Citation d'André Frossard sur Politique, Langage et Parler

Lire est une forme de paresse dans la mesure où on laisse le livre penser à la place du lecteur. Le lecteur lit et se figure qu'il pense ; de là ce plaisir qui flatte l'amour-propre d'une illusion délicate.

Il n'y a pas de pays au monde, sauf ceux qu'afflige encore l'esclavage, où la théorie de Smith, - la doctrine du laissez-faire, laissez-passer, - soit moins pratiquée qu'en Angleterre, et où l'homme soit devenu pour l'homme un objet d'exploitation plus systématique.

Le théâtre doit parler des causes de la détresse humaine et des sources de la force humaine.

Savoir parler a toujours été savoir se taire, savoir qu'il ne faut pas toujours parler.

Des gens qu'on aime peuvent faire des choses épouvantables, et pourtant on continue de les aimer. Comment parler sérieusement du monde si on évacue cette complexité-là ?

Le désespoir de parler naît avec les syllabes.

Ne pas louer son siècle est parler à des sourds.

Il vaut mieux se taire et passer pour un con plutôt que de parler et de ne laisser aucun doute sur le sujet.

Prends pour te connaître Le temps qu'il faudra... Rien qu'à te connaître Tu voyageras

Ce qu'il y a de merveilleux dans le roman, c'est qu'on peut y parler de soi tout en ayant l'air de parler des autres.

On perd le droit de parler des autres quand on se met à les connaître intimement.

L'oppression viendrait plutôt de ces bourgeois infatués d'eux-mêmes qui occupent les avenues du pouvoir et se montrent plus intolérants que ne l'étaient peut-être les rois absolus. Au vrai, le régime se conduit comme s'il était en place depuis des siècles et comme si mille années l'attendaient. Il ne tolère aucune atteinte à sa pérennité.

Je ne vote pas.Je trouve que c'est un devoir civique de ne pas voter... Enfin, quand on les choix qu'on a actuellement.

Un homme ne se mêlant pas de politique mérite de passer, non pour un citoyen paisible, mais pour un citoyen inutile.

C'est par la grâce de Dieu que nous avons ces trois précieuse choses : la liberté de parole, la liberté de penser et la prudence de n'exercer ni l'une ni l'autre.

Je vous remercie pour cet aimable objet émoussé que j'utiliserai comme une arme contre le doute.

Quand les pieds ne veulent plus vous porter, on marche avec sa tête. Et c'est vrai. Ce n'est peut-être pas dans l'ordre naturel des choses, mais ne vaut-il pas mieux marcher avec la tête que penser avec les pieds, comme il arrive souvent ?

Le rôle de la fiction est de créer des mondes imaginés, que les lecteurs aiment habiter et qui les poussent à penser leurs propres vies

Une politique qui se borne à brasser des rêves les trompe tous. Une politique qui les ignore se trompe sur la nature de ceux qu'elle prétend conduire.

C'est pas dur la politique comme métier ! Tu fais cinq ans de droit et tout le reste c'est de travers.

Ne perds pas ton temps à penser à de mauvaises choses.

Les biographes ne connaissent pas la vie sexuelle de leur propre épouse, mais ils croient connaître celle de Stendhal ou de Faulkner.

Parfois, les gens m'appellent un succès pour toutes les raisons qui me font penser que je suis un échec.

Il ne faut point passer plus de temps à parler d'une pièce que l'auteur n'en a mis à l'écrire.

La politique nous rassemble en nous opposant : elle nous oppose sur la meilleure façon de nous rassembler !

J'essaie de me taire et de laisser mes anges me parler et me dire ce que je suis censé faire.

Toute politique tend à traiter les hommes comme des choses.

Parler de charité, c'est parler de vanité, et de commerce. Car on donne pour paraître ou pour plaire à Dieu. Dont plusieurs croient acheter ainsi la protection...

L'effet miroir est vécu par la personne qui désire toujours connaître comment il est perçu par les autres. Au lieu de se montrer critique, il émet des critiques, et se sent exposé à la critique comme sur une scène de théâtre.

Pour diriger, il faut connaître les hommes. Pour connaître les hommes, il faut les écouter.