Elon Musk n’est pas que le propriétaire du réseau social X (anciennement Twitter). Puissant homme d’affaire, il est entre autres à la tête du constructeur automobile Tesla, spécialisé dans les voitures électriques. Entre volonté de réguler X et de capter les investissements de Tesla, les 27 se montrent prudents sur la conduite à tenir face au milliardaire.

Au moment de son rachat de Twitter en 2022, Elon Musk se disait « sur la même longueur d’onde » que Bruxelles, lorsque le commissaire européen au numérique Thierry Breton était venu lui présenter la future législation sur les services numériques, le « DSA ». Depuis, les échanges publics entre les deux hommes se sont nettement tendus.

Des tensions concernant la régulation du réseau social

Lundi 12 août 2024, Elon Musk a conversé avec Donald Trump, candidat à la présidentielle américaine en direct sur son réseau social. Quelques heures avant l’échange, Thierry Breton avait rappelé publiquement au milliardaire ses obligations de modération déterminées par le « DSA ». En guise de réponse, Elon Musk a adressé une violente insulte au commissaire européen. La Commission européenne a quant à elle pris ses distances, mardi 13 août, avec Thierry Breton en déclarant que cette initiative n’avait pas été validée par la présidente Ursula von der Leyen et les autres commissaires.

En décembre dernier, une enquête sur les possibles manquements à ses obligations en matière de lutte contre la désinformation avait été lancée contre X. Cette enquête est toujours en cours, et X n’a, pour l’instant, pas été condamné aux lourdes sanctions prévues par le DSA, notamment financières.

Des perspectives d’investissements dans la voiture électrique via Tesla

Individuellement, les 27 n’ont pas tous le même positionnement face au milliardaire, qui fait valoir des intérêts économiques de poids en Europe. En Allemagne, la seule méga-usine d’assemblage de voitures électriques Tesla en UE emploie environ 12 000 personnes près de Berlin.

Il envisage d’en ouvrir une seconde, ce qui lui vaut d’être courtisé par les dirigeants du Vieux Continent dont la présidente du Conseil italien, Giorgia Meloni et Emmanuel Macron. Le président français l’a reçu quatre fois depuis le printemps 2023 et espère attirer les investissements de l’entreprise capitalisée à 632 milliards de dollars (573 milliards d’euros).

L’Irlande plus dure contre X

Néanmoins, Tesla a perdu un peu de sa superbe ces deniers mois avec des ventes en recul. L’entreprise a annoncé mi-avril qu’elle allait licencier 14 000 employés dans le monde, soit 10 % de ses effectifs. Le groupe a aussi dû affronter un conflit social : à l’automne 2023, une grève lancée en Suède par de nombreux ouvriers s’était étendue au Danemark, à la Finlande et en Norvège.

Mais les intérêts économiques n’empêchent pas toujours les États membres de légiférer contre X. C’est le cas ainsi de l’Irlande alors même que le siège européen du réseau social est installé à Dublin. Une procédure judiciaire a été lancée début août contre ce dernier concernant une utilisation des données contrevenant aux lois européennes. L’Irlande obtenu gain de cause : la plateforme a suspendu la collecte de données d’utilisateurs européens par l’intelligence artificielle. La justice irlandaise a, par ailleurs, condamné X mardi 13 août à une amende record de 550 000 € pour le licenciement abusif d’un ancien employé.