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XÉNOPHOBIE ET EXTRÊME-DROITE : L'EXEMPLE DE « L'AMI DU PEUPLE » (1928-1937)

Dans les années 1930, la pensée de l'extrême-droite française fut dominée par quelques thèmes majeurs : nationalisme, antiparlementarisme, exaltation de l'ordre et de l'autorité, xénophobie. Ces idées trouvèrent dans L'Ami du Peuple, quotidien qui parut de 1928 à 1937, un défenseur passionné et de large audience.

Le premier numéro de L'Ami du Peuple fut publié le 2 mai 1928. Le fondateur du nouveau journal était le riche parfumeur François Coty, qui nourrissait de vastes ambitions politiques et se voulait l'un des maîtres à penser de l'extrême-droite *. Coty, qui contrôlait déjà divers journaux, dont Le Figaro, s'était décidé à créer un grand organe populaire où il pût librement exposer ses idées ; le prix modique de L'Ami du Peuple, 10 centimes à Paris et 15 en province, devait favoriser les gros tirages. Le jeune quotidien s'adressait aux classes moyennes, à la petite bourgeoisie, « aux anciens combattants, aux petites gens, aux retraités»2; il semblait que « la nouvelle clientèle de ce journal à 10 centimes s'était recrutée, pour l'essentiel, dans la masse des non-lecteurs de quotidiens » 3.

En dépit de l'hostilité des grands journaux parisiens, le succès de L'Ami du Peuple fut d'emblée considérable : à la fin de 1928, le tirage atteignait 800.000 exemplaires et, en 1930, un million; 100.000 lecteurs s'étaient abonnés ; de la sorte, affirmait fièrement la rédaction, L'Ami du Peuple était lu par trois millions de Français. Mais Coty, victime des manœuvres de ses rivaux et ruiné par la crise économique mondiale, par ses prodigalités et par ses démêlés familiaux, ne put conserver son journal ; celui-ci, d'ailleurs, était mal géré, parfois médiocrement rédigé ; resté fidèle à une formule dépassée, il semblait moins attrayant, à