Vraiment écolo la voiture électrique ?

Le patron de PSA a lancé le débat en doutant des vertus réelles des véhicules pour la protection de l’environnement. Qu’en est-il vraiment ?

 Des questions se posent autour de l’avenir de la voiture électrique et du recyclage de sa batterie.
Des questions se posent autour de l’avenir de la voiture électrique et du recyclage de sa batterie. Getty Images/iStockphoto

    Septembre 2017, au salon automobile de Francfort, le patron de PSA jette un joli pavé dans la mare. « Le monde est fou! » tonne Carlos Tavares en colère contre la pression des pouvoirs publics sur les constructeurs pour « imposer » le véhicule électrique. Et le président du constructeur, champion jusqu'à il y a peu du diesel en Europe, de s'interroger sur le côté vraiment écolo de cette technologie.

    La question est d'importance. Le secteur des transports concentre en effet 35 % des émissions de CO2 et les voitures particulières totalisent à elles seules les deux tiers de la consommation d'énergie du secteur. Quant aux transports routiers, ils sont responsables d'une part importante des émissions de polluants atmosphériques dont la réduction constitue un enjeu majeur de santé publique.

    « Je ne voudrais pas que, dans vingt ans, on découvre que tout n'est pas si rose qu'on le pensait, avance Carlos Tavares. Le recyclage des batteries, l'utilisation intensive de matières premières rares de la planète ou encore les émissions électromagnétiques. » Et le patron de PSA d'alerter sur le risque, selon lui, d'un désastre écologique, mais aussi sociétal et économique.

    Le défi de la seconde vie pour les batteries

    Des études, notamment de l'Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie (Ademe), se sont penchées sur le sujet. Conclusion : pour mesurer l'impact des moteurs électrique ou thermique, essence ou diesel, il faut prendre en compte, non seulement les effets de leur utilisation, mais tout le cycle du véhicule de la fabrication au recyclage. Or, les coûts et les impacts du véhicule électrique se retrouvent majoritairement à l'amont (la fabrication) quand ceux du thermique le sont a contrario à l'usage.

    Les constructeurs se sont déjà emparés du problème. Ainsi, Renault teste à son Technocentre de Guyancourt (Yvelines) des bornes de recharges alimentées par d'anciennes batteries ! PSA, de son côté, travaille en partenariat avec la SNAM, une société spécialisée dans le recyclage de batteries. « Attention à ne pas transposer l'usage de la voiture thermique à celui de l'électrique, alerte Maxime Pasquier, chef adjoint du service Transports et mobilité de l'Ademe. Trop de ménages achètent des voitures électriques trop puissantes par rapport à leurs besoins réels. »

    Et l'expert de pointer du doigt la course à la taille des batteries, et donc à l'autonomie, à laquelle se livrent les constructeurs. « A l'avenir, la voiture, électrique ou non, devra être mieux adaptée à l'usage, considère-t-il. Ce que permettent les nouveaux services de location, de partage ou de covoiturage. Cela aussi, c'est plus écologique. »