Boycott du Mondial : paroles, paroles et encore des paroles

Une image vaut mille mots. Et tout a commencé lundi, où les courageux joueurs iraniens, alignés bras dessus bras dessous, visages fermés, têtes baissées pour certains, refusaient de chanter l'hymne de leur pays... Un engagement aussi beau que risqué alors que des agents venus de Téhéran étaient dans le stade.. 

Cet après-midi, tout le monde a pu voir en direct (ou ce soir sur les réseaux sociaux de mon côté) le geste des joueurs de la Mannschaft se bouchant la bouche pour dénoncer l’interdiction imposée par la FIFA de porter le brassard « One love » contre les discriminations #LGBTQ+. Cette réaction courageuse et intelligente est un message puissant adressé aux organisateurs de la Coupe du monde et à la planète toute entière.

Ces actions engagées pourraient en inspirer d’autres, il faut qu’elles en inspirent d’autres, notamment nos Bleus. Car quoi qu’en disent les dirigeants qataris et le patron de la FIFA, arborer les couleurs arc en ciel dans les tribunes ou sur le terrain n’est pas plus insultant pour la culture locale que ne l’est pour l’esprit du sport le fait de quitter le stade à la mi-temps du match d’ouverture entre son propre pays organisateur et l’Equateur. Si le courage augmente en osant et la peur en hésitant, alors nous sommes en droit d’attendre une réaction de l’Équipe de France samedi, n’en déplaise au président de la Fédération Française de Football. 

Le buzz suscité par l’attitude des joueurs iraniens et allemands est par ailleurs un énorme pied de nez à tous ceux qui, promis-juré, se sont engagés à boycotter ce « Mondial de la honte ». Une décision qui n’a pas grand-chose d’engageant : Ne pas appuyer sur une télécommande, seul chez soi, pour exprimer sa révolte n’a pas vraiment la même portée que de retirer son voile aux yeux de tous pour lutter en faveur de ses droits… 

Un boycott ? Tu parles ! 12,5 millions de Français étaient devant leur poste hier soir pour regarder France-Australie, record d’audience de l’année pour TF1, ne parlons pas de la cérémonie d'ouverture qui a explosé les audiences dimanche... Le grand élan de protestation collectif a donc avorté d’entrée de jeu. Et cela n’a rien de surprenant. Parce que jusqu’à preuve du contraire, le foot rassemble plus qu’il ne divise, et c’est tant mieux ; parce qu’il est absurde de faire porter un quelconque poids moral aux amateurs de foot qui ne sont en rien responsables de la situation de travailleurs au Qatar et du non-sens écologique que constitue cet événement ; et parce que depuis la crise de la covid et le confinement les français souffrent d’une épidémie de flemme https://bit.ly/3i6EThp .

Face au boycott, le message adressé par les Français est clair, il signifie « commencez-sans moi… ».