Cantona : «Je me sens bien dans ce métier»

ERIC CANTONA ,acteur

Cantona : «Je me sens bien dans ce métier»

    Pour une surprise, c'est une surprise : Eric Cantona a rendu le sourire à Ken Loach, l'apôtre du drame social à l'anglaise ! Trois ans après avoir raflé la Palme d'or avec « Le vent se lève », le cinéaste revient en compétition avec une comédie placée sous le signe du foot et de la solidarité, « Looking for Eric », projetée aujourd'hui sur la Croisette. L'histoire d'Eric (Steve Evets), un postier déprimé, qui reprend sa vie en main sur les conseils imaginaires de son idole, Cantona. L'occasion pour l'ex-star de Manchester United, retiré des terrains depuis 1997, qui est à l'origine du film et l'a coproduit avec ses frères via leur société Canto Bros, de tourner son image en dérision.

    Que ressentez-vous à l'idée d'être en compétition ?

    Eric Cantona. C'est un film que j'adore, je suis super-fier qu'il ait été sélectionné. Je me suis toujours dit que si je devais monter les marches, ce serait pour un film. Quitte à rêver, autant avoir un grand rêve. Après, je me demande si Cannes reste un moment magique pour quelqu'un qui est entré dans un stade de 80 000 personnes ? On verra.

    C'est vous qui êtes venu trouver le réalisateur Ken Loach. Pourquoi lui ?

    C'était le premier nom sur notre liste, parce que c'est le géant que tout le monde connaît, l'auteur de « Land of Freedom », de « Family Life », et parce que seul un Anglais fan de foot pouvait réaliser ce film et rendre justice aux supporteurs de Manchester. Le film, c'est le parcours d'un homme qui doit réapprendre à communiquer. Il a des questions à se poser, alors il imagine qu'il me les pose à moi, et que je lui répondsâ?¦

    Un grand sportif est-il toujours un modèle ?

    On essaie parfois de nous faire endosser cette responsabilité, mais je n'ai jamais voulu être un exemple de rien. Gamin, je rêvais d'être footballeur professionnel, j'ai voulu vivre cette passion intensément, c'était déjà beaucoup de pressionâ?¦

    Le cinéma pourra-t-il vous procurer autant de sensations fortes que le foot ?

    A 30 ans, j'ai décidé d'arrêter. C'est dur, mais j'ai eu la chance d'avoir une autre passion. Ã?a fait douze ans que je suis dans le cinéma, et là, pour la première fois, on a initié un projet, on l'a suivi pendant quatre ans et demi, c'est plus que jouer, plus intense, plus riche.

    Au début, le monde du cinéma ne vous a pas pris très au sérieuxâ?¦

    C'est normal, ça ! Je n'avais aucune expérience. Depuis quatre ou cinq ans et « l'Outremangeur », je me sens bien dans ce métier.

    La prochaine étape, c'est le théâtre ?

    Oui, faire des choses nouvelles, me mettre en danger. Ce sera en janvier 2010, au Théâtre Marigny dans « Face au paradis », une pièce contemporaine avec Lorànt Deutsch, mise en scène par ma femme, Rachida Brakni.

    « Looking for Eric » sortira en Angleterre en juinâ?¦

    Il y a une première à Manchester le 1er juin, et j'y serai.