Suivre le fil avec Sylvie Boyer

C’est à l’abri de la chaleur, au Musée de Gajac que les plus jeunes peuvent venir passer leur jeudi après-midi. Au programme, atelier tissage avec Sylvie Boyer, tisserande professionnelle, installée depuis 26 ans à Penne-d’Agenais. L’exposition actuelle étant "Collections et Tapisseries – regards complices", impossible pour les enfants de repartir sans un bout de laine tissée. Qui plus est, quand cela est fait par leurs soins. Les trois jeunes présents au musée ce jeudi 1er août ne découvraient pas tous la discipline. Puisque, Manon, 9 ans, avait déjà participé à cet atelier la semaine précédente. En vacances à Villeneuve-sur-Lot chez ses grands-parents, ils ont trouvé de quoi occuper ses après-midi.

"J’aime les enfants ambitieux"

Mais pour les enfants pas question de commencer à tisser sans savoir vraiment de quoi il s’agit. Alors dans un premier temps ils découvrent l’exposition aux côtés de Sylvie Boyer. Elle leur explique le procédé de conception de chaque tapisserie et leur montre mÊme l’envers du décor. Car si dans un sens les 24 œuvres de l’exposition, paraissent grandioses, lorsqu’on les retourne, elles paraissent complètement différentes. Et ça saute aux yeux des plus petits. À la fin de la visite, ils savent déjà tous ce qu’ils veulent faire. La visite leur a donné des idées. Et elles sont parfois ambitieuses. De quoi ravir Sylvie Boyer. "J’aime les enfants ambitieux. Je suis moi-même exigeante avec eux car je veux qu’en rentrant ils soient fiers de ce qu’ils aient fait."

Tout commence en Dordogne

Et pourtant des ateliers de ce type, normalement Sylvie Boyer n’en propose plus. "Lorsque le musée m’a contacté je ne pouvais pas refuser. Je trouve ça bien de donner aux enfants la possibilité d’apprendre avec des professionnels. ›" Car pour la tisserande, ce n’est pas seulement une passion mais bien son métier depuis 45 ans. Cependant impossible pour elle d’expliquer d’où cela lui vient. Une chose est sûre, elle veut Être artiste depuis toujours. "Ma mère me racontait que quand j’étais petite je voulais déjà Être potière ou tisserande, mais je n’en ai aucun souvenir." Finalement ce n’est dans aucun de ces deux milieux qu’elle a démarré sa carrière professionnelle. Puisqu’elle a d’abord été secrétaire comptable à Paris jusqu’à ses 24 ans. Elle a ensuite décidé de quitter la capitale pour la Dordogne. Là-bas, elle devient mère de deux enfants. Elle participe à des ateliers réservés aux femmes. Et elle y rencontre un tisserand qui la forme au métier. Elle devient alors artiste textile tisserande. Elle travaille pendant plus de 20 ans dans la production d’utilitaires vestimentaires et d’ameublement. "Le métier de production est difficile surtout au vu des métrages que l’on doit fournir, c’est éprouvant." À la suite d’une tendinite Sylvie Boyer a été forcée de stopper cette activité qui finalement ne lui convenait plus. Depuis une vingtaine d’années elle s’est alors spécialisée dans la formation au métier de tisserand. Cette activité lui permet par ailleurs de côtoyer tous les aspects du tissage, ce qui n’était pas vraiment le cas lorsqu’elle travaillait encore dans la production. Aujourd’hui c’est dans son atelier à Penne-d’Agenais qu’elle accueille des stagiaires. Ils viennent des quatre coins de la France et certains mÊme de l’étranger, pour suivre ses formations. Elles sont accessibles pour tous les niveaux, du loisir à la formation professionnelle.