A Louviers, une résidence pour mettre les artistes en herbe sur la bonne route

« La sortie de l'école, c'est très aléatoire. On passe beaucoup de temps à monter des dossiers, à attendre des réponses. Certains prennent un travail alimentaire pour s'en sortir. C'était ce que je souhaitais éviter pour ne pas manquer de temps pour créer. » À 24 ans, Alexandre le Bourgeois n'a heureusement pas été longtemps dans l'incertitude. Très rapidement après ses études d'art au Havre, le jeune homme a rejoint, avec deux autres artistes, une résidence à la villa Calderón, mise à disposition par le musée de Louviers (Eure).

Chaque année, trois jeunes artistes tout juste diplômés d'une école normande bénéficient, comme lui, de cet encadrement qui leur permet, pendant quatre mois, de ne se soucier ni du loyer à payer, ni de l'atelier à trouver, ni de la façon d'exister sur la scène artistique régionale. Un jeune artiste fraîchement diplômé est souvent confronté à l'absence de perspectives professionnelles, constate Michel Natier, conservateur du musée de Louviers : « On est un artiste mais on n'a pas un métier. Il manque quelque chose de crucial dans les écoles d'art : donner des perspectives et assurer un suivi ».

Créer en toute quiétude

S'inscrire à la maison des artistes, faire ses comptes, obtenir des subventions… Autant de démarches qui prennent du temps et ne favorisent pas le processus de création, surtout quand on est à court de revenus. « Pendant notre formation, on est trop peu confrontés à l'aspect professionnalisation. Pourtant, je dirais que 50 % du temps d'un artiste est dédié à cela », abonde Alexandre Nicole, autre jeune résident du musée de Louviers.