Anelka va-t-en!

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Pascal JALABERT à Madrid.

A Madrid, l'avant-centre français s'est mis hors jeu tout seul. Les socios, les joueurs du Real et la presse espagnole ne lui trouvent plus d'excuses

Sur la pelouse de SantiagoBernabeu, le racé Raul vient d'inscrire le premier des trois buts du Real face à la modeste équipe de Seville. L'engagement est à peine donné dans le rond central que les 50.000 aficionados qui emplissent le stade aux deux tiers, scandent pendant deux bonnes minutes : «Anelka vete ya. Basta ya, eres una estafa !». Va-t-en Anelka, ça suffit, tu es une tromperie.

C'est de l'absent cousu d'or qu'il est question ce soir dans les tribunes du Bernabeu comme dans les kiosques où l'ex-gamin des banlieues exclu lui même du groupe partage les unes avec Aznar et Almunia les candidats aux élections.

L'affaire Anelka fait aussi le malheur des pauvres Sevillans sur le terrain : Affamés, déchaînés, complices, ils combinent, osent, régalent Morientes et Raul qui réussit un petit pont en talonnade dans la surface adverse. Pendant cinquante minutes, les deux attaquants "meringue" dévorent le camp adverse en tous sens et même reviennent chercher les ballons dans les pieds adverses comme si ce match de championnat facile, coincé entre deux sommets européens, engageait le prestige du Real.

Pas comme un professionnel

Ce samedi soir à Bernabeu, chaque une-deux du duo castillan est une banderille qui écorche le dos du «Galo» comme on appelle ici Anelka. Et la réponse de Raul à qui l'on demande après le match ce qu'il pense du cas Anelka ressemble à un descabello : «Nada». Rien. Le «mister» Antonio del Bosque est plus loquace : «Nicolas a 19 ans, il est étranger, mais il ne se comporte pas comme un professionnel qui devrait donner l'exemple à la jeunesse. Oui, je lui parle. Parfois avec affection, parfois durement comme un père à ses enfants».

Pour qui il se prend

«Il veut passer pour un persécuté. Mais pour qui se prendil ? Il veut composer l'équipe, choisir le système de jeu, s'occuper des transferts et pourquoi pas devenir président» s'indignent les jeunes aficionados dans le métro qui revient de Bernabeu. Dans la semaine, sur son site internet, Anelka a imploré la venue de Zidane, suggéré le nom de Petit et implicitement accusé l'Argentin Redondo, le régulateur du real, de le priver de pelota. Avant de péter les plombs. «Pour appeler au secours et parce qu'il a du tempérament» justifie son frère Didier qui tenterait de le raisonner. «Pour se moquer de nous» grondent les socios dans le métro.

Le président Lorenzo Sanz n'a pas reçu Anelka. Question de standing dans ce sanctuaire du football, aux mille trophées exposés dans un musée de verre et de coupes, le Real ne peut céder. Le manège d'agents de joueurs yougoslaves comme Milan Calasan samedi dans les tribunes indique qu'une revente d'Anelka n'est pas exclue même si ce produit du footbusiness traité comme une valeur boursière surcotée a coûté 220-MF au club le plus endetté d'Europe.

Victime d'une cabale, milliardaire rebelle, ou sale gosse immature et capricieux ? «Le Real est allé se chercher des ennuis» conclut un aficionado qui remarque avec nous que les trois buteurs de samedi soir Raul, Guti et Morientes, sortent de l'école de foot du Real. Ils n'ont pas coûté une peseta.


Au tennis-ballon dans son jardin...

Faisant le parallèle entre la photo du onze madrilène aligné samedi soir et une photo d'un Anelka élégant devant son coupé Mercedes, le quotidien sportif AS titrait en guise de bilan de la soirée : «Eux, ils gagnent des points, lui il gagne de l'argent».

Hier, Nicolas Anelka a encore séché l'entraînement. En faisant le siège de sa luxueuse résidence de la Moraleja, le Beverly Hills madrilène où vivent stars et grandes fortunes, les photographes du journal Marca sont parvenus à voler des clichés lointains sur lesquels on voit Nicolas jouer au tennis-ballon dans le jardin avec son frère et des copains. Entre une partie de game-boy et un coup de téléphone portable, en permanence collé à son oreille quand il sort de chez lui, il répète que personne au Real ne veut l'écouter, lui donner le ballon. «Je suis mis à l'écart, je veux m'amuser sur le terrain, j'aime Madrid, je me fiche de l'argent» jure «el ninato», le sale gamin. Nicolas va sans doute devoir payer 4 millions de francs, (un mois de ses revenus) pour ses absences non excusées à l'entraînement. selon les calculs de Marca il aurait coûté au Real plus de 300.000 francs par minute passée sur le terrain depuis son arrivée.

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