Le club de Dives-sur-Mer a enfanté le nouvel espoir du badminton Alex Lanier

Le badiste Alex Lanier vient de remporter l’Open du Japon et faire son entrée dans le top 20 mondial, à 19 ans. C’est à Dives-sur-Mer, dans le Calvados, qu’a éclos ce jeune talent très pressé.

Alex Lanier distille ses conseils à deux joueuses de Dives-sur-Mer (Calvados), son club formateur, en 2019. L’espoir n’a alors que 14 ans mais performe déjà à haut niveau. DR C. Sochon
Alex Lanier distille ses conseils à deux joueuses de Dives-sur-Mer (Calvados), son club formateur, en 2019. L’espoir n’a alors que 14 ans mais performe déjà à haut niveau. DR C. Sochon

    « Il était serein. On le sentait bien dans sa tête », raconte Estelle Lanier. À Yokohama, son fils Alex a déboulé dans à l’Open du Japon de badminton comme un chien dans un jeu de quilles. Exit le numéro six mondial au premier tour puis le numéro un mondial chinois Shi Yu Qi en demi-finale. Dimanche 25 août, en finale, le Français a battu le Taïwanais Chou Tien Chen (numéro dix mondial) en deux manches. Titre historique : jamais un tricolore n’avait emporté un Super 750, la deuxième catégorie du badminton mondial. Record de précocité à ce niveau en prime : Alex Lanier n’a que 19 ans !

    Il manquait peut-être à l’espoir du badminton tricolore « de maintenir ce niveau de jeu tout au long de la compétition, d’avoir été fort du premier match à la finale et d’avoir réussi à finir », comme il le confiait à Ouest-France. Un nouveau cap en tout cas pour le natif de Caen qui, depuis ses quatre ans et demi, est un pressé raquette en main. « Il renvoyait quinze volants à la suite quand il était enfant. D’habitude, à quatre ans, on n’en rattrape que quelques-uns », cite comme anecdote Bertrand Mégie, président du Badminton club divais. C’est là, près de Cabourg, qu’Alex Lanier s’est fait les dents jusqu’à ses 14 ans.



    « Très vite, il nous a demandé quand il jouerait son premier tournoi », se souvient sa maman dans un sourire. Celui qui accompagnait ses parents à leurs matchs est un jeune fou du volant, rapidement surclassé. « Il a vite eu des résultats en tournois interrégionaux. On nous a parlé du tournoi du Luxembourg », retrace Estelle, la maman. Pour ce baptême du feu au niveau international, à 8 ans, Alex s’offre un premier beau parcours avant de revenir l’année suivante pour… gagner.

    Le prodige a appris l’humilité

    « À l’école, plaisante Estelle Lanier, il fallait expliquer quelques absences parce qu’Alex jouait en Écosse ou en Suède. C’était rock’n’roll. » Talentueux, travailleur, avide de progression, le jeune Divais reçoit très jeune une autre leçon décisive, glisse Bertrand Mégie. « Quand il avait 11-12 ans, il a perdu une finale de tournoi aux Pays-Bas par manque d’humilité. Au retour, on lui a fait comprendre comme c’était important, explique le président. Alex est une personne humble, qui rejoue et s’amuse avec n’importe qui. »

    L’adolescent entre dans les radars fédéraux et dans celui du club de Strasbourg. Les Alsaciens lui proposent d’intégrer l’équipe de Top 12, l’élite nationale, pour poursuivre sa progression. Puis il intègre l’Insep et jongle entre les deux entités, entre championnats et tournois internationaux. Freiné dans sa course aux JO de Paris 2024 par une blessure, Alex Lanier revient fort en cette fin d’été. « Gagner l’Open du Japon, c’est une très bonne surprise à laquelle on ne s’attendait pas si vite, éclaire sa mère. L’engouement est sympathique mais on l’a vite mis en garde sur sa récupération », souffle-t-elle.



    L’espoir reste cornaqué par sa famille de sportifs. David, le papa, multiple champion de France de voile, était investi dans l’organisation des épreuves olympiques à Marseille. « Les parents d’Alex ont cette connaissance et cette exigence du sport de haut niveau », appuie Bertrand Mégie. En parlant de Jeux olympiques, Alex Lanier cultive son rêve américain. « Il ne veut pas aller à Los Angeles juste pour y aller, mais avec un objectif médaille », confie la maman.

    « Où s’arrêtera sa progression, s’interroge régulièrement le président du Badminton club divais. Je prends déjà mes billets pour Los Angeles. » Propulsé numéro 20 mondial grâce à son succès au Japon, le Calvadosien est désormais le deuxième meilleur Français, juste derrière Toma Junior Popov. Son club d’enfance regarde son ascension avec des yeux d’enfants et ses joueurs bénéficient des conseils de celui qui revient environ une fois par mois à Dives-sur-Mer, se ressourcer avec « ses potes, son jardin secret », glisse Estelle. Des atouts supplémentaires sur sa route vers… Paris 2025. La capitale accueillera alors les Championnats du monde. Une perspective appétissante pour un Divais pressé.