L’artisan investit lui-même plus de 120 000 euros pour construire un cabinet médical dans son petit village

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  • Michel Vayssié et le médecin, dans les ruines, avant le début du chantier.
    Michel Vayssié et le médecin, dans les ruines, avant le début du chantier. Reproduction autorisée pour DDM
Publié le , mis à jour

l'essentiel À Marcilhac-sur-Célé, dans le Lot, Michel Vayssié a financé de sa propre poche plus de 120 000 euros pour ouvrir un cabinet médical. L’artisan et ancien élu a également réalisé lui-même les travaux.

À Marcilhac-sur-Célé, Michel Vayssié est devenu l’homme providentiel. Le cabinet médical dans la jolie maison aux volets bleus et aux rosiers, 18 rue des remparts, c’est lui. " En 2018, le docteur Stéphan Dylla, un Allemand qui vient passer ses vacances à Marcilhac m’explique qu’il veut rester travailler ici ", se souvient le retraité. Son sang ne fait qu’un tour : Marcilhac n’a plus de médecin depuis 1950. Et au 18 rue des remparts, une maison en ruine est à vendre. Celui qui est alors premier adjoint parle de son idée au conseil municipal. Sans succès. Qu’à cela ne tienne. Il a une petite pension de retraite mais quelques économies de côté et la rénovation, ça le connaît : il a été constructeur de piscines et à la tête d’une entreprise de carrelage. Bref, le Lotois né à Marcilhac n’en est pas à son coup d’essai, il a déjà réhabilité neuf maisons. Il envoie une demande de subventions au Département et au Grand Figeac. En vain, le bâtiment est privé : il n’aura pas un centime. Mais si le bâtiment avait été communal, il aurait pu toucher jusqu’à 60 % de subventions. Dommage pour lui.

 

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Alors, il rachète la maison aux volets bleus, pour 20 000 euros, et signe un prêt de 100 000 euros à la banque. " L’arrière de la maison n’avait plus de toiture, un arbre poussait au milieu de la cour, il y avait tout à refaire. Je me revois au milieu des ruines avec le docteur, en train de lui expliquer ce que je comptais faire. C’était incroyable, il a cru en moi ", raconte l’ancien élu de 74 ans amoureux de son petit village. " Quand il a annoncé qu’il voulait monter une maison médicale sur ses propres deniers, certains se sont moqués de lui. Mais c’était admirable et courageux, il n’a eu aucune aide. La personne qui a visité la maison avant lui est passée à travers l’escalier et a fini à l’hôpital ", lance Jean-Paul Mignat, le maire de la commune.

Jean-Paul Mignat, le maire du village.
Jean-Paul Mignat, le maire du village. DDM Manon Adoue

Kiné, ostéo, infirmière…

Mais Michel Vayssié a le goût du risque. Il démolit les cloisons, abat les murs, casse des portes, ponce, et dans le tas de gravats, le cabinet médical apparaît petit à petit. Le plafond aux vieilles lattes de bois plâtrées et clouées devient un beau plafond ourdi. Le plancher qui s’effondre est remplacé par un carrelage en travertin. La plomberie est changée, l’électricité revient. Le médecin s’installe en 2020 dans son cabinet flambant neuf. " C’est nickel, c’est formidable ", résume le maire. En 2022, un kiné parisien qui vient rendre visite à sa mère, regarde le cabinet de plus près : lui aussi, il s’y verrait bien dans cette belle maison en pierres mêlées près de la rivière du Célé. Après lui, c’est un ostéopathe qui dit oui. Plus récemment, une infirmière de l’Ariège qui a aussi le coup de cœur pourrait bientôt rejoindre elle aussi l’espace médical. " On bénéficie de l’attrait touristique de la commune. Les soignants viennent en vacances ici, ont le coup de cœur par le village et sont aussi séduits par la bâtisse rénovée, à la fois rustique et moderne ", explique Michel Vayssié. La carte postale fonctionne. La commune de seulement 172 habitants perdue dans les lacets de la vallée se retrouve avec un médecin généraliste et des spécialistes. Inespéré.

Les travaux ne sont pas encore terminés. Il reste encore à finir le logement de fonction. Le docteur, lui, a un planning déjà complet. Il assure les permanences à Marcilhac le lundi, mardi matin, jeudi après-midi, vendredi matin et samedi matin. Le reste du temps, le médecin se déplace à Assier. Le kiné prendra sa retraite cet été mais d’ores et déjà, une collègue va le remplacer.

Michel Vayssié qui se voit comme un créateur et surtout perçu comme un sauveur par les villageois. En 2020, lors des dernières élections municipales, il a reçu 25 voix. Et il n’était même pas candidat.

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Les commentaires (2)
lecteurdu46 Il y a 3 mois Le 24/05/2024 à 17:22

Bravo monsieur !
Décidément nos politiques sont accoté de la plaque, ils préfèrent donner les millions à de grandes entreprises qui ferment le lendemain et n'aide pas un concitoyen qui lui oeuvre pour le bien de tous.

abonne46 Il y a 3 mois Le 24/05/2024 à 12:45

les quatre routes du LOT 2 médecins partent une en retraite et en 2/ des soins en clinique ? par contre une maison médicale mais pas ou peu de médecin , celui de Turenne pas remplacé depuis 2/3 ans un grand vide pour le nord du LOT ET SUD LIMOUSIN