Capture d'écran Facebook

Non, cette carte ne représente pas les églises françaises brûlées ou détruites au cours des quatre dernières années

Création : 18 juillet 2024

Auteur : Antoine Mauvy, étudiant en droit à l’université Paris II Panthéon-Assas

Relecteur : Etienne Merle, journaliste

Liens d’intérêts ou fonctions politiques déclarés des intervenants à l’article : aucun

Secrétariat de rédaction : Maylis Ygrand, étudiante à l’École publique de journalisme de Tours

Source : Compte Facebook, 12 juillet 2024

Sur une publication Facebook, une internaute publie une carte de France, censée représenter le nombre d’églises brûlées ou détruites au cours des quatre dernières années. Ce document, qui revient régulièrement sur les réseaux sociaux, n’est pas fiable.

Des actes anti-chrétiens invisibilisés et un désastre pour le patrimoine architectural français. Voilà ce que mettrait en lumière une carte de France, partagée le 12 juillet 2024, sur Facebook. Cette représentation hexagonale, remplie de pictogrammes, est accompagnée d’un commentaire : “La carte des églises brûlées ou détruites en quatre ans. Pendant ce temps, on ne parle que d’antisémitisme”, tacle l’internaute.

Une carte virale mais datée

Depuis 2019, au moins, cette carte circule sur les réseaux sociaux. Elle a été réalisée par l’Observatoire de la christianophobie, un site internet, dont le directeur de publication est Guillaume de Thieulloy, qui entretient des liens étroits avec l’extrême-droite. Cet Observatoire prétend recenser tous les actes christianophobes en France.

D’ailleurs, en 2019, cette carte était présentée comme l’ensemble des “actes commis contre des lieux chrétiens en France entre 2015 et 2019”. Cinq ans plus tard, certains internautes, l’utilisent pour parler de toutes les églises “brûlées ou détruites” en France, même si aucun pictogramme n’a bougé d’un millimètre. Premier couac et premières imprécisions de nos internautes.

Mais surtout, comme l’avaient raconté nos confrères de l’AFP, de Libération ou encore du journal Le Monde, cette carte manque de fiabilité. En effet, bien qu’il n’y ait plus trace de cette carte, hormis dans les archives, l’Observatoire s’applique encore à recenser les actes qu’il considère comme “christianophobes”. Or, certaines appréhensions d’événements ne sont pas anodines et donnent ainsi une idée de la crédibilité de cette carte.

Ainsi, l’article de l’AFP montre que le récent incendie de la cathédrale Notre-Dame de Rouen est recensé sur le site comme un acte “christianophobe”, alors que les premiers éléments de l’enquête penchent vers la thèse de l’accident. Quant à nos confrères de Libération, ils avaient démontré que la décision d’un maire de supprimer une croix catholique d’un cimetière figurait également dans la liste, aux côtés d’autres actes de vandalisme ou de vol. En d’autres termes, les auteurs de cette carte semblent utiliser l’adjectif “christianophobe” un peu rapidement.

39 incendies d’églises, une majorité d’accidents

Qu’en est-il donc du nombre d’églises victimes d’un incendie ces dernières années ? Selon l’AFP, qui cite les statistiques de l’Observatoire du patrimoine religieux (OPR), 39 incendies d’églises ont été recensés en France entre 2023 et les six premiers mois de 2024.

D’autant que, comme le rappelle l’OPR auprès de l’AFP, la majorité de ces accidents n’ont rien à voir avec la christianophobie : “Dans la majorité des cas, les incendies sont accidentels”. “Le schéma est récurrent. Vous avez des ardoises qui bougent, l’eau rentre et touche les fils électriques. Un court-circuit se crée sans qu’on s’en aperçoive et c’est l’incendie. […] Ou alors c’est le chauffage électrique. On le branche le samedi soir pour la messe du dimanche, mais qui n’est plus aux normes, et c’est le brasier”. Il est donc nécessaire de rester prudent face aux affirmations qui répondent d’abord à un agenda politique, qu’à une véritable volonté d’informer les citoyens.

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