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À Bordeaux, des parents d'élèves de la Benauge alertent : une mère albanaise et ses enfants handicapés bientôt à la rue

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De nombreux cas d'enfants scolarisés le jour et dans la rue la nuit ne cessent de remonter via des parents d'élèves bordelais. A La Benauge, ils lancent un appel pour aider une mère albanaise et ses deux enfants en situation de handicap. Ils doivent quitter leur hébergement d'urgence ce mardi.

Stéphanie et Florent font partie du collectif de parents d'élèves qui se sont relayés pour héberger des familles à la rue.
Stéphanie et Florent font partie du collectif de parents d'élèves qui se sont relayés pour héberger des familles à la rue. © Radio France - Anaëlle Cagnon

Alors que la rentrée a accueilli près de 280 000 écoliers en Gironde, à Bordeaux, les parents d'élèves de plusieurs écoles de la ville alertent. Des enfants scolarisés le jour dorment dehors, avec leurs parents, la nuit. A la Benauge, quartier de la rive droite, une mère isolée albanaise et ses deux enfants en situation de handicap seront à la rue ce mardi 17 septembre. Les parents lancent donc un appel pour l'aider. Habitués à ce genre de situation, ils ont monté un collectif pour se relayer et héberger d'autres familles par le passé, mais la situation n'est pas tenable et ils sont épuisés.

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Bientôt sans toit

Dans le salon de Florent, dont les deux enfants sont scolarisés, Alesja joue avec des peluches. Avec son frère et sa mère Susanna, ils sont arrivés il y a 2 ans en France. " En Albanie, je subissais des violences conjugales , explique Susanna. J'ai divorcé et à partir de là, on m'a rejetée avec mes enfants handicapés, alors qu'ils avaient besoin d'un suivi à l'hôpital. J'ai été menacée par mon ex-mari, j'ai du partir ." Rapidement, cette mère de famille a obtenu un titre de séjour et a pu être hébergée grâce à des associations ou des organisations liées à l'Etat. Depuis mars dernier, le SAIO, qui gère le numéro d'urgence 115, la loge dans un hôtel du quartier. Mais le dispositif d'urgence est temporaire, et un courrier indiquant qu'il arrive à son terme demande à la famille de quitter les lieux.

La fille de Susanna ne peut se déplacer qu'en poussette.
La fille de Susanna ne peut se déplacer qu'en poussette. © Radio France - Anaëlle Cagnon

Depuis, elle n'a trouvé aucune solution. " Forcément, je pense à dormir dans un parc, ou bien à l'arrêt de tram, je ne sais pas" , se questionne Susanna. Sa détresse est palpable. Sorella, une amie qui l'aide pour la traduction par téléphone, explique que depuis quelques temps, son petit garçon se lève la nuit, tourne en rond, car il comprend qu'ils vont bientôt être dehors. Lui va à l'école car il arrive à marcher malgré sa neurofibromatose. Sa sœur Alesja, douze ans, ne se déplace qu'en poussette, également atteinte de troubles psychiques. Parce qu'elle fait régulièrement des crises, Susanna ne peut pas loger dans le même espace de vie qu'une famille, comme celle de Florent. Lui cherche quand il peut pour eux "un endroit avec une petite dépendance, quelque chose de séparé d'une maison. J'espérais compter sur le regain d'intérêt des jeux paralympiques, où cette dimension d'inclusion du handicap a été rendue visible."

Solidaires mais épuisés

Florent, ainsi qu'une autre parent d'élève, Stéphanie, ont chacun accueilli deux familles pendant quelques mois l'hiver dernier : des ressortissants albanais et géorgiens. Deux familles qui sont aujourd'hui à l'abri et en colocation grâce à la mise à disposition d'un appartement libre par d'autres parents du collectif, auxquels ils versent un loyer. Mais avec la multiplication de ces cas, l'épuisement des parents solidaires se ressent.

C'est dans leur maison sur deux étages que Florent et sa femme ont hébergé pendant près de 2 mois la famille albanaise. Dans une pièce de vie, le salon, les parents dormaient sur le canapé avec leur petite fille de 18 mois. Pour leurs deux autres enfants, c'était camping dans la chambre de ceux du couple. Stéphanie a hébergé la seconde famille, qui avait fui la Géorgie, car elle ne pouvait pas "ne pas réagir" face à la situation. "La petite fille, le matin, elle disait à la maîtresse : je dors là-bas, dans le parc !" Parallèlement, elle a multiplié les sollicitations des pouvoirs publics, en alertant sur le fait que ce n'était pas leur rôle, mais sans succès.

C'est dans le salon que Florent et sa femme ont hébergé pendant près de 2 mois une famille de cinq. Ils dormaient sur le canapé du salon.
C'est dans le salon que Florent et sa femme ont hébergé pendant près de 2 mois une famille de cinq. Ils dormaient sur le canapé du salon. © Radio France - Anaëlle Cagnon

Malgré une riche expérience, la cohabitation n'était pas de tout confort : la place manquait et les familles étaient très gênées, avaient peur de déranger, "c'était compliqué aussi pour eux, pour leur dignité". Malgré les contraintes, les larmes montent aux yeux de Stéphanie, "on a vécu des choses tellement fortes ensemble que ça m'émeut encore." Aujourd'hui cette famille prépare son retour au pays, car des élections approchent. Pour les parents d'élèves, c'est bien la preuve que ces besoins d'asile sont souvent temporaires, contrairement aux idées reçues.

Si rien n'est trouvé pour Susanna et ses enfants, le collectif se remobilisera pour faire réagir les pouvoirs publics.

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