Entendre les enfants compter les jours avant les vacances d’été, les enseignants y sont habitués. Mais les voir, dès juillet, s’interroger sur ceux qui les séparent de la rentrée de septembre est un exercice auquel ils sont moins coutumiers. Nombre de professeurs disent pourtant en avoir fait l’expérience : aux derniers jours de l’année scolaire, avant même que ne soient sifflées les vacances, des élèves, leurs parents, et pas seulement ceux repérés comme les plus en difficulté socialement, avaient déjà pour horizon le mois de septembre – et, avec lui, les « dépenses de rentrée », sur lesquelles l’inflation vient peser.
Fournitures, cantine, transports, internat pour les familles qui y ont recours, accueil et activités de loisirs : l’évolution de chacun de ces postes est observée avec attention – et inquiétude – par les associations. Sans oublier celui des vacances : si la hausse des prix a poussé certains ménages à revoir leurs projets estivaux, une part importante d’enfants est, comme chaque été, assignée à résidence ; ils étaient 1 sur 3 dans ce cas, avant la crise sanitaire, et leur proportion pourrait augmenter, s’inquiète-t-on au sein des associations d’élus. Celles-ci ont d’ailleurs misé, cet été, sur les séjours familiaux proposés à la journée. Signe que les temps sont compliqués…
« A notre échelle, c’est clair : on voit que des familles partent moins en vacances, ou moins loin, et qu’elles font leurs courses de rentrée plus tôt, ou les échelonnent », constate Emilie Kuchel, présidente du Réseau des villes éducatrices, fort de 120 municipalités. Celle qui est aussi adjointe à l’éducation à la mairie de Brest fait le lien entre ces comportements, « reflet, dit-elle, d’une inquiétude qui monte parmi les parents ».
« Vu le contexte, il est assez logique que des parents, notamment ceux dont les salaires ne suivent pas l’inflation, se demandent si, d’ici à septembre, le coût du “panier” de fournitures scolaires ne va pas s’envoler », relève Chantal Huet, présidente de Familles de France. Eté après été, depuis plus de trente ans, la fédération qu’elle dirige se prête au même exercice : calculer le prix moyen d’un « panier » de fournitures pour un élève à l’entrée au collège – leur achat, au primaire, étant souvent (mais pas toujours) pris en charge par les municipalités.
« Période compliquée »
Cette estimation est attendue à la mi-août, date du versement de l’allocation de rentrée scolaire (ARS), une aide de la Caisse d’allocations familiales en direction de 3 millions de familles, sous condition de ressources. L’ARS suit, comme les autres prestations sociales indexées sur l’inflation, une tendance haussière : après une revalorisation de 1,8 % en avril, elle pourrait encore l’être de 4 % avant septembre. C’est, en tout cas, le ratio inscrit dans le projet de loi sur le pouvoir d’achat en cours de discussion à l’Assemblée nationale.
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