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Société

Rachel Khan au JDNews : «Si je dis que j’aime mon pays, on me taxe de négresse de maison»

VIVE LA LIBERTÉ D’EXPRESSION (12/15) - Rachel Khan, écrivain, juriste et actrice, dénonce la pression que font peser certains donneurs de leçons sur la liberté d’expression en France. Celle-ci, relève l’essayiste, n’est pas menacée par des interdictions légales mais par des encouragements à l’autocensure.

Rachel Khan , Mis à jour le
Rachel Khan, actrice et écrivaine, farouche défenseur de la liberté d'expression.
Rachel Khan, actrice et écrivaine, farouche défenseur de la liberté d'expression. © Sophie Bassouls/Bridgeman

Sous couvert d’une époque où « libérer la parole » est devenu LE mot d’ordre, l’injonction cache une autre réalité. Seule la parole conforme à un certain dogme peut être libérée sans griffure.

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Une liberté d’expression à géométrie variable

Quelques exemples personnels : 

– Si je dis que j’aime mon pays, on me taxe de « négresse de maison ».

– Si j’évoque ce crime contre l’humanité qu’est l’esclavage arabo-musulman, je serais « islamophobe ».

– Si je suggère un tribunal de Nuremberg pour le pogrom du 7 octobre, je serais complice de « génocide » et « d’apartheid ».

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Des insultes fortes qui ne visent qu’à disqualifier, humilier, calomnier la parole pour mieux garantir une mort sociale. Ce qui est donc exigé, c’est une parole détenue derrière les barreaux de l’idéologie, de l’assignation et de la terreur. Au secours !

Démocratie et liberté d’expression

Or, il n’y a pas de démocratie sans liberté d’expression. C’est un combat pour le droit d’être soi-même, indépendamment de sa religion, de sa couleur de peau ou de son sexe. Elle nous permet de rester humains, citoyens, de s’affranchir, d’accéder à sa souveraineté intime, de disposer de soi-même, de s’autodéterminer en refusant les identités carcérales. C’est aussi un combat pour le droit d’être le peuple de la diversité d’opinion. C’est un combat pour être plus forts grâce à la parole de tous et à l’écoute de tous. La liberté d’expression est le socle de notre civilisation. Pourtant, les donneurs de leçons, armés de guillotine numérique, nous rappellent à l’ordre depuis leur salon, provoquant le pire dans la rue. Salman Rushdie illustre ce phénomène d’intolérance déguisée en humanisme.

Une démocratie n’est pas vivante sur la base d’une majorité silencieuse

Mais, il y a pire que cette censure du tribunal populaire. Il y a l’autocensure. Une servitude volontaire terrifiante. L’autocensure, fruit de la peur et du manque de mots, sert les doctrines totalitaires. En somme, elle fait leur sale boulot, en leur laissant les mains propres. Le processus a déjà commencé. Combien de personnes n’osent plus dire ce qu’elles pensent, par peur des représailles ? Or, une démocratie n’est pas vivante sur la base d’une majorité silencieuse. Acceptez de nous taire, c’est sacrifier la liberté d’expression, en faire un principe en « voix » de disparition.

La liberté d’expression est un devoir

Nos aînés se sont battus pour elle, parfois même jusqu’à la mort. Cet héritage, d’une incroyable modernité, doit être préservé. Comment ? En ne cessant d’utiliser les mots. Les mots qui viennent des livres, de la culture, de l’écriture, de l’oralité, les mots qui forgent la pensée profonde. L’appauvrissement du langage, c’est d’ailleurs, l’autre guerre menée contre la liberté d’expression, un étranglement à la source. Conséquences : la violence, faute de mot, la privation des armes pour défendre nos idées.

L’histoire n’a jamais été faite par ceux qui se taisent

Aujourd’hui, la liberté d’expression n’est pas seulement un droit, ni un combat, c’est un devoir. Nous devons continuer à parler, à écrire, à énoncer, parfois à dénoncer, pour défendre le réel autant que l’universel. Qu’on se le dise, l’histoire n’a jamais été faite par ceux qui se taisent.

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