Les compagnies aériennes ont-elles eu les yeux plus gros que le ventre ? "C'est à peu près évident", estime Yves Crozet, économiste des transports et professeur à l’Université Lyon 2, interrogé mardi dans l'émission Forum. Ces derniers jours, des transporteurs de premier plan ont en effet prévenu qu'ils n'atteindraient pas leurs objectifs annuels.
Le 22 juillet, le groupe allemand Lufthansa a revu à la baisse sa prévision de résultat. Le même jour, la compagnie "low cost" irlandaise Ryanair a publié un bénéfice net trimestriel divisé presque par deux, en raison d'un tarif moyen en baisse de 15% sur un an. "Les gens voyagent (...) mais nous devons de plus en plus faire des réductions pour remplir nos avions", a argumenté le directeur général Michael O'Leary.
Les prix bas vont perdurer
Pour tenter de remplir leurs avions, les compagnies aériennes cassent donc les prix cet été. "C'est une bonne nouvelle pour les usagers. Ca compense la forte hausse des prix après la période Covid", estime Yves Crozet.
Selon la Direction générale de l'Aviation civile en France, le tarif moyen des vols internationaux au départ de France a chuté de 4,4% sur un an en juin, et même de 5,7% pour les faisceaux de l'Atlantique Nord. En Suisse, un aller simple pour Londres sur Ryanair à la mi-août coûte à peine 25 francs.
Les prix bas vont perdurer "puisque le transport aérien est une activité qui est extrêmement productive", analyse Yves Crozet. L'économiste note toutefois une condition: il faut que les taux de remplissage "ne tombent pas trop bas", sinon les vols ne seront plus rentables. Les compagnies sont prêtes à brader les derniers sièges "parce qu'un siège vide, ça ne rapporte rien".
Les compagnies aériennes font face à une forte concurrence, notamment sur l'Atlantique Nord. Il y a donc une "guerre des prix, comme cela se passe traditionnellement lorsqu'il y a une suroffre", conclut Yves Crozet.
Sujet radio: Coralie Claude
Adaptation web: Julie Liardet avec ats