« C'est mon premier personnage mystérieux »

PHILIPPE TORRETON interprète Mazarin

« C'est mon premier personnage mystérieux »

    Il interprète Giulio Mazarini, le cardinal de Mazarin. Philippe Torreton, comédien engagé, se dit heureux d'interpréter un grand personnage historique, mais aussi très préoccupé par la réforme de l'audiovisuel public, qui fait planer un doute, selon lui, sur les moyens dont disposera France Télévisions pour financer de grands téléfilms.

    L'audace du scénario, qui fait d'Anne d'Autriche et de Mazarin des amants, vous a séduit ?

    Philippe Torreton. Oui et non. C'est l'ensemble du projet qui m'a convaincu. Le scénario, brillamment mené par Jacques Santamaria, réussit à raconter cette période de l'histoire de France, les deux Frondes, dans une synthèse qui n'est pas simpliste mais parfaitement compréhensible. Il fait exister de vrais personnages, les dialogues sont formidables. Quant à l'histoire d'amour, c'est audacieux, oui, mais c'est fait avec tellement d'intelligence. D'autant que c'est une interprétation qui repose sur une grande recherche historique. Bien malin celui qui peut dire jusqu'où leur histoire est allée !

    Connaissiez-vous Mazarin auparavant ?

    Mal. C'est aussi pour ça que j'aime ce genre de film : on poursuit ce qu'on a appris, puis oublié, à l'école ! On se documente et on découvre une vie riche, celle d'un jeune homme qui n'avait rien au départ pour arriver au poste auquel il a accédé. Il traînait une sale réputation, il n'était pas à l'écoute du peuple, mais il a su développer un esprit de tacticien génial.

    Qu'est-ce que ce personnage vous a permis d'exprimer artistiquement ?

    On m'a souvent proposé des personnages plus colériques, plus entiers. Là, c'était la première fois qu'on me proposait le rôle d'un personnage assez secret, mystérieux, manipulateurâ?¦ qui en dit toujours moins qu'il n'en sait. Ã?a ne me rassurait pas d'ailleurs. Je ne me faisais pas assez confiance. Mais c'était vraiment un bonheur.

    On vous sait engagé pour la culture. Suivez-vous la réforme de l'audiovisuel public ?

    De très près. Il en va d'une certaine idée du service public et de sa mission. J'espère de tout coeur qu'il aura les moyens de continuer à proposer des films comme « la Reine et le Cardinal ». Or aujourd'hui, il y a de quoi être inquiet. Sans compter certaines dispositions un peu choquantes, comme la nomination des présidents de l'audiovisuel public par le président de la République.

    En tant qu'artiste, que pouvez-vous faire contre ?

    Pas grand-chose à part faire en sorte que ce quinquennat soit un cauchemar à oublier et qu'il y ait quelqu'un d'autre au pouvoir en 2012. Pour que ce pays retrouve un certain esprit démocratique.