'universalisme moderne'', traduit de l'anglais, préface de Marcel Dorigny, Bécherel, éditions Les Perséides, 2008, {{nb p.|349}}

* {{Ouvrage
| langue=fr
| prénom1=Henri
| nom1=Grégoire
| préface=[[Albert Soboul]]
| titre=Œuvres
| lieu=Nendeln, Liechtenstein
| éditeur=KTO press
| année=1977
| pages totales=
| format livre=14 volumes, {{unité|22|cm}}
| isbn=3-262-00007-8
| isbn2=978-3-262-00007-0
| oclc=782166886
| bnf=350791797
}}{{commentaire biblio|{{Vol.}} 1 : Grégoire député à l'Assemblée constituante ; {{vol.}} 2 : Grégoire député à la Convention nationale ; {{vol.}} 3 : Grégoire conventionnel en mission ; {{vol.}} 4 : Grégoire, évêque constitutionnel ; {{vol.}} 5 : Grégoire au Conseil des Cinq-Cents, le Consulat, l'Empire ; {{vol.}} 6-8 : Grégoire et l'abolition de l'esclavage ; {{vol.}} 9 : Grégoire et l'émancipation des juifs ; {{vol.}} 10-11 : Grégoire et l'Église gallicane ; {{vol.}} 12-13 : Grégoire historien ; {{vol.}} 14 : Grégoire et la Restauration ; la mort de Grégoire}}
* {{Ouvrage
* {{Ouvrage
| langue=fr
| langue=fr
Ligne 443 : Ligne 613 :


Pour la jeunesse :
Pour la jeunesse :
* {{Ouvrage|titre=L'abbé Grégoire|sous-titre=combat pour la liberté|auteur=Nathalie Bailleux|illustrateur=Loïc Derrien|lieu=Paris|éditeur=[[Nathan (maison d'édition)|Nathan]]|collection=Le Monde en Poche Junior|numéro dans collection=56|année=1995|pages totales=79|isbn=978-2-09-204463-6}}
* {{Ouvrage
| langue=fr
| prénom1=Nathalie
| nom1=Bailleux
| lien auteur1=Nathalie Bailleux
| illustrateur=Loïc Derrien
| titre=L'abbé Grégoire
| sous-titre=combat pour la liberté
| lieu=Paris
| éditeur=[[Nathan (maison d'édition)|Nathan]]
| collection=Le Monde en Poche Junior
| numéro dans collection=56
| année=1995
| pages totales=79
| isbn=2-09-204463-X
| isbn2=978-2-09-204463-6
| oclc=409853479
| bnf=358060226
}}


==== Articles ====
=== Articles ===
Par ordre alphabétique des noms d'auteurs :
* Yves Benot, « Comment la Convention a-t-elle voté l'abolition de l'esclavage en l'an II », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', juillet-{{date-|décembre 1993}} {{numéro|293}}-294, {{3e}} et {{4e}} trimestres 1993, {{p.|349-361}}. (dossier édité en 1993 sous le titre ''Révolutions aux colonies'', article {{p.|13-25}}).
* « L'abbé Grégoire, l'ami des hommes de toutes les couleurs », ''Europe : Revue mensuelle'', 1956, numéro 128-129.
* Yves Benot, « Comment la Convention a-t-elle voté l'abolition de l'esclavage en l'an II », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', juillet-{{Date-|décembre 1993}} {{numéro|293}}-294, {{3e}} et {{4e}} trimestres 1993, {{p.|349-361}}. (dossier édité en 1993 sous le titre ''Révolutions aux colonies'', article {{p.|13-25}}).
* Yves Bénot et Marcel Dorigny (dir)
** ''Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831)'', publication de La ''Revue d'Histoire d'Outre Mer'', Saint-Denis, 2000 (contributions de Lucien-René Abénon, Yves Bénot, Amady Aly Dieng, Marcel Dorigny, Anne Girollet, Rita Hermon-Belot, [[Bernard Plongeron]], Allyssa Goldstein Sepinwall, Ann Thomson, Duraciné Vaval).
** ''Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831)'', publication de la Revue d'Histoire d'Outre Mer Saint-Denis, 2005 (mêmes contributions avec en plus deux textes inédits de Duraciné Duval et de l'abbé Grégoire lui-même).
* Serge Bianchi :
* Serge Bianchi :
** « Le vandalisme révolutionnaire ou la naissance d'un mythe », dans ''La légende de la Révolution'', (colloque tenu en 1986 à Clermont), Paris, Éditions Adosa, 1988, {{p.|189-199}}.
** « Le vandalisme révolutionnaire ou la naissance d'un mythe », dans ''La légende de la Révolution'', (colloque tenu en 1986 à Clermont), Paris, Éditions Adosa, 1988, {{p.|189-199}}.
** « Grégoire et le concept de vandalisme » dans ''Langages de la Révolution (1770,-1815)'', Actes du {{4e}} colloque de lexicologie politique, Paris, Klincksieck, Publications de l'INALF, 1995, {{p.|591-600}}.
** « Grégoire et le concept de vandalisme » dans ''Langages de la Révolution (1770,-1815)'', Actes du {{4e}} colloque de lexicologie politique, Paris, Klincksieck, Publications de l'INALF, 1995, {{p.|591-600}}.
* Pierre Birmbaum, « Sur l'étatisation révolutionnaire. L'abbé Grégoire et le destin de l'identité juive » in ''Le Débat'', 1989-{{numéro|53}}, {{p.|157-173}}.
* Pierre Birmbaum, « Sur l'étatisation révolutionnaire. L'abbé Grégoire et le destin de l'identité juive » in ''Le Débat'', 1989-{{numéro|53}}, {{p.|157-173}}.
* Sandrine Bouché, « Grégoire sous la Législative, garantir la loi pour garantir la Révolution », ''Révolution française.net'', Commentaires, {{date-|18 décembre 2007}}.
* Sandrine Bouché, « Grégoire sous la Législative, garantir la loi pour garantir la Révolution », ''Révolution française.net'', Commentaires, {{Date-|18 décembre 2007}}.
* Jean Boulaine, « La carrière agronomique de l’abbé Grégoire », ''Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie d’agriculture de France'' (Paris), 1990, vol. 76, {{numéro}}1, {{p.|83-89}}
* Jean Boulaine, « La carrière agronomique de l’abbé Grégoire », ''Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie d’agriculture de France'' (Paris), 1990, vol. 76, {{numéro}}1, {{p.|83-89}}
* ''Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois'' :
* Monique Bourdin (dir), ''Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois'' :
** « Une lettre inédite de l'abbé H. Grégoire à Rochejean (1793) », 1995, {{p.|49}},
** « Une lettre inédite de l'abbé H. Grégoire à Rochejean (1793) », 1995, {{p.|49}},
** Pierre Fauchon, « Commentaire de la lettre de H. Grégoire », 1995, {{p.|49-50}},
** Pierre Fauchon, « Commentaire de la lettre de H. Grégoire », 1995, {{p.|49-50}},
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* Henri Dumolard, « Comment l'abbé Grégoire fut élu dans l'Isère », ''Annales de l'université de Grenoble'', nouvelle série 1928, tome V, p.{{p.|231-277}}.
* Henri Dumolard, « Comment l'abbé Grégoire fut élu dans l'Isère », ''Annales de l'université de Grenoble'', nouvelle série 1928, tome V, p.{{p.|231-277}}.
* Paul Grunebaum-Balin, « Grégoire convertisseur ? ou la croyance au retour d'Israël », ''Revue des Études juives'', numéros 1/2, 1962, {{p.|383-398}}.
* Paul Grunebaum-Balin, « Grégoire convertisseur ? ou la croyance au retour d'Israël », ''Revue des Études juives'', numéros 1/2, 1962, {{p.|383-398}}.
* James Guillaume, « Grégoire et le vandalisme », ''La Révolution Française'', tome XLI, juillet-{{date-|décembre 1901}}, {{p.|155-180}} et 242-269.
* James Guillaume, « Grégoire et le vandalisme », ''La Révolution Française'', tome XLI, juillet-{{Date-|décembre 1901}}, {{p.|155-180}} et 242-269.
* Jean Lacouture et Dominique Chagnolaud, « Grégoire et les Amis des Noirs » in Jean Lacouture, Dominique Chagnolaud, ''Le Désempire : figures et thèmes de l'anticolonisme'' (dixit), Paris, Denoel, {{p.|27-56}}.
* Jean Lacouture et Dominique Chagnolaud, « Grégoire et les Amis des Noirs » in Jean Lacouture, Dominique Chagnolaud, ''Le Désempire : figures et thèmes de l'anticolonisme'' (dixit), Paris, Denoel, 1993 {{p.|27-56}}.
* Yves Lemoine, « L'abbé Grégoire et la "régénération" », introduction de Jean-Pierre Mignard ''Lysias Partners'', 2011.
* Yves Lemoine, « L'abbé Grégoire et la "régénération" », introduction de Jean-Pierre Mignard ''Lysias Partners'', 2011.
* Albert Mathiez,
* Albert Mathiez,
** « Robespierre et Grégoire à la Constituante » dans ''Annales historiques de la Révolution française'', tome VIII, 1931, {{p.|261}}.
** « Robespierre et Grégoire à la Constituante » dans ''Annales historiques de la Révolution française'', tome VIII, 1931, {{p.|261}}.
** « L'abbé Grégoire » dans ''Annales historiques de la Révolution française'', tome VIII, 1931, {{p.|345-348}}.
** « L'abbé Grégoire » dans ''Annales historiques de la Révolution française'', tome VIII, 1931, {{p.|345-348}}.
* Michèle Perret, « La langue de la liberté. Éloge de l'abbé Grégoire », ''Du côté des langues romanes. Mélanges en l’honneur de Juhani Härmä, Mémoires de la Société Néophilologique de Helsinki'', LXXVII, E. Havu, M. Helkkula, U. Tuomarla éds. 2009 : {{p.|222-232}}.
* Michèle Perret, « La langue de la liberté. Éloge de l'abbé Grégoire », ''Du côté des langues romanes. Mélanges en l’honneur de Juhani Härmä, Mémoires de la Société Néophilologique de Helsinki'', LXXVII, E. Havu, M. Helkkula, U. Tuomarla éds. 2009 : {{p.|222-232}}.
* Jean-Daniel Piquet :
* Jean-Daniel Piquet,
** « L'abbé Grégoire et ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc furent régicides, article et documents inédits », dans ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|303}},{{1er}} trimestre 1996 {{p.|113-117}}.
** « L'abbé Grégoire et ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc furent régicides, article et documents inédits », dans ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|303}},{{1er}} trimestre 1996 {{p.|113-117}}.
** « L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé », ''[[Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique]]'', {{numéro|63}} {{2e}} trimestre 1996 {{p.|61-77}}.
** « L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé », ''[[Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique]]'', {{numéro|63}} {{2e}} trimestre 1996 {{p.|61-77}}.
** « La prétendue belle-sœur de couleur de l'abbé Grégoire, une homonymie cause de la bourde du club Massiac ? », ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 79-{{numéro|4}}-octobre-{{date-|décembre 1999}}, {{p.|463-474}}.
** « La prétendue belle-sœur de couleur de l'abbé Grégoire, une homonymie cause de la bourde du club Massiac ? », ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 79-{{numéro|4}}-octobre-{{Date-|décembre 1999}}, {{p.|463-474}}.
** « Lettre secrète de l'abbé Grégoire et de ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc, à Danton », ''Cahiers d'Histoire, (Lyon, Grenoble, Clermont, Saint-Étienne, Chambéry, Avignon'', tome 46 {{numéro|3}}-4, {{3e}}/{{4e}} trimestres 2001, {{p.|397-415}}.
** « Lettre secrète de l'abbé Grégoire et de ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc, à Danton », ''Cahiers d'Histoire, (Lyon, Grenoble, Clermont, Saint-Étienne, Chambéry, Avignon'', tome 46 {{numéro|3}}-4, {{3e}}/{{4e}} trimestres 2001, {{p.|397-415}}.
** « L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs », ''[[Annales de l'Est]]'', {{6e}} série, {{52e}} année, {{numéro|1}}-2002,(janvier-{{date-|juin 2002}}), {{p.|269-291}}.
** « L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs », ''[[Annales de l'Est]]'', {{6e}} série, {{52e}} année, {{numéro|1}}-2002,(janvier-{{Date-|juin 2002}}), {{p.|269-291}}.
** « Controverses sur l'apologie de Las Casas lue par l'abbé Grégoire », ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 82-{{numéro|3}}-juillet-{{date-|septembre 2002}}, {{p.|283-306}}.(revue numérisée depuis 2002 en format PDF)
** « Controverses sur l'apologie de Las Casas lue par l'abbé Grégoire », ''[[Revue d'Histoire et de Philosophie Religieuses]]'', tome 82-{{numéro|3}}-juillet-{{Date-|septembre 2002}}, {{p.|283-306}}.(revue numérisée depuis 2002 en format PDF)
* Bernard Plongeron,
** « Un discours inédit de l’abbé Grégoire sur le décret du {{date-|15 mai 1791}} : ''Discours de M. Grégoire sur la révocation du décret relatif aux gens de couleur'' », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|363}}, janvier/{{date-|mars 2011}}, {{p.|175-183}}.
** « Débats et combats autour de l'historiographie religieuse de la Révolution », {{sp-|XIX|-|XX}}s dans ''Revue d'Histoire de l'Église de France'', {{t.|76,}}, 1990, {{p.|257-302}}.
* Bernard Plongeron :
** « Débats et combats autour de l'historiographie religieuse de la Révolution », {{sp-|XIX|e|-|XX|e}}s dans ''Revue d'Histoire de l'Église de France'' tome 76, 1990, {{p.|257-302}}.
** « Sur Grégoire « régicide » d'après des documents pris pour sources », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|305}} {{3e}} trimestre 1996, {{p.|535-536}}.
** « Sur Grégoire « régicide » d'après des documents pris pour sources », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|305}} {{3e}} trimestre 1996, {{p.|535-536}}.
** 2000 - {{bibliographie|Q30557341}}
** Bernard Plongeron, 2000 - {{bibliographie|Q30557341}}
** « Mémoires et documents : « Fallait-il panthéoniser l'abbé Grégoire ? Le bicentenaire de la Révolution », ''Revue d'Histoire de l'Église de France'', tome 95, {{numéro|235}}, juillet-{{date-|décembre 2009}}, {{p.|281-297}}.
** « Mémoires et documents : « Fallait-il panthéoniser l'abbé Grégoire ? Le bicentenaire de la Révolution », ''Revue d'Histoire de l'Église de France'', tome 95, {{numéro|235}}, juillet-{{Date-|décembre 2009}}, {{p.|281-297}}.
* Jeremy D. Popkin et Richard H. Pokin (dir), ''the Abbé Grégoire and his World'', (archives internationales d'histoire des idées) Kluwer Academic Publishers, 2000 ; contributions de David Bell, Marcel Dorigny, Rita Hermon-Belot, H.J. Lusesbring, Jeremy D. Popkin, Richard H. Popkin, Alyssa Goldstein Sepinwall, Dale Van Kley, Anthony Vilder.
* Norman Ravitch, « Liberalism, Catholicism and the Abbe Gregoire » in ''Church History'' {{numéro|36}}, 1967 {{p.|419-439}}.
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* Michel Riquet SJ, « Un prêtre démocrate : l'abbé Grégoire » dans ''La Revue des Deux-Mondes'', {{date-|juin 1990}}.
* Michel Riquet SJ, « Un prêtre démocrate : l'abbé Grégoire » dans ''La Revue des Deux-Mondes'', {{Date-|juin 1990}}.
* Vittorio Sciutti Russi, « Abolir l'inquisition d'Espagne : une lettre de l'abbé Grégoire », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|333}}, juillet-{{date-|septembre 2003}}, {{p.|121-132}}.
* Vittorio Sciutti Russi, « Abolir l'inquisition d'Espagne : une lettre de l'abbé Grégoire », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|333}}, juillet-{{Date-|septembre 2003}}, {{p.|121-132}}.
* Alyssa Goldstein Sepinwall :
* Alyssa Goldstein Sepinwall,
** « French Abolitionism with an American Accent », Review of Cassiere/ Briere Grégoire's, translation ''De La littérature de nègres'', dans ''H. France, H Net Review Humanities and Social Sciences'', {{date-|janvier 1998}}. (texte numérisé)
**« French Abolitionism with an American Accent », Review of Cassiere/ Briere Grégoire's, translation ''De La littérature de nègres'', dans ''H. France, H Net Review Humanities and Social Sciences'', {{Date-|janvier 1998}}. (texte numérisé)
** « Les paradoxes de la régénération révolutionnaire, le cas de l'abbé Grégoire », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|321}}, 3/2000 <small>[http://ahrf.revues.org/document182.html Texte en ligne]</small>
** « Les paradoxes de la régénération révolutionnaire, le cas de l'abbé Grégoire », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro|321}}, 3/2000, {{lire en ligne|lien=http://ahrf.revues.org/document182.html}}.
** « Strategic Friendships : Jewish Intellectual, The Abbé Gregoire and the French Revolution » In ''Reconfiguring Jewish Culture from Spinoza to the Haskalah'', edited by Ross Brann and Adam Sutcliff. Philadelphia : University of Pennsylvania Press, 2004, {{p.|189-212}}.
** « Strategic Friendships : Jewish Intellectual, The Abbé Gregoire and the French Revolution » In ''Reconfiguring Jewish Culture from Spinoza to the Haskalah'', edited by Ross Brann and Adam Sutcliff. Philadelphia : University of Pennsylvania Press, 2004, {{p.|189-212}}.
* Albert Soboul, « Une conscience religieuse au temps de la Révolution, l'abbé Grégoire (1750-1831) » in Albert Soboul, ''Portraits de révolutionnaires'', Paris, Messidor, 1985, {{p.|135-156}}.
* Albert Soboul, « Une conscience religieuse au temps de la Révolution, l'abbé Grégoire (1750-1831) » in Albert Soboul, ''Portraits de révolutionnaires'', Paris, Messidor, 1985, {{p.|135-156}}.
* Antoine Sutter, ''Les années de jeunesse de l'Abbé Grégoire ; son itinéraire jusqu'au début de la Révolution'', Sarreguemines, Éditions Pierron, 1992.
* Antoine Sutter, ''Les années de jeunesse de l'Abbé Grégoire ; son itinéraire jusqu'au début de la Révolution'', Sarreguemines, Éditions Pierron, 1992.
* Pierre-Frankin Tavarès, « Hegel et l'abbé Grégoire, question noire et révolution française », dans ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{date-|décembre 1993}}, {{numéro|293}}-294, {{3e}} et {{4e}} trimestres 1993, {{p.|491-510}}. (dans''Révolutions aux colonies'', {{p.|155-173}}).
* Pierre-Frankin Tavarès, « Hegel et l'abbé Grégoire, question noire et révolution française », dans ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{Date-|décembre 1993}}, {{numéro|293}}-294, {{3e}} et {{4e}} trimestres 1993, {{p.|491-510}}. (dans''Révolutions aux colonies'', {{p.|155-173}}).
* René Taveneaux,
* René Taveneaux,
** « L'abbé Grégoire et la démocratie cléricale », dans ''Revue d'Histoire de l'Église de France'', tome 76, 1990,
** « L'abbé Grégoire et la démocratie cléricale », ''Revue d'Histoire de l'Église de France'', tome 76, 1990,
** « L'abbé Grégoire et la démocratie cléricale », dans ''Jansénisme et Réforme catholique'', Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992, {{p.|137-157}}.
** « L'abbé Grégoire et la démocratie cléricale », ''Jansénisme et Réforme catholique'', Nancy, Presses Universitaires de Nancy, 1992, {{p.|137-157}}.
* Eugène Welvert,
* Eugène Welvert,
** « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? », dans ''Revue Historique'', tome 53, 1893, {{p.|316-325}}.
** « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? », ''Revue Historique'', tome 53, 1893, {{p.|316-325}}.
** « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? », dans (Eugène Welvert), ''Lendemains révolutionnaires, les régicides'', Paris, Calmann-Lévy, 1907, {{p.|171-190}} (nouvelle édition revue et augmentée de l'article de 1893).
** « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? », (Eugène Welvert), ''Lendemains révolutionnaires, les régicides'', Paris, Calmann-Lévy, 1907, {{p.|171-190}} (nouvelle édition revue et augmentée de l'article de 1893).


==== Colloques du CNAM ====
=== Notices de dictionnaires ===

* 2009 - {{bibliographie|Q24004553}}

==== Notices de dictionnaires ====


* Guy Ikni, « Grégoire », dans Albert Soboul, ''Dictionnaire historique de la Révolution française'', Paris, PUF, 1989 (réédition chez Quadridge, 2005).
* Guy Ikni, « Grégoire », dans Albert Soboul, ''Dictionnaire historique de la Révolution française'', Paris, PUF, 1989 (réédition chez Quadridge, 2005).
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* {{1911}}
* {{1911}}


==== Recensions ====
=== Recensions ===


* Monique Cottret, « Caroline Chopelin et Paul Chopelin. L’obscurantisme et les Lumières, Itinéraire de l’abbé Grégoire évêque révolutionnaire. préface de Bernard Plongeron, Paris, Vendémiaire, 2013, 281 p. », ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{date-|septembre 2016}}, p. 51-55.
* Monique Cottret, « Caroline Chopelin et Paul Chopelin. L’obscurantisme et les Lumières, Itinéraire de l’abbé Grégoire évêque révolutionnaire. préface de Bernard Plongeron, Paris, Vendémiaire, 2013, 281 p. », ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{Date-|septembre 2016}}, {{p.|51-55}}.
* Bernard Gainot,
* Bernard Gainot,
** « Allyssa Golstein Sepinwall, The Abbé Grégoire and the French Revolution ; the Making or Modern Universalism, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 2005 », {{nb p.|341}}, ''Annales historiques de la Révolution française'', {{numéro|343}}, janvier-{{date-|mars 2006}}, {{p.|211-215}}.
** « Allyssa Golstein Sepinwall, The Abbé Grégoire and the French Revolution ; the Making or Modern Universalism, Berkeley, Los Angeles, London, University of California Press, 2005 », {{nb p.|341}}, ''Annales historiques de la Révolution française'', {{numéro|343}}, janvier-{{Date-|mars 2006}}, {{p.|211-215}}.
** « Yves Benot, Marcel Dorigny (dir), Grégoire et la cause des Noirs, (1789-1831) combats et projets, Saint-Denis, 2005 », ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{date-|septembre 2006}}, {{p.|181-185}}.
** « Yves Benot, Marcel Dorigny (dir), Grégoire et la cause des Noirs, (1789-1831) combats et projets, Saint-Denis, 2005 », ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{Date-|septembre 2006}}, {{p.|181-185}}.
** « L'abbé Grégoire, Écrits sur les noirs, tome 1 ; 1789-1808 ; tome 2; 1815-1827 Présentation de Rita Hermon-Belot, Paris L'Harmattan, 2009 », ''Annales historiques de la Révolution française'', {{numéro|360}}, avril-{{date-|juin 2010}}, {{p.|262-263}}.
** « L'abbé Grégoire, Écrits sur les noirs, tome 1 ; 1789-1808 ; tome 2; 1815-1827 Présentation de Rita Hermon-Belot, Paris L'Harmattan, 2009 », ''Annales historiques de la Révolution française'', {{numéro|360}}, avril-{{Date-|juin 2010}}, {{p.|262-263}}.
** « Jean Dubray, Lettres à l'abbé Grégoire. Texte établi et annoté par Jean Dubray avec la collaboration de Caroline Carnot. Vol 1, a à j. Phénix éditions, 2013 », ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{date-|septembre 2016}}.
** « Jean Dubray, Lettres à l'abbé Grégoire. Texte établi et annoté par Jean Dubray avec la collaboration de Caroline Carnot. Vol 1, a à j. Phénix éditions, 2013 », ''Annales historiques de la Révolution française'', juillet-{{Date-|septembre 2016}}.
* Jacques Guilhaumou, « Rita Hermon‑Belot, L’abbé Grégoire. La politique et la vérité », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro}}325, 3/2001 <small>[http://ahrf.revues.org/document1130.html Texte en ligne]</small>
* Jacques Guilhaumou, « Rita Hermon‑Belot, L’abbé Grégoire. La politique et la vérité », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro}}325, 3/2001 <small>[http://ahrf.revues.org/document1130.html Texte en ligne]</small>
* Rita Hermon-Belot, « L'abbé Grégoire et la République des savants, introduction de Bernard Plongeron, Paris, CTHS, 2001, {{nb p.|302}} », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro}}331, 1/2003 <small>[http://ahrf.revues.org/document4812.html Texte en ligne]</small>
* Rita Hermon-Belot, « L'abbé Grégoire et la République des savants, introduction de Bernard Plongeron, Paris, CTHS, 2001, {{nb p.|302}} », ''[[Annales historiques de la Révolution française]]'', {{numéro}}331, 1/2003 <small>[http://ahrf.revues.org/document4812.html Texte en ligne]</small>
* Jean-Daniel Piquet, « Rita Hermon-Belot, L’abbé Grégoire, la politique et la vérité, préface de Mona Ozouf », ''[[Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique]]'' [En ligne], 87 | 2002,{{p.|141-145}}.
* Jean-Daniel Piquet, « Rita Hermon-Belot, L’abbé Grégoire, la politique et la vérité, préface de Mona Ozouf », ''[[Cahiers d'histoire. Revue d'histoire critique]]'' [En ligne], 87 | 2002,{{p.|141-145}}.
* Jean-Jacques Salomon, « L'abbé Grégoire », dans sous la direction de Michel Le Moël et Raymond Saint-Paul ''1794-1994. Le Conservatoire national des Arts et Métiers au cœur de Paris'', Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1994, {{p.|57-59}}, {{ISBN|978-2-905118-77-6}}.

* Catherine Laurence Maire, « L'abbé Grégoire devant les prophétesses », in ''Rivista di Storia del Cristianesimo'', IV, {{numéro|2}}, 2007, {{p.}}411-429, {{lire en ligne|url=http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/60/99/95/PDF/GrA_goire_devant_les_prophA_tesses.pdf}} sur le site [http://halshs.archives-ouvertes.fr/ HAL-SHS] (Hyper Article en Ligne - Sciences de l'Homme et de la Société).
=== Littérature ===

* Royaliste sous la Restauration, Victor Hugo lui consacra quelques vers pamphlétaires :
<poem>
::''Je le hais libéral, je le plains régicide''<ref>dans Le ''Télégraphe'' que Victor Hugo écrivit à dix-sept ans, cité par Théodore Anne dans [https://books.google.fr/books?id=EeeCgNXgEzsC&pg=PA418&lpg=PA418&dq=%22je+le+plains+r%C3%A9gicide%22&source=bl&ots=xISRViYA10&sig=ad05V-aBna7KgdH6sM-e0IUIgtE&hl=fr&sa=X&ei=WjtUUp_XDMaR0AXItIGwBA&ved=0CDEQ6AEwAA#v=onepage&q=%22je%20le%20plains%20r%C3%A9gicide%22&f=false ''Mémoires: souvenirs et anecdotes sur l'intérieur du Palais de Charles X, et les événements de 1815 à 1830''], Paris, Werdet, 1831, {{p.|418}}.</ref>
</poem>

* Beaucoup plus tard, dans son grand roman ''Les Misérables'', il en aurait fait un personnage de fiction « Le conventionnel G. » auquel rend visite au seuil de sa mort Monseigneur Myriel. Mais ce n'est pas un prêtre. C'est un très vieil homme, vivant retiré du monde en 1814 pour cause de réputation d'ancien régicide, alors que selon Monseigneur Myriel, il n'avait pas voté la mort du roi. Il fait évoluer idéologiquement l'évêque assez conservateur, en lui mettant en parallèle les crimes de la Révolution avec ceux de l'Ancien Régime (révocation de l'Edit de Nantes par Louis Le Grand, exécution de la toute la famille du hors-la-loi Cartouche par Louis XV) et en mettant en relief ses efforts passés pour combattre le pire des despotismes : l'ignorance.

* L'Abbé Grégoire est l'un des personnages principaux du roman policier historique d'[[Anne Villemin Sicherman]] "l'Abbé Grégoire s'en mêle", dont l'intrigue se noue alors que l'[[Académie nationale de Metz|Académie Royale de Metz]] vient de lancer son [[Concours de Metz de 1787-1788|célèbre concours sur "les moyens de rendre les juifs plus heureux et plus utiles en France"]].


=== Sources ===
=== Sources ===
* Les papiers personnels de l'Abbé Grégoire sont conservés aux [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] sous la cote 510 AP<ref>[https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614y165uqe-138rz5qo9yi7r&pogId=FRAN_POG_06&search= Description du fonds en salle des inventaires virtuelle, Archives nationales]</ref>.
* Les papiers personnels de l'Abbé Grégoire sont conservés aux [[Archives nationales (France)|Archives nationales]] sous la cote 510 AP<ref>[https://www.siv.archives-nationales.culture.gouv.fr/siv/rechercheconsultation/consultation/pog/consultationPogN3.action?nopId=c614y165uqe-138rz5qo9yi7r&pogId=FRAN_POG_06&search= Description du fonds en salle des inventaires virtuelle, Archives nationales].</ref>.

=== Notes et références ===
{{références}}

== Voir aussi ==
=== Bibliographie ===
* Jean-Jacques Salomon, « L'abbé Grégoire », dans sous la direction de Michel Le Moël et Raymond Saint-Paul ''1794-1994. Le Conservatoire national des Arts et Métiers au cœur de Paris'', Délégation à l'action artistique de la Ville de Paris, Paris, 1994, {{p.|57-59}}, {{ISBN|978-2-905118-77-6}}.
* Catherine Laurence Maire, « L'abbé Grégoire devant les prophétesses », in ''Rivista di Storia del Cristianesimo'', IV, {{numéro|2}}, 2007, {{p.}}411-429, {{lire en ligne|url=http://halshs.archives-ouvertes.fr/docs/00/60/99/95/PDF/GrA_goire_devant_les_prophA_tesses.pdf}} sur le site [http://halshs.archives-ouvertes.fr/ HAL-SHS] (Hyper Article en Ligne - Sciences de l'Homme et de la Société).


=== Articles connexes ===
== Notes et références ==
{{références nombreuses|taille=30}}
* [[Écoles de l'an III scientifiques]]
* [[Yves Marie Audrein]]
* [[Décret du 27 novembre 1792 réunion de la Savoie à la France]]
* [[Histoire de la Savoie de 1792 à 1815]]
* [[Église constitutionnelle]]
* [[Histoire des Juifs en France#Les juifs pendant la Révolution et sous Napoléon|Histoire des juifs en France]]


=== Liens externes ===
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* [http://tel.archives-ouvertes.fr/tel-00167936/en/ ''Une conduite révolutionnaire, ou Action et réflexion chez Henri Grégoire de 1789 à 1831'', thèse de doctorat d'État]
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* [http://www.senat.fr/histoire/associations/abbegregoire.html#abbegregoire ''L'Abbé Grégoire''. Conférence donnée à la Grande Loge de France (5 mai 1981) par Gaston Monerville]
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* {{Base Léonore|LH/1195/40}}
* [http://www.abbe-gregoire.fr/vvap/index.html L'Abri du Pèlerin, proche d'Emberménil et érigé en hommage à l'Abbé Grégoire, en visite virtuelle gratuite (mode plein écran et aide à la navigation).]


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Version du 14 juin 2024 à 12:57

Henri Grégoire
Portrait de l'abbé Grégoire par Pierre Joseph Célestin François (1800), musée Lorrain, Nancy. (French)
Fonctions
Membre du sénat conservateur
-
Président du Corps législatif
5 -
Membre du Conseil des Cinq-Cents
-
Président de la Convention nationale
15 -
Président de l'Assemblée constituante
18 -
Évêque constitutionnel
-
Titre de noblesse
Comte
Biographie
Naissance
Décès
Voir et modifier les données sur Wikidata (à 80 ans)
ParisVoir et modifier les données sur Wikidata
Sépulture
Panthéon (depuis le )Voir et modifier les données sur Wikidata
Nom de naissance
Henri GrégoireVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Formation
Activités
Autres informations
Consécrateurs
Membre de
Distinction
Archives conservées par
signature d'Abbé Grégoire
Signature
Vue de la sépulture.

Henri Jean-Baptiste Grégoire, dit l'abbé Grégoire, né le à Vého, sur une partie du territoire des Trois-Évêchés rattachée par la suite au département de Meurthe-et-Moselle et mort le [3] à Paris, est un prêtre catholique, prêtre-philosophe, évêque constitutionnel et homme politique français, ainsi que l'une des principales figures de la Révolution française[4].

Rallié au tiers état, à l'Assemblée constituante, il réclame l'abolition totale des privilèges et de l'esclavage et prône le suffrage universel masculin et l'émancipation des Juifs. Fondateur du Conservatoire national des arts et métiers et du Bureau des longitudes[5], il participe à la création de l'Institut de France, dont il devient membre.

Biographie

Enfance et formation

Rectangle de pierre polie de couleur sombre portant une inscription gravée.
La plaque commémorative
de la maison natale disparue à Vého.

Henri Grégoire est né le à Vého, une paroisse française anciennement incluse administrativement dans la province des Trois-Évêchés, et non dans le duché de Lorraine[6].

Son père, Bastien Grégoire[7], est un tailleur d'habits respecté, ayant eu un temps un office d'échevin, et sa mère Marguerite Thiébaut, est une femme unanimement décrite comme d'une grande piété et ayant un souci constant des choses de la religion en cette époque marquée par le caractère rural du bas clergé, fonction qui reste alors un moyen d'ascension sociale[8]. Henri Grégoire n'est pas, stricto sensu, fils unique comme il le dit toute sa vie, mais a deux frères puînés, morts en très bas âge : Jean à l'approche de sa première année (20 janvier 1754 - 18 janvier 1755) et un autre (1756) décédé juste après son baptême[9]. Il est donc bien élevé dans sa famille comme un enfant unique.

Il commence ses études avec le curé de son village qui remarque ses dispositions intellectuelles dès l'âge de cinq ans. Lorsque celui-ci n'a plus rien à lui apprendre, il rejoint l'abbé Cherrier dans le village voisin d'Emberménil, paroisse dont dépend Vého. Il a alors huit ans. Il étudie, en compagnie de fils de hauts fonctionnaires au service du duc de Lorraine Stanislas Leszczyński, sur des livres de Jean Racine, de Virgile, mais aussi à partir de la Grammaire générale de Port-Royal[10].

Grégoire est ensuite orienté par l'abbé Cherrier pour suivre des études au collège jésuite de Nancy de 1763 à 1768. Il s'y lie avec un de ses professeurs, M. de Solignac, ancien secrétaire de Stanislas Leszczyński, qui semble avoir eu une influence intellectuelle importante sur son élève, lui faisant découvrir les idées des Lumières et lui ouvrant les portes des milieux intellectuels lorrains. Grégoire conserve un excellent souvenir de ses études chez les jésuites, même s'il a des reproches à leur faire :

« J'étudiai chez les Jésuites de Nancy où je ne recueillis que de bons exemples et d'utiles instructions. […] Je conserverai jusqu'au tombeau un respectueux attachement envers mes professeurs, quoique je n'aime pas l'esprit de la défunte société dont la renaissance présagerait peut-être à l'Europe de nouveaux malheurs[11]. »

Après le collège des Jésuites, il s'oriente vers l'université de Pont-à-Mousson. Si la Compagnie de Jésus est bannie de France en 1763, elle ne l'est de Lorraine qu'en 1768 (Édit de Louis XV du )[12], l'enseignement est alors réorganisé par le diocèse et Grégoire rejoint la toute nouvelle université de Nancy, où il a comme professeur Antoine-Adrien Lamourette, futur évêque constitutionnel de Lyon. De 1769 à 1771 il y étudie la philosophie et la théologie, pour faire suite aux humanités et à la rhétorique qu'il avait étudiées auparavant. Parallèlement, il suit des cours au séminaire de Metz tenu par les lazaristes[13].

Alors qu'il passe une année comme régent de collège hors du séminaire, Grégoire commence à se lancer dans le monde. Il consacre notamment une grande partie de son temps à la poésie. Son premier succès public est le prix de l'Académie de Nancy, décerné en 1773 pour son Éloge de la poésie (il a alors 23 ans).

Durant ses années de formation, Henri Grégoire passe par une phase de doute sur sa foi et sa vocation religieuse. S'il rend hommage au milieu profondément croyant de son enfance, il ne cache pas dans ses Mémoires avoir goûté aux philosophes des Lumières et être revenu à la foi après d'intenses réflexions : « Après avoir été dévoré de doutes par la lecture des ouvrages prétendus philosophiques, j'ai ramené tout à l'examen et je suis catholique non parce que mes pères le furent, mais parce que la raison aidée de la grâce divine m'a conduit à la révélation[14]. »

Voyageant constamment entre Nancy et Metz, il doit à l'automne de 1774, rentrer au séminaire de Metz, comme cela lui est prescrit, pour la préparation à son ordination sacerdotale : il est finalement ordonné prêtre le [15].

Portrait d'Henri Grégoire

L'Abbé Henri Grégoire
Jean-Baptiste Mauzaisse
Musée Carnavalet, Paris.

Les sources concernant l'abbé Grégoire sont assez abondantes. Elles décrivent aussi bien l'homme que ses idées et permettent de se faire une image assez fidèle de son allure physique. Grégoire laisse le souvenir d'un homme de caractère fortement trempé et d'une certaine prestance.

Ses camarades d'enfance laissent de lui la description d'un enfant au « front large, élevé, au regard profond », décrivant « la fierté de sa démarche », mais aussi son penchant contemplatif[16].

Du Grégoire adulte, outre les portraits, on a beaucoup de descriptions, doublées des interprétations de ces descriptions. L'engouement pour la physiognomonie à la fin du XVIIIe siècle conduit Grégoire à demander à son ami le pasteur Jean-Frédéric Oberlin de dresser par écrit son portrait détaillé, en 1787 : « Le front, le nez : très heureux, très productif, très ingénieux ; le front : haut et renversé, avec ce petit enfoncement : un jugement mâle, beaucoup d'esprit, point ou guère d'entêtement, prêt à écouter son adversaire ; idées claires et désir d'en avoir de tout ; le nez : witzig… spirituel, plein de bonnes réparties et de saillies heureuses, mais bien impérieux : la bouche : talent admirable d'un beau parleur, fin, moqueur, excellent satirique… c'est une bouche qui ne reste en dette avec personne et paye argent comptant ; le menton : hardi, actif, entreprenant[17] ». Outre ce portrait amical (certainement flatteur), fait avant la Révolution et donc dans la jeunesse de Grégoire, on dispose d'un portrait minimal pour son passeport en 1820 (il est donc alors âgé de 70 ans), lui attribuant une taille de 1,77 mètre[18], des cheveux châtains et les yeux bruns, mais également du témoignage d'une lady anglaise, qui fréquente Henri Grégoire sous la Restauration, donc dans ses vieux jours : « Dans son air, dans ses manières, jusque dans ses expressions une sorte d'originalité, un je ne sais quoi qui sortait de la ligne d'un caractère ordinaire. […] On remarque peu de vieillesse dans l'évêque de Blois, quoiqu'il approche de 70 ans. Ses manières vives et animées, son esprit actif et vigoureux, son extérieur intéressant et portant un grand caractère, tout en lui semble défier les ravages du temps et être inébranlable aux chocs de l'adversité[19]. » « Un grand caractère » : de son vivant déjà, mais également dans l'historiographie, Grégoire est vu comme ayant un caractère très affirmé. Ses amis mêmes le disent, comme Hippolyte Carnot qui note la ténacité, mais aussi la vive irritabilité de Grégoire[20]. Oberlin note que « l'acquisition de la profonde et cordiale humilité évangélique vous fera un peu de peine », façon aimable de signaler la dualité que Charles-Augustin Sainte-Beuve a exprimé plus clairement : « l'homme de bien, homme de colère, et souvent si loin du pardon[21]. »

Le caractère vif et parfois emporté de Grégoire est donc souligné, mais on met en valeur également son ouverture d'esprit : « Nous le verrons faire preuve d'un certain éclectisme », dit de lui Augustin Gazier[22], et sa carrière est marquée par une extrême diversité de centres d'intérêt.

Le curé de campagne « éclairé »

Portrait de l'abbé Grégoire
de H. Rousseau (dessin)
et E.Thomas (graveur)
dans l'Album du Centenaire

Après son ordination et comme la majorité des jeunes prêtres à l'époque, Henri Grégoire devient vicaire de paroisse, d'abord à Château-Salins puis à Marimont-lès-Bénestroff. Ce n'est qu'en 1782 que l'abbé Cherrier, son ancien professeur à Emberménil, le désigne pour prendre la charge de ses deux paroisses d'Emberménil et de Vaucourt comme curé[23].

L'abbé Grégoire est alors très préoccupé par l'éducation de ses paroissiens. Selon lui, le curé est la pierre d'angle de l'Église mais aussi de toute la société. Il est le directeur spirituel et le guide temporel de ses paroissiens[24]. Il souhaite combattre un certain nombre de leurs préjugés, notamment en matière d'agronomie. Il aide les agriculteurs à rationaliser leur production et à l'augmenter. Il lutte également contre les almanachs, qui selon lui pérennisent les superstitions et de fausses méthodes de culture :

« Pour huit sols, chaque paysan se nantit de cette collection chiromancique, astrologique, dictée par le mauvais goût et le délire. Le débit, à la vérité, en était moindre depuis quelques années, parce que, grâce au clergé du second ordre[25], des idées plus saines de toutes espèces, pénètrent jusque dans les hameaux[26]. »

L'éducation morale et hygiénique de ses ouailles est également importante pour lui. Il a dans sa cure une bibliothèque mise à la disposition des habitants du village, et qui contient 78 ouvrages pratiques, qu'il leur laisse à la fin de sa charge[27] :

« J'avais une bibliothèque uniquement destinée aux habitants des campagnes ; elle se composait de livres ascétiques[28] bien choisis et d'ouvrages relatifs à l'agriculture, à l'hygiène et aux arts mécaniques[29]. »

Le village d'Emberménil compte alors seulement 340 communiants, ce qui permet à Grégoire d'avoir des activités annexes à sa charge pastorale. Il est connu localement comme un bon prédicateur et est souvent invité à prêcher dans les paroisses voisines. Son désir de faire sortir ses paroissiens de ce qu'il appelle l'« obscurantisme » l'a amené à aller chercher ailleurs des exemples de bons pasteurs, y compris lorsque ceux-ci sont protestants. C'est ainsi qu'il rencontre le pasteur Jean-Frédéric Oberlin, considéré comme un modèle, mais qui habite assez loin d'Emberménil. Oberlin vient visiter Grégoire en 1785, et celui-ci se rend chez son ami protestant au Ban de la Roche en 1787 pour voir sur place les résultats de la méthode d'éducation des campagnes mise en place par Oberlin[30].

Vie intellectuelle et philanthropie

Portrait de l'abbé Grégoire
par Jacques-Louis David - Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon
vers 1791-1792

En dehors de sa paroisse, et dans la lignée de son Éloge de la poésie, Grégoire mène une vie intellectuelle active. Il parle l'anglais, l'italien et l'espagnol, et dans une moindre mesure l'allemand, ce qui lui permet d'être au courant des nouveautés intellectuelles[31].

Il s'intéresse notamment au fonctionnement démocratique de la Confédération suisse. Il se rend en Suisse où il rencontre Johann Kaspar Lavater et Johannes Gessner, qui l'aident également dans ses travaux d'agronomie.

Depuis 1776 il est membre de la Société philanthropique et charitable de Nancy. Cette appartenance fait souvent dire de lui (et encore aujourd'hui) qu'il aurait appartenu à la franc-maçonnerie. On[32] prête à l’abbé Grégoire d’avoir été initié à la loge des Neuf Sœurs (dite loge des Philosophes)[33] ou encore membre de la loge l’Harmonie à l’Orient de Paris, sans apporter de preuves, ni donner de dates. Mais de l’aveu même d’historiens francs-maçons, « aucun indice ne démontre cette appartenance, même si l’abbé fréquenta à Nancy une société philanthropique, comme il en existait beaucoup à l’époque, dans laquelle les francs-maçons étaient nombreux. »[34]. Il semble donc bien qu'il n'a pas été membre d'une quelconque loge, même si les francs-maçons lui ont souvent rendu hommage et qu'une loge porte son nom[35]. L'amalgame viendrait des liens entre le philanthropisme allemand, mouvement d'origine piétiste, et la franc-maçonnerie politique française, volontiers gallicane et anti-vaticaniste.

Grégoire est également membre de la Société des philanthropes de Strasbourg, fondée par Jean de Turckheim vers 1776[36]. Ouverte à toutes les confessions, cette société a des membres à travers toute l’Europe, dont de nombreuses autorités maçonniques allemandes, françaises et suédoises. Elle s’inspire du piétisme allemand et du philanthropisme développé notamment par Basedow. Outre la pratique de la charité, on s’y intéresse à l’agronomie, à l’économie, à la géographie, à la pédagogie et on y prône la tolérance[37]. En 1778, cette société lance un concours sur l’amélioration du sort des juifs, pour lequel Grégoire rédige un mémoire, qui sert de base pour celui qu'il présentera neuf ans plus tard au concours lancé par l'Académie Royale de Metz ; un exemplaire de ce mémoire de 1778 est conservé au Musée Lorrain de Nancy. Faute d’argent, le prix n'est pas versé, mais le curé d’Emberménil dit plus tard avoir remporté ce prix.

Quoi qu'il en soit, cet intérêt pour la philanthropie lui permet de rencontrer de nombreuses personnalités, notamment protestantes. Ses activités sont principalement tournées vers le perfectionnement de l'agriculture et l'instruction des pauvres, l'abolition de l'esclavage et l'émancipation des juifs.

Le prêtre citoyen et richériste

Extrait du tableau de David, Le Serment du Jeu de Paume
représentant dom Gerle,
l'abbé Grégoire et le pasteur
Rabaut de Saint-Étienne.
Il allégorise
la réconciliation des religieux
lors de la Révolution française.

Les prémices de la Révolution française se font sentir avec acuité dans le clergé lorrain. En 1787, une assemblée provinciale réunissant le clergé et contrôlée entièrement par l'évêque cristallise le mécontentement des curés. L'un d'eux, Guilbert, curé de la paroisse Saint-Sébastien de Nancy, appelle ses confrères à former un syndicat de curés qui se bat pour que les prêtres aient de meilleurs revenus au détriment des évêques et des chanoines qui concentrent les richesses du clergé[38]. Il est secondé dans sa tâche par Grégoire. Ils participent à la fin de l'année 1788 à une réunion avec le tiers état à l'hôtel de ville de Nancy, où est prise la décision de dépêcher deux députés au roi pour lui demander la confirmation de la tenue des États et leur mode d'organisation. En vue de cette démarche, ils font signer une pétition aux curés, qui recueille près de 400 signatures[39].

L'action des curés lorrains a plusieurs buts : avoir des députés aux États provinciaux et généraux, mais aussi obtenir des avancées dans le mode d'organisation de ces États. Ils demandent notamment, en totale adéquation avec le tiers état, que le vote soit fait par tête et non par ordre aux États généraux. Ils renoncent également à tout privilège fiscal, solidairement avec la noblesse.

Dans cette organisation syndicale, Grégoire a le rôle de « commissaire du clergé », qu'il partage avec onze autres confrères. Il diffuse le procès-verbal de la réunion du qui a fixé les buts du clergé auprès des curés et des vicaires lorrains, en élargissant le débat : il demande à ses confrères « des observations et des mémoires sur tous les objets à traiter dans ces États », sortant clairement des simples doléances du bas-clergé. Il acquiert à cette occasion une expérience parlementaire et développe ses talents d'orateur[40].

Le mouvement des curés lorrains s'enlise ensuite dans des querelles de personnes, mais l'abbé Grégoire s'en tient prudemment éloigné, ce qui lui permet d'être élu député du clergé aux États généraux de 1789.

Il part donc pour Versailles le , accompagnant son évêque Anne-Louis de la Fare. Son mandat va bien plus loin qu'une simple représentation de son ordre, il considère qu'il a un « ministère sacré » à remplir.

Plaque apposée
sur la maison de Versailles
où habite Grégoire
pendant les États généraux
de 1789

En ce sens il s'inscrit parfaitement dans cette « insurrection des curés » (selon l'expression du temps) qui agite la France pré-révolutionnaire. Mais il la pousse plus loin qu'un simple mécontentement et, à l'instar de ses confrères lorrains dont la réflexion allait plus loin que dans les autres provinces, elle lui donne une « expression doctrinaire »[41]. René Taveneaux, comme avant lui Edmond Préclin[42], y voit une mise en pratique des idées richéristes et d'une démocratie inspirée par Pasquier Quesnel.

En effet, les curés remettent en cause l'ordre traditionnel à l'intérieur de l'Église, fondé sur la hiérarchie. Ils appliquent un « janséno-richérisme »[43], qui souligne le rôle spirituel fondamental des curés et leur institution divine, tout en proclamant par conséquent des revendications politiques et sociales novatrices.

Dans un contexte lorrain marqué pendant toute la seconde moitié du XVIIIe siècle par une lutte entre, d'une part, l'évêque et les curés, et, d'autre part, le clergé régulier et le clergé séculier, les idées quesnelliennes sur l'importance des curés comme conseils de leur évêque ont fait florès. Les mauvaises conditions économiques de la décennie pré-révolutionnaire touchent de plein fouet les curés des paroisses modestes et accentuent une aigreur qui se fait plus grande encore quand la réaction nobiliaire ferme l'accès aux évêchés et même aux chapitres cathédraux (celui de Metz est anobli en 1780)[44].

Telle est l'analyse d'Edmond Préclin et de René Taveneaux, qui expliquent la colère des curés par une individualisation du jansénisme et une rencontre profonde avec le richérisme, formant un corps de pensée politique et moins religieux. Cette analyse a été cependant combattue par l'historien américain William H. Williams : il considère que cette tendance au corporatisme, doublée d'une nostalgie de l'Église primitive, n'est pas véritablement janséniste mais plutôt une exaltation de l'utilité sociale du curé. Il nomme l'ensemble « parochisme », en ce sens que pour les curés de l'époque pré-révolutionnaire, la paroisse est l'unité de base de la vie religieuse, fer de lance de la lutte contre des Lumières anticléricales. Il pense que, si jansénisme il y a, celui-ci est profondément religieux et verse plutôt vers le conservatisme anti-révolutionnaire[45].

Dale Van Kley, dans sa somme sur Les Origines religieuses de la Révolution française, reprend cependant l'analyse de Taveneaux en soulignant le profond lien entre théologie et politique dans la jansénisation des curés français à la fin du XVIIIe siècle. Il montre comment le jansénisme de cette époque, nourri de gallicanisme, de richérisme et de « patriotisme » (au sens de l'époque) mène à la fois vers un engagement révolutionnaire, comme pour Grégoire, et parfois à l'engagement inverse (c'est le cas d'Henri Jabineau)[46].

L'intégration d'Henri Grégoire dans le personnel révolutionnaire dès le début des événements n'est donc pas un hasard. Il part à Versailles soutenu par ses confrères et nourri par des années de réflexion théologico-politique. Il retrouve également à Versailles un certain nombre de confrères imprégnés des mêmes idées.

Député à la Constituante

M. l'abbé Grégoire, curé d'Emberménil, député de Nancy à l'Assemblée nationale.
Estampe, BNF, département des estampes et de la photographie, vers 1790-1792.

Député du bailliage de Nancy

Élu député du Premier Ordre (le Clergé qui avait 291 élus) en 1789 par le clergé du bailliage de Nancy aux États généraux, Henri Grégoire se fait rapidement connaître en s'efforçant, dès les premières sessions de l’Assemblée, d’entraîner dans le camp des réformistes ses collègues ecclésiastiques et de les amener à s'unir avec le tiers état.

Les premiers travaux et premières lois

  • Tiers état et bas clergé unis
    Nommé l’un des secrétaires de l'Assemblée, il est l'un des premiers membres du clergé à rejoindre le tiers état, et se joint constamment à la partie la plus démocratique de ce corps. Il préside la session qui dure 62 heures pendant que le peuple prend la Bastille en 1789, et tient à cette occasion un discours véhément contre les ennemis de la Nation.
  • La rédaction de la déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen
    Il participe, avec beaucoup d'autres députés, à la rédaction de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen, préambule à la constitution en cours de rédaction. Il est reconnu comme l'auteur de la formulation de l'article 1 : « Les hommes naissent et demeurent libres et égaux en droits. Les distinctions sociales ne peuvent être fondées que sur l’utilité commune »[48]. Il propose que cette déclaration des droits de l'homme et du citoyen soit accompagnée de celle des devoirs (intervention devant l'Assemblée le 12 août)[49], mais sa proposition est rejetée. Grégoire souhaitait également que la Déclaration fasse explicitement référence à Dieu. « Si l'homme a des droits, il faut parler de celui dont il les tient et qui lui imprime des devoirs. Il faut montrer à l'homme le cercle qu'il peut parcourir et les barrières qui peuvent et doivent l'arrêter. »[50], « son ambition était de christianiser la Révolution »[51] mais la déclaration ne retient que l'Être Suprême.
    Les 17 articles de cette déclaration sont adoptés par l'assemblée nationale entre le 20 et le 26 août 1789[52]

La Constitution civile du clergé

Il contribue à la rédaction de la Constitution civile du clergé et parvient, par son exemple et par ses écrits, à entraîner un grand nombre d’ecclésiastiques hésitants. Il est ainsi considéré comme le chef de l'Église constitutionnelle de France. Il prête serment, devenant ainsi un prêtre jureur ou assermenté. Il reste toute sa vie fidèle à son serment, se refusant même à le renier sur son lit de mort en . Jusqu'à la fin de ses jours également il a œuvré à la création d'une église constitutionnelle gallicane.
Pendant la période de l’Assemblée législative, dont il ne pouvait faire partie puisque les membres de l'Assemblée constituante avaient été déclarés inéligibles, il donne tous ses soins à son diocèse de Blois. En effet, premier prêtre à avoir prêté serment à la Constitution civile du clergé, il est élu évêque constitutionnel à la fois par deux des départements nouvellement créés : la Sarthe et le Loir-et-Cher (1791). Il opte pour ce dernier et est consacré évêque, le , par Talleyrand, Gobel et Miroudot. Il administre ce diocèse pendant dix ans avec un zèle exemplaire.

La fin de l'assemblée constituante

Après la fuite de Louis XVI et son arrestation à Varennes-en-Argonne, dans le débat sur la question de l’inviolabilité de la personne du roi qui s'ensuit, Grégoire se prononce vivement contre le monarque, et demande qu’il soit jugé par une Convention.
En mars 1792 à la différence de beaucoup de jacobins dont Robespierre, il prend la défense du maire d'Étampes, Simonneau, tué par des manifestants pour avoir voulu imposer la loi martiale en réaction à une émeute populaire qui réclamait la taxation des denrées. Le discours est à deux facettes. Grégoire s'exprime au nom de la loi sans approuver la répression de la liberté illimitée du commerce votée en 1789 par l'assemblée constituante et le sacro-saint principe de la propriété[53].[pas clair].

Député à la Convention

Portrait de Grégoire
Député du Loir-et-Cher
à la Convention Nationale

Le département du Loir-et-Cher l’élit député à la Convention nationale. Dès la première séance, le , fidèle à ses prises de position antérieures, il monte à la tribune pour défendre avec vigueur la motion sur l’abolition de la royauté proposée par Collot d’Herbois, et contribue à son adoption. C'est dans ce discours que l'on a retrouvé cette phrase mémorable : « Les rois sont dans l'ordre moral ce que les monstres sont dans l'ordre naturel ».

Élu le 17 octobre, il refuse de siéger au comité de sûreté générale, ainsi que huit autres élus[54]. Élu président de la Convention, entre le 15 et le 29 novembre 1792, l'abbé Grégoire la préside en tenue épiscopale. Plus tard il ne participe pas au vote sur la mort de Louis XVI : en effet il est alors en mission à l'occasion de la réunion de la Savoie et du Comté de Nice à la France. Trois collègues l'accompagnent : Marie-Jean Hérault de Séchelles, Philibert Simond et Grégoire Jagot. À la fin février 1793 ils se séparent par groupe de deux : Hérault et Simond restent dans le Mont-Blanc tandis que Grégoire et Jagot prennent le chemin des Alpes-Maritimes. Ce département est créé en 1792, composé du comté de Nice détaché du royaume de Sardaigne et réuni à la France, ainsi que de la principauté de Monaco, qui comporte à l'époque Monaco, Roquebrune-Cap-Martin et Menton, annexée.

La mort du roi

Après la Révolution, jusqu'à sa mort il se défend de l'accusation de régicide portée par des royalistes ou des épiscopaux au second concile de Paris de 1801 (peut-être même au premier de 1797). Ses dénégations ont été validées sur parole par de nombreux historiens au nom de sa religion ou de sa philosophie abolitionniste qui lui interdiraient de verser le sang. Quoi qu'on puisse penser en bien ou en mal des votes de qui aboutissent à l'exécution du roi, la pensée et l'action de l'abbé sont controversées de son vivant et le restent aujourd'hui pour les historiens dont les avis divergent.

Grégoire se prononce une première fois avant son départ en Savoie le . Certes, il s'exprime en faveur de l'abolition de la peine de mort (mais pas du pardon chrétien, du fait même de sa volonté de juger et de punir Louis XVI). Mais loin de demander que Louis XVI bénéficie le premier d'une abolition, dans le cadre d'une peinture au vitriol de la royauté, il entend a priori mettre le roi à égalité avec tous les autres repris de justice et se demande même s'il ne faut pas faire une exception :

« Et moi aussi je réprouve la peine de mort ; je l'espère ce reste de barbarie disparaîtra de nos lois. Il suffit à la société que le coupable ne puisse plus nuire : assimilé en tout aux autres criminels, Louis partagera le bienfait de la loi si vous abrogez la peine de mort, vous le condamnerez alors à l'existence afin que l'horreur de ses forfaits l'assiège sans cesse et le poursuive dans le silence de la solitude… Mais le repentir est-il fait pour les rois ? »[55]

Liste comparative
des cinq appels nominaux
pour le jugement de Louis XVI
à la Convention nationale
du 15 au 19 janvier 1793 – En-tête

De nombreux conventionnels abolitionnistes (Robespierre, Saint-Just, Jeanbon Saint-André, Marat, Joseph Lequinio, Lepeletier de Saint-Fargeau) votèrent inconditionnellement pour la mort du roi, considérant que de toute façon en la peine de mort étant encore dans la loi, la république ne pouvait faire d'exception pour Louis XVI[56]. Le problème se pose aussi pour Grégoire ce fameux . Selon ses allégations post-révolutionnaires (c'est-à-dire postérieures au 18 brumaire an VIII-9 novembre 1799), publiées pour la première fois en novembre 1801 dans Les Annales de la religion par son ami François-Xavier Moïse, ses trois collègues missionnaires écrivent à Chambéry une lettre pour demander « la condamnation à mort de Louis Capet par la Convention nationale sans appel au peuple », mais il aurait fait retirer les mots « à mort ». La réalité est peut-être autre. Le au matin, un journal jacobin bi-quotidien, le Créole Patriote de Claude Milscent, publie avec un mot d'accompagnement de Jeanbon Saint-André, député montagnard du Lot, une note de Hérault de Séchelles, Grégoire, Simond et Jagot. Elle indique leur « vœu formel », censé dissiper l'ambiguïté des termes « pour la condamnation de Louis Capet sans appel au peuple » (et dénoncée à ce titre au club des jacobins) : « Pour la mort de Louis sans appel au peuple ». Un second document, autographe lui, daté du 16 février 1793 montre Jeanbon Saint-André écrire aux quatre commissaires pour les informer qu'en réaction à des insinuations négatives relatives à l'équivoque d'une lettre officielle ne comprenant pas la mention "à mort", il fait précisément publier dans le Créole Patriote leur note informant la Convention de leur vrai but pour la mort de Louis sans appel au peuple. Or dans ses Mémoires en 1808 tout en niant avoir voulu la mort du roi, Grégoire reconnaît l'existence d'une intervention en faveur des quatre députés missionnaires, effectuée par Jeanbon Saint-André au club des jacobins[57], en même temps qu'il se refuse « à émettre une opinion sur ses collègues régicides qui ont suivi la voix de leur conscience »[58]. D'après Eugène Welvert et Jean-Daniel Piquet l'abbé Grégoire n'ayant pas protesté dans ses Mémoires contre les interventions de Saint-André, il y a lieu de croire qu'elles correspondaient à ses opinions du moment. Le il reproche aux « législateurs » d'avoir « royalisé » ces contrées : « Par la longueur de vos discussions sur le compte d'un tyran qu'il fallait se hâter d'envoyer à l'échafaud » (soit l'appel au peuple, l'amendement Mailhe, le sursis)[59]. Il regrette donc, comme Jeanbon Saint-André l'avait dit le 30 novembre 1792, que l'on n'ait pas été plus expéditif à l'égard de Louis XVI dont la vie et le procès même, à leurs yeux, mettaient en danger la république.

Bernard Plongeron conteste ces éléments, estimant que la note co-signée par Grégoire a été seulement insérée dans Le Créole Patriote, journal à ses yeux "très confidentiel", et qu'on ne saurait à ce titre promouvoir au rang de "sources" et de pièce à conviction. Le document autographe de Saint-André envoyé aux commissaires n'est pas commenté. Bernard Plongeron s'étonne par ailleurs qu'on puisse soupçonner Grégoire de s'être comporté comme une girouette entre novembre 1792 et janvier 1793 ; eu égard à l'intrépidité du personnage dans ses combats sous la Restauration et de ses démentis constants de l'accusation de régicide[60].

À partir des attaques dont Grégoire fait l'objet au club des Jacobins et du fait que son avis n’est pas pris en compte par la Convention, l'historienne américaine, Allyssa Goldstein Sepinwall jette à son tour, le doute sur l'authenticité de la signature de Grégoire dans la note publiée par le Créole Patriote. Ses trois collègues auraient pu signer la note à son insu en son nom après qu'il les a forcés à refaire la lettre sans la mention "à mort". Mais Chez Grégoire, d'après elle, l'équivoque et la girouette n'en priment pas moins :

« On peut dire avec certitude que Grégoire s'essaya dans les deux voies. En 1792 il s'opposa à la peine de mort pour apaiser sa conscience religieuse, mais il demeura ambigu, à propos de ses véritables sentiments lorsque le verdict fut rendu, et il soutint l'exécution qui s'ensuivit afin de s'assurer de la punition du roi et de conserver son influence politique. L'ambiguïté présumée de la lettre (après tout il aurait pu choisir l'expression plus explicite de condamné à vie) dans le contexte de ses déclarations violemment antimonarchiques lui permit de garder de bonnes relations avec les patriotes de la Révolution sans toutefois avoir l'impression de violer ses croyances chrétiennes. Par conséquent lorsque Grégoire déclare n'avoir jamais changé d'opinion, il dissimule en réalité des choix stratégiques qu'il dut faire à des moments précis[61] ».

Cette auteure fait cependant l'impasse sur le mot d'accompagnement de Jeanbon Saint-André à la note parue dans le Créole Patriote du 28 janvier 1793-matin, sur la lettre de confirmation qu'il a envoyée aux commissaires le 16 février 1793 et sur la mention de son nom par Grégoire comme leur défenseur au club des Jacobins, dans ses Mémoires.

D'après Louis Maggiolo, les termes assez violents de la lettre officielle contre « ce roi parjure » laissent difficilement croire à une interprétation clémente du mot condamnation, et toujours d'après lui ses discours ultérieurs « lui donnèrent durant la Terreur le bénéfice et la sécurité du régicide »[62].

L'historienne française Françoise Hildesheimer, qui n'entend pas « en tirer une conclusion décisive »[63] souligne le bien-fondé des remarques d'Allyssa Goldstein Sepinwall et de Louis Maggiollo et admet, sur la base de recherches érudites condamnées par les laudateurs de Grégoire, « quelques accommodements opportunistes » contraires à « la vertu morale » qu'ils célèbrent en lui[64]. Elle s'interroge également, à partir du cahier de correspondance d'Hérault de Séchelles sur la version de Grégoire quant à la mention « à mort » retirée d'un texte originel rédigé et signé par ses trois collègues[65]. Françoise Hildesheimer relève que l'original du texte lu à la Convention le 19 janvier s'y trouve « identique et unique, sans rature aucune ni autre jet contenant l'expression condamnation à mort de Louis Capet »[66]. Elle pose alors la question :

« Grégoire aurait-il réécrit l'histoire et se serait-il inventé une attitude vertueuse ? »[67]

Résultat des cinq appels nominaux
pour le ju[ge]ment de Louis XVI
Page 25

Elle relève que certains historiens, tels que Bernard Plongeron, « à la réaction indignée et méprisante »… Rita Hermon-Belot et quelques autres, qui « avaient largement ignoré les documents exhumés par Eugène Welvert, contestent ces pièces »[68]. A leurs yeux ils alimentent une « légende noire » mettant le personnage en contradiction avec ses principes religieux. Mais ces historiens, relève-t-elle, ne discutent pas de la « légende dorée » qu'ils avaient au contraire créée ou validée, erreurs à l'appui, lors du bicentenaire de la Révolution. Ainsi, en se basant sur l'article de François Moise, Bernard Plongeron, qu'elle considère comme « l'historien autorisé », a invoqué en 1989, au côté de la lettre collective du 13 janvier l'existence d'une missive personnelle de Grégoire où il indiquerait que « s'il reconnaissait à la Convention le droit de juger Louis XVI, sa religion lui défendait de répandre le sang des hommes »[69]. Or F. Hildesheimer après vérification a relevé que cette lettre n'a, au contraire, pas été signalée par l'article de Moise[70], qu'elle est restée « introuvable », alors même qu'elle « l'aurait lavé de tout soupçon »[71].

Seul élément authentique apparemment à décharge pour Grégoire dans ce dossier, invoqué par Grégoire et ses défenseurs, François Moise en 1801, puis Pierre Fauchon et Georges Hourdin en 1989, la réaction de l'abbé Claude Fauchet, député girondin du Calvados, publiée dans son périodique le Journal des Amis du 2 février 1793. Hostile à tout procès et à toute condamnation du roi, Fauchet s'abstient sur la culpabilité, vote pour l'appel au peuple, pour la détention durant la guerre, le bannissement à la paix, puis pour le sursis et considère que Grégoire n'a pas voulu la mort du roi à la lecture de la lettre officielle du 13 janvier 1793.

Selon Rita Hermon - Belot et la préfacière de son livre, Mona Ozouf, de tels commentaires témoignent assurément de l'opinion générale de la Convention Nationale à l'égard de la position de Grégoire sur le sujet, quelle qu'ait été celle-ci : tout le monde considérait qu'il s'opposa à la mort du roi en janvier 1793[72]. Françoise Hildesheimer infléchit cette interprétation :

« Selon lui (Fauchet) Grégoire a écrit avec les autres commissaires du Mont-Blanc, qu'il votait pour que Louis fut jugé sans appel par la Convention Nationale ; mais la nature de la peine à infliger n'est point marquée dans cette lettre[73]. Il reste que, si Fauchet a cru devoir faire cette mise au point, c'est que la lettre du quatuor était ambiguë[74]. »

De son côté en étudiant sa proximité en 1793 et 1794 avec les milieux jacobins et montagnards sur l'affaire du régicide et des questions coloniales Jean-Daniel Piquet relève que les allégations de Fauchet présentées comme assurées, débutent par « je pense que » et relèvent donc d'une interprétation personnelle dénuée de toute preuve documentaire ou même de témoignage oculaire[75]. Et l'intervention du montagnard jacobin Jeanbon Saint-André est là pour démontrer que les députés qui votent dans une écrasante majorité — à la différence de Fauchet — pour la culpabilité de Louis XVI, contre l'appel au peuple pour la mort et contre le sursis, sont désormais convaincus, comme le député du Lot, que Grégoire et ses trois collègues missionnaires s'étaient prononcés « pour la mort de Louis sans appel au peuple ». Jean-Daniel Piquet a également relevé que Fauchet entend peut-être répondre à d'autres brissotins, qui ont interprété la lettre apparemment ambiguë du 13 janvier comme un appel clair à la mort de l'accusé. Ainsi en a-t-il été de Antoine-Joseph Gorsas qui vote l'appel au peuple et le bannissement. Dans le numéro du 20 janvier 1793 de son journal, le courrier des quatre-vingt-quatre départements, Gorsas écrit à propos des quatre commissaires, « qu'ils sont convaincus de ses crimes, et qu'ils votent pour la condamnation à mort, sans appel au jugement du peuple. Cette lettre, signée Grégoire, Hérault, Jagot et Simon (sic), obtient le décret de mention honorable »[76].

À propos de l'épithète « régicide » ou « non régicide », basée sur le critère strict du vote parisien à la Convention, Jean-Daniel Piquet considère que « si Grégoire n'est pas de ceux qui ont contribué à faire périr le roi de par son son statut d'"absent pour commission", pour la même raison il n'est pas de ceux, minoritaires mais nombreux, qui tentèrent de le sauver »[77].

L'exaltation du tyrannicide

En sous la Législative, à Blois dans son discours sur Simonneau, alors très remonté depuis contre la monarchie, il commence par dénoncer les rois comme « bourreaux du peuple », « fainéants titrés », « brigands couronnés », « fléaux de la terre », « tyrans »[78].

Sous la Convention dans le Mont-Blanc dès l'annonce en de la mort de Louis XVI, Grégoire s'inscrit dans le double concept religieux et antique du « tyrannicide ». Ainsi écrit-il dans une adresse aux habitants du Mont-Blanc :

« Grâce au Ciel, on ne jurera plus fidélité à un roi, puisque le fléau de la Monarchie a été anéanti ainsi que le tyran qui en était revêtu. Désormais les ecclésiastiques doivent jurer de maintenir la liberté, l’égalité ou de mourir en les défendant en y joignant la clause de veiller fidèlement sur les fidèles confiés à leurs soins[79]. »

Visiblement Grégoire exprime un soulagement religieux à l’annonce de l’échec cinglant de l’ultime tentative de sauvetage du roi : le sursis[80]. À l’instar de certains montagnards, il clame vis-à-vis de ses coreligionnaires « liberté, égalité ou la mort ». Certains analystes tels que Rita Hermon-Belot et Mona Ozouf ont distingué sa haine viscérale de la monarchie, ses appels au meurtre des rois étrangers, d'une aspiration à la clémence pour Louis XVI ou d'une hésitation sur le sujet[81]. Ce texte écrit juste après l’exécution de Louis XVI et publié dans les œuvres de Grégoire, fragilise le bien-fondé des doutes émis par certains quant à l'authenticité de la note publiée dans le Créole Patriote du -matin ou sur la falsification éventuelle de sa signature personnelle. Il a été par ailleurs relevé ultérieurement tout à la fois sa haine, en l'an II, de la tyrannie monarchique et son opinion clairement assumée en faveur des régicides historiques du et du  ; chacune des deux journées qui voient les exécutions de Louis XVI et de Charles Ier :

« Tout ce qui est royal ne doit figurer que dans les archives du crime. La destruction d’une bête féroce, la cessation d’une peste, la mort d’un roi, sont des moments d’allégresse pour l’histoire de l’humanité. Tandis que par des chansons triomphales nous célébrons l’époque où le tyran monta sur l’échafaud, l’Anglais avili porte le deuil anniversaire de Charles 1er, l’Anglais s’incline devant Tibère et Sejan»[82]. »

L'abbé Grégoire s'associe donc pleinement en 1794 aux célébrations nationales du premier anniversaire de la journée du  ; mais aussi par la négative du premier martyr de la Montagne, Lepeletier de Saint-Fargeau, assassiné le pour avoir voté la mort de Louis XVI. Il lui compare le tyrannicide Harmodius, qui malgré ses origines aristocratiques mourra en martyr pour avoir tué un tyran. D'après l'abbé Grégoire, Harmodius a exécuté « Pisistrate[83], le Capet d'Athènes qui avait à peu près l'âge et la scélératesse de celui que nous avons exterminé »[84].

Entre-temps, le , juste après l'expulsion des ténors de la Gironde, sur laquelle il ne se prononce cependant pas, il clame la nécessité de faire un « exemple terrible » en punissant « du supplice du tyran le chef de la force armée qui menaçait la Convention »[85].

Relevons quand même que si sa haine de la tyrannie est intransigeante, celle des monarques n'est pas aussi absolue. Au moment de quitter Blois pour Paris à l'été 1792, il prononce un sermon dans lequel il admet que deux rois de France sur les soixante-dix ayant régné méritaient considération[86]. Il s'agissait de saint Louis et de Charles V[87].

La promotion de l'instruction publique

Rapport sur l'établissement
d'un conservatoire des arts et métiers
par Grégoire
8 vendémiaire de l'an 3 (10 octobre 1794)
Rapport sur l'établissement
du bureau des longitudes
lu à la tribune de la Convention
7 messidor an 3 (25 juin 1795)
  • Grégoire s'occupe de la réorganisation de l'instruction publique en étant un des membres les plus actifs du Comité de l'Instruction publique. Dans le cadre de ce comité, dès le , il lance une grande enquête qui lui prendra 4 ans jusqu'en 1794[88] relative « aux patois et aux mœurs des gens de la campagne »[89] pour favoriser l'usage du français. Puis, à partir de 1793, pendant la Convention, au sein du Comité d'instruction publique où il se montre très actif, il lutte pour l'éradication de ces patois. L'universalisation de la langue française par l'anéantissement, non seulement des patois, mais des langues des communautés minoritaires (yiddish, créoles) est pour lui le meilleur moyen de répandre dans la masse les connaissances utiles, de lutter contre les superstitions et de « fondre tous les citoyens dans la masse nationale », de « créer un peuple ». En ce sens, le combat de Grégoire pour la généralisation (et l'enseignement) de la langue française est dans le droit fil de sa lutte pour l'émancipation des minorités[90]. En 1794 l'abbé Grégoire présente à la Convention son « Rapport sur la Nécessité et les Moyens d'anéantir les Patois et d'universaliser l'Usage de la Langue française », dit Rapport Grégoire, dans lequel il écrit :
    « On peut uniformiser le langage d’une grande nation […]. Cette entreprise qui ne fut pleinement exécutée chez aucun peuple, est digne du peuple français, qui centralise toutes les branches de l’organisation sociale et qui doit être jaloux de consacrer au plus tôt, dans une République une et indivisible, l’usage unique et invariable de la langue de la liberté[91]. »
  • Il joue un rôle éminent dans l'institution du Bureau des longitudes en lisant le à la tribune de la Convention le rapport qu’il a rédigé en concertation avec les comités de marine, des finances et de l’instruction publique. Il en affirme très clairement les objectifs : « Les succès des Anglais à diverses époques, et spécialement dans la guerre de 1761, n'ont que trop prouvé que la supériorité de la marine décide souvent des résultats de la guerre. Une des mesures les plus efficaces pour étouffer la tyrannie britannique, c'est de rivaliser dans l'emploi des moyens par lesquels cet État, qui ne devrait jouer qu'un rôle secondaire dans l'ordre politique, est devenu une puissance colossale. Or les Anglais, bien convaincus que sans astronomie on n'avait ni commerce, ni marine, ont fait des dépenses incroyables pour pousser cette science vers la perfection. »[93].
    Mais ce ne sont pas les seules attributions de ce bureau, il est aussi chargé de la rédaction de la Connaissance des Temps, publication annuelle contenant les tables astronomiques créée en 1679. II doit également assurer la rédaction d'un « annuaire propre à régler ceux de la République ». Le Bureau des longitudes a donc plus généralement pour mission le perfectionnement des tables astronomiques. II a donc sous sa responsabilité l'Observatoire de Paris, et celui de l'École militaire et tous les instruments d'astronomie qui appartiennent à la nation (en particulier ceux saisis à la Révolution). L'un des membres du Bureau doit également faire chaque année un cours d'astronomie[94].
  • Il contribue aussi à la création de l'Institut de France. Au moment de la Révolution des académies existent depuis longtemps. Il s'agit de l’Académie française fondée en 1635 sous l’égide de Richelieu et qui publie son premier dictionnaire en 1694, une académie royale de peinture et de sculpture fondée en 1648 à l'initiative de Charles Le Brun, de musique, d’architecture, des inscriptions et des belles-lettres et des sciences fondées entre 1648 et 1671 sous l'égide de Colbert[95].
    Mais toutes ces académies ont, aux yeux des députés de la Convention, la tache originelle d’avoir été fondées, subventionnées et, ou patentées par le pouvoir royal honni. Au sein du Comité de l’instruction publique de la Convention, Grégoire rédige un rapport faisant le procès des académies et affirme solennellement à la tribune que « le vrai génie est sans-culotte et s’il n’était pas encouragé, les riches, qui ne conserveront que trop l’ascendant de la fortune, auraient encore bientôt celui de la science[96] ». Suite à son discours, la Convention décrète le 21 thermidor an I (), la suppression de toutes les académies royales, « royaume des lettrés, titrés, mitrés » selon la formule de Chamfort[97], y compris l'Académie française, et confirme l'interdiction d'élire de nouveaux membres pour remplacer ceux décédés. Elles sont donc dissoutes.
    Par décret daté du 5 fructidor an III (), ces académies sont remplacées par une seule entité : l'Institut de France, dont la loi Daunou[98] arrête l'organisation le 3 brumaire an IV ()[99] en plusieurs classes qui évolueront plusieurs fois jusqu’en 1832, prenant alors la configuration qu'on lui connaît encore au XXIe siècle.

Le protecteur des biens de la Nation

Rapport sur les destructions opérées
par le Vandalisme,
et sur les moyens de le réprimer,
par Grégoire, Séance du 14 Fructidor,
l'an second de la République
une et indivisible, 31 aout 1794.

(BNF, département des estampes
et de la photographie.)

La notion de vandalisme est démocratisée par les écrits de l'abbé Grégoire dans un rapport adressé à la Convention nationale en , en pleine Révolution française, après Chute de Robespierre en thermidor an II. Il met en avant la destruction massive et impunie des monuments et objets qu'il considère « nationaux ». Il participe à la sauvegarde contre les pillages de certains lieux, comme la basilique de Saint-Denis, au motif qu'ils font partie de l'histoire de France. Il joue un grand rôle dans la prise de conscience patrimoniale et demande la conservation des monuments de l'ancienne France monarchique, pourtant cibles des émeutes. Cette notion de vandalisme puisait ses origines sémantiques et étymologiques dans le mot vandales, un peuple germanique acteur des grandes invasions du Ve siècle, considéré depuis le Haut Moyen Âge comme un peuple barbare. Dans ses Mémoires, l'abbé Grégoire revendique la paternité de ce néologisme, et déclare l'objectif de sa démarche :

« Je créai le mot pour tuer la chose »

— Henri Grégoire, Mémoires de Grégoire, ancien évêque de Blois, 1837[100],[101]

Cet engagement préfigure la création du statut de monument historique, qui est effective à partir de 1840. Cependant, là non plus, il ne faut pas prendre à la lettre ses déclarations post-thermidoriennes[Lequelles?], comme l'ont montré James Guillaume[102] puis Serge Bianchi[103]. D'après le premier, notamment, en l'an II, Grégoire agit en osmose avec le comité de salut public (qu'il accuse par la suite d'avoir organisé le vandalisme) : protection des monuments patrimoniaux exigée par le comité mais destruction de toutes les pièces royales, sous réserve qu'elles ne symbolisent pas un acte régicide. Ainsi le 14 fructidor an II- (donc après la chute de Robespierre) Grégoire qualifie d'agents de l'Angleterre des vandales qui venaient de détruire une estampe représentant l'exécution en 1649 de Charles Ier , et regrette l'absence d'estampes de ce type pour chacun des rois de France[réf. nécessaire].

Pendant la Terreur

Malgré la Terreur, il ne cesse de siéger à la Convention en habit ecclésiastique et n'hésite pas à condamner vigoureusement la déchristianisation des années 1793 et 1794. Plusieurs fois, il échappe de peu à une arrestation. Il n'en continue pas moins de se promener dans les rues en tenue épiscopale et à célébrer tous les jours la messe chez lui. Sans doute est-il soutenu à la Convention montagnarde par Robespierre et par Danton qui prononcent chacun en l'an II, le 1er frimaire-21 novembre et le 6 frimaire-26 novembre, un discours en faveur de la liberté des cultes. Le 3 février 1793 Grégoire, Hérault de Séchelles, Simond et Jagot ont, sous le sceau du secret, écrit une lettre alarmiste à Danton dont ils connaissaient déjà l'esprit de tolérance religieuse et sa compétence missionnaire, pour l'informer de leur isolement et leur impopularité dans le département du Mont-Blanc[104]. Les facteurs d'opposition locale aux commissaires étaient alors nombreux : « opposition nobiliaire, cléricale, hostilité larvée des municipalités et des administrateurs provisoires, fidélité douteuse des Jacobins locaux, enfin et surtout hostilité générale des populations, chose terrible pour celui qui se croyait libérateur et se voit assimilé à un occupant »[105]. il y avait aussi espionnage « du Maire jusqu'au Mendiant », refus de « ne rien nous communiquer »[106]. Quant au secret du document « il s'explique probablement par la crainte d'un renforcement de l'anticléricalisme girondin que réprouvaient Danton et Robespierre[107]. »

On n'oubliera pas non plus la convergence sur le régicide[pas clair], Danton s'étant prononcé après son retour de mission pour la mort et contre le sursis puis fait repousser le jour du suffrage sur la peine une décision prise à la majorité des 2/3 des voix, proposée par le brissotin Lanjuinais[108]. Danton aurait même dit à la fin novembre 1792 : « Il ne faut pas juger le roi mais simplement le tuer[109] ».

Mais après la chute de Robespierre en juillet 1794, il acquiert l'hôtel particulier de Robespierre[réf. souhaitée] dans la rue du Pot-de-Fer dite du Verger (actuelle rue Bonaparte) et maintient cette pratique[Laquelle?]. Plutôt en contradiction avec ses autojustifications ultérieures d'un homme qui n'aurait pas voulu verser le sang d'un homme, le 13 thermidor an II/31 juillet 1794 il se félicite auprès de ses administrés des journées des 9 et 10 thermidor, des exécutions des frères Robespierre (Maximilien et Augustin), de Saint-Just, de Couthon et de Lebas[110]. Ce qui a fait dire à Françoise Hildesheimer : « Ni regret ni déploration du sang versé dans ce cas aussi »[111]. Ensuite, le , devant la Convention, Grégoire prononce sous les huées son Discours sur la liberté des cultes[112] où il demande la liberté pour les cultes et la réouverture des églises : « Pendant de longues années, je fus calomnié pour avoir défendu les mulâtres et les nègres, pour avoir réclamé la tolérance en faveur des juifs, des protestants, des anabaptistes. J’ai décidé de poursuivre tous les oppresseurs, tous les intolérants ; or je ne connais pas d’êtres plus intolérants que ceux qui, après avoir applaudi aux déclarations d’athéisme faites à la tribune de la Convention nationale, ne pardonnent pas à un homme d’avoir les mêmes principes religieux que Pascal et Fénelon[113]. »

La réorganisation de l'Église constitutionnelle et gallicane

Après son élection comme évêque constitutionnel par deux des départements nouvellement créés : la Sarthe et le Loir-et-Cher (1791), il choisit le Loir-et-Cher. Consacré comme évêque de Blois, il exerce sa fonction pendant dix ans, parcourant inlassablement son diocèse.

Fin 1794, il constitue avec Royer, Desbois et Saurine le groupe des « Évêques réunis à Paris » qui se donne pour mission de régénérer l’Église de France gravement affaiblie par la campagne de déchristianisation et les démissions d’évêques et de prêtres. En 1795, il crée avec les évêques constitutionnels Saurine et Debertier, ainsi qu'avec des laïcs, la Société libre de philosophie chrétienne, qui a pour but de reprendre les études théologiques arrêtées du fait de la Révolution, de lutter contre la déchristianisation et contre la théophilanthropie et le culte de la Raison et de l'Être suprême. L'organe de cette société, les Annales de la religion, est un journal gallican et virulent, supprimé par Bonaparte à la suite du Concordat [réf. nécessaire].

Sous le Directoire, il s'efforce de réorganiser l'Église constitutionnelle. Il organise avec les évêques constitutionnels deux conciles nationaux, en 1797 et 1801, pour tenter de mettre sur pied une véritable Église gallicane[réf. nécessaire].

Il tente de s'opposer à la signature du Concordat de 1801. Contraint à la démission, avec les autres évêques constitutionnels, l'homme à la « tête de fer », comme le définissait l'historien Jules Michelet, fait toujours suivre son nom de la mention « évêque constitutionnel de Blois »[réf. nécessaire].

En 1799, il publie un Projet de réunion de l'Église russe à l'Église latine. Il œuvre aussi à la réhabilitation de Port-Royal des Champs en publiant, en 1801 puis en 1809, Les Ruines de Port Royal des Champs, qui mettent en valeur les vertus des religieuses jansénistes et des Solitaires. Cet écrit contribue à la naissance du mythe de Port-Royal comme foyer intellectuel et comme foyer de résistance à l'absolutisme[réf. nécessaire].

Conseil des Cinq-cents et Corps législatif

La constitution de l'an III ( 22 août 1795) le fait entrer au conseil des Cinq-Cents (député de l'Hérault) ; le coup d'État du 18 Brumaire (9 novembre 1799) le porte au Corps législatif comme député de Loir-et-Cher[réf. nécessaire].

Présenté par le Corps législatif, le Tribunat et le Sénat conservateur, pour faire partie de ce dernier corps, ce n'est qu'après une assez longue hésitation qu'il accepte ces hautes fonctions le 4 nivôse an X ()[réf. nécessaire].

L’opposant aux régimes « aristocratiques »

La résistance à la censure et au rétablissement de l'esclavage

Il s'engage contre le rétablissement de l'esclavage par Napoléon après son coup d'État de 1799, quand « la censure et la propagande officielle »[114] du nouveau régime « imposent une idéologie massivement inégalitaire »[114], à une opinion publique souvent hostile, selon les rapports de police, via de nombreux articles de presse, brochures et gros ouvrages souhaitant rejeter l'apport des Lumières, « ouvertement au profit de théories pseudoscientifiques visant à classer et hiérarchiser »[114] les « races » humaines, « tout en proclamant hautement la vocation » des « êtres supérieurs » à « civiliser » les autres hommes[114], selon les analyses détaillées des publications de l'époque réunies par l'historien Yves Benot dans un livre de 1992[115]. Au même moment se manifeste la persistance de « pôles de résistance »[114],[115] à la censure, émanant d'anti-esclavagistes, pas seulement les plus connus, comme l'abbé Grégoire, mais également d'autres libéraux plus modérés incluant Amaury Duval, Pierre-Louis Ginguené, Jean-Baptiste Say, Joseph-Marie de Gérando, Dominique Dufour de Pradt et Antoine Destutt de Tracy[114],[115].

Malgré son opposition à Napoléon, il est nommé membre de la Légion d'honneur le 9 vendémiaire an XII () et commandant de l'Ordre le 25 prairial suivant. Il devint comte de l'Empire en 1808.

Vers la fin de l'Empire

Pendant l'Empire et sous la Restauration, il écrit de nombreux ouvrages, notamment une Histoire des sectes en deux volumes (1810). Il fait partie, au Sénat conservateur, des rares opposants irréductibles à Napoléon Ier. Il fut l'un des cinq sénateurs qui s'opposèrent à la proclamation de l'Empire. Il s'oppose de même à la création de la nouvelle noblesse d’Empire puis au divorce de Napoléon Ier et de Joséphine.

Le , Grégoire est l’un des 64 sénateurs qui répondent à la convocation de Talleyrand pour proclamer la déchéance de Napoléon. Depuis le mois de janvier, il participe régulièrement à des réunions avec Lanjuinais, Garat et Lambrechts pour préparer un plan : ils envisagent la création d’un gouvernement provisoire et la réunion d’une assemblée constituante en cas de défaite de l'Empereur[116].

Restauration

À la première Restauration, Grégoire veut que le Sénat déclare que la nation française choisit pour chef un membre de l'ancienne dynastie, et qu'elle se réserve de présenter une constitution libérale à l'acceptation et au serment du roi élu par lui. Sa proposition fut rejetée[117] et son auteur n'est alors pas compris dans la liste des nouveaux pairs.

L'ordonnance d'épuration de l'Institut de France qui frappe Carnot, Monge et quelques autres, ne peut pas épargner Grégoire.

Élections de 1819

Il est retiré à Auteuil[Où ?], lorsqu'à l’occasion des élections partielles du , qui constituent une victoire pour les libéraux (35 sièges remportés sur 55 à pourvoir), Henri Grégoire est élu député de l’Isère. Sa candidature a été soutenue par le journal Le Censeur, et par le comité directeur du parti libéral. Il doit son élection au report des voix ultraroyalistes, contre Rogniat, le candidat soutenu par le ministère. Par cette manœuvre, les ultras montrèrent à la fois leur opposition au gouvernement, et leur rejet de la loi électorale[118].

Chateaubriand écrit dans Le Conservateur : « Le mal est dans la loi qui couronne, non le candidat régicide, mais l’opinion de ce candidat, dans la loi qui peut créer ou trouver cinq cent douze électeurs décidés à envoyer à Louis XVIII le juge de Louis XVI »[119]. À l'autre bord, c'est bien « l'ancien juge de Louis XVI » déterminé dans les grandes occasions à verser le sang, que Stendhal vient soutenir à Grenoble quand il le qualifie de « plus honnête homme de France ». Car dans sa correspondance avec Adolphe Mareste, le il écrit : « Le bon entre amis c'est d'être francs ; comme cela on se donne le plaisir de l'originalité. Donc à l'âge près, je voudrais être Grégoire. Je ne trouve rien de plus utile qu'un twenty one j(anvier).(sic) Sans cela on n'aurait peut-être (sic) la const(itut)ion. Mon seul défaut est de ne pas aimer the Blood. »[120],[121],[122]

Cette élection crée un choc, d’autant plus que Grégoire conserve une réputation, méritée ou non, de régicide. Fraçoise Hidelsheiemer repose la question : « Il (Grégoire en octobre 1820) affirme enfin et surtout que dans la lettre écrite aux Archives il aurait exigé la radiation des mots "à mort", affirmation dont on a vu qu'elle posait un réel problème"[123] ».

L'élection de Grégoire provoque un retournement d’alliance au gouvernement, obligeant le centre alors aux affaires à s’allier à la droite. L’historien Benoît Yvert écrit : « L’élection de Grégoire annonce par conséquent la fin de la Restauration libérale[124] ». Ouverte le , la nouvelle session parlementaire s’enlise dès le dans un débat sur la manière d’exclure Grégoire de l’assemblée. Les libéraux, qui l’ont soutenu, essayent d’obtenir de lui sa démission, qu’il leur refuse. Une commission formée pour l’occasion découvr un vice de forme, mais on renonce à l’employer car il s’appliquerait de même à un grand nombre de députés. Finalement, le député Ravez propose de statuer sur l’exclusion en renonçant à lui donner un sens acceptable par tous les partis : elle est votée à l’unanimité moins une voix, celle du député du Nord Lambretchts[125],[118].

Dernières années et mort

Plaque au no 44 rue du Cherche-Midi (Paris 6e)

Il vit dès lors dans la retraite mais, toute pension - même celle d'ancien sénateur - lui étant supprimée, il est contraint de vendre sa bibliothèque. Malade, vraisemblablement atteint d'un cancer généralisé[126], sentant la fin de sa vie proche, il demande les secours de la religion. L'archevêque de Paris – le très légitimiste Hyacinthe de Quélen – y met pour condition que Grégoire renonce au serment prêté à la Constitution civile du clergé. L'ex-évêque, fidèle à ses convictions, refuse tout net. L'archevêque lui refuse donc l’assistance d’un prêtre et toute messe funéraire.

Passant outre les ordres de l’archevêché, l'abbé Guillon, confesseur de la reine[127], pourtant son opposant à la constitution civile du clergé, lui délivre néanmoins les derniers sacrements par charité chrétienne[128], dont l’extrême-onction. Ces sacrements, bien qu'illicites en raison de l'interdit prononcé par la hiérarchie de l'Église, ont néanmoins été administrés et célébrés en violation du droit canonique. Ce fait vaut à Guillon l'évêché de Beauvais où il vient d'être nommé[129].

Âgé de 80 ans, l'abbé Grégoire meurt à Paris dans l'hôtel particulier de l'actuel 44 rue du Cherche-Midi, le .

Une messe de funérailles est célébrée le 31 mai dans l’église de l’Abbaye-aux-Bois au 16 rue de Sèvres[130], réquisitionnée par le roi Louis-Philippe, puisque l'église lui refusait des obsèques catholiques[126]. Crémieux[131] et Bissette[132] prononcent l'éloge funèbre. L’étole de l’évêque de Blois et la cravate de commandant de la Légion d’honneur sont posées sur le cercueil qui est mis sur un catafalque, dont des jeunes gens détachent les quatre chevaux pour le tirer eux-mêmes[126]. Le corps de l’évêque humaniste et gallican est ainsi conduit au cimetière du Montparnasse accompagné par vingt à vingt-cinq mille personnes, pour l'essentiel des ouvriers et des étudiants qui en font une grande manifestation politique[133],[129], mais aussi par des notables en particulier par quelques irréductibles de la Convention, tel La Fayette. Au cimetière, plusieurs discours sont prononcés, dont celui, violent, de Thibaudeau où il « jure de consacrer sa vie au culte de la patrie et de la liberté[129],[134] ». Selon le vœu de Grégoire, sur la croix de sa tombe, sont gravés ces mots : « Mon Dieu, faites-moi miséricorde et pardonnez à mes ennemis »[126].

Cette croix et la grille qui entoure la pierre tombale sont transportées en 1990 (après le transfert de la dépouille au Panthéon) à la commune d'Emberménil qui l'érige au pied de l'arbre de la liberté, à gauche de l'église et à quelques mètres du mémorial de l'abbé Grégoire[135].

Oeuvre et action politique

Anti-raciste et anti-esclavagiste, émancipateur des Juifs

Vis-à-vis des Noirs

Grégoire multiplie les écrits favorables aux Noirs[47]. Lui qui était fils unique se fait curieusement accuser en 1790 par des membres du club Massiac d'agir pour les métis parce qu'il serait le beau-frère d'une femme de couleur. Cette erreur s'explique peut-être par une confusion avec un collègue homonyme, également jureur, l'abbé Louis Chrysostome Grégoire, vicaire de Villers-Cotterêts, qu'avait connu dans son enfance Alexandre Dumas père[136]. Henri Grégoire contribue au vote le aboutissant à la première abolition de l'esclavage qui sera rétabli par Napoléon Bonaparte à la suite de la loi du 20 mai 1802, aboli partiellement par un décret d'abrogation de la traite des noirs lors des Cent-Jours le 29 mars 1815, puis complètement par le décret du 27 avril 1848 de Victor Schœlcher.
En , en relation avec la publication de son premier mémoire sur la question des hommes de couleur, il adhère à la Société des amis des Noirs de Brissot de Warville qui milite pour l'égalité des droits des blancs et des hommes de couleur libres (des mulâtres propriétaires d'esclaves pour la plupart), l'abrogation immédiate de la traite des Noirs et la suppression progressive de l’esclavage dans les Antilles. Il demande aussi que les propos et actes de discriminations racistes à l'encontre des métis soient sanctionnés pénalement : « Défense de reprocher aux sang-mêlés leur origine sous peine d'être poursuivi pour injures graves. »[137]

L'abbé Grégoire se fait ainsi l'apôtre avec près de deux siècles d'avance de la loi Pleven du 1er juillet 1972, sanctionnant l'incitation à la haine raciale. La publication de deux autres mémoires s'ensuit en et : le racisme et l'antisémitisme ne doivent donc pas être considérés comme des opinions mais comme des délits punis par la loi. Il prononce également un discours longtemps inédit au club des Jacobins le , contre la prochaine révocation par le comité des colonies de l'assemblée constituante — dominé par Barnave — des droits des mulâtres apparemment acquis le [138]. Mais comme il le craint, ces droits sont abrogés par l'assemblée constituante le . Ils ne seront rétablis que par l'assemblée législative en .

Frontispice du livre
De la littérature des nègres (1808)
de Henri Grégoire
où il met en lumière la littérature des intellectuels
des Amériques d'origine africaine.

Le à la Convention, il soutient une délégation sans-culotte, dirigée par Pierre Gaspard Chaumette, qui accompagne une vieille femme de couleur dans le but de faire abolir l'esclavage. Son intervention est appuyée par des Montagnards tels que Robespierre et Jeanbon Saint-André[139]. À nouveau soutenu par Jeanbon Saint-André (sous la présidence de Danton), il demande et obtient le 27 juillet 1793 (jour où Robespierre entre au comité de salut public) l'abrogation des primes accordées par la monarchie aux armateurs trafiquants d'esclaves depuis 1784.

À l'opposé de ce qu'il écrit en 1807 dans ses Mémoires quand il affirma avoir jugé — en tant qu'ancien membre de la Société des Amis des Noirs — comme une catastrophe ce décret d'abolition immédiate, les 4 et il participe aux débats sur sa promulgation, en se faisant le porte-voix à la Convention avec René Levasseur, Georges Danton et Jean-François Delacroix de ses partisans les plus radicaux ; au côté également de certains déchristianisateurs de base, comme le journal, Le Sans-Culotte Observateur, qui l'avait attaqué en . Il saisit l'occasion de la préparation de son rapport sur l'anéantissement des patois pour demander le 16 prairial an II- l'instruction des anciens esclaves et leur maîtrise parfaite de la langue française :

« Les nègres de nos colonies dont vous avez fait des hommes, ont une espèce d'idiome pauvre comme celui des Hottentots, comme la langue franque qui dans tous les verbes ne connaît guère que l'infinitif[140]. »

Sous le Directoire, le 7 germinal an IV- il salue le décret du 16 pluviôse an II comme une victoire de la Raison :

« Le doute méthodique en déblayant les idées reçues a émoussé le glaive de l'intolérance, éteint les bûchers de l'inquisition et affranchi les nègres[141] »

La restauration de l'esclavage, devenue officielle avec la loi du 20 mai 1802 ne l'empêche pas de continuer à militer pour son abolition, comme en témoignent les nombreux ouvrages qu'il consacre à ce sujet. Ainsi, en 1808, l’abbé Grégoire publie l’un de ses textes les plus importants, De la littérature des nègres, manifeste contre le rétablissement de l’esclavage et de la traite négrière, mais aussi gage de la fidélité aux combats abolitionnistes menés au sein des Sociétés des Amis des Noirs. Le fondement philosophique de la position de Grégoire est l’unité du genre humain, qui lui permet de concilier la proclamation révolutionnaire des droits de l’homme et le message évangélique. L’ouvrage reçoit un accueil discret, mais provoque des réactions indignées du parti colonial qui le présente comme un manifeste du nigrophilisme, un néologisme alors très péjoratif. Le livre est dédié « à tous les hommes courageux qui ont plaidé la cause des malheureux noirs et sang-mêlé, soit par leurs ouvrages, soit par leurs discours dans les assemblées politiques, pour l’abolition de la traite, le soulagement et la liberté des esclaves[142]». L'ouvrage connaît un large succès d’estime à l’étranger. Il est traduit d’abord en allemand, puis en anglais.

Puis il lance un appel au congrès de Vienne (1815) : De la traite et de l’esclavage des Noirs. À l'approche de la mesure, il édite une apologie de Las Casas abordant indirectement le problème : blanchir l'évêque du Chiapas de l'accusation d'avoir défendu les droits des Indiens en plaidant la mise en esclavage des Noirs. Sous la Restauration, cette notice fait débat chez ses co-religionnaires anti-esclavagistes[143].

Dans un virulent pamphlet publié en 1822 sous le titre Des peines infamantes à infliger aux négriers, il lance sa fameuse apostrophe[144] : « J’appelle négrier, non seulement le capitaine du navire qui vole, achète, enchaîne, encaque et vend des Noirs, ou sang-mêlés, qui même les jette à la mer pour faire disparaître le corps du délit, mais encore tout individu qui, par une coopération directe ou indirecte, est complice de ces crimes. Ainsi, la dénomination de négriers comprend les armateurs, affréteurs, actionnaires, commanditaires, assureurs, colons-planteurs, gérants, capitaines, contre-maîtres, et jusqu’au dernier des matelots, participant à ce trafic honteux. » Il faut cependant relever que contrairement à ce qu'il peut penser en 1793 et écrire dans ses Mémoires en 1808 et à ce que la plupart des historiens écrivent, le décret du 27 juillet 1793 relatif à la suppression des primes négrières, relève seulement d'une confirmation d'un premier décret promulgué l'année précédente. C'est alors l'aboutissement des combats du député-journaliste Condorcet, du maire de Paris, Jérôme Pétion, tout à la fois jacobins, brissotins et anciens membres de la Société des Amis des Noirs. Ce décret est voté le 11 août 1792 par l'assemblée législative sans la participation de l'abbé Grégoire, qui ne peut pas y être élu puisque les membres de la Constituante ne peuvent pas être élus à l'assemblée législative[145],[146].

Décret royal proclamant
l'émancipation des Juifs en France
27 septembre 1791

Vis-à-vis des juifs

Un des traits majeurs de l’œuvre de Grégoire à la Révolution[réf. souhaitée] est son combat constant, opiniâtre pour l'émancipation des juifs, contre l'esclavage et contre le racisme.

Il plaide vigoureusement la cause des juifs. Il est un des principaux artisans de la reconnaissance des droits civiques et politiques accordés aux juifs (décret du ).
L'intérêt de Grégoire pour la cause des juifs est déjà très ancien au moment de la Révolution. Il trouve vraisemblablement son origine dans sa participation aux sociétés philanthropiques d’inspiration piétiste[36] que fréquentent aussi des juifs, mais aussi dans le fait de l'importance de la communauté juive en Lorraine, et notamment dans le Saulnois où il a débuté son ministère comme vicaire. En effet alors que les juifs sont bannis de France depuis 1394, leurs communautés sont tolérées en Lorraine, terre d'Empire, à condition de vivre dans des ghettos et encore y subissent-ils bien des vexations, interdictions en tous genres, impôts « exorbitants »[147], taxes spécifiques aux juifs (en particulier taxe Brancas[148]) et persécutions diverses.

Ont déjà été évoquées (voir le paragraphe sur la vie intellectuelle et la philanthropie), alors qu'il est encore curé d'Emberménil, l'appartenance de Grégoire à la société des philanthropes de Strasbourg ouverte à toutes les confessions et sa participation en 1778, au concours qu'elle a proposé sur le thème de l'amélioration du sort des juifs. Le mémoire qu'il a alors rédigé lui sert de base, presque dix ans plus tard, pour s'inscrire au concours organisé par l'Académie royale de Metz en 1787 pour lequel il faut répondre à la question suivante : « Est-il un moyen de rendre les juifs plus utiles et plus heureux en France ? ». Le jury exceptionnellement ne donne pas de verdict et demande aux candidats de retravailler leur sujet pour l'année suivante afin de mieux expliciter les mesures pratiques à mettre en œuvre. C'est donc une seconde fois que Grégoire reprend son mémoire en le remaniant à nouveau. C'est son « Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs» de 1788. Il partage le prix avec deux autres candidats, un juif d'origine polonaise, Zalkind Hourwitz, et l'avocat nancéien protestant Claude-Antoine Thiéry.

Dans cet essai, Grégoire affirme qu'il tient une partie de sa documentation de ses relations dans le milieu des érudits juifs, et notamment de Berr Isaac Berr et Simon de Gueldres, deux rabbins qui le conseillent et lui font connaître la presse juive éclairée de Berlin[149]. Il argumente l'absurdité d'une discrimination fondée sur des préjugés, il fustige l'attitude des gouvernements européens qu'il accuse de cruauté et d'injustice envers les israélites. Il considère que la discrimination qui frappe les juifs est contraire à l'utilité sociale. Il plaide également pour une « tolérance » religieuse, qui se comprend non comme un relativisme religieux, mais comme une humanité dans les rapports avec les juifs, à l'image du message du Christ dans les Évangiles. Si pour lui le peuple juif est un « peuple témoin » dont la dispersion a été un événement fondamental de l'histoire humaine, conformément à la doctrine augustinienne, son but est la conversion des juifs. L'essai est un succès et il est traduit dès l'année suivante en Angleterre[150].

Dans le même esprit, il a déjà prononcé un sermon dans l'église Saint-Jacques de Lunéville en 1785, à l'occasion de l'inauguration de la synagogue de la ville. Il y a développé le thème de la conversion des juifs dans une vision figuriste qui tendait à le rapprocher dès cette époque du mode de pensée janséniste[151]. Le texte de ce sermon a été perdu, mais Grégoire en parle dans plusieurs courriers et dans son Histoire des sectes religieuses en 1810.

En 1789, dans une logique continuité, il s'inscrit contre l'antisémitisme dans une « motion en faveur des juifs »[152], comme il l'avait fait juste avant pour les Noirs, afin que la loi punisse le fait de reprocher aux juifs leur identité sous peine d'être poursuivi pour injures graves[153]. C'est en grande partie par la force de ses convictions et de son argumentaire, réunie à celle d'autres conventionnels tels Mirabeau, Robespierre, Barnave et le comte de Clermont-Tonnerre qu'enfin en 1791 les juifs obtiennent leur émancipation et deviennent, en France, des citoyens à part entière après que, le 27 septembre, Duport déclare en tribune : « Je crois que la liberté de culte ne permet aucune distinction dans les droits politiques des citoyens en raison de leur croyance. La question de l'existence politique [des juifs] a été ajournée. Cependant, les Turcs, les musulmans, les hommes de toutes les sectes, sont admis à jouir en France des droits politiques. Je demande que l’ajournement soit révoqué et qu'en conséquence il soit décrété que les juifs jouiront en France des droits de citoyen actif. » Cette proposition est acceptée par l'assemblée qui adopte la loi le lendemain, 28 septembre 1791. Le 13 novembre, Louis XVI la ratifie, déclarant les juifs citoyens français[154].

Publications

  • Henri Grégoire, Essai sur la régénération physique, morale et politique des juifs : Ouvrage couronné par la Société royale des sciences et des arts de Metz, le 23 août 1788 (français), Metz, Devilly, , 284 p. (BNF 30538362, lire sur Wikisource, lire en ligne).Voir et modifier les données sur Wikidata et Henri Grégoire, « Observations nouvelles sur les juifs, et spécialement sur ceux d'Amsterdam et de Francfort », Revue Philosophique, Littéraire et Politique, Paris, nos 15-16,‎ , p. 321-329 ; 385-394 (ISSN 1967-4279 et 2540-5039, BNF 36347773, lire en ligne).Voir et modifier les données sur Wikidata
  • Rapport et projet de décret sur les moyens d’améliorer l’agriculture en France, par l’établissement d’une maison d’économie rurale dans chaque département, présentés à la séance du 13 du 1er mois de l'an IIe de la république française, () au nom des comités d'aliénation et d'instruction publique, par le citoyen Grégoire. Imprimés par ordre de la Convention nationale, Paris, Impr. nationale, 1793, in-8°, 30 p.
  • Henri Grégoire, De la littérature des Nègres, ou, recherches sur leurs facultés intellectueles, leurs qualités morales et leur littérature : suivies des notices sur la vie et les ouvrages des Nègres qui se sont distingués dans les sciences, les lettres et les arts, Paris, Claude François Maradan, , 288 p. (BNF 30538410, lire sur Wikisource, lire en ligne).Voir et modifier les données sur Wikidata
  • Henri Grégoire, De la traite et de l’esclavage des Noirs et des Blancs par un ami des hommes de toutes les couleurs : par un ami des hommes de toutes les couleurs, Adrien Égron, , 84 p. (BNF 30538447, lire sur Wikisource, lire en ligne).Voir et modifier les données sur Wikidata
  • Rapport sur la nécessité et les moyens d'anéantir les patois et d'universaliser l'usage de la langue française, séance du 16 prairial de l'an deuxième ().
  • Rapport sur l'établissement d'un Conservatoire des Arts et Métiers, séance du 8 vendémiaire de l'an III (), Paris, Imprimerie nationale 1794, [Lire en ligne lire en ligne].
  • Mémoire en faveur des gens de couleur ou sang-mêlés de Saint-Domingue & des autres iles françaises de l'Amérique, adressé à l'Assemblée nationale paris, Belin, .
  • Lettre aux philanthropes sur les droits, les réclamations des gens de couleur de Saint-Domingue et des autres iles françaises de l'Amérique, , [lire en ligne].
  • Henri Grégoire, Lettre aux citoyens de couleur et nègres libres de Saint-Domingue et des autres isles françoises de l'Amérique, Paris, Imprimerie du Patriote français, , 15 p. (BNF 30538390, lire sur Wikisource, lire en ligne).Voir et modifier les données sur Wikidata
  • 1800 - Henri Grégoire, Apologie de Barthélemy de Las Casas, évêque de Chiappa, par le citoyen Grégoire, lu à l'Institut national le 22 floréal an VIII (lundi 12 mai 1800), Paris, Institut de France et François-Jean Baudouin, (OCLC 83534745, lire en ligne).Voir et modifier les données sur Wikidata
  • Histoire des sectes, 1810, deux volumes
  • Histoire des sectes religieuses, 1828-1829, cinq volumes chez Baudoin Frères, Paris.
  • Recherches historiques sur les congrégations hospitalières des frères pontifes ou constructeurs de ponts, Éd. Baudoin frères libraires, Paris, 1818, [lire en ligne].
  • Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI, séance du , l'an premier de la République française. Paris, imprimerie nationale, 1792.
  • Adresse aux citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc par le citoyen Grégoire, député à la Convention nationale, .
  • Convention Nationale : Rapport présenté à la Convention nationale au nom des commissaires envoyés par elle pour organiser les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, par Grégoire représentant nommé par le département de Loir-et-Cher, Paris, 1793.
  • Convention Nationale. Système de dénominations topographiques pour les places, rues, quais, etc. de toutes les communes de la République, 7 pluviôse an II-.
  • Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté, 12 germinal an II-.
  • Adresse aux Français, présentée par Grégoire à la Convention, 16 prairial an II-.
  • Convention nationale. Instruction publique. Rapport sur les destructions opérées par le Vandalisme, et sur les moyens de le réprimer, séance du 14 fructidor l'an second ().
  • 'Des peines infamantes à infliger aux négriers, Paris, Baudouin frères, , 48 p. (lire en ligne sur Gallica)
  • Du préjugé des blancs contre la couleur des Africains et celle de leurs descendants noirs et sang-mêlé (1826).
  • Mémoires de Grégoire, éd. Jean-Michel Leniaud, Paris, Éditions de Santé, 1989 (écrit en 1807 et 1808 et édité une première fois en 1837 avec une notice d'Hippolyte Carnot).

Recueils ou textes commentés de ses œuvres

  • Henri Grégoire (préf. Albert Soboul), Œuvres, Nendeln, Liechtenstein, KTO press, , 14 volumes, 22 cm (ISBN 3-262-00007-8 et 978-3-262-00007-0, OCLC 782166886, BNF 35079179)
    vol.  1 : Grégoire député à l'Assemblée constituante ; vol.  2 : Grégoire député à la Convention nationale ; vol.  3 : Grégoire conventionnel en mission ; vol.  4 : Grégoire, évêque constitutionnel ; vol.  5 : Grégoire au Conseil des Cinq-Cents, le Consulat, l'Empire ; vol.  6-8 : Grégoire et l'abolition de l'esclavage ; vol.  9 : Grégoire et l'émancipation des juifs ; vol.  10-11 : Grégoire et l'Église gallicane ; vol.  12-13 : Grégoire historien ; vol.  14 : Grégoire et la Restauration ; la mort de Grégoire
  • Henri Grégoire, De la littérature des nègres (1808), avec une introduction de Jean Lessay, L'abbé Grégoire, défenseur des peuples de couleur, Paris, Perrin, 1991, lxxvii p.
  • Rita Hermon-Belot (dir), L'abbé Grégoire, Écrits sur les Noirs, 2 vol, Paris L'Harmattan, 2009,
    • tome 1, 1789-1808.
    • tome 2, 1815-1827.
  • Bernard Plongeron (dir), L'abbé Grégoire et la république des savants, Paris, Editions du CTHS, 2001
  • Aimé Césaire, présentation de Grégoire, Henri Baptiste (dit Abbé), 1815. De la traite et de l'esclavage des noirs, Paris, rééd. Arléa,
  • « Un discours inédit de l’abbé Grégoire sur le décret du  : Discours de M. Grégoire sur la révocation du décret relatif aux gens de couleur », Annales historiques de la Révolution française, no 363, janvier/, p. 175-183. Texte reproduit et commenté par Jean-Daniel Piquet.

Honneurs, hommages et postérité

L’importance du rôle de l’abbé Grégoire à la Révolution française est telle qu’elle marque fortement les esprits, de son vivant même, mais aussi bien au-delà. Des honneurs et hommages nombreux et de toutes sortes lui sont rendus depuis plus de deux siècles. Sa postérité est considérable.

Distinctions

Mais le , il annonce son abdication volontaire et motivée au titre de commandant dans la Légion d'Honneur[158].

  • En 1814, Grégoire est nommé, parmi vingt-huit personnes « distinguées pour leur savoir », membre honoraire de l'université de Kazan (Russie). Mais cette nomination est annulée en 1821, le conseil de l'université jugeant qu'il est « contraire non seulement à la justice mais à la simple décence d'avoir en son sein un homme qui s'est rendu coupable d'un crime odieux » à savoir la mort de Louis XVI[162].

Des portraits en peinture

  • Le tableau Le Serment du Jeu de paume de Jacques-Louis David, huile sur toile inachevé faute de financement et parce que les temps avaient rapidement changé, probablement abandonné fin 1792, de grandes dimensions (304 × 654 cm) est conservé au musée du château de Versailles dans l’attique Chimay dans l’aile du Midi du château. « L’ébauche [est] mythique. Toile préparée en gris clair, mise au carreau au crayon blanc. Les figures sont nues, dessinées au crayon blanc, puis peintes en gris et redessinées en blanc. Quatre têtes et trois mains sont peintes, merveilleux fantômes colorés surgis du brouillard de l’Histoire dont ils ont triomphé. »[163]. Ce tableau, qui veut immortaliser l’événement historique du 20 juin 1789 est rempli de symboles, dont l’un des plus puissants est la tolérance religieuse avec l’allégorie de la réconciliation des religieux : on y voit presque au centre du tableau au premier plan, l’abbé Grégoire au centre d’un trio formé par, à gauche, le religieux dom Gerle et à droite le pasteur protestant Jean-Paul Rabaut Saint-Étienne, devant Bailly, président du Tiers état monté sur une table. Ce tableau est précédé de plusieurs études :
    • Une huile sur toile de dimensions modestes (65 × 88,7 cm) Le Serment du jeu de paume réalisée en 1790, qui se trouve au Musée Carnavalet, donne clairement à voir ce que le peintre veut réaliser[164] ;
    • Une étude à la plume et encre brune et noire, lavis brun et rehauts de blanc sur traits de crayon vers 1791-92 de 66 cm x 101,2 cm, qui se trouve au Musée national du château de Versailles[165] ;
    • Un portrait inachevé de Grégoire, huile sur toile, de 56 x 47 cm, vers 1791-92, qui se trouve au Musée des Beaux-Arts et d'Archéologie de Besançon[166],[167] ;
    • La réinterprétation, dans le format prévu à l'origine de 7 x 10 m environ, que le peintre Luc-Olivier Merson fait de ce tableau sur commande de l’État (par Jules Ferry, alors ministre de l’Instruction publique et des Beaux-Arts) en 1883 pour la restauration de la salle du Jeu de paume, en partant de l'étude au lavis de David et de la gravure de Jean-Pierre-Marie Jazet[168] représente toujours le trio religieux, dont Grégoire[169];
  • un portait assis de Pierre Joseph Célestin François où l’on voit Grégoire sur un fauteuil devant un bureau, la plume à la main avec des livres en arrière-plan, huile sur toile de 1800, de 130,5 x 98 cm, qui se trouve au palais des ducs de Lorraine à Nancy[170] ;
  • Un portrait en pied, en tenue d’évêque constitutionnel, huile sur toile, peint par Jean-Baptiste Mauzaisse en 1820 de 110 cm x 73 cm qui se trouve au musée Carnavalet[171].

Des portraits en dessins, estampes, gravures, lithographie...

  • Une gravure vers 1789-91, de Jean-Michel Moreau et Wilbrode-Magloire-Nicolas Courbe[172], conservée à la Bibliothèque nationale dans un ouvrage intitulé « Collection complette, des portraits de MM.s les députés à l'Assemblée nationale de 1789. Tome 3 »[173] ;
  • Une estampe vers 1790-92, d'auteur inconnu, conservée à la BNF intitulée « L’abbé Grégoire, Curé d’Emberménil et député de Nancy »[174] dans un ouvrage intitulé « Un siècle d'histoire de France par l'estampe, 1770-1870. Vol. 13 (pièces 2081-2219), Ancien Régime et Révolution » ;
  • Une gravure de Jean-Baptiste Vérité[175], conservée au Musée Carnavalet représente un buste de trois-quarts, intitulé « Grégoire, évêque de Blois / Député du départ. de la Meurthe Ex-président de l’Assemblée nationale»[176] ;
  • Une lithographie de 1838 représentant son buste de face, de Friedrich Krätzsohmer, intitulé « Grégoire ehemalige Bischoff von Blois » qui se trouve dans un ouvrage allemand paru en 1838[177],[178].
  • Une lithographie d’Auguste Bry[179] ;
  • Une gravure de 1889, de H. Rousseau (dessinateur), E. Thomas (graveur) paru dans l’ouvrage d'Augustin Challamel et Désiré Lacroix, Album du centenaire : Grands hommes et grands faits de la Révolution française (1789-1804), Paris, Furne, Jouvet & Cie, [180].

Des bustes et une statue

  • Un buste en plâtre de 1828, modèle original du sculpteur David d'Angers conservé au Musée des beaux-arts et galerie David d'Angers à Angers sera répliqué par son auteur en différentes matières :
  • Un buste de 1882, en marbre blanc dû au sculpteur Émile-François Chatrousse orne la salle du Jeu de paume à Versailles parmi une grande série de bustes de personnalités ayant marqué la période de la Révolution française. Chatrousse représente Grégoire âgé d’une quarantaine d’années, alors qu’il vient d’être élu député de Nancy en vue de la réunion des États généraux à l’été 1789, premier acte de la Révolution française[182] ;
  • Un tirage en plâtre de ce buste de la salle du Jeu de paume offert en 1885 par son auteur au Conservatoire national des arts et métiers de Paris y est toujours conservé[183] ;
  • Un buste en marbre sur un haut socle de granit du sculpteur Alfred Jean-Baptiste Halou[184], père de Alfred Jean Halou, datant de 1886, réalisé d'après le marbre de David d'Angers daté de 1829 et conservé à Nancy, se trouve dans le jardin de l’hôtel-Dieu de Blois, quai de l’Abbé Grégoire[185] ;
  • Un buste de bronze sur socle de marbre à Emberménil devant le musée, de la sculptrice Véronique Mariage et du fondeur Joel Huguenin de Vézelise, inauguré le , dans le cadre des célébrations de « Grégoire 2000 » ;
  • Une statue à Lunéville. Deux statues sont érigées successivement à Lunéville. Une première statue résulte d’un concours organisé en 1883 à l’initiative de Jean-Baptiste Ravold[186], républicain convaincu et Raphaël Job, membre de la communauté israélite de Lunéville. Plusieurs des esquisses en plâtre présentées à ce concours sont visibles au musée d’Emberménil. Le sculpteur lorrain Charles-Élie Bailly remporte ce concours et, grâce à une souscription publique, la statue de bronze dressée sur la place des Carmes est inaugurée le 12 juillet 1885. Mais elle est démontée et fondue par les nazis en 1942. La statue actuelle, en pierre, est réalisée sur l’initiative de Sam Job, président de la communauté israélite de Lunéville et cousin de Raphaël Job. Cette œuvre du sculpteur Paul Niclausse est inaugurée le en présence de M. Monnerville, président du conseil et président de l’association des Amis de l’abbé Grégoire[187].

Des plaques commémoratives et une stèle

  • à Vého, dans le village, une plaque est apposée à l’endroit de sa maison natale aujourd’hui disparue[188] ;
  • à Versailles, au 50 bis cours de la Reine où il habite en mai et juin 1789 au moment de la réunion des États généraux[189] ;
  • à Paris, au 44 rue du Cherche-Midi où il meurt le 28 mai 1831, une plaque est fixée au mur à hauteur du mascaron de la porte cochère à gauche de la première fenêtre qui est à gauche de cette porte[190] et un panneau Histoire de Paris, situé juste à droite de la porte cochère, rappelle le même événement ;
  • à Montpellier, une plaque est dévoilée par le maire lors d’une cérémonie le sur le parvis de l’hôtel de ville [191] ;
  • à Emberménil une stèle aux Droits de l'Homme constitue la première étape de l'hommage rendu par la commune d'Emberménil à son ancien curé. Cette stèle est l’œuvre du peintre et sculpteur Patrick Hervelin[192]. Elle a été financée par une souscription ouverte par le journal L’Est républicain. Elle est inaugurée lors d’une grande cérémonie présidée par Laurent Fabius, président de l’Assemblée nationale le en présence de 2000 personnes dont de nombreuses personnalités[193] ;
  • au lieu-dit « Au bon jardin » sur le territoire de Vého sur la route reliant ce village à Emberménil, l'Abri du Pélerin construit en 1990 est une modeste construction faite d’un mur de moellons dans lequel est encastré un portrait de Grégoire de profil coulé dans le bronze. Ce mur est couvert d’une petite toiture de tuiles soutenue à l’avant par deux simples piliers de bois. Il rappelle au souvenir des promeneurs que l’abbé Grégoire habitant Vého est passé par là pour aller à l’école d’Emberménil[194],[195].

Des associations

  • La société des amis de l’abbé Grégoire créée en 1933 a son siège 292 rue Saint-Martin à Paris[196] ;
  • L’Association Lorraine des Amis de l’Abbé Grégoire est créée en 1990. Son objet est de perpétuer le souvenir de l'abbé Grégoire, de faire connaître sa vie et ses œuvres, de contribuer à la promotion de ses idées, créer ou gérer tout service répondant à cet objet. Son siège est à Lunéville[197] ;
  • L’Association des Amis de l’abbé Grégoire, créée le a son siège à Paris, 38 rue de Turin[198] ;
  • Le Cercle des amis de l'abbé Grégoire créé en 2016 a son siège à l’Hôtel de ville 9 place Saint-Louis à Blois[199] ;
  • L’Association « Route des abolitions de l’esclavage et des Droits de l’Homme » créée en 2005 a son siège à Houtaud et donne toute leur place à Emberménil et l’abbé Grégoire[200].

Une école doctorale

L’école doctorale n° 546 basée au CNAM porte le nom de l’Abbé Grégoire[201].

Une loge maçonnique

En sa mémoire, une des loges affiliées à la Grande Loge de France porte son nom[202].

Un musée

À Emberménil, une quinzaine de kilomètres au nord-est de Lunéville et une quarantaine à l’est-sud-est de Nancy une « maison muséographique »[203] lui est entièrement consacrée ; c’est le village où il va à l’école et celui où il devient curé en 1782. Il le reste jusqu’au , date où il est élu évêque constitutionnel de Blois[204]. Le musée[205] se trouve tout près de l'église, sur la place de l'abbé Grégoire, près de la stèle des Droits de l'homme qui lui est dédiée et près de son cénotaphe installé là en 1989 après le transfert de ses cendres du cimetière du Montparnasse au Panthéon. Juste devant l'entrée du musée est érigé le buste sculpté par Véronique Mariage.

Médaille de bronze
gravée par David d'Angers

Une médaille et un timbre à son effigie

  • Une médaille datée entre 1844 et 1853, en bronze de 15,2 cm de diamètre, gravée par David d’Angers (qui grave sans commande particulière un très grand nombre de médailles de ses contemporains célèbres) est fondue par Eck et Durand[206].
  • Un timbre-poste français de 2,50 F est émis en octobre 1990, gravé par Gauthier[207] ainsi que de nombreuses enveloppes 1er jour du 13 octobre 1990 à Vého et Emberménil[208].

La panthéonisation

  • Mais des critiques se sont élevées. Dans Le Figaro, l'historienne Annie Kriegel conteste le bien-fondé de sa panthéonisation[210], jugeant cet hommage critiquable[211]. Les prélats catholiques ont boudé l'invitation à la cérémonie du 12 décembre et après beaucoup d'hésitations le grand rabbin Joseph Sitruk y a finalement assisté. Ce que Robert Badinter a résumé ainsi : « L'Église catholique n'avait pas les yeux de Chimène pour lui et le Consistoire, non plus. ». En effet, le cardinal Lustiger a la Révolution française en aversion et plus encore, les prêtres jureurs. Les juifs, eux, malgré l'énorme de dette de reconnaissance qu'ils ont envers Grégoire, ne lui pardonnent guère son dessein de vouloir émanciper les juifs pour mieux pouvoir les convertir à la foi chrétienne[126]. « Trop catholique pour les républicains, trop républicain pour les catholiques » résume Rita Hermon-Belot, mais « le transfert de ses cendres avait beaucoup de sens en 1989 »[126],[212].

Des événements

  • En 1950, en France à l'occasion des deux cents ans de sa naissance, René Cassin prononce un discours-hommage à l'abbé Grégoire ;
  • En 1950, en Indochine, le Viet-Minh commémore également les deux cents ans de sa naissance, le considérant comme « l'homme de la liberté des peuples »[213] ;
  • 1981, 5 mai, Conférence donnée par Gaston Monnerville, sénateur, à la Grande Loge de France[214] ;
  • 1989, 20 mai au 31 août, Exposition « L’Abbé Grégoire, révolutionnaire de la tolérance » à Nancy, au Musée lorrain, puis à Blois au château du au  ;
  • 1989, Exposition « L’Abbé Grégoire et la création du conservatoire national des Arts et Métiers », Paris, musée national des Techniques, Conservatoire national des arts et métiers ;
  • 1997, février, Congrès international sur l’abbé Grégoire à la William Andrews Clark Memorial Library (en) de l’université de Californie à Los Angeles[215] ;
  • 2000 Célébrations Grégoire 2000, pour le 250e anniversaire de sa naissance ;
  • 2006, 26 avril, Colloque « L'abbé Grégoire, pionnier de la formation continue » au CNAM [216] ;
  • 2006, 20 décembre, un hommage est rendu à l’abbé Grégoire à la Réunion à l’École des Beaux-Arts, au Port, pour célébrer le 20 désamb et clôturer les 1ères Assises du Conservatoire national des arts et métiers de l’Océan Indien[217] ;
  • 2007, 11 octobre, Colloque « L’abbé Grégoire et le patrimoine »[218] ;
  • 2009, 2 juin, Colloque « L'abbé Grégoire, défenseur des droits de l'Homme » au CNAM [219] ;
  • 2010, 20 octobre, Colloque « L'abbé Grégoire et la séparation de l'Église et de l'État » au CNAM [220] ;
  • 2012, Colloque au CNAM, « L'abbé Grégoire et les droits de la femme »
  • 2013, 14 décembre, une journée d’études est organisée à Lunéville au château des lumières par le CNAM « Grégoire et l’Europe »[221] ;
  • 2017, Colloque au CNAM, « L'abbé Grégoire et la transmission des savoirs : tradition et modernité » ;
  • 2018, 2 novembre, à Nancy, une conférence organisée par Lorraine Indigo «L'abbé Grégoire : ombre et lumières»[222] ;
  • 2020, 27 octobre, une exposition de rue, accrochée aux grilles du 292 rue Saint-Martin, celles qui se trouvent de part et d’autre de l’entrée monumentale du Conservatoire national des arts et métiers veut exprimer que l’héritage politique et intellectuel de l’abbé Grégoire demeure d’une grande actualité en associant des citations emblématiques de l’abbé Grégoire aux réalisations d’hier et d’aujourd’hui[223] ;
  • 2022, 7 octobre, lors du 25è « Rendez-vous de l’Histoire de Blois », l’historienne Françoise Hildesheimer donne dans le château de Blois une conférence[224] intitulée « L’abbé Grégoire, tête dure en temps de Révolution », à l’occasion de la sortie de son livre sur Grégoire[225],[226].

Des voies et des places

En France, un très grand nombre de villes ou communes ont donné le nom de l’abbé Grégoire à l’une de leurs voies ou places (avec les variantes abbé Henri Grégoire, Henri Grégoire, Grégoire) :

Dans d’autres pays :

Des édifices ou parties d’édifice

L'abbé Grégoire dans la littérature

  • Victor Hugo
    • Victor Hugo lui consacre quelques vers pamphlétaires de jeunesse alors qu'il est royaliste sous la Restauration :
« Quand Grégoire au sénat vient remplir un banc vide,
Je le hais libéral, je le plains régicide,
Et s’il pleurait son crime, au lieu de s’estimer,
S’il s’exécrait lui-même, oui, je pourrais l’aimer. »
[231]
    • Beaucoup plus tard, dans son grand roman Les Misérables, il en aurait fait un personnage de fiction « Le conventionnel G. » auquel rend visite au seuil de sa mort Monseigneur Myriel. Mais ce n'est pas un prêtre. C'est un très vieil homme, vivant retiré du monde en 1814 pour cause de réputation d'ancien régicide, alors que selon Monseigneur Myriel, il n'avait pas voté la mort du roi. Il fait évoluer idéologiquement l'évêque assez conservateur, en lui mettant en parallèle les crimes de la Révolution avec ceux de l'Ancien Régime (révocation de l'Édit de Nantes par Louis Le Grand, exécution de la toute la famille du hors-la-loi Cartouche par Louis XV) et en mettant en relief ses efforts passés pour combattre le pire des despotismes : l'ignorance[232].
Figure Blasonnement
Armes du comte Grégoire et de l'Empire
Selon ses lettres patentes
Parti d'argent et de gueules ; l'argent coupé des armes de comte sénateur ; le gueules chargé d'une croix épiscopale mîtrée et crossée d'or surmontée d'un chapeau cordonné et houppé de six houppes de sinople.[159]

* Ces armes emploient le terme « cousu » dans le seul but de contrevenir à la règle de contrariété des couleurs : elles sont fautives : chapeau de sinople sur champ de gueules.

On trouve aussi
D'argent à la croix pattée de gueules ; franc-quartier brochant des comtes sénateurs.[234],[235],[236]


.

Bibliographie

« C’est l’une des personnalités de la Révolution qui a la bibliographie la plus importante, mais sur une période assez courte. »[237]

Ouvrages

  • Robert Badinter, Libres et égaux : l'émancipation des juifs 1789-1791, Paris, Fayard, , 240 p. (ISBN 978-221-30235-26)
  • Marc Belissa, Fraternité universelle et intérêt national, 1713-1795 : Les Cosmopolitiques du Droit des Gens, Paris, Kimé, , 462 p. (ISBN 978-284-17410-76)
  • Yves Benot,
  • Josiane Boulad-Ayoub, L'Abbé Grégoire, apologète de la République, Paris, Honoré Champion, , 254 p. (ISBN 9782745312754)
  • Michel de Certeau, Dominique Julia et Jacques Revel, Une politique de la langue : la Révolution française et les patois : l'enquête de Grégoire, Paris, Gallimard, 1975.
  • Caroline Chopelin-Blanc et Paul Chopelin, L'Obscurantisme et les Lumières : itinéraire de l'abbé Grégoire, évêque révolutionnaire, Paris, Vendémiaire, 2013 ; préface de Bernard Plongeron.
  • Rodney J. Dean,
    • L'Abbé Grégoire et l'Église constitutionnelle après la Terreur 1794-1797, Paris, Picard, 2008, 364 p., préface de Jean Dubray. (ISBN 978-2-7084-0823-4)
    • L'Église constitutionnelle, Napoléon et le Concordat de 1801, Paris, Picard, 2004, 737 pages (édition française).
  • Antonin Debidour, L'abbé Grégoire, Nancy, Imprimerie Paul Sordoillet, , 15 p. (lire en ligne)
  • Jean Dubray
    • La Pensée de l’abbé Grégoire : despotisme et liberté, Oxford, Voltaire Foundation, 2008.
    • Lettres à l'abbé Grégoire. Texte établi et annoté par Jean Dubray avec la collaboration de Caroline Carnot. Vol 1, a à j. Phénix éditions, 2013
  • Maurice Ezran, L'abbé Grégoire, défenseur des juifs et des Noirs, révolution et tolérance, Paris, L'Harmattan, 1992.
  • Pierre Fauchon, L'abbé Grégoire, le prêtre-citoyen, Tours, Éditions de la Nouvelle République, 1989.
  • David Feuerwerker, L'émancipation des juifs en France : de l'Ancien Régime à la fin du Second Empire, Paris, éditions Albin Michel, 1976 (ISBN 2-226-00316-9)
  • Florence Gauthier, Triomphe et mort du droit naturel en révolution (1789-1795-1802), Paris, PUF, 1992.
  • Augustin Gazier, Études sur l'histoire religieuse de la Révolution française, d'après des documents originaux, inédits, Paris, Armand Colin, 1887.
  • Anne Girollet, Contre le préjugé de couleur, le legs de l'abbé Grégoire, Paris, Éditions du CTHS, 2001, p. VII-XXX, préface à deux textes de V. Schœlcher (1840), S. Linstant, (1841), 183 p.
  • Paul Grunebaum-Balin, Henri Grégoire, ami des hommes de toutes les couleurs : la lutte pour la suppression de la traite et de l'esclavage, 1789-1831, Paris, Imprimerie de la S.A.C.P., 1948.
  • James Guillaume, Procès-verbaux du Comité d'instruction publique de la Convention, 6 vol, Paris, 1897,
  • Rita Hermon-Belot,
    • L'ami des hommes de toutes les couleurs : l'abbé Grégoire, 1750-1831, Blois, Bibliothèque abbé Grégoire, 1999.
    • (préface de Mona Ozouf), L'abbé Grégoire, la politique et la vérité, Paris, Éditions du Seuil, 2000, 506 p. [présentation en ligne], [présentation en ligne].
  • Françoise Hildesheimer, L'abbé Grégoire, Une « tête de fer » en révolution, Paris, Éditions du Nouveau Monde, 2022, 411 p.
  • Georges Hourdin, L'Abbé Grégoire, évêque et démocrate, Paris, Desclée de Brouwer, 1989.
  • Steven Kaplan, Adieu 89, Paris, Fayard, 1993.
  • Michel Lagrée, Francis Orhant, Grégoire et Cathelineau ou la déchirure, éditions ouvrières, 120 pages, 1988
  • Jean-Michel Leniaud, introduction aux Mémoires de l'abbé Grégoire, Paris, éditions de Santé, 1989
  • Louis Maggiolo, La vie et les œuvres de l'abbé Grégoire, 1789-1831 Paris, 2 vol, 1883 et 1884.
  • Albert Mathiez, Contributions à l'histoire religieuse de la Révolution française, Paris, 1907.
  • (en) Ruth Necheles, The Abbé Grégoire 1787-1831, The Odyssey of an Egalitarian, Baltimore, A Negro Press Publication, 1971.
  • Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la Révolution française (1789-1795), Paris, Karthala, 2002.
  • Bernard Plongeron,
    • Théologie politique au Siècle des Lumières : 1770-1820, Genève, Droz, 1973.
    • L'Abbé Grégoire ou L'arche de la fraternité, Paris, Letourzé et Anné, 1989.
    • L'histoire du christianisme et les défis de la modernité, 1750-1840, Paris, Desclée, 1997.
  • Michel de Sachy de Fourdrinoy, L'abbé Grégoire : une autre vision, Blois, Éditions Lignages, 1989.
  • Louis Sala-Molins, Le Code Noir ou Le calvaire de Canaan, Paris, PUF, 1987-1998-2003.
  • Alyssa Goldstein Sepinwall,
    • Regenerating France, Regenerating the World: the Abbé Gregoire and the French Revolution, 1750-1831, Stanford University 1998 (thèse d'histoire)
    • The Abbé Grégoire and the French Revolution; the Making or Modern Universalism, Berkeley, Los Angeles, Londres, University of California Press, 2005, 341 p. (includes bibliographical references and index).
    • L'abbé Grégoire et la Révolution française : les origines de l'universalisme moderne, traduit de l'anglais, préface de Marcel Dorigny, Bécherel, éditions Les Perséides, 2008, 349 p.

Pour la jeunesse :

  • Nathalie Bailleux (ill. Loïc Derrien), L'abbé Grégoire : combat pour la liberté, Paris, Nathan, coll. « Le Monde en Poche Junior » (no 56), , 79 p. (ISBN 978-2-09-204463-6)

Artikel

Par ordre alphabétique des noms d'auteurs :

  • « L'abbé Grégoire, l'ami des hommes de toutes les couleurs », Europe : Revue mensuelle, 1956, numéro 128-129.
  • Yves Benot, « Comment la Convention a-t-elle voté l'abolition de l'esclavage en l'an II », Annales historiques de la Révolution française, juillet- no 293-294, 3e et 4e trimestres 1993, p. 349-361. (dossier édité en 1993 sous le titre Révolutions aux colonies, article p. 13-25).
  • Yves Bénot et Marcel Dorigny (dir)
    • Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831), publication de La Revue d'Histoire d'Outre Mer, Saint-Denis, 2000 (contributions de Lucien-René Abénon, Yves Bénot, Amady Aly Dieng, Marcel Dorigny, Anne Girollet, Rita Hermon-Belot, Bernard Plongeron, Allyssa Goldstein Sepinwall, Ann Thomson, Duraciné Vaval).
    • Grégoire et la cause des Noirs, combats et projets, (1789-1831), publication de la Revue d'Histoire d'Outre Mer Saint-Denis, 2005 (mêmes contributions avec en plus deux textes inédits de Duraciné Duval et de l'abbé Grégoire lui-même).
  • Serge Bianchi :
    • « Le vandalisme révolutionnaire ou la naissance d'un mythe », dans La légende de la Révolution, (colloque tenu en 1986 à Clermont), Paris, Éditions Adosa, 1988, p. 189-199.
    • « Grégoire et le concept de vandalisme » dans Langages de la Révolution (1770,-1815), Actes du 4e colloque de lexicologie politique, Paris, Klincksieck, Publications de l'INALF, 1995, p. 591-600.
  • Pierre Birmbaum, « Sur l'étatisation révolutionnaire. L'abbé Grégoire et le destin de l'identité juive » in Le Débat, 1989-no 53, p. 157-173.
  • Sandrine Bouché, « Grégoire sous la Législative, garantir la loi pour garantir la Révolution », Révolution française.net, Commentaires, .
  • Jean Boulaine, « La carrière agronomique de l’abbé Grégoire », Comptes rendus hebdomadaires des séances de l’Académie d’agriculture de France (Paris), 1990, vol. 76, no 1, p. 83-89
  • Monique Bourdin (dir), Bulletin de la Société archéologique, scientifique et littéraire du Vendômois :
    • « Une lettre inédite de l'abbé H. Grégoire à Rochejean (1793) », 1995, p. 49,
    • Pierre Fauchon, « Commentaire de la lettre de H. Grégoire », 1995, p. 49-50,
    • Michel de Sachy de Fourdrinoy, « Une lettre de l'abbé Grégoire au citoyen Rochejean, supérieur du séminaire de Blois », 1995, p. 50-51.
    • Régis Bouis, « À propos d'une lettre inédite de Grégoire », 1996, p. 18.
    • Jean-Daniel Piquet, « Remarques et précisions sur la lettre inédite de l'abbé Henri Grégoire à Rochejean (1793) publiée en 1995 », 2003 p. 116-118.
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Notices de dictionnaires

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Recensions

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Sources

Notes et références

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  16. Louis Maggiolo, La Vie et les Œuvres de l'abbé Grégoire, p. 7.
  17. Document autographe conservé au musée Oberlin du Ban de la Roche, cité dans Rita Hermon-Belot, p. 39. Ce portrait n'a bien sûr pas de valeur scientifique mais permet de décrire précisément Grégoire.
  18. Donc plutôt grand pour l'époque.
  19. Lady Morgan, témoignage cité par Pierre Grunebaum-Ballin, « Éloge de Grégoire », in Europe, no 128-129, août-septembre 1956.
  20. Mémoires de Grégoire, suivies de la notice historique sur Grégoire, Éditions de la Santé, 1989, p. 202. La notice historique est faite par Hippolythe Carnot.
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  28. Le sens de ce mot s'est un peu modifié depuis le XVIIIe siècle, on dirait aujourd'hui plutôt « livres pieux » ou « livres de piété »
  29. Henri Grégoire, Mémoires ecclésiastiques, politiques et littéraires…, p. 157.
  30. Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire…, p. 42-43.
  31. Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire…, p. 43.
  32. Par exemple :« La loge des Neuf Sœurs », sur Je pense.org, (consulté le ) ou encore Janus, « Le franc-maçon du jour : L’abbé Grégoire… », sur Zinfos974, (consulté le ) ou encore Queen Z, « Qui sont les francs-maçons du Panthéon ? », sur Mon Paris joli, (consulté le ). Le fait que ce soit d'authentiques franc-maçons, Cyrille Bissette et Adolphe Crémieux, qui aient prononcé l’éloge funèbre lors des funérailles de Grégoire a généré bien des supputations et fait couler beaucoup d’encre à ce sujet. Voir le paragraphe 8 de Léo Ursulet, « Les francs-maçons et l’abolition de l’esclavage aux Antilles Françaises », Humanisme, nos 1/310,‎ , p. 87-91 (lire en ligne, consulté le )
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  41. L'expression est de René Taveneaux, Jansénisme et Réforme catholique, p. 140.
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  55. Opinion du citoyen Grégoire…, concernant le jugement de Louis XVI, séance du 15 novembre 1792, l'an premier de la République française, Paris, Imprimerie nationale, 1792.
  56. Voir les résultats nominatifs du vote dans cet ouvrage : Jacques-François Froullé et Thomas Levigneur, Liste comparative des cinq appels nominaux faits dans les séances des 15, 16, 17, 18 et 19 janvier 1793, sur le procès et le jugement de Louis XVI, Paris, Levigneur et Froullé, (lire en ligne)
  57. Eugène Welvert, « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? » dans Eugène Welvert, Lendemains révolutionnaires, les régicides, Paris, Calmann-Lévy 1907 ; Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire et ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc furent "régicides" article et documents inédits » Annales Historiques de la Révolution Française, no 303, 1er trimestre 1996, p. 113-117 ; « L'abbé Grégoire, un régicide panthéonisé », Cahiers d'Histoire Espace Marx, no 63, 2e trimestre 1996, p. 61-77.
  58. Louis Maggiollo, L’abbé Grégoire, sa vie ses œuvres 1750-1831, Paris, 1884, t. 1, p. 62.
  59. Convention Nationale : Rapport présenté à la Convention nationale au nom des commissaires envoyés par elle pour organiser les départements du Mont-Blanc et des Alpes-Maritimes, par Grégoire représentant nommé par le département de Loir-et-Cher, Paris, 1793.
  60. Bernard Plongeron, Sur Grégoire « régicide » d'après des documents pris pour source, AHRF, no 305 3e trimestre 1996 p. 5358-5360
  61. Allyssa Goldstein Sepinwall, L'abbé Grégoire et la Révolution française ; les origines de l'universalisme moderne, Becherel, Éditions Les Perséides, 2005 p. 191-192.
  62. Louis Maggiolo, L’abbé Grégoire sa vie ses œuvres 1750-1831, Paris, 1884, t. 1, p. 61-62.
  63. Françoise Hildesheimer, L'abbé Grégoire une "tête de fer" en Révolution, Paris, Nouveau-Monde Éditions 2022 p. 179.
  64. Ibidem.
  65. Émile Dard, Hérault de Séchelles, Paris, Perrin, 1907 p. 288.
  66. Françoise Hildesheimer, op. cit. p. 181-182.
  67. Françoise Hidelsheimer, op. cit., p. 182.
  68. cité par F. Hildesheimer, op. cit., p. 186.
  69. Bernard Plongeron, L'abbé Grégoire ou l'arche de la fraternité, Paris, Letouzey et Anné, 1989 p. 26 ; id. article "Grégoire", Dictionnaire Napoléon.
  70. Françoise Hildesheimer, op. cit., p. 186-187.
  71. Ibidem p. 187 note 2. Cette remarque est déjà déjà formulée en 1996 dans Jean-Daniel Piquet, « L'abbé Grégoire et ses trois collègues en mission… » note 12, p. 116 ; la réponse de Bernard Plongeron « Sur Grégoire "régicide"...» ne conteste pas l'objection.
  72. Rita Hermon-Belot, L'abbé Grégoire, la politique et la vérité, Paris, Seuil, 2000, préface de Mona Ozouf.
  73. Françoise Hildesheiemer, op. cit., p.180.
  74. Ibidem.
  75. Jean-Daniel Piquet, L'émancipation des Noirs dans la Révolution française 1789-1795, Paris, Karthala, 2002, p. 270-271 ; Idem, « L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs », Annales de l'Est, 6e série, 52e année, no 1-2002,(janvier-), p. 269-291 (285 et note 55)
  76. Jean-Daniel Piquet, « Lettre secrète de l'abbé Grégoire et de ses trois collègues en mission dans le Mont-Blanc, à Danton », Cahiers d'Histoire, Lyon, Grenoble, Clermont, Saint-Étienne, Chambéry, Avignon, t.46-no 3/4, 3e /4e trimestres 2001, p. 397-415.
  77. Jean-Daniel Piquet, op. cit., p. 271, note 42.
  78. Sandrine Bouché, Grégoire sous la Législative art. cit.Révolution francaise.net, 18 décembre 2007.
  79. Adresse aux citoyens des campagnes du département du Mont-Blanc par le citoyen Grégoire, député à la Convention nationale) ; Albert Soboul (dir) Œuvres de Grégoire, Paris, EDHIS 1977, tome 3, Grégoire, conventionnel en mission, p 4(8).
  80. Jean-Daniel Piquet, L'abbé Grégoire, ou l'universalisme jacobin d'une déclaration des droits et des devoirs des hommes de toutes les couleurs », Annales de l'Est, 6e série, 52e année, no 1-2002, janvier-juin 2002, p. 269-291 ( 285).
  81. Rita Hermon-Belot, L'Abbé Grégoire, la politique et la vérité, Paris, 2000, préface de Mona Ozouf.
  82. Essai sur historique et patriotique sur les arbres de la liberté 12 germinal an II-1er avril 1794 cité par Eugène Welvert, « L'abbé Grégoire fut-il régicide ? » dans Eugène Welvert, Lendemains révolutionnaires, les régicides, Paris, Calmann-Lévy 1907 ; Jean-Daniel Piquet, L'Abbé Grégoire, un régicide panthéonisé, Cahiers d'Histoire Espace Marx, no 63, 2e trimestre 1996. Par Tibère et Sejan, il fallait comprendre le roi d'Angleterre, George III et son ministre Pitt.
  83. En réalité son fils Hipparque.
  84. Convention Nationale, Système de dénominations topographiques pour les places, rues, quais, etc. de toutes les communes de la République, 7 pluviôse an II-26-janvier 1794 ; Essai historique et patriotique sur les arbres de la liberté, 12 germinal an II-1er avril 1794 ; la note 2 du chapitre 1 est une reprise du passage des notes topographiques « sur invitation des gens de lettres ».
  85. Caroline Chopelin, Paul Chopelin, L'obscurantisme et les Lumières ; itinéraire de l'abbé Grégoire évêque révolutionnaire, Paris, Vendémiaire, 2013, préface de Bernard Plongeron, p. 63.
  86. Alyssa Goldstien Sepinwall, L'abbé Grégoire et la révolution française ; les origines de l'universalisme moderne, Paris, Les Persoides, 2008, p. 177.
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  237. La citation est de Françoise Hildesheimer. Elle veut signifier que la vie de Grégoire ayant été longue (81 ans) et comme il a été très éclectique dans ses centres d'intérêt et les historiens se spécialisant généralement sur une partie assez étroite de l'histoire, la plupart d'entre eux n'ont écrit que sur une période assez courte de sa vie, ou que sur un aspect de sa personnalité. Il y a peu de biographies de sa vie entière. Voir l'article de Paulin Aubard, « 25es RVH de Blois : l’abbé Grégoire, tête dure en temps de Révolution », La Nouvelle République du Centre-Ouest,‎ (lire en ligne, consulté le )
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