677 â?¬, des souvenirs et de l'amertume

Bordeaux (Gironde)

677 â?¬, des souvenirs et de l'amertume

    « Cité à l'ordre de la brigade, le tirailleur Miloudi Ben Tahar, tireur mortier de 50 mm, s'est fait remarquer au cours du combat du 1 e r juin 1954 au poste de Koo au Nord-Vietnam. Bien que blessé, il a rejoint son unité dès que soigné et a continué l'opération. » Il est fier Miloudi, du haut de ses 90 ans, de montrer sa médaille militaire dans le peu d'affaires personnelles qui peuplent son studio à Bordeaux.

    Déracinés

    Comme lui, ils sont 317 anciens combattants marocains à être logés dans les immeubles gérés par l'association Adoma, créée à l'origine pour aider les migrants, dans la région bordelaise. Un chiffre non exhaustif car d'autres ont choisi le privé. Les déracinés se retrouvent chaque soir dans la salle commune où l'affiche du film « Indigènes » est en évidence. Ils touchent le RMI dans un premier temps, puis le minimum vieillesse. Ceux qui ont combattu huit ans ont la carte d'ancien combattant (qui permet de recevoir 500 â?¬ annuels). Kasem, 79 ans, a combattu en Algérie et en Indochine. Lui perçoit 677 â?¬ par mois, soit le minimum vieillesse et sa retraite d'ancien combattant : « La même que celle de mes frères de sang français », nous indique-t-il. Une mesure récente. Kasem voit rarement sa famille restée au pays. C'est lui qui en grande partie fait vivre « ses 6 petits-enfants depuis la mort de son fils ». Il leur envoie chaque mois la moitié de ses maigres ressources. Il économise pour le voyage en bus qui lui permet de se rendre une fois par an auprès des siens.

    Aucun de ceux que l'on rencontre ici ne souhaite rester en France. Seulement, la loi exige pour toucher les pensions une présence de six mois par an sur le territoire français.